Les roses se cachent pour faner 
( Soap Opéra )
par Miss Retro

 

Chapitre 5

Coup double

Deux jours plus tard, à l’heure du dîner, c’était le branle-bas de combat pour les filles. Charlotte s’inquiétait de ce qu’elle allait porter ce soir et elle avait transformé la maison en champ de bataille. " MAMAN !! Où sont mes souliers de danse ?  ", s’écriait-elle à chaque seconde. De son côté, Louise se contenta d’avertir toute la famille et la cuisinière de ne pas l’appeler Louise. " Souvenez-vous que je me nomme Maria et que j’habite en pension ! Ça serait une catastrophe si on apprenait que Papa est mon papa !! "

Vers six heures, Charlotte grimpa se préparer dans sa chambre. Elle choisit une robe du soir bourgogne et légèrement décolletée. Devant son miroir, elle boucla ses cheveux mi-longs au fer. Elle désespérait de ne pas friser naturellement comme sa sœur et sa mère. Puis, elle prépara son maquillage. Elle farda ses lèvres de prune et mit des faux-cils. Elle n’en fit pas plus, ne voulant pas paraître trop provocante. Elle descendait justement l’escalier avec appréhension, quand la sonnette de la porte d’entrée retentit. On la vit alors se précipiter vers la porte et découvrir… un jeune homme roux qui ouvrit grand les yeux de surprise quand il vit Charlotte en grande tenue et au visage déçu.

-Euh… Suis-je bien chez les Grandchester ?, finit-il par demander.

-Oui. Je suis Charlotte. Entrez. Lou… euh ! Maria finit son dessert dans la salle à manger.

-Oh. Je suis un peu en avance.

-Ce n’est rien, entrez.

Elle le fit passer au salon et bientôt, Louise arriva, une assiette de gâteau au chocolat dans la main, la fourchette dans l’autre et la bouche pleine.

-Hmmm. Hmm !

-Maria ! Un peu de tenue, lui intima Charlotte.

-Pardon… John, j’ai presque fini, il ne me reste qu’à me brosser les dents, dit-elle en avalant en un éclair ce qui restait dans son assiette.

Puis elle disparut dans la cuisine, repassa dans le corridor pour aller à la salle de bains, sous les yeux ahuris de John, pour enfin en sortir, tout sourire. C’est alors qu’on sonna une seconde fois à la porte. Charlotte courut ouvrir et tomba sur l’oncle Daniel. Charlotte l’aimait bien. Elle savait qu’il allait venir ce mois-ci, mais elle aurait apprécié qu’il soit plus précis sur la date et l’heure de sa visite.. Avec une mine de conspiratrice, elle résuma à l’homme d’Église la situation de Louise en peu de mots et le fit entrer. Elle l’emmena au salon en annonçant son arrivée. Peu après, les autres membres de la famille l’accueillirent chaleureusement : " Ah ! Daniel ! Ça fait longtemps ! Comme je suis contente de te voir ! ", s’exclama Candy.

-Oui, moi aussi. Votre famille est plus agréable à côtoyer que ces vieux séniles ! J’ai heureusement pu m’échapper de ce synode…

-Alors, comment se porte le Bon Dieu ? A-t-il enfin rasé sa barbe ?, le taquina Terry.

-Pas trop mal. Seulement, il est plutôt fatigué.

-Veux-tu un verre ?

-Mmm… Un petit scotch ? Mais juste un. En prendre plus serait un péché.

-Très bien… Je t’accompagne.

-Moi aussi, dit Candy.

-Oh ! Je vois que vous avez de la visite ! Bonjour, jeune homme. Je suis l’abbé Legrand, un cousin adoptif de Mme Grandchester et ancien méchant de service. Et vous ?

-Euh…Je suis anglican, mais quand même enchanté, Monsieur l’abbé ! Je suis John Stevens, je vais jouer dans une pièce avec M. Grandchester et Maria.

-Maria ? Ah, oui…, se dit-il, se souvenant des directives qu’il avait reçu.

-Euh ! Bon, nous allons partir, fit Louise.

Mais elle se fit interrompre par la sonnette.

Cette fois, Candy alla ouvrir la porte. Charlotte rougit quand sa mère emmena Alfred au salon. Les présentations faites, elle vit que son ami avait un drôle d’air, mais ils n’eurent pas le temps de discuter. " Bon, nous allons nous amuser ! ", dit Terry à Daniel, en se frottant les mains. Et l’acteur, tout bon père de famille se retrouvant dans une situation semblable, se mit à torturer le pauvre Alfred avec ses questions tordues.

-Dites-moi, quand pensez-vous annoncer vos fiançailles avec MA fille ?, lui demanda-t-il pour le taquiner.

