LES CROISEES DU DESTIN
par Sanyloulou


 Chapitre 8

Un beau Noël blanc

Noël approcheait. Candy et Anthony étaient très occupés par leur travail à l'hôpital et leurs études. Tous les deux n'avaient pas trop le temps de s'occuper des préparatifs de Noël et Candy pour qui Noël était synonyme de chaleur et d'amour à la maison de Pony, ne pensait même pas que ce jour là approchait tant elle était occupée. Son premier examen depuis son entrée à l'université allait avoir lieu et elle était trés anxieuse. Le professeur Keller avait confiance en elle et plusieurs fois il lui avait confié la charge de patients, elle se devait de ne pas le décevoir. Elle travaillait dur presque jour et nuit pour réviser ses cours d'anatomo-pathologie, les différentes maladies étudiées, les differentes blessures, la prise en charge des patients en fonction de leurs symptômes. Pourvu qu'elle n'oublia rien et qu'à sa pratique elle ne soit pas trop angoissée. Son examen aurait lieu la veille de Noël. Ses amis Annie et Archibald lui écrivirent régulièrement des lettres mais Candy ne leur répond ait que par de courts messages leur expliquant qu'elle était en pleine période d'examens.
Enfin, le jour tant redouté arriva. Candy était épuisée par le travail qu'elle avait fournit mais elle se disait qu'elle se reposerait aprés. L'épreuve se déroula dans le silence et en attendant les sujets, Candy sentait son coeur battre très fort.
Au bout de quatre heures, l'épreuve écrite fut terminée, suivie d'une pause d'une heure puis la pratique commenca. Candy serait suivie pendant six heures à l'hôpital par les docteurs Bowman et Keller pour juger de sa valeur diagnostic, de sa prise en charge et de son rapport au patient.
Enfin, à dix-neuf heures, Candy fut libérée. Epuisée, elle remonta dans sa chambre en ne pensant qu'à une chose, s'écrouler sur son lit! Quelle ne fut pas sa surprise en ouvrant la porte de trouver sa chambre éclairée par les décorations d'un sapin !
« Anthony, c'est toi qui a fait ça pendant mon épreuve cet aprés-midi! » pense t-elle a voix haute! L'épreuve d'Anthony avait eu lieu la veille.
Une voix qu'elle reconnue aussitôt lui répondit:
«  Oui mais avec notre aide!
    •    Archibald!!!!
    •    Bonjour Candy! »
Et elle se précipita dans ses bras!
« Et moi alors, je compte pas?
    •    Annie, Oh Annie tu es là aussi!!!! »
Et elle embrassa son amie et lui serra les mains très fort.
«  Et moi je ne suis que ton père adoptif alors je compte pour du beurre?!
    •    Oh Albert! C'est merveilleux, vous êtes tous là!!
    •    Oui et c'est gràce à Anthony, ton ami qui t'a pris sans que tu le saches notre adresse et nous a écrit pour nous expliquer que tu travaillais dur pour préparer ton épreuve qui aurait lieu le 24 Décembre et que tu ne pensais même pas à fêter Noël. Il nous a donc demandé si on voulait bien venir te faire cette surprise, et nous voilà!!!
    •    Anthony,mais où est-il?
    •    Ici, dit il en sortant du petit coin cuisine avec un plateau danns les mains où il y avait des coupes de champagne.
    •    Oh merci Anthony, je suis si heureuse! Epuisée mais tellement contente de revoir mes amis!
    •    Pour me remercier j'ai peut-être le droit à un petit bisou!
    •    Ah oui Candy, il le mérite bien !! » s'exclamèrent Archie, Albert et Annie.
Candy se dirigea vers lui,se blottie dans ses bras et lui murmura:
« Merci de tout mon coeur Anthony! Merci car j'ai autour de moi les personnes les plus importantes pour moi, celles qui me donnent ma joie de vivre; Annie, Archie, Albert et toi!
    •    Moi?
    •    Oui toi, depuis que nous nous connaissons, je peux toujours compter sur toi et tu me comprends si bien, la preuve , tu as fait venir mes amis! »
Et elle déposa un léger baiser sur ses lêvres. Anthony rougit et les autres applaudirent!
La soirée de Noël se déroula dans une ambiance gaie, ils étaient heureux de se rretrouver. Anthony était ravi de faire la connaissance de ceux qui prenaient tant de place dans le coeur de Candy et dont elle lui avait tant parlé. Il était également sur un petit nuage depuis que Candy lui avait donné ce léger baiser! Archie et Annie parlaient des préparatifs de leur mariage qui aurait lieu en Juin à Lakewood.
«  Ce qui m'ennuie le plus,c'est que nous sommes obligés de faire venir Eliza et Niel car ce sont mes cousins, mais si ça ne tenait qu'à moi, ils iraient au diable!!!! maugréa Archibald.
    •    Oh Archie, ne dit pas ça!! ce n'est pas parce que ce sont les pires personnes que l'on connaisse qu'il faille que nous soyons aussi mesquins qu'eux!
    •    Tu es bien trop bonne Annie!! »
A une heure avancée de la nuit, ils se séparèrent : Archibald et Albert allèrent dans la chambre d'Anthony et Candy et Annie restèrent ensemble. Allongées côte à côte dans le lit, Annie demanda à Candy:
«  Il est très gentil ce garçon? Ne crois-tu pas qu'il pourrait te faire un gentil fiancé?
    •    Oh Annie, je pense que tu as raison mais...
    •    Mais tu penses toujours à Terry.
    •    Oui, et c'est très difficile de ne plus penser à lui, nos chemins n'arrêtent pas de se croiser!
    •    Et tu penses qu'il t'a reconnue?
    •    Non, il m'a parlé de moi, enfin il a parlé à Annie...
    •    Annie?
    •    Oui , c'est le nom que j'ai choisi pour qu'il ne sache pas qui je suis, c'est en pensant à toi que je l'ai choisi!
    •    Oh Candy!
    •    Il a donc parlé de moi à Annie et tu aurais vu son regard, entendu ces mots! Il est lui aussi toujours amoureux de moi et l'autre soir à la réception du maire, il m'a promis, à moi cette fois,qu'il ferait tout pour briser ses chaînes et que l'on puisse se retrouver! Malheureusement ,j'ai bien peur que ce ne soit impossible!!! »
Annie et Candy discutèrent un long moment encore puis rompues de fatigue elles s'endormirent!
C'est un réveil tonitruant qui les attendait le lendemain:
«  Allez debout les filles!! il est l'heure d'aller faire un bonhomme de neige à Central Parc!!! lança Archibald en ouvrant la porte de leur chambre!! allez, debout la dedans!!! » et il sauta sur le lit ce quifit faire un énorme bond aux deux jeunes filles!!!!
