Et si tout pouvait recommencer?
par zazou minoutou

 

 

Chapitre 21

 

Le jour venait de se lever lorsque Candy ouvrit les yeux. Dans un bâillement elle s’étira et sa main rencontra un corps chaud étendu près d’elle.

« Terry … Je n’ai donc pas rêvé.. » Elle rougit au souvenir de cette douce nuit. « C’est donc cela d’aimer totalement quelqu’un… De s’endormir et de réveiller auprès de cette personne… C’est merveilleux…Il a l’air d’un ange quand il dort, il est si beau et je l’aime tant… Terry… » Elle resta à le contempler un moment, puis avec d’infinies précautions elle se leva et entreprit de ramasser ses affaires éparpillées sur le sol. « Zut ! C’est vrai que mes vêtements sont restés en bas pour sécher… » Elle se dirigea malgré tout vers le cabinet de toilette attenant à la chambre afin de se rafraîchir. Elle était en train de passer de l’eau sur ses bras nus lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir derrière elle.

- Terry ! En voilà des façons !

Elle s’arrêta, figée par le regard froid du garçon.

- Qu’est ce que tu fais là ? lui demanda-t-il d’un ton dur.

- Et bien je me rafraîchissais un peu…

Sans un mot le jeune homme fit demi-tour. Candy s’empressa d’enfiler son peignoir et le suivit dans la chambre.

- Terry que se passe-t-il ?

- Pourquoi es-tu partie ?

- Partie ? Comment cela ? Oh… Tu veux dire dans le cabinet de toilette ?

Il acquiesça de la tête.

- Et bien je voulais me débarbouiller un peu… Pourquoi cela te met-il en colère ?

Le jeune homme la regarda un instant, puis il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.

- J’avais peur que tu ne veuilles partir en cachette, pardon…

- Terry… Pourquoi voudrais-tu que je m’en aille ?

- Je ne sais pas…J’avais peur c’est tout.

La jeune femme sourit à cet aveu qui lui ressemblait si peu. Elle le serra plus fortement contre elle.

- Je voulais simplement m’arranger un peu avant que tu te réveilles…murmura-t-elle.

Terry éclata de rire et, la soulevant de terre, il la porta jusqu’au lit.

- Et bien je te l’interdis ! Je veux me réveiller à côté de toi, je veux que tu sois la première chose que je vois en ouvrant les yeux, compris ?

Candy sourit et hocha la tête, puis réfléchissant elle ajouta :

- Quoique…Je doute fort que cela se produise de si tôt… Je vois mal Tante Elroy m’autoriser à dormir chez toi !

- Vraiment ? Même si…nous sommes mariés ?

- Mariés ? s’exclama Candy en rougissant, mais Terry… nous ne le sommes pas !

- C’est vrai, répondit en souriant le garçon, mais nous pourrions l’être…

Tout en parlant il l’avait attiré contre lui et il l’embrasait dans le cou et sur les épaules d’où il faisait lentement glisser le tissu mauve du peignoir.

- Terry…

- Humm… ?

- Qu’est ce que tu fais Terry ?

- J’essaie de t’influencer… répondit-il malicieusement.

- De m’influencer ? Et sur quoi je te prie ?

- Et bien sur ta réponse !

- Ma réponse ? Quelle réponse ? Je n’ai pas entendu de question que je sache…

- Espèce de petite peste…

Il lui embrassait à présent le visage, s’arrêtant sur son nez, son front… Puis, au moment d’arriver sur sa bouche il s’arrêta et la regarda dans les yeux.

- Est-ce que tu veux bien m’épouser Candy ?

Elle ne pouvait détacher ses yeux des siens. Elle se sentait attirée par l’immensité de ce bleu, il lui semblait qu’elle aurait pu s’y noyer tant ils paraissaient profonds. Et pourtant, aujourd’hui, ils étaient limpides, plus aucune ombre, plus aucun secret ne venait les assombrir et c’est dans un souffle qu’elle répondit « Oui ». Terry s’empara alors de ses lèvres et le baiser qu’il lui donna à cet instant traduit tout l’amour qu’il lui portait. Ce n’est qu’après un long moment que Terry reprit ses esprits. Se détachant d’elle il lui ordonna de se préparer, disant qu’ils n’avaient plus une minute à perdre.

- Mais où veux-tu aller Terry ?

- Et bien, nous marier pardi !

- Hein ? Quand, maintenant ? Et où ça ?

- Evidemment maintenant ! Et chez un notaire ! Tu n’es pas d’accord ?

- Et bien…

Retrouvant son sérieux le jeune homme lui dit :

- Candy je ne veux plus attendre. Tu l’as dit toi-même : ta Tante ne t’autorisera pas à rester ici, or je ne veux plus être séparé de toi Candy, plus jamais, ne serait-ce que pour une nuit !

- Terry… Moi non plus je ne veux plus être séparée de toi…

- Alors c’est d’accord ?

- …Oui…

Sentant qu’il y avait quelque chose qu’elle ne lui disait pas, Terry lui demanda ce qui la tourmentait.

- Rien Terry… C’est juste que je m’étais toujours imaginée me marier dans une belle robe à l’Eglise avec tous mes amis…

Le jeune homme, attendri, prit son visage entre ses mains.

- Candy, je te promets que tu auras le plus beau mariage qui soit dès que nous rentrerons en Amérique. Mais aujourd’hui je veux que tu deviennes ma femme devant la loi pour que nous ne soyons plus jamais séparés, tu veux bien ?

