Et si tout pouvait recommencer?
par zazou minoutou

 

 

Chapitre 16

 

En entendant ces mots le jeune homme compris ce qui l’avait tant blessée… Elle se croyait responsable de la mort de la jeune femme !

- Candy… Candy regarde moi ! Ce n’est pas de ta faute tu m’entends ? Si quelqu’un est coupable alors c’est moi ! Je n’ai pas sût l’aimer Candy… Je ne pouvais pas l’aimer, il n’y avait que toi dans mon esprit et Suzanne le savait parfaitement, depuis le début. Elle te l’a dit elle-même. Mais elle a accepté malgré tout que je reste auprès d’elle, elle a accepté la situation telle qu’elle était… Ni toi, ni moi ne sommes responsables ! Nous n’avons fait qu’accomplir notre devoir en suivant notre conscience.

Les pleurs de Candy commençaient à se calmer. Il prit son visage entre ses mains et la força à le regarder.

- J’ai encore une chose à te dire Candy… Avant de mourir Suzanne m’a demandé pardon. Pendant tout ce temps elle ne s’est jamais plainte de mon indifférence, elle ne m’a jamais fait de reproches, elle se contentait de m’attendre et de m’avoir à ses côtés… Elle savait à quel point je souffrais de cette situation et elle s’en est excusée au moment de mourir… Au début j’ai eu beaucoup de mal à accepter sa disparition, j’avais le sentiment de t’avoir trahi…

Ce fut au tour de Candy d’être surprise. Elle lui caressa la joue d’un geste tendre et il lui sourit.

- Et puis, petit à petit, j’ai compris qu’elle nous avait en fin de compte libéré de notre engagement. A son tour elle s’est effacée…Le jeune homme marqua une pause. A partir de là j’ai connu une nouvelle angoisse…

- Laquelle Terry ?

- Celle que tu m’aies oublié…lui répondit-il dans un souffle.

Il la regarda avec tendresse.

- J’ai si souvent rêvé de te tenir dans mes bras Candy… Te souviens-tu de la première fois où je t’ai embrassée ? C’était ici…

Elle acquiesça, les yeux plongés dans le regard bleu profond de son compagnon.

- Me repousserais-tu encore si je t’embrassais Candy ?

- Non, dit-elle tout bas.

Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres tandis que son visage descendait lentement vers celui de la jeune femme. Enfin il l’embrassa. Tout son corps sembla s’embraser. Lorsqu’il sentit la jeune femme trembler à son tour, il s’éloigna d’elle, sachant qu’il risquait de ne plus arriver à se contrôler. Il la regarda intensément, comme pour se persuader qu’il ne rêvait pas.

- Candy…Candy !

Il ne pouvait répéter autre chose que son prénom, ce prénom qui l’avait obsédé pendant tant d’années.

- Oh Terry… Je n’ai jamais cessé un seul instant de penser à toi ! Il n’y a que toi Terry !

- Et Andrew ?

Il n’avait pu s’empêcher de poser cette question. Malgré l’aide et le soutien que lui avait apporté le jeune écossais, il ne pouvait oublier cette nuit où il les avait vu enlacés sur le pont…

- Andrew est seulement un ami, il a été merveilleux avec moi ! Il m’a consolée quand j’en avais besoin…

- Je pensais que cela aurait été le rôle de tes vieux amis comme Annie, Patricia ou encore Albert…

- Et bien… A vrai dire j’ai tout fait pour leur cacher mes sentiments…

Avant qu’il ait pu prononcer un mot, une voix retentit.

- Can-dy ! Où es-tu ?

La jeune femme sursauta et s’éloigna vivement de son compagnon.

- C’est Annie, elle me cherche…

- Oh je vois… Tu ne veux pas que tes amis te voient avec moi bien sûr !

Toute chaleur s’était envolée du jeune acteur et ses yeux avaient retrouvés une fois de plus leur éclat dur et froid.

- Non ce n’est pas…

- Ah Candy te voilà ! Je ne vous dérange pas j’espère...

Annie hésita, se demandant si elle avait bien fait de venir jusqu’à eux. Elle les avait vu de loin et comme tout semblait bien aller entre eux elle avait voulu les convier à se joindre à eux. Mais face à leur expression elle s’en mordait les doigts à présent.

- Tu ne nous déranges pas du tout Annie, répondit Terry.

- Qu’y a-t-il Annie ? Pourquoi me cherchais-tu ? demanda Candy.

- Heu…C’est à propos de la course en barque dont nous avions parlé… Je me demandais si tu étais toujours partante…

- Et bien…commença la jeune blonde ne sachant quelle allait être la réaction de Terry.

- C’est volontiers ! N’est-ce pas Candy ?

- O…Oui…

- Bien allons-y, dit Annie, un orage se prépare et ce serait bête d’être trempés !

En effet de sombres nuages s’amoncelaient au dessus d’eux, sans doute en conséquence de la chaleur exceptionnelle dont ils avaient bénéficié ces derniers jours.

A peine arrivés à l’embarcadère, Eliza, qui s’était jointe au petit groupe, se précipita vers l’acteur.

- Oh Terry tu es là ! Veux-tu être mon partenaire ? Annie voulait me mettre avec Archibald mais je sais que face à toi il ne fait pas le poids !

Tout en parlant elle enroulait ses boucles rousses autour de son doigt cherchant à y mettre le plus de séduction possible.

