Résurrection (titre provisoire)
par Isatis

Chapitre 1

"Patty ... un jour, je te montrerai ce formidable soleil couchant qui s'étend à l'infini ... "

Ses lèvres s'étaient à peine entrouvertes, sans pouvoir prononcer les mots. Dans le vacarme du combat et de son avion qui flambait et se brisait, Alistair chutait. Un instant il crut entendre une voix, une voix allemande ; "Nein !!" ... Non ... il avait rêvé. Tout comme il ne savait pas si cet instant suspendu dans le temps était réel ou imaginaire. Son avion ne tombait pas à pic, mais lentement, par à-coups bruyants, planant de façon presque ridicule ... Un des débris de bois projetés s'était enfoncé dans son dos, et la douleur n'était atténuée que par le fait que, s'étant cogné la tête, il n'était qu'a moitié conscient. Il allait mourir...

Aucune larme ne perla au coin de ses yeux clos, mais ses deux mains se crispèrent nerveusement, un peu tremblantes.
L'avion tomba dans l'eau brusquement, se brisant les ailes sur les rochers, se faisant emporter par le courant ... Les yeux écarquillés, Alistair regardait les immenses pics sur lesquels il serait sûrement transpercé ... Le corps de l'avion, désarticulé et inutile, dans lequel il se trouvait, fut violemment projeté contre un des plus grands rocs, et y resta coincé. Le garçon fut à nouveau projeté en arrière, réveillé par une gerbe d'eau en plein dans le visage, et son casque à moitié décroché et inutile s'envola pour tomber dans la mer glacée. Il observa d'un oeil amorphe l'escarpement de la paroi contre laquelle s'appuyait son engin, se laissant bercer par les mouvements de plus en plus violents provoqués par les vagues. Bientôt, la grande carcasse serait décrochée, emportée contre un autre rocher ... et probablement brisée en milles morceaux. Il regarda le ciel un dernier instant ; tous les avions étaient partis, et ne restait plus que cette magnifique couleur rouge qui envahissait tout. Il s'apprêtait à fermer les yeux pour la dernière fois ... quand son regard, par hasard, se posa sur un creux qui s'était fait dans la rocaille. Très étroit, ne pouvant probablement pas contenir plus d'un homme, il était orienté de telle façon que son sein était à l'abri de toutes les violences des vagues. Alistair se leva à moitié de son siège, ne pouvant retenir une grimace à cause de la douleur dans son dos, ne sachant que faire. C'était fou, ça ne servirait au final à rien, mais ... il voulait vivre, il voulait vivre. Cette envie, ce besoin, fut aussi violent qu'avait été douce sa précédente résignation. Il extirpa ses jambes écrasées par le tableau de bord, et, précautionneusement, ignorant sa tête qui tournait et sa lancinante plaie, tenta de se mettre debout. L'avion n'en fut que déstabilisé, et trembla encore plus. Alistair essaya d'avancer sur le nez, manquant par deux fois de glisser, et apercevant une gigantesque vague se former au loin il sut qu'il n'avait plus le choix. Prenant son courage à deux mains, il sauta sur la roche, se faisant griffer et manquant de se faire emporter ... c'est sans doute un miracle qui lui permit, alors que son avion était submergé et emporté par la vague, de réussir à se glisser dans le trou qu'il avait aperçu. Il s'y calfeutra peureusement, s'accrochant sans force aux quelque morceaux de roche qui n'étaient pas trop polis, et son corps fut parcouru de tremblement à cause de l'eau glaciale qui lui arrivait jusqu'aux épaules. Le sel attaqua rapidement sa blessure, et les larmes lui vinrent aux yeux. Le vacarme autour de lui était assourdissant, et cet abri qu'il avait trouvé se révélait autant sûr qu'inutile. Il était à l'abri des vagues, et, tendant les pieds, ses orteils effleuraient le fond du trou ... mais, comment sortir d'ici ? Il était à des kilomètres de la terre ferme, et ... Il baissa le visage et, doucement, rentra sa tête dans ses épaules, comme pour se protéger. Il était gelé de la tête aux pieds, sa plaie le faisait souffrir le martyre ... Il n'était pas homme à préférer se jeter aussitôt dans les vagues et se laisser mourir, mais il se demanda si ça n'aurait pas été mieux ...
Il regarda le ciel rougeoyant jusqu'a la dernière seconde, jusqu'a ce que la nuit tombe. Puis, il sentit le sommeil et la fatigue l'envahir ... mais il ne devait pas lâcher, hein ? Lentement, il tomba dans un état semi-comateux, ne se tenant à la paroi que difficilement.

