Chapitre 2 : Un accueil cauchemardesque
Déménager… Changer de vie, de monde… Voyager… L’arrivée dans un nouvel environnement n’est pas toujours chose facile. Parfois, les habitants de la place se montrent plutôt hostiles lorsqu’une personne inconnue s’installe dans leur localité. Il faut souvent du temps pour se faire accepter, pour s’intégrer. Et beaucoup d’efforts sont de mise. La vie nous réserve souvent bien des surprises. Tantôt malheureuses, tantôt heureuses, ces expériences contribuent à faire grandir chacun de nous… La luxueuse Cadillac s'arrêta près de la gare. Albert et Steve en descendirent. Ce dernier empoigna deux valises qu'il trimbala jusqu'au quai.
Steve saisit alors la chemise : “ As-tu aussi mon billet que Georges m'a réservé? ”
Albert posa alors sa main sur l'épaule de Steve. Ce dernier déposa sa valise de la main droite et lui serra la main chaleureusement.
Le train lança alors son cri. Le chef de gare donna le signal du départ. Steve empoigna alors ses deux valises puis monta à bord du wagon de première classe. Après avoir trouvé sa cabine, il s’y installa. Le train prenait de la vitesse et sortait de la ville. Il ouvrit alors la chemise qu’Albert lui avait remise. À l’intérieur se trouvait une lettre de recommandation adressée à la famille Legrand et à la tante Elroy. Le chemin pour se rendre au manoir à partir de la gare s’y trouvait également. Il y avait aussi quelques papiers à propos d’un second projet dont il aurait la charge également pendant les travaux au manoir. De plus, deux formulaires inclus lui permettront de récupérer quelques colis contenant ses effets personnels ainsi qu’une Ford modèle T de l’année, un cadeau de son oncle Henry qu’il a reçu à l’obtention de son diplôme universitaire quelques semaines avant d’être embauché par le grand-oncle William Albert André. Le tout avant été expédié aux frais d’Albert à destination par un convoi de marchandises une semaine auparavant. Steve n’en revenait toujours pas. Alors qu’il ne s’attendait à entretenir avec lui qu’une simple relation entre hommes d’affaires, Albert l’avait accueilli à bras ouverts et avec enthousiasme. Un an s’était écoulé depuis ce temps. Plus qu’un ami, Albert était comme un frère pour Steve; parfois, il avait l’impression d’avoir été carrément adopté par lui. “ S’il chérit sa fille adoptive de la même manière, elle doit être alors très heureuse. Avec lui, elle n’a pas dû connaître le malheur… ” Achibald entra brusquement dans le bureau.
Soudain, mademoiselle Pony se mit à bégayer.
Patricia et Annie entra dans le bureau à leur tour.
C’est alors que Sœur Maria entra dans le bureau à son tour.
Archibald pâlit d’émotion à son tour
Ce fut le choc! Tout le monde resta surpris.
Candy prit alors le chèque que tenait Archibald, puis se mit à lire : “ Émis par la banque de Chicago, le 11 mars 1916. Payez à l’ordre de la Maison Pony la somme de 2 000 000,00 $. Signé : William Albert André ”
Candy prit alors la lettre et se mit à la lire : Chicago, le 11 mars 1916 Chers amis, Désolé de ne pas vous avoir écrit plus tôt; le temps était devenu chez moi une denrée rare et c'est aujourd'hui ma première journée de repos depuis des mois. J'espère que tout le monde se porte bien depuis ma dernière visite. Jamais je ne vous remercierai assez pour le bel accueil que vous m'avez fait. Désolé encore une fois d'avoir dû vous quitter si tôt mais mon rôle de grand gestionnaire de la fortune et de l'empire des André m'impose de sérieuses obligations que je ne puis renier. Je suis tellement heureux de connaître des gens comme vous. Candy, tu es toujours aussi dévouée auprès des enfants et toujours aussi attachée à tes deux mères adoptives. Ta gentillesse et ta joie de vivre end heureux tous ceux qui te rencontrent. Archibald et Annie, tels des anges gardiens vous veillez sur elle, vous en prenez soin. Toujours là pour l'aider quand elle en a le plus grand besoin, elle peut vraiment compter sur vous. Patricia, malgré ton air sévère, qui d'autre pourrait enseigner les choses de la vie à ces enfants avec tant d'attention et de dévouement? Ça faisait longtemps que je n'étais pas passé vous voir. Cette bonne vieille maison Pony n'a pas changé, elle est toujours la même. Et vous, mademoiselle Pony et Sœur Maria, votre dévouement exceptionnel ne cesse de m'émouvoir à chaque fois. Après tout, c'est en grande partie grâce à vous que Candy est ce qu'elle est aujourd'hui, une femme