Albert et Anthony rigolaient de ce réveil aussi surprenant qui en plus se termina par une bataille à celui qui chatouillerait le plus l'autre! Annie et Candy eurent vite fait d'avoir le dessus sur Archibald!!!
«  Ok, Ok, je me rends!! J'en peux plus, vous avez gagné les filles!! Allez, habillez-vous en route!!! »
Candy se prépara mais au moment où elle voulut mettre sa perruque et ses lunettes, Archibald lui dit:
« Allons Candy tu es avec nous, crois-tu que ce soit vraiment nécessaire?
    •    Ben euh?
    •    Mais oui Candy, Archi a raison. De toute façon si on le croise, ne crois -tu pas qu'il trouvera bizarre que tu sois en notre compagnie! Tu n'auras qu'à lui dire qu'on est venu passer Noël à New-York pour changer un peu! L'approuva Albert.
    •    Oui pourquoi pas! »
Et elle resta donc elle même et mis juste un ruban dans ses cheveux pour les retenir en arrière. Ses boucles blondes tombaient sur ses épaules, le long de son dos!
«  Je crois que je vais quand même mettre un béret et mon écharpe turquoise, il ne fait pas si chaud dehors! »
Anthony préféra ne pas les accompagner et laisser les quatre amis se retrouver, cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient vus. En chemin, ils achetèrent à un petit kiosque, quatre bons chocolats chauds qu'ils sirotèrent en se rendant au parc. Le temps était frais et la neige dans le parc était idéale pour faire une bataille de boules de neige. Les boules fusaient de partout et les quatre amis étaient recouverts de neige! Candy en lança une, visant Albert qui lui en avait envoyé une en plein dans le nez, mais celui-ci l'esquiva en rigolant et se baissa. La boule de neige atterrie sur un jeune homme qui passait dans le coin en lisant et qui n'avait pas prêté attention à ce qui se passait:
«  Vous ne pourriez pas faire attention! Dit-il visiblement en colère. Mais... mais, c'est Candy!
    •    Oh excusez- moi monsieur, je suis vraiment... » Elle s'arrêta quand elle reconnu Terry.
    •    Oh,! Terry!
    •    Candy! J'aurais dû m'en douter, une jeune fille maladroite, ça ne pouvait être que toi! Puis voyant les autres: mais vous êtes là vous aussi? Albert?
    •    Et oui Terry, nous sommes venus passer les vacances à New-York histoire de changer d'air! Répondit Albert.
    •    Oh et ce réveillon s'est bien passé?
    •    Super! S'exclama Candy qui ne put résister au plaisir de lui envoyer une boule de neige.
    •    Candy! Se fâcha à peine Terry!
    •    Ben quoi? »
Et Albert lui en lança une aussi:
« Et ben Joyeux Noël Terry! C'est notre cadeau!! »
Et tous les quatre se mirent à lui en envoyer!
« Je vois que l'ambiance est à la guerre!! Très bien, vous allez voir!!!! » et il les attaqua également Ils rirent tous de bon coeur! Chacun avait oublié leur vie, qui ils étaient juste le temps d'une bataille de bouleS de neige dans ce matin de Noël. La trêve de Noël! Terry se mit à viser Candy et celle -ci ne voulant pas se laisser faire, profita d'un moment d'inattention de ce dernier pour lui glisser de la neige dans son cou. Il se mit à sauter sur place en secouant son col:
«  Oh ce que c'est froid,tu vas voir si je t'attrape!!!
    •    Essaie si tu peux!, et elle partie en courant.
    •    Je finirais bien par t'avoir petite chipie!!! »
Il la rattrapa, la saisie par la taille et ils tombèrent tous les deux dans la neige:
«  Tu vas voir si je vais me laisser faire!!!! »
Elle se débattait mais ce n'était pas facile tellement elle rigolait. Terry la chatouillait tout en la couvrant de neige:
«  Tu vas voir mademoiselle tâche de sons!!
    •    Non, non, arrête! D'accord, d'accord, t'as gagné je me rend!
    •    Vrai? Tu ne vas pas me jouer un sale tour?
    •    Vrai! »
Il la lâcha et roula sur le dos. Allongés dans la neige l'un à côté de l'autre ils rièrent aux éclats. Terry la regarda et vit son écharpe:
«  Cet écharpe? Où est-ce que je l'ai déjà vu? » Et il se remémora la première fois qu'il avait vu le docteur Annie André. C'était la même écharpe qui cachait son beau visage!
«  Oh aprés tout, ce n'est qu'une écharpe, il doit y avoir des centaines de jeunes filles qui ont la même! »
    •    Alors les deux là? Cria Archibald, vous êtes déjà fatigués!
    •    J'en peux plus, lui répondit Candy
    •    Et ben tu prends de l'âge ma vieille! La taquina Terry
    •    Oh !!! et elle lui envoya une poignée de neige sur le nez ,
    •    Attend toi!! Tu vas voir! »
Et il roula de nouveau sur elle pour tenter de lui faire manger la neige! Mais, troublé de la voir si proche de lui, si accessible tout d'un coup, il s'arrêta et la regarda. Elle le regarda aussi comprenant que la situation pouvait être gênante.
«  Oh et aprés tout, on ne fait que s'amuser!! » et elle lui relança une poignée de neige. Terry se recula et Candy se remit debout:
«  Alors toujours aussi fier monsieur le prétentieux?! »
Mais Terry se releva toujours troublé et ému de ce jeu dans la neige avec elle:
« Il faut que je m'en aille.
    •    Quoi? Déjà répondit Candy déçue.
    •    Oui. Merci Candy pour ce merveilleux cadeau, tu as embelli mon Noël! Et se tourant vers les autres: au-revoir amusez-vous bien et Joyeux Noël!!
    •    Joyeux Noël Terry! », répondirent-ils tous en coeur.
Et il reparti.
Albert s'approcha de Candy et lui demanda inquiet:
«  Ca va?
    •    Oui, ca va vraiment très bien! J'ai eu l'impression de redevenir une petite fille lorsque je jouais dans la neige à la maison de Pony avec tous mes petits camarades et Annie. C'est vraiment un merveilleux Noël!!! »
Ils passèrent la fin de la journée dans la chambre de Candy avec Anthony qui les avait rejoints en début d'aprés-midi. La complicité évidente qu'il y avait entre eux rassura Albert:
« Elle n'est pas seule, elle a un ami qui veille sur elle! »
Le lendemain ce fut les au-revoirs sur le quai de la gare et la vie de Candy reprit son cours à l'hôpital. Pourtant quelquechose de particulier et de difficile allait lui arriver.