Cette nuit dura 1000 ans. Sans pouvoir dormir, sans pouvoir non plus réveiller son esprit las et son corps engourdi, Alistair ne faisait pas un geste, attendant simplement. A la fuite du jour avait suivi l'adoucissement des violences de l'eau, et maintenant les vagues, douces, clapotaient presque docilement tout autour. Si il avait été plus téméraire, plus décidé, il en aurait profité pour sortir et ... mais à quoi bon ? Il ne pourrait jamais rejoindre la terre ferme, alors pourquoi quitter son abri ? Mort pour mort ... Ces pensées cyniques lui arrachèrent un sourire douloureux.

L'aube arriva enfin. Son corps ne grelottait même plus ; il était froid, figé. Ses yeux étaient entrouverts, mais vides, et sa respiration se faisait plus lente à chaque instant. Il n'eut pas la force de sourire, observant ce soleil levant. Quand en son milieu une ombre se profila, Alistair en hoqueta de surprise. Un ... un hydravion ... ! Ce dernier ralentissait au fur et à mesure qu'il s'approchait, et commença à faire des grands cercles autour de la zone ou il se trouvait. Il avait une chance ... une chance de vivre. Piochant dans ses dernières ressources, il réussit à bouger, s'extirpant difficilement de sa cachette. Il parvint à se tenir debout sur le rocher glissant, indifférent à ses membres raidis par le froid et à sa brûlante blessure, et entreprit d'ôter son foulard rouge. Quand il réussit enfin, malgré ses doigts ankylosés, il releva le visage et se mit à l'agiter, faisant de grands gestes. Peu importe pourquoi cet avion était ici, il devait le voir.. Il le devait, oui. Pour sa vie, pour Patty, pour son frère, pour Candy, pour tous ceux qu'il voulait revoir ... et aussi pour son ami mort au combat qu'il ne reverrait plus. L'avion ralentit encore ... l'avait-il vu ? Mais alors que l'espoir faisait enfin naître un pâle sourire sur ses lèvres, ses jambes fatiguées et usées par le froid l'abandonnèrent, et il tomba ... rebondissant comme une vulgaire poupée de chiffon, se cognant le crâne, et finalement sombrant dans l'eau froide ... Il n'y avait plus rien. Un silence assourdissant, et c'était tout : la douleur avait disparu, comme toutes les sensations ... Dans sa demi-conscience, Alistair ne percevait que lointainement le fait que l'air lui manquait de plus en plus, et qu'il allait mourir ... Près de deux minutes passèrent. Alistair n'avait désormais plus conscience de rien et était à moitié mort, quand deux bras puissants l'agrippèrent et l'entraînèrent vers la surface. Son sauveur nageait avec rage, battant furieusement des jambes pour réussir à remonter, malgré les vagues et celui qu'il devait transporter. Arrivé à l'air libre il inspira une grande bouffée d'air, et se remit à nager sans même attendre une seconde. Si Alistair avait été conscient ... il aurait vu que ce garçon n'était autre qu'Hardy Shnitzer. Le même homme qu'il avait épargné la veille venait de lui sauver la vie, et était en train de l'emporter vers son hydravion posé à peine plus loin. Quand enfin ils arrivèrent à l'avion, sans le lâcher, Hardy monta d'abord avant de l'entrainer à l'intérieur. Le corps d'Alistair s'étala mollement sur le sol, inanimé, sans un souffle ...

L'allemand le regarda avec quelque chose dans les yeux tenant du désespoir, mais ne se laissa pas abattre. Il le mit sur le dos, et commença à lui appuyer sur la poitrine par a-coups, fébrilement, à califourchon sur lui.

"Respire, respire ... "

Il se pencha, lui ouvrit la bouche, et scella leurs lèvres un instant pour lui insuffler cet air si précieux.

"Nom de dieu, respire ... "

Plus fort encore, il continuait à appuyer sur sa poitrine, entre rage et détresse.

"Putain ... ! "

Soudainement, une grande toux s'empara du corps qu'on aurait crû mort, et Alistair recracha plusieurs gorgées d'eau, rouvrant les yeux. Son coeur et sa poitrine s'affolaient, mais ... il respirait, il était vivant. Vivant. Lui-même avait du mal à le comprendre, ses yeux écarquillés fixés sur Hardy. Ce dernier en revanche, se mettant à coté du rescapé et gardant un bras autour de ses épaules, éclata d'un grand rire soulagé.

"Ah putain, putain, il s'en est fallu de peu ! Mais t'es vivant, hein, mon gars ?"

Il avait parlé vite, avec cet accent fort et assuré qu'avaient tous les allemands, et Alistair le regarda sans comprendre. Il hésita un instant, une légère grimace sur le visage, avant de demander plus lentement :

"Tu comprends l'allemand ?"

Son interlocuteur, qui ne pouvait même pas se tenir assis et était totalement soutenu par le bras autour de ses épaules, eut un peu de mal à ouvrir les lèvres et à articuler :

" Y... ya ... je le comprends ... un peu ... "

Hardy sourit, et coucha doucement celui qu'il venait de sauver, lui répondant, toujours lentement pour être compris :

"Je suis Hardy Shnitzer ... "

Alistair ouvrit grand les yeux. Oui ... tout à son étonnement, il n'avait pas prit le temps de regarder le garçon, mais c'était bien le même que celui qu'il avait entraperçu pendant la bataille ... !