forte, déterminée, plein de courage, d'espoir et de joie de vivre. Vous avez fait de la maison Pony le plus bel orphelinat qu'il puisse exister en ce pays. Malheureusement je ne puis en dire autant du couvent qui ne peut cacher son âge. Je me rappelle encore du “trou” que j'ai accidentellement creusé dans le plancher en marchant sur une lame pourrie. Et selon ce que j'ai vu et entendu, l'édifice serait plus que centenaire et nécessiterait des réparations majeures. Quand j'ai quitté la maison Pony après la réception, je me suis arrêté chez M. Cartwright, le propriétaire des terrains où est situé le couvent. Il m'a alors confié que, il y a quelques années, il a voulu récupérer toutes ses terres pour agrandir ses pâturages mais que Candy et les enfants lui ont persuadé d'abandonner l'idée. Mais aujourd'hui, il est victime d'un manque d'espace et a cruellement besoin de récupérer la quasi-totalité de ses terres. Je dis bien “la quasi-totalité” car il y a une petite parcelle boisée près de la colline dont la terre est trop stérile pour y élever son bétail. À la fin de notre rencontre, il a accepté de me la vendre à bon prix. Si je vous raconte tout cela, c'est que j'ai un projet dont j'aimerais bien vous faire part. Le lot que j'ai acquis ne peut servir à l'agriculture mais pas à l'établissement d'un édifice. C'est pourquoi j'ai pensé vous en faire don afin d'y construire un nouvel orphelinat plus gros et plus fonctionnel et disposant de l'électricité, d'un système d'eau courante, d'un système de chauffage et du téléphone. Une portion du nouveau bâtiment abritera la clinique médicale, une autre, les classes d'enseignement, une autre, une petite chapelle, une autre, le dortoir, et ainsi de suite. Monsieur Cartwright m'a promis qu'il ne touchera pas à ses terres tant que les travaux ne seront pas complétés et que vous n'aurez pas emménagés dans le nouvel édifice. Dans le but de m'assurer du bon déroulement du projet et de sa bonne planification, mon secrétaire Georges vous rendra visite à la fin du mois, accompagné de celui qui coordonnera l'ensemble du chantier. Je suis convaincu que c'est la meilleure solution pour régler votre problème d'espace en plus de fournir à vos petits protégés un environnement sain et bénéfique pour eux. Bien entendu, vous n'aurez aucun souci à vous faire concernant les frais qu'occasionne une telle entreprise puisque je les prends sous ma responsabilité. À ce propos, je me suis aperçu que depuis l'été dernier j'avais cessé d'envoyer ma contribution. C'est pour cela que je joins à cette lettre un chèque dont le montant servira également à régler la totalité des sommes que vous allez devoir au cours de la construction du nouvel édifice. Je suis sûr que vous saurez en faire bon usage. J'espère aussi vous rendre une autre petite visite ce printemps. D'ici là, prenez bien soin de vous et des enfants. J'attends de vos nouvelles avec impatience. Bien affectueusement, William Albert André Candy porta la lettre à son cœur. “ Cher Albert, pensa-t-elle, tu n'as pas changé, tu es toujours aussi bon… ”
Des coups résonnant de la porte interrompit Archibald. Il ouvrit la porte du bureau de Mlle Pony et vit un petit homme dans un complet noir portant un chapeau melon de la même couleur. Dans sa main gauche il tenait une serviette également noire et de la droite il montra un papier juridique.
Le printemps était déjà bien installé. La neige avait presque complètement fondu, inondant les champs, gonflant les rivières et rendant les routes embourbées. Les cultivateurs reprenaient doucement leurs activités. Les animaux sortaient de leur tanière où ils s’étaient réfugiés à l’abri de cette saison hostile. Les oiseaux se remettaient à chanter de plus belle. Les arbres bourgeonnaient déjà. Comme à tous les jours, Tom se rendit au village à bord de sa carriole pour y vendre le lait de son troupeau. Son père adoptif, monsieur Steve, resta pour s’occuper du bétail. En arrivant sur la grand-route de macadam peu avant le pont, il entreprit de contourner une immense flaque d’eau causée par le débordement printanier de la rivière. “ RHHHHHEEEUUUUUUU!! ” Derrière Tom surgit une voiture lancée à vive allure. Tom eut à peine le temps de se retourner pour l’apercevoir que le bolide passa juste à côté de lui. SPLASH! Tom reçut un immense jet d’eau sur lui causé par le passage rapide de la voiture dans la flaque. Son cheval s’emballa presque mais il réussit à le retenir.
