Les caprices du destin
par Mary

Chapitre 4

Retrouvailles

D’un pas rapide et trébuchant, Candy grimpa au sommet de la colline de Pony puis s’arrêta, essoufflée, près du grand chêne. 

Tout s’était passé si vite ! Son cœur s’accéléra soudain au souvenir du récent départ de Terry. Elle ne voulait pas, non elle ne voulait pas qu’il s’en aille ainsi ! Mais qu’aurait-elle pu faire pour le retenir ? Elle venait tout de même de lui révéler l’ambiguïté de ses sentiments ! Pouvait-elle de ce fait s’attendre à ce qu’il réagisse différemment ? Non, elle n’en avait même pas le droit. Terry avait toujours été quelqu’un de très fier. Candy le savait et l’aimait tel qu’il était, avec ses défauts et ses qualités. Elle ne pouvait exiger de lui qu’il comprenne ce qu’elle-même ne comprenait pas. 

« Oh ! Anthony ! Tout est si confus dans mon cœur depuis ta réapparition ! Grâce à Terry, j’étais enfin parvenu à t’oublier… C’est du moins ce que je croyais… jusqu’à ce que je te revoie… » 

Candy ne savait pas ce qu’elle devait penser du retour d’Anthony. Pourquoi était-il réapparu si soudainement après tant d’années ? Elle l’avait cru mort… Au souvenir de l’accident qui avait failli lui coûté la vie, Candy ne put s’empêcher de retenir ses larmes… Elle avait tant souffert de sa disparition ! Pourquoi n’avait-il jamais donné signe de vie depuis l’effroyable tragédie ?  

« Oh ! Anthony, pourquoi…. ? » 

Des larmes jaillirent les unes après les autres de ses yeux jusqu’à inonder entièrement son visage. Ne l’aimait donc t-il pas autant qu’elle ne l’avait cru alors ? Ou…. Peut-être même ne l’avait-il jamais aimé ? Sinon pourquoi aurait-il menti pendant toutes ces années ? Etait-ce un moyen pour lui de se débarrasser d’elle ? Non, elle ne pouvait le croire. Pas Anthony, ce n’était pas possible ! Son Anthony n’aurait jamais pu faire une chose pareille. Et pourtant… il l’avait abandonnée…  

A cet instant, Candy sentit la présence d’Annie derrière elle et essaya de sourire malgré les larmes qui inondaient ses joues. 

  • Oh ! Candy…. Candy… si tu savais…. Je suis si malheureuse, Candy…

 A ces mots, Annie se jeta dans les bras de Candy pour se faire consoler. Consciente de l’état de détresse dans lequel se trouvait son amie d’enfance, Candy ravala ses larmes puis s’adressa à Annie d’un ton doux et rassurant. 

  • Qu’y a-t-il, Annie ? Quelque chose ne va pas ? Tu sais bien que tu peux tout me dire…

 Annie leva les yeux vers Candy et ne put retenir ses larmes. 

  • Oh, c’est affreux, Candy… C’est Archie … il est si distant avec moi en ce moment… il m’a annoncé hier qu’il voulait repousser la date du mariage… Mais Candy, je l’aime tellement… Si tu savais Candy…

  • Oh, Annie…

  • J’ai peur qu’il me quitte, Candy…

Sur ce, le désespoir s’empara d’Annie et Candy s’en rendit compte. 

  • Ecoute, Annie. J’essaierai de lui parler. Je t’en fais la promesse…

  • Merci, Candy… Je l’aime tant…

  • Je sais, Annie.

Candy sourit intérieurement en repensant à son enfance à la maison Pony. A cette époque, Candy faisait déjà tout son possible pour protéger Annie. Depuis, toutes deux avaient grandi mais rien n’avait changé. Annie était restée la petite fille sensible et fragile qui avait sans cesse besoin de la protection de son amie et Candy continuait d’être son ange-gardien. Annie venait toujours se confier à elle dans l’espoir qu’elle résolve ses ennuis… tandis qu’elle gardait tout pour elle. Annie ne s’était même pas aperçu de son propre chagrin… A cette pensée, son cœur se serra mais Candy reprit vite le dessus et s’en voulut même d’avoir osé, ne serait-ce qu’un seul instant, douter de l’amitié d’Annie. 