" ... Je ne sais pas ce que tu comptes faire par la suite, mais pour le moment soit tranquille, je vais m'occuper de toi. "

Il hocha doucement de la tête, remerciant l'allemand par un sourire beau et sincère. Son corps était plein de grelottements, et c'est avec étonnement qu'il se sentit couvert d'une veste, avant d'entendre les pas de l'autre qui allait s'asseoir aux commandes et commençait à manœuvrer avec l'avion. Quelques pensées éparses naquirent dans l'esprit d'Alistair -le fait que faire atterrir un hydravion dans un endroit aussi rocheux était bien risqué, la question de savoir pourquoi l'autre était revenu le sauver ... -, mais il sombra dans un sommeil comateux, bercé par le bruit du moteur.

Quand Alistair ouvrit les yeux, il eu d'abord du mal à comprendre ce qu'il se passait. Il était dans un lit chaud, débarrassé de ses vêtements mouillés, et une couverture lui montait jusqu'a la taille ... mais il se sentait fiévreux, malade, et deux mains lui tenaient fermement les épaules. Levant doucement le visage, il aperçut celui, grimaçant, d'Hardy.

"C'était franchement pas le bon moment pour te réveiller, mon gars ... "

Il n'eut pas le loisir de l'interroger, qu'il entendit une autre voix masculine :

"Tiens-le bien. "

Et soudain, deux autres mains se posèrent sur son dos, provoquant une douleur fulgurante. Sa blessure ... Il la triturait en tout sens, il la rouvrait davantage ... Alistair ne put retenir un cri de douleur, et voulut bouger, mais fut retenu par Hardy. Qu'est-ce qu'on lui faisait, mince ... ? Il sentit un métal froid rentrer dans sa plaie, et poussa un autre hurlement, irrépressible, quand il retira d'un coup sec le bout de bois resté dans son corps. Si intérieurement, çà le rassurait - on ne lui voulait pas de mal, on le soignait -, cela n'atténuait pas la douleur d'une plaie rouverte et à l'air libre. Il serra les dents, n'entendant que lointainement la voix du probable docteur lui dire :

"Ca va, maintenant, le plus dur est passé ... "

On lui appliqua du coton humide sur sa plaie, et il se crispa davantage ; car même si "le plus dur était passé", se faire désinfecter à l'alcool ne devenait pas une partie de plaisir. Il ne sait pas combien de temps cela dura ; mais ensuite, on le fit se retourner et s'asseoir, et tandis qu'Hardy le tenait par les épaules, le médecin le banda sans brusquerie.

"Ca ira mieux après ça. "

Alistair sourit et répondit d'un hochement de tête, même si en vérité il n'était pas sûr du sens des paroles qu'il avait entendu. Il avait un assez bon niveau d'allemand, et lisait même de temps en temps des livres en cette langue ; mais pour l'oral, c'était autre chose, et sa difficulté à comprendre les autres n'avait d'égale que celle qu'il avait à avoir un accent correct. Après l'avoir recouché et couvert, les deux autres se remirent à parler, s'éloignant un peu. Mais leur vitesse de parole, associé à son propre état (il se disait vaguement qu'il avait dû attraper la crève dans cette eau glacée) lui rendaient très difficile la tâche de les écouter ...

"Qu'est-ce que tu comptes faire de lui ? Tu auras beaucoup de mal à le faire sortir d'ici. Et pour l'emmener où ? En France ?"

Il eut un petit ricanement sans joie. Alistair tourna le visage vers lui pour l'observer ; il était blond, les cheveux assez longs accrochés en un catogan, le visage émacié et les yeux creusés.

"Espèce d'idiot ... Non, je crois qu'il pourra se planquer ici, dans le cabanon de la colline, peut-être ... "

"Si tu fais sans cesse des allez-retour pour lui apporter à manger, tes camarades se douteront de quelque chose et, fouineur comme ils sont ... "

Haussement d'épaules d'Hardy, qui lâcha d'un ton décontracté :

"J'ai confiance en eux, je leur dirai tout de suite de quoi il retourne, ils ne me vendront jamais. "

"Hm ... j'espère que tu as raison, mais ... "

Le ton du médecin se fit plus grave, plus dur :

"Ne leur dis pas qu'il combattait chez les français. Parce qu'alors, ami ou pas, ils ne te laisseraient pas faire. "

Hardy hésita, puis hocha la tête, un peu penaud. Son interlocuteur se détourna pour s'éloigner, et déclara :

"Fais en sorte qu'il débarrasse de ma clinique le plus vite possible, et ce pour notre bien à nous trois. "

Il s'arrêta devant le feu qui crépitait dans la cheminée et, sans demander l'avis de qui que ce soit, prit les vêtements d'Alistair posés sur le dossier d'une chaise et les y jeta. Leur propriétaire n'osa pas intervenir, mais ne comprenait pas, n'ayant pas saisi que là ou il combattait auparavant ne devait pas être révélé - et que donc son uniforme n'était franchement pas quelque chose à conserver. Une fois le médecin sortit de la salle, Hardy s'assit à l'envers sur une chaise, près du lit, sourire aux lèvres.

