
Et si tout pouvait
recommencer?
par zazou minoutou

Chap 2
Les deux derniers jours de
travail de Candy passèrent rapidement, et c’est avec un pincement au cœur
qu’elle dit au revoir à ses patients et collègues le soir du 05 mai
1919. Tous lui souhaitèrent de bonnes vacances et un joyeux anniversaire.
Emue aux larmes, la jeune femme les remercia et s’empressa de rejoindre
Albert qui l’attendait à l’extérieur de l’hôpital.
- « Ne me dis pas que
tu pleures parce que tu ne vas pas travailler pendant un mois ! »
- « Mais non gros
bêta ! C’est juste que tout le monde est si gentil avec moi… tous
m’ont souhaité un bon anniversaire, et une petite fille m’a même
fait un dessin ! »
Albert sourit tout en se
concentrant sur la conduite de Candy. Celle ci avait manifesté le désir
d’apprendre à conduire et Albert lui servait de professeur.
« Ne se rend elle donc pas compte que
tout le monde l’aime ? Ou peut être n’en a t-elle pas l’habitude…Comment
d’ailleurs ne pourrait-on pas l’aimer ? »
Albert admira une fois de plus le doux
visage de sa protégée, ses grands yeux verts qui s’éclairaient ou s’assombrissaient
selon son humeur, sa peau laiteuse parsemée de taches de rousseur au
niveau du nez, et surtout sa longue chevelure blonde et bouclée qui lui
donnait l’air d’un ange descendu tout droit du ciel. Ses gestes,
autrefois brusques, s’étaient adoucis, sans doute grâce au contact de
ses malades, ses traits s’étaient empreints de mélancolie, accentuant
encore la vision irréelle qu’elle offrait à tous ceux qui la
croisaient. Il n’y avait que dans de rares moments de pur bonheur qu’Albert
retrouvait la petite fille sauvage et décidée qu’il avait rencontré
autrefois.
- « Albert, tu m’écoutes
? »
- « Excuse moi Candy,
je rêvais ! »
- « Ah ? Et de qui si
ce n’est pas trop indiscret ? »
- « De toi ma
chérie, et de la sublime robe que je vais t’offrir pour ton
anniversaire ! »
- « Oh arrête ça !
Je n’ai pas besoin d’une nouvelle robe ! »
- « Bien sûr que si
! Tous les célibataires de la région vont être là ! »
- « Arrête ! Je ne
suis pas un morceau de viande que tu vas exposer ! »
Albert ne put réprimer un
fou rire en entendant la comparaison de la jeune fille.
- « Non, rassure toi
: tu seras beaucoup plus appétissante qu’un bout de viande ! »
Candy se renfrogna encore
d’avantage.
- « Je te préviens,
si tu essayes encore de me coller une fillette dans les pattes… je
crois que je t’égorges sur place ! »
- « Aie ! Je crois
bien que ma dernière heure est arrivée ! Mon Dieu, Ayez pitié de
moi lorsque je rejoindrai mes frères au ciel ! » déclama Albert qui
avait de plus en plus de mal à se retenir de rire.
- « Albert… non !
Tu m’avais promis de ne plus recommencer ! »
A travers ces paroles,
Candy faisait référence à la toute première réception à laquelle
elle avait dû assister lorsqu’elle était revenue s’installer chez
les André. Albert avait insisté pour qu’elle ait un cavalier et il s’était
chargé lui même de lui en « fournir » un. Malheureusement ce dernier
avait fait confiance à l’une de ses relation de travail qui lui avait
assuré que son fils serait ravi d’escorter la demoiselle ; c’est
ainsi que Candy avait vu arriver ce soir là un jeune homme timide, qui
rougissait dès qu’elle lui adressait la parole ou lui souriait, et qui
n’arrivait pas à aligner plus de trois mots à la suite sans bégayer !
Une fois les derniers invités partis,
Candy s’était précipitée vers son tuteur et ami et lui avait fait une
scène de tous les diables. Albert, croulant sous les reproches, avait
été prit d’un fou rire auquel la jeune fille n’avait pu résister.
