Les roses se cachent pour faner 
( Soap Opéra )
par Miss Retro

 

Chapitre 2

Sans sens sûr*

NOTE DE LA WEBMISTRESS

La fiction suivante présente, en partie, un contenu qui, par sa nature, s'adresse à un public, disons, "ADULTE"... Afin d'éviter toute réaction négative envers cette fiction, veuillez donc prendre en considération cet avertissement... 

Candy se dirigeait vers l’adresse indiquée sur sa liste. Oui, c’était bien ça… Mais c’était une galerie d’art ! Elle se dirigea vers la secrétaire : " Pardon, suis-je bien au 520… "

-Ah… Vous êtes l’infirmière pour Madame Lloyd ? Elle vous attend au bureau, au fond, dit la jeune fille en apercevant son uniforme..

-Merci.

Candy marchait dans le couloir en admirant les magnifiques poissons exotiques représentés sur les toiles. Elles étaient justement signées par la directrice de la galerie. Elle cogna à la porte. Une voix qui lui rappelait quelqu’un lui dit d’entrer.

-Bonjour, je suis l’infirmière que… Suzanne ? Ça alors !

Suzanne était derrière son bureau. Elle portait une longue robe de soie noire, qui cachait très bien son infirmité.

-Oh ! Candy !, dit-elle d’un air surpris. Bonjour, euh ! Je ne m’attendais pas à ce que ça soit toi. Mais entre… Tu sais, c’est toute une coïncidence ! J’ai même croisé Terry ce matin dans le métro et on a pu s’expliquer…

-Ah. Mais, bon euh… vas-tu me dire pourquoi tu as fait appel aux services d’une infirmière ?

-Bien, j’ai eu des petits problèmes de circulation dans euh, mon moignon… et je me suis fait opérer il y a dix jours. Normalement, j’ai toujours la même infirmière pour surveiller les suites de l’opération et changer les pansements, elle s’appelle Minnie…

-Ah ! Je comprends ! Minnie est tombée très malade et l’agence à dû redistribuer les patients aux autres infirmières…

-Ah, bon…

Et Candy s’occupa de Suzanne. Elles en profitèrent pour se dire leurs quatre vérités. " Après toutes ces années, je pense que je peux te l’avouer maintenant… Tu sais, je t’ai vraiment détestée et enviée à la fois, avant même de te rencontrer. ", commença Suzanne.

-Moi aussi, je peux maintenant avouer que je t’ai détestée. Ça n’a pas duré très longtemps… et j’ai eu de la difficulté à le reconnaître. J’ai encore plus détesté ta mère qui faisait se sentir Terry coupable d’être en vie après l’accident… J’ai surtout ressenti de la pitié pour toi.

-Ma mère est décédée : elle ne supportait pas que Terry m’ait laissée et elle avait un cancer galopant. C’est sa rancœur qui l’a tuée. J’ai alors arrêté les procédures judiciaires contre Terry. Le prétexte en était fallacieux comme tu te souviens… Et puis, je ne voulais pas finir comme elle ! Après sa mort… je me sentais soulagée. Elle n’était plus là à m’étouffer de son amour surprotecteur. Puis j’ai rencontré mon mari et je suis entrée dans le monde des beaux-arts. Voilà ! Tu vois… J’ai bien changé. Je suis si heureuse maintenant !, termina Suzanne en souriant.

-Moi aussi, je suis heureuse ! Je crois même qu’on pourra devenir amies !

-Oh! Candy ! Tu es toujours aussi généreuse. Merci !, fit l’infirme en essuyant quelques larmes.

-Oh… Mais ce n’est rien…

-Tiens, voici ma carte… Dessus, il y a mes coordonnées à la maison et à la galerie. Je t’invite, avec tes enfants, chez moi quand tu veux. J’ai tellement à me faire pardonner ! Je l’ai donnée à Terry aussi, mais il semble plutôt tiède à l’idée de me rendre visite.

-Je lui parlerai… Je t’appellerai pour te dire à quel moment nous viendrons.

-Oh ! Candy, je suis si contente !

" Au revoir Mme Jones ! ", dirent-ils à la cuisinière qui retournait chez elle. Les Grandchester dînaient vers six heures dans la salle à manger de leur grande maison de ville. Comme ils y avaient pris l’habitude, ils se racontèrent leur journée à tour de rôle. Le hasard désigna d’abord Terry : " Eh, bien ! Ce fut une journée riche en émotions, c’est le moins que je puisse dire ! ", dit-il en entamant le poulet.

Son histoire avec Suzanne n’avait pas l’air d’avoir surpris sa femme. Les enfants, en revanche, n’avaient pas vraiment entendu parler d’elle jusqu’alors : " C’est qui cette Suzanne, Papa ?, " demanda David, la bouche pleine.

Terry expliqua que c’était son ancienne fiancée et qu’il ne l’avait jamais aimée.

-Mais Maman là-dedans ? Tu nous ne nous avais pas dit que tu étais tombé amoureux d’elle dans ce collège anglais, en 1912 ?, s’inquiéta Louise.

Candy intervint : " Nous avons décidé, après que Suzanne ait tenté de se suicider, qu’il valait mieux nous séparer et ne plus jamais nous revoir. "

-Oooooooooh!, firent les enfants, déçus.

Leurs parents avaient toujours représenté l’image d’un couple fort et uni. Les trois enfants ne pouvaient s’imaginer que ces deux personnes qui s’aimaient tendrement aient pu se séparer. Pourtant, même après leur mariage, les choses n’avaient pas été toujours rose entre les deux. " Nous sommes revenus ensemble, c’est tout ce qui compte. ", expliqua Terry, qui voulait poursuivre son récit.

Mais il y eut d’autres commentaires : " Papa, Maman vous êtes si victoriens ! Vous avez vraiment les valeurs d’une autre génération. ", lança Louise.

-C’est injuste de dire ça. Nous avons toujours été les moutons noirs du troupeau !, s’écria Terry.