Chapitre 9

Envers et contre tout!

Quelques jours plus tard, les internes de la promotion de candy furent tous convoqués dans le bureau du Docteur Bowman:
    •    « Voilà, je vous ai convoqués car nous avons une grave décision à prendre. Nous avons besoin de deux volontaires pour aller en France car il commence à manquer de médecins. Biensûr les volontaires auront deux mois pour être préparés aux différents soins et techniques chirurgicales nécessaires en situation de guerre. Vous avez deux jours pour y réfléchir et ceux qui accepteront de partir viendront me prévenir dans mon bureau. Maintenant reprenez votre travail et n'oubliez pas que ce n'est pas une décision qui se prend à la légère, que le danger est bien réel lorsque l'on se rend en pays en guerre. Pesez bien le pour et le contre, il y a des médecins et des infirmières qui sont partis et ne sont plus revenus. Je sais que c'est difficile, mais il faut avant de s'engager, être bien conscient du danger que cela représente. Allez, vous pouvez y aller. »
Les jeunes internes sortirent du bureau tout estomaqués; la situation en France était donc si grave pour qu'il manque tant de médecins? La guerre si loin jusqu'à maintenant se rapprochait d'eux à grande vitesse!
Le soir venu, Candy et Anthony étudiaient, mais tous les deux avaient l'esprit ailleurs. Candy voyant que son ami n'arrivait pas plus qu'elle à se concentrer lui demanda:
«  A quoi penses-tu Anthony? Tu m'as l'air bien inquiet?
    •    Oui Candy, depuis tout à l'heure je me torture l'esprit pour savoir de quelle façon je vais te dire ce que j'ai à te dire. »
Son air inquiet fit peur à Candy:
«  Mais qu'as-tu de si grave à me dire que tu n'oses pas le faire? »
Elle dit ses mots tout en devinant de quoi il voulait parler et une grande tristesse l'envahie.
« Et bien Candy, depuis la discussion ce matin dans le bureau de Bowman, ma décision fut tout de suite prise. Vois-tu j'ai un cousin qui s'est engagé dans cette guerre et qui est mort là-bas, et je voudrais tellement essayer de sauver quelques soldats pour qu'ils puissent retourner vivre dans leurs familles! Je vais m'engager Candy!
    •    Oh Anthony, non!!!!
    •    Si Candy. Je t'aime mais je vois bien que pour toi je ne suis que comme un frère et cela ne me suffit pas! Tu es amoureuse de ce Terrence et même si je ne te le montre pas, je crève de jalousie un peu plus chaque jour! Je ne veux pas te perdre, mais choisir entre partir à la guerre faire ce pourquoi je suis fait et mourir de chagrin de ne pouvoir t'avoir, mon choix est fait. Ma vie sera plus facile là-bas sans te voir vivre et sourire sans que ce soit pour moi!
    •    Comment ça? Mais qu'est-ce que tu racontes? Lui cria Candy dont les yeux étaient submergés de larmes. Toute ma vie j'ai perdu ceux que j'aimais le plus au monde, d'abord ma petite soeur de coeur à la maison où j'ai grandit qui est partie vivre dans une maison bourgeoise et qui ne pouvait pas garder le contact avec moi de peur que la société où elle était accueillie ne découvre qu'elle venait d'un orphelinat, puis mon amour d'enfance qui comme toi, s'appelait Anthony mort dans un accident de cheval, Terry de qui j'ai été séparée à cause d'une jeune fille qui a sacrifié sa jambe et son avenir par amour pour lui et à qui il veut se consacrer pour payer sa dette d'être encore en vie, mon cousin Alistair, disparut et certainement mort à la guerre! Et maintenant tu voudrais que je te perde toi! Tu crois donc que je ne t'aime pas suffisamment pour souffrir de ton départ?!!! »
Elle se tenait là, debout devant lui, droite et digne, mais des larmes coulaient sur son beau visage, les poings sérrés.
« Mais Candy...
    •    Non ça suffit, je ne suis pas d'accord mais je ne te laisserai pas m'arracher encore une fois un morceau de mon coeur! Même si comme tu le dis je ne t'aime pas d'un amour aussi grand que celui que tu as pour moi, tu fais partie de moi et la simple idée de te perdre me remplie d'effroi! J'ai besoin de toi, de ta présence, grâce à toi j'ai retrouvé le goût de vivre, je peux affronter le regard de Terry sur moi sans savoir qui je suis parce que je sais que lorsque je te verrais, toi tu me verras moi et ta force me soutient. Il est hors de question que je te laisse partir loin de moi!!!
    •    Mais Candy, ma décision est prise! Je pars!
    •    Très bien, dit Candy retrouvant son calme. Dans ce cas, si tu pars, je pars avec toi!
    •    Candy!!!
    •    Non, nous irons ensemble demain dans le bureau de Bowman lui faire part de notre décision! C'est comme ça et toi non plus tu ne me feras pas changer d'avis! Moi aussi je veux soigner ces hommes comme j'aurais voulu qu'Alistair le soit!
    •    Non Candy c'est hors de question! Je ne veux pas que tu risques ta vie à cause de moi! » C'était au tour d'Anthony de pleurer.
« Ce n'est pas qu'à cause de toi, c'est pour aider ces hommes qui eux risquent réellement leur vie pour une cause qui leur est chère et c'est en l'honneur de leur courage que je le fais, en l'honneur d'Alistair! Et puis, tant que je serais prés de toi, rien ne pourra m'arriver!
    •    Oh ma douce Candy! »
Il la pris dans ses bras et ils passèrent la nuit ainsi, l'un contre l'autre à savourer leur présence mutuelle, consolidant un lien qui était déjà très fort, formant une bulle autour d'eux qui les protégerait quand ils seraientt sur le front.

Le lendemain, main dans la main, ils se rendirent ensemble dans le bureau de Bowman.
Etant les deux premiers à se présenter, Bowman accepta leur candidature un peu à regret car en les laissant partir tous les deux, c'était ces deux étudiants les plus brillants qu'il perdait.
« Quel courage ces deux là. Chacun tire sa force de l'autre. Il faut que je m'arrange pour que tous les deux soient envoyés au même endroit car ils me donnent l'impression que tant qu'ils seront ensemble, rien ne pourra leur arriver tandis que s'ils sont séparés... Bravo mes enfants, je suis très fier de votre bravoure! Mais faites très attention à vous surtout! »pensa-t-il une fois qu'ils furent sortis de son bureau et que toutes les dispositions furent prises pour leur formation.
Les autres étudiants furent soulagés que deux volontaires se soient déjà désignés, ainsi ils n'avaient plus à réfléchir à une décision qu'il leur fallait prendre, une décision dangereuse et qui remettait en cause tout leur avenir.
Dés le lendemain, Candy et Anthony comencèrent à travailler en dehors de leur rythme habituel. Ils assistaient des chirurgiens dans des opérations difficiles car il fallait qu'ils soient opérationnels le plus rapidement possible. Les différents moyens pour soulager la douleur ou comment faire quand on n'avait plus les médicaments nécessaires; les opérations d'amputations réalisées sur des cadavres à la morgue, la préparation à affronter les pires blessures sans paniquer, et leur propre préparation psychologique face aux horreurs de la guerre. Chaque soir, ils se rendaient également dans un camp de préparartion militaire pour apprendre comment réagir en cas de bombardement, comment manier une mitraillette au cas où et différentes techniques de protection de leur personne.
Plus sa préparation avancait, plus Candy avait peur:
«  Tu sais Candy, tu peux laisser tomber, personne ne t'en voudra, lui dit un soir Anthony.
    •    Non, je n'ai qu'une parole, j'ai toujours fait ce que je promettais et je ne te laisserai pas tomber maintenant! C'est toi et moi envers et contre tout, et tant que tu seras là, je pourrais même affronter le yéti en personne et à mains nues s'il le faut! »
« Comme tu es courageuse ma Candy, tu es pourtant si effrayée mais pour moi tu iras jusqu'au bout! C'est la plus belle preuve d'amour que tu pouvais me faire! Je te jure de te protéger doit-il m'en coûter la vie, tu vivras et ton sourire resplendira toujours! »