  • Grandchester ! C’est à vous ! Grandchester…. Vous m’entendez ? C’est à votre tour d’entrer sur scène ! Grand… 

Le metteur en scène avait beau s’égosiller de plus belle, Terry ne réagissait toujours pas. Ses pensées étaient ailleurs. Depuis son départ précipité de la maison Pony, il y avait maintenant une semaine, Terry n’avait cessé de penser à elle, de sentir en rêve son parfum, l’odeur de ses cheveux… Qu’avait-il fait pour mériter un tel châtiment ? Il venait à peine de la retrouver et voilà qu’elle lui échappait encore… Devait-il haïr Anthony pour ce qu’il lui avait fait ? Mais que lui avait-il fait, d’ailleurs ? Même si Terry avait d’abord refusé de le croire, il savait maintenant qu’il ne lui avait pas menti. Reste qu’il lui avait quand même enlevé la femme qu’il chérissait le plus au monde. Et pour cela, il le détestait. Oui, il le détestait. De toute façon, ils ne pouvaient plus être amis maintenant…. 

  • GRANDCHESTER !!!!!

Cette fois, Terry entendit la voix du metteur en scène et réalisa qu’il était en pleine répétition. La première de « Dorian gray » aurait lieu dans deux semaines et il n’était pas question de se reposer sur ses lauriers d’ici là.  

  • Heu… oui ?

  • Vous êtes avec nous, oui on non ?

  • Excusez-moi. J’étais perdu dans mes pensées…

  • Tout le monde a des problèmes, Grandchester. Mais si vous voulez garder ce rôle, vous devez passer outre… Me suis-je bien fait comprendre ?

Terry ne répondit pas et se contenta d’incliner légèrement la tête en signe d’assentiment. Cette pièce était importante pour lui. Il ne pouvait se permettre de compromettre sa carrière pour… Mais si elle n’assistait pas à la première ? Il y a encore quelques mois, l’absence de Candy ne l’aurait pas empêché de jouer… Bien que celle-ci devenait parfois insupportable à la simple vue de Suzanne, dès qu’il montait sur scène, il était comme transcendé. Mais aujourd’hui les choses étaient différentes. Suzanne n’étant plus là, Terry et Candy s’étaient finalement réunis après plus de trois ans de séparation. Terry avait cru que le bonheur lui souriait enfin… et voilà qu’Anthony réapparaissait dans la vie de Candy et lui prenait la femme pour qui son cœur battait depuis toujours. Par sa faute, en plus. Ah, si seulement il ne lui avait pas présenté Anthony, ce jour-là ! Mais comment aurait-il pu se douter que l’homme qui était alors devenu son meilleur ami n’était autre que le premier amour de Candy. Dès la première seconde où il avait entendu Candy prononcer son nom au collège Saint-Paul, il en avait été malade de jalousie. Même après avoir appris son destin tragique, il n’avait pu s’empêcher de le considérer comme un obstacle.  

D’un geste machinal, Terry introduisit sa main droite dans la poche intérieure gauche de sa veste, fouilla quelques instants et en ressortit une minuscule petite boîte de velours noir. A la vue de ce qu’il tenait entre ses doigts, ses yeux se remplirent de larmes et Terry n’essaya même pas de cacher sa détresse au metteur en scène qui le rappelait à l’ordre une fois de plus. Qu’allait-il faire de la bague, à présent ? La jeter ? Candy ne deviendrait jamais sa femme, alors à quoi bon la conserver ? Et d’un geste de dépit, Terry se débarrassa du bijou dans la première corbeille qu’il aperçut, avant de rejoindre promptement le metteur en scène dont la patience avait été mise à rude épreuve depuis plus de vingt minutes. 

Le cœur battant, Anthony fut introduit par le majordome dans le salon privé de la Grand-tante Elroy. Après mûre réflexion, Anthony s’était enfin décidé à franchir le pas pour venir voir celle qui l’avait séquestré pendant toutes ces années. 

  • Madame Elroy ne sera pas là avant une bonne heure, monsieur… Anthony, articula difficilement le majordome dont les jambes s’entrechoquaient régulièrement depuis qu’Anthony avait pénétré dans l’immense demeure des André.

« Il a dû avoir un choc en me voyant, le pauvre. Il croit peut-être parler à un fantôme » 

A ces mots, Anthony sourit intérieurement mais repris vite son sérieux en entendant le bruit d’un moteur dans l’allée principale. Anthony s’approcha de la fenêtre du salon et aperçut la doyenne de la famille sortir du véhicule de luxe.  

