LES CROISEES DU DESTIN
par Sanyloulou


 Chapitre 17

Le mariage du désespoir


Annie et Archibald vinrent chercher Candy à la gare. Elle leur demanda pourquoi Albert ne les avait pas accompagnés. Archibald lui répondit:
« Albert a dû se rendre pour affaires à Los Angelès il ne rentrera pas avant deux mois!
    •    Deux mois s'exclama Candy!!! Comme c'est long!! »
Pendant ce temps, Madame Legrand qui avait été mise au courant du retour de Candy pour trois mois, alla trouver la Tante Elroy. Elle lui reparla de son projet de mariage entre Niel et Candy.
« C'est hors de question!! lui lança-t-elle. William est contre et je ne peux rien faire contre sa décision!
    •    Mais ma tante, William n'est pas là, et n'oubliez pas que c'est pour protéger les intérêts de la famille Andrey que je fais cela! Allez savoir qu'elle mari elle risque de nous ramener?
    •    Oui, je comprends bien et je suis d'accord avec vous! Mais comment voulez-vous faire pour la convaincre?
    •    Et bien vous n'avez qu'à lui dire que c'est une décision de William, qu'il a changé d'avis et que pour son bien il faut qu'elle épouse Niel!
    •    Bon, très bien je vais voir.
    •    Et quand l'oncle William reviendra, il sera trop tard. Par contre il faut cacher ce mariage aux journalistes! »
Madame Legrand avait réussi, Niel épouserait Candy dans quinze jours! Niel ne se tint plus de joie quand sa mère lui annonça la nouvelle!
« Je vais enfin l'avoir à moi!!! Aah, tu verras Candy, je te couvrirais de cadeaux et tu finiras par m'aimer!! Quand tu verras toutes ces femmes t'envier de m'avoir pour époux, tu réaliseras ta chance!! Ha ha! »
Annie et Archibald firent visiter à Candy la maison que l'oncle William leur avait offert en cadeau de mariage:
« Waohh Elle est immense!!!
    •    Et je ne suis que son neveu! Lui dit Archibald. Imagine un peu ce que toi tu auras!!
    •    Bof moi, je ne crois pas me marier un jour!
    •    Mais pourquoi dis-tu cela Candy?  Lui demanda Annie.
    •    Oh, tu sais,le seul garçon avec qui je voudrais me marier n'est pas disponible et aucun autre ne m'intéresse.
    •    Mais non Candy, il y en a plein de gentils autour de toi et qui seraient tous prêts à t'épouser sur le champ! Tenta de la consoler Annie.
    •    Mais oui c'est vrai ça! Lança Alistair en entrant dans la pièce.
    •    Alistair, Patty! S'exclama Candy en les voyant. Je suis tellement heureuse de vous voir!!!
    •    Ben oui, répondit Patty, nous avons appris que tu revenais passer trois mois ici pour te reposer! Mais pourquoi as-tu donc besoin de te reposer? »
Alors Candy leur raconta l'épisode de l'incendie et comment le professeur Bowman estimait qu'elle avait besoin de repos.
« Et bien moi je suis bien contente! s'exclama Patty. On va pouvoir profiter de toi!!! »
Le soir Archibald ramena Candy à Lakewood.
«  Je vais donc être seule avec la tante Elroy?
    •    Oui Candy, mais si tu en as assez, viens à la maison!
    •    Je risque de débarquer chez vous dés demain alors!
    •    Allez, va! »

Le lendemain, Candy était en train de lire quand Typhanie, sa femme de chambre frappa à sa porte:
« Entrez!, fit Candy.
    •    Mademoiselle, madame Elroy souhaiterait vous voir dans son salon.
    •    Que me veut-elle?
    •    Je n'en sais rien mademoiselle. »
Candy se rendit donc dans le salon privé de la tante Elroy. Dans la pièce, elle fut surprise que Madame Legrand et son fils soient également là. Elle s'inquiéta:
« Ouh, ça sent pas bon!! Que me veulent-ils donc? »
«  Assieds-toi Candy, lui dit la tante Elroy. Nous avons quelque chose à t'annoncer!
-Oui ma tante, qu'y a-t-il?
    •    L'oncle William avant de partir m'avait chargée de te dire qu'il avait changé d'avis.
    •    Changé d'avis? Mais sur quoi?
    •    A propos de ton mariage avec niel.
    •    Quoi,? s'exclama Candy, mais ce n'est pas possible!
    •    Et si mon enfant. Il pense que tu ne réussiras pas par toi même à te trouver un mari suffisamment convenable et qu'il vaut mieux dans ces conditions que tu épouses Niel! Il t'aime et il fera tout pour te rendre heureuse!
    •    Niel, plutôt mourir! S'exclama Candy en se mettant debout.
    •    Assieds-toi! Jusqu'à maintenant toutes les décisions qui ont été prises te concernant par l'oncle William l'ont toutes été pour ton bien. Etmême si celle ci semble ne pas te convenir, tu te rendras compte avec le temps, qu'il avait encore une fois raison! »
« Albert, pourquoi faîtes vous ça, Pensez vous vraiment que je finirais par être heureuse avec ce garçon que je déteste? De toute façon sans Terry, ma vie n'a aucun sens, alors aprés tout, lui ou un autre? Qu'est-ce que ça change? »
Candy les larmes aux yeux, releva la tête et regarda la tante Elroy droit dans les yeux, fière et digne malgré l'eau qui coulait sur ses joues:
« Bien ma tante, je ferai comme il en a décidé. »
Elle se leva et sortie de la pièce sans un regard pour personne.
Elle sortie dans le parc et marcha au hasard, sans vraiment se rendre compte qu'elle avançait. Puis elle s'appuya contre un arbre où elle se mit à pleurer:
« Oh Albert, je ne comprends pas!! Pourquoi faîtes vous cela? »
Et elle pleura longuement son désepoir.
« Ma vie sans Terry n'a de toute façon plus aucun sens! Peu importe ce qu'elle va être, si je ne suis pas avec lui, je ne serais jamais heureuse ! Oh Annie, tu as tellement de chance d'être unie à celui que tu aimes! Annie, peut-être pourras-tu me consoler? »
Elle se rendit chez son amie. Elle leur raconta la décision prise par Albert;
« Hein? Fit Archibald étonné. Mais nous n'étions pas au courant? Dans quinze jours tu dis?
    •    Et tu as accepté Candy? redemanda Annie de plus en plus surprise. Mais pourquoi?
    •    Annie, répondit Candy dont les larmes coulaient encore sur les joues, je me fiche éperdumment de savoir avec qui je vais me marier! La seule personne au monde que je voudrais, je ne peux l'avoir! Alors lui ou un autre! Qu'est-ce que ça peut faire puisque de toute façon sans lui, je n'ai pas de vie, je n'en n'ai plus depuis que je l'ai perdu!
    •    Tu parles de Terry n'est-ce pas? »
Candy hocha la tête et Annie la prit contre elle. Archibald réfléchissait dans son coin. Il repensait à tout ce qu'avait fait Candy depuis sa rupture avec Terry;
«  Moui, c'est vrai qu'elle semble ne plus avoir goût à la vie depuis longtemps, depuis qu'ils se sont séparés. D'abord l'hôpital volant, ensuite la guerre, puis dernièrement cet incendie. On dirait qu'elle cherche à tout prix à mettre sa vie en jeu à la moindre occasion. Oh Candy, toi qui était si pleine de vie et de courage, pourquoi abandonnes-tu ? En tout cas, si toi tu abandonnes, moi je me battrais à ta place! »
Archibald se leva et demanda à Annie de venir le rejoindre dans la pièce d'à côté.
Quand ils furent seuls, il lui dit:
« Je ne peux pas laisser faire ça!
    •    Mais que veux-tu faire, c'est une décision d'Albert et toutes les décisions qu'il a prises la concernant étaient dans son intérêt!
    •    Oui, mais là moi, je ne vois pas où est son intérêt!
    •    Mais que comptes-tu faire?
    •    Et bien Candy se meurt d'amour pour Terry. Je vais partir dés demain pour New-York et lui raconter ce qu'il est en train de se passer et s'il l'aime encore, il ne laissera pas cet ignominie se faire!!!
    •    Oh Archibald, et si ça ne marche pas?
    •    Et bien dans ce cas là, nous la cacherons jusqu'au retour d'Albert!! »

