LES CROISEES DU DESTIN
par Sanyloulou


 Chapitre 13

Le calme retrouvé


Le voyage en bâteau parut à Candy, Alistair et Anthony d'un calme incroyable, eux qui avaient été habitués à vivre constamment avec le bruit assourdissant des bombardements. La mer était calme et Candy avait du mal à croire à tant de paix. Le bruit du clapotis des vagues contre la coque du bateau lui paraissait bien léger. Elle était appuyée contre la balustrade sur le pont arrière du bateau et le vent lui fouettait le visage. Elle respirait à plein poumon ce grand air frais.Ce vent qui soufflait sur elle allait-il emporter avec lui toutes les horreurs qu'elle avait vécues pendant la guerre, toute cette douleur, toute cette souffrance, les cris des soldats bléssés, le bruit des explosions, la peur de ne pas se réveiller le lendemain quand les bombardements se rapprochaient? Elle se revoyait propulser sous le coup d'une explosion pas loin d'elle, atterrir prés d'Alistair et la surprise d'être encore en vie. A ce moment là, quand elle avait rouvert ses yeux, sentie la douleur de sa jambe cassée, elle avait été surprise d'être heureuse d'être encore vivante! Quand on vit sous les bombardements incessants, la mort semble être un endroit calme et paisible où l'on pourrait retrouver un peu de sérénité, mais elle, elle voulait vivre, revoir ceux qu'elle aimait, pouvoir leur dire à tous combien il est important de vivre pleinement sa vie et de tout faire pour être heureux. Cette pensée l'emmena prés de Terry. Oui, son bonheur à elle aussi était important! Quand elle le reverrait, elle ne se cacherait plus, elle lui dirait qui elle etait sans sa perruque ni ses lunettes. Elle avait donné tout au long de sa vie, tout ce qu'elle pouvait pour rendre les autres heureux au détriment de son propre bonheur . Aujourd'hui elle avait regardé la mort dans les yeux et elle méritait d'avoir droit à l'amour. Pour soulager les autres, elle avait sacrifié sa personne en s'interdisant de vivre des moments d'amour et de joie avec celui qu'elle aimait. Aujourd'hui, il était grand temps qu'elle pense à elle, à construire sa vie avec un homme qu'elle aimait plus que tout, un homme qu'elle avait tout fait pour oublier, même aller risquer sa vie à la guerre, mais elle n'y était parvenue. Le destin voulait qu'elle en soit amoureuse pour la vie et elle ferait désormais tout pour être heureuse avec lui.
Alistair la rejoint:
«  A quoi penses-tu Candy?
    •    Comme il est bon de vivre à nouveau!
    •    Oui, c'est étrange comme tout est calme loin de la guerre! J'ai l'impression de n'avoir connu que ça toute ma vie!
    •    Oh non Alistair, il n'y a pas eu que la guerre dans ta vie! Tu as connu de grands moments de joie avec ton frère et ton cousin Anthony aujourd'hui disparu.
    •    Archibald et Anthony. »
Les yeux d'Alistair se perdirent dans le vague et des images d'enfants jouant et se bagarrant en rigolant venaient à lui. Le son de rires l'envahissait, des boucles de cheveux blonds volant devant son visage semblaient encore lui chatouiller le nez, le sentiment d'un lien fort avec des personnes traversait son esprit et lui redonnait confiance. Oui, ses souvenirs affleuraient et il était certain que bientôt tout deviendrait net dans sa tête. Quand il serait chez lui, qu'il aurait retrouvé ce frère dont Candy lui parlait si souvent, il ne doutait pas de retrouver sa mémoire. Elle était là, toute proche. Candy ne lui était déjà plus inconnue: il savait que ce rire de petite fille qu'il entendait dans sa tête, que ces boucles blondes qui volaient devant ses yeux lui appartenaient et il savait que la profonde affection qu'il avait ressentie envers elle dés qu'il l'avait vue sur le front, était quelque chose qui venait du plus profond de son coeur et dont l'origine remontait à des années. Depuis qu'il l'avait vue, il savait que Candy appartenait à sa vie. Oui, sa mémoire était là toute proche ne demandant qu'à jaillir.
«  Candy, parle moi encore de ce pays, de ma vie d'avant »
Encore une fois Candy lui raconta leur vie, leur rencontre, les fous rire à quatre quand Anthony était encore parmi eux, sa façon d'aimer faire enrager la tante Elroy, toutes les inventions qu'il fabriquait et qui la plupart du temps ne fonctionnaient pas, leur vie au collège Saint Paul à Londres, son amie Patricia, sa joie de vivre, son rêve de piloter un avion et sa décision de partir à la guerre. Candy ne se lassait pas de raconter cette histoire et Alistair aimait l'entendre. Tous les deux avaient l'impression de revenir en enfance et chaque fois qu'elle lui parlait de sa vie d'avant, le brouillard dans lequel il se trouvait s'estompait un peu plus. Leur complicité d'antan était là, comme si jamais ils n'avaient été séparés. Les sentiments qui les unissaient l'un à l'autre depuis l'enfance n'avaient pas disparu du coeur d'Alistair puisque ce fut la première chose dont il se souvint quand il avait entendu Candy l'appeler alors qu'il se trouvait bloquer par une barre de fer, sa voix chargée de tant d'émotion. Elle le connaissait, elle savait qui il était.
Les jours passèrent sur le bateau, calmes et tranquilles loin de la sauvagerie de la guerre. Ils avaient cependant besoin tous les trois d'en parler, de sortir de leurs âmes les horreurs qu'ils avaient vécues. En parler entre eux exorcisait ce mal qui brûlait leurs coeurs. Cela leur faisait du bien. Tous trois dormaient cependant très mal la nuit, ne pouvant oublier la peur qu'ils avaient ressentie lorsqu'ils étaient sur le front. La peur que le jour qu'ils vivaient ne soit le dernier. Souvent, l'un d'entre eux se réveillait la nuit, trempé de sueurs et ne réalisant pas où il se trouvait. Le retour à la réalité s'accompagnait souvent de larmes et régulièrement l'un d'entre eux allait réveiller un de ses amis dont le sommeil était d'ailleurs également perturbé, afin de ne pas être seul avec ces douloureux souvenirs. Vivre une guerre n'est pas une expérience dont on sort indemne.Tous les trois savaient que ces cauchemards hanteraient encore longtemps leurs nuits mais ils voulaient vivre, et intensément!
Enfin, les côtes américaines furent en vue. Quelle joie pour Candy, Anthony et Alistair de rentrer chez eux.
«  Enfin, je vais savoir qui je suis! » pensait Alistair.
«  Mademoiselle Pony, soeur Maria, Annie, Archibald, Albert, Terry, vous êtes enfin si proches! »
« Mon pays, ma vie! » pensait Anthony.
Ils étaient heureux de rentrer chez eux loin de la guerre. Cependant chacun avait laissé une partie de son âme là-bas, avec Ces hommes qui continuaient à se battre pour défendre leur pays. Jamais ils n'oublieraient ce qu'ils avaient vécu.
Archibald, Annie, Albert et même Patty qui avait été prévenue qu'Alistair était en vie, étaient là à attendre fébrilement sur le quai du port de New-york l'arrivée du bateau. Ils étaient arrivés très tôt voulant pouvoir apercevoir dés que possible le paquebot qui ramenait de l'enfer leurs amis.
Enfin le bateau s'amarra à quai, et leurs coeurs à tous battirent plus fort.
Ils apparurent enfin en haut de la passerelle: Anthony et Alistair soutenant Candy dont la jambe n'était pas encore tout à fait guérie.
Quand ils furent sur le quai, Archibald se précipita vers son frère qu'il croyait disparu à tout jamais. Il le regarda dans les yeux, mais des larmes lui brouillaent la vue. Alistair le regarda également et il se souvint de ce frère qu'il aimait tant, de ce lien fraternel qui les unissait, de leur complicité.
« Archibald, mon frère, je te reconnais!! » lui dit-il.
Alors, ils se sérrèrent dans leurs bras avec toute la force que la peur de s'être perdu leur donnait.
Patty s'approcha de lui:
« Alistair, me reconnaîs-tu? »
il semblait à Alistair qu'un flot de souvenirs affluaient dans sa tête comme si le fait de toucher le sol de son pays était l'interrupteur de sa mémoire. Oui, il se souvenait, il se souvenait de tout! Il la serra dans ses bras:
« Oh ma douce Patty! » et des larmes de joie coulèrent sur leur visage.
Il se souvenait de tout sauf de cet homme blond qui était avec eux.
« Je te présente notre oncle William Albert Andrey, celui qui a adopté notre très chère Candy! »lui dit Archibald. Alors c'était donc lui, celui grâce à qui Candy était rentrée dans leur vie et l'avait illuminée de toute sa joie de vivre.
«  Je suis heureux de te voir Alistair, et en bonne santé » et il le serra également contre lui.
Annie s'approcha à son tour:
« Alistair, je suis si heureuse de te revoir, jamais je n'aurais cru que cela fut possible un jour !
    •    Moi aussi douce petite Annie, de toi aussi maintenant je me souviens et je suis bien content de savoir que tu es devenue ma belle-soeur ! lui répondit-il avec un petit clin d'oeil!
