La vie ne continue pas toujours
par Nora


* cette image est issue du site Candy franco-japonais de Leila

Chapitre 4

La soirée avait été longue pour Candy, le principal étant que le patient fut sauvé.

La seule chose qui avait un peu illuminé la soirée était l'annonce du départ d'Héléna Baker, cela signifiait qu'elle allait mieux mais, surtout que Terry ne reviendrait pas à l'hôpital, Candy n'aurait donc plus à se cacher.

Candy marchait la tête basse plongée dans ses pensées, elle monta les marches qui menaient à son appartement quand elle vit que quelqu'un était assis devant sa porte.

" Archibald – s'écria-t-elle – que fais-tu ici ?

Archibald se releva et lui sourit tout en répondant :

  • J'avais simplement envie de voir comment tu allais. "

Candy ouvrit la porte et invita Archibald à rentrer.

Ils parlèrent alors de tout et de rien, Archibald parla surtout de ses actions en bourse qui lui permettaient d'occuper la majeure partie de son temps, et Candy parla quant à elle de son nouveau travail, cela faisait déjà deux mois qu'elle travaillait. Elle décrivit avec entrain chaque recoin de l'hôpital, chaque arbre, chaque fleur présents dans la cour. Elle n'oublia pas de lui parler de Steve, son nouvel ami.

Steve et Candy étaient devenus de très bons amis, ils ressemblaient à un couple sans en être un, ils déjeunaient toujours ensemble et se racontaient la quasi-totalité de leur vie. Candy se rappela leur conversation de la veille.

" Candy, je te suis vraiment reconnaissant de m'avoir remplacé l'autre jour. Maintenant que je te connais mieux, je pense pouvoir te le dire. Tu te rappelles comme j'étais gêné lorsque tu m'as demandé où j'allais aller ce fameux soir où tu devais me remplacer, et bien, je ne suis pas aller voir une de mes tantes, je suis allé voir ma fiancée.

  • Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? – l'interrogea Candy.

  • Je ne sais pas – admit-il – en fait, ma fiancée s'était engagée comme volontaire pour le front et je m'étais engagé avec elle. Comme tu as pu le remarquer, je boite légèrement, j'ai été blessé en France. Comme ma blessure à la jambe s'aggravait on m'a rapatrié en Amérique laissant Alice seule au milieu de cette guerre. Le jour où je t'ai demandé de me remplacer, je venais de recevoir une lettre qui me disait que Alice serait rapatriée pour cause de blessure, il n'y avait aucune information sur la gravité de la blessure.

  • Elle va bien ? - demanda Candy.

  • Oui, elle va bien. Quand je suis allé la retrouver, j'ai eu la surprise de voir qu'elle n'avait qu'un bandage autour du bras, rien de trop sérieux. "

Quand Archibald entendit prononcer le nom de Steve, une colère soudaine se réveilla en lui, mais après l'apparition de Alice, il était soulagé.

Archibald prit son courage à deux mains et reprit la parole.

" Candy, je suis venue te voir car j'ai peur d'avoir fait quelque chose de mal.

  • Quoi donc – demanda Candy intéressée.

  • Il y a quelques jours de cela, Annie est venue me voir, elle voulait que nous parlions de notre relation. Malheureusement, ce jour-là, j'avais un petit peu trop bu. Candy, j'ai dit des choses horribles à Annie, je lui ai dit que je ne l'aimais pas et que je ne l'aimerais jamais, je lui ai aussi dit que nous ne nous marierons jamais. "

Candy parut très choquée de ce qu'elle venait d'entendre. Elle ne faisait pas un geste et ne disait pas un mot. Candy détestait que les gens boivent, elle savait que la plupart des gens devenaient plus blessants dans leurs paroles quand ils avaient bu.