"Il s'apelle Erich. Il peut sembler un peu bourru ou strict, mais c'est un brave type. "

Alistair hocha légèrement le menton pour montrer qu'il avait compris, et demanda lentement :

"Où ... où somme-nous ? Dans une base allemande ? "

Le pilote eut une grimace, mais ne put qu'acquiescer.

"Ya, ya, mais ne craint rien, on est en sécurité dans la clinique d'Erich. "

Après un silence il ajouta :

"Tu as compris ce qu'on disait tout à l'heure ? "

Gêné, Alistair dit, avec le signe de main correspondant :

"Moitié-moitié ... "

Hardy rit un peu, sans vraiment de moquerie, et se mit à expliquer, parlant lentement, ce qui avait été dit et ce qu'ils devaient faire désormais ...

"On te fera passer pour un suisse, que j'ai ramassé par hasard. "

Finit-il par dire, avant de se lever, d'aller chercher des vêtements, et de les tendre à Alistair.

"On a à peu près la même carrure, ça devrait aller. Enfile ça et on y va ... je sais que tu es malade et blessé, mais on ne peut pas rester ici, je vais t'emmener à l'endroit où tu te cacheras. "

Alistair acquiesça d'un signe de tête et, tandis que son sauveur se détournait pudiquement, prit les habits et s'habilla en vitesse ... ce qui ne fut pas de la plus grande facilité, entre ses membres encore engourdis, sa tête lourde, et sa blessure qui lui faisait mal à presque chaque mouvement. Quand il eu finis, Hardy se retourna, et ne put s'empêcher de rire encore.

"Quoi ?" Répliqua-t-il, un peu agacé.

"Rien, rien, mais ça fait bizarre de te voir avec mes habits ... "

Alistair se contenta de sourire un peu en levant les yeux au ciel, et se tourna vers une petite glace pendue au mur. Impossible de manquer ses cheveux plus en bataille que jamais, et il tenta de les coiffer d'une main, sans vraiment de succès. Il haussa les épaules, et se dirigea vers l'allemand, qui ouvrit la porte, lui intimant de le suivre en silence.
Ils traversèrent sans un mot les couloirs, ne croisant heureusement personne ; il finit par murmurer :

"On a de la chance aujourd'hui, ils sont tous partis combattre. "

" ... pourquoi tu n'y es pas ?"

"En fait ... disons que je suis dans les bonnes grâces de notre commandant, et hier je lui ai fait mon caprice pour placer mon jour de repos aujourd'hui. "

Alistair sourit, mais son esprit était ailleurs. Après un instant il demanda :

"Tu ... c'était pour venir me chercher ...?"

" ... Tu sais, je n'apprécie pas les faibles, ceux qui manquent de sang-froid ou n'osent pas tuer, mais toi ... ce que tu as fait pendant notre combat était très noble. Je ... moi-même, je ne l'aurais pas fait."

Un silence gêné s'installa, les deux n'osant pas regarder l'autre. Ils arrivèrent à la porte principale, et Hardy regarda dehors avant de laisser son compagnon sortir.

"C'est bon, on y va, suis-moi, et essaye de te dépêcher. "

Alistair avait déjà eu du mal à tenir la cadence de pas rapide de l'autre, mais il ne dit rien ; ils sortirent, contournèrent le bâtiment, et se dépêchèrent pour s'engouffrer dans le bois qui bordait la base militaire. Ils étaient presque arrivés quand il se prit les pieds dans une grosse pierre et s'étala au sol de tout son long, s'écorchant les genoux et les coudes ; et Hardy lança un juron en le récupérant et en le poussant vite derrière la lisière des arbres.

"Idiot ! Fait attention !"

"Je ... oui. "

Il lui fit signe de le suivre, et les deux garçons reprirent leur route. Alistair avait hésité à lui parler de sa mauvaise vue, mais avait fini par renoncer, ne voulant pas avoir l'air de se chercher des excuses. Néanmoins, après s'être pris les pieds dans des racines deux fois, et s'être cogné la tête contre une branche qu'il aurait juré un peu plus haute, un sourire contrit ne suffisait plus comme réponse aux ronchonnements d'Hardy. Ce dernier venait de s'arrêter, et avait planté son regard bleu sombre dans le sien.

