Candy
par Lulu

 

 

Chapitre V

 

Au petit matin, Sœur Margareth arriva en hâte chez les Granchester. Elle n’avait pas dormi de la nuit, et s’inquiétait beaucoup pour Candy. Le messager qu’avait envoyé Terry n’avait pas pu lui dire dans quel état était la jeune fille. Elle savait juste que Terry l’avait retrouvé près de la plage et qu’elle avait l’air mal en point.

Les domestiques la firent entrer dans un petit salon, pendant qu’ils allaient prévenir Terry de son arrivée. A cet instant, la nonne entendit du bruit provenant de la porte d’entrée. Elle allait s’asseoir quand elle aperçut par l’entrebâillement de la porte le médecin du village, le docteur Wellington. Elle ne pu résister à lui parler quelques minutes.

- Monsieur Wellington ! Je suis sœur Margareth, un des professeurs de Candy. Pouvez-vous me donner des de ses nouvelles ? Que lui est-il arrivé ?

- Elle est tombée de la falaise mais nous ne connaissons pas exactement les circonstances du drame. Monsieur Terrence l’a ramené sur la terre ferme au péril de sa propre vie et l’a conduite chez lui. Malheureusement, son corps a été meurtri par les récifs environnants et elle a de graves blessures, surtout aux membres inférieurs. Je crains qu’elle ne puisse pas retrouver l’usage de ses jambes.

- Seigneur… murmura Sœur Margareth, effondrée par la nouvelle. Pensez-vous pouvoir la sauver ?

- Malheureusement, elle a passé beaucoup de temps dans les flots avant d’arriver à se hisser sur un récif. La tempête n’a rien arrangé. Elle avait une forte fièvre hier soir. J’espère que ce matin cela s’est amélioré.

La sœur ferma les yeux et murmura une prière.

- Je dois partir la voir. Je vous en dirai plus tout à l’heure.

Margareth s’affaissa dans un fauteuil et pria le ciel de venir en aide à Candy.

Quelques instants plus tard, Mr Wellington entra dans la chambre de Candy. Terry était debout près de la fenêtre, le visage pâle et fatigué. Candy était toujours inconsciente mais paraissait aller mieux.

Quand il vit le médecin, Terry s’avança vers lui et lui serra la main.

- Comment s’est passé la nuit Monsieur Granchester ? A-t-elle repris connaissance ?

- Non docteur. Elle n’a pas arrêté de s’agiter comme si elle délirait. Ce matin, elle paraît plus tranquille, murmura le jeune homme, épuisé.

- Bien. Je vais devoir l’examiner, répondit le docteur Wellington en s’asseyant auprès de Candy.

- Daccord. Je vous attendrai dehors.

Terry sortit et referma doucement la porte. Il s’apprêtait à demander aux domestiques de lui préparer quelque chose à manger quand il aperçu Sœur Margareth, effondrée dans un fauteuil. Quand elle le vit, elle se leva si violement qu’elle manqua de faire tomber son siège.

- Terrence ! Comment va-t-elle ? demanda Sœur Margareth.

Terry la regarda, fatigué. Il s’assit auprès d’elle et sembla chercher ses mots.

- Ce matin, elle est plus calme. Je l’ai veillée toute la nuit… murmura-t-il.

- Seigneur… Mais comment tout cela est-il arrivé ?

- Je ne sais pas. Elle est tombée mais comment ? murmura-t-il, accablé.

Sœur Margareth paru réfléchir quelques instants et posa sa main sur celle de son élève.

- Terrence… Vous avez été très courageux de la sauver ainsi. Vous n’avez rien à vous reprocher lui dit-elle, devinant ses pensées.

- Mais si seulement je l’avais trouvé plus tôt ou si j’avais passé l’après-midi à ses côtés, tout cela ne serait pas arrivé ! s’écria-t-il.

- Terrence, ce n’est pas votre faute, répéta la sœur. Allez prendre un peu de repos, vous êtes exténué.

- Non, protesta-t-il. Je ne veux pas me reposer tant que je n’aurai pas de nouvelles de Candy.

Sœur Margareth allait insister de nouveau quand le docteur Wellington sortit de la chambre. Terry et Margareth se levèrent en même temps et attendirent que le docteur prononce son diagnostic.

- Comment va-t-elle docteur ? demanda la sœur, brisant le silence qui commençait à s’installer.

- Son était s’est amélioré, la fièvre est tombée. Je peux affirmer qu’elle est hors de danger.