- Ouais !! Nous avons enfreint tant de règles désuètes. ( Des images du passé lui revinrent soudainement en mémoire et elle éclata de rire. ) Hahaha !!! Quand j’y repense, j’étais si souvent montrée du doigt pour des choses qui paraissent anodines aujourd’hui…, répondit sa femme en continuant de s’esclaffer.

Louise sentit qu’elle ne connaissait pas aussi bien sa mère qu’elle le croyait. Curieuse d’en savoir plus, elle ne put cependant que se retrancher derrière son silence, puisque Terry continuait à raconter son histoire. Il arriva ainsi, dans sa narration, au moment où Louise entrait en scène. Tous les regards se tournèrent vers elle.

-Ah ! C’est pour ça que tu n’étais pas à l’école !, s’exclama David.

-Louise, tout ce que je peux te dire pour le moment, dit Candy ( Avec un regard faussement sévère, mais les joues encore roses de son rire. ), c’est que tu es bien la fille de ton père ! ( Candy se retint pour ne pas encore éclater de rire, parce que la situation lui semblait extrêmement comique. Elle s’efforça de prendre un ton sérieux. ) Nous réglerons ce problème après le dîner. Pour le moment, il est temps de choisir un autre conteur.

Ce fut le tour de Louise, qui n’avait rien à rajouter. Ensuite, David avoua qu’il n’avait rien qui puisse susciter l’intérêt. Le dessert arriva ( Un bon gros gâteau au fromage. Miam ! ). Ce fut ensuite le tour de Candy. Elle décrivit les visites médicales et termina par le récit de sa rencontre avec Suzanne.

-Ça alors !, fut tout ce que trouva à dire David.

-Sommes-nous vraiment obligés d’aller la voir ?, demanda Terry, un peu ennuyé par l’insistance de Suzanne à les rencontrer.

-Nous en discuterons après le cas de Louise, si tu le veux bien, dit-elle en lui prenant la main.

Enfin, le sort désigna Charlotte. Elle dut beaucoup insister sur le fait qu’elle avait rencontré un certain jeune homme, car quatre paires d’yeux moqueurs la fixaient.

-Et après la bibliothèque, où êtes vous allés ?, demanda Terry.

-Je l’ai… nous l’avons raccompagné chez lui…

-Es-tu entrée ?

-N… non !, dit-elle en rougissant.

-( Le regard coquin. ) Dommage pour lui… Est-ce qu’il t’a embrassée ?, fit-il avec un clin d’œil en fronçant son sourcil droit, ce qui fit rire son auditoire.

-Quoi ?, s’écria Charlie, choquée d’une telle question.

-Eh, bien quand il le fera, s’il-te-plaît, ne le gifle pas ! D’ailleurs, aucune jeune fille ne devrait faire un telle chose, c’est vraiment dur pour l’ego du pauvre garçon !, dit-il à sa fille en guise de conseil et aussi un peu pour taquiner Candy, qui lui lança un regard offusqué, ce qui déclencha de nouveau l’hilarité de Louise et David.

-( Puis, voyant l’air outré de Charlotte. ) Voyons ! Je blague, ma petite praline !! En passant, tu devrais cesser de prendre ces airs de dragon de vertu : ça va faire fuir les garçons… Pour arriver à tes fins, fais comme ta mère et prends l’initiative…

-STOP !!!, l’interrompit Candy.

- Mais voyons chérie !! Nous serons le 8 septembre, la semaine prochaine… dit-il en jetant un coup d’œil espiègle à sa femme.

-Oui… JE SAIS !!! Mais…

-Voyons Candy, comment ne pas fêter cet anniversaire merveilleux ? Nos retrouvailles ! C’est quand même plus significatif que notre mariage… ( Dans une envolée lyrique, le vin aidant. ) Il y a 20 ans cette année, ce 8 septembre, cette bibliothèque, cette chambre d’hôt…

-ARRÊTE ! Je ne veux pas leur donner de mauvaises idées !, le supplia Candy, aussi rougissante que lorsqu’elle était une jeune fille.

-Bah ! Qu’est-ce que c’est que cette pudeur ? On n’est pas des saints ! Et puis, à leur âge ils savent quand même qu’on ne les a pas trouvés dans des choux, non ?

-Oh oui, Papa ! Explique nous ce qui s’est passé. C’est sûrement si romantique…, dit Louise, la fleur bleue, qui comme bien des jeunes filles de son âge, s’était mise à la lecture de romans à l’eau de rose.

-Eh, bien ! Votre mère a un jour décidé de brûler le corset rigide de son éducation répressive et de devenir une mauvaise fille.

-Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ?, demanda Charlotte.

-Non, c’est à moi de répondre, décida Candy. Je connais trop le goût de Terry pour les détails croustillants. Venez, je vais vous raconter si vous m’aidez à faire la vaisselle.

-YOUPI !!!, s’exclamèrent les enfants.

En ce matin de mai 1916, Candy décida qu’elle avait fini de réfléchir à la Maison Pony. Elle avait beaucoup mûri ces derniers mois. Elle devait maintenant agir et retourner vivre sa vie à Chicago. Ses amis étaient au loin depuis longtemps. Depuis les funérailles d’Alistaire, Patty se sentait de plus en plus seule et s’était isolée chez sa grand-mère. Archie et Annie étaient devenus plus proches que jamais et venaient de se fiancer, ainsi qu’elle s’y attendait. Archie était ensuite parti à Harvard pour des études de Droit, et Mme Brighton avait envoyé sa fille en voyage en Extrême-Orient. Candy était quant à elle en profonde réflexion depuis un an, mais elle avait accepté un travail non loin de l’orphelinat, histoire de passer le temps et de ne pas perdre la main. Assise dans la cuisine qui fleurait bon les effluves du petit déjeuner, un air pensif sur sa jolie figure encadrée par ses mèches rebelles, elle tenait à la main une lettre d’Albert, en provenance de France. Il était reparti à la guerre, où il avait obtenu un petit poste d’administrateur du ravitaillement… Tante Elroy en avait presque fait une crise cardiaque : "  Quoi ! Après la mort d’Alistaire, tu repars ! ", s’était-elle écriée. Albert était au loin, mais ne laissait pas la famille André sans chef : il transmettait ses ordres par son fidèle bras droit Georges et donnait de ses nouvelles par des lettres. Malgré le refus de Candy, il avait insisté pour lui verser une grosse rente mensuelle, puisqu’elle faisait partie de la famille.