"Si tu es trop mal pour marcher, dis-le, au lieu de faire le fier ... "

Il hésita, puis répondit, penaud, se frottant la nuque d'une main :

"Je ... je vais pas très bien, mais je t'assure que je peux marcher ... c'est juste que j'ai vraiment pas une bonne vue, d'ordinaire je porte des lunettes ... "

Il tenta un rire, mais Hardy se contenta de le regarder avec des yeux ronds.

"Et ils t'ont accepté comme pilote ? Ces français ont vraiment un grain ... "

Il haussa les épaules et finit.

"Bon, ok, c'est pas grave. Essaie juste de faire attention. "

Il reprit la marche, et, même s'il avait l'air de ne pas y toucher, il avait nettement ralenti l'allure. Alistair s'en voulut un peu, mais fut surtout touché par cette gentillesse discrète, qui n'attendait pas de remerciement ... et, avouons-le, soulagé de ne plus avoir à presque trottiner derrière lui. Au bout d'environ une trentaine de minutes, ils arrivèrent près d'une petite cabane, assez grande, mais si bien entourée d'arbres et recouverte de broussailles qu'on aurait pu passer à coté sans même la voir. Alistair mourrait de chaud, et essuya discrètement la sueur sur ses tempes.

"Voilà, c'est là. On avait pris l'habitude de se regrouper ici, mes potes de garnison et moi, mais ... "

Il hésita, puis finit d'une voix plus dure, haussant les épaules.

"Mais depuis que nous sommes tous décimés petit à petit, on n'a plus vraiment envie de revenir ici. "

Alistair voulut dire quelque chose de gentil, mais ne trouva rien, et resta finalement silencieux ... Ils entrèrent. L'endroit était assez spacieux ; on y trouvait une grande table, un canapé, des étagères au mur, quelques matelas empilés les uns sur les autres et des couvertures dans un coin ... Ce n'était pas du tout le genre d'endroit qu'Alistair fréquentait d'ordinaire, mais la modestie des lieux montrait plus de négligence que de pauvreté, au final. Ce n'était pas luxueux, mais pas rebutant non plus, et il sentait qu'il pourrait s'y plaire.

"Évite d'allumer la cheminée, c'est le meilleur moyen de te faire repérer. Pour manger, il y a quelques conserves ici, mais ... bon, ne t'inquiète pas, je te rapporterai d'autres provisions ce soir ou demain matin. Tu as quelques livres par là. Tu n'auras qu'a ... attendre. Je finirai bien par trouver un moyen de te renvoyer en France, va. "

Hardy s'était remis à parler un peu vite, et Alistair l'avait compris autant qu'à ses mots qu'à ses signes de main ; et à sa dernière phrase il mit un petit instant à bien le comprendre, avant de lui répondre par l'affirmative.

"Je te remercie ... Pour ça, et puis pour tout. "

Hardy haussa les épaules, se contentant de répondre.

"Que compte-tu faire si on arrive à te faire partir d'ici ? Te réengager ??"

" ... Sûrement."

"Alors quel importance ? Je t'ai sauvé aujourd'hui, mais tu te feras probablement abattre demain."

Ces paroles attristèrent profondément Alistair, qui baissa le visage, disant d'un ton neutre :

"Je ne veux pas mourir. Mais je ne veux pas laisser l'horreur de la guerre se dérouler sans essayer d'y mettre fin, alors ... "

Hardy se mit à ricaner doucement, moqueur, dédaigneux même, faisant naître chez Alistair une étrange colère sourde.

"Et, bien sûr, tu comptes mettre fin à la guerre en y participant ... ?"

"Je ... je ne sais pas ... mais qu'est-ce que je pourrais faire d'autre, hein ... ?!"

Hardy remua négativement la tête et s'approcha d'Alistair, lui mettant une main sur l'épaule et se pencha vers son oreille pour lui dire tout bas :

"Le mieux que tu aies à faire, c'est de rester tranquillement chez toi. La guerre, c'est pour ceux qui cherchent la victoire, pas la paix. "

Sur ce, il s'apprêta à partir ... mais finalement il se retourna et, sans lui demander son avis, il l'emmena prés du canapé, le força à s'y coucher, et le couvrit d'une des couvertures, les lèvres pincées. Alistair voulut parler, mais il le coupa, disant fermement :

"Tais-toi. Tu es blessé et malade comme un chien, alors ... tais-toi, et dors. Je passerai ce soir, essaie de ne pas crever. "