  • Apparemment, ma tante a été plus rapide que prévu dans ses déplacements…

Quelques minutes plus tard, Tante Elroy pénétrait dans le salon privé. L’air incroyablement sévère, celle-ci prit place face au neveu qu’elle chérissait tant.  

  • Alors, Anthony ? Je t’écoute. Mais fais-vite, s’il te plaît, je n’ai pas de temps à perdre avec un neveu aussi ingrat que toi.

 Le ton glacial employé par la doyenne figea littéralement Anthony sur place. Non, non, non et non, il ne devait pas se laisser impressionner. Elle lui avait tout de même gâché sa jeunesse… sa jeunesse qu’il aurait pu passer, heureux, en compagnie de Candy… 

  • Ingrat ? Comment osez-vous dire une chose pareille, ma tante alors que vous m’avez séquestré en haut d’une tour pendant six ans en m’empêchant de voir tous ceux que m’étaient chers !

En entendant les dernières paroles de son neveu, Tante Elroy sentit quelques gouttes de sueur poindre sur ses tempes. Aurait-il retrouvé la mémoire ? Si tel était le cas, il se souviendrait donc de Candy… Oh, non ! ce serait affreux, AFFREUX… Tous ces efforts pour rien… 

  • Pourquoi m’avez-vous menti pendant toutes ces années ma tante, pourquoi ? Vous me disiez que j’étais tombé malade à l’âge de 15 ans sans qu’on sache réellement pourquoi, que vous étiez la seule famille qui me restait…

Anthony serra les poings quelques instants puis reprit : 

  • Je ne peux pas croire que vous m’ayez délibérément séparé d’Archibald, Alistair et Candy… Dîtes-moi que ce n’est pas vrai, ma tante. Dîtes-le moi !

Oh ! Non ! Il avait recouvré la mémoire ! Il allait partir avec elle et l’abandonner… Mais s’il savait à quel point elle l’aimait, peut-être que…  

Sans plus attendre et aussi surprenant que cela puisse paraître de la part d’une femme aussi froide et aigrie, Tante Elroy se jeta aux pieds d’Anthony, enserra ses jambes de ses bras et le supplia de ne pas l’abandonner. Devant ce spectacle si inhabituel, Anthony resta muet de stupeur. Jamais au grand jamais, il n’aurait cru sa tante capable de s’abaisser de la sorte devant autrui. Totalement désemparé par la réaction de la vieille femme, Anthony se contenta de regarder sa tante avec effroi, incapable d’articuler le moindre mot. 

  • Comprends-moi, Anthony ! Je t’aime tant ! J’ai eu tellement peur de te perdre lorsque tu es tombé de cheval… Je t’ai veillé toutes les nuits sans répit. Si tu dois en vouloir à quelqu’un, choisis Candy. C’est à cause d’elle que tu as eu cet accident… Je reste persuadée que tu n’aurais pas été surpris par ce renardeau si tu avais été en ma compagnie… Anthony, ne m’abandonne pas… Ne retourne pas avec cette petite mijaurée qui n’en vaut pas la peine… Je t’en supplie…

A ces mots, Tante Elroy resserra l’étreinte de ses bras autour des jambes de son neveu pour l’empêcher de partir. Anthony qui reprenait peu à peu ses esprits, tenta de se dégager mais en vain.  

  • Lâchez-moi, ma tante. Vous m’entendez, lâchez-moi !

  • Non, Anthony je ne te lâcherai pas. Tu ne me quitteras pas pour aller rejoindre cette fille…

  • Je ne veux pas vous faire de mal, ma tante mais si vous m’y obligez… je n’hésiterai pas !

  • Tu as toujours été mon neveu préféré, Anthony… Je t’en supplie, ne me laisse pas… Tu m’aimes toi aussi… n’est-ce pas ?

  • Pour la dernière fois, lâchez-moi ! Vous me dégoûtez….

Sur ce, Anthony repoussa violemment sa tante et courut vers la porte sans se retourner. Ses pas résonnèrent quelques instants dans le couloir puis le silence s’abattit dans le petit salon. Etendue sur le sol, la tête entre les bras, Tante Elroy était effondrée. Ce qu’elle redoutait le plus au monde était malheureusement arrivé ! Anthony avait découvert la vérité et l’avait abandonnée pour retrouver cette misérable fille d’écurie… 

  • Je la hais ! Je la hais !

Alors qu’elle pestait contre Candy, Tante Elroy sentit que quelqu’un l’observait dans son dos. La vieille femme se retourna brusquement et aperçut une silhouette féminine sortir lentement de la pénombre.  