- Comme c’est gracieux de ta part Eliza ! s’exclama Archibald.

La jeune femme lui jeta un regard noir.

- Et bien quoi ? Comme ça tu pourras te mettre avec ta petite fiancée ! N’est-ce pas Terry ? ajouta-t-elle avec son plus grand sourire.

- Ma fois, je ne voudrai pas priver Archibald d’une promenade en amoureux…

- Oh chic alors ! s’écria Eliza en se jetant à son bras et en lançant un regard triomphant en direction de Candy. Viens vite, il faut choisir la meilleure barque !

- Mais… et Candy ? Elle se retrouve seule… objecta Patty.

- Ne vous en faites pas, répondit cette dernière, il vous faut un arbitre !

- Pourquoi tu ne monterais pas plutôt avec nous ? proposa Andrew qui faisait équipe avec la timide jeune fille.

- Oui c’est vrai Candy ! Viens avec nous !

- Non, non ! A trois on serait trop lourd et ce ne serait pas équitable !

- Mais…

- Pas d’histoires ! je vais monter sur la falaise en face, ainsi je pourrai tout surveiller d’un œil impartial !

Sur ces mots la jeune blonde partit en courant. «  Oh Terry ! Pourquoi es-tu si gentil, si doux, pour redevenir si froid et si distant l’instant d’après ? Je n’y comprends plus rien Terry… »

Pendant ce temps les trois barques avaient pris le départ. Ils arrivaient à la moitié du lac lorsque Candy apparut sur la falaise. Annie et Patty lui adressèrent de grands signes de la main auxquels elle répondit.

Soudain elle entendit des pas derrière elle. Elle se retourna et aperçu Daniel qui venait vers elle, l’air complètement ivre. « Oh non, pensa-t-elle, il ne manquait plus que lui ! »

- Sa…lut Candy ! Alors, on se retrouve toute seule ? Tes chevaliers servants ont trouvé d’autres poules ?

- Je n’ai aucun chevalier servant Daniel, répondit-elle froidement, seulement des amis.

- Ouaip…Ben en attendant t’es toute seule ma belle ! Heu- Heureusement que je suis là !

Tout en parlant Candy le vit sortir une flasque de sa poche.

- Tu n’arrêtes donc jamais de boire Daniel ?

- No-on ! T’en veux ? C’est du bon whisky ! répondit-il en lui tendant la bouteille.

- Merci, sans façons.

Au même moment, sur le lac, Annie tentait d’apercevoir qui était avec son amie.

- Qu’y a-t-il Annie ? Pourquoi t’agites-tu ainsi ? lui demanda Archibald.

- J’essaie de voir qui parle avec Candy… Oh non !

- Quoi ? Que se passe-t-il ?

- C’est Daniel !

- Que dis-tu ?

Le jeune homme se retourna vivement et vit avec horreur son cousin, il semblait ivre comme à son habitude. A cet instant, la barque où se trouvaient Terrence et Eliza les dépassa.

- Et bien cousin, on est déjà fatigué ? railla Eliza

En effet Archibald s’était arrêté de ramer et, inquiet, il ne lâchait pas la falaise du regard.

- Archie ! Que se passe-t-il ?

Andrew et Patty venaient à leur tour d’arriver à leur hauteur.

- C’est Candy, elle est avec Nil là-haut et il est encore complètement saoul…

- Merde… Tu as peur qu’il lui fasse du mal ?

- J’en ai peur… Il est amoureux d’elle et quand il est dans cet état on ne sait pas comment il peut réagir…

De son côté Terry, qui ignorait tout des difficultés qu’avait eu Candy avec Daniel, se demandait pourquoi les deux garçons s’étaient arrêté de pagayer et observaient avec attention les deux jeunes gens sur la falaise.

Soudain il entendit un hurlement, il eut juste le temps de se retourner pour voir Candy tomber du haut du promontoire…

 

Fin du chapitre 16

Chapitre 17

 

Les cris d’Annie et Patricia firent écho à celui de Candy et sans prendre le temps de réfléchir Terry lâcha les rames et plongea dans l’eau agitée par l’approche de l’orage. Bon nageur, il atteignit rapidement l’endroit où la jeune femme était tombée mais il ne la voyait pas. « Pourvu qu’elle n’ait pas été repoussée contre les rochers… » Un frisson lui parcourut le dos. « Allons, ne pense pas à ça, il faut la retrouver ! » Il la chercha des yeux parmi les vagues tumultueuses qui se formaient en atteignant la paroi. Il finit par l’apercevoir : elle était à quelques mètres de lui, accrochée à un rocher qui dépassait de l’eau. Il la rejoignit, soulagé.

- Candy ! Est-ce que ça va ?

La jeune femme releva la tête et il vit avec horreur du sang couler le long de sa joue.

- Candy… Tiens bon, ça va aller !

Il sentait à présent son cœur battre à grands coups et se demandait avec inquiétude s’il allait arriver à regagner la rive avec la jeune femme à demi- inconsciente.

- Terry, par ici !

Archibald et Andrew approchaient à leur tour. A leurs côtés se tenaient leurs compagnes, très pâles toutes les deux.

- Elle est là ! hurla le jeune homme. Il va falloir m’aider, elle est blessée !