Elle même s’était mise à rire et ils avaient finis la soirée en se
faisant une promesse : ne jamais s’occuper de la vie privée de l’autre.
Depuis Candy était
apparue à chaque soirée au bras de son tuteur et cela leur convenait
très bien à tous les deux.
- « Excuse moi Candy,
mais il me semble que pour tes 21 ans tu ne pouvais apparaître au
bras de ton vieil oncle… »
- « Oh Albert je te
déteste ! Et tu n’es pas vieux, mais complètement sénile pour
avoir oublier notre accord ! »
- « Dites donc jeune
fille, je vous prierai d’avoir un peu plus de respect ! »
Candy lui tira la langue
et d’un ton résigné lui demanda qui il avait choisi pour cette
occasion.
- « Je n’en ai
aucune idée ! »
- « Tu veux dire que
tu n’as trouvé personne ? » demanda la jolie blonde soudain prise
d’espoir.
- « Non, je veux dire
que je ne m’en suis pas occupé ! »
- « Ah bon… alors j’ai
une chance ! »
- « Qu veux tu dire
par là ? »
- « Et bien à deux
jours du bal, tu devrais avoir un peu de mal à trouver un cavalier
libre ! »
- « J’ai dis que je
ne m’en étais pas occupé, mais cela ne veut pas dire que personne
ne l’a fait… ! »
- « Explique toi »
demanda Candy qui commençait à craindre le pire.
- « Et bien, vu le
résultat que j’avais obtenu la première fois, je me suis dis qu’il
valait mieux que ce ne soit pas moi qui m’en occupe… »
- « Quelle bonne
idée… »
- « Alors j’ai
chargé Archie et Annie de te trouver un cavalier. »
- « QUOI ?! »
- « Ben oui,
Archibald fréquente tout un tas de jeunes hommes de votre âge à son
université de droit, et Annie te connaît parfaitement bien : donc c’est
eux que j’ai désigné pour te choisir le cavalier idéal ! »
plaisanta Albert, « d’ailleurs Archie qui était enchanté par
cette mission a promit de te présenter l’homme de ta vie ! »
- « Super, je m’attends
au pire ! Et ils vont avoir de mes nouvelles ces deux là… »
marmonna Candy les yeux fixés sur la route.
- « Attends au moins
de voir ton cavalier, peut être qu’il te plaira …! »

Le lendemain, Candy se rendit à la
pension Pony. Là elle pu, comme à chaque fois, y oublier ses soucis.
Peut être était-ce le fait d’avoir
grandi dans cet endroit, peut être était-ce l’affection des deux dames
qui s’étaient si bien occupées d’elle, ou peut être était-ce tout
simplement le fait d’être entourée d’enfants insouciants ; toujours
est-il que dès qu’elle arrivait en vue de la maison, plus rien n’avait
d’importance, ses peines et tracas s’envolaient et elle retombait
littéralement en enfance ! Elle courait et jouait avec les petits, elle
venait chiper des morceaux de fruit dans la cuisine comme au bon vieux
temps, Sœur Maria grondait, Melle Pony souriait et Candy s’enfuyait en
riant.
Il n’y avait qu’au coucher du soleil,
lorsqu’elle était blottie au creux de son arbre, que la jeune femme s’autorisait
à pleurer. Elle restait là, les bras jetés autour du tronc, attendant
que ses sanglots se calment.
Ces crises lui faisaient du bien : elles
lui permettaient d’évacuer tout le stress et les angoisses qu’elle
retenait au fond d’elle. Au début elle était venue quasiment toutes
les semaines, puis une semaine sur deux. A présent elle arrivait à tenir
presque un mois entier sans ressentir le besoin de pleurer et crier contre
l’injustice de ce monde. Sans doute commençait-elle à guérir… « Il
serait temps au bout de quatre ans ! » se dit la jeune femme.