Ma très chère Candy,

 Je suis arrivé à Paris avant-hier. Quelle ville charmante, quelle architecture ! Les pigeons sont mes nouveaux amis ! Je n’ai pas beaucoup visité, mais je le ferai dès que possible. Il fallait auparavant régler quelques problèmes administratifs. Je n’ai pas beaucoup de temps pour écrire, mais il faut que je te dise ce qui suit. Voilà. J’ai fait une très grave erreur en te demandant d’être ma femme, alors que tu ne supportais pas encore bien ta rupture avec Terry. Je tiens à t’assurer que mon départ ne s’est pas décidé en réaction contre toi. En fait, je voulais absolument échapper au harcèlement de Tante Ellroy, obstinée à me voir marié. Pour le moment, je ne songe plus à épouser personne : tu sais bien qu’on ne peut obliger un cœur à aimer… De toute façon, même si tu avais accepté, cela n’aurait pu se faire, puisque tu es ma fille adoptive. Ta beauté et ta joie de vivre m’ont fait oublier ce gros détail. Tu m’as vraiment fait perdre la tête… D’ailleurs, fait attention : à chaque fois qu’un garçon s’approche et apprend à te connaître, il tombe amoureux de toi. Tu sous-estimes tes charmes ! Je garde de toi le souvenir d’une jeune fille, qui, si elle m’a blessé un peu, reste franche et honnête avec elle-même. Je te respecte infiniment.

Ton ami pour toujours,

Albert.

" Hein ! Oncle Albert et toi ? Mais… ", s’étonna Louise.

-Mais ce n’était pas réciproque et il a fini par s’en remettre. Il ne serait pas avec Thérèse aujourd’hui ! Bon, où en étais-je ?, dit Candy en frottant une assiette.

-Tu lisais la lettre d’Albert…, rappela Charlotte, qui essuyait minutieusement les ustensiles.

Candy ne put laisser s’échapper quelques larmes. Pauvre Albert ! Elle se sentait triste de l’avoir déçu, mais heureusement, il comprenait. " Quel homme exceptionnel. ", pensa-t-elle.  " J’espère qu’il trouvera une personne digne de lui. Il me manque… " Puis elle prit le journal du matin et ressentit un coup de poignard en plein cœur en voyant la première page.

TERRENCE GRANDCHESTER SE MARIE À LA FIN DE L’ANNÉE : DÉTAILS À LA PAGE TROIS

-TERRY !!!!, cria-t-elle.

Et elle se remit à pleurer. Le bruit attira Mlle Pony qui lui demanda ce qui n’allait pas.

-Rien, ce n’est rien du tout, mentit Candy en s’efforçant de sourire. J’ai poussé un cri de joie en apprenant qu’un de mes vieux amis va épouser la femme qu’il aime. C’est tout.

Mlle Pony jeta un regard incrédule à Candy, mais retourna quand même à ses tâches. La jeune fille se précipita dans sa chambre pour lire la nouvelle maudite sans être obligée de cacher ses sentiments. "  Terry ! Pourquoi est-ce que je me sens trahie de voir que tu vas bientôt épouser Suzanne ? Pourquoi suis-je incapable de te sortir de ma tête ? ", se dit-elle en se mouchant piteusement. Pour l’énième fois depuis cette soirée fatale, elle n’écouta pas sa petite voix intérieure qui lui disait de retourner à New York.

" Ooh ! C’est frustrant ! ( À son père, qui apportait d’autre vaisselle à laver. ) Quand je pense que tu as vraiment failli te marier avec une fille que tu n’aimais pas ! ", s’écria Louise, qui tenait un gros couteau.

-Puis-je continuer ?, soupira Candy.

-OUPS ! Pardon !

Le lendemain, elle était en costume d’infirmière à s’occuper de son nouveau patient, Bob McIntire, ancien avocat. Il souffrait d’une fracture de la hanche et n’avait personne pour s’occuper de lui. Il s’étonnait de voir Candy travailler aussi dur pour une agence privée en milieu rural et de la voir, en plus, faire du bénévolat à l’orphelinat où elle résidait. " Dites, ma chère enfant, allez-vous vraiment passer tous vos congés dans cet orphelinat ? Une jeune fille de votre âge doit sortir, s’amuser, avoir des prétendants… Ce n’est pas bon d’être trop sérieuse quand on est si jeune et si jolie que vous… ", dit le vieil homme.

-Eh, bien ! Je ne pourrai plus m’occuper des enfants de Mlle Pony très bientôt. Vous savez, vous êtes mon dernier client : je n’en accepte plus par ici. Je vais travailler à Chicago, mais ça ne veux pas dire que je passerai mon temps à faire des choses superficielles. Je ne veux pas de prétendant : je veux être utile, répondit la jeune fille blonde.

L’homme aux cheveux blancs et au visage fatigué fut très surpris. Il se demandait pourquoi elle avait une telle attitude. Le jour suivant, il pensa avoir trouvé la réponse :  " Vous avez beau faire des efforts, sourire et paraître gaie, vous êtes malheureuse. ", déclara-t-il alors que l’infirmière changeait les draps du lit.

-Moi ? Vous plaisantez !, démentit-elle en faisant son sourire le plus enchanteur.

-Ça ne sert à rien de mentir : je le lis dans vos grands yeux verts !, dit le vieillard taquin en agitant son index dans sa direction.

-Écoutez, cela ne vous concerne pas…

-Ah ! Je parie que c’est un chagrin d’amour !, rajouta le patient en faisant claquer ses doigts.