Il sortit pour de bon, laissant Alistair seul. Celui-ci resta un court instant à fixer l'âtre vide, son esprit divaguant. D'abord sur ce qu'ils venaient de dire, sur les paroles d'Hardy qu'il ne pouvait admettre justes mais qui pourtant ... puis ... à cause de tous les événements qui s'étaient enchaînés, il n'avait pas encore eu le temps de penser à ce qui lui était arrivé. Avec un frisson, il se remémora là où il avait été à peine quelques heures plus tôt. C'était très étrange d'être passé de ce trou inconfortable et rempli d'eau sale à cette cabane, enroulé dans une couverture ... fiévreux et tremblant, certes, mais tout de même ... Il se demanda un instant s'il n'était pas en train de rêver, si tout ça n'était pas qu'un fantasme issu de son esprit en train de mourir. Mais non ; il tâta ses mains, sentit l'odeur de pin venant de la forêt ;tout çà semblait bien réel. C'était ... ... Un miracle ? Il ne trouvait pas d'autre mot. Avec un sourire un peu fade, il rentra sa tête dans ses épaules et resserra légèrement la couverture autour de lui. Il était vivant. Il allait revoir Patty, tout comme il reverrait tous ceux qu'il aimait ... C'est en pensant à cela qu'il réussit à s'endormir, sans crainte et tranquille.

Alistair était loin d'avoir dormi paisiblement. Après avoir passé quelques heures à sommeiller sans rêves, il s'était réveillé, frigorifié, et était tant bien que mal allé se prendre une seconde couverture. A peine une trentaine de minutes plus tard, mort de chaud, il rejetait d'un coup de pied malhabile les deux couettes qui le recouvraient. Puis ... la suite est évidente, tous le monde à un jour été assez malade pour comprendre son état, et la journée insupportable qu'il passa. Néanmoins, il finit par se rendormir plus ou moins tranquillement, se réveillant au bout d'une heure sans se sentir vraiment mal ... pour voir le visage tranquille de Hardy, qui était assis juste en face de lui, à même le sol. Pendant une brève seconde, il se demanda qui il était ; puis tous les événements précédents lui revinrent en mémoire, et il n'osa même pas parler, se contentant de le regarder.

"Ton sommeil était vraiment paisible ... "

"Heu ... oui, je ... "

Il parut gêné, mais c'est pourtant un sourire très sincère qui illumina son visage.

"J'ai rêvé de tous ceux que j'allais pouvoir revoir ... Mes amis, mon frère, et puis aussi Patty, qui ... "

Il s'arrêta là, mais le rougissement de ses joues en disant long sur sa relation avec la jeune fille. Hardy fut simplement amusé d'abord, avant de s'assombrir, disant :

"Attends ... Tu sais, à l'heure qu'il est, tu as sûrement déjà été déclaré mort. "

Alistair se raidit. Mort ... mon dieu, alors ... Il s'imagina tous ceux qu'il aimait pleurant, le pleurant, et fut accablé de remords, même si ce n'était pas sa faute. Il répondit, sa voix laissant transparaître son état d'esprit :

"Tu ... tu crois que je pourrais leur écrire ?"

" ... Je ne pense pas. Le courrier est systématiquement fouillé, même le nôtre, surtout celui pour la France ... "

"Je ne suis pas de France, mais d'Amérique. "

Hardy le regarda un instant, étonné, avant de remuer négativement la tête.

"Qu'importe ? Je suis désolé, mais c'est trop risqué, autant pour moi que pour toi. J'aurais beaucoup de chance d'étre jeté en prison, et toi, ils te retrouveraient et ... tu serais traité comme on traite tous les prisonniers de guerre. "
" ... "

"Allez, ne te tracasse pas ... regarde plutôt ! J'ai pris sur mon argent pour aller t'acheter tout ça de réserves de nourriture, et puis je t'ai aussi pris un dictionnaire à la librairie, parce que je pense qu'il y a quand même pas mal de mots que tu ne comprends pas, quand je te parle ... J'ai aussi posé ici de quoi faire ta toilette, gant, brosse ..."

Alistair s'était assis, et sourit, le remerciant du bout des lèvres. Mais l'autre déjà se levait et s'installait à coté de lui, lâchant :

"Ôte-moi ça au lieu de jouer les fillettes, Erich m'as dit de désinfecter ta plaie 2 fois par jour pendant quelques temps. "

Sans un mot, il ôta la couverture de son dos et enleva son pull et son t-shirt, frissonnant convulsivement quand le froid agressa sa peau. Il n'avait pas envie de paraître morose ou désagréable, mais savoir qu'il ne pourrait pas écrire à ses amis ... Hardy semblait lire dans ses pensées, car tout en commençant à lui défaire son bandage il dit doucement :

"Ne te tracasse, je t'en prie ... pense plutôt au bonheur que tu feras à ta Patty en réapparaissant. "

" ... Tu as raison. "

Il se l'imaginait déjà. Même, au début, elle serait plus effrayée que réjouie ! Et puis ... ils s'enlaceraient, il les enlacerait tous. Rien que pour cet instant, il était prêt à passer des années dans cette cabane, à relire les mêmes livres en boucle !
Les mains glacées d'Hardy finirent de lui retirer la bande ; et, lentement, il lui appliqua l'alcool, lui provoquant une grimace de douleur.