Candy prit finalement la parole. Elle dit calmement :

"Archi, ce que tu as dit à Annie a sûrement dû lui faire beaucoup de mal, elle est tellement sensible. D'un autre côté, Annie attendait depuis des années que tu lui proposes le mariage, maintenant, elle est fixée sur tes sentiments. Si elle réussit à surmonter sa douleur, je suis sûre qu'elle trouvera quelqu'un qui l'aimera autant qu'elle peut aimer. Annie mérite d'être heureuse. Archi, on ne peut pas te blâmer de ne pas éprouver ce qu'elle voudrait que tu éprouves, mais on pourrait te blâmer de ne pas l'avoir prévenue plus tôt. Je suis sûre qu'elle réussira à surmonter sa douleur et à aller de l'avant.

  • Merci Candy, je ne voulais vraiment pas lui faire de mal, mais la seule chose que je ressens pour elle, c'est de l'amitié. "

Candy était vraiment formidable, comment avait-elle pût le comprendre aussi rapidement, comprendre la délicate situation dans laquelle il se trouvait.

Candy n'avait pas perdu son calme, elle n'avait même pas l'air contrariée, elle gardait le sourire. Elle savait que Archi souffrait d'avoir dit toutes ces choses à Annie, il ne servait à rien de lui faire la morale, il était déjà assez malheureux.

Élisa avançait d'un pas décidé vers une grande maison, qui n'était autre que la propriété des Legrand. Elle entra, elle affichait un sourire victorieux. Elle se dirigea directement vers une pièce qui se situait au deuxième étage. Elle ouvrit brusquement une porte, dans la pièce se trouvait Daniel qui regardait une photo de Candy, mais à la vue de sa sœur, il la cacha.

Élisa lui dit :

" Tiens Daniel, la vengeance est un plat qui se mange froid. "

Elle lui tendit alors un journal, le gros titre était " LA PREMIERE DE MAC BETH A CHICAGO ", et en dessous se trouvait une photo de Terry.

Daniel ne comprenait pas. En quoi cette information leur permettrait de se venger ? ! Daniel détestait Terry. Il avait toujours détesté son arrogance, son air provocateur et rebel. Il l'avait encore plus détesté quand il avait comprit que Terry était tombé amoureux de Candy et que ce sentiment avait été réciproque.

Pourquoi Candy avait-elle préféré cette caricature d'aristocrate à un vrai gentleman qu'était Daniel ?

Selon lui, Daniel possédait toutes les qualités qui pouvaient plaire à Candy, il était aimable, calme mais à la fois rebel ; il savait même quand il le fallait être généreux et gentil. Pour lui, Terry était un moins que rien qui avait fait souffrir inutilement Candy alors que lui aurait pu la rendre heureuse, il était riche.

Malgré les deux années passées, Daniel ne pouvait oublier Candy. Comment aurait-il pu l'oublier, à chaque fois qu'il allait à une réception, elle était là encore plus somptueuse et gracieuse qu'avant.

Quel pouvait bien être le plan d'Élisa pour effacer cet air provocateur du visage de Terrence ?

  • " Quel est ton plan ? – s'impatienta Daniel.

Élisa ne répondit pas tout de suite, son plan était parfait et ferait beaucoup souffrir Terry.

Élisa détestait autant Terry qu'elle pouvait détester Candy. Terry avait osé la repousser, il avait osé préférer une fille d'écurie à une lady de sa classe.

Élisa attirait les garçons, mais malheureusement pour elle, elle n'attirait pas ceux qui lui plaisaient. Quand Élisa allait dans une soirée de la haute société de Chicago et que Candy était là, tous les regards étaient braqués sur celle-ci. Toutes les autres femmes paraissaient bien fades par rapport à la merveilleuse fleur qu'était Candy. Pour essayer de dévier tout les regards masculins de Candy, Élisa avait inventé toutes sortes d'histoires destinées à dévaloriser Candy ; mais tous ses ragots n'avaient eu aucun effet.

Élisa était tombée follement amoureuse d'un jeune homme nommé Peter Aton, il était vraiment très beau et très riche. Malheureusement, ce dernier n'avait d'yeux que pour cette mijaurée de Candy. Ce qui ne faisait qu'accroître le mépris que Élisa éprouvait pour elle.

