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LES CROISEES DU DESTIN
par Sanyloulou
Chapitre 5
Le baiser volé
En fin de matinée, Candy reçu une lettre en provenance de
Chicago. C'était la réponse de ses amis. Ils lui
écrivaient qu'ils étaient très fiers d'elle et
qu'elle leur manquait. Annie lui disait qu'elle était prise
toute la journée pour les préparatifs du mariage qui
aurait lieu dans trois mois maintenant.
Albert, lui s'inquiétait de sa nouvelle relation avec Terry; il
trouvait qu'elle risquait de se brûler les ailes et qu'elle
ferait mieux de ne plus l'avoir comme patient. Par contre cet Anthony
lui paraissait très sympathique et déjà bien
amoureux d'elle!
« Mais qui ne le serait pas, n'est-ce pas Candy? »
Cette lettre lui fit du bien et elle retourna à son travail.
Vers trois heures de l'aprés-midi, le Docteur Keller la
libéra:
« Votre journée est terminée Candy. Vous
êtes en service depuis cinq heures ce matin et je pense qu'une
petite promenade vous ferez le plus grand bien!
*
Mais, ça va docteur je ne suis pas fatiguée! Je peux rester!
*
Comme vous dîtes, je suis docteur,
et de ce fait je vous prescrit une balade! Votre rythme de travail est
le plus important de tous et vous ne tiendrez pas longtemps si vous
continuez comme ça! Allez, hop! Dehors!
*
Bien Docteur! »
Comme à son habitude, elle alla
dans le parc, vers le petit lac, là où elle avait
l'impression de retrouver un peu de sa campagne. Elle alla prés
d'un gros arbre et le regarda avec l'envie de grimper dedans:
« Aprés tout je suis
en pantalon et ça fait bien longtemps que je ne l'ai pas fait.
Il n'y a personne, allez hop, c'est parti!!! » et elle sauta pour
s'accrocher à la première branche et s'installa sur une
plus haute.
C'est alors qu'elle entendit un rire monter jusqu'à elle:
« Mais c'est le rire de Terry! Oh
non, il fallait justement que ce soit lui qui me voit!! »
Elle se pencha vers le bas et quand elle le vit, elle lui demanda:
« Puis-je savoir ce qui vous fait rire?
*
Mais vous chère demoiselle! M'autorisez-vous à vous rejoindre?
*
Quoi? Ici?
*
Biensûr, pas sur la lune!! »
Et il grimpa d'une façon
très agile. Lui aussi grimpait aux arbres depuis son enfance et
il était à ce jeu là, le seul concurrent valable
que Candy avait eu. La rejoignant sur une branche voisine, il lui dit :
« Et bien mademoiselle Annie, je suis bien surpris de vous voir si agile!
*
Et pourquoi ça?, demanda-t-elle
comme s'il n'y avait rien d'exceptionnel à ce qu'une jeune fille
sache grimper à un arbre.
*
Je vous imaginais plus sérieuse
que cela, et je ne pensais pas du tout que c'était le genre
d'une jeune fille aussi bien élevée que vous!
*
Mais j'ai grandi à la campagne
avec des petits fréres et si je voulais être tranquille,
c'était le seul moyen que j'avais, mentit-elle.
*
Décidément vous me
rappelez vraiment une jeune fille que j'ai bien connue, il y a
longtemps!
*
Ah bon, et c'est parce que je vous
rappelle cette jeune fille que je vous trouve toujours sur mon chemin?
*
Peut-être un peu pour ça et
peut-être un peu pour vous aussi, qui sait? Alors comme
ça, vous ne voulez plus de moi comme patient? Vous en avez assez
de rougir?
*
D'abord je ne rougissais pas, seulement
il faisait chaud, c'est tout! Se défendit-elle un peu comme elle
le pouvait. Et en plus,ce n'est pas ma décision mais celle du
Docteur Keller qui pense que je peux avoir des cas, plus... enfin...
moins...
*
Attirant peut-être?
*
Oh Terry, vous êtes impossible!
*
Tiens, on devient intime, vous m'appelez Terry?
*
Monsieur Granchester, je vous prierais
de vous montrer un peu plus poli envers moi et de bien vouloir me
laisser tranquille! »
Terry siffla:
« Bien mademoiselle! »
Et il redescendit de l'arbre. Candy qui
avait encore un peu envie de jouer à ce jeu là et pas
tellement de le quitter, le rappela d'une petite voix:
« Euh....Terrance? S'il vous plaît?
*
Qu'y a-t-il jeune damoiselle?
*
Euh... Auriez vous l'obligeance de bien
vouloir m'aider à descendre de l'arbre, j'ai un peu perdu
l'habitude! » minauda-t-elle.
Terry éclata de rire et répondit d'une façon théâtrale:
« Oh mon Dieu! Une
demoiselle en détresse!! Vite j'accours! Sautez dans mes bras
gente demoiselle, je vous rattraperais! »
Candy cligna un oeil et lui répondit:
« On va bien voir!! ».
Bien évidemment elle savait
toujours sauter des arbres sans se blesser et c'est ce qu'elle fit.