- Ok on arrive ! cria Archie, puis se tournant vers son camarade il continua : Andrew, approche ta barque de la mienne. Annie tu vas passer avec Patty et Andrew va venir avec moi, ainsi à nous deux, il sera plus facile de hisser Candy et Terry. Ca va aller ?

La jeune brune acquiesça et, bien que tremblante de peur, elle se leva et fit ce que lui demandait Archibald. Puis Andrew passa à son tour dans la barque où l’attendait le jeune homme et tous deux s’éloignèrent afin de rejoindre Terry et Candy.

- Vite ! cria l’acteur. Elle saigne, je ne sais pas si c’est grave…

- Ok, allons-y.

Ils réussirent tant bien que mal à hisser la jeune femme qui était à présent évanouie. Terry grimpa à son tour dans l’embarcation et ils purent faire demi-tour.

- Je vais m’occuper de ramener Annie et Patty.

- Merci Andrew.

Le jeune homme regagna la barque où l’attendaient les deux amies et entreprit de les rassurer du mieux qu’il put.

- Et moi ? Je vais rester là ?

C’était Eliza qui se retrouvait toute seule au milieu du lac.

- Zut ! Je l’avais oublié celle-là ! s’exclama Andrew. Ca va, on arrive !

Il pagaya rapidement dans sa direction. Arrivé à sa hauteur il prit une corde qui se trouvait sous son siège, l’attacha au banc où il se trouvait et lança l’autre extrémité à Eliza en lui ordonnant de l’attacher à sa propre barque.

- Mais je ne sais pas le faire ! s’écria cette dernière.

- Et bien alors tiens la tout simplement ! répondit le jeune homme en repartant en direction de la rive.

- Aïe ! Ca fait mal aux mains !!

- Oh tais-toi Eliza ! s’écrièrent Annie et Patty en lui jetant un regard noir.

 

Pendant ce temps, Terry et Archibald avaient accosté sur la rive et avaient allongé Candy dans l’herbe. Les deux autres barques les rejoignirent et tous, inquiets, à l’exception d’Eliza, se précipitèrent auprès de leur amie.

- Comment va-t-elle ? demanda Annie d’une voix blanche.

- Ca va, il y a plus de peur que de mal, répondit Archibald en la prenant dans ses bras. Elle est simplement évanouie.

- Mais ce sang…

- Elle a juste une vilaine coupure au bras et comme elle avait posé sa tête dessus, tout son visage en a été maculé…

Annie fondit en larmes.

- A… Alors elle va bien ?

- A première vue oui.

Terry de son côté s’activait sur la jeune femme lui lavant le visage et le bras avec sa chemise trempée, puis il en déchira un morceau et lui fit un bandage. Enfin il murmura : « Si je tenais ce petit salopard… »

- Daniel ! Tu n’as rien frérot ?

Tous levèrent la tête d’un même mouvement et virent Nil approcher en titubant sur le chemin. Archibald ouvrit la bouche pour parler mais au même moment il vit Terry se jeter sur le garçon et lui assener un coup de poing dans la mâchoire. Ce dernier tomba à la renverse tout en poussant des hurlements

- Au secours ! Au secours ! Archibald…

Celui-ci ne bougea pas tandis que le jeune acteur continuait de le frapper, aveuglé par la haine. Eliza s’était également mise à crier mais personne ne faisait attention à elle. Finalement ce fut Andrew qui sépara les deux garçons.

- Terry cela suffit, il a son compte !

Puis se rendant compte qu’il ne l’écoutait pas il ajouta :

- Terry il faut s’occuper de Candy, il commence à pleuvoir…

En effet l’orage venait d’éclater et de grosses gouttes commençaient à s’écraser sur eux. Revenant à la raison Terry se releva et dans un sursaut de dégoût il cracha sur Daniel qui pleurait couché dans la terre. Puis il revint vers Candy et la prit dans ses bras.

- Viens Terry, il faut la mettre à l’abri et la soigner, dit Archibald.

- Je la ramène chez moi.

- Mais…

- Comme tu l’as dit il faut rapidement la mettre à l’abri et nous ne sommes qu’à quelques minutes de chez moi.

- Il a raison, intervint Andrew. De plus, il pleut de plus en plus fort.

- Très bien, dans ce cas nous t’accompagnons ! reprit Archibald.

- Et Daniel alors ? Vous allez le laisser dans cet état ? s’écria Eliza.

- Elle a raison Archie, il faut le ramener aussi. Viens on devrait arriver à le porter à nous deux.

- Mais…

- Ne t’en fais pas pour Candy, elle est entre de bonnes mains.

- Merci Andrew, dit Terry en le regardant droit dans les yeux. Je vous tiens au courant.

Et il s’éloigna sous la pluie, tenant fermement la jeune femme dans ses bras.

Le petit groupe les regarda partir, puis les deux garçons soulevèrent Daniel qui n’était plus capable de mettre un pied devant l’autre et entreprirent à leur tour de regagner la villa.

 

Fin du chapitre 17

Chapitre 18

 

Arrivé au manoir Terry installa la jeune femme sur le canapé du salon. Il sonna pour demander du thé bien chaud et alluma un feu dans la cheminée. Lorsque les premières flammes crépitèrent, Candy revint à elle.

- Terry…

- Oui je suis là, est ce que ça va ?

- Je crois…

- Bien, il faut enlever tes vêtements Candy, ils sont trempés. Je vais sortir pendant que tu te changes, tu peux y arriver seule ou tu veux que je demande à ma gouvernante de t’aider ?