-MAÎTRE MCINTIRE !, s’impatienta Candy.

-Écoutez Mademoiselle Taches de son : je ne m’arrêterai que lorsque vous aurez vidé votre sac ! Est-ce bien clair ?

-( Surprise et soudainement nostalgique ) Vous… Comment m’avez-vous appelée ? BOUHOUHOU !!!! Snif ! BOUHOUHOUHOUHOU !!!! Snif !

-Allons, qui est celui qui vous cause tant de chagrin ?, demanda le curieux.

-C’est… Ça ne sert à rien d’en parler, puisqu’il est mieux sans moi…, répondit-elle en reniflant.

-Oh… Mais ça vous soulagera peut-être… Je vous en prie ! Les distractions sont rares par ici…

Alors, Candy soupira et s’assit sur le lit pour lui raconter son histoire avec Terry. La réaction du vieillard la déstabilisa complètement : " Quoi ! On croirait un roman-feuilleton ! Ce n’est pas de bonnes raisons de se séparer…"

Candy se remit à pleurer. Elle se dit qu’elle avait vraiment gâché sa vie. Le vieil homme s’attendrit : " Allons mon enfant, ne pleurez pas… Je suis désolé d’avoir été si dur. Mes paroles ont dépassé ma pensée… euh… Tout n’est pas joué.. Quand vous pourrez, allez à sa rencontre et essayez d’arranger les choses… Allez-lui parler : avec votre charme, tout pourrait bien tourner en votre faveur…Vous n’avez pas grand chose à perdre…

-Mais…

- Quoi ? Vous ne croyez pas que vous méritez d’être heureuse ?

-Je… je ne sais pas…

-À votre guise, alors… Mais, si vous êtes si résolue à l’oublier, faites plus d’efforts et allez danser avec les garçons plus souvent, que diable !

Candy se boucha les oreilles et repoussa encore une fois au fond de son cœur l’envie soudaine qu’elle ressentait de sauter dans le premier train en direction de New York. Elle avait d’autres chats à fouetter, comme trouver un appartement à Chicago et organiser son déménagement.

" Moi, je pense que si j’avais été toi, j’aurais dit " merde! " au déménagement et je serais partie pour New York tout de suite ! ", interrompit encore Louise.

-Ouais ! Tu aurais dû suivre le conseil de ton patient…, ajouta David.

-Louise ! Surveille ton langage. J’y arrive… Et cessez donc de m’interrompre sans cesse, s’il-vous-plaît ! C’est agaçant à la fin…, s’écria Candy les deux mains dans l’eau savonneuse.

Peu de temps après, en septembre, alors qu’elle était installée à Chicago depuis deux mois, elle tomba cette fois sur un magazine qui parlait de Terry et Suzanne. Celui-ci décrivait de long en large les préparatifs de leur mariage ( Une robe avec une traîne de 8 mètres de long, un gâteau de noces de 5 mètres de diamètre, etc. ). Notre héroïne ne put fermer l’œil cette nuit-là… Elle ne cessait de tourner et retourner dans son lit en se posant toutes sortes de questions. Elle devait absolument voir Terry. " Et s’il n’était pas bien avec elle ? ", dit la petite voix dans sa tête. Elle s’empressa de l’étouffer, mais peine perdue… Elle savait qu’elle ne croyait pas ce qu’elle venait de lire. Elle irait à New York. Il lui fallait voir de ses propres yeux que Terry était heureux avec Suzanne. Après, elle pourrait rentrer en paix chez elle. Elle se leva alors qu’il faisait encore noir, s’habilla et fit ses bagages en toute hâte. Comme il était vendredi, elle envoya un message à l’agence qui l’employait pour se déclarer malade. Elle prit le premier train du matin. Quelques kilomètres avant d’arriver, elle était maintenant consciente que son véritable motif était d’empêcher ce mariage. Elle allait tenter le tout pour le tout. Arrivée là-bas, elle se prit une chambre d’hôtel pour la fin de semaine. Ce n’était que la fin de l’après-midi et elle se décida à se risquer au théâtre, où Terry devait répéter Richard III. Sur place, on lui dit tout de go que celui qu’elle cherchait était parti à la bibliothèque, sur la 5e Avenue. Avec un peu de chance, il ne serait pas encore parti dîner.

Candy s’y précipita. En chemin, elle pensa à son plan : elle devait faire semblant de le croiser, puis engager la conversation. Elle s’inventa une recherche à faire sur une vague maladie infantile. À la bibliothèque, elle remarqua Terry, assis à une table de lecture, penché sur un gros livre d’histoire de l’Angleterre et en train de prendre des notes dans un cahier. Le cœur battant, elle se cacha précipitamment dans un des rayons et commença à ramasser les encyclopédies médicales pour pouvoir se déplacer sans qu’il ne la voie. Soudainement, il se leva et se dirigea vers la sortie. Rapidement, elle lui fonça dessus et le renversa. ( Et boumbadaboum ! )

-Voyons, Mademoiselle ! Regardez donc où… Candy ? Est-ce bien toi ?

-Hein ? Terry ?, mentit-elle.

-Ça alors, si je m’attendais de te voir… Je t’ai à peine reconnue : tu es si… Euh ! ( " Dire que je ne me suis pas rasé ce matin. Zut ! ", pensa-t-il. )

- Euh ! Oui, quelle surprise ! … et … et… Oh… je suis incapable de te mentir ! En fait, j’ai fait exprès de te renverser : je suis à New York pour te voir !

-!!!!!! ( Bouche bée, les yeux grands comme des soucoupes. )

-Ben oui, euh ! Comment dire…je dois te parler absolument !!!!