Terry fut surpris et quand il la rattrapa dans ses bras, il perdit
l'équilibre et tous deux roulèrent par terre ,
enlaçés en s'esclaffant de rire. Lorsqu'ils
arrêtèrent de rouler, ils riaient encore et Terry la
tenait toujours dans ses bras. Candy posa sa tête contre sa
poitrine en riant, quand elle se rendit compte de la situation . Elle
était dans les bras de Terry et lui la serrait contre lui! Comme
elle avait rêvé de cet instand! Mais elle réalisa
que ce n'était pas Candy qu'il serrait contre lui mais le
Docteur Annie André! Oh et puis aprés tout qu'importe,
c'était comme leurs jeux d'autrefois! A ce même moment,
Terry parut se rendre compte de la même chose mais, il resserra
son étreinte . Ils se regardèrent retrouvant tout
à coup leur sérieux. Terry approcha lentement son visage
d'elle et doucement il l'embrassa. Candy se souvenait du premier baiser
qu'il lui avait donné et elle se souvint de lui avoir
reproché sa brutalité. Mais aujourd'hu,i ses lêvres
étaient douces et elle l'embrassa aussi. Elle aurait voulu que
ce moment ne s'arrête jamais, elle l'avait tant
espéré! Puis Terry s'éloigna et se releva. Il lui
tendit sa main pour qu'elle en fit de même.
« Je suis désolé, dit Terry retrouvant son air hautain.
*
Ce n'est rien, répondit Candy
soudain gênée. Il vaut mieux que je rentre j'ai du travail.
*
Oui, je pense que ça vaut mieux. »
Ils se regardèrent dans les yeux
conscients qu'ils avaient eu tous les deux envie de ce baiser.
« Je pense qu'il serait plus sage que l'on ne se revoit pas, lui dit Candy
*
Je le pense aussi. »
Et chacun parti de son côté.
Candy eu beaucoup de mal à s'endormir ce soir là. Elle
était encore bouleversée du baiser de Terry, si doux et
si passionné! Mais des sentiments contradictoires envahissaient
son esprit:
« C'est Annie André qu'il a embrassée, pas
moi. Ca veut dire qu'il est en train de m'oublier!! Pourtant à
un moment dans l'arbre, il m'a dit que je lui rappelais une personne,
c'était certainement moi et c'était un peu pour ça
qu'il s'interressait à moi! Mais Annie, c'est moi aussi!! Oh
lala, voilà, je suis complètement perdue!!! »
Terry lui aussi ne pouvait s'empêcher de repenser à ce doux moment:
« Mais pourquoi est-ce- que je l'ai embrassée? Parce que
depuis la première fois où je l'ai vue, elle me rappelle
tant Candy! Cet aprés-midi, j'ai cru retrouver avec elle mes
jeux d'antan . Oh ma douce Candy, pardonne-moi, mais elle te ressemble
tant!! je te retrouve à travers elle, elle a la même
spontanéïté que toi et la même façon de
retrouver le sourire malgré sa tristesse! Oh Candy, te
reverrai-je un jour? »
Il la reverrait et plus tôt qu'il ne le pensait!!

Chapitre 6
De bien belles retrouvailles
Le lendemain Candy reçue une lettre d'Albert lui expliquant
qu'il devait venir voir le maire de New-York pour affaires et celui-ci
voulait rencontrer sa fille dont il avait tant entendu parler!! Il lui
disait également que le maire les invitait au
théâtre voir « Hamlet » et qu'il organisait
ensuite une réception avec les acteurs. Candy en fut toute
retournée:
« Mais alors je vais revoir Terry!! Enfin... en tant que moi biensûr!! »
Terry apprit la nouvelle au même moment par Monsieur Hattaway:
« Et il y aura sa fille aussi, vous êtes sûr?
-Oui, normalement mademoiselle Andrey devrait faire le
déplacement depuis Chicago jusqu'ici puisque le maire souhaite
la rencontrer. Enfin ,c'est sous réserve qu'elle puisse quitter
son travail, puisqu'il paraît qu'elle travaille! C'est bien
curieux de la part d'une riche héritière!! »
« Mais Candy n'est pas comme les autres, je suis sûre
qu'elle a su rester très simple! Mon Dieu je vais la voir et
elle va me voir jouer. Il faut que je sois inoubliable, que je joue
comme jamais je n'ai joué, qu'elle soit fière de moi!!!
»
Suzanne qui savait qui était cette riche héritière
fut très inquiète de voir le visage de Terry
s'épanouir à la perspective de revoir Candy et quand elle
se retrouva seule avec lui, elle le lui fit comprendre:
« Terry, à propos de cette soirée?
*
Oui?
*
Je ne veux pas que tu ailles à la réception aprés!
*
Et pourquoi je te prie?
*
Tu le sais très bien!!
cria-t-elle. Elle sera là et je ne veux pas que tu la revois!!!
*
Suzanne, s'irrita Terry, je t'ai choisie
toi et pas elle, seulement je vais la revoir une soirée et tu
pourras faire ce que tu voudras, tu ne m'en empêcheras pas!!
Rassure-toi, c'est vers toi que je rentrerais!
*
Mais tu seras de nouveau si triste!
*
Et à qui la faute?!!! »
et Terry sorti de la pièce en claquant la porte.
Suzanne s'effondra en larme:
« Oh mon Dieu Terry, tu l'aimeras
donc toujours!! Et moi, moi je t'aime pourquoi ne me regardes-tu pas
comme tu la regardes elle? Pourquoiiii!! »
Candy rejoignit Albert à son hôtel et s'installa dans la
chambre réservée pour elle. C'était une luxueuse
pièce avec tout le confort et une salle de bain toute en marbre
avec une baignoire. Albert se tenait derrière elle quand elle
découvrit la pièce. Candy ne put retenir un sifflement
d'admiration:
« Et ben! C'est la chambre d'une princesse!!
