Chapitre 2 Cela faisait maintenant deux nuits que Candy ne rêvait pas de Terry. Ce jour là, elle se leva de bonne humeur, enfila une robe verte pâle qui lui allait à ravir, un chapeau et sortit en chantant. Une fois dehors elle reprit son sérieux. Maintenant que Mr Albert avait engagé une infirmière à la maison Pony, il lui fallait trouver un emploi. Candy marchait dans la rue quand elle aperçut un hôpital. " Hôpital St James ! Pourquoi pas ! » - s’exclama-t-elle. Elle s’arrêta devant la grille. Cette grille ressemblait à celle de l’hôpital Sainte Jeanne, l’hôpital où Terry l’avait attendue. Elle n’était pas encore entrée dans cet hôpital qui lui rappelait déjà de douloureux souvenirs. Elle entra et proposa ses services. Le chef des infirmières fut ravi de son arrivée car l’hôpital manquait sérieusement d’infirmières. Candy commença à travailler le jour-même, maintenant elle avait un emploi, un emploi qui lui permettait d’oublier ses problèmes, de se consacrer aux autres. Candy s’apprêtait à rejoindre la salle de repos mais elle n’avait pas vu une paire d’yeux verts qui la regardaient. " Mon Dieu, qu’elle est belle. Je crois n’avoir jamais vu une femme aussi belle qu’elle. " Il la dévora des yeux. Elle était grande et mince, malgré son chignon, des boucles blondes tombaient sur ses épaules. Ses cheveux étaient d’un blond éclatant et ses yeux d’un vert irréel. Elle avait une peau magnifiquement blanche et laiteuse. Ses lèvres étaient deux boutons de rose d’un rose éclatant. L’homme sortit de l’ombre et s’approcha de Candy. " Bonjour ! - dit-il. Elle se retourna et vit un homme, il était grand, mince ; il avait les cheveux blonds et les yeux d’un vert émeraude éclatant semblables à ceux de Candy. Il devait avoir 20 ans, boitait très légèrement et semblait de fort bonne compagnie. - Bonjour, je m’appelle Candice Neige André mais on m’appelle Candy. - Moi, c’est Steve. Tu es nouvelle, n’est-ce pas ? - Oui - répondit Candy - Travailles-tu ici depuis longtemps ? Il réfléchit. - Cela fait déjà un an. Une voix retentit soudain derrière eux : - FRIVOLE, va prendre la température du patient de la chambre 10. A ces mots, Candy sursauta croyant entendre la directrice de l’école Marie-Jeanne. Steve ayant remarqué sa réaction, l’interrogea : - Pourquoi as-tu l’air si surprise ? Candy ne répondant pas à la question lui demanda : - A qui parlait cet homme ? - A moi - répondit Steve un peu gêné - c’est mon surnom ici, c’est vrai que je suis frivole. " " FRIVOLE " - retentit de nouveau. " J’ai été ravi de te rencontrer Candy, à bientôt. " "Quel personnage sympathique ! Je viens de me faire un ami " - pensa Candy. La journée passa agréablement. Candy était heureuse d’avoir retrouver un travail. Candy rentra de l’hôpital de bonne heure. " Une soirée de repos après le travail " - pensa-t-elle. Au même moment, on sonna à la porte. Qui cela pouvait-il bien être, elle n’attendait personne. Prudente, Candy ouvrit la porte lentement. C’était Mr Albert. " Mr Albert, que faites-vous là ? - s’écria Candy en lui sautant au cou. Candy le saisit par le bras et le força à s’asseoir. - Et bien, je suis venu voir comment tu allais. - Je vais très bien, d’ailleurs, j’ai trouvé un nouveau travail, je travaille désormais à l’hôpital Saint James. - Je suppose que tu dois être heureuse d’avoir retrouvé du travail. Tu es une jeune femme qui aime aider les autres, rester à la maison ne te convient pas. - Oui, c’est vrai - constata Candy - je me suis déjà fait un ami à l’hôpital, il s’appelle Steve, il est très gentil. En plus, l’hôpital Saint James me rappelle l’hôpital Sainte Jeanne. Le visage de la jeune fille s’assombrit, son sourire disparu. Même en présence de Mr Albert elle pensait à Terry, elle ne pouvait pas le