-( Encore abasourdi, mais secrètement heureux. ) Oui… Allons prendre un café… un café bien fort ! ( Il n’en revenait tout simplement pas… )

Candy termina sa narration à ce moment, parce qu’il commençait à se faire tard et qu’il fallait régler une foule de choses. Les enfants étaient déçus de ne pas entendre la suite, mais ils avaient des devoirs à faire. Louise, qui n’était pas allée à la plupart de ses cours, n’en avait pas ce soir, alors ses parents en profitèrent pour discuter avec elle. Ils passèrent au salon. Louise défendit son point de vue dès qu’ils y eurent posé le pied : " Je sais ce que vous allez me dire : je suis trop jeune et le reste ! Mais j’ai la passion du théâtre et je préfère mourir que d’en être privée ! Vous pouvez m’enfermer dans un sombre cachot, me chatouiller les pieds jusqu’à épuisement, je ne bougerai pas d’un pouce ! ", s’écria-t-elle.

Ses parents éclatèrent de rire. Ils s’assirent sur le sofa de velours chocolat et Louise prit un fauteuil, celui qui était de tissu fleuri, de biais avec eux. Candy se décréta présidente de l’assemblée. " Comme d’habitude. ", pensait Terry. " C’est toujours elle qui décide. " Il avait déjà décidé qu’il ferait l’avocat du diable, juste pour que sa fille réagisse à ses propos.

-Je déclare l’assemblée ouverte. Bon, le seul point à l’ordre du jour est le cas de Louise, qui a séché ses cours pour aller faire du théâtre. Que doit-on faire ?, dit Candy.

-Moi, je pense qu’on devrait la retirer de l’école, puisqu’elle veut faire du théâtre à temps plein et qu’elle a ainsi clairement choisi cette voie professionnelle.

-Non ! Je veux finir mon secondaire !

-Voyons, ma fille, continua Terry, tu dois choisir ! Les répétitions ont lieu trois fois par semaine sur les heures de cours…

-( Candy, même jeu que son époux. ) C’est vrai, si tu continues de faire du théâtre professionnel, tu vas rater ton année et tu ne pourras pas aller plus loin dans tes études.

-Je… je vais m’arranger ! J’ai toujours eu d’excellents résultats… Je vais demander à Eunice de me prêter ses notes… j’irai voir les professeurs pour passer les examens… je… S’il vous plaît, ne me retirez pas de l’école !

Candy et Terry échangèrent un regard qui en disait long ( " Vraiment ! Ce qu’elle peut être déterminée ! Il y a de quoi en être fiers. " ).

-Très bien, déclara Candy, puisque tu veux mener ces deux activités de front, vas-y ! Nous allons écrire une lettre au directeur pour qu’il soit au courant et qu’il ne te pénalise pas pour tes absences. Le reste est entre tes mains…

-Moi, je te donne trois mois pour prouver que ton petit système fonctionne ! Et si ça ne marche pas, je te retire de l’école ! Tu dois savoir que tu ne peux pas laisser tomber une troupe théâtrale en cas de pépin… Bon. Bienvenue dans le métier, ma chérie. Maintenant, fêtons !

Il alla au bar du salon et en ressortit une bouteille de cognac neuve. Il mit de la glace dans trois verres et les remplit presque à ras bord du liquide. Il alla servir les dames. " Je gardais ça pour une occasion spéciale. Là, voici… ( Regardant l’adolescente dans les yeux avec fierté. ) Nous allons porter un toast. À ma têtue de Louise, future grande actrice. ( Il vida la moitié de son verre et continua avec une pointe de tristesse. Au loin, se fit entendre un air de violon larmoyant. ) Si ta grand-mère était encore en vie, elle serait si fière de toi ! ( Encore plus attendri, ses yeux se remplissant de larmes et avalant d’un seul coup ce qui restait. ) Elle était une comédienne géniale… ", dit-il en soupirant et en se versant un second verre.

Louise grimaça en goûtant au cognac, mais finit quand même son verre, puisque c’était en son honneur qu’on trinquait. Elle dut boire trop vite, puisqu’elle se sentit bientôt toute molle. Elle salua ses parents et monta se coucher. Ils la regardèrent s’en aller en souriant. " Elle est vraiment chouette ! J’aime tous mes enfants, mais… je pense que j’ai un petit faible pour elle ! ", commença Terry, un peu joyeux après son troisième verre.

-C’est parce que tu te reconnais en elle, dit Candy, qui en était seulement à la moitié de son premier verre.

-Elle te ressemble aussi… Tellement déterminée ! Comme tu l’étais en ce 8 septembre.

-Ouais, ça fait déjà vingt ans… Oh la la !!!

Terry et Candy, en ce 8 septembre 1916, étaient ensuite sortis dans la rue, sous le regard curieux de dizaines de bibliophiles, qui avaient tout saisi de leur conversation…

-Alors, euh, ça va bien ?, se hasarda-t-elle à lui demander.

-Moui… ( "  Pourquoi revient-elle me hanter ? ", se dit-il. )

-Et Suzanne ?

-Bof…Comme d’habitude… ( " Jamais je ne l’aimerai autant que toi. ", pensait-il. )

-Euh… Tu vas jouer dans Richard III, m’a-t-on dit ?, demanda-t-elle pour amener la conversation sur un sujet plus entraînant.

-Exact : il n’y en a jamais eu de plus jeune que moi, dit-il avec fierté.

-Hein ? Le rôle-titre ? Je croyais que tu serais le futur Henri VII…

-Henri Tudor ? C’est un personnage secondaire. Je préfère le défi que présente un personnage machiavélique. Tu verras : je serai le vilain parfait ! Now is the winter of our discountent made glorious summer by this sun of York ; and all the clouds that lowered upon ou house in the deep bosom of the ocean buried. ( Il continua jusqu’à la fin du monologue. )

Ils arrivèrent à un café italien. Terry demanda un double expresso, Candy essaya un capuccino. Ils sirotaient leurs petites tasses en se dévisageant en silence. Terry trouvait que ça lui pesait. Il attaqua : " Alors ! Tu n’es pas venue me voir juste pour prendre un café ! "

-Ben, je suis là pour te voir et…

-ET ALORS !?