    •    Oh mais ce n'est pas encore fait! Archibald et moi ne pouvions nous marier sans que Candy ne soit présente à la cérémonie! » et elle se précipita dans les bras de son amie avec une telle force qu'elles faillirent tomber. Anthony rattrapa Candy juste avant qu'elle ne tombe les fesses sur le sol!! ils rirent.
«  Oh pardon Candy, tu es encore bléssée, je suis désolée!! s'excusa Annie inquiète d'avoir pu faire mal à son amie.
    •    Ne t'inquiète pas Annie, je ne suis tout de même pas si fragile!! »
Et elles rièrent également.
« Comme c'est bon de se retrouver tous ensemble! »
Albert vint vers Anthony et lui serra chaleureusement la main:
« Merci d'avoir veillé sur elle et de nous la ramener en bonne santé! Je vous en serais toujours reconnaissant!
    •    Mais ce n'est rien! Candy est une jeune femme très courageuse et intrépide, on ne peut pas risquer de perdre quelqu'un de si extraordinaire. C'est une femme incroyable!
    •    Oui, j'en suis conscient! Merci pour elle! »
Anthony alla vers Candy:
«  Je te laisse ma famille m'attend plus loin je viens de les voir. On se retrouve en Septembre?
    •    Oui Anthony! Repose toi bien!
    •    Toi aussi et ne m'oublie pas!
    •    Comment le pourrai-je, je te dois la vie! »
Ils s'enlacèrent avec la certitude de se retrouver dans un mois!
La famille Andrey s'accorda cette journée de retrouvaille avant de reprendre le lendemain le train pour Chicago.
Ils se parlèrent toute la journée de leur vie, Archibald et Patty ne pouvant se détacher d'Alistair. En posant le pied sur son sol natal, Alistair avait brusquement retrouvé tous ces souvenirs et il était heureux de retrouver tous ceux qu'il aimait et à qui il avait tant de choses à dire!
Quand ils arrivèrent à Chicago toute la famille était réunie et une grande réception avait été organisée pour le retour d'Alistair et de Candy. Elisa fulminait encore au fond d'elle:
« Et en plus il faut que ce soit cette petite chipie qui l'ait retrouvé! Tous les honneurs ne reviennent qu'à elle! »
Toutes ces années n'avaient pas effacé la jalousie qu'elle ressentait envers celle qu'elle considérait comme sa rivale de toujours! Tout le monde l'aimait et l'admirait et elle ne le supportait pas. Le bon coeur, la gentillesse, la dévotion et le sourire de Candy lui renvoyait le reflet de tout ce qu'elle n'était pas, et cela l'avait toujours rendue furieuse. Et plutôt que d'essayer de lui ressembler, elle avait toujours cultivé cette haine envers elle et fait ressortir sa personnalité détestable!
Niel quant à lui était heureux de retrouver Candy, il en était toujours aussi éperdument amoureux même s'il savait qu'elle lui serait toujours interdite!
La Grande tante Elroy s'approcha de Candy et pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans la famille, elle lui prit chaleureusement les mains et les serra:
« Chère Candy, je reconnais que durant toute ces années, je n'ai jamais été aimable envers toi et je n'ai jamais voulu voir la personne que tu étais. Je ne t'ai toujours traîtée qu'avec du mépris et aujourd'hui j'en suis vraiment désolée. Je voudrais que tu me pardonnes pour mon aveuglement envers toi, mais si tu me refuses ton pardon ,je le comprendrais. Tu es la personne la plus digne de faire partie de la famille Andrey et aujourd'hui je comprends enfin le choix de William de t'avoir adoptée dans notre grande famille. Dés ton jeune âge, il a vu en toi toute ta générosité, ton grand coeur et ta bonté que moi je n'ai pas voulu voir. Je n'ai jamais voulu accepter les raisons qui faisaient que tes cousins et aussi mon cher Anthony avaient de t'aimer si fort. J'auraisdû suivre leurs coeurs d'enfants et t'accueillir parmi nous comme il l'ont fait. En tout cas, tu auras mon éternelle reconnaissance pour avoir retrouér Alistair, nous qui le croyions tous mort. Merci Candy, même si ce simple merci paraît être un mot bien petit comparé à la reconnaissance que j'ai envers toi!
    •    Tante Elroy, je n'ai rien à vous pardonner. Tout ce que vous avez fait était pour protéger les intérêts de votre famille comme une louve peut protéger ses petits en écartant toute personne étrangère. Je ne vous en veux pas car malgré tout, c'est depuis que je suis dans votre famille que j'ai trouvé les amis les plus fidèles et sincères que l'on peut avoir. Aujourd'hui, je suis fière de porter le nom de Andrey et je m'en montrerai digne. Enfin, à condition que je puisse toujours continuer à faire ce qui me passe par la tête!!! termina-t-elle avec un clin d'oeil;
    •    Tu ne changeras quand même jamais petite chipie! », soupira la tante Elroy, ce qui fit rire tout le monde.
Candy resta une quinzaine de jours à Lakewood. Ce fut quinze merveilleux jours où les cinq amis enfin réunis firent les quatre cents coups comme dans leur jeunesse au grand damne de la tante Elroy, qui cependant ne pouvait leur en vouloir de redonner enfin de la vie à cette grande maison! Alistair, malgré les épreuves qu'il avait traversées, n'avait pas perdu ce goût de la vie et au contraire il semblait la croquer encore plus à pleines dents. Il avait repris ses activités « inventrices » et parfois ces inventions fonctionnaient.
Cependant les nuits de Candy et d'Alistair n'étaient pas aussi sereines que l'étaient leurs journées; celles d'Alistair surtout, qui avait connu l'enfer des tranchées, de la boue, des poux, de la faim et de la peur qui brûlait le ventre chaque jour qu'il avait vécu là-bas. Chacune de ses nuits, il revivait en cauchemard le temps qu'il était resté là-bas. Deux années de sa vie passées avec seulement la peur pour compagne, la rage de défendre sa vie envers et contre tout avec l'instinct d'une bête. Toutes les nuits, il se réveillait en nage ressentant à nouveau le froid, et la terreur, entendant les bombardements et le bruit des mitraillettes qui crachaient la mort autour d'elles. Chaque nuit il allait retrouver Candy qui était la seule personne à pouvoir le comprendre et le rassurer, ayant elle aussi vécu une expérience aussi terrifiante que lui. Leurs liens d'amitié se renforcèrent de façon plus forte encore par leur voyage au fin fond de l'enfer .
Candy avait prévu de partir le lundi à la maison de Pony et on organisa alors le mariage d'Annie et d'Archibald le samedi. La fête fut grandiose et se déroula sans aucun problème dans la joie et la bonne humeur. Annie était resplendissante dans sa belle robe blanche . Elle était recouverte de perles et de dentelles. La traîne était en soie recouverte d'un tulle brodé. Le bustier de sa robe dégageait ses épaules et autour de son cou, elle portait un ruban de soie sur lequel étaient cousus perles et diamants . Ses cheveux relevés en un beau chignon tréssé étaient recouverts d'un beau chapeau blanc sur lequel était accroché un voile de tulle qui lui recouvrait le visage, et de chaque côté de ses joues roses coulaient deux belles boucles brunes. Dans ses yeux se lisait toute la joie et tout l'amour qu'elle ressentait en épousant celui qu'elle aimait depuis qu'elle était toute jeune.
Archibald lui aussi était vêtu d'un beau costume blanc. Son émotion quand il vit sa fiancée avancer vers lui à l'hôtel au bras de Monsieur Brighton, son père, fut tellement grande, il la trouva si belle, qu'il en eut les larmes aux yeux. A ses côtés, se tenait Alistair au bras duquel il y avait Patty, si heureuse d'avoir retrouvé celui qu 'elle croyait perdu pour toujours.
Annie et son père étaient précédés par la Demoiselle d'Honneur, Candy. Elle était vêtue d'une robe rose qui laissait nue ses épaules. Un léger voile écru transparent recouvrait l'ensemble de sa robe laissant une impression de flou à sa tenue. Elle avait remonté ses cheveux et ils était maintenus par plusieurs rubans entrelaçés dans sa chevelure. Remontant cette allée d'église qui menait jusqu'à l'hôtel pour accompagner celle qu'elle considérait depuis toujours comme sa petite soeur, la transporta d'émotion qui se reflétait dans ses beaux yeux verts.
Lorsqu'Archibald passa l'anneau autour du doigt d'Annie lui promettant de l'aimer jusqu'à ce que la mort les sépare, Candy ne put s'empêcher de pleurer. Et elle n'était d'ailleurs pas la seule! Elle se demandait si un jour elle aussi elle entendrait ces mots de celui qu'elle aimait, de Terry. Terry qu'elle voulait tant revoir, dans les bras duquel elle voulait se blottir pour oublier ce qu'elle avait put traverser durant ces sept mois d'horreur!
« Bientôt! Pensa-telle, bientôt, je te retrouverai! »
Les yeux brillants d'amour et de fierté, Archibald releva doucement le voile qui recouvrait le visage d'Annie. Tous deux se regardèrent et Archibald, lui murmura doucement « je t'aime ». Annie lui répondit également dans un murmure « Je t'aime »;
Il enserra sa taille de ses bras, et il l'embrassa.