  • Elisa !

  • Bonjour, ma tante.

  • Tu… tu as vu tout ce qui s’est passé ? demanda la doyenne non sans un certain malaise.

  • Oui ma tante. Mais ne vous inquiétez pas je ne dirai rien….

Un sourire machiavélique éclaira le visage de la jeune fille. 

  • A une condition toutefois.

  • Laq…laquelle ?

  • Aidez-moi à me venger de ce que m’a fait subir cette sale petite vermine de Candy !

  • Co… comment ?

  • Vous la détestez, n’est-ce pas ma tante ?

  • Ou…oui mais…

  • Alors c’est réglé. Je vous demanderai bientôt de contribuer à la déchéance de celle qui vous a enlevé l’être pour lequel vous n’avez pas hésité à vous rabaisser comme vous l’avez fait tout à l’heure sous mes yeux.

Tante Elroy baissa la tête en signe d’assentiment. Elle était prise au piège ! Il ne fallait surtout pas que cette histoire s’ébruite. Si Elisa ne tenait pas sa langue… oh ! elle ne voulait même pas en imaginer les conséquences… ! 

Elisa, quant à elle, jubilait devant ce spectacle. Voir sa tante à ses pieds était une sensation si délicieuse ! Oh ! Bien sûr, au début, Elisa avait été sidérée en apercevant Anthony qu’elle croyait mort et enterré depuis longtemps mais sa méchanceté avant très rapidement pris le dessus. Forte de la réaction de Grand-tante Elroy, Elisa avait alors décidé de profiter de la situation pour évincer définitivement Candy.  

« Ces yeux…ce visage…cette façon de parler, de se mouvoir… Lorsque je la regarde, je ne peux m’empêcher de penser à toi, petite sœur. C’est plus fort que moi. Elle te ressemble tellement ! » 

Albert sourit en repensant à sa première rencontre avec Candy sur la colline. L’image de cette petite fille à la chevelure blonde et soyeuse resterait à jamais gravée dans sa mémoire. Sa ressemblance physique avec Rosemary était parfaite. C’était comme si le destin avait choisi de mettre Candy sur sa route pour apaiser l’immense peine que lui avait causée la disparition de sa sœur bien-aimée. 

La porte du bureau s’entrouvrit légèrement. 

  • Je suis désolée de vous déranger à un moment pareil, mais mademoiselle André souhaiterait s’entretenir avec vous quelques instants.

  • Bien, faîtes-la entrer, Julia.

  • Tout de suite, monsieur.

Quelques minutes plus tard, Candy était assise en face de son tuteur, le visage sombre. 

  • Qu’y a-t-il Candy ? Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta Albert alarmé par l’état de la jeune fille.

 Incapable de retenir plus longtemps ses larmes, Candy enfouit son visage dans ses mains. Albert était la seule personne devant laquelle elle affichait ouvertement son chagrin.  

  • Oh, Albert…Je ne sais plus du tout où j’en suis… sanglota Candy.

Albert prit place à côté de la jeune fille et posa sa main sur la sienne. 

  • Candy, calme-toi et dis-moi ce qu’il y a.

  • Albert… Anthony… Anthony est… vivant… articula Candy dans un souffle.

  • Que dis-tu ? coupa promptement Albert qui ne pouvait croire ce qu’il entendait.

  • Je sais que j’aurais dû venir t’en parler plus tôt mais…mais je… je n’en avais pas la force. J’étais bouleversée. Revoir Anthony après toutes ces années m’a fait un tel choc que je me suis d’abord demandée si je ne rêvais pas. Mais… c’était bien lui…

Albert tenta bien de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Anthony ? Vivant ? Il ne pouvait le croire. Ce neveu qu’il n’avait pas vraiment eu la chance de connaître et d’aimer était en vie ? Le ciel lui accordait-il une seconde chance pour lui permettre de rattraper le temps perdu ? Toutes ces années sans pouvoir approcher le fils de celle dont le souvenir et la grâce étaient encore aujourd’hui si vivaces dans sa mémoire…

Albert regarda la jeune fille assise à ses côtés et d’un geste tendre, la serra contre lui. 

  • Pleure, Candy je sais que tu en as besoin… Tu l’aimais beaucoup, il est normal que tu sois si désorientée aujourd’hui…

  • Mais et… et Terry ? demanda Candy en relevant légèrement la tête.