-Euh…

-Oh ! Vos intentions ne seraient pas sérieuses ? Je vous préviens que si vous touchez un seul de ses cheveux…

John voyait quel supplice vivait le pauvre prétendant de Charlotte et se félicitait de ne pas vouloir sortir avec une des filles de Terry (Mon œil !). De son côté, Terry riait intérieurement de voir Alfred se débattre comme un diable dans l’eau bénite, jusqu’à ce que son regard croise celui de sa femme. Elle avait l’air de dire que le jeu avait assez duré et qu’il fallait laisser sortir les jeunes.

-D’accord, finit-il par dire, allez faire vos sorties, mais ne faites rien de ce que je ne ferais pas. Ou même de ce que je ferais !

-Pfffff…hahahahaha ! Terry, tu es impayable !!!, échappa sa femme.

Daniel, lui, n’avait pas cessé de se retenir de rire. Quand les jeunes gens eurent quitté la maison, il libéra un rire franc et joyeux. Il ne riait de cette façon que depuis son entrée dans les ordres. Auparavant, son sens de l’humour était plutôt limité, comme on s’en souvient. Daniel reprit ensuite son sérieux et laissa aller sa curiosité : " Alors Candy, où en sont tes recherches ? "

-C’est bloqué ! Je ne peux pas aller tellement plus loin que la maison où je suis née ! Tout ce que je sais, c’est que le nom du locataire est resté secret, se plaignit Candy.

-Ah, oui ? Où était-ce ?, demanda Daniel, intrigué.

-Je suis née au début de mai, je ne sais pas exactement quand, dans une maison isolée de l’État de l’Indiana. Ce n’est pas très loin du Foyer Pony… Je n’ai rien d’autre. Et dire que ça fait au moins 15 ans que je poursuis cette enquête ! Si je veux en savoir plus, je vais devoir me rendre sur place…

Pendant que sa mère déplorait les difficultés auxquelles elle devait faire face, Louise avait emmené John dans un local dont elle avait demandé la clé au directeur de son école, ce jeudi. Il la lui avait accordée sans méfiance, habitué qu’il était aux activités parascolaires de la jeune fille. C’était un grand amphithéâtre où avaient lieu les cours les plus populaires. John écarquillait les yeux, étonné de la grandeur de la pièce. Ils s’avancèrent sur l’estrade. " Bon. On commence ?, " demanda Louise.

Et ils déclamèrent les scènes qu’ils avaient en duo. John se sentait heureux d’être seul avec la jeune fille et se rendait compte que, malgré ses manières cavalières, elle réussissait très bien à se glisser dans la peau d’une jeune fille bourgeoise du 18e siècle. Il était un peu déçu, par contre, de constater qu’elle se trouvait vraiment là seulement pour jouer, et rien d’autre. Elle était si professionnelle qu’elle ne se doutait pas une seconde des véritables intentions de John.

Près de deux heures passèrent, quand ils décidèrent qu’ils en avaient assez fait pour la soirée. Mais John ne voulait pas quitter la jolie blonde tout de suite. Il lui proposa d’aller prendre un verre. Elle refusa, disant ne pas prendre d’alcool.

-Ah… Pourquoi ?

-Primo, je vous rappelle que je n’ai pas encore vingt-et-un ans. Je ne peux pas en consommer, du moins, pas en public. Secundo, la dernière fois que j’ai pris de l’alcool, c’était un seul verre et je me suis sentie très mal. Tertio… euh… mon père… enfin, il a la mauvaise habitude de lever le coude très facilement et je ne veux pas faire comme lui, réussit-elle à avouer.

-Comme Terrence Grandchester ?, dit-il, trop heureux d’égratigner la belle image qu’elle pourrait avoir de la vedette.

-Hein ? Comment savez-vous ?, sursauta Louise.

-C’est connu dans le milieu pour Terry.

-En effet. Il boit très souvent. Comme mon père, fit-elle d’un ton amer.

-Nous pourrions aller dans un café, alors…

-Non. Si je prends du café, je ne dormirai pas de la nuit. J’ai une idée, peut-être… Aimez-vous les tisanes ?

-Euh…

-Non ? Peu importe, nous pourrions retourner chez les Grandchester… Vous prendriez votre café et moi ma verveine. Qu’en pensez-vous ? Et si on se disait tu ? Hum ? J’ai l’impression de parler à un vieux !

John n’avait pas vraiment le choix. Il fit la grimace, mais comme il restait un gentleman, ils retournèrent d’où ils venaient. Ils arrivèrent au beau milieu d’une discussion animée.

-Pauvre Élisa !, dit Candy.

-Ah, crois-moi, elle n’a que ce qu’elle mérite, cette chipie !, dit Terry.

-Je serais d’accord avec toi, mon cher, mais elle reste ma sœur, et j’ai beaucoup de chagrin pour elle, soutint Daniel.

-Vous parlez encore de la tante Élisa ?, demanda Louise.

-Bonsoir, fit John.

-Bonsoir. Oui, Élisa a encore des problèmes avec sa fille : c’est une vraie délinquante !, dit Candy.