*
Candy, est-ce là des
façons de faire pour une jeune fille du monde? Le collège
Saint Paul ne t' a donc rien appris? Je t' ai pourtant envoyée
là-bas pour parfaire ton éducation de jeune fille du
monde!
*
Oh Albert vous savez bien que
là-bas, à part l'hyppocrisie et la
méchanceté, je n'ai pas appris grand chose!!!
*
Si, tu y a appris l'amour!
*
Oui, et aussi la souffrance de perdre celui qu'on aime, soupira-t-elle.
*
Allons Candy, ce soir tu vas le voir et
lui va te voir en Candy et non pas en...comment déjà? Ah
oui, Annie André!
*
Albert ne vous moquez pas!! C'est le
seul moyen que j'ai trouvé pour me protéger!! Pas
très efficace d'ailleurs!! ajouta-t-elle songeuse.
*
Comment ça? Que veux tu dire?
*
Et bien je crois bien que Annie plaît à Terry; »
Elle lui raconta l'aventure du parc. Albert éclata de rire.
« Mais pourquoi riez-vous, il n'y a rien de drôle au
contraire! C'est même plutôt grave!! Vous rendez-vous
compte qu'il m'est infidèle?!! » s'exclama Candy
indignée et vexée qu'Albert prenne son histoire autant
à la légère.
La tête que fit Candy fit encore plus rire Albert.
« Mais arrêtez enfin!! Quoi?
*
Mais voyons Candy, ta
naîveté m'étonnera toujours!! répondit
Albert. Terry infidèle,!!! hahaha, bien au contraire Candy, il
ne t'a jamais été plus fidèle!! Sous tes lunettes
et ta perruque c'est bien Candy qui est là, même
cachée sous ce déguisement tu es toi même!
Biensûr un peu différente de l'adolescente qu'il a connue
car tu as un peu plus vécue ,et des choses difficiles, notamment
à l'hôpital volant et simplement par ton métier
d'infirmière, des choses qui t'ont faites mûrir, mais
c'est toujours Candy, qu'elle s'appelle Annie ou Tartempion!!
*
Vous croyez vraiment Albert?
*
Mais biensûr, il te retrouve
derrière tes lunettes et faux cheveux bruns!! Il ne le sait
peut-être pas,mais c'est toi qu'il voit!!
*
Oh Albert vous êtes génial!! » et elle sauta dans ses bras.
Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée du
théâtre, une foule de journalistes les attendait. Georges
ouvrit la portière. Albert descendit de la voiture et quelques
flashs crépitèrent. Il tendit sa main à Candy qui
descendit à son tour . Et là, les flashs fusèrent
de partout, car les journalistes se souvenaient de la magnifique jeune
fille qu'elle était. On l'appelait de partout:
« Mademoiselle Andrey par ici, s'il vous plaît!!
*
Par là mademoiselle Andrey!
*
Un sourire s'il vous plaît!
*
..... »
Candy ne savait plus où donner de la tête tant elle
était acclamée et même par des personnes qui
n'étaient pas des journalistes. Il y avait là de jeunes
hommes tombés sous charme lors de sa présentation ou en
voyant sa photo dans le journal, des mères de familles et des
jeunes filles qui admiraient son choix d'être infirmière
par delà les convenances qu'imposait sa situation sociale.
Albert vit son trouble et la saisit par la taille. Il tint son bras
écarté devant elle pour la protéger de la foule.
Georges vint l'aider ainsi que quelques personnes du
théâtre. Candy n'en revenait pas et ne comprenait pas cet
engouement. Albert lui expliqua que c'était non seulement sa
beauté mais également sa rébellion contre la Haute
Bourgeoisie qui fascinaient les gens.
« Mais de quelle rébellion paraez-vous?
*
Ton travail Candy! Aucune femme de la
Haute Société ne travaille mais toi, oui, et qui plus est
un travail de dévouement aux autres!
*
Oh la la, je me dis que je fais bien de
toujours me balader même dans la rue avec mon déguisement
car si c'est à chaque fois une émeute pareille lorsque je
sors!!!! »
Et ils éclatèrent de rire.
Terry n'avait rien manqué de l'arrivée de Candy . Il
avait vu toute la scène du toit du théâtre
d'où il avait une vue imprenable. Il l'avait vue sortir de la
voiture comme au ralenti tant il était impatient. Elle n'en
finissait pas de descendre!! Mais quand elle apparue, il fut
estomaqué. Sa longue chevelure blonde avait été
lissée, certainement par des coiffeuses privées, et lui
tombait dans le dos. Un léger coup de vent fit s'envoler
quelques mèches et Candy avait donné un charmant coup de
tête pour dégager son visage. Ce serait d'ailleurs cette
magnifique photo d'elle qui paraîtrait le lendemain. Elle
était vêtue d'une longue robe de velours bleue marine
mettant en valeur le vert de ses yeux. Elle portait la même
émeraude que le jour de la cérémonie d'Albert. Ses
mains étaient habillées de gants de soie de la même
couleur que sa robe et une natte tréssée avec un ruban
assorti à sa tenue, lui formait un bandeau de cheveux qui lui
dégageait le front et dévoilait encore plus la finesse de
ses traits. Elle ne portait que très peu de maquillage, juste un
léger rose sur les lêvres qui mettait en valeur la forme
parfaite de sa bouche.