La photo du mariage d'Archibald et d'Annie Cornwell fut publiée dans les journaux. C'était une photo de groupe avec autour des mariés, Alistair et Patty, Candy , Albert et la tante Elroy.
A New-York, quand Terry vit cette photo, il se demanda de nouveau pourquoi Candy ne répondait pas à ses lettres.
Candy, avait lu les lettres de Terry et elle avait pleurer en les lisant. Il lui disait son amour pour elle mais aussi qu'il n'avait pas encore pu se libérer de sa promesse envers Suzanne. Il lui disait de ne pas perdre espoir, qu'un jour ils se retrouveraient. En lisant ces mots, Candy pensait:
«  Oui Terry on se retrouvera, c'est moi qui viendrait te libérer de ta promesse, j'ai risqué ma vie pour t'oublier et je n'ai pas réussi. Mon amour pour toi est encore plus fort puisque je n'ai pas réussi à le tuer dans mon coeur. Toute ma vie j'ai vécue pour les autres et c'est aujourd'hui mon tour de vivre enfin pour moi! Et ma vie ne se fera pas sans toi!!! J'ai lu dans le journal que Suzanne avait recommencé à jouer sur scène, sa carrière redémarre et le sacrifice qu'elle a fait pour toi n'est plus aussi invalidant qu'il l'était avant. Biensûr, elle ne retrouvera jamais sa jambe, mais moi je ne te sacrifierais plus pour elle!  »
Elle avait l'impression que ses pensées étaient d'un grand égoïsme puisqu'elle n'avait pas l'habitude de penser pour elle, à ce dont elle avait besoin pour elle. Toute sa vie n'avait été consacrée qu'au bonheur des autres, à soulager les souffrances des personnes qu'elle aimait et de celles qui lui étaient inconnues. Pourtant aujourd'hui, elle en avait assez! La seule chose qu'il lui manquait était son amour!! Elle était capable de vivre dans les pires conditions mais pas sans lui! Elle le savait, jamais elle ne l'oublierait!
«  Je vais me ressourcer sur la colline de Pony et je reviens, je reviens Terry! »
Ce jour là Terry avait reçu un dessin: il représentait un coucher de soleil sur la mer avec l'ombre d'un homme et d'une femme de profil se tenant les mains. Terry compris qu'Annie (enfin pensait-il que c'était comme ça qu'elle s'appelait!) lui disait qu'ils allaient se revoir! Il en fut heureux mais déchiré car il l'aimait et il aimait aussi Candy et il se dit qu'un jour il aurait un choix à faire! Comment choisir entre ces deux femmes pour lesquelles son coeur battait aussi fort! Pourquoi la vie était-elle si compliquée dans les choses de l'amour? Laquelle des deux choisir sans en blesser une? Mais, il pensa à Candy, à toute la souffrance que tous les deux avaient endurée d'être séparés et de ne pas pouvoir vivre ensemble leur amour. Il pensa à ses rêves de jeunesse dont Candy faisait toujours partie. Il revit son sourire, il entendit son rire, revit son air mutin, lorsqu'elle était en colère, caline, taquine, pleine de vie. En même temps, il pensait à Annie, à son incroyable courage, il revoyait aussi son sourire , il entendait également son rire et revit ses yeux. Encore une fois, il fut frappé par leur ressemblance! Mais s'il avait été attiré par Annie, c'était justement lié à cette ressemblance qu'elle avait avec Candy! Oui Candy! Tout le ramenait à elle! C'était parce qu'il l'aimait elle qu'il s'était tant attaché à Annie. Candy, c'était et ce sera toujours elle! Quand il reverrait Annie, il lui ferait comprendre en douceur en essayant de la blesser le moins possible, que c'était vers Candy que son coeur allait. Pourtant, il craignait que ce ne soit pas si simple; lors de leur baiser dans le parc, elle lui avait rendu; lui l'avait embrassé mais elle aussi! Il se prit la tête entre les mains et essaya de ne plus penser à ces deux femmes fantastiques!!