"Ca fait maaal ... " Geigna-t-il sans convictions, le nez baissé.

"Pas de chichis, soldat !"

Sans doute un peu sadique, il lui tapa sur la plaie qu'il venait de finir de désinfecter, joyeux.

"Et ben voilà, fini !"

"Aie ! Espèce de malade ... "

Commença Alistair en tentant de s'écarter. Mais Hardy le retint en riant un peu, lui repassant la bande autour du torse.

"Hé, bouge pas, laisse tonton Hardy finir de te soigner !"

" 'Tonton hardy ...' Oh my god ... "

Les deux blaguèrent un peu et même si, au final, ce n'était pas grand-chose, cela faisait beaucoup de bien à Alistair. Après avoir vécu ce qu'il avait vécu, et en sachant que tous ceux qu'on aime nous croient mort ... simplement rire un peu, çà peut être beaucoup. Mais quand Hardy alla pour le quitter, expliquant qu'il devait éviter de s'absenter trop longtemps de la caserne, et fut à la porte ... Il se résolut à redevenir un peu plus sérieux, et lui demanda :

"Attends ! Dis-moi juste quelque chose ... "

Hardy se retourna à demi, haussant un sourcil.

"Pourquoi t'es-tu engagé, toi ... ?"

Un silence s'installa, pesant, et le jeune allemand sembla perdu dans ses pensées, avant de répondre doucement :

"Parce que ... parce que je voulais me prouver que je pouvais le faire ... "

Puis, plus bas, après un coup d'oeil à Alistair :

" ... parce que je voulais rendre quelqu'un fier de moi ... "

Aucun des deux ne dit plus rien, et il finit par ouvrir la porte et sortir, soufflant un simple "bonne nuit" à demi-étouffée par le grincement des gonds.

Pour être tout à fait sincère, même si Hardy avait été nettement plus bienveillant qu'à l'ordinaire, c'était loin d'être suffisant. Seul, Alistair regarda d'un oeil amorphe la nourriture qu'il avait ramenée, et ne tenta même pas de se lever pour aller en prendre. Il se contenta de se retourner, de s'enfouir un peu plus dans sa couette, et d'essayer de regagner les bras de morphée. Les assauts de la maladie revinrent vite, associés à la fièvre dûe à sa blessure et au froid de cette nuit de début d'hiver ... si il avait été de faible constitution, il aurait sans doute pu y rester. C'était bien pire que ce qu'il avait traversé l'après-midi, et son esprit divaguait, formulant des pensées à peine cohérentes. Une seule revenait régulièrement, comme un fantôme obstiné ; Patty, le visage de Patty. Il se souvenait comme d'un vieux rêve de leur premier rendez-vous, de leurs ballades silencieuses et main dans la main, des baisers papillons qu'il lui volait en cachette, et en riant ...
A un moment, il se réveilla soudain totalement et se leva. Toujours aussi fiévreux, mais brusquement empli d'une énergie folle ... Il fit les cent pas dans la cabane, les poings serrés, le visage baissé, les lèvres entrouvertes pour quelques injures bien rares venant de lui. Que fit-il ? Une chose des plus stupides qu'on aurait espéré ne pas avoir à attendre de lui. Il ouvrit brusquement la porte du cabanon et sortit, courant à travers la forêt, courant comme il ne courait que rarement. Indifférent au froid et aux quelques gouttes de pluie qui s'abattaient sans bruit, il alla ainsi tout droit, sans réfléchir ... Et quand la fatigue le prit, il s'arrêta, essoufflé, les poumons en feu. Son esprit redevenait brumeux, et il n'avait plus qu'une envie ; se coucher ici même, en chien de fusil, et ne plus bouger. Mais une conscience aigu le rapella à l'ordre, ou peut-être était-ce simplement la peur de la mort qu'il avait frôlé de si prés ... ? Il ne s'abandonna pas, et se mit, lentement, à regagner la cabane. Le vent soufflait fort, le désorientant encore davantage, et il se perdit à moitié ; ce n'est que par chance qu'il finit par retrouver son abri. Sans demander son reste il y rentra, et se coucha autant qu'il s'évanouit sur le canapé, tremblant, suant, les larmes aux yeux ... C'est à peu prés ainsi qu'Hardy le trouva, vers 5heures du matin, alors qu'il s'était levé plus tôt pour passer le voir avant d'être appelé. Il resta d'abord à la porte, stupéfait, avant d'accourir vers lui et de le remuer par les épaules.

"Hé ! Hé ! Merde, et c'est quoi son nom à lui ? Hé ! Ouvre les yeux ! Putain, il est plein de sueur ... "

" ... Alistair ... "

" ... hein ?"

"Mon nom ... c'est Alistair ... "

Hardy, surpris, eu un petit rire sans joie, et tâcha d'asseoir le malade, se mettant à ses cotés et ne lâchant pas ses épaules.