Les jours passèrent et Candy les voyait défiler comme si elle était à l'exterieur de son corps. On lui faisait essayer des robes, des bijoux, mais tout cela lui était complètement égal. Elle agissait comme un automate que l'on manipulait avec des fils attachés aux membres, plus rien n'avait de saveur. Ses nuits étaient ponctuées de cauchemards, toujours les mêmes, sur un champ de bataille, le visage d'un homme explosant sous les balles qu'elle avait elle même tirées, puis les flammes d'un incendie lui léchant le visage et lui mordant tout son corps jusqu'à l'envelopper entièrement;
Quand Archibald rentra auprés d'Annie au bout de quatre jours elle lui demanda fiévreusement:
« Alors?
    •    Alors rien, répondit celui-ci.
    •    Comment ça rien?
    •    Il n'était pas là. Il a dû retourner chez son père pour l'aider dans ses affaires, normalement il doit rentrer dans six jours à New-York.
    •    Oh mon dieu!
    •    Je lui ai laissé une lettre où je lui explique tout, j'espère qu'il l'aura à temps »

Terry rentra à New-York le mercredi.Il s'arrêta chez la gardienne pour lui demander son courrier:
« Tenez Monsieur Granchester et puis vous avez là une lettre qui a été remise en main propre par un monsieur très élégant qui disait venir de Chicago.
    •    Chicago dîtes-vous?
    •    Oui, et il a dit que c'était très grave et très urgent.
    •    Merci »
Terry ouvrit la lettre:
«  Cher Terry,
Je pense que tu te souviens de moi, je suis Archibald Cornwell. Je sais que nous nous sommes jamais entendus, je me souviens de bonnes bagarres l'un contre l'autre et cela doit donc t'étonner que je t'écrive.
Mais si je le fais, c'est pour te parler de Candy.
Ce qui lui arrive est très grave et nous sommes tous très inquiets pour elle car elle semble s'être décidée à ne plus se battre comme elle l'a toujours fait!
La famille a décidé pour elle de l'unir à Niel Legrand et Candy a accepté.
C'est pour cela qu'Annie, Alistair, Patricia et moi-même sollicitons ton aide.
Pourquoi me diras-tu si Candy a accepté?
Et bien parce qu'elle l'a fait en pensant qu'elle t'a perdu pour toujours et que si elle doit vivre sans toi, sans ton amour, alors la vie n'a plus aucune importance! Et elle l'a effectivement démontré par le passé. Pour t' oublier, elle est partie risquer sa vie à la guerre, puis dans cet incendie dans lequel elle s'est précipitée tête baissée pour sauver une enfant.
Je crois qu'elle n'accorde plus que très peu de valeur à sa vie et que ce qu'il lui arrive lui est complétement indifférent puisque tu ne fais pas partie de son existence.
Alors si tu l'aimes encore, si l'amour qu'elle a pour toi, tu le partages, alors nous t' en conjurons, fait quelque chose.
Je te remercies pour elle, pour son sourire qui a disparu de son visage et que nous aimerions tous retrouver,
Archibald Conwell. »


Chapitre 18

La mariée


Le samedi jour du mariage arriva. La cérémonie était prévue pour quatorze heures.
Annie désespérée dit à Archibald:
« Il est trop tard maintenant, plus rien ne pourra l'en empêcher!
    •    Je le crains malheureusement! Il n'y a plus qu'à espérer que Candy réponde « non » au prêtre!
    •    C'est vrai qu'elle en est tout à fait capable! »
Candy était dans sa chambre, entre les mains des coiffeuses qui lui torturaient les cheveux pour les coiffer en chignon. Une maquilleuse n'arrêtait pas de la faire éternuer tant elle lui mettait de poudre sur le visage. Quand cette séance de torture fut terminée, ce fut l'habillage. Pour rentrer dans sa robe, elle dut monter sur une chaise et aider par les femmes de chambres, elle mit les pieds dedans. Puis elles remontèrent la robe le long de son corps et lui attachèrent dans le dos. Déjà que le corset la serrait jusqu'à l'etouffer, quand la robe fut agrafée, elle crut défaillir. Puis on lui passa des bijoux somptueux autour de son cou, de ses poignets, mais on ne mit aucune bague à ses doigts hormis sa bague de fiancailles; Elle se regarda dans la glace. Elle était magnifique mais il manquait sur son visage, son plus beau bijou: son sourire. Elle n'aimait pas la parure qu'elle avait autour du cou. Pour la première fois depuis qu'elle la portait, on lui avait retirée son émeraude qu'elle aimait tant.
« Il faut mettre votre voile maintenant mademoiselle lui dit Typhanie.
    •    Non, je le mettrais juste avant de descendre. Maintenant je voudrai qu'on me laisse seule, il me reste une heure avant la cérémonie et je ne veux voir personne!
    •    Bien mademoiselle! »
Candy donna un tour de clé à la porte lorsque Typhanie fut sortie.
Archibald alla demander à la servante s'il pouvait la voir:
«  Je suis désolée monsieur, mademoiselle veut rester seule, et ne veut voir personne! »
Archibald regarda tristement la porte de la chambre de Candy.