Candy arriva en fin chez elle , sa première maison ,là où elle avait grandit. Quand la voiture qui la conduisait s'arrêta devant la porte, Candy marcha aussi vite que sa jambe bléssée lui permettait en appelant:
« Mademoiselle Pony, soeur Maria, c'est moi , c'est Candy, je suis rentrée!
    •    Candy! s'exclamèrent les deux femmes en ouvrant grand la porte de la maison.
    •    Candy mon enfant, lui dit Mademoiselle Pony en la prenant contre son coeur. Rentre à la maison, rentre chez toi! »
Les enfants aussi se précipitèrent vers elle en l'appelant « chef! ». Petit John, qui n'était plus si petit dit:
« Il faut aller prévenir Jimmy, il sera tellement heureux de te voir!!! » et il prit la cariole en direction de la maison de Monsieur Catwright.
«  Laisse moi te regarder mon enfant, lui dit Mademoiselle Pony en lui prenant les mains! Comme nous avons prié pour toi lorsque tu étais en France! Je suis heureuse que nos prières aient été exaucées!
    •    Oui Candy, ajouta soeur Maria, pas une journée ne passait sans que l'on ne tremble pour toi, et aujourd'hui, tu es enfin là, devant nous et bien vivante!!
    •    Mais te voilà devenue une vraie demoiselle! Tu es vraiment très belle ma petite fille! Et comme tu as l'air changée! Tu n'as plus l'air d'être ce petit garçon manqué qui courait partout autrefois et qui grimpait aux arbres au risque de faire lâcher mon coeur!
    •    Oh mademoiselle pony!!!, » puis entendant Jimmy l'appeler dehors alors qu'il galopait encore sur son cheval:
«  Aaah! Jimmy, c'est Jimmy s'exclama-t-elle! » et elle partit en courant laissant la porte grande ouverte pour aller le rejoindre .
    •    « Quoique finalement, elle n'a peut-être pas tant changée que ça?! Soupira soeur Maria.
    •    Si, mais je pense qu'elle ne veut pas perdre son côté enfant, c'est de là qu'elle tire sa force et son courage.
    •    Vous avez certainement raison Mademoiselle Pony! »
Candy semblait avoir retrouvé toute sa bonne humeur et sa joie de vivre au contact des enfants. Seulement les deux femmes qui la connaissaient bien, s'inquiétaient de la voir s'isoler si souvent en haut de cet arbre qu'elle aimait tant. Elle se rendait également souvent à la petite chapelle qui était à l'arrière de la maison où elle restait agenouillée pendant des heures, les mains croisées sur son coeur à contempler, le regard vide, l'image de la Vierge tenant dans ses bras son enfant. A aucun moment, elle ne leur avait parlé de ce qu'elle avait enduré lorsqu'elle était en France et cela leur déplaisait .
    •    «  Il ne faut pas que cette petite garde tout à l'interieur d'elle même comme elle le fait, ce n'est pas bon. Je vois bien qu'elle n'a retrouvé le sourire qu'en apparence. Qu'en pensez-vous soeur Maria?
    •    Je suis d'accord avec vous. Elle m'inquiète, elle passe beaucoup trop de temps seule en haut de cet arbre et dans la chapelle.
    •    Je pense que ce soir nous devrions la faire venir boire un bon chocolat chaud avec nous quand tous les petits seront couchés et lui donner l'opportunité de nous parler! »
Le soir elles proposèrent alors à Candy de venir boire un chocolat ou un thé en leur compagnie.
« Candy mon enfant, dit mademoiselle Pony, et si tu nous racontais un peu ta vie en France?
    •    Oh, vous savez, il n'y a pas grand chose à dire, c'est la guerre là bas, éluda-t-elle.
    •    Mais justement Candy, repris soeur Maria, raconte-nous la guerre! »
Candy voyant les visages inquiets des deux femmes, pour la première fois depuis son retour, elle raconta enfin à d'autres personnes que celles qui avaient vécu avec elle cette douloureuse expérience, sa vie en France. Pendant son récit, des larmes coulaient sur son visage, mais sa voix ne tremblait pas, ses phrases n'étaient pas coupées, elle racontait ça d'une voix monocorde et si ce n'étaient que ses larmes, rien n'aurait pu trahir l'émotion douloureuse que cela provoquait en elle. Elle leur parla de la peur qui était devenue presqu'une amie puisque c'était grâce à elle qu'elle était constamment sur le qui vive, de ces hommes déchiquetés, de ceux qu'elles devaient amputer sans rien avoir pour qu'ils ne sentent pas la douleur, même pas une gorgée de whisky, des cris, des larmes, de la souffrance, de ces flammes qu'elles devaient traverser pour porter secours aux soldats, du bruit assourdissant du canon qu'elle entendait encore en cauchemard. Et enfin, enfin , elle leur raconta comment muée par un instinct sauvage, elle avait tué un homme pour sauver son ami. Quand elle eu fini, mademoiselle Pony vint prés d'elle et la serra contre elle. Candy toujours assise sur sa chaise se permit alors de pleurer tout ce dont elle avait besoin, et tout un flot de douleur et d'horreur sorti de son corps secoué de larmes en serrant très fort la taille de mademoiselle Pony.
«  Pleure, mon enfant, pleure. Seule les larmes peuvent soulager les douleurs de l'âme. » et elle la caressa comme une mère caresse son enfant pour le consoler de s'être fait mal en tombant.
Une larme coula sur la joue de mademoiselle Pony tandis que soeur Maria s'était détournée pour cacher les siennes.
Le reste de la semaine se passa dans un calme et une paix bienfaitrice dont Candy avait grand besoin. Elle était reconnaissante envers les deux femmes de lui avoir donné l'occasion de leur ouvrir son âme et, bien que toujours présent, le poids de sa douleur lui semblait un peu plus léger.
Le jour de son départ arriva. Elle serra contre elle ces deux femmes si chères à son coeur et ne leur dit pas au-revoir, mais simplement merci.
Mademoiselle Pony lui dit quand même:
«  Mon enfant, la vie se chargera de t'aider à alléger le poids de ton fardeau que tu portes si vaillamment sur tes épaules. Mais n'oublies jamais les raisons qui t'ont poussées à agir come tu l'as fait. Même si ton geste te semble insupportable, il a été motivé pour une bonne raison, celle pour laquelle tu t'es toujours battue: la vie. »
Candy la serra très fort contre elle et monta dans le fiacre qui devait la conduire à la gare.