-Mais Betsie n’a que quatorze ans !, objecta Louise.

-Ça ne l’empêche pas d’être un vrai petit diable, crois-moi !, s’exclama Daniel, découragé.

-Elle a de qui tenir, dit Terry sur un ton moqueur.

-Je sais, mais moi, j’ai changé… Parce que sinon, je ne t’aurais pas aidé à te sortir de tu-sais-quoi…, rappela Daniel.

-( Terry se racla la gorge, parce qu’il n’aimait pas se souvenir de cette période devant un de ses enfants. ) Mouais… Euh ! (Puis, voyant que sa fille et son ami se dirigeaient vers la cuisine. ) Écoutez, vous voulez savoir ce que je pense de cette époque ? J’aurais pu mourir d’une overdose d’alcool, Candy serait devenue veuve et, aujourd’hui, vous vivriez heureux et auriez beaucoup d’enfants !

-TERRY !!!!, s’écrièrent Candy et Daniel.

-Je suis désolé, mais je ne viens pas de prononcer une hérésie. Souvenez-vous seulement des circonstances…

En mars 1919, Éléonore mourut de la grippe espagnole et Terry, en deuil, ne trouva rien de mieux à faire que de se tourner vers l’alcool. Il était incapable de faire face à la douleur de perdre sa mère. Candy attendit quelques jours, espérant qu’il finisse par s’en remettre. Après plusieurs semaines, au cours desquelles elle avait essayé de le sortir de l’alcoolisme, elle s’était découragée. Cette année-là, Candy avait eu besoin de son cousin pour se remonter le moral. Quoi ? Terry, l’amour de sa vie, un alcoolique incurable ? Elle avait fait appel à Daniel, parce qu’ils étaient devenus très proches et qu’il vivait alors à New York, pour ses études. Daniel se souvenait de ces après-midi passés dans des cafés à discuter de tout et de rien. Elle emmenait généralement Charlotte avec elle. Daniel se rendait bien compte que Candy semblait s’acrocher à lui comme à une bouée de sauvetage.

À la fin de mai, Charlotte fut envoyée pour plusieurs semaines chez Annie et Archie, à Chicago, l’atmosphère familiale devenant insupportable. Daniel se retrouvait donc seul avec Candy. Elle n’osait pas s’avouer qu’elle ressentait quelque chose envers lui, qui avait jadis été si cruel avec elle. Elle ne voulait pas trahir l’amour qu’elle avait pour son époux. Ce jour-là, elle avait raconté longuement à quel point Terry était tombé encore plus bas. Il ne bougeait plus du lit depuis des semaines. Daniel l’avait écoutée en silence, fidèle à son habitude. Il essayait de ne pas avoir l’air troublé par la beauté de la jeune femme. Il se leva et lui proposa une promenade dans le parc en fleurs. Elle accepta.

Ils se promenaient ainsi depuis quelques minutes, quand ils abordèrent le sujet du passé. Candy souriait en songeant qu’elle n’aurait jamais cru le voir ainsi transformé.

-Élisa a toujours été la jumelle dominante : je l’ai généralement suivie sans me poser de questions. J’ai été stupide…

-Tu étais habitué à compter sur elle et tu lui faisais confiance, réfuta Candy.

-Malheureusement, nous étions tellement gâtés que nous étions insensibles aux malheurs d’autrui. Maman nous a trop choyés, mais c’était une façon pour elle de se soustraire à ses responsabilités de mère. On ne nous a jamais appris la discipline et le respect des autres.

-À propos, comment va Élisa ? Je sais que je ne devrais pas la considérer après tout ce qu’elle a fait, mais elle n’a pas l’air d’aller bien depuis son mariage.

-Elle n’a jamais été heureuse, parce qu’elle pense son temps à envier les autres au lieu de se satisfaire de ce qu’elle possède. Candy, Élisa ne s’aime pas ! C’est pourquoi elle ne cesse de te jalouser.

-Hein, qu’est-ce que tu veux dire ?

-Je veux dire que tu es tout ce qu’elle a toujours voulu être : belle, intelligente, gentille et populaire… Tu n’as jamais trouvé curieux qu’elle ait le béguin sur les mêmes garçons que toi ? C’est un signe qu’elle a voulu te ressembler. Malheureusement, elle n’a jamais pu l’admettre et a refoulé cette expression d’admiration pour la transformer en jalousie…

Candy regardait Daniel et se dit qu’elle ne l’avait jamais trouvé aussi beau. Probablement parce que c’était son âme qu’elle trouvait maintenant belle. Comme les gens changent, avec le temps… Candy s’approcha du jeune homme et le serra très fort. Elle avait un énorme besoin de réconfort. Daniel fut très surpris de ce qu’il prit pour une marque d’intérêt. Soudain il se pencha pour l’embrasser. Mais Candy repoussa rapidement Daniel en lui signifiant un "Non !!" retentissant.

