Tome 1, Candice White, l'orpheline Le tome 2, le prince "sur" la colline
Conclusion Commentaires et critiques




Le premier volume de traduction française de Final Story est sortie le 13 mars 2019 sous le titre de "Candice White, l'orpheline". Un second volume devrait sortir le 12 juin sous le titre équivoque de "Prince sur la colline" alors que ce volume est principalement un recueil de lettres échangées entre Candy et ses amis. Tentative de coup marketing ou volonté des éditeurs d'influencer le lecteur ? Le doute est plus que permis sachant que Keiko Nagita (alias Kyoko Mizuki) a toujours refusé de donner un sous-titre à ses livres afin que ses lecteurs puissent se faire leur propre opinion, exigence que les éditeurs japonais avaient suivi à la lettre. Ce titre très ambigu a semé le trouble au sein de la communauté des fans de Candy qui se sont empressés de demander des explications aux éditeurs dont voici la réponse :

"Bonjour à tous les fans de Candy,

Vous avez été nombreux à vous interroger sur la raison de la présence de sous-titres sur les deux tomes de l’adaptation française de Candy – Final Story et sur la pertinence de notre choix. Cet ajout par rapport à la version japonaise répond à notre volonté première de conférer aux romans une identité claire et plus parlante qu’une simple tomaison, comme il est d’usage de le faire en roman en France. De ce fait, chaque sous-titre a été mûrement réfléchi pour refléter au mieux les enjeux des deux tomes.
Ainsi, le premier, « Candice White, l’orpheline », s’intéresse à la jeunesse de Candy et à sa quête d’un foyer aimant tandis que le second, « Le Prince sur la colline » se focalise davantage sur le mystère qui entoure ce personnage énigmatique, à propos duquel Candy n’a de cesse de se questionner tout au long de sa vie ; tout comme le lecteur, au fil des pages. Il ne s’agit donc pas ici d’influencer la lecture qui peut être faite de la fin de cette œuvre culte qu’est Candy, mais plutôt d’entretenir un suspense autour du fil-rouge clef de cette merveilleuse histoire. De plus, l’espoir de trouver une famille et la figure idéalisée du prince sont deux leitmotivs récurrents chez Candy, qu’il nous est apparu intéressant de mettre en avant au travers de ces sous-titres.
Dans un souci de respect de l’œuvre originale et de la volonté de l’auteur, ces deux sous-titres ont par ailleurs été approuvés par Keiko Nagita. Il n’appartient donc toujours qu’à vous, lecteurs, de décider, conformément au souhait de Keiko Nagita, du dénouement de cette fabuleuse histoire !

Nous espérons que vous serez au rendez-vous en mars pour découvrir les aventures de votre héroïne favorite en librairie, et attendons avec impatience vos retours.

Merci encore pour votre fidélité et votre implication dans nos titres !"


 

Pour aller dans le sens de Pika, il est vrai que dans le tome 2, l'identité du prince n'apparait que vers la page 235-237, dans une lettre que Candy écrit à Anthony (lequel est malheureusement au paradis), puis il est évoqué dans l'épilogue, dans une lettre que Candy écrit à Albert. L'appellation "prince de la colline" est peu de fois exprimée dans les chapitres et les lettres avant l'épilogue. IL est à souligner Pika a avant tout voulu cibler un lectorat jeune (ha, jeunisme quand tu nous tiens !...), lectorat qui bien entendu ignore tout de l'histoire de Candy, puisque cela fait plus de vingt ans que le manga n'a pas été réédité et que le dessin animé n'a pas été diffusé. Il est donc logique ce potentiel jeune lectorat connaisse un bel effet de surprise en découvrant à ce moment là l'identité du prince. Néanmoins, cela méritait-il un tel titre pour le tome 2 ? On peut légitimement en douter car si le prince DE la colline résonne encore dans la mémoire collective comme étant un personnage important dans l'histoire de Candy, il n'en a plus autant dans le tome 2. Seules quatre pages lui sont consacrées sur 300. De plus, dans une de ses lettres, Albert demande expressément à Candy de ne plus faire référence à lui en tant que prince de la colline car cela lui déplait. Depuis la fin du manga et du dessin animé, ceux qui ont découvert Candy dans leur enfance il y a 30 ou 40 ans (hé oui !) et qui sont les plus probables acheteurs de ce livre,  savent déjà qu'Albert est le prince de la colline. C'est une révélation qui est faite à Candy à la fin du manga et du dessin animé. En conséquence, ce n'est nullement une interrogation qui s'exprime tout au long de sa vie comme le clame Pika dans sa réponse, interrogation qui, à la lecture du livre 2, est loin d'être une préoccupation pour Candy. L'identité du prince n'est en rien une révélation ! La révélation, LES révélations plutôt, sont les suivantes :

