La vie ne continue pas toujours
par Nora


* cette image est issue du site Candy franco-japonais de Leila

Chapitre 5

 

Les représentations de Mac Beth s'étaient enchaînées sans que Terry ne repense à Élisa.

Ce soir-là était un soir de repos et resterait à jamais gravé dans la mémoire de Terry.

Il était assit sur une chaise près d'une table où se tenait une pile de lettres. Il avait préféré louer une maison pour toute la durée de la tournée, de plus, la maison était plus proche du théâtre que ne l'était l'hôtel. Il repensait à Élisa. Il ne l'avait pas revue depuis la première de la pièce et au lieu de le soulager, cela l'inquiétait. Que pouvait bien lui vouloir Élisa ? Il savait qu'elle mijotait quelque chose, il savait qu'elle ne serait pas venue si elle n'avait pas une idée derrière la tête. Il savait que Élisa était prête à faire les pires horreurs pour parvenir à ses fins, elle n'avait ni morale, ni conscience.

Il se resservit une tasse de thé. L'automne était désormais terminé et laissait place à l'Hiver et à la neige, cependant la température restait élevée. Malheureusement, Terry devrait se rappeler à jamais chaque détail de cette soirée.

Alors qu'il essayait de se concentrer sur le texte de sa prochaine pièce, Terry entendit un cri venant du couloir. Tout de suite, il se leva et se précipita hors de la chambre. La servante Juliette était dans un état de panique indescriptible, elle tremblait et risquait à tout instant de s'évanouir. La pauvre femme était blanche comme un linge, elle courait dans tous les sens sans avoir réellement de but précis.

Terry l'arrêta, la saisit par les deux bras en essayant de la calmer et lui demanda ce qui pouvait la mettre dans des états pareils.

" Juliette, que se passe-t-il ?

La servante reprit ses esprits assez longtemps pour lui dire :

  • C'est mademoiselle Marlow, elle va très mal.

Terry se précipita alors jusqu'à la chambre de Suzanna toujours suivi de Juliette. Il poussa la porte et aperçut Suzanna gisant sur le sol comme morte. Terry entreprit alors de la coucher sur son lit, il la prit délicatement et l'allongea sur le lit.

  • Juliette, appelez vite le docteur Blake, dites-lui que c'est une urgence. "

Juliette toujours en larmes se précipita pour appeler le docteur.

Terry regarda Suzanna, elle avait vraiment beaucoup de fièvre. Sur la table près de laquelle elle était tombée, Terry vit des rubans et des faire-part de mariage ; Suzanna préparait le mariage quand elle s’était évanouie. Combien de temps avait-elle passé allongée sur le sol ?

Terry ne comprenait pas, Suzanna n'avait montré aucun signe de faiblesse, elle était même très en forme. Le docteur Blake leur avait dit que Suzanna était en parfaite santé et qu'elle serait sûrement en pleine forme pour le mariage. Mais apparemment, Suzanna était en proie à une nouvelle maladie de laquelle elle sortirait encore plus affaiblie, il faudrait sûrement reporter le mariage.

La pauvre Suzanna ne cessait d'être malade depuis son accident. Elle ne s'en était jamais plaint se contentant de sourire et d'affronter chaque nouvelle maladie avec courage. Elle disait toujours que tant que Terry serai là, elle guérirait.

Terry regarda la petite silhouette frêle devant laquelle il était impuissant. Il était totalement impuissant devant cette maladie qui rongeait Suzanna. Terry s'en voulait affreusement. C'était à cause de lui si Suzanna souffrait autant depuis deux ans, elle avait perdu sa jambe et devait sans cesse se battre pour survivre ; la présence de Terry auprès d' elle était une bien maigre compensation.

Même malade, Suzanna était particulièrement belle, Terrence le savait car bon nombre d'homme s'émerveillaient devant la beauté de la jeune femme. Terry pensa : " On dirait un ange ". Oui, Suzanna ressemblait à un ange avec ses beaux cheveux blonds, ses merveilleux yeux et ses magnifiques lèvres. En la voyant étendue là, Terry se demanda "pourquoi n'ai-je jamais réussi à l'aimer ? "

Le front de Suzanna perlait de gouttes. Terry sortit alors un mouchoir de sa poche et commença à lui essuyer le front. Suzanna ouvrit lentement les yeux et dit d'une voix douce :

" Terry, tu es là. Que m'est-il arrivée ?