Chapitre 19

La colère d'Albert


Typhanie frappa à la porte de Candy pour venir l'aider à passer son voile . Elle n'obtint aucune réponse.
« Mademoiselle, c'est Typhanie, ouvrez moi! Il faut que je vous aide à passer votre voile! »
Pas de réponse.
« Mademoiselle ouvrez! »
Niel qui passait justement en bas des escaliers entendit Typhanie. Il la rejoingnit à la porte de Candy:
« Que se passe-t-il ici?
    •    Je ne sais pas monsieur, mademoiselle Candy ne répond pas et elle ne veut pas m'ouvrir la porte!
    •    Candy, ouvre cette porte!! l'appela-t-il. »
Toujours aucune réponse.
« Ouvre cette porte ou sinon je l'enfonce! »
Aucune réaction. Archibald, Annie, Alistair, Patty et la tante Elroy, attirés par tout ce bruit se trouvaient derrière lui. Les quatre amis se regardèrent en silence. Mais que se passait-il?
« Candy, ouvre c'est Annie! »
Mais Candy ne répondit pas. Niel soudain inquiet s'exclama:
« Maintenant ça suffit, j'enfonce la porte! »
Et par un violent coup de pied, la porte céda. Quand il entra dans la pièce, il la trouva vide, la fenêtre ouverte. Réalisant que Candy s'était enfuie, il se prit la tête dans les mains et frappa le sol de son pied:
« C'est pas vrai, elle n'a quand même pas osé me faire ça! Oh la garce! La garce! Je la retrouverais!! » Il était dans une rage folle!
Annie, Archibald, Alistair et Patty se regardèrent à nouveau en souriant! C'était bien du Candy que de s'enfuir ainsi sans prévenir personne! Mais où était-elle allée?
Niel regarda par la fenêtre mais il ne vit rien. Elle devait être déjà loin.
Finalement, ils sortirent tous de la chambre et en bas des escaliers, ils virent Albert qui les attendait les bras croisés. La tante Elroy et Niel ne purent cacher leur surprise. Albert leur dit sur un ton où transperçait une sourde colère
«  Madame Elroy et vous Niel, vous venez dans mon bureau! »
Tous les deux le suivirent. Albert s'assit à son bureau tandis que les deux autres restaient debout face à lui.
« Votre conduite est inqualifiable et indigne d'une si grande famille dont l'honneur doit être irréprochable! Madame Elroy, vous avez trahi la confiance que j'avais en vous et même si je savais que vous ne portiez pas Candy dans votre coeur, je ne vous aurez pas cru capable de me trahir de cette façon en arrangeant ce mariage forcé, soi-disant cautionné par ma personne avec ce vaurien! Encore une fois!
De ce fait je vous décharge de toute autorité sur cette famille. Vous vous contenterez donc de couler des jours tranquilles dans cette maison si vous le souhaitez mais sans plus aucun pouvoir décisionnel concernant cette famille!
-Oh! Fit la tante Elroy choquée.
    •    Quant à vous, Niel, espèce de bon à rien manipulateur et hypocrite! Vous faites toujours partie de cette famille mais uniquement par le nom que vous portez! Je vous ai trouvé une place dans une de mes sociétés à Los Angelès où vous vous rendrez dés demain. Vous pouvez également emmener votre mère et votre soeur car elles sont du même acabit que vous! Maintenant hors de ma vue. »
Ils sortirent dépités du bureau.


Chapitre 20

Seule


Un quart d'heure avant, Candy était seule dans sa chambre;
Elle ouvrit la fenêtre et sortie sur la terrasse. Elle s'appuya des deux mains sur la balustrade et baissa la tête. Puis elle la releva vers le ciel comme une supplique, pour qu'elle se réveille de ce cauchemard dans lequel elle se trouvait. Elle lacha la balustrade et tendit son corps vers le ciel, les bras écartés se livrant à la volonté de celui-ci. Puis elle se détendit et rentra, laissant la porte entrouverte. Elle s'assit sur le divan de sa chambre, appuya son dos contre l'accoudoir et remonta ses jambes pliées contre elle qu'elle entoura de ses bras. Elle posa sa tête sur ses genoux. Cinq minutes passèrent où elle resta dans cette position.
Elle leva la tête surprise d'avoir entendu du bruit sur la terrasse, comme si quelqu'un venait de sauter.
« Tu hallucines ma pauvre Candy! » se dit-elle et elle reposa sa tête contre ses genoux.
La porte- fenêtre grinça.
« Il doit y avoir du vent dehors, tant mieux comme ça je serai toute décoiffée! » et elle ne bougea pas.
Soudain, elle se raidit
.Une main venait de se poser doucement sur la sienne .
Elle leva la tête.
Il était là, agenouillé auprés d'elle, tout de blanc vêtu, ses cheveux bruns tombant sur ses épaules.
Il lui souriait.
Elle le regarda et reposa sa tête contre ses genoux:
« Je rêve, cette fois-ci j'hallucine complètement!! » murmura-t-elle.
Terry glissa sa main sous son menton et releva doucement sa tête avec son doigt:
«  Je viens vous enlever mademoiselle! »
Et il prit sa main dans la sienne et l'aida à se mettre debout.
N'en croyant toujours pas ses yeux, Candy le regardait intensément, sans dire un mot, elle le laissait faire. Il glissa ses bras autour de sa taille et il lui dit:
«  Depuis le Collège Saint Paul, j'ai toujours regretté de ne pas t'avoir arraché des mains de la Mère Supérieure et de toutes ces garces qui te jalousaient à t'en faire du mal. Aujourd'hui, je veux t'arracher des griffes de cet imbécile qui croit être amoureux de toi. Mais, lui, il ne sait pas comment Candy doit être aimée, moi je le sais: passionément, à la folie, jusqu'à ce que la mort nous sépare. Veux-tu te laisser enlever par moi ma Juliette, mon amour? »
Candy sourit de ce sourire qui avait depuis longtemps disparu de son visage. Elle enleva ses mains des mains de Terry, tira sur les barettes qui retenaient ses cheveux et secoua la tête pour les laisser s'échapper, libres de bouger comme ils le voulaient. Elle retira tous ses bijoux et les déposa sur la coiffeuse en mettant bien en évidence la bague de fiancaille de Niel. Elle se tourna vers Terry. Il lui pris la main et l'entraîna vers la fenêtre mais subitement elle s'arrêta; Terry la regarda inquiet. Elle lui sourit, lâcha sa main et alla prendre dans le tiroir de sa coiffeuse son émeraude qu'il lui attacha à son cou. Terry descendit à la corde qu'il avait accroché au balcon suivie par Candy qui n'avait rien perdue de sa nature agile bien que gênée par sa longue robe. Il l'aida à s'asseoir devant lui sur le cheval, il l'éperonna.
Le cheval se cabra en hennissant et ils partirent au galop vers la sortie du parc, le vent leur fouettant le visage alors qu'ils galopaient vers leur liberté!