Emue, Candy sentit les larmes lui monter aux yeux.

- Oui Terry, je le veux.

- Merci Candy…

Puis réfléchissant, il ajouta :

- Quant à la robe, cela devrait pouvoir s’arranger ! Hier soir j’ai trouvé quelques affaires de ma mère et parmi elle il y a une très jolie robe blanche !

Tout en parlant il s’était levé et avait prit la robe en question dans le tas qu’il avait déposé la veille sur une commode. Il tenait à présent dans ses mains une très jolie robe d’après-midi en soie blanche dont le col et les manches étaient rehaussés de discrètes petites perles.

- Oh Terry elle est magnifique !

- Non, c’est toi qui vas être magnifique ! Allez dépêche-toi !

- Voyons Terry, ne sois pas si pressé ! Le soleil vient à peine de se lever et je doute que ton notaire soit disposé à nous recevoir de si bonne heure !

- Zut… Tu as raison… Tant pis, recouchons nous alors !

- Nous recoucher ? Quel drôle d’idée !

- Pourquoi ? J’aime être couché près de toi…

- Terry ! s’exclama la jeune femme confuse.

- Quoi, tu rougis ? Oh la la ! Fais attention, tes tâches de son ressortent d’avantage !

- Tu vas arrêter de me moquer de moi oui ?

- Ca ma chère, cela risque d’être difficile !

- Hum… Alors je ferais bien de réfléchir avant de signer quelque papier officiel…

- En effet. Mais tu risques de passer à côté de quelque chose…

- Ah oui… Et de quoi ?

- Approche, je vais te montrer…

Terry lui prit la main et l’attira contre lui. Candy se sentit immédiatement fondre sous l’effet conjugué de sa chaleur et de ses baiser. Et sans plus offrir de résistance elle se laissa glisser sur le lit où le jeune homme la rejoignit frissonnant d’avance du plaisir qu’ils allaient éprouver.

 

Fin du chapitre 21

Chapitre 22

 

Quelques heures plus tard Terry et Candy se présentèrent chez le notaire qui se chargeait des affaires des Grandchester en Ecosse. Ce dernier fut étonné de voir le jeune homme qu’il n’avait plus revu depuis la signature des papiers par lesquels le Duc de Grandchester avait fait donation à son fils de la propriété écossaise. Il fut encore plus surpris de voir le changement qui s’était opéré chez l’acteur : au lieu du jeune homme taciturne qui n’avait pas souri une seule fois au cours de leur entretien, il vit un homme détendu qui respirait le bonheur et couvait d’un regard empreint d’adoration la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Puis sa stupéfaction grandie encore lorsque le jeune Lord lui annonça qu’ils étaient là pour être unis par les liens du mariage. Il n’osa pas poser de question bien que le garçon sembla être dans de bonnes dispositions, mais il leur fit remarquer qu’il leur fallait un témoin pour que l’union soit légale.

- Oh bien sûr… dit Terrence qui ne semblait guère inquiet par cette condition qu’il n’avait pas prévu. Il réfléchit un instant puis demanda : peut être auriez vous quelqu’un à nous proposer ?

Le notaire le fixa interloqué. Avait-il bien entendu ? Ces jeunes gens voulaient se marier immédiatement et ils lui demandaient de fournir un témoin ? De toute sa carrière il n’avait jamais vu cela ! Voyant son ébahissement face à leur requête la jeune femme blonde prit la parole.

- Monsieur MacKinney, tout cela doit vous sembler bien étrange, nous en sommes conscients. Mais voyez-vous, nous sommes restés longtemps séparés et maintenant que nous nous sommes enfin retrouvés nous souhaitons être unis au plus vite…

- Oui je comprends, mais je ne vois pas qui…

- Peut-être que la dame qui nous a introduit pourrait faire office de témoin, suggéra Candy avec un sourire qui désarma le vieil homme.

Il s’agissait de la femme du notaire qui occupait également la fonction de secrétaire. Ma fois, si ces deux jeunes y tenaient, pourquoi pas ? L’homme de loi sourit à son tour et leur répondit qu’il allait arranger cela immédiatement. Il se leva et sortit de son bureau afin de s’entretenir avec son épouse. Celle-ci fut touchée par l’histoire que son mari lui raconta et accepta avec joie de remplir cette fonction.

Mr MacKinney regagna son bureau et leur transmit la réponse de sa femme. Il leur demanda de patienter le temps que celle-ci arrive et entreprit de rédiger les papiers qui seraient nécessaires.

Candy et Terry se regardèrent en souriant. Dans quelques minutes ils allaient être mariés et ils avaient du mal à croire à leur bonheur.

Finalement l’épouse du notaire pénétra dans le bureau. Elle s’excusa de les avoir fait attendre, elle tenait dans ses mains un bouquet de roses blanches qu’elle venait de cueillir en hâte dans le jardin.

- Bien, nous allons pouvoir commencer, dit Mr MacKinney en se levant.

Terry et Candy l’imitèrent. Mme MacKinney se tenait à leurs côtés. Le notaire s’éclaircit la voix et entama son office.

- Mes chers enfants, vous êtes ici aujourd’hui pour être unis par les liens du mariage. N’ayant pas souhaité établir de contrat de mariage, nous allons passer directement aux vœux.

Les deux jeunes gens se tournèrent l’un vers l’autre.