-Je suis désolé, Candy, réussit-il à dire.

-Je… je dois y aller maintenant…

-Tu vas acheter ton billet de train ? Tu es certaine de ta décision ?

-Oui.

Le lendemain arriva. Terry n’était plus que l’ombre de lui-même. Il restait couché toute la journée, ne se lavant plus et buvant des bouteilles et des bouteilles. Sa barbe lui mangeait la moitié du visage et ses cheveux cachaient le reste. Il serait resté éternellement ainsi si Daniel n’était pas venu lui parler ce matin, alors qu’il n’était pas encore trop saoul. " Bonjour Terry… "

-Hmm… Qu’est-ce que tu veux ?, répondit-il sur un ton ennuyé.

-Écoute. Il faut que je te parle de Candy…

-Candy… Je suis sûr qu’elle est plutôt découragée par mon état…, dit l’acteur en s’ouvrant une nouvelle bouteille de rhum.

-Non ! C’est pire… ( Daniel prit une grande respiration et commença à parler d’une voix hachée ) Terry… Je… Je suis amoureux d’elle depuis quelques années déjà, mais elle t’a toujours préféré… Laisse-moi continuer, c’est très important ! Elle t’aime encore, mais je crois que ce ne sera plus pour longtemps… J’ai… je l’ai presque embrassée, hier…

-Quoi !!!!! Espèce de…

-Non ! Écoute-moi !! Penses-tu que ton état te rend aimable à ses yeux ? Tu passes ton temps à faire l’ivrogne… Tu ne la touches même plus… Elle me l’a dit… Elle craint aussi pour l’exemple que tu peux donner à Charlotte… ( Daniel avait des larmes plein les yeux ) Elle t’aime vraiment… Dans un sens, elle t’aimera toujours… Mais elle ne peut plus vivre avec toi : c’est trop difficile pour elle ! Elle m’a dit qu’elle songe sérieusement à partir pour Chicago très bientôt… Terry… C’est sérieux… Elle a déjà acheté son ticket de train ! Elle va probablement demander le divorce… Tu ne sais pas à quel point je trouve difficile de te révéler tout ça… Si j’avais voulu, j’aurais pu me taire et, enfin, la conquérir. Je sais, hélas! qu’elle serait malheureuse sans toi. Je veux dire… Il faut que tu redeviennes toi-même, sinon Candy sera perdue pour toi… Tu comprends ? Si tu ne te reprends pas en main, moi, je vais m’arranger pour qu’elle soit heureuse ! ( Il soupira. ) Bon. Je crois en avoir assez dit… Au revoir…

-DANIEL !!!!!!

Mais le cousin était déjà repartit en courant. Terry s’assit sur son lit et se prit la tête à deux mains.

Quand Candy rentra de son travail à temps partiel, ce soir-là, elle avait l’intention d’annoncer son départ définitif pour Chicago dès le lendemain. Cependant, quand elle vit l’appartement propre et rangé, ainsi que Terry, débarrassé de son allure négligée et devenu sobre…

-Terry !?

-Ah… Bonjour. Je me demandais ce que tu voulais manger ce soir…, dit-il sur un ton innocent en fermant son livre.

-Euh !!

-Je sais que je me suis mal conduit depuis la mort de Maman. Daniel est venu ce matin et m’a fait prendre conscience de certaines petites choses…

-Il…

-Je sais tout…

Candy éclata en sanglots et se jetta dans les bras de son mari. " Promets-moi, lui dit-elle, promets-moi de ne plus jamais tomber si bas ! Tu sais, je serais vraiment partie… " Et il promit.

" Je me suis longtemps demandé si tu n’étais pas devenu prêtre pour oublier Candy… N’est-ce pas curieux ? ", déclara Terry, réchauffé par son verre.

-Terry !! Cesse de dire des bêtises !, s’écria son épouse.

-Mais que vas-tu chercher là ? J’ai été ordonné six ans plus tard… Je ne pensais plus à elle depuis longtemps ( " Pardon Seigneur pour l’énorme mensonge que je viens de dire, mais Tu sais que c’est pour une bonne cause… ", se dit-il. ). Et puis, j’ai eu d’autres intérêts, voyons… J’ai failli épouser Daisy ( " Yeurk ! " ) et après la rupture, j’ai… ( Il rougit et se racla la gorge. ) J’ai vécu à fond ma jeunesse, jusqu’à ce que Dieu m’appelle. Tu as de drôles d’idées quand tu bois Terry… Tu devrais mettre la pédale douce.