Terry pensa:
« Et un ange descendit du ciel!! Comme tu es belle ma Candy!
Comme tu as changé! Tu es devenue une vraie femme maintenant, tu
n'es plus cette petite jeune fille facétieuse qui grimpait aux
arbres!! Mademoiselle Tarzan!! Tu dois avoir de nombreux
prétendants et je ne doute pas qu'on annoncera prochainement ton
mariage avec un de ces dandis prétentieux!! Je ne dois plus
être assez bien pour toi de toute façon! J'ai quand
même hâte de te parler et d'entendre de nouveau ton rire et
le son de ta voix »
Terry ce soir là ne joua son rôle que pour elle comme s'il
n'y avait qu'elle dans la salle . Il savait à quel endroit elle
était assise et regardait très souvent vers elle
même si lui ne pouvait la voir à cause des
éclairages. Candy non plus ne le lâchait pas des yeux et
elle le trouvait merveilleux. Elle repensait également à
la dernière fois où elle l'avait vu, quand, la prenant
pour une autre, il l'avait embrassé.
Enfin ,la pièce se termina et Candy se mit debout et l'applaudit de toute ses forces.
Elle prit le bras d'Albert et ils se dirigèrent à
l'entrée du théâtre où un fiacre les
attendait pour les conduire à la maison du maire où une
réception était organisée. Les acteurs les
rejoindraient . Les journalistes aussi étaient de la partie et
pour l'instand ils étaient tous sur Candy et Albert leur
demandant comment ils avaient trouvé la pièce. Un des
journalistes posa une question à Candy qui l'a fit
légèrement rougir:
« Mademoiselle Andrey, le jeune acteur Terrance Granchester
à beaucoup d'admiratrices, en faîtes vous partie? »
Candy sourit. Non elle n'était pas une de ses admiratrice, elle
était son amoureuse depuis l'adolescence! Elle sourit et
répondit:
« Je lui trouve beaucoup de talent , je suis très
impressionnée par son jeu et je pense que c'est le meilleur
acteur de sa génération... Et biensûr, je ne suis
pas insensible à son charme!! » et elle fit un clin d'oeil.
Sa réponse simple et franche séduisit les journalistes. Elle se détourna et monta dans le véhicule.
Enfin un moment de répit avec Albert dans la voiture qui les emmenait à la réception;
« Charmante ta réponse aux journalistes sur Terry!
- Hum, hum... »
Mais Candy était ailleurs.
« Certainement déjà avec lui » songea Albert.
Arrivés, dans la demeure du maire, les journalistes
l'assaillirent de nouveau et Albert lui conseilla de leur accorder une
interview. Réticente elle accepta quand même en ayant peur
de dire une bêtise. Aprés tout, elle était toujours
Candy, celle qui disait toujours ce qu'elle pensait , impulsive et
naïve!!
On lui posa des questions sur la guerre et ce qu'elle en pensait:
« Je ne suis pas pour un état de guerre mais je
comprends que l'on veuille se battre pour défendre son
idéologie et j'admire le courage de ses hommes.
*
Mademoiselle Andrey, vous êtes
infirmière, si on vous demande d'aller en France soigner des
bléssés, vous porteriez vous volontaire?
*
Lorsque j'étais étudiante,
je me suis déjà portée volontaire, mais une seule
devait partir, et une infirmière plus expérimentée
a été choisie à ma place.
*
Et si on vous le demandeait à nouveau, auriez-vous le courage de partir?
*
Je ne sais pas... peut-être . Mais
vous savez, ici aussi il y a des gens qui souffrent, qui sont malades
et qui ont également besoin de soins importants. Je pense que le
courage n'est pas forcément d'aller affronter une situation
dangereuse, mais de regarder bien en face, bien dans les yeux une
personne qui souffre et qui vous crie sa souffrance. Vous vous la
prenez en pleine figure et je peux vous dire que tenir quelqu'un dans
ses bras et lui sourire pour qu'il parte tranquille, cela demande
également un certain courage. Savoir se taire devant quelqu'un
qui sait qu'il va mourir, lui tenir la main pour l'accompagner jusqu'au
bout avec toute la douleur que la mort d'une personne peut
réveiller chez vous, en auriez-vous le courage? Ne pas fuir
devant la souffrance et la mort, c'est cela aussi avoir du courage.
»
L'intensité que Candy mit dans sa
réponse étonna les journalistes qui l'admirèrent
pour la passion et la dévotion dont elle faisait preuve pour sa
profession. Terry qui se tenait juste à côté et qui
l'avait entendue , fut bouleversé.
« Ma Candy, toujours aussi passionnée! »
Albert fut très fier de sa
protégée. Grâce à elle, la famille Andrey
serait de nouveau admirée et respectée.
« Merci mademoiselle Andrey! »
Lorsque les journalistes s'écartèrent , Candy
aperçu Terry, magnifique dans un costume blanc, qui la regardait
d'un regard brûlant. Ils s'avancèrent l'un vers l'autre.