Chapitre 14

La vie continue


Arrivée à New-York, Candy retrouva avec plaisir sa petite chambre. Elle décida d'abandonner sa perruque et ses lunettes pour être vraiment elle-même et puis, si Terry la voyait comme ça, au moins elle n'aurait plus à lui mentir. De toute façon, elle avait tellement eu peur de mourir et tellement de fois, qu'elle voulait elle aussi avoir droit au bonheur d'être avec celui qu'elle aimait. Anthony était déjà là depuis la veille et ils se serrèrent fort l'un contre l'autre quand ils se retrouvèrent. Cependant à la vue d'Anthony, Candy revêcue dans son esprit cette scène si douloureuse à son âme où elle lui avait sauvé la vie. Elle ne lui en voulait pas, mais elle en voulait à la vie de l'avoir conduite à devoir agir ainsi . Anthony lui proposa de s'accorder une journée de détente avant de reprendre leur travail mais Candy refusa. De plus, ils furent convoqués dans le bureau du Dr Bowman:
«  Mes enfants, comme je suis heureux de vous revoir en vie tous les deux! Et puis vous me paraissez en excellente santé! Je voulais vous dire que par le fait que vous soyez partis au front, par ce que vous avez dû accomplir sur place en n'étant que des médecins étudiants, cette expérience vous confère le droit d'être admis dés aujourd'hui en cinquième année. Votre expérience du terrain vous aidera dans certaines disciplines. Cependant vous aurez quand même besoin d'étudier plus que les autres pour quand même réussir à suivre! »
Et voilà, plus que deux ans et Candy serait médecin confirmé.
Dans la soirée, alors que sa journée était terminée, elle prit son courage à deux mains, et décida d'aller trouver Terry et de lui dire qui elle était et combien elle avait besoin de lui.
Elle frappa à la porte de son appartement mais il n'y eut aucune réponse.
La gardienne sortie sur le perron et lui dit:
« Si c'est Monsieur Granchester que vous cherchez, il n'est plus ici!
    •    Ah bon, répondit Candy d'une voix d'où transpercait l'inquiétude et une grande déception. Mais où est-il alors?
    •    Il s'est rendu chez son père qui est malade.
    •    Ah? Et savez-vous quand il reviendra?
    •    Non, je n'en n'ai pas la moindre idée.
    •    Depuis combien de temps est-il parti?
    •    Oh, cela fait bien trois bonnes semaines maintenant!
    •    Merci madame. S'il vous plaît ne lui dites pas qu'une jeune fille blonde est passée quand il reviendra.
    •    Bien, comme vous voulez. »
Et Candy repartit. Elle se rendit à la Marina, et contempla la mer qui s'étirait si paisible devant elle:
« Comme il est étrange de penser qu'ici tout soit si calme alors que là-bas... »
Régulièrement pendant un mois elle passa à l'appartement de Terry, mais il n'était toujours pas de retour. Il lui manquait de façon insoutenable. Elle aurait tellement eu besoin de se blottir dans ses bras, de lui parler , de lui raconter ce qu'elle avait vécu et de retrouver des forces en puisant dans la chaleur de son corps.
Alors, elle travaillait sans relâche auprés des patients et ses cours. Encore une fois c'est dans le travail qu'elle trouvait le moyen de ne plus penser.