  • Tu es en proie à une nouvelle maladie mais tu guériras à temps pour notre mariage.

Suzanna détourna la tête et lui dit.

  • Pas cette fois-ci Terry.

Des larmes commencèrent à couler le long des joues de Suzanna. Elle prit la main de Terry dans la sienne et continua.

  • Cette fois-ci mon amour, je vais te laisser. Je sens au plus profond de moi que c'est la dernière fois que je te vois. Oh Terry je t'en supplie, pardonne-moi, pardonne-moi de t'avoir rendu malheureux. Pardonne-moi de t'avoir arraché à la femme que tu aimais, pardonne-moi de t'avoir forcé à rester avec moi, s'il te plaît, pardonne-moi.
  • Suzanna – dit Terry les larmes aux yeux – tu ne m'as jamais forcé à rester avec toi, c'est moi qui l'ai décidé, c'est moi qui ai choisi mon propre destin. Rien de tout cela n'est ta faute, je n'ai rien à te pardonner. C'est toi qui as des choses à me reprocher. Je n'ai jamais su te rendre heureuse.
  • Ne dis pas n'importe quoi, tu sais bien que je suis la cause de ton malheur. Je sais que tu aimes encore Candy, je sais que tu n'as jamais cessé de l'aimer comme moi je n'ai jamais cessé de t'aimer. Je savais que tu étais malheureux mais, je ne t'ai jamais libéré de ta promesse. Je me voilais moi-même la face, j'espérais qu'avec le temps, tu finirais par m'aimer. Terry, dis-moi que tu me pardonnes sinon, je ne pourrai pas partir en paix.
  • Tu vas guérir Suzanna, je suis sûr que tu vas guérir !

Suzanna prit son ton le plus sérieux et lui dit.

  • Terry, une fois que je serai morte, va rejoindre Candy, je veux que tu sois heureux, va la rejoindre et marie-toi avec elle. S'il te plaît dit à ma mère que je l'aime. Je t'en supplie une dernière fois Terry, dis-moi que tu me pardonnes.

Suzanna le regardait, elle pleurait toutes les larmes de son corps, elle tremblait et serrait la main de Terry, ses yeux lui suppliaient de lui pardonner. Comment Terry pouvait-il lui refuser sa dernière volonté ? Terry se redressa et regarda Suzanna droit dans les yeux en lui disant :

  • Je te pardonne Suzanna – dit Terry le visage ruisselant de larmes – je te pardonne.

Suzanna eut un dernier sourire pour l'homme qu'elle aimait puis ses yeux se fermèrent pour ne plus jamais s'ouvrir.

Terry resta assit là à pleurer tenant la main de Suzanna dans la sienne. Maintenant, elle était vraiment devenue un ange.

A ce moment-là, Juliette entra dans la chambre suivie du docteur Blake. Sans même un regard, Terry leur dit :

  • C'est trop tard, elle est partie. "

Puis il se leva et quitta la pièce laissant le docteur Blake et Juliette seuls avec le corps de Suzanna.

Les jours qui suivirent la mort de Suzanna furent des jours pluvieux, comme si le temps avait su qu'il fallait pleurer la mort d'un être aussi formidable.

Terry se tenait devant une fenêtre. Il attendait l'arrivée de la mère de Suzanna pour partir à l'enterrement. Terry portait un costume noir qui était de rigueur pour l'occasion. Il repensait aux dernières paroles de Suzanna, elle lui avait demander de rejoindre Candy, mais devait-il le faire ? Candy l'aimait-elle encore ? Peut-être était-elle mariée. Il n'eut pas le temps de répondre à cette question car la mère de Suzanna entra dans la maison.

Après la cérémonie à l'église, la pluie cessa de tomber pour laisser place au soleil. Terry se tenait debout devant la tombe de Suzanna, pleurant sur son épaule se trouvait Mme Marlowe.

Terry était désormais seul devant la tombe de sa fiancée. Il leva la tête et dit :

" Je ferais ce que tu m'as dit Suzanna, j'irais rejoindre Candy et je me marierai avec elle. "

Terry s'éloignait de sa tombe, mais il revint sur ses pas.

" Suzanna, pardonne-moi de n'avoir jamais réussit à t'aimer, pardonne-moi de ne jamais t'avoir rendue heureuse. "

Puis il s'en retourna.