Candy étant consciente que pour lui cela faisait deux ans qu'il
ne s'étaient vus, alors que pour elle, c'était la semaine
passée. Ils étaient debout face à face, Terry la
dépassant d'une bonne tête et demie! Ils se regardaient
sans pouvoir détacher leurs yeux l'un de l'autre. Aprés
un moment qui parut une éternité, solennellement, Terry
s'inclina et lui fit un baise -main des plus cérémonieux:
« Mademoiselle Andrey, c'est un honneur que de vous rencontrer! »
Candy se sentie gênée de tant de cérémonie
de la part de celui qu'elle aimait mais sourit quand il lui fit un clin
d'oeil et lui glissa à l'oreille « Mademoiselle
tarzan! ». Ce petit moment intime entre eux fut marqué par
un des flashs des journalistes. Terry se retourna et foudroya du regard
le photographe. Il se tourna vers Candy et lui dit:
« Ta réputation va en prendre un coup: la jeune héritière de bonne famille et le vulgaire acteur!!
*
Terry! Tu n'es pas un vulgaire acteur,
mais un très bon et beau jeune acteur de talent! Et puis ma
réputation alors, qu'est-ce que je m'en fiche!!
*
Ne dis pas ça Candy!!
*
Mais enfin ,c'est vrai, toutes ces cérémonies sont d'un ennui!! soupira-t-elle.
*
Ah bon? C'est ennuyeux de me revoir!
*
Arrête de faire celui qui n'a pas
compris! Tu es pourtant bien placé pour le savoir, non?
*
Hum, hum,! Hocha-t-il. Il y a beaucoup
trop de monde ici, si on trouvait un endroit un peu plus calme?
*
Je te suis »
Ils allèrent dans un petit salon.
Au passage, Terry saisi deux coupes de champagne à un serveur
qui se promenait parmi les invités, un plateau à la main .
« Hum, je remarque que tu
n'as pas perdu la main!le taquina-t-elle en acceptant la coupe de
champagne qu'il lui tendait.
*
Je suis un acteur connu et ce genre de
cérémonies j'en fais souvent. J'y suis plus à
l'aise que toi, petite jeune fille timide!
*
Oui, à qui le dis-tu! J'ai cru
que j'allais finir aveugle avec tous ces flashs quand je suis
arrivée au théâtre!
*
J'ai vu oui.
*
Tu as vu? Mais où étais-tu?
*
Sur le toit du théâtre, je
ne voulais surtout pas râter ton arrivée! Et je n'ai pas
été décu! Le vilain petit canard s'estt
ransformé en un cygne magnifique, plein de prestance et quelle
présence tu as Candy!
*
??
*
On ne voit plus que toi quand tu rentres
dans la pièce, tous les autres disparaissent et il n'y a que toi
comme une étoile scintillante au milieu d'une nuit sans lune et
sans étoile!
*
Ne te moque pas de moi, c'est
très difficile pour moi ce genre de choses et je n'aime pas
ça du tout! »
Terry lui souleva le menton d'un doigt et la fixa de ses yeux qui brillaient d'émotion:
« Je suis sincère Candy. Tu es resplendissante!
J'étais déjà amoureux de toi pour ton adorable
petite frimousse et pour celle que tu étais, vive, gaie,
heureuse de vivre et débordante d'énergie , et
aujourd'hui aprés deux ans, je retrouve une femme incroyablement
belle, avec dans le regard cette petite lueur malicieuse et qui croque
toujours la vie à pleine dent, mais avec une certaine
maturité. Ce que tu as dit tout à l'heure aux
journalistes m'a vraiment touché Ma petite femme est vraiment
quelqu'un d'extraordinaire!
*
Ta petite femme?
*
Et voilà, je viens de te faire
toute une déclaration et toi tu ne retiens que deux mots!!
*
Mais Terry?...
*
Tu seras toujours ma petite femme dans mon coeur Candy. »
Il paraissait sincère mais Candy ne pouvait oublier le baiser
qu'il lui avait donné sans savoir que c'était elle.
« Terry, tu connais ce proverbe « loin des yeux, loin du coeur »?
*
oui pourquoi?
*
Es-tu sûr que cela ne nous arrive pas? »
Terry repensa à Annie et à ce baiser qu'il avait tant
aimé mais pour lui, il était clair que c'était
uniquement parce qu'il avait eu l'impression de se retrouver au
collège Saint Paul en sa compagnie.
*
Oh non,Candy, tu ne seras jamais loin de mon coeur! »
Et en regardant ses yeux Candy compris
qu'Albert avait raison.Il lui était fidèle et
c'était bien en pensant à elle, Candy, qu'il l'avait
embrassée l'autre jour. Terry se rapprocha d'elle et passa ses
mains autour de sa taille. Candy se raidit:
« Terry, arrête!
*
Le veux -tu vraiment?
*
Peu importe ce que je veux!! Ce que je
veux ne compte pas, c'est ce que veut Suzanne qui compte!! Aurais-tu
oublié ta promesse?!! »
Terry la lacha, lui tourna le dos et baissa la tête. Puis il se redressa et sans se retourner:
« Je vais rentrer, Suzanne avait raison, je n'aurais jamais
dû te revoir, cela me fait trop mal! » puis se retournant
vers elle:
« Un jour, une jeune femme formidable et qui te ressemble
d'ailleurs, m'a dit que l'amour n'était pas d'emprisonner
l'autre contre son gré, mais partager ce merveilleux cadeau de
la vie avec une autre personne, sans contrainte, sans obligation,
vouloir avancer ensemble, comme un seul coeur sur le chemin de la vie,
côte à côte, main dans la main. Il est temps Candy
que j'aille me libérer de mes chaînes et que je retrouve
ma liberté, ma liberté de t'aimer et de partager avec toi
cet amour qui nous uni depuis cette nuit brumeuse sur le pont
arrière d'un bateau.