chasser de ses pensées. Mr Albert ayant remarqué le changement d’attitude de Candy lui demanda : - Candy, qu’est-ce qui te tourmente ? Candy parut étonnée de sa question. Mr Albert arrivait toujours à sentir sa détresse et sa tristesse. C’est lui qui l’avait consolée lors de sa rupture avec Terry ; il avait été si patient. - Rien ne me tourmente Mr Albert, je me demande seulement si je vais réussir à m’intégrer dans ce nouvel hôpital ; rien de plus. Candy pensa qu’elle ne devait rien laisser paraître, qu’elle ne devait pas dévoiler ses problèmes à Mr Albert. Il devait lui-même en avoir beaucoup en tant que chef de famille, alors pourquoi lui infliger les siens en plus. Candy lui proposa une tasse de thé qu’il accepta. - Et bien Candy, pour te changer les idées, je te propose de venir avec Annie, Archibald et moi à la fête foraine. Tu t’y amuseras et oublieras tes problèmes. - Oui, c’est une bonne idée. Comment va Annie, cela fait longtemps que je ne l’ai pas vue. - Elle va très bien. Malheureusement, Archibald s’éloigne de plus en plus d’elle et cela la fait souffrir. Si Archibald continue ainsi, il risque de la perdre. Annie est une jeune femme attirante, belle et intelligente qui mérite d’être aimée autant qu’elle aime. Tout en regardant sa montre, Mr Albert dit : - Je suis désolé Candy mais je vais devoir te laisser, j’attends la visite de la Tante Elroy. Tout en se dirigeant vers la porte, Mr Albert déposa un baiser sur le front de sa fille adoptive en lui disant : - Bonne nuit et fait de beaux rêves. " Des rêves, Candy allait sûrement en faire, elle allait sûrement rêver d’un beau jeune homme anglais… Quelques jours plus tard, Candy était à l’hôpital, la journée avait été plutôt calme à l’image des jours précédents. Pourtant, Candy avait été engagée si rapidement car de nombreux blessés au combat arrivaient. En fin de journée, une urgence arriva à l’hôpital. C’était une femme qui s’était fait renverser par une voiture. Comme infirmière expérimentée, Candy fut désignée comme responsable de cette patiente. Des bruits couraient dans les couloirs que se serait une célèbre actrice de théâtre. Candy n’en cru rien, les bruits de couloirs sont souvent faux, comme ceux qui à l’hôpital Sainte Jeanne couraient sur Mr Albert. La patiente était dans la chambre 21. Candy s’y rendit pour voir si tout allait bien, elle n’avait pas encore vu la patiente car son état était trop grave. Elle ouvrit la porte et eut la surprise d’apercevoir… ELÉONORE BAKER. Eléonore Baker, elle était là allongée et peut-être même mourante. Elle dormait paisiblement. La mère de Terry était là. Elle dormait toute pâle avec un bandage autour du bras et de la tête. Candy se sentant faiblir à la vue de l’actrice se retint difficilement à une table faisant tomber un vase par la même occasion. Le bruit réveilla Héléna Baker qui ouvrit lentement les yeux. Elle se redressa lentement et dit : " Candy, que faites-vous ici ? - Je suis votre infirmière. " Eléonore Baker avait le même visage et surtout, les mêmes yeux que Terry. Elle reprit : " Mais, que m’est-il arrivé ? - Vous avez été renversée par une voiture - dit Candy essayant de cacher le trouble qui régnait en elle. - Où suis-je ? - Vous êtes à l’hôpital Saint James. - Merci Candy. Si vous trouvez cela trop dur d’être mon infirmière, je peux demander que l’on vous remplace. - Non, merci. Vous savez, cela fait partie du métier. J’espère que vous vous rétablirez vite. Candy était sur le point de repartir, elle était aussi sur le point d’éclater en sanglots, quand retentit dans son dos. - Candy, je ne pourrais jamais assez vous remercier d’avoir sauvé Terrence. Grâce à vous, il est retourné auprès de Suzanna et a recommencé à monter sur les planches. C’est grâce à vous, c’est