Cet aprés-midi là, Candy s'accorda une promenade au parc et comme à son habitude, elle s'assit sur son banc. Elle sorti son cahier à dessin et pour la première fois depuis des semaines, elle dessina les images qu'elle avait dans la tête.C'était des images apocalyptiques de paysages ravagés par la guerre, des bombes qui explosent et des hommes qui hurlent. Comme à chaque fois que Candy venait au parc, Terry était là également. Pour lui aussi c'était un endroit où il pouvait soulager ses peines et se recharger un peu. Il y venait tous les jours et tous les jours il allait voir sous cet arbre si elle n'y était pas. Aujourd'hui enfin elle était revenue. Cela faisait plus d'un mois qu'il ne l'avait pas vue.
«  Et bien docteur vous vous décidez enfin à sortir de votre cachette? »
Candy se retourna contente d'entendre sa voix, elle aurait tellement de choses à lui dire!
«  Je ne me cachais pas , j'ai simplement eu beaucoup de travail »
Elle referma son cahier.
« Que dessinez vous que vous ne voulez pas que je vois?
    •    Rien de particulier, toujours un peu les mêmes choses! Mentit-elle.
    •    Montrez-moi?
    •    Non ce n'est rien d'interessant
    •    Depuis quand me faites vous des cachotteries? »
« Depuis longtemps Terry pensa-t-elle . Aprés tout il faudra bien que je lui dise à un moment ou un autre et pourquoi pas aujourd'hui. » et elle lui tendit son cahier.
Terry tourna les pages effrayé de ce qu'il voyait:
«  Mais pourquoi tous ces dessins sur la guerre Annie?
    •    Parce que je vais partir sur le front; Cela fait plus d'un mois qu'Anthony et moi suivont une formation particulière pour les médecins envoyés là-bas.
    •    Vous partez en France? Est-ce vous qui avait pris cette décision? lui demanda-t-il horrifié.
    •    Oui, c'est de ma propre volonté, lui dit-elle en baissant les yeux ne voulant pas lui montrer son émotion de devoir partir loin de lui.
    •    Mais pourquoi faites-vous cela?
    •    Parce qu'il le faut. J'ai beaucoup de choses à oublier, je voudrais pouvoir remettre ma vie à zéro et revenir changée, avoir l'impression d'avoir accomplie quelque chose de bien et d'important, tester ce courage que tout le monde dit que je porte en moi, pouvoir voir les choses autrement et peut-être ainsi rendre les choses qui me font mal plus légères, devenir quelqu'un d'autre! Je veux redonner un sens à ma vie!
    •    Redonner un sens à votre vie? Encore faudrait-il que vous en ayez une de vie à votre retour! Mais quelle décision incensée! S'emporta Terry effrayé à l'idée de perdre celle qui lui avait redonner de l'espoir pour son amour pour Candy, celle qui lui avait fait retrouver le sourire.
    •    Je ne suis pas venue là pour que l'on m'abatte le moral! Ce fut une décision difficile à prendre et quitte à vous mettre au courant, j'aurais souhaiter un peu plus de soutient de votre part! »
Et elle parti en courant. Terry la rattrapa:
« Je suis désolé Annie, vous avez raison, j'aurais dû vous montrer plus de soutient mais c'est très difficile pour moi de vous imaginer sur le front à risquer votre vie, vous si douce et si fragile!
    •    Je ne suis ni douce, ni fragile! Je sais me défendre quand il le faut et la mort ne me fait pas peur!
    •    La mort des autres, certes, mais la votre?
    •    Je n'en n'ai pas peur non plus, tant que je sais que j'aurais donné une utilité à ma vie! Vous, chaque soir où vous jouez, vous apportez une part de rêve dans l'esprit de ceux qui vous regardent, mais moi? Moi qu'est-ce que je sais faire d'autre que soigner les gens? Je veux aller là où on a besoin de moi!
    •    Mais ici aussi on a besoin de vous! S'ennerva Terry.
    •    Oh Terry, vous ne pouvez pas comprendre!
    •    Je ne peux peut-être pas comprendre, mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas qu'il vous arrive du mal! Votre vie Annie est précieuse, vous êtes belle, intelligente etdésirable, le monde s'éclaire avec votre sourire, et il serait bien triste si vous le quittiez!
    •    Mais Terry, je n'ai aucunement l'intention de mourir, je veux vivre bien au contraire! J'ai juste besoin de retrouver le goût de la vie, savoir pourquoi il faut la savourer, parce que là, je ne sais plus trop ce qui est bon!
    •    Oh Annie, je voudrais tant pouvoir vous retenir! Mais je vois que je ne le pourrai pas! Fit-il tristement. Promettez-moi de prendre soin de vous et de m'écrire!
    •    Je vous le promets Terry. »
Et il la prit dans ses bras pour la serrer contre son coeur une dernière fois.
«  Terry?
    •    Oui Annie?
    •    Vous aussi vous prendrez soin de vous?
    •    Biensûr Annie!
    •    Vous me le promettez? Il faut que vous soyez là pour retrouver un jour celle que vous aimez! »
Elle allait partir à la guerre et son inquiétude allait vers lui et son amour pour Candy! Mais elle aussi il en était amoureux, il avait besoin d'elle également et il ne voulaitpas non plus la perdre!
«  Terry? Vous me le promettez?
    •    Oui Annie, je vous le promets! »
et il la serra plus fort contre lui.

