Les caprices du destin
par Mary

Chapitre 3

La confrontation

Anthony ne cessait d’aller et venir dans la pièce.

" Candy, elle s’appelle Candy. Ce n’était donc pas mon imagination. Cette fille existe réellement. Mon Dieu, mais pourquoi n’en ai-je aucun souvenir ? "

Terry se leva brutalement de son siège et fusilla Anthony du regard.

  • Je voudrais que tu t’en ailles.

  • Comment ?

  • Tu as bien entendu, je te demande de partir.

  • Mais pourquoi ? Je crois avoir tout autant le droit que toi d’être ici.

Terry tenta de garder son sang froid mais en vain .

  • Va t’en ! Tu entends, va t’en ! Je ne te le répèterai pas une fois de plus.

  • Non, je ne m’en irai pas. Tant que tu ne m’auras pas dit pourquoi je devrais m’en aller, je resterai ici.

Terry se précipita sur Anthony et l’agrippa par le col.

  • Tu n’avais pas le droit de revenir ici après toutes ces années. Je te croyais mon ami, mais tu m’as trompé en me cachant ta véritable identité.

  • Mais de quoi parles-tu ?

  • Depuis le début tu savais qui elle était et tu n’as rien dit. Et moi qui t’ai fait confiance en t’avouant tout ce que j’avais sur le cœur. Ce que j’ai pu être bête !

  • Tu te trompes. J’ai toujours été sincère avec toi. D’ailleurs ne t’ai-je pas moi aussi dévoilé une partie de mes pensées les plus intimes ?

  • Tais-toi ! Je n’écouterai plus tes mensonges…

A ce moment précis, la porte de la chambre de Candy s’ouvrit et sœur Maria s’approcha des deux jeunes gens.

  • Je ne tolèrerai pas plus longtemps ce genre de comportement tant que vous serez sous mon toit. Si vous voulez vous battre, allez le faire dehors et surtout loin des enfants.

Terry lâcha le col d’Anthony et se dirigea vers la fenêtre.

  • C’est bon. Je me calme. Anthony allait partir de toute façon.

  • OK, je m’en vais.. Mais avant, j’aimerais avoir des nouvelles de Candy.

  • Elle va bien mais je vous demanderai de la laisser se reposer pour l’instant.

  • Très bien. Alors, au revoir, ma sœur. J’espère ne pas avoir trop abusé de votre hospitalité.

Anthony fit quelques pas, se retourna vers Terry puis reprit sa route. Après tout, qu’il croie ce qu’il veut ! Personne n’aurait pu lui faire entendre raison de toute façon.

" Comme elle est belle, étendue là sur son lit ! On dirait un ange… "

Terry approcha sa main du visage de la jeune fille et lui caressa doucement le front.

" Jamais, plus jamais je ne te quitterai, je t’en fais la promesse… "

  • Terry…

Candy ouvrit les yeux et chercha Terry du regard

  • Oui, mon amour, je suis là.

  • Que m’est-il arrivée ?

Soudain, l’épisode de la veille lui revint en mémoire.

  • Anthony…

Le regard de Terry s’assombrit.

  • Anthony, mon Anthony est vivant… Oh, Terry, dis-moi que ce n’était pas un rêve !

  • Non, ce n’en n’était pas un… répondit celui-ci d’une voix éteinte.

Le cœur serré, Terry se leva de son siège et se dirigea lentement vers la fenêtre. Pourquoi avait-t-il fallu qu’elle s’en souvienne ? Pourquoi ? N’aurait-elle pas pu tout simplement oublier ce " regrettable " incident ?

" Anthony, je te maudis… "

  • Pourquoi n’est-il plus ici ? Où est-il allé ? demanda Candy totalement inconsciente de l’impact que pouvaient avoir ses paroles sur Terry.

  • Je ne sais pas et ce n’est pas mon problème.

La froideur du ton employé par Terry surprit Candy.

  • Si tu veux tout savoir, reprit Terry, c’est moi qui lui ai demandé de partir.

  • Et pour quelle raison, je te prie ?

Terry détourna les yeux.

  • Il m’a trompé.

  • Non, je ne te crois pas. Je connais Anthony, il ne ferait jamais une chose pareille.

  • Tu es bien naïve, Candy. Pour l’amour d’une femme, un homme est capable de tout, même de trahir son meilleur ami ; si meilleur ami il y a eu un jour bien entendu !