-Je crois que tu as raison. Je vais m’infuser une verveine… ( Il alla retrouver Louise dans la cuisine, laissant Candy et Daniel discuter encore de la pauvre Élisa. )

Charlotte s’amusait follement en compagnie d’Alfred. Ils étaient arrivés depuis à peine un quart d’heure et elle se sentait déjà chez elle dans cette boîte. Il avait raison : la musique était fantastique ! Ils se levèrent pour aller danser au son du grand orchestre. Après deux petits swings, Charlotte se rendit compte qu’elle n’était pas du tout en forme. Elle montrait déjà des signes d’épuisement. Alfred s’en aperçut et ils allèrent se rasseoir. Alfred se moqua d’elle gentiment. Il commanda deux autres cocktails. Personne ne leur demanda leur âge véritable. L’atmosphère était tout à fait détendue.

-Je savais que tu adorerais cela. Tu es faite pour ce genre d’endroit, lança Alfred à sa compagne.

-Je ne voudrais jamais avoir à sortir d’ici, s’exclama-t-elle.

-Moi non plus.

Et il planta son regard dans le sien. Elle dut baisser les yeux, et quand elle osa le regarder de nouveau, elle vit son air morose. Elle osa lui demander ce qui n’allait pas. Il répondit que tout allait bien, mais elle ne le croyait pas. Elle sentait que quelque chose allait de travers. Mais plus elle insistait, plus il voulait changer de sujet.

-Écoute, ça ne sert à rien. Tu ne me feras pas parler… Pourquoi gâcher une si belle soirée ?, expliqua-t-il.

-Très bien. Retournons danser, alors.

On jouait maintenant une sérénade et le couple s’enlaça pour suivre la musique. Elle pouvait sentir son bras autour de sa taille et son souffle sur sa joue. Elle n’avait jamais été aussi proche physiquement d’un homme. La danse prenait maintenant fin et ils retournèrent à leurs places. Elle but tout son cocktail avec délectation. Alfred la regarda en souriant et en commanda un troisième pour la demoiselle. Elle se sentait grisée, mais heureuse. Ses inhibitions disparurent et elle lui dit n’importe quoi.

-Dis-donc… Est-ce vraiment vrai qu’il n’y a jamais rien eu entre Caroline et toi ?, dit-elle d’une voix pâteuse.

-Ah… Qu’est-ce que Caroline t’a raconté ?, dit-il, amusé.

-Que vous vous êtes connus dans un collège mixte, que tu avais une réputation de coureur de jupons et que tu étais meilleur qu’elle en physique et chimie, mais qu’elle te battait en biologie…

-Eh, bien, elle t’a menti…

-Vous ?

-En fait, nous étions à égalité en biologie… Non. Je n’ai pas sorti avec elle. Je pense qu’elle ne m’a jamais pardonné d’avoir laissé tombé une de ses amies pour une fille d’un autre collège. Elle dit que j’ai brisé le cœur de cette… Rhonda, je crois ? (Ou était-ce Pauline ou encore Colleen ?? "), raconta Alfred.

-Oh ! (" Sa réputation ne fait aucun doute ", pensa Charlotte.)

-Je t’ai fait peur ? Croyais-tu que j’aurais pu avoir certains sentiments pour Caro ? Non. Pas pour elle, mais pour plein d’autres filles…, dit Alfred sur un ton détaché.

-Plein ? (" Ça ne m’étonnerait pas… Hum. Il est plutôt dangereux. Mais si charmant ! )

-Une bonne douzaine ! ( Après un moment. ) Je blague…, fit-il en riant.

-C’est vrai que tu as déjà été surpris en train de ?…., commença Charlotte, curieuse.

-Quoi ? Cette histoire avec la fille du directeur ? Non plus ! La preuve, c’est que j’aurais été renvoyé si cela avait été vrai. Il ne faut pas croire toutes les rumeurs…

-Alfred ! Cesse de me prendre pour une idiote !

-Oh ! Mademoiselle Grandchester, pourquoi cette curiosité malsaine ? Seriez-vous une vilaine fille ?

-Pas encore, fit-elle sur un ton tentateur.

-En voilà une qui aime jouer avec le feu ! Bon, je crois qu’il serait mieux que je me tienne éloigné… Il faut que je prenne soin de mon honneur, ironisa-t-il.

-Alfred… Je suis sérieuse…, affirma Charlotte.

-Je crois qu’on devrait retourner danser, fit-il pour changer de sujet.

La soirée se passa ainsi : ils allaient danser pour revenir s’asseoir quinze minutes plus tard. Ils prenaient un autre verre et continuaient à parler. Charlotte se sentait incommensurablement attirée par Alfred. " Mais qu’est-ce qu’ils mettent dans ces cocktails ? ", pensa-t-elle, cherchant une explication à son état.

Pendant ce temps, Terry entrait dans la cuisine en fredonnant Summertime et arrivait ainsi au beau milieu d’une conversation privée entre son ingénue de fille et John. " Non, je n’ai pas de petit ami. Quelle question !! Les garçon de mon âge sont idiots… "

-Tu préféres les hommes mûrs ?