Terry poussa un soupir de soulagement tandis que Sœur Margareth remerciait le ciel.

- Malheureusement, elle n’a toujours pas repris connaissance et son étajt m’inquiète encore.

- Et qu’en est-il de ses blessures docteur, sont-elles en voie de guérison ?

- Les coupures de ses mains ont bien cicatrisés mais les blessures de ses jambes sont vraiment graves. Il lui faudra des soins journaliers intensifs pour lui permettre de se remettre.

- Ne vous inquiétez pas docteur, assura Sœur Margareth, la famille André la rapatriera demain dans un des meilleurs hôpitaux de Londres, j’en suis persuadée.

- Malheureusement, son état ne permettra pas un rapatriement. Cela ne ferai qu’aggraver ses blessures.

- Mais… répondit-elle. Les cours au collège royal de Saint Paul vont bientôt reprendre, et Terrence sera obligé de quitter sa résidence secondaire… Candy ne pourra pas rester ici seule. Et connaissant sa tante Elroy, elle ne la laissera certainement pas habiter dans leur maison de campagne, bien que située près d’ici…

- Ne vous en faites pas ma sœur, je prendrai des leçons avec un précepteur ainsi que Candy, quand elle se sentira mieux. Je ne peux pas la laisser ici seule. Mon père n’y verra pas d’inconvénient, assura Terry.

- Mais voyons Terrence… Ce ne serait pas correct de vous laisser ici tous les deux, protesta la sœur.

- Je demanderai à la famille André de faire venir une infirmière, répondit le médecin. Je pense que le calme et le repos sont de rigueur pour Candy, et le bon air de l’Ecosse lui fera le plus grand bien.

- Si seulement je pouvais rester avec elle, murmura Sœur Margareth. Mais je suis une des responsable du pensionnat et je ne peux me défaire de mon devoir. La mère supérieur n’acceptera jamais !

- Ne vous inquiétez pas Sœur Margareth, poursuivit Terry, je prendrai soin d’elle.

- Bon, il me semble que tout est arrangé, dit le médecin. Je vais pouvoir vous laisser. J’envoie immédiatement un télégramme à la famille André pour les informer de l’état de leur fille adoptive. Mais Terrence, je ne voudrai pas vous donner de faux espoirs. Souvenez-vous qu’elle ne pourra certainement plus jamais marcher. Elle risque de passer des moments difficiles et aura besoin d’aide et de soutien. Etes-vous prêt à tenir ce rôle ?

- Oui docteur, j’en suis sûr.

- Parfait. Encore une chose : si elle reprend connaissance aujourd’hui, ne lui dites pas la triste nouvelle, cela ne ferait qu’aggraver les choses. Elle va sûrement dormir jusqu’à la fin de l’après-midi, je lui ai administré un tranquillisant pour calmer ses douleurs. Profitez-en pour vous reposer et vous restaurer Terrence, dit le médecin.

- Bien docteur, répondit-il. Je vous remercie.

- Docteur, permettez-moi de repartir avec vous, demanda la nonne. Je vais retourner au pensionnat afin de donner des nouvelles à la mère supérieure. Terrence, je reviendrai ce soir afin de tenir le collège au courant de l’état de Candy.

- Bien ma sœur, répondit Terry, s’asseyant après de Candy.

Camille entra au moment où le docteur et Sœur Margareth quittaient la pièce. Elle esquissa une rapide révérence et s’approcha de Terry.

- Monsieur, dit-elle pour attirer son attention.

Terry ne répondit pas. Il regardait Candy et semblait perdu dans ses pensées.

- Monsieur Terrence, excusez-moi mais…

Le jeune homme sursauta et remarqua enfin la présence de sa domestique.

- Excusez-moi Camille, je ne vous avez pas vu.

- Monsieur, Lionel m’envoie vous dire que votre repas est prêt et que la chambre d’ami est à votre disposition.

- Bien merci Camille. Pouvez-vous rester auprès de Candy en attendant mon retour ? Et promettez moi de venir me chercher si elle reprend connaissance ou au moindre problème.

- D’accord. Je vous le promets Monsieur, bafouilla Camille.

C’était la première fois qu’elle voyait son maître aussi inquiet et elle n’était guère habituée à le voir si malheureux.

- Il faut que je fasse la toilette de Mademoiselle monsieur Terrence. Je veillerai sur elle, ne vous en faites pas…

- Merci Camille, je vous fais confiance.

Il posa un dernier regard sur Candy, sortit de la pièce et se dirigea vers la grande salle à manger.

© Lulu Mai 2004