Chapitre 10

En route vers l'enfer

Candy et Anthony étaient arrivés sur le lieu de leur mobilisation. Ils étaient affectés dans un hopital, ancien hôtel transformé à l'arrière du lieu de bataille de Verdun. Ils devaient tous les deux travailler à la salle de réception des bléssés, là où arrivaient les soldats tombés. Les premiers jours, ils suivirent le medecin militaire en chef, le Major Martin. A son arrivée,nl'accueil réservé à Candy , une femme, fut des plus froids.
« Voilà qu'on m'envoie une femme,nmais elle va tourner de l'oeil dés son premier bléssé! Dit le major Martin.
    •    non, Major, je suis solide et je ferai tout mon possible pour être la plus efficace!
    •    Y'a intérêt, je n'ai pas le temps de m'occuper des petites filles qui tournent de l'oeil!
    •    Je ne tournerai pas de l'oeil, Major!
    •    Nous verrons ça, je vous affecte à la réception des bléssés! »
Candy était consciente que cette affectation était pour tester sa sensibilité car c'est là que les premiers soins d'urgence étaient donnés et les malheureux soldats arrivaient dans de pitoyables et horribles états. Les premieres semaines, Candy faisait des cauchemards dés que le sommeil la gagnait, mais Anthony réussissait toujours à la calmer.
Ensemble dans la même affectation, ils recevaient des gazés, des soldats défigurés, les « gueules cassées », des hommes avec des membres arrachés, des morts déchiquetés pour avoir sautés sur une bombe, des soldats aux poumons brûlés par les gaz...
Candy et Anthony étaient arrivés à Verdun juste aprés le début de l'offensive allemande le 21 Février 1916, contre cette région. Ce site avait été choisi pour de multiples raisons: c'était une position stratégique importante car elle se trouvait à proximité immédiate des usines de Briey-Thionville et du complexe ferroviaire de Metz, c'était un symbole populaire qui ne pouvait être abandonné à l'ennemi du fait du partage de Verdun en 843 entre les petis-fils de Charlemagne avec l'apparition de la France Occidentale et de ce fait, on supposait que les troupes françaises préféreraient mourir que de reculer . Pour ravitailler le secteur, il ne restait plus qu'une voie de chemin de fer reliant Bar-le-duc à Verdun, la prise de Saint Mihiel par les allemands en 1914 ayant coupé la ligne Verdun-Nancy. Parallèlement au chemin de fer se trouvait une route départementale qui fut appelée « la voie sacrée ». Ce manque de communication avec l'arrière rendait encore plus fragile cette partie du front. Verdun fut donc choisie par le Général allemand Falkenhayn pour sa vulnérabilité et du fait qu'il n'avait pas à déplacer beaucoup de troupes.
1200 hommes étaient tombés ce jour là et il n'y avait que 110 rescapés. En quelques heures, les massifs forestiers disparurent, remplacés par un décor apocalyptique. Les massifs de Haumont, de Herbebois et des Caures furent déchiquetés, hachés, nivelés.
Les journées des deux médecins étaient remplies de sang et de cris de douleurs!
Mais jamais Candy ne tourna de l'oeil ni ne montra l'horreur qui la brûlait au fond d'elle! Parfois, elle travaillait plusieurs jours en ne dormant qu'une heure par-ci parl-à! Son courage et sa détermination sucitèrent bientôt chez ses collègues médecins, qui au départ ne croyaient pas en elle, de l'admiration. Sans relâche elle soignait les blesssés, les écoutaient quand ils pouvaient encore parler de l'horreur qu'ils vivaient au fond de ces tranchées!
Le Fort de Douaumont qui n'etait défendu que par une soixantaine de territoriaux, fut enlevé le 25 Février . Ce succés fut immense pour la propagande allemande et une consternation pour les Français
Malgré tout, la progression allemande fut très fortement ralentie car la préparation de l'artillerie présentait des inconvénients pour l'attaquant. Le sol labouré devenait contraignant, instable et dangereux. Bien souvent la progression des troupes devait se faire en colonne en évitant les obstacles. Les Allemands trouvèrent une opposition à leur progression. Chose incroyable, dans des positions françaises disparues, des survivants surgissaient. Des poignées d'hommes, souvent sans officiers s'armaient et ripostaient. Les combattants français, dans un piteux état, résistaient avec acharnement et parvenaient à ralentir ou à bloquer l'avance des troupes allemandes. A la fin de la première phase de la bataille de Verdun, les objectifs du général Falkenhayn n'étaient pas atteints. La hargne du soldat français semblait avoir eu raison de plan de l'Allemand.
Le 25 Février le général Pétain fut nommé par Joffre commandant en chef du secteur de Verdun. Il réorganisa la défense et notamment pour ménager ses troupes, il imposa « le tourniquet ». Les troupes se relayaient pour la défense de Verdun.
Les combats se livraient sur les deux rives de la Meuse et c'était à chaque fois des boucheries pour les deux camps. En ces lieux, ces hommes firent preuve à la fois de courage, de desespoir, de sacrifice et d'abnégation.
Au mois de mars des batailles se livrèrent simultanément sur les deux rives de la Meuse. Là encore ce fut une innommable boucherie où la sauvagerie l'emportait sur toute sorte de compassion!. L'offensive générale allemande sur les deux rives fut arrêtée par les Français.
C'est à ce moment là que Candy et Anthony furent affectés ensemble aux ambulances. C'étaient eux qui se rendaient sur le champ de bataille pour récupérer les bléssés. C'étaient des missions difficiles et leurs vies étaient constamment en danger sous la pluie d'obus incessante. Candy appris à conduire les camions ambulances dans des situations perilleuses et dangereuses; elle devait se faufiler entre les explosions, éviter les tirs de balles ennemis. Candy et Anthony, au péril de leurs vies, devaient porter secours aux soldats en traversant un enfer de flammes sous le bruit assourdissant des bombardements et des mitraillettes.
Quant à ce qu'ils virent de la sauvagerie humaine, cela restait indescriptible. Ils devaient porter les premiers secours, parfois devant amputer un membre alors que la morphine et autres anesthésiques manquaient sur place, dans des situations où ils pouvaient sauter sous l'explosion d'un obus à tout moment. Les cris , la douleur, la hargne des soldats étaient leur lot quotidien. Le chemin de retour vers l'hôpital ne leur offrait aucunement l'occasion de relâcher leur attention pour éviter de mourir eux mêmes lors du trajet.
Candy et Anthony étaient sur le champ de bataille en première ligne. Candy était en train de porter les premiers secours à un bléssé. Anthony, qui venait de voir un soldat tombé un peu plus loin, couru dans sa direction. Candy le suivit des yeux, toujours inquiète chaque fois qu'ils se séparaient et cela était constant. Elle détourna la tête et vit un homme vêtu de ce qui restait de l'uniforme allemand regarder Anthony. Une lueur bestiale et cruelle brillait dans ses yeux et Candy compris aussitôt qu'il allait tirer sur Anthony. Alors, perdant toute notion d'humanité, retournant à un instinct sauvage de survie, elle arracha du corps du bléssé à côté d'elle sa mitraillette, l'arma, visa et tira sur le soldat allemand au moment même où celui ci allait tirer sur Anthony. De toute la sauvagerie qui était en elle, de toute la terreur qui l'habitait depuis qu'elle était ici, elle tira en criant avec toute la force du désepoir:
« Anthonyyyyy!!!!! »
Anthony se retourna et vit cette jeune femme si belle, si douce, dont le sourire pouvait soulager toutes les souffrances, tirer sur un soldat ennemi et le tuer, avec dans les yeux la bestialité d'un loup enragé! Elle venait de lui sauver la vie. Candy debout, lâcha l'arme qu'elle tenait puis s'effondra en larmes sur le sol. Elle venait d'agir contre tout ce qui avait était le fil conducteur de sa vie; tuer un homme alors que sa vocation était de les sauver.
Deux mois s'étaient ainsi écoulés, deux mois pendant lesquels Candy vivait chaque jour comme un cauchemard. Son seul réconfort était d'être avec Anthony et le peu d'instand qu'ils avaient ensemble où ils se racontaient leur ressenti, mais jamais elle n'aborda l'épisode où elle lui avait sauvé la vie. L'état dans lequel elle était au moment où elle avait tirer la térrorisait!
Un soir,elle se décida à écrire à ses amis Annie, Archibald et Albert:
«  Mes très chers amis,
je profite de mon heure de pause pour vous écrire cette lettre. Je ne peux pas dire que ma pause soit des plus calmes car j'entends au loin les bombardements quasi incessants qui sévissent sur Verdun. Chaque jour passé ici est une journée où j'ai l'impression de m'enfoncer un peu plus dans l'horreur humaine. Comment pouvons nous faire des choses aussi horribles à ses semblables pour des conflits territoriaux.? Je croyais beaucoup en l'humanité mais lorsque je vois les horreurs qu'elle est capable de faire, je me demande si la vie vaut vraiment la peine d'être vécue. Alors je pense à vous trois, qui êtes si loin de moi et grâce à votre souvenir, je reprends confiance et je pense au jour où nous nous retrouverons. Votre pensée me fait tenir et je soigne mes bléssés comme si chacun d'entre eux étaient l'un d'entre vous. Pensez à moi, cette idée me rassure et me redonne un peu d'espoir. Je vous aime.
Candy. »
A aucun moment elle ne fit allusion à son geste pour sauver Anthony d'une mort certaine, ni à ses amis, ni même à lui. Elle l'avait mis au plus profond d'elle même et chaque nuit elle revivait ce moment dans des cauchemards d'où elle se réveillait en hurlant. A chacun de ses réveils, elle aurait voulu se trouver dans son lit à New-York, en sécurité, loin de la barbarie humaine, loin de sa propre sauvagerie.
Elle voulu écrire à Terry, mais elle ne put coucher aucun mot sur le papier tant elle pleurait de penser à lui .Finalement c'est un dessin qu'elle lui envoya: c'était un paysage désertique avec des arbres qui n'avaient plus de feuilles, une bombe qui explose et des visages de soldats hurlants et dans un coin de la page, deux yeux d'où coulait une larme.. Elle signa à contre coeur: Annie André.