-Hahahahahahahahahahahahaha !! En voilà une question bizarre…

Mais Louise s’interrompit lorsqu’elle entendit le fredonnement de son père. "  Ah ! Pap…Pardon, je vous ai pris pour mon père, M. Grandchester ! Héhéhé ! Lui aussi, il adore Gershwin… " Terry lui fit son plus beau sourire et lui demanda si elle avait fait beaucoup de tisane. " Oh ! J’en ai trop fait ! ", répondit-elle.

-Parfait, je vais en prendre, dit Terry.

-Quoi ? Tu… euh ! Vous allez bien ?, fit la jeune fille, inquiète.

-Ah ! On ne peut mieux ! Bye bye !

Et il sortit de la pièce avec sa tasse, laissant les deux jeunes gens perplexes, mais pour des raisons différentes. " Depuis quand aime-t-il la verveine ? ", s’étonnait Louise. De son côté, John continuait à s’interroger : " Ils ont l’air d’être vraiment intimes… Je suis sûr qu’ils s’aiment, la preuve est faite. En plus, Maria ressemble vraiment à Mme Grandchester… D’après moi, Terrence est tombé amoureux de Maria parce qu’elle lui rappellait sa femme, lorsqu’elle était plus jeune. Et comme Maria préfère les hommes mûrs… Elle n’a pas eu le temps de répondre, mais à voir la façon dont elle le regardait… Eh bien ! Je n’ai plus qu’à l’oublier. " Il se leva : " Il se fait tard, maintenant. Il est près de onze heures. J’ai passé une belle soirée et on se reverra lundi. "

-Je te raccompagne à la porte. ( " Dommage, qu’il parte déjà, il est amusant ", pensa-t-elle. )

Alfred et Charlotte finirent par sortir dehors vers minuit. Charlotte s’agrippa à son compagnon pour ne pas tomber. Alfred riait de la voir complètement saoule. Soudain, il se dit qu’il ne pouvait pas la ramener dans un tel état chez ses parents. Il fallait attendre au moins une heure, le temps que les effets de l’alcool se dissipent. Ils allèrent dans un café, qui, par miracle, était encore ouvert. Ils s’assirent quelques instant pour prendre un peu de thé. Le visage d’Alfred était tout proche de celui de Charlotte et elle se dit... Il dut penser la même chose, car lorsque leurs regards se rencontrèrent, il baissa les yeux en rougissant subitement. Pour se sortir de la situation, il ne trouva rien de mieux que de lui avouer ce qui le tracassait.

Lors du krach de 1929, le père d’Alfred avait perdu beaucoup d’argent, mais il fit assez d’emprunts pour ne pas changer son train de vie. Depuis maintenant deux ans, il n’arrivait plus aussi bien à rencontrer ses dettes. Pourtant, il vendait beaucoup plus que juste après le krach. M. Lawrence se disait qu’il devait y avoir un trou quelque part, mais son comptable n’avait rien trouvé. S’il ne réduisait pas ses dépenses cette année, il pourrait faire faillite. D’une façon ou d’une autre, Alfred devrait renoncer à ses études universitaires.

-Oh ! Alfred ! Je ne sais pas quoi te dire… Ça doit être terrible pour toi !

-Oh… Je vais m’y faire. Ça va juste retarder mon établissement en tant que médecin, c’est tout. Ce sera ma première et unique session avant quelque temps. Mais dans ces conditions ce serait mieux si on ne se revoyait plus, dit-il sombrement.

-Ne dis pas ça !, s’écria la jeune fille.

Charlotte lui prit innocemment la main, sans se rendre compte de ce qu’elle faisait. Soudain, elle se pencha et lui donna le premier baiser qu’elle ait jamais donné. Il était un peu surpris, mais quand elle cessa, il sourit en enlevant avec son mouchoir les traces de rouge à lèvres qu’il avait sur la bouche. Ils décidèrent de s’en aller. Pendant tout le trajet, Alfred se contenta de la regarder en silence. Il la reconduisit jusqu’à la porte, mais elle ne voulut pas le laisser partir sans un autre baiser. Cependant, Alfred ne se laissa pas faire.

-Bonne nuit. À lundi…, chuchota-il en laissant Charlotte un peu frustrée de ne pas avoir eu plus.

Elle entra dans la maison sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. Mais ses parents ne dormaient pas encore : ils lisaient dans le salon depuis le départ de Daniel, il y a peu de temps.

-Bonsoir.

-Ah. Te voilà. C’était une belle soirée ?, demanda Terry.

Elle dut répondre d’une drôle de façon parce que sa mère lui demanda ce qui n’allait pas. Elle raconta alors la situation économique d’Alfred. Candy se sentit aussitôt triste pour le jeune homme qui ne pourrait peut-être pas continuer ses études. Elle se dit alors qu’elle verrait ce qu’elle pourrait faire. Terry, de son côté, pensa que si le prochain président était de son parti, ce genre de problèmes ne se poserait plus. Mais il avait aussi d’autres questions en tête : " Alors, il t’a embrassée? ", demanda-t-il, curieux comme une commère.