-Terry! » des larmes coulait sur ses joues.
Terry parti, mais elle le reverrait bientôt, du moins Annie. Il
fallait qu'elle le revoit car elle ne voulait pas que Suzanne soit
blessée , aprés tout elle avait bien déjà
tenté de mettre fin à ses jours quand elle avait le cru
le perdre.
Terry s'adossa à la porte qu'il venait de refermer:
« Oui Candy, accorde moi encore un peu de temps et je me
libérerais! Je ne sais pas encore comment, mais on se
retrouvera, je te le promets!! »
Et il rentra chez lui seul dans la nuit.
Le lendemain dans le journal il y avait toute une page consacrée
à la venue de Monsieur William et de sa fille à New_York.
Plusieurs photos agrémentaient l'article: on y voyait Candy
à côté d'Albert et une très belle photo
d'elle au moment où elle avait tournée la tête pour
chasser une mèche de cheveux venue sur son visage par le vent.
Elle était de dos et le visage de trois quart tourné vers
le photographe qui avait pris le clichet dans un mouvement très
gracieux. Il y avait également une photo où elle avait
les yeux baissés et un léger sourire sur ses
lèvres avec Terry très proche de son visage quand il lui
avait murmuré à l'oreille: « mademoiselle Tarzan
». Les journaux parlaient beaucoup d'elle et du succés
qu'elle avait eu lors de la soirée:
« La jeune héritière de Monsieur Andrey est
aussi belle que charmante. Son arrivée au théâtre a
attiré une foule de personnes aussi bien hommes que femmes,
jeunes et moins jeunes. Cette jeune fille adoptée par la Haute
Bourgeoisie représente le symbole de la liberté d'action
et le courage de vivre sa vie quelle qu'en soit les contraintes. Le
public la respecte car c'est une jeune fille d'origine modeste
recueillie par une famille riche mais dont l'adoption ne lui a pas fait
oublier qui elle était. Elle continue ainsi à travailler
et à donner toute sa dévotion dans son travail
d'infirmière, profession dont elle parle avec passion! »
et s'ensuivait l'interview qu'elle avait accordée aux
journalistes.
« Cette jeune femme courageuse n'a pas hésité
à s'engager sur le front même si c'est une
infirmière plus expérimentée qui fut choisie.
Aujourd'hui, l'amour de sa profession ne l'entraînerait peut
être pas à se porter de nouveau volontaire pour partir en
France, le courage à ses yeux étant de pouvoir regarder
la mort et la douleur dans le regard des personnes qu'elle soigne et
ceci quelqu'en soit les circonstances.
Jeune fille belle et envoûtante qui a sut charmer toutes les
personnes présentes, ainsi que Terrance Granchester, protecteur
de la jeune actrice Suzanne Marlowe, réputé pour sa
froideur et sa solitude et biensûr le célibataire le plus
en vue de New-York. Terrance Granchester et Mademoiselle Andrey ont
passé un long moment à discuter ensemble et bien que ne
se connaissant pas, une complicité et un intérêt
évident l'un pour l'autre se sont vite installés.
Terrance Granchester , d'aprés nos informations, serait
l'héritier du Duc de Granchester en Angleterre. Souhaitons que
cette rencontre entre ces deux jeunes gens ne s'arrête pas
là, leur plaisir réciproque de se rencontrer ayant fait
parler toute la soirée. Un bien beau couple en perspective!
»
Et le reste de l'article parlait d'Albert et de ses projets dans les affaires.
Terry arriva chez Suzanne et la trouva allongée sur son lit en train de pleurer:
« Suzanne que -t-arrive-t-il ? Lui demanda-t-il inquiet.
*
Oh Terry, fit Suzanne tournant son
visage vers lui. Tu es là, tu n'es pas parti avec elle!! J'ai eu
si peur!! » et elle se jeta dans ses bras.
*
Peur, mais de quoi?
*
Et bien en lisant les journaux ce matin,
et en te voyant si proche d'elle, j'étais sûre de ne plus
te revoir!! » et elle lui tendit le journal.
Terry ne l'avait pas encore
acheté ce matin et quand il le lut, il eut un petit sourire en
coin et pensa:
« Décidément,
Candy saura toujours séduire tout le monde, même les
journalistes pourtant sans pitié sont sous son charme!! Les
photos sont vraiment très belles et et c'est la première
fois que nous sommes photographiés ensemble. Je vais la garder
c'est le seul souvenir d'elle et moi que j'ai » puis il regarda
Suzanne droit dans les yeux:
« Suzanne ne t'inquiète
pas, je suis là. Elle a sa vie à Chicago et moi la
mienne, ici, au théâtre, à tes côtés.
*
A mes côtés, oui, mais pas avec moi!
*
Suzanne ne me demande pas plus que ce que je peux te donner! »

Chapitre 7
Le dessin des souvenirs
Candy retourna à la faculté de médecine en
compagnie d'Anthony. La journée fut bien remplie. Candy qui
avait acheté le journal, fut étonnée que son ami
ne lui en parle pas. Il fut avec elle comme d'habitude, gai et taquin.