Élisa prenait comme à son habitude le petit-déjeuner au lit. Prêt de ses tartines grillées se trouvait le journal.

Elle s'en saisit et fut choquée de lire le gros titre qui disait " L'ACTRICE SUZANNA MARLOW EST DÉCÉDÉE DES SUITES D'UNE MALADIE ".

" Ce n'est pas bon", cela modifie mon plan – pensa Élisa contrariée.

Terry portait toujours le deuil de Suzanna, il était assit dans sa chambre quand il entendit un coup de sonnette à la porte.

Terry avait demandé à Juliette de ne faire rentrer personne dans la maison ,ni journalistes, ni fans, ni passants compatissants.

Juliette frappa à la porte de Terry, celui-ci lui dit d'entrer.

" Monsieur, une jeune femme souhaite vous rencontrer.

  • Je vous ai dit que je ne voulais voir personne.
  • Oui, mais c'est un membre de la famille André " - dit la servante.

A ces mots, Terry se leva. Candy était là, elle était venue le voir, elle avait dû apprendre par les journaux la mort de Suzanna. Candy habitait donc toujours à Chicago. Pourquoi venait-elle ? Peut-être l'aimait-elle toujours et voulait recréer des liens avec lui. Ou peut-être voulait-elle tout simplement lui présenter ses condoléances avant de repartir à tout jamais.

Le cœur de Terry battait à cent à l'heure, il tremblait. Il était tellement impatient de voir Candy. Il s'arrêta devant la porte. Candy était là, à quelques mètres de lui, désormais, seul une porte les séparait ; il n'y avait plus aucun obstacle à leur bonheur. Maintenant que Suzanna n'était plus là, tout serait tellement simple, Candy et lui n'auraient qu'à s'aimer et à être heureux, rien de plus.

Terry imaginait déjà Candy debout dans le salon aussi belle que dans ses souvenirs. Il l'imaginait dans la lumière qui devait remplir le salon. Elle serait de dos et porterait une robe blanche telle une mariée. Quand Terry ouvrirait la porte, elle se retournerait et lui sourirait, là Terry fermerait la porte, Candy et lui se retrouveraient alors seuls sur terre.

Terry entra dans le salon et tous ses espoirs s'écroulèrent en voyant Élisa. Elle s'approcha de lui et lui dit :

" Toutes mes condoléances pour la mort de ta fiancée.

  • Que me veux-tu ? - lui lança Terry la voix pleine de haine.
  • Et bien Terry, je sais que c'est un moment dur pour toi, mais je suis ton amie et je me dois de t'annoncer cette nouvelle moi-même. Ma très chère cousine Candy est partie sur le front en temps qu'infirmière et Alistair est parti avec elle, il s'est engagé dans l'armée de l'air. "

C'était impossible, Candy n'avait pas pu s'engager dans l'armée. Terry ne pouvait pas croire Élisa. Et Alistair aussi s'était engagé dans l'armée. Terry ne pouvait pas en croire ses oreilles alors qu'il était là, dans cette maison luxueuse, Candy risquait sa vie, peut-être même avait-elle été tuée.

Élisa rompit le silence. Elle prit son air le plus triste et dit enfin :

" Terry, j'ai bien peur qu'ils ne soient tous deux morts sur le front. "

Non, Terry ne pouvait pas la croire. Candy ne pouvait pas être morte, il l'aurait senti si Candy était morte, il l'aurait su. Si Candy était morte, une partie de son cœur serait mort avec elle. Même si leur amour était impossible, il était toujours là, il y avait un lien très fort qui les unissait malgré la distance qui les séparait.

Il imaginait Candy au milieu des coups de feu vêtue de sa blouse blanche, elle serait un ange au milieu de l'enfer. Il l'imaginait, le visage plein de terre et les mains pleines de sang opérant dans des conditions atroces. Et puis là, au milieu de l'opération aurait explosé un obus tuant médecins et patients sur le coup. Il imaginait Candy allongée sur le sol, sans vie, du sang ruisselant le long de son visage et salissant ses magnifiques cheveux bouclés. Il la voyait sans vie au milieu des autres corps, un nom de plus à rajouter sur la liste des victimes de la guerre.

La tête de Terry commença à tourner et ses oreilles commencèrent à siffler, il était devenu blanc comme un linge.