-Arrête Terry : tu vois bien que tu la rends mal à l’aise…

-Alors…, insistait Terry.

-Eh, bien… C’est moi qui l’ai embrassé…, déclara Charlotte.

-Chouette !!! Et il ne t’a pas giflé, j’espère ?, dit-il pour taquiner sa fille.

-PAPA !!! Encore cette référence ?! Bien sûr que non !!! Bonne nuit…

-Bonne nuit, ma caille ! ("Ah ! J’aime les histoires d’amour qui vont bien !", s’avoua Terry en lui-même. Car il était très fleur bleue, même s’il ne le montrait pas toujours…)

Le lendemain, ils allèrent à la gare avec Thérèse et Annie pour accueillir la tribu d’Albert. "  Eh ! Albert ! Coucou ! ", s’écria Candy en se jetant à son cou.

-Candy, fit l’aveugle en reconnaissant son parfum et la texture de ses cheveux.

-Alors Albert, tu n’as pas eu trop d’ennuis avec les enfants pendant le voyage ?, lui demanda Thérèse.

-Pas du tout chérie. Isabelle s’est gentiment occupée de Robert ( Note : le plus jeune, qui a huit ans et est hyperactif.). Les autres on été sages comme des images. ( Isabelle 18 ans, Pierre 15 ans, Marianne 13 ans, Pauline 10 ans.) Ah ! C’est vrai ! Claude ne pouvait pas venir, parce qu’il devait finir son projet scientifique (Claude, 16 ans, leur premier fils).

-Je ne sais pas pour vous, mais je suis d’avis qu’en vieillissant, Claude ressemble de plus en plus à Ali !, déclara Annie.

-Ah oui ? Ça fait tellement longtemps que je l’ai vu ! Je ne saurais dire…, dit Candy.

-Les inventions d’Alistair ne fonctionnaient pas la moitié du temps et c’est la même chose pour les expérimentations de Claude !, continua Annie.

-C’est vrai, il est aussi distrait que lui !, approuva Albert.

-Avant-hier, son expérience de chimie a causé une formidable explosion de son laboratoire. C’est pourquoi il doit tout recommencer son projet, rappela Pierre avec un regard malicieux.

-Tu vois ! J’ai bien fait de lui demander de déménager ce dangereux laboratoire hors de la maison !, s’écria Thérèse.

-Hahahahaha ! (Reprenant un semblant de sérieux.) Bon. Maintenant que vous êtes là, si on mangeait ? La cuisinière est en congé, mais je pourrais faire la cuisine et…, proposa Candy.

-NON ! Pitié !, s’écrièrent ceux qui avaient été victimes de son manque de talent pour l’art culinaire.

-Oh !, fit Candy, déçue.

-Si on réservait une table au restaurant pour… Euh ! Huit, neuf… Treize personnes ?, compta Terry.

-Malheur ! Nous sommes treize !, s’écria la superstitieuse Thérèse.

-Maman ! Il n’arrivera rien…, dit Isabelle.

-Non… Je ne prends aucun risque… Il faut inviter une autre personne…

-D’accord. Je vais appeler Daniel à son hôtel, dit Candy.

Malheureusement, il était sorti. Terry soupira : " Ah ! Thérèse et ses lubies ! " Finalement, Charlotte demanda timidement si elle pouvait inviter Alfred. Ses parents se regardèrent d’un air entendu et acceptèrent.

Alfred était surpris de recevoir une telle invitation, mais il avait tant envie de revoir Charlotte qu’il se présenta comme convenu à L’Escargot Ailé vers huit heures. C’est ainsi qu’on le présenta à la famille. Il se sentait un peu intimidé, parce qu’il avait à peine entrevu les parents de la jeune fille et voilà qu’on lui amenait des cousins ! Charlotte s’entendait à merveille avec sa cousine Isabelle, malgré leurs différences profondes. Autant Charlotte souhaitait faire carrière dans son domaine, autant Isabelle ne voulait rien d’autre que d’être une bonne épouse et mère. Isabelle s’aperçut des liens qui se bâtissaient entre Charlotte et Alfred lorsqu’elle échappa sa fourchette et alla sous la table pour la ramasser. Elle vit qu’ils se tenaient la main et s’en amusa. Elle fit un clin d’œil à Charlotte.

À l’autre bout de la table, Candy expliquait à Albert la situation d’Alfred et lui demandait s’il pouvait faire quelque chose. " Ma chère Candy, tu sais bien que je ne peux jamais rien te refuser ! Je peux sans difficulté lui payer ses études. Je vais donc aller voir M. Lawrence pour lui en parler et aussi lui proposer les services de mon meilleur comptable. Ce commerce est mal géré et il faut trouver la faille avant qu’il ne soit trop tard ! Mais pour changer de sujet, tu m’avais raconté au téléphone jeudi que tes recherches étaient bloquées. Eh bien ! J’ai une petite surprise pour toi !", dit Albert en sortant de sa mallette un paquet de documents. Il demanda à sa fille aînée de vérifier si tout y était puis, tendit les papiers à Candy.