- Terrence Graham Grandchester, voulez vous prendre pour votre légitime épouse Candice Neige André ici présente ? 

- Oui, je le veux.

- Jurez vous de l’aimer, la chérir, la protéger dans la richesse comme dans la pauvreté, jusqu’à ce la mort vous sépare ?

- Oui.

- Candice Neige André, voulez vous prendre pour votre légitime époux Terrence Graham Grandchester ici présent ?

- Oui, je le veux.

- Jurez vous de l’aimer, le chérir, lui être fidèle dans la richesse comme dans la pauvreté, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

- Oui.

- Au nom de la loi, je déclare Terrence Graham Grandchester et Candice Neige André unis par le mariage.

D’un geste de la main il les invita à s’embrasser afin de sceller ses paroles. Les jeunes époux s’exécutèrent volontiers et leur baiser fut des plus doux. Mme MacKinney essuya une larme et félicita le couple en leur offrant le bouquet de roses. Candy fut touchée par cette attention et la remercia chaleureusement. Puis tous signèrent les papiers qui rendaient leur union officielle. Le notaire proposa ensuite de boire un verre en guise de célébration et son épouse s’empressa d’aller chercher des verres. Terry en profita pour sortir un écrin de sa poche.

- Je voulais te l’offrir en te demandant ta main mais avec l’émotion j’ai complètement oublié… dit-il embarrassé. Est-ce que tu veux bien la porter en guise d’anneau de mariage en attendant la cérémonie religieuse?

Candy prit la petite boite dans ses mains et l’ouvrit : elle contenait une bague de fiançailles en or surmontée d’un diamant.

- Oh Terry elle est magnifique ! Merci… Tu veux bien me la passer ?

Le jeune homme lui prit la main et enfila la bague à son doigt. Candy lui sourit et observa sa main avec ravissement.

- Elle est parfaite Terry !

- Pas autant que toi mon amour…

Une fois le toast porté, les jeunes mariés prirent congé du notaire et de sa femme non sans les remercier encore chaleureusement. Ces derniers les regardèrent s’éloigner main dans la main.

****

- Alors Madame Grandchester, que voulez vous faire à présent ?

- Hum… J’ai envie de faire ce que font tous les couples…lui répondit-elle avec un petit sourire.

- C'est-à-dire ?

- Du lèche-vitrine !!

- Du lèche-vitrine ? Quelle drôle d’idée !

- Mais non ça va être amusant tu vas voir !

Candy l’entraîna dans une ruelle qui débordait d’étalages marchands. Elle courait de l’un à l’autre s’extasiant sur tout ce qu’elle voyait. Peu à peu Terry entra dans son jeu et, lui qui ne s’était jamais intéressé à la décoration d’un intérieur, se mit à comparer les différents tissus et modèles de vaisselle qui se présentaient à eux. Alors qu’ils allaient quitter le dernier magasin où ils étaient entrés, Candy tomba en arrêt devant une nappe de damas blanc délicatement brodée sur les bords d’un feuillage vert pâle.

- Que t’arrives-t-il Candy ?

- Rien… Mais cette nappe est magnifique, tu ne trouves pas ?

- Hum oui, c’est vrai, elle n’est pas mal…

- Pas mal ? Le tissu est d’excellente qualité et regarde la finesse de la broderie ! C’est un vrai chef d’œuvre !

Le jeune homme sourit face à l’enthousiasme que manifestait sa toute jeune épouse. Il se tourna vers la vieille dame qui trônait derrière le comptoir et lui fit signe de venir.

- Que puis-je pour vous Messieurs Dames ?

- Nous voudrions connaître le prix de cette merveille.

Candy sursauta et regarda son compagnon, se demandant ce qu’il faisait. La propriétaire lui annonça son prix et Terry répondit :

- Parfait, nous la prenons !

- Bien Monsieur, je vous l’emballe immédiatement.

- Terry… Mais que fais-tu ?

- Elle ne te plait pas ?

- Si bien sûr, mais…

- Moi aussi elle me plait, alors on l’achète ! C’est comme ça qu’on fait normalement non ?

Candy le regarda avec de grands yeux, puis un immense sourire apparut sur son visage et, se jetant dans les bras du jeune homme, elle s’exclama :

- Terry, tu es adorable ! Merci !

Celui-ci se mit à rire et voyant le regard surpris que leur adressa la vieille dame il ajouta à son attention :

- Excusez-nous Madame, nous venons de nous marier et c’est notre premier achat !

La propriétaire esquissa un sourire et leur adressa ses félicitations. Candy était rouge d’embarras ce qui fit d’avantage sourire la dame. Lorsque Terry lui expliqua qu’ils s’étaient mariés le matin même elle insista pour leur faire cadeau des serviettes de table. Gênés, les deux amoureux voulurent refuser mais la vieille dame insista tant qu’ils finirent par accepter. Ils la remercièrent vivement et sortirent du magasin.

Une fois dans la rue, Candy déposa un baiser sur la joue du jeune homme. D’abord surpris, Terry fut heureux du geste de son épouse. Il la prit par la taille et lui dit que désormais chaque fois qu’il aurait envie d’un baiser il lui achèterait un cadeau.

- Que tu es bête ! Je ne t’ai pas embrassé seulement parce que tu m’as acheté quelque chose !

- Vraiment ? Et pourquoi alors ?

- Et bien…

Candy était gênée : l’embrasser avait été pour elle un geste spontané mais lui dire ainsi de but en blanc qu’elle l’aimait était plus difficile…

- Hum, alors?