SA Candy, SON ange, la femme qu'il aimait ne pouvait être morte. Il devait aller la rejoindre, il devait l'épouser. Il avait tellement de choses à lui dire, il avait tellement de projets pour eux deux. Terry sentit soudainement un grand vide dans son cœur et dans son âme.

" Tiens Terry – dit Élisa – en lui tendant deux morceaux de journal découpé. Voici une preuve. "

Terry, les mains tremblantes s'empara des morceaux de papier. Sur la première était écrit : " ALISTAIR CONWELL MORT AU COMBAT ". Le deuxième morceau de papier devait concerner Candy mais, Terry n'osait pas le regarder, il ne voulait pas affronter la vérité. Quand il se décida enfin à lire le titre, il lu : " L'HÉRITIERE D'UNE RICHE FAMLLE DE CHICAGO MORTE SUR LE FRONT ".

Terry n'en pouvait plus, des larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Sans même un regard, il dit à Élisa :

" Sort d'ici tout de suite ! "

La jeune fille ne bougea pas, elle savourait l'instant. Elle venait de remporter une brillante victoire.

" Sort d'ici ! " – hurla Terry voyant qu'Élisa ne bougeait pas.

Cette fois-ci, Élisa sortit heureuse de sa victoire.

Élisa marchait dans la rue tout en se félicitant de la merveilleuse idée qu'elle avait eut, son plan était parfait. La première partie du plan consistait à faire croire à Terry que Candy était morte, la deuxième partie elle consistait à envoyer à Candy une page de journal décrivant scrupuleusement chaque détail du mariage de Terrence et de Suzanna, elle accompagnerait cette page de journal d'une lettre signée de la main de Terry et qui lui raconterait son bonheur.

Le plan avait malheureusement changé. Suzanna était morte, ce qui avait pour effet d'annuler la deuxième partie du plan. Élisa admit qu'elle était déçue de ne pouvoir se venger de Candy, mais ce n'était que partie remise.

Élisa eut un sourire lorsqu'elle se rappela l'expression de douleur sur le visage de Terry. Elle avait eu sa vengeance, elle l'avait fait souffrir autant que lui l'avait fait souffrir quand il l'avait rejetée. C'était tout ce que Terry méritait. Il serait désormais malheureux, il ne pourrait jamais se remettre de la perte de Candy et ne se marierait donc jamais. Si Élisa ne pouvait pas avoir Terry alors personne ne pourrait l'avoir, surtout pas Candy.

Élisa tout en continuant de marcher entreprit de se repoudrer le nez, elle mit la main dans son sac, mais au lieu de sortit son maquillage, elle sortit une enveloppe. Elle la déplia et la lut :

Chère Candice,

Je t'écris pour clarifier la situation entre nous.

Ce soir-là quand j'ai décidé de rester avec Suzanna, je sais que j'ai fait le bon choix, je sais que je n'aurais pas pu en faire d'autre.

J'ai appris à l'aimer, à l'aimer plus que je n'avais jamais aimé quelqu'un, je tiens désormais plus à elle qu'à ma propre vie.

Je sais maintenant ce qu'est le vrai et grand amour.

Candice, j'ai enfin compris que mon amour pour toi n'avait été qu'une passade. Je pensais à l'époque que c'était de l'amour, mais aujourd'hui je sais que ce n'est rien comparé à ce que je ressens aujourd'hui pour Suzanna.

Je voulais clarifier la situation. Candice, je suis vraiment désolé si ton amour pour moi était vraiment sincère, je croyais le mien sincère mais il ne l'était pas.

Candice, n'essaye pas de me revoir, j'appartiens désormais corps et âme à ma femme.

Amicalement

Terrence G. Granchester

 

" Cette lettre ne me sert désormais plus à rien. " – dit Élisa.

C'était la lettre qu'elle devait envoyer à Candy juste après le mariage de Terry. Elle avait longuement réfléchi à la rédaction de cette lettre, elle en était très fière.

Malheureusement, elle ne pourrait pas la faire souffrir, quel dommage ! Elle s'était régalée d'avance de voir Candy pleurer de désespoir.

Élisa remit la lettre dans l'enveloppe et la jeta dans une poubelle.

Terry était assit dans son salon. Tellement de choses s'entrechoquaient dans sa tête.