Chapitre 15

Un enfer de flammes

Enfin un matin d'Octobre, Terry rentra chez lui. Il était parti deux mois auprés de son père et il avait dû s'occuper de ses affaires le temps de sa maladie et de sa convalescence.
Il déposa sa valise et prit une douche pour se délasser, le voyage ayant été long. Sous la chaleur de l'eau qui coulait sur lui, il pensa au Dr André. Je vais passer la voir ce matin, savoir comment elle va et puis revoir enfin ses beaux yeux verts. Mais je resterai distant, c'est pour Candy que mon coeur bat! »
Quand il arriva devant l'hôpital Jacob, une foule de personnes couraient dans tous les sens. Une partie du bâtiment était en feu et d'énormes flammes jaillissaient de toute part.
«  Mais que s'est-il passé?, demanda Terry très inquiet à un homme qui passait prés de lui en blouse blanche.
    •    Il y a eu une fuite d'oxygène et la flamme d'une bougie a tout fait exploser!!
    •    Oh mon dieu!, pensa Terry . Mais où est Annie? »
Il la chercha partout du regard. Il y avait dehors beaucoup de monde, des hommes et des femmes en blanc, des pompiers, des patients sortis du bâtiment qu'on avait allongés sur des couvertures à même le sol. Mais pas de trace d'Annie. Et puis, il le vit. C'était son ami, Anthony, peut-être saurait-il où elle se trouvait.
Quelques minutes avant l'arrivée de Terry, Candy et Anthony aidaient les pompiers à sortir les malades du bâtiment en feu. Anthony s'occupait d'un patient quand Candy se redressa et sembla chercher quelque chose parmi les gens rassemblés sur le parvis de l'hôpital.
«  Mais qu'est-ce que tu fais Candy? Lui demanda Anthony. Aide moi j'ai besoin d'aide!!
    •    Où est Maggy? Demanda Candy.
    •    Maggy? Mais qui est-ce?
    •    La petite patiente de la chambre 22, tu sais la petite fille de 10 ans qui à de jolis cheveux roux?
    •    Je ne sais pas, quelque part!»
Mais Candy réalisa que ce quelque part était l'intérieur du bâtiment:
«  Oh mon dieu!! s'exclama-t-elle. Elle est toujours à l'intérieur!!! et elle partit en courant vers le bâtiment qui brûlait violemment.
    •    Non , Candy n'y va pas!! lui cria Anthony.
    •    T'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de rester à l'intérieur, je ressortirai avec elle! Lui répondit -elle avec un sourire et un signe de la main.
    •    Candy!! Nooonnn! hurla son ami.
    •    Ne vous inquiétez pas docteur, je vais avec elle! » Le rassura un pompier qui avait suivi la scène;
Et il s'élança derrière Candy.
« Sois prudente Candy »pensa Anthony et il dû continuer à s'occuper du patient.
Quand Candy pénétra à l'intérieur du bâtiment, elle suffoqua sous l'effet de la chaleur et une épaisse fumée l'empêchait de bien voir. Elle senti quelqu'un lui saisir le bras, c'était un pompier qui était venu avec elle:
« Ressortez mademoiselle, je vais la retrouver!, lui ordonna -t-il.
    •    non, vous ne savez pas où elle est, moi je le sais! Sans moi vous n'avez aucune chance de la retrouver!
    •    D'accord, mais faites bien tout ce que je vous dit!! »
Ils étaient obligés de crier pour s'entendre tant le bruit des flammes et celui des lances à eau dehors était fort.
Prudemment, ils avançaient dans le bâtiment envahi par des flammes gigantesques. Des poutres s'écroulaient dans un bruit effrayant. Candy eu l'impression d'être revenue dans l'enfer des champs de bataille et la peur la tenait de nouveau au ventre mais elle lui donnait cependant la force de continuer car une vie était entre ses mains et dépendait de sa volonté de ne pas reculer.
« Courage Candy, essaya-t-elle de se rassurer, tu as connu pire !! »
Elle appelait la petite fille qui était restée prisonnière du feu. Ils progressaient lentement en évitant plusieurs fois des flammes jaillies de nulle part . Le pompier la protégeait comme il le pouvait de son épais manteau. Enfin, ils parvinrent à la chambre de l'enfant. La pauvre petite térrorisée, était assise sous son lit, les jambes ramenées contre elle les entourant de ses bras. Elle se balançait en pleurant.
« Maggy c'est Candy! Dit-elle d'une voix douce. Sors de là, nous sommes venues te chercher! »
Mais la petite éffrayée, ne répondit pas et la regarda sans sembler la reconnaître.
«  Maggy, allez viens! Réessaya Candy d'une voix toujours douce mais un peu plus ferme. Viens, tu ne risques plus rien ,je suis là! »
Mais l'enfant ne bougeait toujours pas.
« Dépêchez vous mademoiselle; dit le pompier, je crains que le bâtiment ne tienne plus le coup très longtemps! »
Candy le regarda inquiète puis se tourna de nouveau vers la petite fille. Elle lui tendit sa main:
« Allez Maggy, l'encouragea-t-elle, prend ma main , viens, je vais te ramener dehors! Allez Maggy, aie confiance, je suis là, il ne t'arrivera rien. »
La petite continuait à se balancer et à pleurer.
« Viens, Maggy, dépêche toi! Tout le monde t'attend dehors... Viens ma douce, donne moi ta main! »
Candy voyait les flammes grandirent dans la petite pièce et elle sentait la panique commencer à l'envahir. Elle fit de son mieux pour garder son calme et une voix rassurante pour réussir à faire sortir Maggy de sa cachette:
«  Maggy, viens, prend ma main, je te sortirai de là; fais moi confiance! Tu le sais, je ne t'ai jamais fais de mal, allez viens!!
    •    Vite mademoiselle! », la pressa le pompier.
Et enfin, la petite tendit timidement sa main. Candy la saisie vivement et attira de toutes ses forces la petite fille à elle. Le pompier arriva et pris l'enfant dans ses bras. Ils repartirent aussitôt. Peu de temps s'était écoulé depuis leur passage, mais le décor avait bien changé. Il était de plus en plus difficile d'avancer entre les flammes et les différents débris qui brûlaient autour d'eux. La fumée leur piquait les yeux et leur brûlait la poitrine, et à chaque inspiration ,Candy sentait la brûlure des flammes dans ses poumons. Elle ne voyait plus rien. Le pompier était équipé d'un casque et d'un masque qui lui permettait de respirer plus aisément. Il était conscient de ce que pouvait ressentir Candy sans aucun équipement mais il ne pouvait pas l'aider, il était chargé de la petite fille. Candy les suivait à deux pas, quand une poutre s'éffondra sur le sol les séparant. Le pompier se retourna pour essayer de l'aider mais Candy lui cria consciente que sa situation était quasie désespérée.
«  Ne vous occupez pas de moi, j'ai fait tout ça pour elle!! Sortez la de là! »
Le pompier la regarda émut de tant de courage et de détermination. Cette jeune médecin allait laisser sa vie pour avoir secourue une enfant. Il hocha la tête, la regarda une dernière fois puis s'en alla.
Terry avait vu Anthony au moment où le pompier sortait du brasier la petite fille dans ses bras.
« Il l'a! s'écria une infirmière. »
Anthony s'approcha du pompier voyant que Candy n'était pas avec lui. Le pompier déposa la petite sur le sol et lui passa sa main sur le visage. Anthony lui hurla:
« Où est-elle? Pourquoi n'est-elle pas avec vous? » Le ton de sa voix était une supplique désespérée.
Le pompier baissa les yeux et fit non de la tête.
«  Candyyy!!!hurla Anthony tendu de tout son corps en direction du bâtiment. Nooon !! Candyyyy! »
Le pompier l'empêcha de se ruer dans les flammes! Terry fut estomaqué. Candy, il avait bien dit Candy?
«  Candy, mais qui est Candy? » L'interrogea-t-il inquiet.
Anthony le regarda les yeux plein de larmes et lui répondit:
« Le docteur Andrey, elle est à l'intérieur!! »
Terry se sentit glacé et son sang ne fit qu'un tour. Il avait compris! C'était sa Candy qui était prisonnière des flammes!