Chapitre 21

Une douce chaleur


Candy tenait Terry par la taille et avait posé sa tête contre sa poitrine. Elle entendait battre leurs deux coeurs!
« Terry, tu es là! Je n'arrive pas à le croire, je dois rêver! Oh Terry! Ne t'arrête pas ! Emmène moi loin, très loin d'ici , emmène moi dans le ciel!! »
Le vent fouettait le visage de Terry, il regardait droit devant lui. Il sentait contre lui la douce chaleur que dégageait le corps de Candy contre sa poitrine. Son coeur battait si fort!
« Mon amour! Accroche toi à moi mon amour, jamais plus je ne te quitterai, jamais plus je ne laisserai quelqu'un te faire du mal! Je t'aime !! »

Candy leva sa tête, ils se regardèrent et ils se sourirent. Elle se serra plus fort contre lui.
Terry galopa jusqu'à ce qu'il arriva à une maison dans la forêt.
Candy ouvrit de grands yeux et pensa:
« Mais c'est l'ancienne maison d'Albert! » et des souvenirs revinrent à sa mémoire. Elle revoyait Albert riant dans cette maison entouré de tous ces animaux.
Terry descendit de cheval et tendit sa main à Candy pour l'aider à en faire de même. Il la rattrapa dans ses bras. Leurs regards se trouvèrent et tous les deux avaient dans les yeux une flamme qui brûlait intensément, une flamme qu'ils avaient tous les deux essayé d'éteindre sans jamais y parvenir. Il enserra sa taille de ses bras et enfin, tout doucement il l'embrassa avec tout l'amour qu'il avait pour elle. Candy passa ses bras autour de son cou et lui rendit son baiser. Tous deux avaient l'impression de flotter, comme si leur amour les faisait décoller du sol. Dans ce long baiser, le temps enfin suspendit son vol et ils se sentirent seuls au monde. Rien jamais ne pourrait plus les séparer. Candy revivait enfin, et lui aussi. Dans cette étreinte, toutes ces années à souffrir de leur séparation s'envolèrent et leurs coeurs purent enfin s'unir pour n'en former qu'un.