Toutefois, Steve était déjà rendu trop loin pour l’entendre. Et le bruit du moteur de la Ford modèle T lui ronronnait aux oreilles. Ce matin, il était arrivé en gare où il avait pris possession de la totalité de ses effets personnels envoyés plus tôt. Sans plus attendre, après avoir réglé tous les détails administratifs avec le chef de gare, il chargea la voiture, lança le moteur puis se mit en route pour le manoir Legrand. Steve était pressé d’arriver au plus vite afin de se reposer d’un si long voyage. De plus, il est un grand passionné de vitesse. Ayant déjà participé à une course automobile pour le compte de son oncle Henry, il a remporté plusieurs victoires. Depuis, il est devenu un excellent pilote. Malheureusement, les études universitaires ont vite mis fin à cette brève mais brillante carrière. Après une demi-heure de route, il aperçut au loin un portail recouvert de roses. “ Ce doit être l’entrée du manoir. ” se dit-il. Il ralentit puis pénétra par la grille ouverte. Les deux gardiens l’interceptèrent.
Sans hésiter, Steve le suivit tandis que l’autre referma la grille. L’odeur de la roseraie lui monta à la tête. “ Quel doux parfum! Et quel décor magnifique! Celui qui a planté ces roses doit les aimer pour les entretenir avec autant de soin. ” Il gara la voiture près de l’entrée principale. Le majordome l’accueillit. “ Bonjour! Vous devez être monsieur Ford, je présume. ” Steve répondit positivement. Le gardien lui remit la lettre qu’il lut aussitôt. “ Bien. Je vais appeler Mme Elroy tout de suite. Vous pouvez entrer. ” Sur ce, il se retourna et entra à l’intérieur du manoir. Steve descendit de sa voiture en contemplant l’architecture de l’édifice. “ Wow! se dit-il, émerveillé. Difficile de douter que des gens de la haute société vivent ici lorsqu’on regarde toute la richesse qui émane de ce manoir. ” Il gravit les marches de marbre puis franchit le paillasson… SPLASH!
À peine eut-il le temps de prendre conscience de la situation qu’il s’aperçut que ses deux pieds traînaient dans une flaque d’eau. Heureusement, son chapeau lui a permis d’épargner son costume d’une douche certaine.
Des rires semblaient provenir du balcon d’en haut. Le majordome se retourna et se précipita à l’extérieur pour reconnaître les auteurs de cette plaisanterie.
Elisa était ravie de retrouver le complice en son frère qu’elle eut toujours. “ Comme ça, il finira bien par oublier cette petite peste! ” pensa-t-elle.
Sur ce, Mme Legrand sortit de la maison furieusement en poussant Steve dans l’escalier qui manqua de faire une chute. Daniel et Elisa, cachés dans les buissons, observèrent discrètement la scène en riant sous cape. Steve était absolument hors de lui. “ Quel accueil charmant! ” Tante Elroy s’avança vers lui.
Aussitôt dit, les ordres de tante Elroy furent rapidement exécutés. Steve suivit les domestiques qui emportèrent ses effets personnels à sa nouvelle chambre. Il y entra, suivi par la grand-tante Elroy. Steve fut stupéfait devant le décor luxueux de la chambre d’invité qui sera la sienne pour quelques temps.
Le majordome arrive avec la dernière valise. Les domestiques finirent de ranger le contenu des bagages et se retirèrent.
Puis elle se retira. Steve referma la porte puis s’étendit dans le lit. “ Wooaaah! Quel confort! Jamais de ma vie j’ai eu une telle chance! ” Il ferma les yeux. Emporté par l’odeur des roses qui pénétrait dans la pièce par la fenêtre, il se mit à rêver doucement…
Steve se leva. La porte s’ouvrit brusquement. Un gardien fit irruption dans la pièce en braquant son fusil droit sur lui.
Mme Legrand entra furieusement dans la pièce accompagnée de deux autres gardiens qui empoignèrent Steve et le tirèrent hors du lit avec force.
Steve hurla : “ Mais attendez! Laissez-moi au moins m’expliquer… ” L’un des gardiens qui le maintenait le gifla violemment tandis que le troisième s’apprêta à tirer… Par la fenêtre, Daniel et Elisa observèrent la scène en souriant… Fin du chapitre 2 © mars 2001, par M. Pop
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