- Non, ça va aller…

- D’accord. Je vais aller me changer également.

Une fois le garçon sorti, Candy se déshabilla avec des gestes lents, puis elle enfila la robe de chambre violette que Terry avait laissée pour elle. « C’est toujours la même… » murmura-t-elle. Au même moment des coups retentirent à la porte et une voix s’éleva.

- Mademoiselle, c’est Catherine la gouvernante, puis-je entrer ?

La jeune fille répondit par l’affirmative et la porte s’ouvrit sur une femme entre deux âges portant un plateau.

- Ah vous vous êtes changée, tant mieux ! Mr Terrence avait peur que vous n’y parveniez pas toute seule.

Candy lui sourit.

- Je ne suis pas mourante tout de même !

- Mon Dieu, pourtant après la chute que vous avez fait ! Monsieur m’a raconté, vous avez eu de la chance ! Mais je parle, je parle et Monsieur attend derrière la porte, puis-je lui dire d’entrer Mademoiselle ?

- Oui bien sûr ! Merci Madame.

- Je vous en prie. Mais buvez vite quelque chose pour vous réchauffer, vous devez être gelée !

Tout en parlant Catherine avait ouvert la porte et fait signe à Terry qu’il pouvait entrer.

- Je vous laisse, si vous avez besoin de moi je suis à la cuisine.

- Merci Catherine, répondit Terry. Puis, s’adressant à Candy, il lui demanda : est-ce que cela va mieux ?

- Oui je te remercie.

- Que s’est-il passé avec Daniel ?

- Oh rien de plus que d’habitude…

- C'est-à-dire ?

- Et bien il y a quelques années, répondit Candy en rougissant légèrement, il a eu la charmante idée de tomber amoureux de moi et de vouloir m’épouser…

Terry ouvrit de grands yeux : Daniel amoureux de Candy ? Il n’avait pas si mauvais goût que ça en fin de compte ! Il lui demanda ce qui s’était passé ensuite.

- Il m’a attiré dans un piège et m’a séquestré dans leur maison jurant qu’il me libèrerait lorsque j’aurais consenti à l’épouser ! Heureusement j’ai réussi à m’enfuir et à regagner Lakewood, mais figures-toi que Daniel avait si bien cassé les pieds à tout le monde que la Grand-tante Elroy avait accepté son idée ! J’ai donc dû rapidement contacter l’Oncle William et c’est là que j’ai découvert qu’il s’agissait d’Albert ! Il a bien sûr tout fait annuler immédiatement. Mais Daniel a toujours son idée en tête et quand il boit il a tendance à devenir…imprévisible et parfois violent… Il y a deux ans il a essayé de…enfin tu vois…

A ces mots Terry serra les poings.  « Le salopard, j’aurais dû l’achever tout à l’heure ! » Candy sourit tristement.

- Il n’est plus lui-même quand il boit.

- Ce n’est pas une excuse Candy !

- Je le sais bien ! Toujours est-il qu’il a eu du fil à retordre avec moi ! Et puis Albert est encore arrivé à temps ! Enfin bref, depuis je l’évite soigneusement…

- Sauf aujourd’hui… Par ma faute…

- Ce n’est pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir… Et puis d’habitude il passe ses journées dans des bars !

- Et Albert et votre Tante acceptent cela ?

- Et bien Albert ne peut rien faire, c’est à ses parents de s’en charger… Mais bien sûr ils ne voient rien, tout comme la Tante Elroy ! Pour eux, Albert et moi nous exagérons !

- Décidément rien ne change… et ce malgré la présence d’Albert…

- Evidemment ! Je suis toujours l’orpheline ingrate qui s’est enfuie du Collège Royal Saint Paul et qui travaille ! Quant à Albert il est respecté mais seulement par rapport à son titre et à sa position de chef de famille.

- Ma pauvre Candy, pourquoi restes-tu alors ?

- Et bien tout d’abord je ne suis pas si malheureuse que cela ! J’ai un travail qui me passionne, des amis qui m’entourent, et puis…Je ne veux pas abandonner Albert, il a tellement fait pour moi !

- Oui je comprends. Tu es plus courageuse que moi…

- Que veux-tu dire ?

- Tu affrontes les problèmes au lieu de les fuir…

La jeune femme resta sans voix quelques instants, puis elle lui dit doucement :

- Qu’est ce que tu racontes Terry ? Tu es comme moi : toi aussi tu as fuit le Collège pour trouver ta voie et tu as réussi, tu es à présent un acteur reconnu…

- Oui mais je me cache derrière ma carrière ! Je n’ai plus revu mon père depuis que j’ai quitté l’Angleterre, simplement afin d’éviter un conflit, pourtant je sais qu’il se fait vieux… Et puis lorsque Suzanne a eu son accident j’aurais pu me battre, refuser de rester auprès d’elle, pourtant je ne l’ai pas fait…par lâcheté…

- Ne dis pas ça Terry ! Ce n’était pas de la lâcheté ! Tu devais le faire, sinon tu t’en serais voulu toute ta vie…Et moi aussi…

Les yeux fixés sur les flammes qui s’élevaient dans la cheminée, le jeune homme ne répondit pas. Après quelques instants de silence Candy reprit :

- Merci de m’avoir sauvé tout à l’heure…

Terry était plongé dans ses pensées, il répondit d’un ton détaché :

- Oh j’ai simplement été le premier à réagir… Mais ne t’en fais pas, Archibald ou Andrew seraient arrivés tôt ou tard…

La jeune femme resta perplexe : avait-il plongé par souci pour elle ou simplement par réflexe comme le jour où il avait sauvé Eliza ? Etait-ce de la jalousie dans sa voix, ou se faisait-elle des idées ? Elle n’arrivait pas à savoir ce qu’il pensait en ce moment et cela la troublait.