Terry alluma un feu dans la cheminée pendant que Candy se changeait et passait une tenue plus confortable qu'il avait apportée pour elle. C'était une robe bleu pâle, toute simple à l'image de Candy, faite de voilages..Deux bretelles étaient délicatement posées sur ses épaules, nouées à leur base par une perle. Le décolleté en forme de coeur sur sa poitrine faisait, avec l'aide de la fluidité du tissu, ressortir le dessin parfait de sa poitrine qui appelait le baiser sur les dunes que laissait entrevoir le fin tissu.. Elle était ressérrée par un élastique sous son coeur et le tissu léger s'évasait sur sa taille fine et retombait sur ses jambes avec légèreté. Sur n'importe quelle autre femme, une telle robe aurait parue indécente mais portée par Candy, avec son naturel si particulier à sa personnalité et son côté sauvage et indomptable , une nymphe sortie d'un lac n'aurait pas été plus belle.. Candy la portait sans aucune gène ignorant tout de son pouvoir sensuel qu'elle portait en elle.. Les belles boucles blondes de ses cheveux défaits, tombées telle une cascade dans son dos , deux mèches de chaque côté de son visage retenues chacune par un fin ruban turquoise.. Terry la regarda et une bouffée d'amour l'envahit.Il admira les douces courbes de son corps qu'il devinait sous la légèreté de la robe . Comme elle était belle, comme elle était devenue une femme magnifique et désirable. Une sensation puissante envahie son coeur à la sentir là, tout prés de lui. Il pouvait sentir la douce effluve de son parfum comme une douce brise d'été caresse le visage et une vague de désir le submergea envers cette jeune femme si belle qu'il aimait depuis son adolescence et qui lui avait été pendant tant de temps interdite. Le dessin parfait de ses fragiles épaules, la finesse de sa taille, la douceur de son si beau visage, la grandeur de ses yeux si verts et l'intensité de son regard, tout en elle respirait la sensualité . Avec le temps, ses tâches de rousseur s'étaient atténuées. Elle le regarda et lui sourit. Il était assis sur un canapé devant la cheminée où crépitaient les flammes d'un bon feu. Il lui tendit la main et la rapprocha de lui. Il lui donna alors un cahier à dessin et lui dit d'un air taquin:
« Et bien maintenant cher docteur, que déssineriez vous? »
Elle s 'assit, adossa son dos contre lui, remonta ses jambes sur le divan, y appuya le cahier et elle commença à dessiner.
Avec des gestes vifs et sûrs, elle donnait des coup de pastel sur le papier, son regard concentré. Elle atténuait de ses doigts les couleurs du dessin. Une colline prit forme sous l'habileté de son geste, une colline verte avec à son sommet un magnifique et grand arbre. Le ciel formait un brasier sous le feu du soleil couchant. Un ciel sans nuage. Tout dans ce paysage qui naissait de ses doigts respirait la sérénnité. Terry la regardait subjugué par la précision de chacun de ses coups de pastel, jamais jusqu'à maintenant il ne l'avait vraiment vue dessiner. Son visage était concentré, ses yeux légèrement plissés et ses doigts salis par les couleurs de la craie. Sentant son regard posé sur elle, elle releva les yeux. Elle lui sourit et amusée par son air surpris, elle lui toucha le nez laissant sur sa peau une trace orangée. Elle avait cet air taquin qu'il aimait tant. Il frotta alors son nez contre son cou et en profita pour s'imprégner de la douce odeur de rose de sa bien aimée. Ils se sentaient tous les deux dans un moment d'intimité qu'ils avaient si hardemment désiré et qu'ils pensaient ne jamais pouvoir avoir. Elle repris son dessin. Sous l'arbre, elle déssina enfin la silhouette d'un couple se tenant l'un en face de l'autre. Ce n'était que deux ombres. La silhouette de l'homme avait des cheveux qui arrivaient à ses épaules et flottaient légèrement derrière lui. La jeune femme avait des cheveux longs qui volaient vers le visage du jeune homme. Le couple était enlacé et les deux personnages se regardaient. Il y avait comme une impression d'éternité qui émanait du dessin de Candy. Puis finalement, en bas de la page, elle écrivit un mot: « Pardon ».
Elle tendit son dessin à Terry. Il lui demanda, voyant le mot inscrit sur le bas de la feuille:
« Pourquoi?
    •    Pour t'avoir menti pendant si longtemps. Lui répondit-elle en le regardant de ses yeux d'émeraude.
    •    Je ne sais pas trop pourquoi tu t'es ainsi cachée de moi mais je comprends maintenant beaucoup mieux pourquoi je me sentais aussi bien auprés du Dr Annie André!
    •    Je l'ai fait pour me protéger de toi! La douleur de t'avoir laissé était toujours aussi vive, aussi intense que le soir où nous nous sommes quittés, et je me suis dit que si je me déguisais, ces faux cheveux et ces lunettes me protégeraient car je ne serai pas moi, pas celle qui était amoureuse de toi, mais bel et bien le médecin s'occupant de son patient. »
Terry, la regarda d'un air un peu septique:
« Oui, bon d'accord, ajouta-t-elle un peu gênée, je reconnais que ça n'a pas été très efficace!!! »
Terry rit:
« C'est le moins que l'on puisse dire puisque je suis tombé amoureux de toi sans savoir qui tu étais vraiment!
    •    Oui, d'ailleurs, parlons-en, tu serais tombé amoureux de n'importe qui, je vois bien là, la sincérité de tes sentiments envers moi!! » lui dit-elle sur un ton faussement indigné, et elle ajouta un clin d'oeil.
Cependant Terry ressentait quand même le besoin de se justifier:
«  Depuis notre rupture, je vivais dans le noir, ma vie m'importait peu. La seule chose qui me faisait du bien était le théâtre. Grâce à lui, j'oubliais qui j'étais et ce que je n'avais pas. Rien d'autre n'avait d'importance. Je vivais auprés de Suzanne sans l'aimer, m'occupant d'elle et de ses soins comme je l'avais promis et comme je me devais de le faire mais tout en étant incapable de la rendre heureuse. J'avais l'impression de n'avoir qu'une moitié d'âme, l'autre moitié m'ayant été arrachée une nuit d'hiver, emportée avec les tourbillons de neige. Je ne voyais aucune lueur dans ce tunnel où ma vie vagabondait. Cependant, par une aprés-midi d'hiver, une lumière verte éclaira ma vie. A peine visible, dissimulée entre un béret et une écharpe de soie, j'aperçus deux étincelles qui réchauffèrent mon coeur. Je crus halluciner en croyant reconnaître ce regard si doux à mon coeur et que mon âme recherchait désespéremment. J'ai recroisé ces yeux par la suite et le reste du visage . Tout dans cette personne me