Elle revenait ensuite à pas lents vers la
pension qui était alors toute illuminée par les bougies. Les deux dames
voyaient bien qu’elle avait les yeux rouges ; une fois même, Sœur
Maria l’avait suivie, voulant lui demander si quelque chose la
tracassait. C’est alors qu’elle avait entendue sa chère petite fille
pleurer et crier désespérément le nom de Terry. « C’est donc cela »
s’était dit la religieuse, et elle avait fait demi-tour, sachant qu’aucune
de ses paroles ne pourraient jamais la consoler. Elle en avait fait part
à Melle Pony, et toutes deux, d’un commun accord et suivant leur
discrétion habituelle, n’avaient jamais posé aucune question à la
jeune femme.

Comme c’était ses premières vacances
depuis plus de quatre ans, Candy se demandait à quoi elle allait bien
pouvoir occuper son temps libre.
Alors qu’elle en discutait avec Albert
le matin de son deuxième jour de congé, ce dernier lui proposa d’aller
passer quelques jours à la pension Pony.
- « C’est vrai,
cela ne t’ennuierai pas ? »
- « Tu crois que je
suis incapable de me passer de toi quelques jours jeune fille ? »
demanda Albert en faisant mine de s’offusquer.
- « Tout à fait !
Regarde toi tu es incapable de faire un nœud de cravate correctement
! » répondit la jeune fille tout en se levant pour l’aider.
- « C’est parce que
je ne suis pas devant mon miroir comme je le fais d’habitude
mademoiselle… Je te rappelle que je suis en retard et que pour
passer un peu de temps avec toi avant de partir, j’ai négligé ma
tenue ! »
- « En effet, ton
veston n’est même pas boutonné droit ! »
- « Oh là là !Là
je suis vraiment en retard !! Bon, écoutez moi bien jeune fille : pas
de bêtises aujourd’hui, Annie ne va pas tarder à arriver… »
- « Annie ? Pourquoi
vient-elle si tôt ? »
- « Mais pour te
tenir compagnie ! »
- « Hum… Dis
plutôt pour me surveiller ! »
- « Pourquoi
penses-tu ça ? »
- « Peut être parce
que tu fais tout pour m’empêcher de rester seule au manoir depuis
une semaine, et qu’il y a toujours quelqu’un pour vérifier que je
ne m’approche pas de la grande salle… ! »
- « Un anniversaire c’est
une surprise, donc c’est normal que tu ne vois rien avant ! »
- « D’accord mais
dis le moi franchement, ne fais pas comme si je ne savais pas que c’était
mon anniversaire ! ! »
- « Ok mademoiselle
mauvaise humeur ! ! Bon maintenant excuse moi mais je dois y aller ! A
ce soir ma jolie ! Au fait je rentrerai plus tôt…. Pour t’offrir
ta robe ! Bonne journée ! »
Candy lui tira la langue
et fit mine de lui envoyer son petit pain, Albert éclata de rire et
sortit de la pièce précipitamment.
La jeune femme termina
tranquillement son petit déjeuner et sortit respirer l’air frais de ce
matin de printemps. Elle se dirigea vers le jardin de roses qu’entretenait
autrefois Anthony. Lorsque ce dernier était mort cette partie du jardin
avait été laissée à l’abandon, personne n’ayant eu le courage de
ranimer le souvenir du jeune homme tant aimé. Il avait fallu attendre le
retour de Candy à Lakewood pour que la jeune fille prenne la décision de
remettre l’endroit en état. Elle avait travaillé d’arrache pied avec
le jardinier pour débroussailler le jardin et faire le tri entre les
mauvaises herbes et les plants qu’avaient autrefois planté Anthony avec
amour. Albert s’était inquiété de la voir chaque soir se diriger vers
ce lieu qui dégageait tant de souvenirs, surtout lorsque John, le
jardinier lui avait rapporté que des larmes coulaient sur le visage de la
jeune fille tandis qu’elle désherbait le terrain. Sachant cela, Albert
s’était rendu un soir à la roseraie afin de parler à sa petite
protégée et la convaincre d’abandonner son projet. Mais lorsqu’il la
vit, il comprit que ce n’était pas sur le jeune homme blond qu’elle
pleurait mais sur tous ceux qu’elle aimait et qu’elle avait perdu au
cours de sa vie, et Terrence arrivait certainement en première position.