Son plan rendrait Candy malheureuse mais à longue échéance seulement, il faudrait attendre mais la douleur serait grande. Cependant, Élisa ne devait dévoiler qu'une partie de son plan à son frère, seulement la partie concernant Terry, car elle savait que Daniel refuserait de faire souffrir Candy.

  • Élisa – dit-il – quel est ton plan ?

Élisa vérifia qu'il n'y avait personne dans le couloir, aux alentours, ni auprès des fenêtres.

Elle commença alors à expliquer son plan :

  • Tout d'abord, je vais aller voir … "

Candy marchait dans la rue, c'était un magnifique dimanche. Elle marchait sans but quand elle se rendit compte qu'elle se trouvait devant le théâtre où devait avoir lieu la première de Mac Beth, la pièce de Terry.

  • " Je suis sûre que Terry sera parfait dans ce rôle – dit-elle avec bonne humeur.

  • Moi aussi je suis sûr qu'il sera parfait pour ce rôle ! – répondit une voix derrière elle.

Candy se retourna pour voir qui lui avait répondu. Elle se retourna donc et aperçu Daniel. Daniel avait beaucoup grandit depuis deux ans, il était maintenant un bel homme fort séduisant aux yeux de toutes les femmes, toutes sauf Candy.

Candy feignit de ne pas l'avoir vu et continua sa route. Mais, elle ressenti que Daniel la retenait par le bras.

  • Candy, Candy attend, j'aimerais te parler. – dit-il.

Candy fut étonnée par le ton sincère de Daniel et accepta de discuter avec lui. Daniel lui proposa alors de se rendre dans un café tout proche, Candy accepta. Quand ils furent tous deux assis, Daniel commença à parler.

  • Candy, tu sais qu'il y a deux ans, j'ai essayé de te forcer à te marier avec moi. Et bien, j'en suis désolé.

Candy parut choquée, c'était la première fois qu'elle entendait Daniel Legrand s'excuser. Il continua.

  • Candy, il y avait une raison pour que je tienne tant à ce mariage, je t'aimais. Depuis, j'ai essayé de t'oublier, de voir d'autres femmes mais tu reviens toujours dans mon esprit. Comment t'oublier alors que je te vois dans toutes les soirées où je vais ? Comment t'oublier alors qu'à chaque fois que je te vois, tu es encore plus belle que la dernière fois que je t'avais vu ? 

Candy, j'aimerais que tu reconsidères ma demande en mariage. Tu seras heureuse, tu auras une grande maison ,de magnifiques enfants aussi beaux que moi, et biensûr, pas question que tu continues de travailler, tu resteras à la maison à t'occuper des enfants.

Daniel paraissait croire que son offre était irrésistible. Il n'avait cependant pas vu que la jeune fille en face de lui ne semblait partager son opinion. Candy était furieuse, elle était furieuse à l'intérieur d'elle-même.

  • Daniel, comment peux-tu croire qu'un jour je t'aimerais ? Tu m'as fait souffrir bon nombre de fois. Daniel, tu es une personne égoïste et méchante. Tu as fait tellement de sales coups dans ta vie. Et nous sommes au vingtième siècle, les femmes n'ont plus besoin des hommes pour vivre, je peux très bien subvenir à mes propres besoins. J'ai fait des études et trouvé un emploi ; j'ai fait cela pour moi et aucun homme ne pourra m'empêcher de travailler. De plus, je ne voudrais pour rien au monde avoir Élisa pour belle sœur.

 

C'était au tour de Daniel d'entrer dans une colère noire. Pourquoi, mais pourquoi refusait-elle son offre ? Peut-on imaginer offre plus alléchante ?

  • Tu le regretteras fille d'écurie, tu le regretteras. Je voulais te donner une dernière chance de te marier avec l'homme le plus séduisant de Chicago. Tu vas le regretter amèrement et plus tôt que tu peux le croire."

Comment osait-il la menacer ! Candy se leva et le plus calmement du monde prit la tasse de café devant elle et la jeta sur le beau costume blanc de Daniel. Celui-ci cria au contact du café brûlant.

