L'ANGE DE
NOEL
La neige tombait à gros flocons dans les rues de Chicago. Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu un hiver aussi rude. La crise de 1929 était tout juste passée mais la pauvreté avait encore du mal à se résorber. Chacun avait son système D mais les temps étaient vraiment très durs. Candy grelottait en dépit du chauffage mis dans la salle des infirmières. Un poêle d’appoint leur avait été mis à disposition mais cela ne suffisait pas à réchauffer la pièce. Le froid était extérieur mais aussi dans son cœur. Elle n’avait plus aucune nouvelle de Terry depuis belle lurette. Elle avait bien essayé de le contacter par courrier mais elle n’avait jamais eu de réponse. Elle pouvait suivre l’évolution de sa carrière par les journaux. Elle avait vraiment eu du mal mais s’était donnée à fonds dans son travail comme elle le faisait toujours. C : s’il est heureux, c’est le principal, c’est tout ce que je souhaite. Les membres de la famille ANDRE s’étaient un peu éparpillés. Alistair devenu un scientifique de haut renom pour ses travaux sur la radioactivité et la mécanique des corps parcourait le monde entier. Archibald devenu un antiquaire très couru était sans cesse sollicité pour des expertises de toute sorte. Chacun prenait des nouvelles mais c’était très parcellaire avec le temps. Candy aurait pu profiter de la fortune des ANDRE mais s’y était refusée. C : de plus, si je n’ai plus tous ceux qui me sont chers à côté de moi, cela ne sert plus à rien et je ne veux pas être une charge pour eux, il faut qu’ils fassent leur vie. Elle fût reprise d’une petite toux persistante qui lui coupait la respiration. Candy, mon petit, vous êtes sûre que ça va dit la surveillante inquiète ? C : Oui je vous assure dit Candy qui sentait toujours cette douleur lancinante de plus en plus présente sur le côté, qui lui coupait la respiration - Partez, vous avez fini votre service, et vous êtes fatiguée. - Mais je vous assure Madame, il y a encore des malades à voir et... - On va s’en charger, maintenant c’est un ordre, vous avez terminé, rentrez vite, je vous souhaite de passer un très bon Noël. Merci vous aussi un bon Noël, lui dit Candy avec un pauvre petit sourire. Elle avait trop peur de se retrouver seule et n’en pouvait plus de cette solitude. En la voyant partir, sa supérieure eut un drôle de pressentiment : pauvre petite, elle a l’air tellement seule. Elle la vit partir et une idée lui traversa la tête comme quoi c’était la dernière fois, qu’elle la voyait : je suis complètement folle, je ne suis qu’une vieille femme qui yoyote ! Le blizzard prenait de la force, de minis tourbillons de vent se formaient à l’angle des rues, Candy toussota à nouveau et voulait rentrer. Le vent soufflait tellement fort qu’elle dût malgré tout s’abriter et s’engouffra dans une toute petite boutique qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant, lui semblait-il. C’était une boutique minuscule où s’entassaient des tas de petits bibelots, un chat en porcelaine, un vieux vase en verre, des billes de couleur. Un petit monsieur surgit de l’arrière boutique, on aurait dit qu’il sortait de terre. Bonsoir, que puis-je faire pour vous ? C : bonsoir, excusez-moi Monsieur, mais la tempête était tellement forte que je me suis réfugiée chez vous. Vous avez bien fait, asseyez-vous, vous avez l’air fatiguée. Merci dit Candy qui recommença à avoir cette douleur en pointe sur le côté. Le petit homme rentra dans l’arrière boutique et revint avec un plateau où fumait un pichet avec deux tasses. Tenez, cela vous réconfortera. C : oh mais je vous remercie mais il ne fallait pas, vraiment. Cela me fait plaisir. Buvez vous en avez besoin Candy s’inclina et but. C’était un peu sucré avec une amertume prononcé en arrière-goût. C : je vous remercie. Mais puis-je savoir ce que c’est ? Je n’ai jamais goûté quelque chose de semblable. C’est un mélange de ma composition à base de plantes, c’est idéal pour remonter et chasser les idées noires. Candy le regarda : les idées noires ? Oh mais vous savez ça va, je n’en ai pas. En êtes-vous si sûre ? lui dit le petit homme Candy le regarda et était hypnotisé par ses yeux très noirs et surtout par sa voix très douce qui calmait tout de suite. C : c’est vrai, vous