- Merci quand même, dit-elle. Mais j’aurais pu retourner à la villa…

Terry se leva brusquement. Ses dernières paroles semblaient l’avoir tiré de sa rêverie.

- Je voulais te mettre à l’abri le plus rapidement possible mais ne t’en fait pas, je vais te trouver des vêtements décents et te ramener.

Et sur ces mots il sortit en claquant la porte.

« Mais qu’est ce qui lui prend encore ? » se demanda Candy. Pourquoi était-il aussi susceptible tout à coup ? Elle réfléchit à ce qu’elle avait dit avant qu’il ne parte brutalement et soudain elle réalisa que peut-être le garçon avait pensé que cela l’ennuyait qu’il l’ait ramené chez lui… « Oui cela doit être ça ! Oh Terry ! » et elle s’élança à sa suite dans les couloirs déserts du château.

«  Où a-t-il bien pu aller ? Il a parlé de me trouver des vêtements, donc ce sera certainement dans l’une des chambres… Voyons, que je me souvienne… Sa chambre, si c’est toujours la même, se trouve au second étage. »

Rapidement elle monta les escaliers en pierres. Parvenue à l’étage supérieur elle hésita un moment face à la longue rangée de portes qui s’alignaient devant elle.

« Réfléchis Candy, sa chambre donnait sur la façade, donc elle doit se situer sur ma droite et elle était plutôt à l’extrémité du bâtiment. » Elle reprit prestement sa marche et poussa un soupir de soulagement quand elle vit que l’une des portes était entrouverte. Arrivée devant le battant elle le poussa et pénétra dans la pièce.

- Terry… Tu es là ?

Aucune réponse ne lui parvint. Elle avança jusqu’au milieu de la chambre et regarda autour d’elle. « Où peut-il bien être ? » Soudain elle tomba en arrêt : sur le mur qui faisait face au lit trônait un immense portrait qui la représentait !

 

Fin du chapitre 18

Chapitre 19

 

- Décidément tu n’as pas perdu l’habitude de fourrer ton nez partout Taches de son…

La jeune femme sursauta. Elle ne l’avait pas entendu arriver derrière elle.

- Terry, je te cherchais… A…Atchoum !

- C’est malin ! Quelle idée de se promener pieds nus sur ce dallage glacé ! Tu n’as pas gagné en jugeote non plus…

Candy ouvrit la bouche afin de répliquer vertement mais il la coupa avant qu’elle ait pu dire un mot.

- Viens ici et mets-toi sous les couvertures.

- Mais…

- Il n’y a pas de mais !

Terry la prit par les épaules et la conduisit jusqu’au lit, là il ouvrit les draps, la força à s’asseoir puis à s’allonger et finalement il rabattit les couvertures sur elle.

- je vais faire un feu, puis j’irais voir s’il ne reste pas des affaires de ma mère quelque part. Surtout ne bouge pas d’ici, compris ?

- O…Oui.

- Bien, repose-toi alors. Je reviens.

Et il sortit de la pièce.

Candy examina le portrait : c’était bien elle, aucun doute n’était possible. Elle était représentée assise dans l’herbe, elle portait une robe d’été et elle souriait tendrement. « Comment Terry peut-il avoir un tel tableau ? J’ai toujours refusé de poser malgré les insistances d’Albert pour me faire faire un portrait… »

La chaleur du feu, combinée à celle des couvertures et à l’odeur de Terry, la fit peu à peu sombrer dans le sommeil. Quelques instants après, le jeune homme revenait les bras chargés de tissus de toutes sortes.

- Tiens Miss Taches de son a finit par s’endormir on dirait ! 

Il s’approcha tout doucement du lit et d’un geste tendre, il écarta les quelques mèches qui lui barraient le visage. Puis, en souriant, il tira un fauteuil près du lit et s’y installa afin de veiller sur son sommeil.

****

Les heures passèrent et le jour, déjà assombri par les nuages, se coucha. Lorsque Candy ouvrit les yeux, la pièce était plongée dans l’obscurité et seules quelques braises rougeoyaient encore dans l’âtre. « Où suis-je ? » se demanda-t-elle un peu perdue. En tournant la tête son regard se posa sur le jeune homme et tout lui revint en mémoire. Terry était à présent profondément endormi et la jeune femme rougit en songeant qu’il avait dû l’observer pendant son sommeil. « Le pauvre, se dit-elle, il est tout tordu sur son fauteuil et il doit avoir froid, le feu est presque éteint… » Elle rejeta les couvertures et se leva en tachant de faire le moins de bruit possible.

- Oh mon Dieu, il fait vraiment froid !

En frissonnant elle se hâta vers la cheminée et ranima le feu mourant. Soudain un éclair déchira le ciel et illumina la pièce dont les rideaux n’étaient pas tirés. Terry se réveilla en sursaut.

- Candy ! s’écria-t-il en ne la voyant pas dans le lit.