rappelait mon amour perdu, le sourire, le tempérament qui essayait de ne pas s'emporter sous mes provocations, les allusions taquines, le rire lorsque nous étions ensemble, cette tristesse dans le regard lorsque nous évoquions l'amour. J'avais l'impression de te retrouver et ainsi, je m'attachais à cette personne, reflet de toi et j'en tombais amoureux sans savoir que c'était mes sentiments pour toi, certainement moins aveugles que je ne l' étais, qui simplement refaisaient surface envers une jeune femme qui était toi. A bien y réfléchir, maintenant que je sais que c'était toi qui se cachait derrière cette jeune femme brune à lunettes, je me rends compte que c'était simplement mon amour pour toi qui allait vers elle, attiré par toi, et je comprends maintenant que c'est de toi dont j'étais tout simplement amoureux. Etrange intuition qui guide nos sentiments. En tombant amoureux d'elle, c'était vers toi que mon amour allait, encore plus intensément! Votre ressemblance me troublait, et lorsque j'étais avec elle, j'avais l'impression d'être avec toi. Tous ces moments passés auprés d'elle, étaient des moments que je passais auprés de toi. Ce baiser que nous avons échangé, c'était le tien. Je suis tombé amoureux d'elle parce que c''est toi que j'aime. Cela paraît peut-être confus et je parle d'elle comme si ce n'était pas toi, alors que c'est toi, c'est étrange! »
Candy le regardait avec émotion et comprenait ce qu'il voulait dire mais à ces derniers mots elle sourit et lui dit:
« Ohlala, ne t'inquiète pas, j'ai joué aussi à ce jeu là, et quand je parlais de moi à la troixième personne, j'ai cru devenir folle!!! »
Et elle rit de ce rire qui apportait une raison de vivre à Terry et qui depuis toujours l'envoyait dans les tréfonds du bien-être! Terry rit également et Candy retrouva dans ses yeux cette lumière insolente qui la troublait tant. Terry poursuivit quand même retrouvant son sérieux:
«  Le jour où j'ai su que tu partais en France, mon coeur, ou du moins ce qu'il en restait, se brisa à nouveau. J'avais l'impression de te perdre à nouveau même si c'était elle qui partait. Mais pourquoi as-tu fait cette folie?
    •    Le lien qui s'était tissé entre nous était devenu trop pesant, trop lourd à porter. J'avais de plus en plus de mal à te cacher la vérité. Mon coeur me hurlait de tout t'avouer mais il ne le fallait pas! J'avais besoin de partir, de me donner une autre raison de vivre que mon amour pour toi. Il fallait que je trouve coûte que coûte le moyen de t'oublier et c'est celui-ci qui s'est présenté à moi. Partir sauver des vies là où règne l'enfer c'était pour moi, mon échappatoire! Je ne voyais plus que ce moyen pour m'échapper de la prison de mon coeur!
    •    Tu préférais l'enfer à ton amour pour moi? Lui demanda Terry un peu surpris;
    •    Tout valait mieux que de t'aimer sans pouvoir être librement auprés de toi!
    •    Et pourquoi as-tu accepté ce mariage?
    •    J'ai vécu l'enfer en France, j'ai vu des choses que jamais je n'aurais cru pouvoir supporter. Je ne comprenais pas comment il pouvait y avoir autant de haine dans le coeur des hommes, quelle pouvait être cette folie qui peut nous envahir pour que l'on soit capable d'une telle sauvagerie! J'ai maudit cette guerre, je me suis maudite également de ne pouvoir rien faire pour certains de ces hommes. Quelle impuissance face à la cruauté de l'intelligence humaine capable de créer des armes d'une telle violence, pouvant en une demie seconde réduire un corps en bouillie, parce que c'est bien ça que parfois je devais soigner! Mais pire que la violence et les douleurs physiques, ce sont les blessures de l'âme qui sont les plus graves et les plus destructrices. Comment sortir indemne de la vision d'un massacre, de la mort de tant de victimes innocentes, victimes par notre propre main ! Moi, de cette blessure là, je n'étais que spectatrice, celle à qui les soldats racontaient les horreurs qu'ils avaient commises, sans plus trop savoir au nom de quoi ils accomplissaient ces batailles. Je n'avais pas à le vivre de l'intérieur, jusqu'au jour où... »
Elle s'arrêta, ses yeux perdus dans le vague, remplit d'un désespoir immense et d'une douleur si forte que Terry crut en resseentir l'intensité. Son visage était grave, pas une larme ne brillait dans yeux qui à ce moment là avaient la couleur vert foncé que revêt l'océan en pleine tempête. Terry s'approcha d'elle et lui prit la main pressentant que quelque chose de grave lui était arrivé. Jamais il ne l'avait vu dans un état comme celui ci; on aurait dit que la vie avait quitté son regard et qu'un froid glacial en avait pris la place. Elle le regarda dans les yeux, d'un regard vide et sans aucun éclat:
« Jusqu'au jour où, reprit-elle sur un ton froid, où je suis moi-même devenue cette bête immonde et infâme qui a tué un homme. »
Terry la regarda de ses yeux bleu-vert avec tout l'amour qu'il pouvait y mettre . Elle puisa dans la profondeur de son regard et dans toute la tendresse qu'elle pouvait y lire , le courage de continuer:
«  Anthony, qui était sur le même champ de bataille que moi, était entrain de s'occuper d'un soldat bléssé, et j'ai vu un homme qui allait tirer sur lui. J'ai alors attraper le fusil du soldat dont je m'occupais et j'ai tiré. J'ai vu son visage exploser sous mes coups et pourtant j'avais l'impression que je ne pourrais plus jamais enlever mon doigt de la gachette! J'étais envahie d'une folie meurtrière alors que toute ma vie n'avait été faite que pour soigner les autres. Je suis allée au delà de toutes mes croyances et idéologies pour devenir cette furie assassine . Depuis, je rêve toutes les nuits de cet homme à qui j'ai pris la vie pour une autre. Qui suis-je pour décider de qui doit vivre et qui doit mourir? Je suis moi-même devenue ce monstre que je haissais tant. Depuis, je vis en sachant qu'au fond de moi se tapie une bête meurtrière et indomptable. Alors, lorsque l'on m'a demandé d'épouser Niel, je me suis simplement dit que c'était là une bien faible punition pour la cruauté et l'infamie de mon acte! »
Terry n'en revenait pas de ce qu'il venait d'entendre. Elle se punissait pour avoir sauvé la vie de son ami:
« Candy, tu n'as pas à t'en vouloir de ton acte, c'est la vie qui t'a poussée à agir ainsi. Tu as réagi comme une mère l'aurait fait lorsqu'elle sent son enfant en danger, capable du pire pour sauver un être cher. Cette bête que tu dis être au fond de toi et dont tu ignorais l'existence jusqu'à ce jour, elle porte un nom et on l'a tous au fond de nous. »