Pourquoi Albert avait-il laissé Candy partir ? Pourquoi Alistair ne l'avait-il pas protégée ? Comment était-elle morte ? Pourquoi était-elle partie pour le front ?

Terry savait bien que personne n'aurait pu arrêter Candy, il savait comme elle était têtue. Il l'imaginait partant seule dans la nuit, laissant une lettre pour ses amis sur la table de son salon. Il l'imaginait sur le bateau qui naviguait vers une mort quasi certaine.

Terry était désormais assit dans sa chambre. Malgré le choc de la nouvelle, il avait réussit à aller jusqu'à ses appartements pour avoir un peu plus d'intimité. Il tenait toujours dans sa main les articles de journaux que lui avait apporté Élisa. Il n'avait pas osé les lire, ni celui qui parlait de Candy, ni celui qui parlait d'Alistair.

Terry voulait savoir, il voulait savoir comment Alistair et Candy étaient morts, il ne pouvait se faire à l'idée de ne jamais revoir le tendre sourire de Candy.

Prenant son courage à deux mains Terry commença à lire l'article concernant Alistair, il était inscrit :

 

Drame dans la famille André, Alistair Conwell, un de ses membres est mort en France.

Le courageux jeune homme âgé d'à peine 17 ans s'était engagé volontaire dans l'armée de l'air. Au moment du drame, il pilotait un avion surnommé PATTY et aurait été abattu en plein vol par un avion ennemi.

Malheureusement pour la famille, le corps du jeune homme n'a pas été retrouvé. Il a été enterré à Lakewood près de son cousin Anthony Brown mort d'une chute de cheval il y a quelques années de cela.

Ce drame jète le deuil sur la famille André. Tous les membres ont été particulièrement affectés par la mort du jeune homme.

Archibald Conwell, le frère du défunt l' a qualifié de " personne vraiment exceptionnelle, toujours de bonne humeur et à l'imagination débordante. "

Toute l'équipe de ce journal souhaite présenter ses condoléances à toute la famille André.

 

A côté de l'article se trouvait une photo d'Alistair près de ses éternelles inventions. Terry ressentit un pincement au cœur en lisant cet article. Alistair avait été son ami, ils avaient rit ensemble quand Alistair avait réussit à faire " rebondir " l'avion du père de Terry. Oui, Alistair était vraiment une personne formidable. Il construisait toujours toutes sortes de choses plus ou moins bizarres et qui ne marchaient qu'une fois sur deux. Il était toujours souriant derrière ses lunettes et toujours de bonne humeur, Candy l'aimait beaucoup.

Quelle douleur Patty avait dû ressentir en apprenant la mort de l'homme qu'elle aimait. Patty avait dû être aussi malheureuse que Terry l'était à cet instant. Terry comprit la douleur qu'elle avait dû ressentir en apprenant cette terrible nouvelle. Elle avait dû être désespérée à l'idée de ne plus jamais le revoir, lui parler ou encore le serrer dans ses bras.

Terry ferma les yeux, quand il les rouvrirai, il lirait l'article racontant la mort de Candy. Il prit son courage à deux mains, il ouvrit lentement les yeux, bientôt il saurait. L'article disait :

 

Un nouveau drame secoue les riches familles de Chicago. En effet, l'héritière d'une des familles les plus riches de Chicago meurt sur le front.

Mademoiselle C. s'était engagée volontaire sur le front en temps qu'infirmière.

Selon les dires de la famille, rien n'aurait pu la retenir, elle voulait " sauver des vies inutilement gâchées sur le front ", elle voulait essayer de " distribuer un peu de joie au milieu de cet enfer ".

Mademoiselle C. serait morte dans un hôpital qui aurait été bombardé sans signe avant coureur. Selon les autorités sur place, le bombardement de cet hôpital aurait été une erreur de la part des allemands.

Mademoiselle C. aurait été enterrée en toute intimité dans un lieu secret.

Nous présentons toutes nos condoléances à la famille de Mademoiselle C.

 

Pendant la lecture de cet article, Terry avait pleuré. Il n'avait plus à se retenir, il était désormais seul dans sa chambre, il n'y avait personne pour le voir. Il sentait couler sur ses joues des perles humides de douleur et de désespoir. Il n'avait jamais été aussi malheureux de toute sa vie. Il avait l'impression que c'était lui qui venait de mourir, de mourir avec elle.