- Mais…Tu le sais voyons !

- Non, qu’est ce que je dois savoir ?

- Et bien…que je t’aime, dit-elle en baissant la voix.

- Pardon ? Je n’ai rien entendu !

- Oh Terry ! Tu le fais exprès ! s’écria-t-elle en le voyant rire de bon cœur.

- Bon ça ira pour cette fois ! Mais je te préviens : je veux que tu me répètes au moins cent fois par jour que tu m’aimes ! Compris ?

Candy se mit à rire à son tour.

- D’accord, mais feras-tu de même ?

- Evidemment ! Je n’ai pas peur de te dire que je t’aime moi !

- Mais je n’ai pas peur ! C’est juste que nous sommes dans la rue…

- Alors là, je n’en ai rien à faire !s’exclama-t-il en la serrant contre lui.

Ils firent quelques pas ainsi, tendrement enlacés, puis le jeune homme reprit :

- Et maintenant ? Où veux-tu aller ?

- Là ! dit Candy en désignant un bâtiment de la main.

Terry suivit la direction qu’elle lui indiquait et s’étonna de son choix.

- Dans un bureau de poste ? Pour quoi faire ?

- Pour envoyer des télégrammes !

- Des télégrammes ? A qui ?

- Et bien pour ma part à Albert et à la Pension Pony. Quant à toi tu devrais en envoyer un à ton père et un à ta mère.

- Oh… oui en effet, il faudrait…

- Tu pourrais manifester un peu plus d’enthousiasme ! Allez viens, on y va.

Tous deux entrèrent dans le bâtiment et s’adressèrent à l’employé qui leur fournit des formulaires pour inscrire leur texte. Candy réfléchit un moment puis se mit à écrire : « Suis devenue Mme Grandchester ce matin devant notaire. Préparez-vous à réception et cérémonie religieuse à notre retour. Date inchangée. Lettre suit. Milles baisers. Candy. » Puis elle se tourna vers Terry.

- Tu as déjà terminé ?

- Oui.

- Tu me montres ? dit-elle en regardant le papier posé sur la table. Quoi, c’est tout ?

Le jeune homme avait en effet simplement écrit : « Suis marié. Terry. »

- C’est un télégramme, pas une lettre ! dit-il pour se défendre.

- Heu oui…Mais tu pourrais quand même donner d’avantage de précisions !

- Ecoute, si ça ne tenait qu’à moi je n’enverrai rien du tout alors…

- Ok ça va ! C’est tes parents après tout ! dit Candy en riant.

 

Une fois sortis du bureau la jeune femme poussa un soupir et annonça à son compagnon qu’il fallait qu’elle se rende à la villa pour annoncer la nouvelle à sa Tante, ce qu’elle redoutait un peu…

 

Fin du chapitre 22

Chapitre 23

 

Pendant ce temps, à la villa des André, la Tante Elroy avait réuni tout le monde au salon. Elle attendait des explications quant à l’absence de Candy dont elle s’était rendue compte au petit déjeuner. La veille en effet, elle avait assisté à une réception et étant rentrée tard elle n’avait rien soupçonné. A présent elle était furieuse. Eliza de son côté jubilait, elle avait hâte que la jeune femme rentre à la villa, persuadée que la Grand-tante la chasserait une fois pour toute de la famille. Elle avait crû voir son souhait exaucé lorsque la sonnette d’entrée avait retenti, mais ce n’était que Andrew qui venait aux nouvelles. Le jeune homme était à présent assis aux côtés de ses amis et tous attendaient en silence, inquiets pour la suite des évènements.

Enfin vers onze heures trente, du mouvement se fit entendre dans le hall et Candy apparut à la porte du salon, accompagnée de Terry. A peine étaient-ils entrés que la Tante Elroy se dressa et fixa son regard dur et froid sur la jeune femme.

- Bonjour ma Tante, dit cette dernière en s’inclinant devant elle.

Voyant que la vieille dame ne lui répondait pas, elle ajouta :

- Peut-être vous souvenez-vous de Terrence Grandchester, vous avez pu le voir dans différentes pièces de théâtre en Amérique…

Cette fois la Grand-tante adressa un bref signe de tête au jeune homme qui, comme le lui avait demandé Candy, attendait un peu en retrait.

- Puis-je savoir où tu as passé la nuit Candy ?

- Chez Terrence, ma Tante.

Cette dernière réprima un sursaut de surprise devant la franchise de la réponse. En revanche le sourire mauvais d’Eliza s’accentua d’avantage.

- Y a-t-il une raison particulière à cela ?

- Oui ma Tante, je suis tombée dans le lac hier en fin d’après-midi. J’étais trempée et blessée. Terrence m’a secouru puis il s’est occupé de moi.

- Je suis au courant de tout cela ! Archibald me l’a déjà expliqué. Ma question est : pourquoi n’es-tu pas rentrée plus tôt ?

- Parce que je me suis endormie ma Tante.

- Endormie ?

La colère transparaissait à présent dans la voix de la douairière.

- Tu t’étais endormie ? Mais as-tu pensé une seule seconde à ta réputation et à celle des André ?

- Je suis désolée ma Tante, répondit Candy en baissant les yeux pour ne pas sourire.