"Tu allais pourtant pas si mal, hier ... "

Il mit sa main sur son front et grimaça.

"T'es bouillant ... "

Il n'eut rien le temps d'ajouter qu'Alistair perdait de nouveau connaissance, lui tombant dessus, sans force. Hardy le redressa un peu, gardant son bras autour de lui, ne sachant que faire. Il s'en voulait terriblement d'avoir cru qu'il irait bien, et de l'avoir laissé seul ... Un coup d'oeil aux vivres l'informa qu'il n'avait rien mangé ni bu, et il grimaça une fois de plus. Doucement, il le déposa sur le canapé pour se lever et aller chercher de l'eau ; et c'est alors qu'il l'entendit. Un murmure ténu, issu des divagations d'un esprit inconscient, mais bien réel :

"Patty ... Patty ... "

Il marqua un temps d'arrêt, puis renifla dédaigneusement. Ce type n'avait donc que ça à la tête, sa chère "Patty" ? C'était ridicule ... Il prit une bouteille, s'aprocha de lui et, lui tenant la nuque d'une main, le fit boire comme il pouvait. Alistair toussa un peu, détourna le visage, mais il le força à avaler quelques gorgées. Puis, lentement, il lui parla, espérant être plus ou moins entendu :

"A ... Alistair ... Je peut pas rester, vraiment pas. Mais je te promets que je vais voir Erich, je vais lui demander de venir, il passera dés que possible. Ok ? Je pars, mais le médecin vient bientôt ... "

Il n'ajouta rien et se leva, mais hésita un long instant sur le palier avant de partir réellement.

Comme l'avait promis Hardy, il prévint Erich ; et ce dernier, bien qu'occupé, fit tout son possible pour venir dans l'heure. Alistair ne se souvient que très vaguement de ce passage ; pourtant le médecin passa des heures à ses cotés, le couchant sur un matelas, lui changeant ses couvertures, et lui posant des serviettes mouillées sur le front. Vers le milieu de la matinée, Alistair finit par aller mieux, et dormit d'un sommeil paisible. A son réveil, il se sentait mieux que jamais, et la seule chose qui le tourmentait vraiment était son estomac criant famine. Erich était là, plongé dans un livre à la couverture abîmée, de fines lunettes sur le nez. Levant les yeux il vit que son malade s'était réveillé, et s'approcha pour poser sa main sur son front.

"Hm, c'est bon, le plus gros est passé ... "

"Quel heure est-il ?"

Demanda Alistair en s'asseyant, ignorant stoïquement la plaie de son dos qui le lançait.

"Une minute ... "

Il fouilla dans sa poche un petit instant avant d'en sortir une montre à gousset, à la fine dorure argentée, mais paraissant pourtant très usée.

"Prés de midi. "

"Je vous ai fait perdre tout ce temps ... "

Il semblait véritablement gêné, mais Erich se contenta d'hausser les épaules, rangeant son bien.

"C'est mon travail. Bien sûr, je ne suis sensé soigner que les gars de la caserne, mais puisque c'est Hardy qui m'a demandé de venir m'occuper de toi ... je lui dois bien ça. "

Sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre, il ajouta en se levant de sa chaise :

"Assez discuté. Il faut que tu manges pour reprendre des forces. Voyons ... pain, confiture ... hé, reste au lit ! Je te prépare à manger, et si tu n'avales pas jusqu'à la dernière miette je te fais tout rentrer par un autre orifice. "

Alistair resta interloqué, ne sachant pas si il devait rire ou ne surtout pas se la ramener, devant le sérieux du docteur. Néanmoins il lui obéit, et quand il lui amena la nourriture et une bouteille d'eau, il mangea avec appétit. Puis, avec nettement plus d'habileté qu'Hardy, Erich lui changea son bandage, désinfectant la plaie au passage.

"Bon ... je pense que ça devrait aller, maintenant. Il faut que je retourne à la clinique, je ne suis pas sensé m'absenter. "

"Je ... merci. Je suis désolé de vous apporter autant de soucis, surtout que je suis un ... 'ennemi' ... "

"Bof, tu sais ... pour moi comme pour Hardy, allemand ou français, un homme est un homme. "

Il partit sans rien ajouter, se contentant d'un "salut" et d'un vague geste de main, devant un Alistair muet. Alors, même chez les allemands, les "ennemis", il y avait des types pour penser comme lui ... ? Mais alors, à quoi servait la guerre, bon dieu ... ? A quoi ça pouvait bien lui servir de prendre son avion et d'aller se battre pour mettre fin à cette horreur, si dans l'autre clan des hommes faisaient pareil ? L'affirmation d'Hardy lui revint en mémoire, plus vive encore que quand il l'avait énoncé ...

"La guerre, c'est pour ceux qui cherchent la victoire, pas la paix. "

© Isatis 2007