TOYS IN THE ATTIC*
(*Des jouets dans le grenier)
par Hika le Chat

CHAPITRE 1

Souvenir d'une lettre

 

Après six mois de vie paisible à la maison Pony, Albert avait été rappelé à la maison mère de Chicago pour enfin diriger la famille André comme tel était son devoir. La tante Elroy se faisait vieille et elle avait officiellement passé le flambeau à Albert. Candy avait refusé de se séparer de lui et était rentrée avec lui, après tout elle était bien la prochaine héritière et il fallait qu’elle apprenne auprès de son père adoptif, son grand frère comme elle préférait l’appeler, comment gérer cette immense famille. Archibald et Annie étaient eux aussi rentrés auprès des parents d’Archibald. Patty quant à elle, avait décidé de vivre à la maison Pony et d’apporter toute l’aide qu’elle pouvait à Mlle Pony et Sœur Maria pour s’occuper des orphelins. C’est ainsi que chacun entama un nouveau chapitre de sa vie.

Comme à son habitude, Candy profitait de son temps libre pour grimper aux arbres et se reposer au calme loin de tous ces gens de la haute société qui l’ennuyaient à mourir. Mais elle avait promis à son grand frère de devenir une vraie Lady digne de toute la confiance qu’il avait mise en elle. Albert lui-même arrivait parfois à s’échapper et venait la rejoindre. Aujourd’hui était un de ses jours particuliers où ils somnolaient au sommet d’une branche l’un contre l’autre. Candy regardait admirative le visage de l’homme en qui elle avait trouvé sa véritable famille. William Albert André qui un jour l’avait adopté à la demande d’Anthony, Alistair et Archibald.

" Albert. .. " Demanda Candy d’une voix douce pour voir s’il était réveillé.

Les yeux d’Albert s’ouvrir doucement pour fixer le visage en pleine transformation de sa compagne de sieste.

" Que puis-je faire pour toi Candy ? "

" Est-ce que tu penses que c’est une bonne idée. .. " Commença t’elle les yeux dans le vague.

" Quoi donc ? "

" Penses-tu que je puisse envoyer une lettre à Terry ? "

" Pourquoi n’en aurais-tu pas le droit. "

" Je crois. .. ne penses-tu pas qu’il serrait préférable que je sorte à tout jamais de sa vie ? "

Albert se redressa et regarda la jeune fille dans les yeux. ‘Tu penses encore à Terry, ma pauvre chérie, comme tu as souffert et comme tu te tortures encore. ’ " Je ne pense pas. Le destin a voulu que vous vous rencontriez et je crois que vous devez entretenir ce lien si fragile qui vous unit même s’il n’est plus le même qu’avant. Une lettre de ta part lui fera sûrement le plus grand plaisir du monde. "

" Mais je ne veux pas qu’il ne pense plus qu’à moi et néglige Suzanne. "

" Il ne le fera pas. Doutes tu à ce point de la parole de Terry ? Il t’a promis de rendre Suzanne heureuse, crois-le. "

Candy vint se blottir contre le torse d’Albert qui la serra dans ses bras pour la réconforter.

" Heureusement que tu es là grand frère. Tu es toujours là quand j’ai besoin d’être réconfortée. "

" C’est mon rôle petite sœur et je te rends par la même occasion toute l’attention dont tu as fait preuve quand j’ai perdu la mémoire. "

Ils restèrent ainsi serrés l’un contre l’autre jusqu'à ce que le soleil se couche et rentrèrent bras dessus bras dessous à la demeure.

Candy était face à sa feuille blanche depuis un quart d’heure sans savoir par quoi commencer sa lettre. Cela faisait un peu plus d’un an qu’elle s’était séparée de Terry en haut de cet escalier d'hôpital. Elle voulait lui dire tant de choses mais en même temps elle ne devait pas trop lui en dire de peur qu’il ne la rejoigne dès qu’il lirait la lettre. Car elle l’aimait. Oh oui elle l’aimait tant et elle ne pourrait cesser de l’aimer c’était ainsi, mais il devait s’occuper de Suzanne. Elle se lança enfin.

‘Cher Terrence, je sais à quel point se fut dur mais je ne peux rester sans nouvelles de toi. Comment vas-tu ? Et Suzanne ? Raconte-moi tout Terrence, je veux savoir ce que tu deviens. ..’

Quand Albert passa devant la chambre de Candy avant d’aller se coucher, il la trouva en train de mettre son adresse au dos de l’enveloppe adressée à Terry. Il se dit que c’était bien ainsi, qu’ils ne devaient pas s’oublier alors qu’ils avaient passé tant de moments ensembles.