- C’est inadmissible ! Tu déshonores notre famille ! Je croyais que tu avais pris un peu de plomb dans la cervelle, mais je vois qu’il n’en est rien ! Quand je pense au mal que se donne Albert pour faire de toi une femme du monde ! Et dire que tu es la seule à porter le nom des André…

A ces mots Candy ne put réfréner un sourire. Elle baissa de nouveau rapidement la tête afin de ne pas paraître d’avantage impertinente.

- Plus maintenant ma Tante…

- Que dis-tu ?

- Je dis que je ne porte plus le nom des André ma Tante.

- Allons bon ! Voilà que cela recommence ! Que vas-tu inventer cette fois ? Tu veux qu’Albert te supplie à nouveau, alors que cela devrait être un honneur pour toi de faire partie de cette famille ! Sans les André tu n’es rien !

La jeune femme ferma brièvement les yeux. Une famille ? Quand donc avait-elle été traitée comme un membre de la famille hors de la présence d’Albert ou d’Archibald ? Mais elle n’était pas là pour ça, pas aujourd’hui alors qu’elle était si heureuse…

Terry de son côté ne put d’avantage se contenir. Sa voix rendue puissante par le théâtre s’éleva :

- Je vous demande pardon Madame mais Candy n’a pas besoin d’un nom pour être quelqu’un, que ce soit celui des André…ou un autre…

Les deux jeunes gens échangèrent un sourire. Voyant cela la Tante Elroy s’exclama :

- Et bien vous n’avez qu’à lui offrir le vôtre dans ce cas !

- C’est déjà fait Madame.

- Je vous demande pardon ?

- Je dis que c’est déjà fait puisque depuis 10h00 ce matin Candy s’appelle Mme Terrence Grandchester.

Plusieurs exclamations retentirent dans la pièce. Terry tenait à présent la main de sa jeune épouse dans la sienne et continua :

- Quant à Albert il est prévenu et je doute qu’il pousse Candy à reprendre votre nom étant donné que c’est lui qui semble avoir tout manigancé depuis le départ…

- Mais comment…

La Grand-tante ouvrait à présent de grands yeux et semblait incapable de prononcer un mot. Candy eut pitié d’elle. Elle se tourna vers les jeunes gens qui étaient restés bouche bées et leur demanda de la laisser seule avec la vieille dame. Tous obtempérèrent, même Eliza qui ne pouvait faire autre chose que la dévisager. Terry lui serra la main et lui sourit tendrement comme pour l’encourager. Elle répondit à son sourire et lui dit de ne pas s’inquiéter. Lorsque tous furent sortis, elle s’approcha de sa Tante et la força à s’asseoir. Puis elle lui servit un verre d’eau et le lui tendit.

- Est-ce que c’est vrai ? Tu t’es mariée ?

- Oui ma Tante.

- Je m’attendais à tout de ta part, mais te marier en cachette ! Cela dépasse tout ce que j’ai pu imaginer !

- Je suis désolée ma Tante.

- Vraiment ? demanda-t-elle froidement.

- Oui vraiment ma Tante. Mon but n’était pas de me marier en cachette comme vous le pensez. C’est simplement que c’est ce que Terry et moi voulions et que nous l’avons fait.

- Et cela ne pouvait pas attendre ? Vous ne pouviez pas vous fiancer comme tout le monde et prévoir une date ?

- Non ma Tante.

- Evidemment ! Tu ne fais rien comme tout le monde !

- Je ne vous demande pas de me comprendre ma Tante, ni même de me pardonner, mais vous ne vous êtes jamais intéressée à moi. Vous ne savez pas tout ce que Terry et moi avons enduré depuis plusieurs années aussi, vous ne pouvez pas concevoir ce qui a fait que nous ne voulions pas attendre un jour de plus…

Tante Elroy regarda la jeune femme qui lui faisait face. Dans ses yeux brillait de la détermination, comme cela avait été toujours le cas chez elle aussi loin qu’elle s’en souvienne, mais aujourd’hui il y avait autre chose dans son regard : peut-être l’espoir d’être enfin comprise mais surtout, une lueur de bonheur… La dernière fois qu’elle se rappelait l’avoir vue aussi heureuse c’était lors de son adoption par Albert, avant la mort d’Anthony… La vieille dame savait que Candy avait profondément aimé le jeune garçon et elle prenait pleinement conscience aujourd’hui qu’elle n’avait rien fait pour soulager la douleur de la jeune fille, au contraire... Puis d’autres faits lui revinrent en mémoire : sa volonté de s’affirmer par elle-même, son désir d’assister à la Première du Roi Lear à Chicago, cette pièce dans laquelle jouait le jeune homme qui était à présent son mari. Puis elle se souvint de cet accident qui avait longtemps nourri les conversations lorsque une jeune actrice avait été gravement blessée lors d’une répétition. Si sa mémoire était bonne c’était pour sauver ce même Terrence qu’elle s’était précipitée … Et quelques temps après Candy avait accepté de venir vivre à Lakewood avec Albert. La vieille dame l’avait alors trouvée changée… Tout se mettait en place à présent…

- Qui vous a marié ?

- Pardon ? demanda Candy surprise par la question de sa Tante après un si long silence. Oh… un notaire ma Tante.

- Un notaire ! Quelle drôle d’idée !

- C’est pourtant reconnu par la loi ma Tante.

- Hum oui… Et vous n’envisagez pas un mariage religieux ? Cela m’étonne de toi…

- Oh si ma Tante ! J’ai envoyé un télégramme à Albert pour le prévenir et lui demander de tout organiser.