-Je… je pense que j’ai fait une erreur en laissant toute la place à Suzanne, réussit-elle à dire.

-( Incrédule, en lui prenant la main. ) Minute ! Tu es en train de me dire que tu es ici parce que tu… Tu veux tout recommencer ? Ai-je bien compris ?

-Euh… oui… ( Candy se sentait toute chose au contact de la main de Terry. )

-Mais tu oublies que j’ai donné ma parole à Suzanne et qu’elle a besoin de moi. ( En lui-même : " J’aimerais pouvoir dire le contraire ! " )

-Je sais, mais je me demandais si on pouvait trouver un moyen…, fit-elle en soupirant.

-Candy ! Ça me brise le cœur de te le dire, mais j’y ai déjà pensé : il n’y a pas d’issue possible ! C’est vrai, je n’aime pas Suzanne : elle m’a séparé de toi. Même, que parfois, j’aimerais la voir morte !, fit-il sur un ton découragé.

-Terry !!!! Comment peux-tu ?

-Je sais, je l’ai choisie… Et dire que je me marie dans deux semaines… ( Il poussa un énorme soupir de désespoir et Candy se dit qu’elle était justement arrivée à temps pour empêcher le désastre. ) Malgré tout ce qui est arrivé, dois-je croire que tu m’aimes encore ?, dit-il en souriant tristement.

-Oh… Je ne t’ai jamais rien avoué…, se défendit-elle.

-( Se levant et se penchant vers elle en la regardant droit dans les yeux. ) Parfois, les mots sont inutiles. N’essaie pas de le nier : tu ressentais quelque chose de si fort pour moi que tu es partie, croyant que ça me faciliterait les choses. ( Avec nostalgie. ) Moi, je peux dire que je t’ai aimée. Je crois même ne pas en être guéri, répondit Terry.

Mais Candy ne pouvait plus refouler ses émotions plus longtemps. Elle éclata aussitôt en sanglots violents : " Oh ! Tu as raison, Terry. Je n’arrive pas à t’oublier ! Je pense que je n’y arriverai jamais ! " Terry soupira devant cet aveu. Comme il n’aimait pas voir Candy pleurer, il la serra immédiatement très fort dans ses bras et essaya de la consoler. " Je suis désolé. Je ne voulais pas te faire souffrir… Je… je te demande pardon : je n’aurais pas dû te dévoiler mes sentiments de cette façon. ( Puis, voyant que le soleil allait bientôt se coucher. ) Viens, je te raccompagne à ton hôtel. " Et ils se levèrent.

( Et maintenant, attention à l’innocence de vos yeux !!! ) Quinze minutes plus tard, Terry avait reconduit Candy jusqu’à sa chambre. Il s’apprêtait à lui faire ses adieux pour toujours quand elle ouvrit la porte et lui fit signe d’entrer. Il se demanda ce qu’elle pouvait bien vouloir lui dire, mais une fois qu’il fut à l’intérieur, il se rendit compte de ses véritables intentions. Elle avait enlevé son chapeau, ses gants et son petit manteau d’automne. Perdant alors toute mesure, elle ne résista plus à ce qu’elle avait eu toujours envie de faire depuis ce baiser reçu, quand elle était encore une jeune fille ignorante. Comme pour rattraper la gifle qu’elle lui avait alors donnée, elle lui rendit son baiser avec une effronterie et une fougue inédites. Terry resta figé, surpris. Elle se blottit contre lui, toute frémissante. Il l’accueillit, le plus amicalement qu’il pouvait, mais son sang bouillait. Il mourait d’envie de lui déchirer ses vêtements et de l’emmener au lit… Malheureusement, il ne fallait surtout pas… Elle commença à lui bécoter les tempes, les oreilles et les joues. Il en avait des frissons, mais il fit tout ce qu’il put pour ne pas qu’elle s’en rende compte. Il lui fit cesser ses caresses : "  Écoute, Candy, il ne faudrait pas abuser de la situation… C’est… dangereux… " Mais elle le fit taire en emprisonnant sa bouche par la sienne. Puis, elle prit la parole : " Au contraire, il faut en abuser : peut-être ne nous reverrons-nous jamais. " Terry s’étonna encore plus. Elle lui montrait un côté de sa personnalité qu’il soupçonnait à peine. Comment une si prude et naïve jeune fille s’était-elle muée en amazone décidée à lui retirer tous ses vêtements ? Peut-être qu’elle avait trop souffert de leur séparation et voulait être sûre qu’il ne lui échappe plus ? " Candy ! Tu n’as pas besoin d’aller si loin pour occuper toutes mes pensées ! NON ! Pas ma ceinture ! ARRÊTE ! " Il se débattait aussi proprement qu’il pouvait, mais l’infirmière savait comment maîtriser les patients récalcitrants. Il se retrouva bien vite en caleçons. Quand il s’en aperçut, il rougit et se mit la main devant les yeux. Il avait rêvé de ce moment plusieurs fois et maintenant que cela se produisait, il se comportait d’une façon qui niait l’attitude qu’il avait toujours tenue à l’égard de la jeune fille. Voyant qu’il était honteux, elle s’approcha et lui murmura tout doucement qu’elle avait très envie de lui. Terry resta encore plus stupéfait d’un tel aveu. Elle rougit et commença à lui expliquer qu’elle avait, elle aussi, des désirs, mais qu’elle les avait jusqu’alors profondément reniés. C’était la première fois qu’elle osait lui confier de telles choses. Il la regarda d’un œil neuf. Il se dit qu’elle ressentait les mêmes émotions que lui. Il eut un élan irrésistible et l’embrassa avec douceur. Elle réagit en l’enlaçant. C’est ainsi qu’il cessa de se contenir. Elle avait gagné.