Le soir, ils travaillèrent ensemble dans la chambre de Candy,
ils avaient des planches d'anatomie à reproduire. Candy avait un
peu de mal à se concentrer et ses yeux se perdaient souvent sur
le visage sérieux d'Anthony. Sans s'en rendre compte, elle
dessina un visage au lieu des muscles de la tête et du cou
qu'elle était sensée représenter sur son dessin.
Ce visage était celui de son compagnon d'étude. Anthony
leva les yeux de son travail pour regarder où en était
candy:
« Et bien Candy,mais que fais-tu?
- Et bien je dessine les muscles! », et regardant son travail, « Ohhh, ben mince!!
*
Fais voir ça!... Oh mais dis donc
tu as beaucoup de talent, c'est tout à fait moi!! Je ne savais
pas que tu dessinais aussi bien!?
*
Oh ben moi non plus!! C'est certainement
à cause du modèle!!! ...Dis moi Anthony, tu lis le
journal tous les jours, alors pourquoi ne m'as-tu rien dit au sujet de
l'article?
*
Et bien, que veux tu que je te dise?
Rien, aujourd'hui tu es là à travailler avec moi,
à me dessiner même! Tu es là et pas avec lui!!
Toute la journée tu étais avec tes faux cheveux bruns et
tes lunettes, pas la belle Candy qui était au
théâtre hier soir! D'ailleurs, je ne pense pas que
celle-ci soit la vraie toi! Tu étais très belle
certes,mais tu n'avais quand même pas l'air très à
ton aise dans cet accoutrement!!?
*
Ca tu peux le dire, j'avais l'impression
d'être un petit singe en représentation!! Mais à
propos de la photo avec Terry, je pensais que tu serais en
colère?
*
Elle m'a inquiétée je dois
l'avouer,mais encore une fois, c'est auprés de moi que tu es
aujourd'hui, pas avec lui!! Allez travaille maintenant!! »
L'hiver arriva et avec lui son manteau de neige blanc. Candy se
baladait dans le parc avec Anthony. Elle lui tenait le bras et ils
parlaient de leurs cours de médecine. Mais avec toute cette
neige Candy finit par ne plus y tenir. Elle fit une boule qu'elle
envoya en plein dans le nez d'Anthony!!!! Anthony répliqua et
ils s'amusèrent un bon moment ainsi dans la neige. La
journée pour eux avait été difficile, le cas d'un
enfant à l'hôpital dans un état grave les
préoccupant, et tous les deux avaient besoin d'un
éxutoire pour se vider de la pression que cela provoquait en
eux. Les métiers de médecin ou d'infirmière sont
des métiers où l'on se trouve confronter à des
choses difficiles, à la maladie et à la mort qui
inconsciemment nous renvoie à notre propre mort. Cela
nécessite de pouvoir mettre une barrière entre soi et
cette mort et pour cela, il faut savoir décompresser pour
oublier.
Au centre du parc, le petit lac était gelé et on pouvait
louer des patins. Tous les deux patinèrent ensemble et Candy
avait l'impression de retrouver ses jeunes années, l'insouciance
de cette époque et elle rit de bon coeur. Cela lui fit beaucoup
de bien! Anthony était heureux de partager de si bons moments
avec la fille qu'il aimait. Tous les deux rentrérent ce soir
là, des étoiles pleins les yeux tellement cette
journée de décompression leur avait fait du bien au coeur!
Les journées à l'hôpital étaient difficiles
physiquement et moralement, mais Candy aimait ses patients; leur
redonner un peu le sourire et les soulager, même aussi peu
qu'elle le pouvait, était source de joie pour elle . Même
si parfois elle était malheureuse et révoltée de
voir la vie s'échapper du corps de l'un de ses malades, elle
l'accompagnait tant qu'elle le pouvait sur le difficile et effrayant
chemin vers la sérénité et la paix de l'âme.
Elle s'était trouvée un nouveau moyen pour pouvoir plus
facilement accepter la souffrance et la mort de certains de ses
patients. Souvent elle se rendait à Central Parc, s'asseyait
sous l'arbre qui faisait face au petit lac et elle dessinait. Ses
dessins représentaient des visages, une main tenant une autre
main décharnée, des yeux dont le regard réclamait
la paix. Dans son carnet de dessins qu'elle réalisait au fusain
et parfois au pastel,il y avait aussi souvent Anthony: Anthony
penché sur le corps d'un patient, assis tenant la main d'un
petit garçon, concentré lorsqu'il étudiait ses
livres, patinant sur la glace et souriant, ses yeux quand il la
regardait...Anthony qui était devenu pour elle plus qu'un ami,
son confident, celui qui faisait route avec elle. Elle avait
également fait un dessin qui était son visage de profil
et juste derrière le sien était le visage de Terry, son
amour qu'elle ne pouvait avoir! Elle repensait souvent à la
promesse qu'il lui avait faite au théâtre mais elle n'y
croyait pas, elle n'y croyait plus.
Ce jour là, elle était venue à l'heure où
le soleil allait se coucher , où ses rayons projetaient sur le
lac de magnifiques reflets d'or, où les arbres à l'autre
bout de l'étendue d'eau semblaient être en feu. Avec ses
pastels, elle dessinait ce paysage d'hiver. Elle était assise
sur le banc, concentrée sur son dessin; Ses traits
étaient précis et l'estompe de la pastel était
finement réaliste. Elle n'entendit pas Terry derrière
elle qui, amusé par sa concentration, ne révéla
pas tout de suite sa présence. Il vit le dessin qu'elle faisait
et fut étonné de la réalité de celui ci.