(Passez la souris sur le fond noir si vous voulez en savoir plus)


1 - Terry est libre car Suzanna est morte.
2 - Il écrit à Candy pour lui dire que ses sentiments pour elle n'ont pas changé et en retour, il veut connaître les siens !
3 - Le troisième scoop, c'est de savoir que Candy est mariée, qu'elle vit en Angleterre dans la ville stratford-upon-Avon, la ville de Shakespeare, qui est aussi le nom de la troupe théâtrale de Terry. La bibliothèque de sa maison est remplie de livres de Shakespeare et de livres de médecine, la maison est entourée de jonquilles, le symbole de Terry !

Ce sous-titre n'est donc pas vraiment représentatif du contenu du tome 2, et induit obligatoirement en erreur. Ce livre aurait mérité un sous-titre d'une plus grande neutralité, ce qui aurait respecté la volonté de Nagita de préserver l'ambiguïté sur l'identité de "cette personne", et évité bien des querelles futiles, neutralité dont la maison d'édition italienne Kappalab, dans sa grande sagesse, avait fait preuve, avec le titre beaucoup plus approprié de "Lettres". 




Tome 1, Candice White, l'orpheline


Le tome 1, sous le titre Candice White, l'orpheline, est sorti le 13 mars 2019. Il est disponible dans toutes les bonnes librairies. Contrairement à la version japonaise, le livre débute par une préface dans laquelle Nagita s'adresse à ses lecteurs français. Elle y raconte l'histoire de l'écriture du dernier chapitre. Comment, quarante ans auparavant, elle est venue en France pour l'écrire, l'achat de son stylo plume et de l'encre parfumée à la rose (stylo et encre qu'elle utilisera pour signer ses livres au salon du livre), son séjour au Domaine de Beauvois, ses promenades en solitaire autour du domaine, mais aussi combien elle est à la fois heureuse et surprise que ce livre soit traduit en français. La boucle est bouclée...

Le livre se poursuit par un prologue dans lequel Candy adulte écrit à Mademoiselle Pony (de son vrai nom, Paulina Giddings) qui est souffrante.  Les souvenirs refont surface. Le chapitre 1 débute par l'enfance de Candy à la Maison Pony avec Annie. Ce tome s'achève huit longs chapitres plus tard au collège Saint-Paul, par la punition de Soeur Gray, interdisant à Candy de participer au festival de Mai. Entre certains chapitres, Candy intervient en pensées ce qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur l'histoire et les personnages.

Certains reprocheront au livre l'absence de certains passages mais aussi de personnages qu'on trouve dans le dessin animé. En réalité, ces absences sont tout à fait normales car le livre se base avant tout sur le manga. Le dessin animé n'est qu'une adaptation de ce dernier c'est pourquoi il présente de nombreuses différences. En premier lieu, Capucin n'existe pas. Il est une invention de la Toei car c'était à la mode de joindre un compagnon animalier au personnage principal. Autre différence, Annie et Archibald (Archie) sont blonds, Terry est châtain clair. Monsieur Legrand est aussi méchant que sa femme. Dorothée n'existe pas non plus.

Le livre dans son ensemble est semblable à la version originale, néanmoins, les non-puristes, c'est à dire la majorité des lecteurs, seront quelque peu désarçonnés par ce choix de s'accorder avec les noms originaux, ce qui gène un peu la lecture et empêche de se plonger totalement dans l'histoire. Un index rappelant ces changements aurait été très utile.

Ainsi :
Candy Neige devient Candice White
Soeur Maria devient Soeur Lane Roach,
La famille André devient Ardlay,
Les Legrand deviennent Lagan,
Petit John (celui qui fait pipi au lit) devient Slim,
Monsieur Durosier le jardinier devient monsieur Whitman,
Daniel devient Neal
et Terrence G. Grandchester devient Terence G. Granchester.

De plus, le traducteur a visiblement pris quelques libertés avec le texte ou du moins ignoré les précédentes adaptations qu'on trouvaient dans le dessin animé et le manga auxquelles nous étions habitués.
Ainsi Terry n'appelle plus Candy "Mademoiselle taches de son", mais "Mademoiselle taches de rousseur"... Ce qui alourdit le style. Il le fait aussi l'appeler "Tarzan Girl" au lieu de "Mademoiselle Tarzan"
La rose "Tendre Candy" qu'Anthony avait offert à Candy pour son anniversaire devient "Sweet Candy"...

Par ailleurs, le traducteur fait dire à Candy quand elle évoque sa rencontre avec le prince de la colline, "mon petit prince" alors que c'est bien "mon prince" ou "prince" tout court dans la version originale.

"翌日も, その次の日も, 毎日, わくわくしながらキャンディは ポニ I の丘に行つたが,あの日以来, 不思議な 少年 ——— “丘の上の王子さま”  qui se traduirait par "Le lendemain, et les jours suivants, Candy se rendit avec enthousiasme au sommet de la colline de Pony, mais elle ne revit jamais ce garçon mystérieux, "le prince de la colline".

La traduction (plutôt lourde et redondante) du livre français est la suivante : "
Le lendemain, le surlendemain et tous les jours suivants, Candy prit l'habitude de grimper fidèlement au sommet de la colline de Pony, vibrante de joie, mais elle ne revit jamais "le petit prince de la colline"".

Le diminutif "petit" qui se veut peut-être affectueux et exprimer une possession de la part de Candy ne figure pas non plus dans la traduction italienne. Pourquoi donc cette différence d'interprétation dans la version française ? Par ailleurs, qu'est devenu "ce garçon mystérieux" ? Une omission de plus du traducteur qui enlève bien du charme à ce passage...

Les personnages usent aussi d'un langage familier qui se veut actuel mais qui ne convient pas à la bonne éducation qu'ils ont reçue. Cela fait vraiment bizarre de les entendre parler ainsi car ils paraissent vulgaires. D'autant plus qu'en japonais c'est un langage plus soutenu qui est utilisé.

NB : Cette traduction officielle se base sur le texte original, paru en 2010 au Japon. Keiko Nagita n'a jamais demandé que des changements soient effectués sur son oeuvre, ni souhaité une version différente pour les lecteurs français. Les modifications et erreurs d'interprétation, plus particulièrement dans le second tome, sont issues uniquement du traducteur français qui n'a jamais rencontré l'auteure et n'a jamais été en contact avec elle. La rumeur circulant sur le Net comme quoi ce livre serait une version différente sollicitée par Nagita pour son public français relève du pur fantasme ou d'une bonne plaisanterie !


 

Le tome 2, le prince "sur" la colline


Je ne vais pas revenir sur l'étrangeté et la non-justification du choix de ce sous-titre (qui est développé  un peu plus haut)...

Le tome 2 reprend au moment où Candy est punie par Soeur Gray. Ses aventures sont relatées jusqu'à son départ pour l'Amérique. S'ensuit alors une correspondance épistolaire entre Candy et les personnes qui ont traversé sa vie, mais on peut aussi se demander pourquoi l'auteur fait écrire Candy à des personnes qui ont peu d'intérêt dans l'histoire et qui n'apportent pas grand chose en matière de révélations. Une chose est sûre, Candy est dingue de Terry ! Elle l'aime plus que tout et leur séparation lui coute beaucoup. Elle s'en confie dans son journal intime qu'elle fait remettre à l'oncle William avant de quitter Saint-Paul. Les années s'écoulent. Candy apprend la mort de Suzanna, puis reçoit un an et demi plus tard une lettre de Terry lui demandant si, comme lui, ses sentimenst sont restés les mêmes. Le livre s'achève par quelques échanges de lettres entre Candy et Albert qui voyage toujours beaucoup, puis une lettre pleine de tendresse pour Anthony. Puis Candy referme la boite dans laquelle elle garde toutes ces lettres et souvenirs. Son mari entre dans la pièce et elle se jette dans ses bras.


Conclusion

Le livre Final Story n'est pas une suite mais une mise à jour des précédents romans sortis en 1978. Nagita y a apporté de nombreuses modifications. Albert était beaucoup plus présent dans la précédente version par exemple alors qu'il l'est bien moins dans la version 2019. Les sentiments de Candy envers Terry sont quant à eux beaucoup plus développés. Les pensées et les émotions des personnages sont aussi beaucoup plus détaillées et on en apprend un peu plus sur leur vie. Mais ce qui est important dans ces livres c'est qu'on en sait un petit peu plus sur ce que devient Candy.

(Passez la souris sur le fond noir si vous voulez en savoir plus)

On sait donc qu'elle est proche de la trentaine, qu'elle vit en Angleterre avec son époux (cette personne/anohito), dans la ville de Stratford-upon-avon, la ville de Shakespeare. Sa maison est entourée de jonquilles en fleurs (le symbole de Terry), que sa bibliothèque est remplie des oeuvres originales du grand dramaturge mais aussi de livres de médecine. On sait aussi que Lakewood n'appartient plus à la famille André, que Daniel a fait fortune dans l'immobilier et qu'il vit en Floride, que Suzanna est morte, et qu'un an et demi plus tard, Terry écrit à Candy pour lui dire que ses sentiments pour elle n'avaient pas changé et qu'il souhaitait connaître les siens. De là à en déduire que ce fameux époux n'est autre que Terry, il n'y a qu'un pas. Mais je laisse le soin aux lecteurs de faire leur propre opinion sur ce sujet... ^_^

NB : Cette traduction reste néanmoins une grande déception du point de vue du style plutôt simpliste, lourd et familier, contrairement à l'écriture fine et poétique de Nagita qui a été conservée dans la traduction italienne par exemple. C'est aussi une grande déception à cause  des modifications/omissions/dissimulations (notamment dans le tome 2) faites sur les évènements cruciaux de l'histoire qui donnent à penser que l'on souhaite manifestement influencer le lecteur sur l'identité (plutôt qu'une autre) d'un certain personnage, à savoir, cette fameuse personne qui est mariée avec Candy. La lettre de Terry en particulier après la mort de Suzanna, indice principal et révélateur quant à cette identité, perd cruellement de sa substance et apparait plus comme la lettre d'un ado boutonneux au Q.I. d'une huitre que celle écrite par un jeune adulte bien éduqué qui confie la profondeur des sentiments qu'il a conservés pour Candy. La poésie, la passion que l'on retrouvait dans la version italienne et japonaise disparaissent au profit d'un texte inconsistant qui prend de réelles libertés avec le texte original, au point de nous faire nous interroger sur la légitimité de cette traduction tant elle est éloignée, par endroit, du texte original. Gageons que celle à venir, la traduction espagnole, rééquilibrera tout cela et confirmera, avec la traduction italienne, que l'oeuvre de Keiko Nagita n'a pas du tout été respectée dans la version française.


Commentaires et critiques

La grande joie d'avoir enfin la traduction française de Final Story a cédé la place, pour un grand nombre de fans à une profonde déception. Tout d'abord, le style très enfantin et familier donne vraiment l'impression de tenir entre ses mains un livre pour petites filles alors que le texte original se caractérise par une écriture poétique et raffinée que l'on ne retrouve pas dans cette traduction. Cela saute surtout aux yeux dans le tome 2, où Candy, pourtant devenue adulte, continue à s'exprimer comme une gamine. Cette lecture pourrait convenir à un enfant, mais les lecteurs de Candy sont pour leur grande majorité des quarantenaires qui attendaient certainement de cette traduction, pourtant hautement célébrée, un respect scrupuleux de l'oeuvre de cette grande auteure.

Ainsi, les envolées lyriques, les explosions de sentiments qui nous avaient tant secoués à la lecture de
la traduction du texte original effectuée par les fans en 2010 (mais aussi celle de la traduction italienne en 2014), se résument à présent à des onomatopées, des interprétations simplistes, mais pire que tout, à des modifications radicales du sens du texte.  C'est donc avec consternation que l'on découvre au fil des pages des changements de temps, des suppressions de phrases, des ajouts de mots, qui, mis bout à bout donnent le désagréable sentiment que l'on cherche à orienter, voire influencer le lecteur. En effet, Keiko Nagita, depuis le début, a toujours souhaité conserver une certaine ambiguité concernant la personne qui vit avec Candy. Cette volonté exprimée par l'auteure, et réaffirmée lors de sa conférence au salon du livre de Paris en mars 2019,  avait été respectée dans la version italienne, ce qui n'est manifestement pas le cas dans la version française... Ces modifications/transformations sont si nombreuses qu'on ne peut ne pas les lister tant le saccage est flagrant. Malheureusement, la liste est longue...


1 - La lettre de Candy à Terry

La traduction du tome 2 a profondément choqué tous ceux qui ont lu les traductions dans d'autres langues. En effet, dans la version française, la lettre de Terry apparait sans émotion, certains mots et phrases importants ont été supprimés pour  apparemment s'accorder avec la vision pro-albert de la maison d'édition. Le doute était permis au début malgré le titre déjà très ambigu choisi pour le tome 2, mais cela est flagrant à présent à la lecture de cette version complètement dénaturée qui n'a rien à voir avec l'originale, ni avec la version officielle italienne. Pour preuve :

D'abord la version originale japonaise, page 207, tome 2 :

"Chère Candy,
Comment vas-tu ?
Une année s'est écoulée depuis lors... Après cela, je m'étais promis de t'écrire mais assailli par le doute, j'ai encore laissé passer six autres mois.
Mais à présent, je trouve le courage de t'envoyer cette lettre.
Rien n'a changé pour moi.
Je ne sais pas si ces mots te parviendront, mais je voulais que tu saches au moins ceux-ci.
T. G."


La version de Pika :

"Candy,
Toujours la même ?
... Un an à passé.
Je m'étais dit que je te contacterai au bout d'un an. Mais à force d'hésiter, six mois de plus ont passé.
Allez, je t'écris, et advienne que pourra.
Moi, je suis toujours le même.
T.G."


Pourquoi l'âme et la poésie de cette lettre ont disparu ??? Pourquoi est-elle si éloignée des autres traductions qui sont, elles, très proches l'une de l'autre ???

Pourquoi manque-t-il "depuis lors" après "Un an a passé" ? Ce mot "depuis lors" a beaucoup de sens puisque la lettre de Terry apparait juste après l'annonce de la mort de Suzanne !

Qu'est ce que ce "Allez, je t'écris, et advienne que pourra." en comparaison de "Je me suis décidé et maintenant je mets cette lettre dans la boite aux lettres. " version japonaise, et "Maintenant, cependant, j'ai repris courage et ai décidé de t'envoyer cette lettre." version italienne ???

Quelle désinvolture !!! Jamais Terry ne se serait adressé à Candy avec une telle familiarité ! Il approche ici de la trentaine et on croirait voir un ado boutonneux sous fond de musique rap ! C'est édifiant d'ignorance mais aussi de respect des personnages de Keiko Nagita !

Terry, celui qui s'est sacrifié pour Candy et qui a demandé à être renvoyé de St Paul à sa place, celui qui avant d'aller à NY est d'abord passé par la Maison Pony pour connaître la maison d'enfance de celle qu'il aime, celui qui l'a cherchée dans Chicago toute la nuit, celui qui lui envoie un ticket aller-simple pour qu'elle le rejoigne à NY, celui qui pleure à chaudes larmes au moment de leur séparation, celui qui renonce à sa carrière et sombre dans l'alcoolisme tant son chagrin est immense de l'avoir perdue, comment ce Terry-là pourrait-il envoyer une lettre aussi pitoyable à Candy, celle qu'il n'a jamais oubliée et toujours aimée ???? Où est le sens dans tout ça au regard de cette pathétique traduction ???

Et quid de cette phrase qui manque "Je ne suis pas sûr que cette lettre te parviendra mais je voulais que tu le saches." version japonaise, et "Je ne sais pas si tu recevras ces mots, mais je voulais au moins que tu le saches." version italienne. Tout bonnement SUPPRIMÉE ! Pourquoi ?????

Keiko Nagita a écrit un livre empreint de poésie, son style est raffiné, recherché, à cent lieues de cette traduction au style plus que simpliste et sans âme, qui donne à penser que Nagita serait un mauvais écrivain. Pourtant, dans la version italienne, la poésie et l'esthétisme sont conservés. Le sens des mots et des phrases est préservé contrairement à cette version qui est une véritable déception tant par le style que par la forme puisque le traducteur n'a pas hésité modifier le texte et surtout son sens !

Tout ceci témoigne d'une seule chose, évidente : Manipuler le texte pour prouver que Terry n'est pas Anohito ! Car quel intérêt de modifier à ce point tout ce qui le concerne si Anohito était Albert ? Il n'y aurait qu'à se laisser guider par le texte. "Malheureusement", pour donner à croire autre chose, on dénature et tronque sa lettre. Consternant !

Heureusement, en cherchant sur internet, il est aisé de retrouver les traductions des versions japonaises et italiennes et de comparer. Le constat est sans équivoque ! Le texte français ne respecte pas le texte original et s'octroie des libertés d'interprétation qui ne sont pas justifiées et qui méritent d'être remises en cause et dénoncées. Il ne s'agit pas ici de nuances dans la traduction, mais d'une véritable manipulation du texte, qui nous amène à nous interroger sur le contrôle post-traduction effectué par une maison d'édition pourtant réputée comme Pika...


2 - La boite à musique


La boite à musique est un passage important dans le tome 2 car on apprend par Candy que cette boite, offerte par Alistair, a été cassée à force de s'en servir et que c'est LUI qui l'a réparée...

La version originale, page 238, tome 2 est la suivante :

ステアとのつながりが切れたような気がして、打ちひしがれていたが、それを後日、いとも簡単にあのひとは
修理してくれた。」(Vol. 2, pg. 238).

"Depuis ce jour, à chaque fois que je me sentais triste, j'écoutais cette mélodie, jusqu'à ce qu'un jour elle se brisât. J'étais tellement dévastée. C'était comme si j'avais perdu la dernière chose qui me reliait à mon ami, mais peu de temps après, ma moitié la répara très facilement. Depuis lors, j'ai toujours la crainte qu'elle se casse à nouveau, c'est pourquoi je l'ai rangée dans un endroit sûr, tel un objet précieux. "

version italienne :

(Ero cosi abbattuta, e mi sembrava quasi di aver perso l’ultima cosa che mi teneva legata al mio amico, ma qualche temp dopo il mio lui è riuscito facilmente a ripararlo.)

"J'étais tellement dévastée. C'était comme si j'avais perdu la dernière chose qui me reliait à mon ami, mais peu de temps après, ma moitié la répara très facilement."


Et la traduction française !!! (tome 2, page 194):

"Par la suite, j'ai tellement eu recours à ma petite machine à bonheur, chaque fois qu'un drame m'arrivait, que le mécanisme a fini par se casser. ça m'a désolée. J'ai eu l'impression que le dernier lien qui me retenait à Stair venait de se rompre. Heureusement, quelques jours plus tard, quelqu'un qui devait me devenir de plus en plus cher l'a réparée. Ce n'était pas grand chose parait-il. "

Donc, en français, "ma moitié", devient "quelqu'un qui devait me devenir de plus en plus cher". Comme c'est étrange !

Le problème ici, encore une fois, c'est que cette "interprétation" ou "déformation" cherche à orienter le lecteur vers une personne autre que Terry. Car ce "quelqu'un qui devait me devenir de plus en plus cher" évoque un amour naissant qui va en augmentant, alors que si il s'agissait de Terry, il n'y aurait pas besoin de préciser cela puisque l'on sait que Candy aime Terry depuis St Paul. Où cela se trouve-t-il dans le texte original ???

Ceci donc est une nouvelle preuve que le traducteur a cherché à falsifier la vérité en transformant le texte pour que le lecteur ne pense plus à Terry mais à Albert ou à un illustre inconnu. Il faut donc à tout prix éliminer Terry du trio ! Qu'a-t-il donc fait pour mériter un tel traitement ?


3 - Albert, et son oeil lubrique

La scène se passe quand Candy se remémore le temps où elle vivait dans la maison aux magnolias avec Albert et combien elle avait été inquiète quand il avait disparu. Elle lui reproche de l'avoir fait vieillir de plusieurs années d'un seul coup. Albert lui répond donc ceci :

version japonaise, tome 2, page 241 :

そういって責め立てたら、アルバートさんは笑いながらも真顔
になって“妹だと思われるより、少し大人に見えるくらいがちょうどいい”そう言って、わたしをからかうように目を細め
た。

"En riant, il répondit, “Je préfère que tu paraisses un peu plus âgée plutôt qu'on te prenne pour ma petite soeur"
En même temps, cependant, il avait dit ça d'un air sérieux. Puis il avait plissé ses yeux d'un air moqueur. Albert a toujours été très doué pour m'embrouiller la tête."

Version italienne, tome 2, page 179 :

"Et lui en riant, a répondu:" Je préfère que tu paraisses un peu plus grande, plutôt qu'ils te confondent avec ma petite sœur ". En même temps, cependant, il a dit cela très sérieusement. Ensuite il a entrebâillé les yeux, comme pour se moquer de moi.
Albert a toujours été bon pour m'embrouiller la tête."

Et la version française, tome 2, page 196 ! :

"M. Albert, les yeux plissés, m'a répondu d'un air moqueur :
- Je vois ça en effet. Tu as l'air un peu moins "petite fille" qu'avant, et un peu plus "jeune femme". Ce n'est pas pour me déplaire et ça évitera au moins que tout le monde continue à te prendre pour ma petite soeur...
M. Albert a vraiment le chic pour me prendre à contrepied..."

Je crois qu'à présent on n'en est plus à une manipulation près. Ici, le traducteur prête carrément à Albert des propos équivoques. Sous sa plume, cet Albert séducteur flirte éhontément avec Candy (qu'il a connue petite fille (sic)) et salive devant ses jolies formes. Ceci est vraiment aux antipodes du personnage d'Albert, véritable gentilhomme, imaginé par Keiko Nagita. Consternant !



4 - La phrase mythique du prince, tronquée ?


Cette phrase que tout le monde connait, "Tu es bien plus jolie quand tu ris que lorsque tu pleures" a tout été tronquée sur sa fin. Néanmoins, après vérification, "que lorsque tu pleures" n'apparait pas non plus dans le texte original. Pour une fois, pas d'excès de zèle de la part du traducteur.

Texte original, page 27, tome 1 :

そうだよ、笑ったほうがかわいいよ、お
チビちゃん

C"'est vrai (ou c'est ça), tu es plus mignonne quand tu souris, petite."


Texte français, page 28, tome 1 :

"Voilà, petite fille, tu es plus mignonne quand tu souris."



5 - La boite à bijoux 



La boite à bijoux est un élément important dans le roman car elle a été offerte à Candy par son mari.


Tome 2, p. 149. (version japonaise)

小ぶりの宝石とマザーオブパールで装飾されたこの大きな宝石箱は、 あのひと の家こ代々伝わるものだという。
Ornée de petites pierres précieuses et de nacre, cette grande boîte à bijoux serait transmise de génération en génération.

page 111-112 (version italienne)

Du fond d'une petite armoire, je sors un grand coffret à bijoux. Cet objet volumineux orné de nacre et de petits bijoux se transmet de génération en génération dans la famille de l'homme que j'aime.
J'ai essayé de lui dire qu'une chose très belle et de valeur comme ça, ne m'allait pas, mais il s'est mis à rire et n'a pas abandonné son intention , en me disant que je pouvais en faire ce que je voulais.
Ce coffret trop luxueux pour que je l'utilise renferme seulement les choses vraiment importantes pour moi : mes souvenirs. A l'intérieur il y a des coupures de magazines et de journaux ainsi qu'un paquet de lettres.
Je mets la boîte à bijoux sur le bureau et j'essaie de l'ouvrir.... "

traduction française, page 124, tome 2 :

"J'ai sorti le coffret à bijoux du tiroir de ma commode. Cette grande boîte, incrustée de petites pierres précieuses et de nacre, se transmet de génération en génération dans sa famille, m'a-t-il dit."

Sans hésitation aucune, ce passage fait référence à Terry car la boite à bijoux est visiblement un objet précieux et très ancien, qui "se transmet de génération en génération dans la famille". L'ancienneté de la famille Grandchester est d'ailleurs évoquée bien avant, quand Candy est en Ecosse et qu'elle se trouve dans le manoir de Terry.

Texte original japonais :

テリィの広い別荘は薄暗く、静まり返っていた。 廊下のいたるところに今にも動き出しそうな甲胃や剣が飾られてある。グランチェスター家 先祖代々の崎しい肖像画。
“la famille ancestrale des Grandchester/les portraits austères d'ancêtres.”「グランチェスター家先祖代々の厳し
い肖像画。」(Tome. 2, page. 83).「先祖代々」=senzodaidai : ancestral; héréditaire; de generation en generation; qui passe de père en fils.「代々」

La vaste villa de Terry était sombre et silencieuse. Le long du corridor s'alignaient des armures, qui semblaient capables de prendre vie à tout moment, ainsi que les portraits sévères des ancêtres de la maison Granchester de génération en génération... (Trad. de MissEdda)

ou

La vaste villa de Terry était sombre et silencieuse. Le long du corridor s'alignaient des armures, qui semblaient capables de prendre vie à tout moment, ainsi que les portraits sévères des ancêtres depuis le commencement de la maison Granchester jusqu'à aujourd'hui... (Trad. de MissEdda)


Traduction italienne :

"Les portraits austères des ancêtres de la famille Grandchester étaient accrochés aux murs, de génération en génération." (Alle pareti erano appesi I severi ritratti degli antenati dei
Granchester, generazione dopo generazione.)

"Etrangement", dans la traduction française, la fin de phrase "de génération en génération" n'apparait pas. Une fois n'est pas coutume, chaque indice supplémentaire en faveur de Terry est supprimé. Pour preuve :

(page 70, tome 2) "La résidence secondaire de Terry était vaste et silencieuse. Les corridors étaient décorés d'armures, de casques et de sabres qui semblaient bouger. De majestueux portraits des ancêtres Granchester étaient également accrochés aux murs."

Où est passé la fin de phrase "de génération en génération" ???? Décidément, les phrases raccourcissent quand il s'agit de Terry !... En effet, si ces mots "de génération en génération" avaient été conservés, le lien aurait été rapidement fait avec la boite à bijoux !

"Ornée de petites pierres précieuses et de nacre, cette grande boîte à bijoux serait transmise de génération en génération." (Tome 2, page 149, texte original),

comparé à

"
"J'ai sorti le coffret à bijoux du tiroir de ma commode. Cette grande boîte, incrustée de petites pierres précieuses et de nacre, se transmet de génération en génération dans sa famille, m'a-t-il dit."
(Tome 2, page 124, traduction française)

Heureusement qu'il y a les autres traductions pour le prouver !


6 - L'identité d'Albert spoilée avant la fin du livre ???


Dans sa lettre au Dr Franck, page 145 du tome 2, en japonais, Candy s'inquiète de l'endroit où on a placé Albert.