Candy, le regarda d'un air interrogateur ne comprenant ce qu'il voulait dire. Il poursuivit:
« Oui, Candy, cette bête qui est là , et il mit sa main sur son coeur, cette bête s'appelle, la survie, c'est notre instinct de survie qui face au danger nous fait faire des choses que jamais on ne se serait cru capable. Et puis, tu n'as pas été contre tes croyances. Tu as bel et bien sauvé une vie!
    •    Oui, mais pour le prix d'une autre! Fit Candy bouleversée, le ton de sa voix s'élevant en une colère qu'elle gardait au fond d'elle.
    •    Oui, mais tu n'avais pas le choix! Cet homme aurait tiré de toute façon sur Anthony et l'aurait tué!
    •    Lui c'était un soldat, il était là pour ça! Pas moi!
    •    Biensûr, tu es médecin, mais avant tout tu es une femme avec un coeur qui bat, des émotions et des sentiments qui guident tes actes. Tu es humaine et ta réaction, n'importe qui aurait eu la même, même le plus saint des Saints. Tu n'as pas à t'en vouloir. Je conçois qu'il soit difficile de porter cette croix, cette réalité qui t'a fait tuer un homme pour en sauver un autre, mais Candy, cela a toujours était la loi de la nature, seuls les plus forts survivent au détriment des autres. L'homme est ainsi, la nature est ainsi, c'est comme ça, et tu auras beau ne pas l'accepter, tu ne pourras jamais changer ça! Rebelle toi tant que tu veux, ça a toujours été ainsi, c'est comme ça et le sera toujours! »
Candy le regarda intensément, le sens de ses paroles commençant à pénétrer son esprit.
« Mais, c'est à moi que c'est arrivé!
    •    Oui, et à d'autres aussi, mais ce n'est pas pour ça que les portes du paradis te seront fermées! Toute ta vie tu n'as fait que penser aux autres avant ta propre personne, et là encore c'est pour lui que tu as agi, avant même de penser aux conséquences qu'un tel acte aurait sur toi. Aujourd'hui, c'est toi qui en porte la culpabilité alors que lui est heureux d'être en vie. Le chemin vers le repenti, puisque c'est ce que tu cherches, sera long et douloureux, mais il arrivera. Tu continueras à t'occuper des autres, à soulager leur souffrance, à éclairer leur vie comme tu éclaires la mienne grâce à ton sourire et à la douceur de ton regard, à les soigner, à te dévouer pour eux . De tout le bien que tu fais et que tu feras autour de toi, le pardon te sera accordé. »
Candy, se blottie alors contre lui, et se laissa aller à sa peine et à sa souffrance. Terry l'enlaça tendrement et caressa ses doux cheveux d'or. Il la sentie vider son corps du poids de son fardeau certainement trop lourd pour ses frêles épaules.
« Tu es un ange Candy, et comme tout ange envoyé en enfer, tu as continué ton rôle protecteur, et pour cela il t'a fallut affronter le diable! Pleure mon ange, seul un ange peut ressentir la douleur qui est en toi »
Candy, se sentait comme une enfant dans les puissants bras de Terry. Elle sentait leur étreinte contre son corps secoué de sanglots et la force qui s'en dégageait la rassurait et la faisait se sentir plus légère. Elle savait qu'il comprenait ce qu'elle ressentait et il avait réussi à trouver les mots qu'elle avait besoin d'entendre pour la rassurer.
Terry ne l'avait jamais vue aussi bouleversée, aussi fragile. Il l'avait toujours connue si forte, si courageuse, si téméraire, supportant toutes les injustices que la vie lui avait infligées, gardant toujours le sourire qu'elle que soit les circonstances, ce sourire qui était sa force et sa meilleure arme contre la méchanceté des autres qui tant de fois avaient voulu la faire plier. Il y avait finalement au fond d'elle tant de blessures qui aujourd'hui ressortaient dans ses bras, dans les soubresauts qui secouaient son corps, tant était fort le mal qui s'était accumulé en elle depuis des années. Quand son corps se calma enfin et qu'elle finit par se détendre, Terry relâcha doucement son étreinte. Elle leva ses grands yeux verts rougis par les larmes vers lui . Elle le regarda comme si elle voulait pénétrer son âme, comme si à son tour elle voulait aller chercher au fond de lui la souffrance qui régnait dans son coeur. Pour la première fois depuis qu'il la connaissait, il eu beaucoup de mal à soutenir ce regard qu'il ne lui connaissait pas. Il lui dit:
« Ma blessure à moi a été de ne pas pouvoir t'aimer comme je l'aurais voulu, de ne pas avoir eu le courage de me battre et te garder auprés de moi. Mais aujourd'hui je suis là, et j'empêcherai quiconque de te faire du mal, aussi longtemps que je vivrai, je te protégerai et je serai toujours là pour toi. »
Son regard se radoucit et il senti que le vert océan en pleine tempête de ses yeux redevenait les belles émeraudes qu'il aimait tant. Tendrement, elle lui sourit. Ce fut elle qui approcha son visage du sien et posa ses lèvres contre les siennes. Il saisi cette bouche et un baiser passionné les emmena sur d'autres rivages plus paisibles, où une vie ensemble se profilait à l'horizon, leurs deux coeurs libérés de leurs entraves. Candy posa sa tête sur la poitrine de Terry et ils restèrent ainsi à contempler les flammes qui brûlaient dans la cheminée comme si c'était celles qui étaient à l'intérieur de leurs coeurs, brasier de leur amour, qu'ils regardaient.
Doucement Terry s'allongea sur le sofa où ils étaient installés , attirant doucement Candy contre lui. Epuisée par les évènements de la journée et la tempête qui avait fait rage en elle lors de leur discussion à coeur ouvert, elle s'endormit rapidement, enfin d'un sommeil apaisé. Terry était allongé sur le dos et Candy reposait auprés de lui, sa tête contre sa poitrine, ses cheveux délicatement étalés derrière elle, un bras replié sur son torse, une bretelle de sa robe descendue sur son bras dégageant son épaule, et une de ses jambes repliées sur ses jambes à lui. Jamais, il ne s'était senti aussi bien. Elle était là, tout contre lui, dormant d'un sommeil paisible, ses longs cheveux caressant sa poitrine. Il s'ennivrait de son parfum, il respirait sur sa respiration et il priait pour que jamais ne s'arrête cet instand où pour la première fois, il tenait contre lui cette femme qu'il aimait tant. Si douce, si forte, si fragile. Il s'endormit, un léger sourire sur les lèvres, un bras posé sur les hanches de Candy et un autre sous sa tête dans un bien-être qu'il n'avait jusqu'alors jamais connu. Etait-ce cela le bonheur?