Cependant, Terry commençait à se sentir nerveux. Comment se conduit-on avec la jeune fille qu’on aime tendrement ? Ce n’est pas une prostituée qu’on paie pour un travail vite fait ! Il tremblait à l’éventualité de mal s’y prendre. Il se demanda si Candy avait appris un certain nombre de choses. Il entreprit de la questionner : " Heu, es-tu sûre de savoir ce que tu fais ? Je veux dire : es-tu consciente de… "

-Ne t’inquiète pas, je suis au courant. J’ai lu des tas de livres de biologie !

-Oui, mais… La pratique ?

-Quelle pratique ? Comment aurais-je pu pratiquer ça ? Avec qui, hein ? Tu as vraiment du culot de me poser cette question ! Par contre, je suis sûre que tu n’as pas hésité à profiter de quelques créatures aux mœurs légères ! Je te connais !, fit-elle avec un doigt accusateur.

-Voyons ! Ce n’est pas la même chose ! Là n’est pas la question, de toute façon, dit-il en rougissant encore plus. C’est que tu risques d’être déçue. Il ne faudrait pas que tu t’imagines un énorme feu d’artifice là où il n’y aurait qu’une petite étincelle…

-Je ne m’attends à rien d’autre qu’à une nuit d’amour. Le reste est secondaire pour moi, dit-elle très sérieusement.

Puis, elle l’embrassa. Ces paroles détendirent Terry. Il prit les devants et, avec l’aide de la jeune fille, dégrafa sa robe pour la faire glisser par terre. Son jupon brodé connut bientôt le même sort. Elle était maintenant en petits dessous. Elle se pencha pour enlever ses souliers. Terry se dit que ses bas de soie crème étaient presque de la même couleur que sa peau. Il s’approcha et entreprit de les lui enlever. Il ne put s’empêcher de déposer quelques baisers sur ses cuisses, ce qui fit rire Candy. Il se releva et lui embrassa le cou. Ils se dirigeaient insensiblement vers le lit. Ils commencèrent par s’y asseoir. Terry mit son bras autour des épaules de Candy et lui caressa doucement le visage. Il déboutonna ensuite lentement son corsage. Il s’attarda longuement à la découverte de la poitrine de la jeune fille. Ensuite, celle-ci osa se pencher et enlever à Terry le seul morceau de tissu qui lui restait. Elle eut un choc en découvrant ce qui s’y trouvait ( Il faut dire qu’elle n’avait pas vu beaucoup de ces organes, malgré son métier, et probablement jamais dans un tel état ! ). Elle se précipita de peur dans les bras de son amant. Terry se sentit un moment gêné, puis il éclata de rire. Il lui prit la main et tenta de lui montrer comment le caresser. Ils s’embrassèrent à nouveau. Fiévreusement.

Terry entreprit de délacer la culotte de la petite blonde, pour mieux lui enlever. Ses mains tremblaient lorsqu’il toucha à la peau de pêche qu’il découvrait. Il osa aussi explorer la toison dorée qu’elle tentait tant bien que mal de cacher, avec ce qui lui restait de pudeur. Ils se caressèrent ainsi pendant plusieurs minutes. Candy aurait voulu que cela ne finisse jamais. Même si elle avait une vague idée de ce qui allait suivre, elle se sentait un peu inquiète. Avec douceur, Terry se glissa entre les jambes de Candy, qui exposait tous ses charmes, étant couchée sur le dos. Il resta un bon moment ainsi, se contentant de la caresser, puis, il se mit en elle. Elle ne put réprimer une sensation douloureuse, comme une brûlure. " Aïe ! ", s’écria-t-elle.

-( Terry, inquiet. ) Quoi ? Est-ce que tu as mal ?

-C’est fini maintenant. Je m’y attendais un peu, mais ça m’a surprise tout de même…

-Il vaudrait mieux arrêter…

-Non ! Tout ça est parfaitement normal. Je l’ai lu dans un bouquin…

-Je… je suis désolé, mais savoir que je t’ai fait mal… heu…, dit-il en s’asseyant.

-( Déçue. ) Tu n’as plus envie ?

-… ( Terry baisait les yeux. )

-Ça va mieux, je t’assure !

Elle l’embrassa encore une fois. Bientôt, il sentit que son désir revenait et ils reprirent là où ils s’étaient arrêtés. Après deux minutes de gymnastique intensive, Terry eut une drôle d’expression. Candy se demanda pendant une seconde s’il faisait une crise d’apoplexie. Elle finit par se rendre compte, à ses gémissements, que le jeu était fini. Alors, elle rit encore.

-Ah… Candy ! Ce n’est pas drôle, je n’ai pas été à la hauteur ! Si j’en crois mes observations, tu n’as pas eu de plaisir…, dit-il dans un état larvaire.

-Non… C’est… la figure que tu faisais… Hihihihihiiihihi ! Mais je me suis bien amusée, c’est tout ce qui compte, non ?

Ils se réveillèrent au petit matin, enlacés. Ils ne purent d’abord proférer une seule parole, la situation étant des plus exceptionnelles. Candy se souvint qu’elle était nue et cacha son corps avec le drap. Ils se regardèrent dans les yeux. Une gêne se dressait entre eux comme un mur. Ils crurent que le charme de la veille s’était rompu. Soudain, ils éclatèrent d’un rire nerveux. Le mur s’était écroulé. Ce matin-là, ils se promenèrent de longues heures dans Central Park en s’embrassant comme s’ils avaient le droit d’être ensemble et se racontant leurs vies présentes. Le soleil semblait ne luire que pour eux. " Je suis si heureux avec elle. J’aimerais que le temps s’arrête et que cette journée ne finisse jamais. ", pensait Terry.

-Oh ! Regarde ! Des canards !, cria Candy. Et elle se mit à courir vers l’étendue d’eau.

-Hé ! Attends-moi !

-Ça me rappelle. Quand j’étais plus jeune, j’avais attaché des canetons à leur mère, pour ne pas qu’ils la perdent et deviennent orphelins comme moi…

-C’est une bonne idée ! As-tu un bout de corde que je puisse te ficeler à moi ?

