Candy
par Lulu

 

 

Chapitre III

 

Sous la pluie battante, Terry ne cessait d’appeler Candy. Fou d’angoisse, il savait que chaque minute comptait. Il la chercha partout, écumant, la forêt, le village environnant, les alentours du pensionnat… Il renouvela ses appels mais seul le bruit des sabots de son cheval qui martelaient la route lui répondit. Il revint même brièvement chez lui, au cas où son amie serait venue s’y abriter. Malgré les conseils de ses domestiques, il ne prit pas le temps de se reposer et repartit de plus belle. En vain. Au bout d’une heure, il était trempé jusqu’aux os, mais n’avait pas faibli. Il ne voulait pas abandonner. Il sentait que Candy était vivante, et qu’elle avait besoin de lui. Se rendant à l’évidence, il se rendit sur la plage, en priant pour qu’il ne découvre pas son corps. Il espérait tellement qu’elle apparaîtrait au détour d’un sentier, trempée mais en bonne santé…

Quelques minutes plus tard, il mettait pied à terre au bas de la falaise où il avait trouvé le ruban de Candy.

- Candy ! Candy ! Est-ce que tu m’entends ? hurla-t-il pour couvrir le bruit du vent.

Malheureusement, sa voix se perdit dans la tempête. Les éclairs l’aveuglaient et la pluie n’arrangeait rien à ses recherches. En voyant avec quelle violence les vagues se fracassaient sur les rochers, les paroles d’Archibald lui revinrent à l’esprit. Non, pensa-t-il, elle ne peut pas être tombée, pas elle. Elle savait très bien le danger qu’elle courrait si elle s’était approchée trop près du bord de la falaise. Si elle avait vraiment commis cette imprudence, il fallait qu’elle ait vraiment une bonne raison.

- Elle ne peut pas être morte, murmura-t-il, se parlant à lui-même et tentant de se rassurer.

Il allait perdre espoir quand il remarqua une forme claire au bord de l’eau. Intrigué, il se précipita. Il s’agissait d’un morceau d’étoffe déchiré, blanc bordé de bleu.

- La robe de Candy ! s’écria-t-il.

Il sentit son cœur se serrer. Alors, elle était bien tombée de la falaise. Si elle était tombée, alors, c’est qu’elle était…

Il ne put continuer sa phrase. Les larmes lui montaient aux yeux et roulaient silencieusement sur ses joues.

- Candy, ma chère Candy murmura-t-il.

Il regrettait tellement de ne pas lui avoir avoué ses sentiments pour elle. Et maintenant, il était trop tard…

Essuyant furtivement ses larmes, il détourna la tête, et serra contre son cœur le morceau de tissu déchiré. La pluie avait cessé mais la tempête ne s’était pas calmée. Plongeant son regard dans le bleu de l’océan, il ne pouvait pas réaliser.

- Non, je ne peux pas y croire… Elle ne peut pas être morte ! Elle ne peut pas ! hurla-t-il.

Soudain, son attention se porta sur un gros rocher, non loin de la plage. Les vagues léchaientdécidemment tm bien ce vb !! coquine !! son extrémité, mais il n’était pas complètement dans l’eau. Il plissa les yeux et sembla remarquer quelque chose. Surpris, il avança de quelques mètres dans l’eau glacée. Luttant pour ne pas tomber, il distingua enfin une forme. Son cœur bondit dans sa poitrine. Il s’agissait d’un corps inerte, dont les vêtements déchirés laissaient entrevoir de profondes blessures.

Sans hésiter, Terry arracha sa cape de pluie, la jeta sur la plage et s’élança dans les flots. Son esprit travaillait à toute vitesse.

- Faites que ce soit Candy, mais faites qu’elle ne soit pas morte, pensa-t-il.

Il avançait aussi vite qu’il le pouvait mais la violence des vagues l’empêchait de se mouvoir. Au prix de terribles efforts, il arriva enfin au rocher. Quand il vit des boucles blondes baigner dans l’eau, il poussa un cri.

- Candy ! Candy ! Est-ce que ça va ?

Il se hissa sur le récif et ne put s’empêcher de retenir un sanglot. Candy était bien là, mais dans quel état. Son corps était couvert de blessures et ses jambes n’étaient plus que deux plaies béantesberk. Son visage était d’une pâleur mortelle, mais ne baignait pas dans l’eau. Sa robe était si déchirée qu’on pouvait voir son corsage. Il rampa jusqu’à elle et tenta de la réanimer.