avez raison, ce soir, je ne sais pas. Vous avez beaucoup souffert dans votre vie, mais bientôt vous allez trouver la paix. Attendez juste un instant. Il partit pendant que Candy était prise d’une nouvelle quinte de toux, elle sortit son mouchoir et sût ce qu’elle avait. C : depuis que j’ai eu cette douleur, il y a 5 mois, cela s’est amplifié. Au début, je n’y ai pas fait attention et maintenant, je vais aller me reposer, cela va aller mieux. Le petit homme revint et sortit de sa poche une petite boite en vieux cuir. Ouvrez-là C : oh je vous en prie Monsieur, il ne faut pas, c’est trop, je ne peux pas. Cela me fait plaisir et puis vous ne savez pas ce qu’il y a dedans ; ouvrez-là, vous allez voir. Elle vit dans la boite trois grelots en argent très beaux C : c’est magnifique dit Candy émerveillée, c’est tellement beau. Ils sont pour vous mais je dois vous prévenir, ils sont un peu spéciaux. Quand vous en faites sonner un, à chacun, vous pouvez faire un vœu. Ils vous porteront bonheur, et souvenez-vous, vous allez enfin goûter à la paix que vous méritez, très bientôt. Tout tourna d’un coup et le magasin et le petit homme disparurent. C : mais attendez dit Candy,je n’ai pas eu le temps de vous Elle se retrouva au coin de la rue pas loin de chez elle, le vent redoublait de violence. C : je ne sais pas ce qui m’est arrivé mais je vais pouvoir rentrer plus vite. J’ai du rêver et pourtant non, elle vit la petite boite dans sa main. Elle s’engouffra dans l’entrée. Elle était tellement fatiguée en rentrant qu’elle n’eut que le temps de s’asseoir dans un fauteuil et de desserrer un peu son manteau. C : je voudrais tellement que tous deux que j’aime soient là. Mademoiselle PONY, Sœur Maria, Terry, Archibald, Anthony, Allystair, vous me manquez tellement et si , si cela marchait. Je ne sais pas combien de temps, cela va durer, mais j’aimerais tellement que la maison de Pony soit toujours à l’abri du besoin et je voudrais tellement les revoir. Comment est-ce que je pourrais ? Elle ouvrit la petite boite et s’interrogea et si c’était vrai ? De toute façon, je n’ai rien à perdre. Elle remua le premier grelot qui émit un tintement clair et pensa « je voudrais revoir au moins une fois la maison de Pony et que jamais rien n’arrive à l’orphelinat. Instantanément, elle se retrouva devant la maison de Pony. Un petit sapin était à l’intérieur. Avec peu, on avait essayé de faire beaucoup, des petites boules de couleur, et les dessins des enfants couvraient le sapin. Sœur Maria et Mademoiselle PONY grondaient gentiment les enfants M.P : les enfants , il va falloir se coucher maintenant, sinon le père Noël ne va pas passer Mais on veut le voir, nous avons été très sages S .M : justement il faut continuer à l’être les enfants. Et nous allons penser aux enfants qui n’ont pas la chance de passer Noël dans de bonnes conditions et à ceux qui n’ont pas de cadeau. Les enfants se rassemblèrent avec Mademoiselle PONY et Sœur Maria autour du sapin. Ils entonnèrent des prières et des chants de Noël. Candy regardait derrière la fenêtre et chanta elle aussi. C : je ne peux pas entrer maintenant sinon les enfants ne voudront jamais aller se coucher. Je ne veux pas que l’on me voit dans cet état. Il doit y avoir à nouveau des soucis d’argent. Je voudrais pouvoir donner, je voudrais tellement qu’elles n’aient plus de soucis. Elle regarda à ses pieds et un colis attira son attention. Curieusement, elle ne ressentait plus le froid ni les douleurs qui la tiraillaient. Le colis était plus carré que les autres et n’était pas enveloppé dans le même papier que les autres. Sans savoir pourquoi, Candy l’ouvrit et à l’intérieur, elle vit une quantité impressionnante de bons du trésor qui aurait assuré la fortune de n’importe qui. C : Oh merci mon Dieu !! Elles ne se soucieront plus jamais du lendemain. Merci mon Dieu ! Elle attendit que les enfants soient couchés et que les deux femmes soient rentrées dans la pièce commune. S.M : qu’allons-nous faire ? Nous n’avons presque rien pour les enfants, des oranges et des chocolats, c’est tout ce que nous allons pouvoir leur donner. M.P : je sais et cela me fend le cœur aussi mais nous aussi à notre manière, nous avons été victimes de la crise. Je ne sais pas où est