- Bien, cela mettra un peu d’animation à notre retour…dit-elle d’une voix adoucie.

- Ma Tante…

La jeune femme sentie naître en elle un sourire.

- Et bien ne reste pas plantée là ! J’imagine que tu dois préparer tes affaires pour aller t’installer avec ton époux.

Candy s’approcha d’elle et déposa un baiser sur sa joue.

- Merci ma Tante.

- Tu es une bonne fille Candy, murmura-t-elle émue, tu es courageuse et déterminée.

- Je croyais que c’étaient deux de mes pires défauts ma Tante, ne put s’empêcher de remarquer la jeune femme.

- Je le croyais aussi…Jusqu’à ce que je réalise que j’avais les même…

- Personne n’est parfait ma Tante, répondit-elle malicieusement ce qui eut pour effet de faire rire la vieille dame.

- Je vais aller me reposer un moment, mais restez déjeuner, je souhaiterais m’entretenir avec vous de certains détails concernant notre retour.

- Bien ma Tante, à tout à l’heure.

****

Le petit groupe d’amis s’était rassemblé dans le salon de réception et après avoir félicité Terry, à l’exception toujours d’Eliza, tous étaient restés silencieux en attendant le retour de Candy. Lorsque celle-ci apparut, cinq paires d’yeux se tournèrent vers elle. Terry se leva et s’approcha d’elle.

- Comment cela s’est passé ?

- Très bien, lui répondit-elle en souriant. Tout est arrangé et nous sommes même invités à déjeuner !

Soulagé le jeune homme la serra dans ses bras. Il savait que malgré les apparences Candy tenait à l’approbation de sa famille adoptive. Eliza se leva d’un bond et sortit en claquant la porte.

- En voilà une qui va regretter ses vacances en Ecosse ! s’exclama Patricia.

- Ce ne sera pas la première fois… laissa échapper Candy.

- Que veux-tu dire ?

- La dernière fois, lorsque nous sommes venus avec le Collège, elle est rentrée en Angleterre furieuse après moi également ! Pourquoi crois-tu qu’elle nous ait tendu ce piège dans l’écurie ?

- Et bien, c’était reconnu qu’elle te détestait et qu’elle cherchait n’importe quel moyen pour te faire renvoyer…dit Annie. Mais que s’est-il passé alors ?

Avec un sourire Candy leur demanda s’ils se souvenaient du « Goûter blanc »

- Bien sûr ! dit Patricia en se mettant à rire. Eliza en avait fait une affaire d’état ! Tu avais refusé de nous accompagner… Et Terry n’était pas venu non plus…

- Oui, poursuivit Annie, Eliza s’était alors précipité chez lui pour voir s’il n’était pas malade et elle était revenue furieuse…

Tous commençaient à comprendre.

- Que s’est-il passé alors ? demanda Patty de plus en plus curieuse. Nous pensions que Terry avait dû l’envoyer promener…

Celui-ci se mit à rire.

- C’est ce que j’aurais fait effectivement, mais elle ne m’en a pas laissé le temps !

- En fait, continua Candy, j’ai rencontré Terry alors qu’il était en route pour venir ici et lorsqu’il a su que je n’y allais pas, il a décidé de ne pas s’y rendre non plus.

- Pour dire la vérité, je ne m’étais décidé à y aller que parce que je pensais qu’elle y serait !

- Nous avons donc passé l’après-midi ensemble et lorsqu’il s’est mit à pleuvoir nous nous sommes réfugiés au château. Du coup, quand Eliza est arrivée, elle nous a trouvé tous les deux tranquillement installés devant la cheminée !

- Hum je comprend sa fureur à présent ! dit Annie. Mais tu ne nous as rien dit quand on est rentré et qu’on t’a raconté notre après-midi !

- C’est vrai, avoua Candy, c’était l’un de nos petits secrets… !

- Ah ? Et il y en a beaucoup comme ça ? demanda Archie qui commençait à se rendre compte que Candy et Terry avaient été bien plus proches qu’il ne l’aurait cru, et ce malgré les mises en garde qu’il avait mainte fois formulées à sa cousine.

Les deux jeunes mariés se regardèrent d’un œil complice.

- Oh quelques uns…

- Voyons, dit Terry, il doit y avoir la nuit où je me suis retrouvé dans ta chambre en sang…

- Oui et puis celle où je suis tombée des escaliers et que tu m’as transporté à l’infirmerie…

- Et puis le jour où on s’est retrouvé au zoo alors que tu étais en chambre de méditation !

- Sans oublier notre danse sur la colline le jour du Festival de Mai…

- Ni nos têtes à tête sur ta « fausse colline de Pony » ou tes charmantes visites dans ma chambre !

Tous deux éclatèrent de rire en voyant l’étonnement de leurs camarades.

- Candy ! Tu nous as caché tout ça ! s’exclama Annie un peu blessée.

S’en rendant compte la jeune femme prit les mains de son amie entre les siennes.

- Oh Annie pardon… Mais à l’époque vous ne teniez pas vraiment Terry en grande estime…

- Ah… Moi et ma réputation de voyou… soupira l’acteur. Personne ne me comprenait à part Candy !

- Et encore pas tout le temps ! lui fit remarquer sa jeune épouse.

Archibald s’approcha et tendit la main au jeune homme.