A New-york, depuis le départ de Candy, Terry avait retrouvé sa maussaderie habituelle. Il était constamment inquiet pour le docteur André partie sur le front. Il avait envoyé une lettre à Candy pour qui son amour était malgré tout toujours aussi fort mais il n'avait pas reçu de réponse. Pas de nouvelle d'Annie, pas de nouvelle de Candy. Son coeur était vide et froid et il supportait de moins en moins la présence de Suzanne et la pression que lui mettait sa mère pour qu'il l'épouse. Jamais il ne se marierait avec une femme qu'il n'aimait pas! Il lui consacrait sa vie c'était déjà bien suffisant. Suzanne sentait bien que Térry n'allait pas bien et qu'il était malheureux, mais aujourd'hui elle pouvait de nouveau refaire du théâtre et être sur scène avec lui. Non, elle ne se résignait pas à le libérer de sa promesse, elle ne supporterait pas de le savoir avec une autre!
Un jour, un jeune homme frappa à la porte de la troupe et c'est Terry qui vint ouvrir:
« Je suis bien à la troupe Stratford? Demanda l'inconnu.
    •    Oui , lui répondit Terry
    •    Voilà, je m'appelle Bryan Winston et je voudrais devenir comédien et on m'a dit de m'adresser ici ? »
Terry se revoyait quelques années en arrière tenant le même discours à Suzanne qui lui avait ouvert la porte.
«  oui entrez, je vais chercher le directeur de la troupe, monsieur Hattaway.
    •    merci beaucoup. »
Monsieur Hattaway lui fit apprendre un rôle de façon à l'auditionner, rôle qu'il interprêta face à Suzanne lui donnant la réplique. Dés que Bryan vit Suzanne, son coeur ne fit qu'un bond!
« C'est l'actrice qui a perdu une jambe lors d'une répétition pour sauver l'acteur Terrence Granchester! Elle est encore plus belle que sur les photos des journaux!! »
Ils jouaient ensemble une scène de Roméo et Juliette. Monsieur Hattaway pensa qu'il était beaucoup moins doué que ne l'était Terry lors de son arrivée, mais qu'il avait suffisamment de talent pour intégrer la troupe. Bryan fut transporté de joie à l'idée d'être dans la même troupe que cette magnifique actrice. Peut-être deviendraient-ils amis? Terry,lui, avait bien remarqué l'expression du visage du jeune acteur à la vue de Suzanne et se dit:
« Si seulement cette attirance pouvait être réciproque! »
En rentrant à son appartement, la gardienne de l'immeuble l'interpella:
«  Monsieur Terrence! Il y a une lettre pour vous!
    •    Ah merci beaucoup madame Eugénie! »
La lettre venait de France.
«  Mon dieu c'est une lettre d'Annie, elle va bien alors! »
Il s'installa sur son lit et s'alluma une cigarette avant d'ouvrir la lettre. Il en sorti le dessin qu'elle avait fait.
«  Elle n'a écrit aucun mot, elle a juste fait ce dessin pour me décrire l'horreur qu'elle vit chaque jour! Revient vite et surtout prend soin de toi! Comme tu me manques!!! »
Au fur et à mesure que les jours passaient, le nouveau venu Bryan s'intégrait de mieux en mieux à la troupe Stratford. C'était un jeune homme gentil, souriant, social et qui aimait beaucoup plaisanter. Il faisait rire tout le monde, mais la personne qu'il aimait le plus entendre rire était Suzanne. Elle aussi reconnaissait que ça lui faisait du bien, cela faisait longtemps maintenant qu'elle n'avait plus eu de fous rires! Seul Terry restait sourd aux plaisanteries de Bryan. Sans nouvelles des deux femmes qui occupaient son coeur, rien ne pouvait le dérider. Son jeu sur scène le soir n'en n'était pas du tout affecté car il jouait le rôle d'un homme dont la femme mourait dans ses bras. Sa propre tristesse le rendait criant de vérité. Pourquoi Candy ne répondait-elle pas à ses lettres? Pourquoi Annie était partie à la guerre? Pour suivre Anthony certainement, Terry ayant appris par le docteur Keller que ce dernier était parti lui aussi. Il aurait aimé se rendre à Chicago pour voir Candy mais son emploi du temps actuel avec la nouvelle pièce qui se jouait à guichet fermé, ne lui permettait pas!
Quand il voyait Suzanne rire avec Bryan, il avait l'impression d'avoir un peu de répit. Bryan était vraiment sous le charme de la jeune actrice et elle aussi ne paraissait pas insensible au sien . Tous les deux passaient de plus en plus de temps ensemble et Suzanne l'aidait souvent à améliorer son jeu de scène. Il n'était pas rare de les voir tard le soir à revoir le jeu de chacun et on les entendait rire du couloir. Cela faisait plaisir à Terry de voir Suzanne retrouver le sourire:
«  Depuis qu'il est arrivé, je te vois sourire et rire à nouveau et cela te va si bien!!! Tu commences à t'éloigner de moi et cela te fais du bien. J'en suis content car jamais je n'aurais réussi à te rendre heureuse » pensait souvent Terry quand il les entendaient rire.
Suzanne elle, appréciait ces moments en compagnie de Bryan:
« Que va penser Terry de moi, moi qui l'ai obligé à quitter la femme qu'il aimait pour rester avec moi? Je passe beaucoup de temps avec Bryan mais sa joie de vivre me fait tant de bien, je suis bien avec lui et je me détache de plus en plus de Terry! Mais que m'arrive-t-il donc? C'est pourtant de Terry dont je suis amoureuse, alors pourquoi est-ce que je me sens si triste quand je suis avec lui? Avec Bryan je me sens belle et j'oublie ma jambe, j'ai de nouveau envie de vivre et d'être heureuse! Devrais-je quitter Terry et me laisser le droit à moi aussi d'être heureuse avec quelqu'un qui me fait sentir si bien? Oh Terry que penseras-tu de moi aprés tout ce que je t'ai demandé? Mais tu ne m'as jamais aimé, jamais tu n'as pu oublier cette Candy et Bryan lui,à l'air d'être bien aussi en ma compagnie? Que faire pour ne blesser personne, il faudra que je fasse un choix, »