Candy sortit devant le regard ébahit des clients. Qu'est-ce que Daniel avait voulu dire par " tu vas le regretter amèrement et plus tôt que tu peux le croire. "

C'était le soir de la première de la nouvelle pièce de Terry. Heureusement, son rôle lui avait accaparé la plupart de son temps.

Terry était plus que préparé pour ce rôle, il serait tout simplement éblouissant ce soir.

Terry se rendait à la première avec Suzanna. Il regarda négligemment par la fenêtre de la voiture pour oublier son trac. Et oui, même les plus célèbres et les plus doués des acteurs ont le trac.

Comme avant chaque représentation, Terry vivait un véritable enfer, il avait peur de ne pas être à la hauteur. Il tenait dans ses mains un mouchoir qu'il n'arrêtait pas de tortiller dans tous les sens.

Soudainement, son cœur se serra, la voiture venait de passer devant l'hôpital Sainte Jeanne où Candy travaillait auparavant. A sa plus grande surprise, le souvenir de Candy ne l'attrista pas, au contraire, il lui donna du courage.

Terry ne faisait même pas attention à Suzanna qui se trouvait à côté de lui mais Suzanna ne lui en voulait pas car elle savait qu'il était très nerveux avant chacune de ses représentations ; quand elle jouait, elle était elle-même dans le même état.

Arrivés devant le théâtre, Terrence et Suzanna sortirent de voiture, toujours très poli et courtois, Terry aida sa fiancée à sortir. Suzanna rejoignit sa mère qui l'attendait déjà à l'intérieur tandis que Terry alla se changer et se préparer dans les coulisses.

Tout en brossant ses longs cheveux devant un miroir, Terry espéra secrètement, " pourvu qu'il n'y ai dans la salle aucune personne que je connais, du moins, pas l'entourage de Candy." Pourquoi ? Ca, seul Terry le savait.

Le coup d'envoi de Mac Beth allait être donné dans dix minutes et Terry était extrêmement anxieux, il répétait machinalement son texte tout en faisant les cent pas.

La représentation commença et comme à son habitude, Terry fut formidable, tout son trac avait disparu lors de son apparition sur scène. Terry était éblouissant, il était un merveilleux acteur, il donnait vie aux personnages comme personne d'autre ne savait le faire ; il comprenait leurs attitudes, leurs sentiments et les exécutait à la perfection.

Au milieu d'une scène, Terry se tourna vers le public, malgré la pénombre qui était présente dans le théâtre, il n'eut pas de peine à reconnaître ÉLISA LEGRAND. Élisa était assise là et le regardait avec un petit sourire narquois sur les lèvres. Terry fut quelque peu déconcerté par sa présence mais se ressaisit immédiatement, la présence d'Élisa n'allait tout de même pas gâcher la représentation.

Lorsque l'entracte survint, la tête de Terry était remplie de questions et de souvenirs. Pourquoi Élisa avait-elle sourit ? Il connaissait Élisa, il savait de quoi elle était capable. C'était elle qui avait piégé Candy et Terry au collège Saint Paul, c'était sa faute si son bonheur avait été brusquement interrompu pour ne plus jamais réapparaître. Terry remarqua que même dans la pénombre du théâtre, Élisa était une créature vraiment repoussante à ses yeux. Élisa n'avait aucune grâce ni classe, elle était juste une femme laide affublée de robes luxueuses. Elle faisait grise mine face aux autres femmes assises près d'elle.

Mais, Terry n'eut pas le temps de se poser plus de questions car la représentation commençait.

Quand la représentation fut terminée, tout le monde ovationna Terry en disant :

" Bravo ! Bravo Terrence !!! "

On lançait des fleurs aux comédiens sur scène. Soudain, une rose tomba aux pieds de Terry, c'était une rose épineuse. Cette rose ne pouvait venir que d'une personne, Élisa et cela ne présageait rien de bon.

A suivre …

Fin du chapitre 4

© Nora - janvier 2003