Quel but avait désormais sa vie ? A quoi bon lui servait-il de vivre si la personne qu'il aimait était morte ? Comment vivre en sachant cette affreuse vérité ? Il n'y avait pas plus de précisions dans l'article. Il n'y avait ni photo, ni même la date de sa mort. Terry ne pourrait même pas aller se recueillir sur la tombe car très peu de gens savaient où elle se situait. Il maudit cette guerre inutile qui avait tué la personne la plus parfaite au monde.

Terry se leva et tituba jusqu'à la table, en se levant, il laissa tomber les articles par terre. Depuis la mort de Suzanna, bien que les représentations aient été suspendues, il n'avait pas eu le temps de faire un peu de ménage. Sur la table se trouvaient toujours des lettres, pas des lettres de fans mais, des lettres d'amour adressées à Candy.

Terry prit la lettre qui se trouvait au bas de la pile, c'était le première qu'il lui avait écrit. On pouvait y lire :

 

Mon amour,

Je sais que nous avions promis de ne plus nous voir, de ne plus nous écrire mais, je n'en peux plus.

Cela va bientôt faire quatre mois que nous nous sommes séparés, j'ai essayé de vivre sans toi mais je n'y arrive pas. Je me demande jour et nuit comment j'ai pu un jour vivre sans toi, sans ton sourire, ton odeur, ton amour. Je me demande sans cesse ce que j'aurais pu faire pour éviter notre séparation. Peut-être aurait-il mieux valu que je meurs lors de cet accident, j'aurait voulu mourir car vivre sans toi est le pire enfer que l'on aurait pu m'infliger.

Candy, je t'aime et je t'aimerai toujours, je l'ai su au moment même où je t'ai vu sur le bateau qui nous amenait vers l'Angleterre.

J'ai essayé de tenir ma promesse, j'ai essayé de rester avec Suzanna et de l'aimer mais, je n'ai pas réussi. Alors, je suis parti. J'ai trouvé refuge dans un petit théâtre sordide où grâce à l'alcool j'essayais d'oublier ma douleur. Mais même là, tu étais dans mes pensées. Alors que je donnais une représentation, je t'ai vu, oui, toi, tu étais pareil à un ange au fond du théâtre. Mais en regardant de plus prêt, j'ai vu que tu pleurais, tu pleurais à cause de moi. J'avais fait pleurer la femme que j'aimais, je l'avais fait encore plus souffrir en quittant Suzanna pour venir dans ce théâtre.

Je ne pouvais continuer à te décevoir de la sorte alors je me suis repris et j'ai joué cette pièce comme si c'était la dernière pièce que je devais jouer de ma vie. J'y ai mis tout mon cœur, toute mon âme et tout cela pour toi mon amour.

Par la suite, j'ai appris que tu n'étais qu'une illusion due à l'alcool que j'avais absorbé, mais j'avais senti ta présence et je suis retourné auprès de Suzanna.

Candy, je ne sais pas si tu ressens toujours la même chose qu'avant pour moi, peut-être as-tu trouvé un autre homme, un homme capable de ne pas te faire souffrir, un homme que tu aimes et qui t'aime. Mais je voulais te dire que je me réussirai jamais à aimer quelqu'un d'autre que toi.

Je suis à toi corps et âme et ce pour toujours.

Je t'aimerai toujours

Terry

 

Il avait écrit cette lettre il y bien longtemps, mais ce qu'elle disait était toujours vrai. Terry aimait Candy plus que tout au monde et maintenant, il ne la reverrait jamais.

Terry enfouit sa tête dans ses bras et pleura, pleura, pleura.

Le facteur faisait sa ronde habituelle, il venait ramasser les lettres à envoyer.

Il était sur son vélo quand soudain une bourrasque de vent ouvrit sa sacoche, toutes les lettres tombèrent.

Tant bien que mal, le facteur s'affaira à les ramasser. Les ayant toutes ramassées, il se releva et en aperçut une dans la poubelle.

Mademoiselle Candice Neige André

" Celle-ci à volé bien haut " - se dit-il. Il prit les lettres, les mit dans sa sacoche et veilla à bien la fermer.

Il reprit sa route avec en sa possession une lettre qui ferait beaucoup de mal à une certaine jeune femme blonde.

A suivre …

Fin du chapitre 5

© Nora février 2003