Chapitre 11

Un ami perdu dans le chaos


A la fin avril le général Pétain fut remplacé par le jeune général Nivelle ;
Au mois de Juin les allemands étaient tout prés de Verdun. Le 8 Juin, le général Falkenhayn fit bombarder le secteur avec des obus au phosgène. Mais les Allemands devaient attendre que les gaz soient dissipés pour pouvoir attaquer. Ce temps précieux fut mis à profit par les forces françaises pour renforcer leur position. Lorsque l'assaut eu lieu le 23 Juin,les Allemands furent contenus.
Ce jour là, ce n'était pas le jour d'Anthony et de Candy d'être de sortie, ils devaient rester sur place. Cependant, le médecin chef Martin les fit venir de toute urgence:
«  Vous deux vous venez avec moi! Une des ambulances envoyée pour récupérer des blessés vient de sauter sur le chemin. En route, on y va !»
Morte de peur de devoir sortir de la sécurité de l'hôpital alors que ce n'était pas leur jour, et d'autant plus qu'une ambulance venait d'être perdue, Candy serra la main d'Anthony. Aujourd'hui, elle ne savait pas pourquoi, pourtant elle devait commencer à s'habituer, mais la peur l'avait prise au ventre comme lors de sa première sortie. Celui-ci la regarda et lui sourit:
« Tant que l'on est ensemble, on est invincible, tu n'as pas oublié?
    •    Non, je n'ai pas oublié! »
Et ils montèrent dans l'ambulance chargée de les emmener. La tension était palpable à l'intérieur du véhicule, personne ne parlait mais de toute façon le vacarme des bombardements empêchait toute conversation. Ils arrivèrent sur le lieu de la bataille. Des obus pleuvaient de toute part. L'enfer devait paraître serein à côté de ce qu'il se passait ici. Les hommes se battaient, seuls contre la mort, ils se sentaient revenir à l'état de bêtes luttant contre leur survie, tuer l'ennemi coûte que coûte. Candy et Anthony étaient chargés de ramener dans le camion tous les blessés qu'ils trouvaient. Malheureusement ils étaient surtout entourés de nombreux morts, cadavres déchiquetés par les obus. Anthony entendit un sifflement sourd derrière lui et il eu juste le temps d'attraper Candy et de plonger dans un trou formé par un précédent obus pour se mettre à l'abris; Ils reçurent des débris de l'explosion et Candy fut légèrement bléssée à la tête.
«  Candy, Candy, répond moi!! hurla Anthony
- Ca va , ca va, je n'ai rien!!
    •    Mais si, tu es bléssée à la tête!
    •    Ca va, tout va bien, il faut continuer! »
Candy était auprés d'un des bléssés qui était sur le point de mourir quand celui -ci lui dit:
«  La bas, tendant son bras dans une direction, mon ami...Victor, que je l'ai appelé....il a déjà été blessé... il ne sait plus qui il est...mais il continue à se battre... il est bléssé... aidez le... S'il s'en sort il pourra partir... Aidez le...
    •    Soldat, demanda Candy, comment vous appelez vous?
    •    Pierre... », réussit -il à articuler dans un dernier souffle avant de mourir dans les bras de Candy.
Encore un de ses courageux poilus dont la vie s'échappait de ce corps ravagé par la folie des hommes dans ses bras .
«  Là-bas, un survivant, il faut que je le sauve! »
et Candy se leva etse mit à courir dans la direction indiquée par le soldat. Des bombes explosaient de toutes parts et Candy crut une centaine de fois au moins que c'était pour elle, mais miraculeusement, elle avançait à travers le feu comme au travers des flammes de l'enfer. Tout en courant, elle appelait quelqu'un pour venir l'aider à récupérer ce soldat. Au moment où elle arrivait sur le lieu, elle l'aperçu, étendu par terre, le corps bloqué par une barre en fer. C'était un homme jeune, brun avec des lunettes. Il était barbu comme tous les soldats mais quand il la regarda et lui demanda de l'aide en anglais, elle sut, elle reconnu ses yeux, elle reconnu sa voix;
«  Alistair, c'est toi tu es vivant!!! »
Une bombe explosa à ce moment là et Candy fut projetée et envoyée contre le soldat. Anthony hurla:
«  Candyyyyy!!! » et se précipita là où elle était tombée:
«  Candyyy! Noooonnn! »
Quand il arriva prés d'elle, elle était inconsciente mais vivante. Il la secoua:
«  Candy, Candy répond moi!!! »
elle revint à elle:
« Aaah, ma jambe, ma jambe me fait mal! »
Anthony palpa sa jambe, aucune plaie mais une fracture apparemment sans gravité.
«  Ta jambe est brisée Candy mais ce n'est rien de grave! »
Le soldat présent en entendant ce nom de Candy sentit une impression bizarre en lui. Il avait été bléssé il y avait à peine un an de cela alors qu'il était en offensive aérienne. Il avait réussi à sauter in extrémis de son avion en parachute mais quand il avait atterri , il fut blesser à la tête et il oublia qui il était et d'où il venait. Là où il fut transporté pour être soigné, personne ne le connaissait. Il ce fit un ami qui l'appela Victor. Aprés tout, il n'avait pas de prénom, il fallait bien lui en donner un. Ils furent de toutes les batailles ensemble et une grande amitié s'était construite entre Pierre et Victor. Mais ce prénom, Candy, cela évoquait quelque chose d'agréable en lui. Et il lui semblait qu'elle l'avait appelé, avec quel prénom déjà? Alistair? Elle semblait l'avoir reconnue, il faudrait qu'il la revoit, sortir de là vivant et elle aussi pour qu'il lui parle! D'autres hommes vinrent aider Anthony à ramener Candy et le jeune soldat dans le camion. Elle avait mal à la tête et a sa jambe, mais Alistair était auprés d'elle, elle en était sûre et cela lui faisait oublier sa douleur. Le chemin vers le retour fut des plus dangereux, la route étant assaillie d'obus, mais ils arrivèrent le lendemain à l'hôpital. On banda la tête de Candy et sa jambe fut immobilisée. Dés qu'elle put se lever elle partie à la recherche d'Alistair. Quand elle le trouva, il avait été rasé et plus aucun doute ne subsistait . C'était bien lui! Celui que tout le monde croyait mort, son ami d'enfance qui la faisait tant rire et qui tant de fois lui avait remonté le moral!
« Oh Alistair, c'est toi tu es vivant! » et elle se mit à pleurer sa tête contre sa poitrine . Elle sentie sa main caresser doucement ses cheveux:
«  Vous êtes charmante mademoiselle, mais qui êtes vous? » Lui demanda Alistair.
Candy, releva sa tête et elle le regarda, ses grands yeux baignés de larmes. A sa vue Alistair entendit dans sa tête le son du rire cristallin d'une jeune fille. Il sentait que cette jeune femme provoquait quelque chose en lui et apparemment elle le connaissait!
«  je suis Candy! »
«  Candy, se dit Alistair. Pourquoi l'idée de se prénom me fait sentir une sensation de joie et de bien être? »
«  je suis Candy, je suis Américaine et toi tu es Alistair, tu es Américain aussi et nous sommes des amis depuis notre enfance!
-Alistair, c'est moi?
    •    Oui c'est toi et tout le monde te croyait mort!
    •    Candy? Oui ça me rappelle quelque chose! »
Ils passèrent toute la journée ensemble, Candy étant bléssée elle pouvait passer le reste de son temps avec lui. Il était blessé mais rien de grave. Juste quelques côtes de cassées. Comme c'était sa deuxième blessure, il pouvait choisir de rentrer chez lui et maintenant il connaissait quelqu'un qui savait où c'était . Il allait rentrer auprés de ceux qui le connaissaient et qui d'aprés les dires de Candy, l'aimaient. Il essaierait de retrouver ses souvenirs perdus. Cependant Candy avait bon espoir de le voir recouvrer la mémoire car l'évocation de certaines choses lui rappelait des sentiments ou des sensations. Elle était sûre que s'il retournait chez lui, la stimulation de ses souvenirs ferait tout renaître en lui.
Candy et Anthony par la bravoure dont ils avaient fait preuve lors de toute cette journée en première ligne eurent également la possibilité de rentrer dans leur pays et d'oublier tout ça. Candy accepta ,elle avait retrouvé Alistair et maintenant elle voulait l'aider à retrouver ses souvenirs. Elle en parla à Anthony qui fut très content de son choix mais lui ne semblait pas vouloir rentrer.
«  De toute façon, si tu restes, je reste car sans moi j'ai peur qu'il ne t'arrive quelque chose! Ensemble on est invincible, tu te souviens? Regarde sans toi, je serais certainement morte si tu ne m'avais pas protéger de cet obus! C'est à mon tour maintenant de te sauver en te ramenant en Amérique! »
C'est vrai qu'il avait faillit la perdre et quand il vit la supplication dans ses yeux il accepta. Un mois plus tard ils furent donc rapatrier aux Etas-Unis.
Candy avait envoyé une lettre à Chicago pour leur dire qu'Alistair n'était pas mort, qu'il avait été bléssé et avait lui auss,i comme Albert à une époque , perdu la mémoire. Elle rentrait avec lui!
Pour Terry, elle envoya un dessin représentant en premier plan, un champ de bataille dévasté recouvert de cadavres, et en deuxième plan ,un bâteau s'éloignant sur la mer ,vers le soleil couchant. Bateau de la vie qui sortait de l'enfer. Le nom qu'elle donna au bateau fut:  «  Hope of life. Us marina »