Entre le lac et le ciel, elle rajouta les yeux de sa petite patiente
dont elle s'occupait en ce moment. De grands yeux noirs qui demandaient
de l'amour. Le dessin était très beau.
Terry siffla et elle sursauta:
« Vous êtes une véritable artiste!!!
*
Ca va pas non,!! Vous m'avez fait une de ces peurs!!!
*
Oh excusez-moi mademoiselle, ce n'était pas là mon intention!
*
Oh ça va! Je n'aime pas quand vous vous moquez de moi!
*
Je peux m'asseoir?
*
Biensûr, ce banc est à tout le monde!
*
C'est vraiment beau ce que vous dessinez!
*
Merci. C'est un passe-temps que je viens
juste de me découvrir et je dois dire que j'adore ça!! Je
peux mettre sur une feuille en les dessinant, mes pensées et mes
rêves, les visages auxquels je tiens... Que mes dessins soient
beaux ou non, je m'en fiche, c'est la liberté qu'il m'apportent
que j'aime.
*
Je ne pensais pas que dessiner apportait de la liberté?
*
Et c'est vous qui dîtes ça
alors que vous êtes acteurs et aimez les livres parce qu'ils vous
font voyager et rêver? Mais le dessin, c'est la même chose,
seulement ce ne sont pas des mots mais des images! Je peux créer
le monde dont je rêve, inventer les situations qui me
plaisent,voir les gens que j'aime...
*
Oui, c'est vrai, vous avez raison. Je peux voir? »
Elle lui tendit son carnet. Il y avait des visages qui souriaient, d'autres qui pleuraient, il y avait Anthony.
« Huumm!soupira-t-il intérieurement, il revient souvent celui-là! ».
Il s'arrêta sur l'un deux: c'était un homme endormi dans
un fauteuil roulant sous un cerisier en fleurs, dont les pétales
tombaient comme des flocons de neige. Il intrigua Terry:
« Celui ci me fait une impression étrange: l'homme
sur le fauteuil a l'air paisible, le décor est beau mais il me
donne une sensation angoissante! C'est étrange!
*
C'était l'un de mes patients. Il
est mort ainsi, tranquillement en m'attendant alors que j'étais
allée lui cueillir des fleurs.
*
Oui, c'est pour ça qu'il est étrange! L'homme ne dort pas, il est mort.
*
Hein, hein », acquieça Candy.
Le dessin suivant était celui de son visage et de celui de
Terry. Terry étonné la regarda avec un air interrogateur.
Candy s'empressa de trouver une explication:
« C'est lorsque je vous ai vu l'autre jour dans le journal
en compagnie de cette jeune femme. La complicité qui se
dégageait de vous m'a fait dessiner ceci. D'ailleurs, n'est-ce
pas à elle que je vous fait penser? Vous la connaissez bien
n'est-ce pas?
*
Oui, c'est elle. »
Terry eu de nouveau ce regard triste
qu'il avait à chaque fois qu'il pensait à Candy, et
regardant droit devant lui, il raconta l'histoire de son amour perdu
à une femme qu'il croyait être quasiment une inconnue. Les
mots qu'il utilisait pour la décrire bouleversèrent Candy
car elle était pour lui comme son âme et être
séparé d'elle, était comme s'il avait perdu sa
vie. Il n'avait plus de raison de sourire et il n'était
là que pour tenir sa promesse , s'occuper de Suzanne tant
qu'elle aurait besoin de lui. Lorsqu'il jouait au théâtre,
il était dans la peau d'un autre et c'était pour lui le
moyen d'oublier sa vie et parfois de lui crier son amour. Chaque fois
qu'il jouait c'était pour elle , il imaginait qu'elle
était là, dans la salle, et il voulait qu'elle soit
fière de lui.
« C'est pour ça que vous êtes devenu si
rapidement un si grand acteur. Vous jouez votre âme pour elle!
- Oui, elle est ma vie et je ne peux faire plus que cela pour elle car
je suis prisonnier. Je sais que je ne serais jamais heureux sans elle
même si grâce à vous, j'ai retrouvé l'espace
d'un instand, l'impression de revivre de ce bonheur que j'avais avec
elle!
*
Mais je ne suis pas elle, n'est-ce pas, et ce ne sera jamais comme avec elle?
*
Non, elle est unique, il n'y a qu'elle! »
Candy prit sur elle la douleur de Terry de l'avoir perdue en plus de la
sienne de ne plus l'avoir lui: « Mais moi, j'ai la chance
d'être avec lui en ce moment et lui ne sait pas que je suis
là et que c'est moi. Finalement ce n'est pas juste! Mais je ne
peux rien lui dire pour l'instand, cela ne changerait rien à la
situation. Il est prisonnier et je suis prisonnière aussi de sa
promesse! Mais, il m'aime toujours et il n'a pas peur de le dire! Je
suis si heureuse de savoir que je suis toujours dans son coeur et si
malheureuse que cela fasse son malheur! Oh Terry pardonne moi d'avoir
pris tant de place! »
Candy se leva:
« Il se fait tard je dois rentrer.
-Voulez vous que je vous raccompagne?
*
Non ,ça ira merci. Tenez, je vous
laisse ce dessin, peut-être vous portera-t-il bonheur! »
Et elle partie le laissant seul dans ses souvenirs.

© sanyloulou 2008
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