- Candy, je t’en supplie, parle-moi, dit Terry en prenant le visage de son amie dans ses mains.

En la touchant, il s’aperçut qu’elle était brûlante de fièvre. Avec soulagement, il vit sa poitrine se soulever difficilement. Elle était encore en vie, mais pour combien de temps…

Avec d’infimes précautions, il prit son corps frêle dans ses bras et entra dans l’eau en direction de la plage. La froideur de l’eau ne fit qu’aggraver le malaise de Candy. Elle s’était mise à trembler de tous ses membres.

Terry luttait contre les vagues, en la serrant contre lui. Après un ultime effort, il arriva enfin sur la plage. Pris d’une faiblesse, il la déposa doucement sur le sable et reprit péniblement son souffle. Il passa une main sur le visage de son amie, et constata qu’elle était toujours brûlante.

- Candy… Parle-moi ! Dis quelque chose ! murmura-t-il en repoussant une boucle blonde collée à son front.

Elle semblait endormie mais la douleur tordait ses traits. Il lui prit la main et sentit qu’elle essayait de parler. Il s’approcha pour entendre ce qu’elle murmurait.

- J’ai… froid… j’ai si froid, murmura-t-elle.

- Attends, je vais te réchauffer.

Il attrapa sa cape de pluie et y enveloppa le corps de son amie.

- Ca va aller Candy, je suis là, je ne te quitte pas. Courage… dit-il en la serrant contre lui pour tenter de la réchauffer.

Mais Candy ne répondit pas. Elle eut un gémissement de douleur et perdit de nouveau connaissance. Terrence amena son cheval près d’elle et l’y installa. Avec une infinie douceur, il se hissa lui-même et étreignit le corps inanimé de son amie.

Il prit la direction de chez lui (mal dit)et commanda à son cheval de marcher au pas, pour éviter de faire souffrir Candy.

- Pourvu que je n’arrive pas trop tard, pensa-t-il, inquiet.

Pendant ce temps, Alistair et Archibald étaient arrivés au pensionnat. L’annonce de la disparition de Candy avait mis le collège en effervescence. Des rondes se préparaient mais les sœurs avaient demandé d’attendre la fin de la tempête. Les deux jeunes garçons, après avoir raconté leur histoire dans le bureau de la mère supérieure ne prirent pas le temps de se reposer et coururent directement vers le dortoir des filles, pour alerter leurs deux amies. A leur arrivée, les deux filles sursautèrent en même temps et se précipitèrent vers les deux garçons.

- Alors ! Avez-vous des nouvelles de Candy ? demanda Patty en prenant la main d’Alistair. Elle s’attendait au pire.

- Oui, mais malheureusement, elle ne sont pas très bonnes répondit Archi en s’approchant d’Annie qui ne pouvait plus retenir ses larmes.

- Nous l’avons cherchée chez Terry mais elle n’était pas chez lui. Terry ne l’avait pas vue de la journée. Sa disparition l’a tout de suite inquiété et nous avons pris la décision d’aller à sa recherche. D’ailleurs, en chemin, nous avons entendu Elisa et Daniel se réjouir d’être enfin libres depuis une certaine disparition. J’espère qu’ils n’ont rien à voir avec celle de Candy sinon je promets que je leur ferai regretter, poursuivit Alistair.

Il reprit sa respiration et continua

- En sortant dehors, nous avons trouvé Capucin qui nous a conduit vers la falaise.

- Comment, vers la falaise ? s’écria Annie. Mais comment Candy aurait pu aller jusque là ? Elle sait bien que cet endroit est dangereux !

- Je le sais Annie, répondit doucement Archibald. Mais… Au pied de la falaise, Terry a trouvé un des rubans de Candy…

Les filles paraissaient sous le choc de la nouvelle. Il leur fallut quelques secondes pour réaliser ce qu’il s’était réellement passé.

- Non ! Tu ne peux pas dire qu’elle, qu’elle est tombée… C’est impossible, s’étrangla Patty en s’écroulant sur une chaise.

- Je sais Patty… Mais si elle est vraiment tombée, il se peut qu’elle soit… poursuivit Alistair, bouleversé.

Annie quant à elle ne disait rien. Elle glissa doucement sur le sol, incapable de supporter un tel choc. Archibald la retint et la serra dans ses bras.

© Lulu Mai 2004