grâce à votre amour. Je sais que Terry est malheureux, mais malheureusement, il doit rester avec Suzanna, elle se serait sacrifiée pour lui, elle l’aime vraiment. Peut-être qu’un jour tout s’arrangera, que Terry sera enfin heureux. En attendant ce jour, j’essaye d’adoucir sa peine. Cette fois-ci, ce n’était pas Candy qui pleurait, c’était Eléonore Baker, elle pleurait à la fois de gratitude et de tristesse. - Je sais que Terry est en tournée à Chicago. Ne lui dites pas que je vis toujours ici. S’il essaye de reprendre contact avec moi, dissuadez-en-le - supplia Candy sans faire face à l'actrice. Candy pleurait. Elle pleurait à chaudes larmes. Tout ce que lui disait Eléonore Baker lui faisait tellement mal. Apprendre que Terry était toujours malheureux l’attristait au plus haut point. Comment l’aider ? Elle ne le pouvait pas. - Reposez-vous et vous guérirez vite, oui, vous guérirez. " Il fallait qu’elle guérisse. En sortant, Candy aperçu Suzanna et Terry. Elle se cacha pour ne pas être vue d’eux. Le cœur de Candy s’emballa ; Terry était là, il était là, si prêt d’elle et à la fois si loin. Terry, l’homme qu’elle aimait, l’homme qu’elle avait toujours aimé, même sans le connaître. Il était là et n’avait pas changé, il était toujours aussi beau, peut-être même plus. Candy essayait de retrouver son calme, mais une foule de sentiments se battaient en elle. Elle ressentait de la joie, de la tristesse, de la timidité mais surtout de l’amour. Candy se sentant défaillir quitta sa cachette sans être vue. Cependant, en partant Candy avait laissé entrevoir une de ses belles boucles blondes. Terry l’ayant remarquée pensa immédiatement : " Cela doit encore être une hallucination. Je la revois pleurant dans ce théâtre sordide. C’est grâce à elle que j’ai pu remonter sur les planches, reprendre ma vie en main, elle est la seule femme que j’ai jamais aimée. J’aime et j’aimerais toujours Candy où qu’elle soit. En ce moment, je n’arrête pas de penser à elle, à son sourire. Ma vie a repris son cours, je suis remonté sur les planches grâce aux souvenirs que j’ai d’elle. J’aimerais tellement l’oublier, mais plus j’essaye, plus je l’aime. Je l’aime à en mourir mais, j’ai des devoirs envers Suzanna et je resterais avec elle quoi qu’il arrive. Je pense sûrement à elle à cause de cet hôpital. Je me rappelle d’elle avec sa tenue d’infirmière, elle était si belle. Elle ressemblait à une vraie femme et plus la petite collégienne que j’avais rencontré, et cela la rendait encore plus irrésistible. " Un sourire passa sur les lèvres de Terry qui se rappelait des souvenirs heureux. Il rêvait secrètement de taquiner Candy sur ses tâches de rousseur ou encore sur son petit nez retroussé. Ces deux dernières années n’avait pas été faites uniquement de journées maussades et tristes. Terry avait passé beaucoup de temps avec sa mère avec qui il riait et aimait discuter de tout et de rien. Quand Terry regarda les deux années passées, il regretta une chose par-dessus tout, c’était de s’être fiancé avec Suzanna. Le mariage devait avoir lieu dans six mois, malgré ses séjours à l’hôpital, Suzanna s’occupait de tout les préparatifs et soumettait chacune de ses idées à Terry. Le mariage était un lien sacré que seule la mort pouvait briser, un lien d’amour qui devait être partagé entre deux personnes, hélas Terry n’aimait pas Suzanna. Suzanna se retourna pour parler à Terry, elle aperçu son regard vague et lointain, ce regard qu’elle n’avait jamais su apprivoiser. Elle savait que dans ces moments il pensait à Candy, celle qui avait su lui voler le cœur de Terry et ça, pour toujours. Suzanna sortit de ses réflexions quand Terry la prit par l’épaule et pénétra dans la chambre. A suivre … Fin du chapitre 2 © Nora - septembre 2002 |