Chapitre 12

Retour de l'enfer


A Chicago, lorsqu'Albert reçu la lettre de Candy, il attendit qu'Archibald et Annie soient présents pour l'ouvrir. Dés qu'il leur fit parvenir le message, tous les deux se précipitèrent aussi vite que possible pour avoir enfin des nouvelles de leur amie qui était partie à la guerre.
Des larmes inondèrent leurs visages quand ils apprirent qu'Alistair n'était pas mort . Albert convoqua la tante Elroy:
« Mais que se passe-til donc pour que vous pleuriez tous? Enfin dîtes moi, vous m'inquiétez?
    •    Ne vous inquiétez justement pas,l ui répondit Albert, tout va bien justement.
    •    Ah bon,alors pourquoi ces pleurs?
    •    Candy revient de France.
    •    Bah, Candy!
    •    Elle revient de France et elle ne revient pas seule!
    •    Comment pas seule?
    •    Elle ramène avec elle Alistair!
    •    Alistair, mais que racontez-vous? Alistair est mort!
    •    Son corps n'a jamais été retrouvé, souvenez vous ma tante!
    •    Et Candy l'aurait retrouvé? »
Albert lui expliqua pourquoi Alistair disparu n'avait jamais pu dire qu'il était vivant. La tante Elroy joignit alors ses larmes à ceux des autres.

A New-york Terry se promenait dans le parc comme il avait continué de le faire lorsqu'Annie était partie. Il pensait à elle et à Candy. Ces deux femmes qui lui torturaient le coeur car il les aimait toutes les deux. Biensûr l'amour qu'il avait pour Candy était bien ancré en lui, cela faisait plus de quatre ans qu'il en était fou; mais Annie,elle avait vécue prés de lui à New-York et c'est grâce à elle qu'il avait retrouvé son sourire perdu le jour où il avait perdu Candy. Seul avec ses pensées, il aperçu au loin un couple enlacé et s'embrassant tendrement:
« Décidément tout le monde à le droit d'être avec la femme qu'il aime,sauf moi ! »
Quand le couple reprit sa marche il remarqua chez la jeune femme un léger boîtement:
«  Mais c'est Suzanne et Bryan!! Ca alors, elle se serait enfin éprise d'un autre!! Je suis bien curieux de savoir quand et comment elle me l'annoncera!! Elle le mérite bien, car de toute façon ,je n'ai pas été capable de la rendre heureuse!!! Dés que j'ai quelques jours de repos, je vais à Chicago rejoindre Candy!!! »
Ce fut le coeur léger qu'il rentra chez lui. En passant devant la porte de madame Eugénie, elle l'interpella:
« Monsieur Terrence? Courrier!!
    •    Merci madame Eugénie »
«  Tient ça vient de Southampton? Qui est-ce? »
Il ouvrit la lettre et en sortit le dessin:
«  Qu'est-ce que cela veut dire? Mon Dieu elle rentre!!!! Une date tout en bas: le 4 septembre. Elle revient le 4 Septembre!! Mon dieu elle est vivante, elle revient! Sept mois en France à Verdun, là où se déroulaient les plus terribles bombardements et elle est encore vivante!!! »


© sanyloulou 2008