notre petite Candy mais elle manque beaucoup. S.M : oui, cela aurait été tellement merveilleux de l’avoir avec nous ce soir de Noël mais il ne faut pas être égoïste, elle devait certainement avoir d’autre engagements ailleurs. A peine avait-elle dit ces mots que l’on entendit frapper légèrement à la porte. S.M : tiens qui cela peut-il être à cette heure ? Elle ouvrit et poussa un petit cri. S.M : est-ce possible ? Candy !! Mademoiselle PONY, venez voir !! Candy est là M.P : Candy, mais entre ma petite fille ! Nous n’aurions jamais cru te voir, cela nous fait tellement plaisir C : Bonsoir, pas tant que moi, si vous saviez. Une fois entrée, Candy respira les lieux que pourtant elle connaissait par cœur. M.P : mais que fais-tu ici ? Nous ne t’attendions pas, nous croyons que tu avais des engagements ou une garde cette nuit. C : euh, c’est-à-dire que, j’ai pu me libérer pour quelques heures ; et j’avais tellement envie de vous voir et de revoir la maison ainsi que la colline. S.M : si tu savais la joie que cela peut nous procurer, alors que deviens-tu ? Candy raconta en quelques mots sa vie d’infirmière et son quotidien. C : j’ai une surprise pour vous et pour les enfants. M.P : une surprise mais tu nous en a déjà réservé la plus belle en venant nous voir. Candy alla vers la porte et montra tous les paquets. S.M : Mais Candy, tu as dévalisé tout un magasin, il ne fallait pas vraiment, dans quelle situation tu t’es mise ? C : ne vous inquiétez pas, et après tout je suis la fille adoptive des ANDRE et donc parfois Elles rentrèrent tous les paquets et les mirent sous le sapin. Candy s’assit et mit sur la boite aux bons du trésor. C : Mademoiselle PONY, Sœur Maria, vous m’avez toujours aidée, mis sur la bonne voie. Sans vous, je ne serais peut-être pas là. Je voulais vous prouver toute ma gratitude en acceptant le cadeau que je vais vous faire, mais s’il vous plaît, ne l’ouvrez qu’en même temps que les enfants, demain matin. M.P : très bien Candy dit Mademoiselle PONY d’un air amusé mais comment allons-nous pouvoir te remercier ? C : c’est moi qui vous remercie. S.M : quand reviendras-tu nous revoir ? C : très bientôt, je vais revenir, et puis de toute façon, maintenant, je serais toujours avec vous, vous comprendrez bientôt. Tout se fondît dans un nuage de couleur et Candy se vit revenir dans son fauteuil. Elle était ruisselante de fièvre et grelottait. Elle avait du prendre froid en rentrant chez elle. Elle alla sur son lit et pensa : je suis tellement contente d’avoir pu les voir et de retenir leurs sourires. Elle commençait à prendre conscience de certaines choses et pensa aux paroles que lui avait dites le petit homme. Après une nouvelle quinte de toux, elle se mit à penser « Terry, j’aimerais tellement te revoir, j’aimerais tellement que tu sois heureux, que tu ne sois plus tourmenté. Je t’ai tellement aimé. Je voudrais aussi que tu te réconcilies avec ton père. » Elle prit le second grelot et l’agita. Elle se retrouva dans une salle immense où un dîner de Noël battait son plein. Terry l’air complètement absent buvait un whisky. Elle s’approcha par derrière et lui tapota l’épaule. C : Terry, terry, c’est moi, viens, il faut que je te parle. Terry : Candy !! Si c’est là le miracle de Noël, je veux bien qu’il soit permanent. Candy, qu’est-ce que je suis heureux ! Mais qu’est-ce qui se passe ? En effet, les autres invités ne réagissaient pas. C : ne t’inquiète pas, ils ne peuvent pas me voir, viens. Terry très étonné et heureux s’excusa et alla dans un coin. T : candy, que tu sois ici, c’est merveilleux ! Mais pourquoi ne m’as-tu pas prévenu ? Tu ne vas pas repartir comme çà cette fois, non tu ne repars pas C : Terry dit Candy avec un doux sourire, tu ne changes pas et c’est comme çà que je t’aime. Je suis là alors n’aies crainte. Je voulais te dire que tu as été un amour dans ma vie qui ne passera jamais mais nos chemins se sont écartés, est-ce la vie ou nous-mêmes ? Je me suis souvent posée la question mais maintenant, ce que je sais, c’est que tu vas avoir une vie brillante sur tous les plans. Que ce soit pour ta carrière de comédien, que ce soit pour tes relations avec ton père et que ce soit aussi pour ta vie tout court. T : mais ma vie c’est par toi qu’elle passe, tu