- Terry, je te dois des excuses, je t’avais mal jugé… J’ai toujours pensé que tu n’étais qu’un tombeur qui cherchait seulement à s’amuser…Pour ma défense je dirais que j’ai toujours été très protecteur vis-à-vis de Candy et que je voulais la protéger…

- Je l’avais parfaitement compris, lui répondit-il en souriant, même si à l’époque cela m’exaspérait ! Et puis, je dois dire que cela m’amusait de te provoquer !

- Ouais… Il faut dire que je m’emportais facilement… !

Et la conversation se poursuivit entre souvenirs et projets pour les prochains jours.

 

Fin du chapitre 23

Chapitre 24

 

La première journée de Candy et Terry en tant que mariés passa rapidement. Au déjeuner la Grand-tante se montra souriante et visiblement enthousiasmée par le mariage qui aurait lieu à Lakewood une semaine après leur retour. Elle enjoignit Candy à écrire dès à présent à Albert en lui faisant une liste précise des gens que le jeune couple souhaitait inviter et qui s’ajouterait à la sienne. Elle proposa également de se charger de la conception du menu et leur demanda s’ils avaient songé à la cérémonie et à la décoration. Candy lui répondit qu’elle aurait aimé une célébration en plein air, dans la roseraie si elle n’y voyait pas d’inconvénient. La Tante Elroy lui répondit que c’était une excellente idée et qu’elle y avait également songé. Les roses seraient encore en fleurs à leur retour et offriraient un cadre romantique à la cérémonie. Elle allait de plus envoyer un télégramme à sa couturière afin que celle-ci prévoit le tissu nécessaire à la confection des robes et costumes. Il fut décidé que les demoiselles d’honneur, Annie et Patty, porteraient des robes vert pâle afin de rappeler la couleur des yeux de Candy. Le marié et ses témoins, Archibald et Andrew, qui avaient accepté avec de joie de remplir ce rôle, seraient en noir.

Pendant tout le temps qu’avait duré la discussion Eliza et Nil étaient restés en retrait. Ce dernier, que la nouvelle avait dégrisé, fixait Terry d’un œil mauvais mais il n’osait pas ouvrir la bouche, se rappelant trop bien des humiliations que lui avait fait subir le jeune homme à l’époque du Collège.

****

Le soir venu Terry et Candy regagnèrent le château. Dès qu’ils furent seuls, à l’abri de la chambre douillette de l’acteur, ils se jetèrent l’un sur l’autre, avides de baisers qu’ils n’avaient pu échanger au cours de la journée en raison de la bienséance. Une fois rassasiés de caresses et d’amour ils s’endormirent, tendrement enlacés.

****

Le lendemain matin, n’ayant rendez-vous avec leurs amis que pour le déjeuner, ils décidèrent de paresser au lit. Aucun des deux n’arrivait à croire que ce qu’ils vivaient depuis la veille était réel et ils éprouvaient sans cesse le besoin de se toucher et de s’embrasser pour se prouver qu’ils ne rêvaient pas.

Au moment où ils allaient partir pour la villa, un coursier se présenta au Manoir. Il leur amenait un télégramme qui venait d’arriver pour Terry. Celui-ci l’ouvrit et fronça les sourcils en le lisant.

- Qu’y a-t-il Terry ? Est-ce que ce sont de mauvaises nouvelles ?

- Pas vraiment… C’est mon père. Il me demande de venir le voir…

- Il ne dit pas pourquoi ?

- Non.

- Tu crois qu’il pourrait être…malade ?

- Je ne sais pas, répondit son mari d’un air soucieux.

La conversation qu’il avait eue avec Candy au sujet de son père lui revint en mémoire et il se surprit à craindre qu’il ne soit mourant… Voyant l’inquiétude de son époux, Candy lui proposa d’avancer leur départ et de se rendre à Londres. Le jeune homme accepta, heureux de voir qu’elle le comprenait sans qu’ils aient besoin d’échanger un mot.

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Au déjeuner ils informèrent leurs amis de leur changement de programme et Andrew leur apprit qu’un navire partait le lendemain soir à destination de l’Angleterre. Il fut donc convenu que le jeune couple partirait ce jour-là et Tante Elroy surprit tout le monde en proposant de les rejoindre quelques jours plus tard, ainsi ils passeraient leur seconde semaine de vacances à Londres et ils pourraient tous embarquer ensemble pour rentrer en Amérique.

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L’après-midi le petit groupe se rendit de nouveau à la demeure des MacDouglas. Le père d’Andrew était de retour de voyage et il se fit un plaisir de leur montrer ses dernières acquisitions équestres. Il sympathisa immédiatement avec Terry qui était également passionné par les chevaux et dont il connaissait les célèbres écuries de sa famille. Les filles de leur côté tinrent compagnie à la grand-mère d’Andrew qui leur raconta ses souvenirs de jeunesse.

****

Le lendemain Terry et Candy entreprirent de faire leurs bagages et en fin de journée ils embarquèrent à destination de Douvres. La traversée durait seulement deux jours et à peine arrivés au port ils prirent un fiacre afin de se rendre au château du Duc. La belle-mère de Terry les reçu froidement. Elle les conduisit dans la bibliothèque où travaillait son époux. Celui-ci se leva à leur entrée et une émotion visible s’empara de lui lorsqu’il vit son fils s’approcher.

- Terrence, je te remercie d’être venu.

- Je vous en prie Père. J’imagine que vous avez quelque chose de grave à m’annoncer pour me demander de venir après tout ce temps.