Chapitre 16

Ma vie pour ta vie


Terry sachant Candy en danger, partit en courant dans le bâtiment.
Il remonta son écharpe sur son nez pour essayer de se protéger de la fumée.
«  Candyyy! Candyyy! » appelait-il.
Il ne voyait rien, la fumée était trop épaisse et la chaleur suffocante.

Candy, ne voulait pas mourir sans essayer de s'en sortir. Elle fit demi-tour pour trouver un passage. Elle avançait dans les flammes, protégeant ses yeux de son bras, mais elle ne pouvait rien voir. Elle suffoquait, toussait. Elle avait mal, des brûlures sur ses bras. Mais ce n'était plus dans un incendie qu'elle se trouvait. Elle était sur un champ de bataille, avançant en faisant tout pour protéger sa vie et celle des hommes qu'elle avait en charge. La chaleur des incendies autour d'elle, le bruit des obus qui explosaient à côté, la peur de ne pas s'en sortir! Elle entendit un crack assourdissant et elle sauta en arrière pour éviter la poutre qui tombait. Dans sa chute elle cogna sa tête sur l'un des débris qui envahissait le sol et perdit connaissance.
Terry avançait péniblement, lui aussi essayant d'éviter la chute de débris enflammés. Et puis, tout prés, il aperçu une chevelure blonde. Le corps était par terre, sur le ventre, sans connaissance.
« Candyy! », l'appela-t-il, mais elle ne répondit pas.
Avec l'énergie du désespoir, il parvint jusqu'à elle.
«  Candy? Répond moi? » Lui dit-il en la retournant.
Du sang coulait d'une entaille sur son front. Il approcha son visage de la bouche de Candy:
« Respire mon amour, respire » supplia-t-il.
Il senti un faible souffle contre sa joue. Il l'a pris dans ses bras et porté par l'amour qu'il avait pour elle, il réussi à l'emmener jusqu'à la sortie.

Suzanne qui avait vu Terry partir quand elle était venue chez lui pour l'accueillir, l'avait suivi et elle n'avait pas eu le temps de le rattraper quand il s'était enfoncé dans le bâtiment en feu.
Lorsqu'il sorti, elle éprouva un grand soulagement, mais quand elle vit qu'il la portait dans ses bras, elle fut bouleversée:
« Terry! C'est pour elle que tu as risqué ta vie dans les flammes, c'est pour la sauver elle! » et des larmes coulèrent sur ses joues réalisant qu'il ne serait jamais à elle!
« Il faut que je te laisse sortir de mon coeur Terry! C'est pour elle que tu vis, pas pour moi! Et puis, aprés tout, je suis bien avec Bryan, il me fait rire, avec lui je me sens belle, désirable, et vivante, alors que pour toi, je n'existe même pas! »
Et elle s'en alla, laissant Terry porter secours à celle qu'il aimait plus fort que sa propre vie!