Elle lui lança un regard qui lui rappela qu’il était déjà lié à une autre personne. Il se dit alors qu’il devait absolument régler la question une bonne fois pour toutes avec Suzanne. Il lui parlerait dès dimanche, se jurait-il. Le mensonge avait assez duré. Mais il ne dit rien à Candy. Il se contenta seulement de soupirer en levant les yeux au ciel en silence. " Excuse-moi, je ne voulais pas te peiner. ", dit Candy.

-Ce n’est rien… Je pense que c’est toi qui devrais être la plus triste, non ?

-Oh ! Je ne pense pas à demain… Je profite du présent, c’est tout !

-Ne t’inquiète pas. Je sais qu’on se reverra.

-Ah oui ? Quand ? Pas encore dans deux ans, quand même ?, ricana la jeune fille.

-Euh…Samedi prochain ?

-D’accord ! It’s a date !

-Je t’aime, lui dit-il très sérieusement en lui caressant les cheveux. ( Puis, après un long silence. ) Candy… tu as changé depuis notre séparation.

-Ah ! Tu penses ?

-Tu es devenue… euh… un peu cynique, je dirais.

-Je ne crois pas. Disons que je suis moins naïve.

-Ça me plaît bien, mais je suis un peu surpris. J’avais toujours cru que tu resterais éternellement une oie blanche, dit-il avec son sourire malicieux.

-Oh ! Terrence ! Moi, une oie blanche ! Tu as un culot !

-Hahahahaha ! C’est toujours aussi facile de te faire monter sur tes grands chevaux !

-Oh !

Ils se virent ainsi à toutes les semaines pendant plus d’un mois. Terry avait décommandé la cérémonie de son mariage en évoquant des raisons professionnelles, mais n’avait pas réussi à aborder le sujet de Candy avec Suzanne. Elle se sentait mal chaque fois qu’il prononçait le nom de sa rivale. Terry devenait impatient de se débarrasser de cette fiancée encombrante et se sentait coupable de manquer de courage en face d’elle. De son côté, Candy était victime de rumeurs malveillantes colportées par des collègues qui trouvaient bizarre de la voir partir régulièrement pour New York. Elle risquait de perdre son emploi. Finalement, la mère de Suzanne aperçut un jour le couple illégitime ensemble dans le parc et les sermonna. Candy repartit aussitôt pour Chicago et Terry alla se terrer dans un bar, après avoir tout avoué à la méchante Mme Marlowe ( Avec pour résultat : " Tu épouseras Suzanne, que ça te plaise ou non ! " et, de sa part, " Allez au diable ! " )

David vint interrompre leurs doux souvenirs lorsqu’il demanda à sa mère si elle voulait faire une petite partie de Monopoly avec lui et Charlotte. Elle sursauta en croyant que c’était Albert qui lui parlait. Elle lui répondit qu’elle ne savait pas encore, qu’elle n’avait pas fini de discuter avec Terry. Cependant, au seul nom du divertissement proposé, ce dernier avait fait une mine dégoûtée. Il détestait ce nouveau jeu où il fallait être plus capitaliste et cupide que les autres. C’était contre ses principes de marxiste. Il aurait bien voulu interdire à ses enfants d’y jouer, mais personne ne l’écoutait dans cette maison… À chaque fois qu’il voulait expliquer sa vision de la politique, il avait droit aux regards incompréhensifs de sa famille et de ses amis. Pourtant, c’était sa façon de proposer une meilleure société. " Ah ! Si le gouvernement était dirigé par le prolétariat, la Crise serait déjà du passé ! ", se plaisait-il à dire. Il avait fini par garder son opinion pour lui, à moins qu’on la lui demande. Plus tard, dans les années cinquante, le grand-père qu’il deviendra sera forcé d’avouer ses sympathies communistes devant le sénateur McCarthy, mais il ne dénoncera personne. Il reprit la conversation avec Candy : " Eh bien ! Quoiqu’il en soit, pour en revenir à Louise, je suis très content ! Je vais travailler avec une créature sublime qui s’adonne être ma fille. Et puis elle est douée pour le jeu… ( À voix basse. ) Et un quatrième verre… "

-Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. ( Candy connaissait bien les profondes tendances alcooliques de son mari. )

-Tu as raison ! J’ai la tête qui tourne… Allons nous coucher !, dit-il en serrant amoureusement sa femme.

-Il faut d’abord que nous discutions d’autre chose… ( Candy tourna la tête parce que l’haleine d’alcool de Terry l’indisposait. )

-Oh ! Non… Pas de Suzanne !

-Il faut régler ça. Je sais que tu n’es pas très chaud à l’idée de lui rendre visite, mais il faut faire la paix avec le passé. Elle a changé ! Elle n’essaiera plus de te mettre le grappin dessus. J’ai pensé que dimanche…

-C’est ça ! Un brunch en famille avec Suzanne ! ( Terry tira la langue. ) As-tu rencontré son mari ? Il me tombe sur les nerfs : il n’arrête pas de rire comme une baleine ! Il a l’air d’être incapable de sérieux. Ses enfants sont aussi sûrement insupportables…

-Arrête ! Laisse leur une chance. Qu’est-ce qu’on a à perdre ?

-( La tête de Terry lui tournait de plus en plus.) D’accord, tu as gagné. Maintenant je vais faire dodo. Tu viens ?

- Non, j’ai autre chose à faire… Je vais jouer avec les enfants, dépouiller le courrier et, si j’ai le temps, je vais faire un retour sur ma recherche. Et il n’est que neuf heures. Bonne nuit.

-Ooh… Bonne nuit, fit-il un peu déçu.

Fin du chapitre 2

© Miss Retro janvier 2001

*(Sans censure)

Questions : Mais que veut donc Suzanne ? Que veut dire Terry lorsqu’il fait allusion à des enfants trouvés dans des choux ? Quelles nouvelles aventures attendent nos héros ? Le prochain chapitre sera-t-il aussi long ? Vous le saurez très bientôt… parce que le troisième chapitre est presque fini !