  • Ce que tu ressens en ce moment est parfaitement normal, Candy. Si Terry t’aime, il comprendra, tu verras…

  • J’ai si peur, Albert

  • Mais de quoi as-tu peur, Candy ?

  • J’ai peur de m’apercevoir qu’Anthony ne m’aime plus et m’a oubliée… mais j’ai aussi peur de perdre Terry… C’est égoïste de ma part, je le sais bien, mais…

  • Tu as toujours été trop sévère avec toi-même, Candy.

  • Albert…

  • Tu trouveras un jour le bonheur que tu mérites, j’en suis persuadé mais avant, tu devras surmonter ce nouvel obstacle… Ce ne sera pas facile, j’en suis conscient mais sache que je serai toujours là si tu as besoin de moi…

Candy errait maintenant à travers les allées du jardin des André. A la vue des roses écarlates parsemant le parc, Candy ne put s’empêcher de repenser à la roseraie de Lakewood. Cette roseraie qui avait émerveillé toute son enfance, cette roseraie où elle avait rencontré Anthony pour la première fois. A ce souvenir, le cœur de Candy se souleva et la jeune fille dut s’asseoir sur un banc pour ne pas défaillir. 

Epuisé par sa course effrénée, Anthony ne s’était pas rendu compte que ses pas l’avaient conduit à quelques mètres à peine de Candy. L’image de Tante Elroy se jetant à ses pieds et enserrant ses jambes continuait de le hanter. Elle l’aimait donc à ce point ! Un certain mal-être l’envahit et il ressentit soudain le besoin de s’asseoir. Alors qu’il marchait lentement à travers les allées du parc à la recherche d’un siège, Anthony l’aperçut.  

La tête penchée en avant, Candy ne perçut pas tout de suite la présence d’Anthony à ses côtés. Ce n’est qu’au contact de la main du jeune homme sur son épaule que Candy sut que c’était lui. Anthony portait le même parfum qu’autrefois et Candy le reconnut tout de suite.  

  • Candy… c’est bien toi, Candy ?

  • Anthony…

Anthony et Candy étaient assis l’un à côté de l’autre depuis un bon moment lorsqu’Anthony se décida enfin à prononcer le premier mot. 

  • Tu ne te demandes pas où j’étais pendant ces six années ?

  • Si… bien sûr…

  • La Grand-tante Elroy a profité de mon amnésie post-traumatique pour me séquestrer dans une tour située non loin de Lakewoood.

  • Co… co… comment ? s’écria Candy ébahie par ce qu’elle venait d’entendre.

Et Anthony lui raconta tout ce qui lui était arrivé depuis son réveil dans sa chambre au manoir jusqu’à la scène qu’il venait de vivre il y a quelques heures à peine. Candy n’en revenait pas. Tout ce temps sans le voir à cause de la tante Elroy ! Et elle qui croyait qu’il ne l’aimait plus ! 

  • Candy ?

  • Oui, Anthony ?

  • Tu m’as manqué, Candy, tellement manqué. Tout ce temps loin de toi… je me demande encore comment j’ai pu y survivre…

  • Toi aussi, Anthony tu m’as manqué… mais…

  • Tu es tombée amoureuse de Terry, c’est ce que tu voulais me dire ?

  • Anthony, comprends-moi…

Anthony détourna la tête. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Tout le monde le croyait mort… y compris Candy. Si tel avait été réellement le cas, il aurait été heureux qu’elle rencontre Terry et vive avec lui une formidable histoire d’amour… mais voilà, il était bien vivant et ne pouvait supporter que quelqu’un d’autre que lui ait pu s’approprier le cœur de Candy. 

  • As-tu encore… des… sentiments pour moi ? demanda Anthony non sans un temps d’hésitation.

  • Bien sûr, Anthony… Comment aurais-je pu oublier ce que tu avais un jour représenté pour moi ?

 A cet instant, leurs regards se croisèrent et tous deux furent comme paralysés. Irrésistiblement attiré par les lèvres de la jeune fille, Anthony se pencha pour l’embrasser. Candy eut un mouvement de recul mais se laissa bientôt tenter par les lèvres qui se présentaient à elle. Leurs bouches étaient maintenant si proches que Candy pouvait sentir le souffle entrecoupé d’Anthony.  

  • Candy ! Anthony ! Je rêve ?

Interrompus dans leur élan, Candy et Anthony tournèrent brusquement la tête vers l’endroit d’où provenait la voix et aperçurent Archibald qui les observait, médusé. 

Fin du chapitre 4

© Mary septembre 2000