Quand Terry sortit du bâtiment, Anthony se précipita vers lui:
« Mon dieu, vous l'avez trouvée, vous l'avez ramenée!!! »
Terry la déposa doucement sur le sol, toujours inconsciente. Beaucoup de monde s'approchait pour voir comment allait la jeune femme qui avait risqué sa vie pour celle d'une enfant et voir celui qui l'avait sortie de l'enfer des flammes.
Anthony, était déjà auprés d'eux, penché sur Candy. Il écarta les bras pour éloigner les curieux:
« Ecartez-vous, écartez-vous tous!! Elle a besoin d'air!!! »
Terry était agenouillé auprés d'elle. Anthony lui demanda:
« Etait-elle consciente lorsque vous l'avez trouvée?
    •    Non, répondit Terry. Je pense qu'elle s'est assommée. »
Anthony dégrafa le col de sa tunique de médecin pour faciliter le passage de l'air. Il se pencha pour écouter son souffle à l'aide de son sthétoscope.
«  De l'oxygène, ammenez moi de l'oxygène!! »cria-t-il.
Et il lui fit du bouche à bouche. Candy, s'agita, toussa et toujours à demi inconsciente elle murmura:
« Anthony! ... Anthony!... »
A ces mots, Terry recula
« C'est lui qu'elle appelle! C'est vers lui que vont ses pensées! »
Il se mit debout. Anthony le regarda sachant à quel point Candy était amoureuse de cet homme. Dans ses yeux à lui, quand il avait prononcé son nom , quand il avait compris qu'elle était prisonnière des flammes, il avait lu un tel amour, un amour si grand qu'il l'avait porté à affronter les flammes pour aller la rejoindre. Il avait compris à quel point ces deux êtres s'aimaient. Il savait bien que si Candy était partie avec lui au front, c'était pour l'oublier lui et il savait aussi qu'elle n'avait pas réussi. Alors, voyant tant de déception et de peine sur son visage lorsque Candy l'avait appelé, il lui dit:
«  Terrence, n'allait pas croire...
    •    Je ne crois rien, répondit Terry sur un ton résigné. Occupez-vous d'elle, elle a besoin de vous! » et il s'éloigna.
Candy entrouvrit légèrement les yeux et ce fut le visage d'Anthony qu'elle vit penché sur elle:
« Anthony... »murmura-t-elle encore une fois.

Ce fut le lendemain matin que Candy sortie véritablement de son inconscience. Tout son corps lui faisait mal, chaque respiration qu'elle faisait la brûlait. Elle regarda autour d'elle et elle vit Anthony à la fenêtre qui lui tournait le dos. Elle l'appela d'une voix faible:
« Anthony?
    •    Oh Candy! Tu es réveillée? » fit -il en se retournant vers elle.
Elle hocha doucement la tête. Il s'assit au bord du lit et lui caressa les cheveux:
« Doucement, tu es très fragile tu sais. Tu as respiré beaucoup de fumée et tu es bléssée à la tête, alors ne t'agite pas. »
«   ...Maggy?..., réussit à demander Candy.
    •    Elle va bien, ne t'inquiète pas. Dors, repose toi. »
Et Candy se rendormie.
Deux jours plus tard elle se reveilla en se sentant beaucoup mieux. Elle voulu se lever, mais elle avait à peine posé un pied par terre que la tête lui tourna. Anthony entra à ce moment:
« Oulaa, pas si vite jeune fille! »
Il l'aida à se rallonger.
« Anthony!! Si tu savais... » commença-t-elle voulant lui parler de ce qu'elle avait ressenti quand elle était au milieu du brasier.
    •    Chuut, calme toi.
    •    Je croyais que j'étais de nouveau à Verdun, au milieu du champ de bataille, les obus explosaient autour de moi... Il n'y avait que des flammes.... Oh Anthony j'ai eu si peur!
    •    Là, là, calme toi Candy, c'est fini, la rassura Anthony.
    •    Oh Anthony, merci d'être venue me chercher », lui dit-elle en se blotissant dans ses bras .
« Elle pense que c'est moi qui suis venu à son secours, et elle est dans mes bras! Dois-je lui avouer la vérité? Mais si je le fais, je risque de la perdre! »
Alors il ne dit rien et la garda contre lui.
Dans la journée, Candy reçue la visite du Dr Bowman:
« Bonjourn Candy, je suis heureux de voir que vous allez mieux!
    •    Bonjour dr Bowman! Oui, je vais beaucoup mieux, je vais pouvoir reprendre mes études bientôt!
    •    Et bien Candy, c'est justement à ce sujet que je viens vous parler.
    •    Ah, bon, qu'y a-t-il?
    •    Et bien voilà: je pense qu'avec tout ce que vous avez vécu ces derniers mois, il serait préférable que vous preniez du repos!
    •    Du repos, mais comment ça?
    •    Vous avez traversé beaucoup d'épreuves et je crois qu'il serait bon pour vous que vous vous accordiez au moins trois bons mois de vacances bien méritées. Vous êtes épuisée et je crains que votre santé n'en patisse!
    •    Mais je vais très bien, je ne veux pas de vacances!
    •    Si Candy! Je suis votre médecin, et à ce titre je vous prescrit trois mois de vacances! Allez vous reposer dans votre famille, de toute façon, je ne vous donnerais pas de travail si vous restez ici!
    •    Oh!
    •    Et oui, je sais que ça ne vous plaît pas, mais vous allez vite vous rendre compte que c'est nécessaire!
    •    Bien ,comme vous voudrez docteur. Accepta Candy à regret.
    •    Je vous ai réservé pour demain une place dans le train pour Chicago qui part à midi! Au-revoir Candy et reposez-vous bien, je compte vous récupérer en pleine forme à votre retour!
    •    Au-revoir docteur! »
« Il faut absolument que je vois Terry, mon train est pour demain! »pensa Candy.
Elle s'habilla et partie à son appartement, mais celui-ci était vide.
« Au théâtre peut-être? » songea-t-elle.
Mais au théâtre elle croisa Suzanne.
« Suzanne!
    •    Candy!
    •    Je cherche Terry, sauriez-vous où il est par hasard?
    •    Non, je n'en n'ai aucune idée! Au-revoir Candy! »
Une fois que Candy fut repartie, Suzanne pensa:
« Pourquoi ne lui ai-je pas dit que Terry et moi c'était terminé! Elle n'avait pas l'air d'être au courant pourtant? Mais pourquoi? Pourquoi Terry n'était-il pas avec elle? »
Terry était sur le port à la marina plongé dans ses pensées face à la mer:
« Candy, aujourd'hui je suis libre et c'est toi qui ne l'est plus! Pourquoi la vie est-elle si cruelle?
J'ai eu si peur que tu sois morte lorsque je t'ai retrouvée inconsciente au milieu des flammes! Mais Candy pourquoi prends tu donc toujours tant de risques pour les autres? Pourquoi mets tu ainsi ta vie en danger? Oh Candy! Il ne me reste plus que le théâtre! Sois heureuse mon amour! »
Candy le chercha partout mais ne le retrouva pas. Elle alla à la marina et contempla la mer là ou une heure avant Terry en faisait autant.
Elle rentra dans sa chambre en pensant qu'aprés tout, il essayait de l'éviter.
Le lendemain elle partit pour Chicago le coeur lourd de ne pas l'avoir revu.
« Il ne veut certainement plus me voir, je dois respecter son choix! »

© sanyloulou 2008