Chapitre 22

Une nouvelle vie commence


Terry fut réveillé par une sensation de fraîcheur, le feu dans la cheminée ne brulant plus suffisamment. Il regarda le visage posé contre sa poitrine et une douce chaleur envahit son coeur. Pour la première fois il se sentait enfin entier. Il avait l'impression d'avoir retrouvé la moitié d'âme qui lui manquait.
Il se dégagea doucement et délicatement pour ne pas la réveiller. Il alla remettre des buches dans le feu et des flammes jaillirent de nouveau éclairant la pièce d'une douce lumière. Il s'assit contre le divan et se laissa se perdre dans ses pensées et dans le bien être qu'il ressentait en entendant le murmure de la respiration tranquille de celle qu'il aimait et dont le corps était allongé là, tout prés de lui.Il sorti de sa poche une petite boîte en velours. Il l'ouvrit et contempla le bijou qui scintillait à la lumière du feu. Une magnifique bague en or sertie en son centre d'une émeraude entourée de petits diamants attendait d'être glissée au doigt fin d'une femme aimée.
Candy ouvrit les yeux et l'espace d'une seconde elle se demanda où elle était. Mais quand elle vit le jeune homme assit prés d'elle, le dos appuyé contre le sofa où elle était allongée, une sensation de sécurité qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps l'envahit. Elle détailla le profil de celui qu'elle avait tant espéré; les traits fins de son visage, le profil de son nez légèrement pointu mais pas trop grand, sa bouche qu'elle aimait tant sentir contre la sienne. Les flammes du feu reflétaient dans ses cheveux des étincelles de cuivre sur les mèches qui lui retombaient sur le front. Ses cheveux bruns au reflets de feu lui tombaient sur les épaules. Comme elle aimait cet homme qui était là, enfin prés d'elle. Elle sourit. Doucement, elle posa une main sur son épaule. Terry tourna la tête vers elle et la regarda, un léger sourire sur les lèvres et dans ses yeux bleu-verts transparaissait tout l'amour qu'il avait pour elle.
« Je t'ai réveillée? » lui demanda-t-il à voix basse.
Candy lui fit non de la tête. Elle se redressa un peu et s'appuyant sur son bras, le coude replié, elle lui demanda:
« Tu ne m'as pas raconté ce que tu faisais ici? »
Terry caressa son beau visage du revers de sa main:
« Avant ton retour d'Europe, j'ai dû aller passer deux mois dans la maison de mon père, celui-ci étant tombé malade. Il fallait que je m'occupe de ses affaires le temps de sa maladie et de sa convalescence. C'est pour ça que je n'ai pas pu être là à ton retour. Et puis quand je suis enfin revenu, je suis aller te voir à l'hôpital, enfin, Annie. Quand je suis arrivé sur place, un des bâtiments était en feu. J'ai vu ton ami qui t'appelait quand un pompier est sorti en tenant dans ses bras une fillette. Anthony était comme fou car d'aprés ce que je compris, tu étais avec ce pompier. C'est toi, qui avait éte dans l'incendie pour sauver cette enfant des flammes. Ne te voyant pas avec lui, il a appelé ton nom. Je n'ai pas compris et je lui ai alors demandé de qui il parlait. Quand il m'a reconnu, il a utilisé le nom que moi je connaissais de toi. En une fraction de seconde, je sus que c'était bien toi la ravissante jeune femme qui s'était occupée de moi , avec qui j'avais passé de si bons moments et qui me rappelait tant celle qui manquait à mon coeur. J'ai compris aussi que tu étais restée prisonnière des flammes et sans même réfléchir, je me suis précipité dans le bâtiment. Tu étais là, ayant mis ta vie en danger pour sauver celle d'une enfant. Je venais juste de te retrouver et , dans le même instand, je risquais de te perdre à nouveau et cette fois à tout jamais. Je suis entré dans le feu, je t'appelais, je te cherchais, mon amour pour toi décuplant ma résistance face au brasier brûlant et finalement, je t'ai aperçue, couchée par terre, inconsciente. Je t'ai cru morte. Je t'ai prise dans mes bras et mis mon visage contre le tien. J'ai alors senti sur moi ta respiration, irrégulière et faible, mais là quand même. Je ne sais plus comment j'ai réussi à sortir de cet enfer mais je t'ai ramenée dehors. »
Candy le regardait avec des yeux effarés:
« C'est donc toi qui m'a sauvé?! Mais quand j'ai ouvert les yeux c'est Anthony que j'ai vu penché sur moi?
    •    Oui c'était lui. Quand je t'ai ramenée, il s'est précipité car tu étais inconsciente. Je t'ai allongée sur le sol et Anthony t'a donnée les premiers secours. Il t'a réanimée et juste avant que tu n'ouvres les yeux, tu as prononcé son nom. J'ai alors senti dans mon coeur une douleur fulgurante, je pensais que c'était de lui dont tu avais besoin et pas de moi. » Il baissa les yeux revivant la tristesse immense qu'il avait ressenti à ce moment là:
« Je suis alors parti.
    •    Oui, je me souviens, dit Candy. C'est effectivement lui que j'ai appelé. Mais en fait, le temps où je me trouvais dans l'incendie, mon esprit m'a joué des tours. J'ai cru que je revenais sur un champ de bataille. Les flammes autour de moi me rappelaient les explosions entre lesquelles je devais me frayer un chemin pour réussir à atteindre les bléssés et Anthony était prés de moi dans ces moments là. C'est pour ça que c'est lui que j'ai appelé. A aucun moment je n'ai su que c'était toi qui avait risqué ta vie pour me sauver!
    •    Je comprends mieux maintenant. Donc, je suis parti me disant que c'était désormais avec lui que tu allais passé ta vie.
    •    Je t'ai cherché, j'ai voulu te voir mais je ne t'ai jamais trouvé?
    •    Je passais mon temps à flâner l'esprit vide dans la ville. J'étais désespéré. J'étais enfin libéré de mon enchaînement auprés de Suzanne, et oui, elle a rencontré un nouvel acteur avec qui elle se sent bien, et de nouveau libre, c'était toi qui ne l'était plus. Finalement, je suis reparti dans la maison de mon père qui m'avait rappelé auprés de lui pour l'aider à nouveau dans ses affaires. En rentrant à New-York mercredi, ma gardienne m'a remis une lettre en me disant que c'était très important. Elle était écrite par Archibald qui me racontait ce qu'il était entrain de t'arriver. Le ton de sa lettre était désespéré, et il me disait que pour la première fois dans ta vie, tu baissais les bras. Et c'est moi qu'il appelait à l'aide, me disant que c'était parce que tu pensais que tu m'avais perdu à tout jamais que tu te résignais ainsi. Ma Candy, toujours si rebelle et réfractaire à toute sorte d'autorité était malheureuse au point de faire un mariage qui aurait gâché sa vie, notre vie qui pour moi s'ouvrait sous les mots de cette lettre. J'ai foncé à la gare et pris un billet pour Chicago. Il n'y avait qu'un train le lendemain. J'ai eu peur de ne jamais arrivé à temps pour éviter ce sacrilège! C'est là que je suis tombé sur Albert. Lorsque je l'ai aperçu et reconnu je me suis littéralement rué sur lui en lui demandant pourquoi il avait fait ça! Il m'a regardé sans comprendre de quoi je parlais et m'a demandé de me calmer et de lui expliquer la raison de ma rage. Je lui racontais donc et à son tour il se mit dans une colère noire. Ce n'était pas lui l'instigateur de ce mariage et il était hors de question qu'il se produise! A son tour, il annula ses projets et prit un billet pour Chicago. Je lui proposais de venir chez moi et nous passâmes la nuit à mettre au point notre intervention. Nous sommes arrivés à Chicago samedi en fin de matinée. J'avais donc le temps de t'enlever et de te soustraire à cet immonde individu qui prétend être amoureux de toi. Mais, l'amour ne se prend pas, n'est-ce pas ? Il se donne avec la volonté de partager ensemble le chemin de la vie »
Ce petit rappel des paroles que Candy lui avait dîtes alors qu'elle se cachait sous le nom d'Annie, la fit sourire. Elle lui demanda:
« Mais comment as-tu su où étais ma chambre?
-Albert m'avait décrit la maison et expliqué où tu étais,mais quand j'ai vu le nombre de fenêtres, j'ai effectivement craint de ne jamais trouver la bonne. Mais là, la chance m'a sourit à nouveau. »
Candy le regarda de ses grands yeux verts avec une expression interrogative.
« C'est toi qui m'a montré la bonne chambre. Je t'ai vu sortir sur le balcon et regarder le ciel. Même si j'étais un peu éloigné j'ai pu lire dans ton regard ton désespoir et tu as également eu ce geste de résignation en regardant le ciel. Tu es rentrée et j'ai pu venir. Je t'ai vu blottie dans ce canapé, la tête posée sur tes genoux et je me suis dit que plus jamais je ne te quitterais, plus jamais je ne voulais te voir aussi malheureuse.
-Il est vrai que j'ai réellement baissé les bras. Je me suis battue toute ma vie pour finalement ne pas réussir à être heureuse et là, j'en avais assez de lutter contre des moulins à vent. Je pensais que si je n'avais pas réussi à te trouver à New-York, c'est parce que tu ne voulais plus me voir, et plus rien d'autre n'avait alors d'importance. Ca fait mal de vivre sans toi, et rien ne pouvait être pire. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai pris comme la punition de mon acte, et maintenant encore, j'ai du mal à croire que je suis là, prés de toi et que je peux te regarder aussi longtemps que j'en ai envie , que je te parle, et que je t'écoute me dévoiler ton coeur. »
A ce moment là Terry se leva et lui pris la main pour l'aider à se mettre debout.
« Nous sommes bien là tous les deux mon amour, ce n'est pas un rêve, tu ne vas pas te réveiller. Je ne laisserai plus jamais quelque chose ou quelqu'un se mettre entre nous et nous empêcher de nous aimer. La vie ne vaut pas le coup d'être vécue si on ne peut pas la vivre aux côtés de la personne que l'on aime le plus au monde. Comme tu me l'as dit un jour, l'amour est un cadeau et lorsque ce cadeau nous est fait, il faut l'honorer. »
Il la regarda droit dans les yeux et il prit une profonde inspiration. Il plia un genou sur le sol et ouvrit le petit écrin de velours qu'il tenait toujours au creux de sa main. Il en sorti l'émeraude dont l'éclat vert brillait autant que les yeux de Candy. Son coeur s'accéléra car les paroles qu'il allait prononcer, allaient pour toujours changer sa vie:
« Candy, tu es mon amour depuis ce Nouvel An brumeux où pour la première fois nos chemins se sont croisés. Le temps passé auprés de toi était éclairé par ton sourire, ton regard si malicieux et ta joie de vivre qui aurait éteint tous les feux de l'enfer . Te perdre fut la chose la plus douloureuse que j'ai eu à vivre. Ma vie sans toi ne vaut rien. T u es ma raison de vivre, mon coeur et mon âme. Vivre sans toi est le plus horrible des cauchemards et je n'en n'ai pas la force. Je t'aime. Depuis le premier jour, je suis amoureux de toi avec une telle force que je n'ai jamais réussi à enlever de mon coeur ton image. Veux-tu vivre cette vie à mes côtés, tous les deux main dans la main, coeur contre coeur, nos âmes n'en formant plus qu'une. Veux-tu être ma femme? »
Des larmes coulaient le long des joues de Candy, rosies par l'émotion . Elle avait rêvé tant de fois de cet instand, mais jamais dans ses rêves il n'avait été aussi fort. D'une petite voix que l'émotion étranglait elle répondit:
« Oui, de tout mon coeur,oui »
Terry, un genou toujours au sol enfila l'émeraude au doigt de Candy. Puis il passa ses bras autour de sa taille, ses mains posées contre son dos dans le doux creux de ses homoplates. Elle mit sa main dans ses cheveux son visage penché vers le sien. Leurs lèvres se rapprochèrent. Leurs visages n'étaient qu'amour l'un envers l'autre et le bonheur ne se lisait plus mais émanait d'eux comme une bulle les unissant l'un à l'autre. Leurs lèvres se trouvèrent dans un long baiser, promesse d'une vie meilleure.

FIN

© sanyloulou 2008