  • Ca suffit Terry, je ne te laisserai pas insulter plus longtemps Anthony.

A ces mots, Terry entra dans une colère noire.

  • Anthony, toujours Anthony ! Mais tu n’as que ce nom à la bouche, ma parole ! Et moi, alors ? Je ne compte plus pour toi ?

  • Ne dis pas de bêtise, Terry. Mais essaie de comprendre ma position. Je le croyais mort et voilà que j’apprends qu’il est encore en vie. T’imagines-tu un seul instant ce que j’ai pu ressentir lorsque je l’ai vu descendre de voiture ?

  • N’en dis pas plus Candy. J’ai tout à fait compris. Tu l’aimes encore et je ne suis plus pour toi qu’un simple souvenir.

  • Terry !

La porte claqua et Candy se retrouva seule. Des larmes roulèrent sur ses joues.

" Ce n’est pas ce que je voulais dire, Terry… Je t’aime… Mais Anthony compte aussi beaucoup pour moi et… Oh, je ne sais plus du tout où j’en suis… "

De retour à l’hôtel, Anthony entreprit de s’occuper l’esprit avec un livre mais sans succès. La scène qu’il venait de vivre quelques heures auparavant était encore beaucoup trop fraîche dans sa mémoire pour qu’il parvienne à se concentrer sur sa lecture.

C’est alors que le visage de Candy lui apparut, plus souriant que jamais.

" Candy… Je t’ai enfin retrouvée… Toi qui as hanté mes nuits et mes pensées pendant toutes ces années… "

Une douleur fulgurante lui transperça la tête.

  • Aaarrrr ! Ma tête… J’ai mal… Que m’arrive-t-il ?

Des images défilèrent devant ses yeux. Des centaines et des centaines d’images. Tout lui revint en mémoire, absolument tout. Sa mère, Archibald, Alistair, sa chute de cheval et surtout… Candy. Candy qui avait su capturer son cœur depuis le tout premier jour. Anthony se souvenait de tout à présent. Du jour béni où il l’avait aperçue pour la première fois devant le portail de roses. Des moments magiques qu’ils avaient passés ensemble au bord du lac. De cette promenade à cheval avant son départ pour le Méxique. De son premier dîner en tant que membre de la famille André. Du baiser qu’il avait déposé sur sa joue la veille du jour fatidique où il avait été laissé pour mort.

Et dire que pendant toutes ces années, sa tante n’avait cessé de lui mentir ! Mais pourquoi, grand Dieu, pourquoi ? Jamais il n’aurait pensé que sa tante détestât Candy à ce point. Non jamais. Elle ne la portait certes pas dans son cœur mais tout de même !

Une immense tristesse s’empara d’Anthony. Tout ce temps, loin de ceux qu’ils aimaient. Toutes ces années sans savoir qu’il n’existait plus pour eux. Qu’étaient-ils devenus ? Se rappelaient-ils encore de lui ? Et Candy ? L’aimait-elle toujours ?

" Non, ce serait trop beau… Et puis, il y a Terry… Leur amour semble tellement fort ! Même si je le voulais, je ne pourrai pas rivaliser avec lui… Et pourtant… Pourtant… Je ne peux pas abandonner… Non, je le peux pas.  Je l’aime et je ferai mon possible pour que ce sentiment soit à nouveau partagé. "

La sonnette de la porte retentit.

  • Encore toi ! Je croyais pourtant avoir été clair la dernière fois, lança Terry sur un ton méprisant en ouvrant la porte de sa chambre d’hôtel. Nous n’avons plus rien à faire ensemble !

  • Rassure-toi, je n’en n’ai pas pour longtemps. Je peux entrer ?

  • Non, si tu as quelque chose à dire, dis-le tout de suite, sinon va-t-en !

  • Très bien, comme tu voudras. Je veux être honnête avec toi, aussi j’irai droit au but. J’ai l’intention de me battre pour l’amour de Candy et ce même si je sais que j’ai peu de chances de réussir.

Terry resta sous le choc.

  • C’est un défi ?

  • Non. Je suis juste venu te faire part de mes intentions pour que tu ne sois pas pris au dépourvu. Le reste ne dépend que de toi.

Totalement désemparé par le calme et la détermination dont faisait preuve Anthony, Terry ne put ouvrir la bouche. Après tout, il ne s’était peut-être pas trompé autant sur lui qu’il le croyait.