Il s’était alors approché d’elle et lui avait dit que c’était une
bonne idée de remettre le jardin en état : « Cet endroit était mon
préféré quand j’étais enfant. Nous y venions avec ma sœur et nous
passions des heures à imaginer toutes sortes d’aventures. Notre
préférée s’appelait la Princesse et le Chevalier : ma sœur se
couvrait de roses et imaginait qu’elle était retenue prisonnière par
des êtres maléfiques, j’arrivais sur un cheval blanc et je combattais
à l’épée mes terribles adversaires, puis je la délivrais et l’emmenais
dans un château où ne se trouvaient que des roses blanches… c’étaient
ses préférées… » Candy sourit, elle imaginait parfaitement les deux
enfants blonds jouant parmi les fleurs.
- « Plus tard, une fois
devenus adolescents, nous avons continué à nous retrouver ici pendant
mes vacances, nous nous racontions nos rêves et projets… » reprit
Albert dont les yeux commençaient à briller
- « Vous étiez très
proches… »
- « Oui… J’ai très
mal supporté sa maladie, et lorsqu’elle est morte… j’en ai voulu
à la terre entière… c’est à cette époque que j’ai commencé à
me retirer dans la forêt, heureusement Tante Elroy s’est montré
compréhensive… »
- « Tante Elroy ?
Compréhensive ? »
- « Et oui ma petite !
Elle comprend beaucoup plus de choses que tu ne le crois ! Et elle aussi
avait été très affecté par la mort de sa nièce qui était sa
préférée. Je suis sûre qu’elle aussi aurait aimé se retirer pour
pleurer, mais en tant que femme du monde elle a fait face à ses
obligations et a endossé le rôle de chef de famille pour me permettre
d’enfouir ma douleur au fin fond de la forêt… »
- « Je ne le savais pas…
»
- « De même, quand
Anthony est mort ce n’est pas par hasard qu’elle vous a tous envoyé
en Angleterre… Elle ne voulait pas que vous restiez au manoir à
ressasser vos souvenirs… »
- « Mais elle nous a
dit que c’était toi qui avait décidé de nous envoyer à St Paul !
»
- « Qu’est ce que tu
crois Candy, notre tante aussi a sa fierté ! A la mort de son mari elle
s’est érigé une façade pour résister au monde sans pitié des
affaires. Elle espérait quitter ce masque lorsque je reprendrai la
direction des affaires et de la famille, malheureusement les
évènements en ont décidé autrement… Elle a continué dans ce rôle
pour ne plus jamais le quitter, ce qui fait que tous ceux qui l’ont
connu à cette époque l’ont pris pour une femme froide et
autoritaire. Mais moi qui l’ai connu bien avant tout cela, je sais que
c’est une personne au grand cœur dont le seul regret est de ne jamais
avoir eu d’enfants et d’avoir perdu ceux auxquels elle tenait… »
- « Pauvre tante, cela
ne doit pas être facile de devoir ainsi cacher ses sentiments… »
Après un hiver de travail acharné, le
jardin recommençait à prendre vie lorsque le printemps arriva enfin.
Candy ressentit une grande joie en voyant les premiers boutons de rose
éclorent ; mais son plus grand bonheur fut lorsqu’en rentrant de son
travail un soir, elle vit sa tante installée dans la roseraie. Elle
comprit alors, ainsi que l’avait dit Albert, que la vieille dame n’était
pas si insensible que cela…

La jeune fille en était là dans ses
réflexions quand Annie arriva.
- « Bonjour Candy ! Bon
anniversaire ! »
- « Bonjour ! Et bon
anniversaire à toi aussi ma chérie ! »
Les deux filles
éclatèrent de rire.
- « 21 ans déjà que l’on
se souhaite mutuellement bon anniversaire… » reprit Annie
- « Oui, déjà… Tu
te souviens quand nous étions à la pension, on se réveillait à l’aube
pour être la première à souhaiter l’anniversaire à l’autre ! »
- « Oui ! Et nous nous
habillions pareille ce jour là pour montrer que l’on était sœur !
»
- « Et Tom râlait
parce que l’on agissait comme si nous étions les princesses de la
journée ! »
- « Ce soir nous le
serons vraiment…. »
- « Oh Annie ne me
tortures pas toi aussi ! Tu es ma meilleur amie, ma sœur… dis moi ce
que prépare Albert ! »
- « Désolée… j’ai
prêté serment ! » lui répondit malicieusement la jolie brune.