" Albert tu me regardes en douce maintenant ! "

Albert sursauta en remarquant que Candy se tenait en face de lui, un sourire moqueur sur le visage.

" Non, non. .. je. .. "

" Pas la peine de te justifier. Bonne nuit. " Elle l’embrassa sur la joue et ferma la porte de sa chambre.

Albert posa une main sur sa joue et pensa que Terry en avait de la chance d’être l’élu de son cœur.

La réponse de son ami ne fut pas longue à attendre, Candy la reçu alors qu’elle était en plein pique-nique avec Albert, Annie et Archi. Elle la lut d’abord pour elle et en jugeant le contenu correct elle la lut aux autres.

" Ma très chère Candy

Tu ne peux même pas imaginer la joie que me procure ta lettre, je désespérais d’avoir un jour des nouvelles de toi. Cela m’amuse beaucoup de savoir que Albert est ton père adoptif, qui l’aurait cru. Tu ne le trouves pas un peu jeune toi pour avoir une fille de 17 ans ?

Tu serais en face de moi je suis sur que tu aurais fait ton habituelle tête de petit singe et que tu m’aurais tapé dessus pour ce que je viens de dire. .. mais je ne le pense pas.

Tu diras bonjour à tout le monde de ma part.

Pour ma part, la troupe de Standford a accepté de me reprendre malgré la mauvaise réputation que je me suis faite et je jouerais prochainement le rôle de Hamlet. Tu trouveras ci jointes, six places pour la représentation du mois de Mai à Chicago. Je t’attends avec Albert, Annie, Archibald, Patty et Alistair. Vous aurez même le plaisir de voir Suzanne marcher. Grâce au progrès de la médecine ( et au portefeuille de Mme Marlow ) on lui a fabriqué une prothèse qui lui permet de se remettre sur pied. Elle a encore du mal à marcher correctement ( elle est si rigolote ) mais elle y met tous les efforts du monde et d’ici Mai vous la verrez complètement rétablie. Elle t’embrasse très fort Candy et attend impatiemment de te revoir peut être même plus que moi. Mais là je pense quand même que ce ne soit pas possible que quelqu’un sur terre ait plus envie que moi de te voir.

Alors à dans un mois Mlle tâche de rousseur.

Terrence G. Granchester "

Les émotions se bousculaient chez Candy. La tristesse, elle avait oublié de dire à Terry qu’Alistair n’était plus de ce monde et la lettre lui rappelait ce triste évènement ; la joie de savoir Suzanne en pleine forme, de revoir Terry sur les planches d’ici un mois ; l’exaspération par ces multiples moqueries, celles-la même qui avait fait hurler de rire Albert ; mais surtout un manque comme si il lui manquait une partie de son cœur.

Elle reprit néanmoins très vite ses esprits et serra la lettre sur son cœur avant de continuer le déjeuner avec gaieté. Le repas était fini depuis longtemps, les rires allaient bon train, il faut dire que le vin n’avait pas manqué, la nappe et les plats étaient rangés et tous les quatre s’apprêtaient à partir. Albert aida Candy à se relever et pensant que les deux autres les imitaient. Ils partirent devant. Au bout d’un moment ils se retournèrent et virent que Annie et Archi étaient restés assis à se regarder. Candy se retourna les mains sur les hanches.

" Et alors flemmards ! On ne va pas rester la nuit à vous attendre. "

Annie eut un sourire complice vers Archi et elle prirent la parole.

" Candy, M.Albert, Archi et moi avons une nouvelle à vous annoncer. A partir d’aujourd’hui nous sommes officiellement fiancés. " Annie baissa le regard après avoir dit ses mots et tortilla nerveusement ses doigts en attendant la réponse de ces deux amis les plus chers. Elle n’entendait pas un bruit, ce qui l’inquiétait, quand elle releva la tête elle eut à peine le temps de voir Candy lui plonger dessus et la renverser sur l’herbe.

" C’est super Annie ! Oh je vous adore ! C’est vraiment un jour particulier, la lettre de Terry et cette nouvelle. .. "

" Oh merci Candy d’être toujours là. " Lui dit Annie en larmes en serrant son amie contre elle.

" je vous félicite. " Ajouta Albert en serrant la main d’Archi. Il aida ce dernier à remettre les deux jeunes filles debout. Candy se jeta dans les bras de Archi et Albert se contenta de serrer gentiment Annie dans ses bras d’une étreinte protectrice et chaleureuse. