Interactivité

Le Témoignage de François

"Comment je suis tombé amoureux de Candy et pourquoi je me suis pris pour Terry.

J’avais 9 ans quand j’ai rencontré Candy pour la première fois. C’était devant mon écran de télé noir et blanc, dans Récré A2. J’attendais sans doute Goldorak et puis une petite blonde bouclée a surgi. Elle m’a tout de suite beaucoup intéressé. Pensez donc : une nana qui grimpe aux arbres, championne au lancer du lasso (ce que je n’ai jamais été fichu de réussir !) et jolie en plus ! Paf ! Amoureux ! Tout de suite ! Accro à vie ! Désespéré !

Dès qu’Anthony est apparu, je l’ai pris en grippe. Bin oui : il aimait la même fille que moi ! Le salaud ! Et puis surtout, elle s’intéressait plus à lui qu’à moi. Vous l’avez deviné : sa mort ne m’a pas vraiment chagriné. Même si, à cause du mensonge de Dorothée, je n’ai été absolument certain de son sort que très récemment. En fait, je ne pense pas avoir vu le fameux épisode de la chute de cheval.

J’ai détesté Anthony, par contre je me suis immédiatement identifié à Terry. Candy fréquentait un gars qui me ressemblait : cheveux noirs, solitaire et faussement sûr de lui. Terry était aussi un contestataire, exactement comme j’ai pu l’être. Et puis Terry vivait la même situation familiale que moi : une mère absente, un père (re)marié avec une femme détestable et détestée, l’impression d’être un enfant de deuxième classe par rapport à ceux de la belle-mère. Bon, j’arrête là sur ce chapitre, ça commence à ressembler à du Dickens. En tout cas, c’est simple : Terry, c’était moi. Candy était amoureuse de moi : le bonheur ! Le mimétisme allait tellement loin (même si je n’en étais pas forcément conscient) que beaucoup plus tard j’ai porté les cheveux longs et j’ai voulu apprendre l’harmonica ! (mais je ne fumais pas, donc aucune demoiselle ne m’en a offert...)

Terry, c’était tellement moi que j’ai même vécu son histoire : coincé par la faiblesse d’une femme alors que j’en aimais une autre. Une autre qui partage quelques traits physiques et psychologiques avec notre héroïne. Pleurez plus, mesdemoiselles, dans mon cas l’histoire se termine bien.

Mais, il n’y a pas que la dimension amoureuse qui me plaisait dans ce DA. Ce n’est même pas ça qui me plaisait le plus. Non, la dimension la plus intéressante à mon avis, bien avant l’eau de rose, c’est la contestation. La dénonciation du caractère injuste du monde adulte. Remarquez que tous les personnages positifs du DA partagent ce trait de caractère. Et moi, à l’époque, je trouvais aussi que le monde était très injuste.

C’est l’une des questions de nos portraits : pourquoi sommes-nous accros à CandyCandy ?

Pour moi, CandyCandy, c’est d’abord la nostalgie de l’enfance. Chose importante : les personnages ont grandi en même temps que nous. Ils ont vécu ce que je vivais moi-même. Ca favorise l’identification. Tous ces personnages sont aussi terriblement humains. Pas des super-héros. Des gens de tous les jours. Ce sont leurs faiblesses et leurs déceptions qui sont attachantes. Surtout quand il s’agit de Candy. Je voulais qu’elle soit heureuse et j’étais malheureux avec elle. Avec CandyCandy, j’ai appris l’empathie. C’est aussi une histoire qui se tient complètement du premier au cent-quinzième épisode. Avec un véritable scénario entièrement crédible. Pour moi, CandyCandy, c’est le meilleur DA des années 70 et 80. Et je l’ai vérifié : c’est de celui-là que les gens de ma génération se souviennent le mieux. Pourtant, je n’avais pas vu le dernier épisode. Et à tous ceux qui avaient suivi la série, j’ai demandé : " comment ça se termine ?". Jamais eu de réponse. J’ai dû attendre quinze ans pour connaître la fin. J’ai été déçu, mais je crois aussi que cette fin qui n’en est pas une est pour quelque chose dans mon attachement à la série : comme vous tous, j’attends tout simplement une " vraie fin ". Vous avez deviné laquelle, bien sûr. ;-)"