- « Ce n’est pas
juste ! C’est ton anniversaire à toi aussi ! Pourquoi es-tu au
courant ? »
- « Parce que je ne
suis pas l’héritière des André… et parce que Albert avait besoin
de mon avis ! »
- « Je vous déteste !
»
- « Ce n’est pas
grave, on s’en remettra ! »
Candy lui tira la langue.
« Bon, dis moi au moins qui sera mon cavalier que vous étiez chargé de
trouver ! »
- « Je ne sais pas…
»
- « Annie ! S’il te
plait… dis moi juste ça ! »
- « Humm… il est
grand, brun… et très sympathique ! »
- « Et…. »
- « Et c’est tout ce
que tu sauras curieuse ! »
Les deux jeunes femmes étaient à
présent installées dans la roseraie. Assises au soleil, elles passèrent
la matinée à bavarder gaiement de tout et de rien. Lorsque la chaleur se
fit d’avantage sentir, Candy proposa à son amie d’aller se promener
dans les bois. Elles poussèrent ainsi jusqu’à la rivière.
- « Cela faisait
longtemps que je n’étais pas venue jusque là ! » dit la jeune
blonde.
- « C’est un très
bel endroit, et quelle jolie petite maison ! » répondit Annie « c’est
curieux cette construction au milieu de nulle part ! »
- « Tu n’es jamais
venue jusqu’ici ? » demanda étonnée son amie.
- « Non, pourquoi ? »
- « C’est la maison
où vivait Albert lorsque je l’ai rencontré »
- « Vraiment ? Je ne
savais pas qu’elle était ici, tu m’en as souvent parlé mais je ne
l’avais jamais située. »
- « Viens, allons à l’intérieur.
»
- « Tu crois… Ca m’a
l’air un peu à l’abandon et qui sait ce que l’on pourrait trouver
à l’intérieur… »
- « Mis à part des
araignées ou des serpents, à mon avis pas grand chose ! »
- « Hum… Alors ce n’est
peut être pas la peine de rentrer… »
- « Aurais-tu peur ? »
demanda innocemment Candy, sachant pertinemment que son amie d’enfance
détestait ce genre de bestioles.
- « Et bien… Ce n’est
pas que j’ai peur, mais… nous risquons de nous salir ou pire de nous
blesser ! »
- « Ok, je ne te
forcerai pas à rentrer… si tu me dis tout ce que tu sais !! »
- « Oh Candy ! Tu ne
vas pas recommencer ! Je t’ai dis que j’avais juré de garder le
secret ! »
- « Bon alors on va
devoir pénétrer dans cette maison… »
Annie commençait
sérieusement à se demander comment elle allait échapper à son amie
quand soudain elle eut une idée : « Mon Dieu Candy, j’avais
complètement oublié ! Archibald doit nous rejoindre ! Il doit même
déjà nous attendre ! Nous devrions rentrer au manoir ! »
- « Ttt… Tu ne t’en
tireras pas comme ça ma petite ! Archi peut bien attendre autant qu’il
le veut ! »
- « Ce n’est pas
très poli… » argumenta la brunette.
- « Ne t’en fais pas
pour lui ! »
- « Ce n’est pas pour
lui que je m’inquiète, mais pour son ami… »
- « Son ami ? »
- « Oui, tu sais bien…
Ton cavalier… ! »
- « Pourquoi il est là
? »
- « Bien sûr ! Tu
penses bien qu’ils seront revenus ensemble de l’université ! »
- « Hum… Bon, alors
on va peut être rentrer en effet »
Annie poussa un soupir de
soulagement, puis regarda sa camarade et lui demanda : « Tu es donc si
pressée de rencontrer ce jeune homme ? »
Candy rougit et s’empressa de répondre
: « Non ! Je suis juste… curieuse ! »
- « Voyons Candy, ne
fais pas la timide – cela ne te vas pas ! – il est tout à fait
naturel que tu ai envie de rencontrer un charmant jeune homme ! Après
tout ce temps… »
- « Je ne vois pas ce
que tu veux dire, je rencontre des tas de personnes chaque jour ! »
- « Tu sais très bien
que ce n’est pas de cela dont je veux parler… »
- « Annie, je vais
bien. Je suis très bien telle que je suis et je n’ai besoin de rien d’autre
! »
- « En es-tu sûre ? »
Annie hésitait à continuer, « te sentirais-tu prête alors à
rencontrer quelqu’un… et à l’aimer ? »
La jeune blonde resta
silencieuse quelques instants. Annie se demandait si elle n’avait pas
été trop indiscrète quand son amie éclata de rire.