le sais, sans toi, je ne suis rien, Candy ! Mais comment sais-tu tout çà et les relations avec mon père ne pourront jamais s’arranger. Il a toujours été le roi des égoïstes et il a toujours renié cde que je voulais faire sans y apporter le moindre intérêt. C : tu sais pendant cette nuit, beaucoup de choses peuvent se passer lui dit Candy d’un air mystérieux. Terry voulut la prendre mais se heurta à du vide : mais qu’est-ce que cela veut dire ? Tu me caches quelque chose, si c’est une plaisanterie, je ne la trouve pas de très bon goût Candy s’approcha de lui et lui dit : ferme les yeux, voilà mon cadeau Elle lui déposa le plus doux des baisers ; Terry ressentit une incroyable sensation de chaleur et de bien-être, il aurait voulu que cet instant dure des éternités. Candy se desserra doucement de son étreinte et lui dit doucement à l’oreille : quoiqu’il arrive je serais toujours avec toi, toujours et crois-moi, de très belles choses vont t’arriver. T : oh sans toi, plus rien n’a de goût dit Terry qui commençait à comprendre. C : et promets-moi que tu n’auras pas de mauvaises idées ni quoique ce soit, je te laisse ceci, ce sera ton porte-bonheur. Ton père t’attends regarde Terry se retourna et vit le duc de Granchester qui depuis des années n’avait pas abordé son fils de cette manière Mon fils est-ce que je pourrais te parler, je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire T : oui dit Terry éberlué, excusez-moi juste un instant candy, attends, juste deux minutes, ne pars pas encore s’il te plaît Tout s’évanouit dans une lumière blanche pour Candy qui se revit dans son lit. Elle était secouée par des quintes de toux incessantes. Elle se dit : oh mon Dieu, je crois que je n’ai plus la force. J’ai fait tout ce que j’avais à faire et qui me semblait le plus important. Je voudrais tellement A cet instant, elle vit une immense lumière blanche envahir la pièce et une silhouette familière lui apparût. C : Anthony !s’écria candy mais c’est impossible. Oh quelle joie ! C’est l’un des plus beaux cadeau de Noël que l’on pouvait me faire, mais An : Candy, je suis tellement heureux de te revoir C : mais si je te vois, cela veut dire alors An : ne t’inquiètes pas, je suis juste venue t’aider à franchir le grand passage. Tu es encore plus jolie que lorsque je t’avais laissé. Je ne croyais pas que ce serait maintenant mais je crois que c’est le moment. Tu es tellement jolie quand tu souris. C’est moi qui ai été désigné pour venir te chercher. C : Anthony, tu sais, j’ai connu quelqu’un d’autre mais tu n’as jamais quitté mon cœur, jamais, c’est compliqué à expliquer mais il n’y a qu’à toi que je pourrais expliquer et puis disait Candy An :je sais, ne t’inquiètes pas. Tu n’as pas à te justifier. Je sais certaines choses. C : mais j’aurais voulu dire au revoir une dernière fois à ceux que j’aime An : tu vas le pouvoir. Tu ne seras pas seule à pouvoir te manifester d’ailleurs, nous allons le pouvoir. Une éternité de joie et de bonheur t’attend Candy d’un seul coup se leva et prit la main qu’Anthony lui tendait. Elle se sentit s’élever avec une incroyable sensation de douceur. Cette nuit-là, Mademoiselle PONY, Sœur Maria, Terry, Archibald, Annie, Allystair et Patricia n’en crurent pas leurs yeux. En regardant le ciel, ils virent briller une étoile incroyablement scintillante, Candy leur souriait et semblait incroyablement heureuse. Archi et Ally purent même voir en filigrane Anthony. Candy s’adressa à eux en ces termes : ne soyez pas triste et ne pleurez pas. Je suis vraiment heureuse là où je suis et je ne laisserais jamais aucun d’entre vous seul. Et si vous voulez me voir, appelez-moi et je viendrais. Aimez-vous chacun car l’amour est la force la plus grande que l’on ait inventé et contre laquelle même la mort ne peut rien. Je vous aime tous et merci encore à vous tous pour tous les moments où vous avez été là pour m’aider ou me consoler. Quelques jours plus tard, la concierge étonnée de ne plus voir Candy frappa et n’ayant pas de réponse entra. Elle vit sur le lit, un petit grelot d’argent entouré de plumes et de fleurs blanches. Un ange était parti rejoindre les siens et connaissait maintenant le bonheur et la paix.
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