-Isabelle est allée les chercher avec moi et, en les lisant, m’a confirmé que c’était bien ce dont tu as besoin, continua-t-il.

-Qu’est-ce que c’est ?, demanda Candy en pesant la pile de papier.

-Le contrat de location de la maison où tu es née et quelques autres papiers qui pourraient t’être d’une grande utilité.

-Merci Albert ! Comment as-tu réussi à les obtenir ?

-J’ai de bons avocats, répondit l’homme d’affaires en souriant.

Cette semaine fila comme l’éclair pour les principaux protagonistes. Charlotte avait des tas d’examens et passait son temps à étudier avec Caroline et, surtout, Alfred. De plus, les répétitions pour la pièce, sans compter les devoirs et leçons de l’école, ne laissaient plus une seconde de répit à Louise. Les André visitèrent tous les musées de la ville, accompagnés parfois de Candy, qui s’était arrangée pour obtenir quelques jours de congé. Albert trouva tout de même le temps d’aller parler au père d’Alfred, M. Lawrence. Il avait accepté l’aide des André pour tout, sauf les études de son fils. " Il faudra lui demander vous-même ", avait dit l’homme moustachu. Mais Alfred refusa, comme l’orgueilleux qu’il était. Déçue, Charlotte se promit quand même de faire changer son petit ami d’idée avant la fin de la session. Le vendredi suivant arriva vite et les André retournèrent à Chicago, avec Annie. Cette dernière rappela à Candy de l’avertir si jamais elle avait des nouvelles d’Archie.

Le lendemain, les enfants Grandchester étaient partis pour la journée. Ils avaient organisé un pique-nique dans Central Park et y avaient convié leurs nouveaux amis Alfred, Caroline et Joan. Comme nous étions déjà le 19 septembre, ils souhaitaient profiter des derniers jours chauds de l’automne. Louise monopolisait la conversation en jacassant de tout et de rien, comme d’habitude. Alors, Joan ouvrit la bouche.

-Je sais ce que je vais faire, en attendant de me choisir un métier. Je vais essayer de retracer mes véritables parents…

-Ouf ! Bonne chance ! Maman a déjà essayé dans le passé et elle continue encore à chercher…, dit Louise, la bouche pleine de délicieuses charcuteries.

-Vrai, elle ne peut pas aller plus loin que la maison où elle est née. Mais elle sait déjà que sa mère devait être plutôt à l’aise, admit David, entre deux gorgées de thé.

-Ouais. Notre supposée grand-mère avait oublié deux boucles d’oreilles de grande valeur dans la chambre, dit Louise en continuant à s’empiffrer.

-Oooooooh !!! Voilà qui est intéressant, s’exclama Caroline, en tartinant de beurre son bout de pain.

-Sauf que Marjorie Paterson est un nom d’emprunt. Cette personne n’a jamais existé, expliqua Charlotte, avant d’embrasser de nouveau son amoureux..

-Ah. D’après moi c’était une pauvre petite fille riche qui s’est fait séduire et dont les parents ont caché l’état en la cachant dans cette maison sous un faux nom, déduisit Louise.

-Possible… Quoiqu’il en soit, les nouveaux papiers que votre mère a reçus vont sûrement l’aider dans sa recherche, ajouta Caroline.

-Je vais essayer quand même cela pourrait me prendre cent ans, affirma Joan.

-Moi, je suis sûr que Joan va trouver ses parents…, dit alors David.

Ses sœur sourirent d’un air entendu.

Pour sa part, Louise s’étonnait de la nouvelle attitude de John à son égard. Il était devenu plutôt froid avec elle depuis la soirée qu’ils avaient passé ensemble. Elle ne comprenait pas pourquoi et était attristée de cette situation. Cette semaine, il lui avait à peine adressé la parole. Chose ennuyeuse, le jeu de John était aussi altéré et le metteur en scène l’avait remarqué alors que d’habitude, rien ne le faisait sourciller. " John ! Bon Dieu ! Tu es supposé être amoureux fou de Silvia ! Fais un effort ! ", s’écriait Frank à chaque fois que John semblait manquer d’ardeur. Malgré ces admonestations, la situation n’allait pas en s’améliorant. Ce problème inquiétait toute la distribution. Louise se dit qu’elle allait prendre les grands moyens. John devait tomber amoureux d’elle, ainsi tout serait réglé et la pièce serait sauvée, croyait-elle.

Pauvre Louise ! Elle ignorait ce qui l’attendait… (Gros plan sur Louise, fondu au noir…)

 

Fin du chapitre 5

© Miss Retro septembre 2001