  • Voilà, c’est tout ce que j’avais à te dire. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, j’ai des choses à faire.

Sur ce, Anthony pivota sur lui même et prit la direction des escaliers.

  • Attends ! cria Terry. Pourquoi fais-tu tout ça ? Je veux dire, pourquoi maintenant ? Tu avais tout le temps de le faire après ta guérison.

  • Comme je te l’ai déjà dit, je ne me rappelais pas de Candy jusqu’à ce que je la revois hier. Ce matin encore, je n’en avais aucun souvenir. Mais tout à l’heure, la mémoire m’est revenue et j’ai alors pu faire la relation entre la fille de mes rêves et Candy. Je sais que tu m’as fait confiance en me parlant de ce que tu ressentais pour elle et je t’en remercie. J’avais tant besoin d’un ami à cette époque. Mais contrairement à ce que tu sembles penser, je ne t’ai jamais trahi. Tout ce que je t’ai dit est vrai. Ou du moins, c’est ce que je croyais.

Une fois de plus, Terry ne répondit rien mais Anthony sut qu’il était enfin parvenu à le convaincre de sa sincérité.

Terry n’avait jamais abandonné l’idée de se battre pour l’amour de Candy mais son départ précipité de la veille avait rendu les choses beaucoup plus difficiles. S’il voulait reconquérir le cœur de la jeune fille, il est clair qu’il allait devoir mettre sa fierté de côté. Autrement, Anthony aurait certainement le dessus. Il était si parfait. Depuis ce fameux jour où Candy était tombée dans les escaliers à l’époque du collège Saint-Paul, Terry s’était senti menacé par Anthony. Et voilà qu’aujourd’hui ses craintes devenaient réalité. Que pouvait-il faire contre un tel rival sinon espérer qu’il commette à son tour une erreur ?

Terry conduisait depuis plus d’une heure, lorsqu’il aperçut la maison de Pony… et Candy. Comme à son habitude, celle-ci riait et s’amusait en compagnie des enfants. Parvenu à quelques mètres d’elle, Terry arrêta le moteur. Comment réagirait-elle ? Accepterait-elle de le revoir ? Les mains moites, le cœur battant, Terry sortit du véhicule et se dirigea vers celle qui faisait battre son cœur.

  • Candy… je…

Terry hésita.

  • Je… Je suis venu m’excuser pour mon comportement de l’autre jour. J’ai agi sans réfléchir. J’espère que tu me pardonneras.

Cela n’avait pas été facile, mais il y était finalement parvenu.

  • Candy ? Tu… tu ne dis rien ?

Le mutisme dans lequel se réfugiait Candy depuis son arrivée inquiétait de plus en plus Terry.

  • J’ai… j’ai quelque chose à t’avouer…

  • Eh bien, mademoiselle, quel air sérieux tout à coup ! fut la seule chose que parvint à prononcer Terry pour masquer son anxiété.

Candy baissa les yeux. Elle ne voulait pas le blesser mais il fallait qu’elle soit honnête avec lui. Il le fallait. Autrement cela ne pourrait que le faire souffrir davantage encore.

  • Ce que je ressens pour toi est toujours aussi fort mais… Anthony a tant compté pour moi que… je ne sais plus actuellement où j’en suis.

Le cœur de Terry s’emballa. Qu’essayait-elle de lui faire comprendre ?

  • Terry… Je ne sais pas trop comment te le dire mais… je crois qu’il serait préférable pour nous deux de ne plus se revoir pendant quelques jours. Juste le temps de faire le point.

Une fois de plus, Terry ne put dominer sa colère.

  • Parle pour toi, Candy ! En ce qui me concerne, je sais très bien ce que je veux et c’est d’être avec toi. Mais si ce n’est pas ce que tu souhaites, alors oui, effectivement, nous n’avons plus rien à faire ensemble !

Terry était sur le point de rejoindre sa voiture lorsque Candy lui attrapa le bras.

  • Attends, Terry. S’il te plaît, ne part pas. Pas comme ça…

  • Laisse-moi ! Je n’ai plus rien à te dire.

D’un geste brusque, Terry se dégagea de l’emprise de la jeune fille, prit place au volant de sa voiture et démarra en trombe.

Fin du chapitre 3

© Mary septembre 2000