フランク先生,モの恩人は聖ヨアンナ病院の0号室に入れています。
まともな治 療のできる病室ではあリません。見捨てられた患者が押しこまれる0号室の存在を先生 は御存知でしょうか。憤リを感じながら 何のカもない自分が哀しいです

"Professeur Franck, cette personne à qui je dois beaucoup est à l'hôpital Sainte Joanna. Ils l'ont placée dans la chambre 0 où il est impossible de recevoir des soins convenables. On y abandonne les patients embarrassants. Le saviez-vous lorsque que vous étiez ici ?
Malgré cela, l'indignation que je ressens n'a pas d'autre issue que ma tristesse".
(Traduction de MissEdda)

Traduction italienne, page page 145, tome 2

"Docteur Frank, la personne dont je vous parle se trouve maintenant dans la chambre zéro de l’hôpital. Il ne pourra pas bénéficier d'un traitement approprié parce que, comme vous le savez peut-être, dans cette section les patients qui s'y trouvent sont sans liens familiaux ou abandonnés.
Je suis triste et en colère par mon impuissance."


Traduction française, page 156, tome 2 :

"Ce patient dont je vous parle, mon bienfaiteur, a été enfermé dans la chambre 0 de l'hôpital Sainte Joanna. Comme vous le savez peut-être, la chambre 0 n'est pas une chambre normale. C'est la pièce réservée aux malades sans espoir de guérison. Cela me révolte si je puis dire, mais en même temps cela me rend si triste de ne pouvoir rien faire."

Il y a de nombreuses disparités dans ces différentes traductions sur lesquelles nous ne nous attarderons pas. Néanmoins, il est intéressant de remarquer que la traduction de Pika fait référence au mot "bienfaiteur", terme qui peut aussi se traduire par "cette personne dont je suis redevable" ou "cette personne à qui je dois beaucoup". Dans le contexte évoqué dans la lettre, il est évident que c'est la seconde option qui aurait dû être utilisée car Candy ignore encore qu'Albert est son bienfaiteur, qu'il est le Grand Oncle William. Elle se sent très redevable à Albert car il a agi comme un protecteur durant son enfance et durant son séjour à Londres, mais Candy, ici, ne peut pas parler de lui en tant que son bienfaiteur. Ce n'est pas approprié au moment où cette lettre est écrite, et cela apparait comme une nouvelle maladresse dans la traduction...

(Toute ma gratitude à MissEdda pour sa culture japonaise et son aide précieuse dans la traduction)



7 - "Ha là là", cette traduction !!!



Encore une fois, nous assistons à une manipulation du texte pour faire croire que "cette personne" est Albert.

Notre interrogation se pose donc cette fois sur la page 161 du tome 2 en français. Dans ce passage rétrospectif, Candy se remémore le docteur Léonard qu'elle avait trouvé froid et inhumain, puis après réflexion, se rend compte des responsabilités qui pesaient sur ses épaules et qui l'obligeaient à une certaine sévérité.

"Comme quoi, il ne faut jamais juger les gens sur leur apparence. Je suis bien placée pour le savoir, la vie me l'a fait comprendre nombre de fois, et malgré tout, je tombe toujours dans ce travers. Il se moque de moi chaque fois que je refais la même bêtise.
Ah, là, là, monsieur Albert...
A l'époque, je ne connaissais même pas son nom de famille !" (etc...)

Dans cette traduction de Pika, on dirait que ce Il, à savoir Anohito, est Albert. Pourtant quand on lit les autres traductions, cette impression est tout autre.


La version italienne, a traduit ce passage ainsi :

"Aujourd'hui lui/ma moitié rit toujours de cette faiblesse.
Monsieur Albert
A l'époque, je ne connaissais même pas son nom de famille !" (
page 147 de la version italienne).


La version japonaise, page 196-197, tome 2 :

ひとは外見で判断してはいけない、とさんざん学んできたはずなのに、わたし
ときたら、未だに見誤ることばかりで、あのひとに笑われている。
アルバートさん―』

"J'ai souvent appris qu'il ne fallait pas juger les gens sur leur apparence. Malgré tout, quand je fais une erreur, cette personne se moque de moi.
Monsieur Albert.
A l'époque, je ne connaissais même pas son nom de famille !"(etc...)

Que ce soit dans le texte original ou dans la traduction italienne, "Ha là là, monsieur Albert" ne figure pas. Ce "ha, là, là" porte réellement à confusion et à mauvaise interprétation puisqu'il donne vraiment l'impression que c'est Albert qui s'est moqué de Candy. Dans les autres traductions, "Monsieur Albert" sans "ha là là" fait suite au récit intérieur que se fait Candy par rapport au Dr Léonard et son intransigeance vis à vis d'elle alors qu'elle voulait s'occuper d'Albert devenu amnésique.

Pourquoi le traducteur de Pika a-t-il rajouté ce "Ha là là", qui n'a vraiment rien à faire ici, qui n'est d'aucune utilité, et qui n'existe pas dans le texte original ? Disons que si on avait voulu tracer un chemin fléché tout droit vers Albert en tant que "cette personne/lui/Il), on n'aurait pas fait mieux... (soupirs!)


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