- Quelque chose de grave ? demanda le Duc interloqué. Pas vraiment… Mais comme ton télégramme venait d’Ecosse je me suis dit que c’était l’occasion de te voir et de rencontrer ton épouse.

Incrédule, le jeune homme le dévisagea un moment.

- Père, vous n’avez jamais daigné me faire cette requête auparavant. Pourtant je sais que vous êtes au courant par MacKinney de chacun de mes voyages en Ecosse !

- C’est vrai. Mais jusqu’à présent tu y allais seul, et j’avais très envie de faire la connaissance de l’épouse que tu as choisi, dit-il en adressant un sourire à la jeune femme.

- Vraiment ? Vous n’avez pas été aussi curieux lors de mon premier mariage…

Le Duc secoua la tête.

- Crois-tu vraiment que j’ignore tout de ta première union ?

- Que voulez-vous dire Père ? demanda Terry de plus en plus surpris.

- Que je savais parfaitement que ce mariage était un mariage forcé, un mariage de convenance ! Et je ne voulais pas te voir t’embourber dans la même erreur que moi…

Terry resta sans voix. Comment son père pouvait-il savoir tout cela ?

- Ne fais pas cette tête Terrence, j’ai suivi ta carrière et tous les potins de la presse mondaine.

- Que pouvez-vous savoir de mes sentiments ? Qu’est ce qui vous fait penser que je n’étais pas amoureux de Suzanne ?

- Simplement le fait que tu n’aies pas épousé ta camarade d’école, la seule pour laquelle tu te sois abaissé à demander de l’aide… Et aujourd’hui j’en ai la confirmation puisqu’elle se trouve enfin à tes côtés.

Le regard de Terry alla de son père vers Candy, avant de revenir vers le Duc.

- Mais…Comment savez-vous que c’est elle ?

- Parce que nous nous sommes déjà rencontré.

- Qu…Quoi ? Mais quand ? Comment ?

Cette fois ce fut Candy qui prit la parole.

- Terry, lorsque tu as quitté le Collège ton père est venu voir la Mère Supérieure, celle-ci m’a convoqué pensant que je saurais où tu étais allé. J’ai donc dû leur dire que tu avais décidé de te rendre en Amérique pour accomplir ton rêve…

- Vous le saviez depuis le début ? s’exclama Terry en regardant son père. Vous auriez pu m’empêcher de partir, ou même me ramener de force, j’étais mineur après tout… Et je pensais que si vous n’aviez rien tenté pour me retrouver c’était parce que cela vous arrangeait que je sois parti…

- J’ai voulu te retrouver et te ramener Terry, mais ton amie, enfin ton épouse maintenant, m’a convaincu que ce serait une erreur… Et lorsque la Mère Supérieure m’a informé que Candy s’était également enfuie du Collège, j’ai pensé qu’elle allait te retrouver et que vous vous marieriez... Mais quand j’ai vu que tu épousais une jeune femme qui était devenu infirme pour te sauver la vie, j’ai compris que tu agissais par devoir moral et non par amour… Tu n’es pas si différent de moi Terry : tu t’es laissé dominer par la pression qui s’exerçait sur toi et ce malgré tous les reproches que tu as pu me faire…

Le Duc se tut et les deux hommes s’observèrent en silence. Finalement ce fut Terry qui prit la parole.

- Je vous dois des excuses Père, je me rends compte que j’ai été injuste avec vous…

Son père l’arrêta d’un geste.

- Tu n’es pas le seul fautif Terrence, j’ai moi aussi des torts… Tu as dû souvent avoir l’impression que je ne t’aimais pas alors que ce n’était pas le cas. Je voulais seulement garder mes distances parce que tout en toi me rappelait ta mère, or je voulais la chasser de mon esprit, me persuader que je ne l’avais jamais aimé, mais rejeter cet amour cela revenait à te rejeter toi aussi… Je suis désolé Terry, mais je n’arrivais pas à être tendre avec toi, pourtant Dieu sait à quel point je suis fier de toi !

- Père…

Sans réfléchir le jeune homme s’approcha de son père et pour la première fois depuis près de vingt ans, il le prit dans ses bras.

Candy essuya une larme. Elle était heureuse pour Terry qui avait toujours souffert d’être rejeté par ses parents. Les relations avec sa mère s’étaient éclaircies lors de leur premier séjour en Ecosse et il avait fallut un nouveau voyage au pays des cornemuses pour que le jeune homme retrouve l’amour de son père.

Une fois remis de leurs émotions, le Duc s’empressa d’embrasser sa belle-fille. Puis il leur demanda les détails de leur histoire. Lorsqu’il apprit qu’une cérémonie était prévue en Amérique il leur demanda s’ils voyaient un inconvénient à ce qu’il s’ajoute sur la liste des invités.

- Bien que non Père ! répondit Terry, plus que surpris. Mais est-ce que la Duchesse va être d’accord pour vous accompagner ?

Le Duc éclata de rire.

- La Duchesse ? Bien sûr que non ! Je dois t’avouer quelque chose Terry : la Duchesse va partir s’installer dans notre propriété en France avec nos deux cadets, officiellement pour la santé des enfants, officieusement parce que nous ne supportons plus de vivre sous le même toit.

- Je suis désolé Père…

- Ne le sois pas, je n’ai que ce que je mérite ! dit-il avec amertume.

 

Leur séjour au château fut agréable et en fin de semaine leurs amis les rejoignirent comme prévu.

 

Fin du chapitre 24


© zazou
2007