- « C’est donc cela
que tu veux ? Me marier avec le camarade d’Archie ? »
- « Candy ! » Annie
venait de hurler le prénom de son amie d’enfance. Surprise, cette
dernière s’arrêta de marcher et regarda la jolie brune qui lui
faisait face.
- « Qu’y a t-il Annie
? Pourquoi pleures-tu ? » demanda Candy soudain inquiète de voir des
larmes dans les yeux de celle qu’elle considérait comme sa sœur.
- « Oh Candy, pourquoi
es-tu si secrète ? Pourquoi ne me dis-tu pas ce qui te tourmente et t’empêche
d’être heureuse ! »
- « Annie… »
- « Candy… est-ce
encore Terrence qui te fait souffrir ? »
- « Je… Annie, excuse
moi, je ne voulais pas que vous vous inquiétiez pour moi. C’est vrai…
le souvenir de Terry est encore très présent… mais cela va mieux, je
te le jures ! »
- « Oh Candy, cela fait
quatre ans ! Comment as-tu pu garder tout cela pour toi aussi longtemps
? »
Annie se jeta en pleurant
dans les bras de son amie. « Pardon Candy ! Pardon ! »
- « Mais… pardon
pourquoi ? »
- « Pardon pour ne pas
avoir vu à quel point tu étais malheureuse, pardon de ne pas t’avoir
consolé ! Oh Candy, je me sens si égoïste ! Tu t’es toujours
préoccupée de moi, et moi… »
Candy sourit en prenant
son amie dans ses bras : « chut Annie, calme toi… Tu n’as rien à te
reprocher… Tu me connais, tu sais comment je suis. Je n’avais pas
envie d’en parler, cela aurait été trop dur… Et je te remercie d’avoir
éviter le sujet, inconsciemment tu as fais ce qu’il fallait ! Tu me
connais mieux que ne le croie ! »
- « Tu… tu es sûre ?
» demanda Annie en regardant la jeune blonde dans les yeux.
- « Certaine ! Et
rassures toi : je vais bien. J’ai appris à accepter le fait de… de
ne plus le voir… Mais de là à tomber amoureuse de quelqu’un d’autre…
Je t’avoue que je n’y avais jamais songer ! Alors ne m’en veux pas
si je ne décide pas d’épouser immédiatement mon cavalier de ce soir
! »
Annie éclata de rire. «
Merci Candy, encore une fois c’est toi qui m’a consolé ! »
- « Ne dis pas de
bêtises ! Je suis contente d’avoir passé cette journée avec toi,
cela faisait tellement longtemps que l’on ne s’était pas retrouvé
seule toutes les deux ! »
- « C’est vrai…
Parfois je me dis que c’est moche de grandir ! Il y a des moments où
je voudrai redevenir la petite fille qui faisait des bonhommes de neige
et qui aidait Sœur Maria à faire les tartes ! »
- « Je sais, je ressens
la même chose ! Mais c’est notre lot à tous de grandir et de faire
les choses par nous-même… Heureusement qu’il nous reste ces
souvenirs à chérir… Et puis je suis si heureuse que notre amitié n’aie
pas changée malgré le temps… »
- « Oui c’est vrai,
heureusement… »
- « Bon trêve de
bavardage ! Je crois que nous avons des invités qui nous attendent et
une fête à préparer ! Rentrons vite ! »
Les deux jeunes filles
partirent en courant, main dans la main, comme autrefois…

Fin
du chapitre 2
© zazou 2006
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