- Je suis là Terry.

- Oh… Je me demandais où tu avais disparu…

- Tu fais un bien mauvais garde malade si tu n’es pas capable de rester éveillé quelques heures et de surveiller ta patiente !

- Dîtes donc Miss Tache de son, soyez déjà contente que je…que je…Atchoum !

- Et voilà ! Ca t’apprendra à te moquer de moi ! dit elle en riant. Allez couvre-toi, je vais aller chercher le thé qu’on a laissé.

- Mais…

- Tttt… C’est moi l’infirmière maintenant, alors tu obéis !

Renonçant à discuter, Terry se glissa dans le lit encore chaud et parfumé par l’odeur de la jeune femme. Candy sortit de la chambre et couru jusqu’au salon qu’ils avaient déserté. Tout était également plongé dans le noir. Elle prit le plateau et se dirigea vers la cuisine où elle trouva le feu encore suffisamment vivace pour lui permettre de se repérer et de faire chauffer l’eau, puis apercevant une brioche entamée sur la table, elle la rajouta à son en-cas et regagna la chambre.

- Voilà ! J’ai de quoi nous réchauffer et même nous restaurer ! J’espère que ta gouvernante ne m’en voudra pas d’avoir prit la brioche qui restait !

Tout en parlant Candy posa le plateau sur le chevet, puis elle servit le thé et tendit une tasse au jeune homme qui s’assit pour le boire. Elle-même s’installa sur le fauteuil où se trouvait Terry peu de temps auparavant. Tous deux burent et mangèrent en silence. Une fois qu’elle eut terminé la jeune femme se leva et s’approcha de la fenêtre.

- Le temps ne s’arrange pas, dit-elle. On dirait que l’orage se rapproche.

Un frisson lui parcourut le corps.

- Tu devrais te remettre au chaud.

Candy rougit et ne répondit pas.

- Qu’y a-t-il Taches de son, tu as peur de moi ? demanda le garçon narquois. Ma proposition est en tout bien, tout honneur…

Elle lui jeta un regard de côté. Au même moment un nouvel éclair déchira le ciel ce qui eut pour effet de la faire à nouveau frissonner. Elle traversa rapidement la pièce et se glissa dans le lit à ses côtés.

- Et bien Mademoiselle André, en voilà des manières pour une jeune fille ! Que dirait la Mère Supérieure si elle vous voyait ?

- A mon avis, pas grand-chose… Elle aurait une attaque avant même de pouvoir prononcer un mot ! répondit Candy en riant.

Terry éclata de rire à son tour.

- Quand même… Je me demande si cette fois elle nous renverrait tous les deux…

- Enfin Terrence ! Vous êtes le fils du Duc, notre principal donnateur ! Vous renvoyer ? Vous n’y pensez pas !

- Sais-tu que le fils aîné de la Duchesse va rentrer au collège en septembre ?

- Hum… C’est sœur Grey qui va être contente d’avoir un nouveau Grandchester dans son établissement !

- Oui, surtout qu’il est le type même du parfait aristocrate, contrairement à moi…

- Comment sais-tu tout cela ? Je croyais que tu n’avais plus de contact avec ton père ?

- Heu…Il m’écrit de temps en temps, histoire sans doute de me rappeler quel mauvais fils je suis comparé à ses autres enfants !

- Ou alors c’est pour te rappeler que tu as une famille…

Terry la regarda, surpris.

- Tu plaisantes ? Tu crois vraiment que j’en fais encore parti ?

- Evidemment ! Sinon je ne vois pas pourquoi ton père prendrait le temps de t’écrire ! Et puis… Tu l’as dit toi-même tout à l’heure : il se fait vieux et il veut certainement reprendre contact avec toi avant qu’il ne soit trop tard…

Le jeune homme resta silencieux.

- Est-ce que tu lui réponds ? demanda doucement Candy.

- Non…

- Et malgré tout il continue à t’écrire ! Oh Terry quel ingrat tu fais ! s’exclama-t-elle avec un regard de reproche.

- Ingrat moi ? Il n’a jamais rien fait pour m’aider quand j’en avais besoin !

- Il ne t’a pas non plus empêché de vivre comme tu le voulais ! Il t’a laissé partir et devenir acteur, et maintenant il essaye de rétablir un contact avec toi…

- C’est exactement le discours que me tient ma mère…

- Et ça ne t’empêche pas de continuer à l’ignorer ?

Terry ne répondit pas. Il fixait le plafond se demandant pourquoi il ne voyait jamais les choses les plus évidentes. Il fallait toujours que Candy mette le doigt dessus pour qu’il se rende compte de ses erreurs.

- Excuses-moi Terry, je me mêle encore de ce qui ne me regarde pas…

- Non tu as raison…Comme toujours ! Je sais bien que je ne suis qu’un sale égoïste !

- Je n’ai pas dit ça !

- Non mais c’est pourtant le cas, répondit-il en lui souriant. Je te promets que je vais essayer d’y remédier !

La jeune femme sourit à son tour, puis se mettant à rire elle lui dit :

- J’ai l’impression d’être de nouveau à la pension Pony !

- Ah bon ? Tu te mettais déjà dans le lit des garçons à la pension Pony ?

- Mais non ! s’exclama-t-elle en rougissant de plus belle. Je parle d’Annie ! Quand elle avait peur et qu’elle n’arrivait pas à dormir elle me rejoignait dans mon lit et on passait toute la nuit à parler.

- Ca veut dire que tu vas faire la même chose ce soir ?

- Pourquoi tu as autre chose à faire ? demanda-t-elle innocemment.

Terry la regarda d’un air entendu, puis en souriant il lui répondit en détachant chacun de ses mots :

- Ca se pourrait…

 

Fin du chapitre 19

 

Chapitre 20

 

Candy resta interdite face aux paroles du jeune homme. Il l’avait souvent taquiné mais jamais ils ne s’étaient retrouvés si proches et qui plus est dans un lit ! Tout à coup son peignoir lui parut bien fin, elle sentit son visage s’empourprer encore d’avantage et bizarrement, son corps lui parut plus chaud lui aussi. Ses yeux étaient plongés dans les siens. Il était allongé près d’elle et son regard était si pénétrant. Dans un sursaut de lucidité elle se reprit et s’écria :

- OH !!! Si tu n’arrêtes pas tout de suite je m’en vais !

- Si je n’arrête pas quoi ?

- De…De sous-entendre des choses !

- Moi ? Je ne « sous-entend » rien du tout ! Arrête de faire des idées sur mon compte ma petite, je pensais seulement lire un peu !

- Ah c’est vrai, j’oubliais que tu étais devenu un homme sérieux maintenant… Genre premier de la classe c’est bien ça ?

- Espèce de petite peste ! répondit Terry en l’attrapant et en la chatouillant.

- Arrête Terry ! Non !!! S’il te plait arrête !!

- Excuse-toi tout de suite !

- Non… Ah !!! Ca va… Excuse-moi !

- Je préfère ! dit le garçon en la lâchant à regret.

Ils restèrent silencieux un moment, écoutant le bruit mêlé de la pluie qui frappait la vitre et du feu qui crépitait joyeusement.

- Dis-moi Terry, où as-tu eu ce tableau ?

- Ce tableau…Et bien je l’ai fait faire…

- Tu l’as fait faire ? Mais comment ? s’exclama Candy en se redressant.

- Un jour je suis tombé sur un article dans un journal. Il était consacré à Albert et au fait qu’il venait de reprendre officiellement le contrôle des biens de votre famille. Il y avait une photo de lui prise lors d’une réception et tu étais à ses côtés…

- Oui je m’en souviens…

- J’ai confié la photo à un ami qui est peintre et je lui ai demandé de me faire ce portrait de toi.

- Terry… Mais, et Suzanne ? Comment…

- Elle ne l’a jamais su. Lorsque le tableau a été terminé je lui ai dit que je devais m’absenter et je suis venu l’installer ici.

- Ca fait un peu loin pour accrocher un tableau non ? demanda Candy surprise.

Terry lui sourit.

- C’est vrai mais je ne voyais pas de meilleur endroit pour mettre ton portrait… C’est ici que j’ai mes meilleurs souvenirs avec toi… Enfin il y a le Collège aussi, mais je doute que Sœur Grey aurait été d’accord pour que j’accroche ton tableau dans mon ancienne chambre ! Et puis, ici je pouvais venir le contempler lorsque ça devenait trop dur à New York…

- Tu… Tu es venu souvent ici ?

- Quelques fois oui… Chaque fois que le théâtre m’en laissait le temps en fait..

- Pourquoi ?

- Parce que c’était plus facile…

- Plus facile ? Plus facile que quoi Terry ?

Il se redressa à son tour. Tous deux étaient à présent assis dans le lit à quelques centimètres l’un de l’autre.

- Plus facile que de venir à Chicago.

Les yeux de la jeune femme s’agrandirent sous l’effet de la surprise.

- Que veux-tu dire ? Tu es déjà venu à Chicago ?

- Oui une fois…

- Quand ? Quand es-tu venu ?

- Quelques temps après notre séparation. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée que je devais renoncer à toi, je m’étais mis à boire et mes pas m’ont mené vers Chicago… Je mourai d’envie de venir te voir mais j’avais trop honte de ce que j’étais devenu… Une vraie loque ! Et j’avais trop peur de ta réaction… Dans un bar je suis tombé sur Albert, il m’a reconnu et m’a montré la petite clinique où tu travaillais… Je t’ai vu de loin, tu étais entourée d’enfants, la clinique ne payait pas de mine mais tu riais et tu semblais heureuse… Et là j’ai eu encore plus honte…Honte de voir à quel point j’étais faible comparé à toi qui faisait face… Je ne suis pas venu te voir parce que je savais que jamais je n’aurais eu le courage de repartir… Alors je suis rentré à New York. Peu de temps après il y a eu cet article et cette histoire de tableau. Je l’ai amené ici et j’ai pris l’habitude d’y revenir chaque fois que l’envie de te voir devenait trop forte. Je venais et je contemplais ce tableau en me remémorant chaque moment que nous avions partagé… Je ne suis pas croyant, mais c’était une sorte de pèlerinage je crois…

Pendant ce long monologue Candy était restée silencieuse. Des larmes emplissaient ses yeux car elle comprenait la souffrance du jeune homme, elle avait connu la même ! Combien de fois avait-elle eu envie de sauter dans un train et de gagner New York ? Et dans ce théâtre à Rockstone, elle s’était faite violence pour ne pas aller le voir…D’une voix rendue tremblante par l’émotion elle lui raconta alors ses visites à la Pension Pony et ses moments de solitude dans son arbre. Lorsqu’elle eut finit son récit Terry pleurait également. Ce n’était pas la première fois qu’il se laissait aller devant elle, mais l’autre fois, dans les escaliers de l’hôpital, il s’était caché derrière elle et n’avait pas eu le courage de lui faire face. Aujourd’hui elle se trouvait face à lui et elle était en mesure de le réconforter. Aussi sans réfléchir, elle s’approcha de lui et l’embrassa tendrement sur les lèvres.

D’abord surpris par l’initiative de la jeune femme, Terry ne bougea pas de peur de la brusquer. Il répondit presque timidement à son baiser, puis, voyant qu’elle ne s’écartait pas, il la prit dans ses bras et sa bouche se fit plus exigeante. Ses mains enserrèrent la taille fine de la jeune femme tandis que les doigts de Candy se perdaient dans ses cheveux. Il l’attira alors plus près de lui.

****

Le tonnerre grondait, l’orage faisait rage à l’extérieur, tandis que serrés l’un contre l’autre les deux jeunes gens laissaient enfin libre cours à leur passion. A intervalles réguliers les éclairs illuminaient leurs corps emmêlés. Le feu diffusait une douce chaleur et une odeur de bois brûlé se répandait dans la pièce. Candy sentait son esprit se perdre, elle n’était plus maîtresse de ses gestes, ses doigts s’emmêlaient dans les cheveux de son compagnon, sa bouche d’abord soumise aux baisers experts, se faisait à présente plus pressante. Terry de son côté avait du mal à réfréner son désir : tellement de temps s’était écoulé depuis cette nuit de brouillard où il l’avait vu sur le pont du bateau qui les menait en Angleterre, cette nuit où pour la première fois il avait éprouvé ce sentiment étrange de douceur et de bonheur appelé Amour. Il avait su dès le premier instant qu’elle allait compter dans sa vie et après tous ces obstacles elle était enfin là, offerte à lui, plus belle que jamais.

- Candy… Oh Candy… murmura-t-il

- Oui… souffla-t-elle

- Tu es si belle Candy… Comment pourrais-je un jour me passer de ce visage de poupée, de ce corps de déesse, de cette douceur d’ange… ?

Tandis qu’il parlait il effleurait chaque partie de son corps offert, caressant chaque courbe avec une douceur mêlée de respect pour celle qu’il aimait plus que tout et qu’il avait attendu toutes ces années.

- Je t’ai si longtemps cherchée Candy… Dans chaque théâtre, chaque rue, chaque hôtel où je descendais je me disais « Et si elle était là… » Où étais-tu Candy, où étais-tu ?

- Terry…

La jeune femme l’enveloppait à présent de son corps chaud, des larmes coulaient sur son visage et pourtant elle souriait.

- Je t’aime Terry… J’étais près de toi, près de ton cœur, dans ton âme… et je serai toujours là Terry, toujours !

- Candy, mon amour…

Terry s’empara à nouveau de sa bouche. Maintenant que les mots étaient dits ils pouvaient laisser leurs corps s’exprimer…

****

Lorsque l’amour eut apaisé leurs sens, ils restèrent un long moment serrés l’un contre l’autre. Terry caressait les cheveux de sa compagne et se laissait envahir par un sentiment de bien être qu’il ne connaissait pas.

- Candy… murmura-t-il doucement à son oreille.

- Oui ?

- Rien… Je voulais seulement que tu parles pour m’assurer que je ne rêvais pas…

La jeune femme rit tendrement et se nicha plus profondément au creux de ses bras.

- Je t’ai si souvent imaginé à mes côtés Candy, que j’ai du mal à croire que je suis bien réveillé…

Il la serra plus fortement contre lui comme pour ne devenir plus qu’un corps.

- Tu m’as manqué Candy, pendant toutes ces années …

- J’étais là pourtant, répondit-elle en posant sa main à l’emplacement de son cœur.

- Oui tu étais là… Je te sentais en moi… Chaque fois que je montais sur scène je pouvais t’entendre m’applaudir… Chaque fois que je me mettais en colère je pouvais t’entendre essayer de me raisonner… Et chaque fois que je buvais je pouvais entendre tes reproches… mais je ne te voyais pas… Or c’est de cela dont j’avais besoin ! Je voulais te voir et te toucher, t’embrasser et te caresser ou simplement voir ton sourire qui m’encourageait plus que tout…

- Terry…

- Tu sais, tu étais tellement présente que je croyais te voir partout : dans la rue, si j’apercevais une chevelure blonde mon cœur se mettait à battre plus vite, persuadé que c’était toi… A la maison, lorsque l’infirmière venait donner ses soins à Suzanne je regardais d’abord sa jupe et je me disais « Et si je levais les yeux et que c’était elle ? » Mais cela n’arrivait jamais…

Un sanglot passa dans sa voix. Le cœur serré Candy lui demanda d’arrêter, il se faisait du mal pour rien puisqu’elle était là à présent et qu’elle ne le quitterait plus. Des larmes coulaient sur leurs deux visages.

- Ne me quitte plus jamais Candy… Plus jamais…

Peu à peu, Terry se calma et il finit par s’endormir. Candy se sentait le cœur léger. Totalement apaisée elle sombra à son tour dans le sommeil.

Fin du chapitre 20


© zazou
2007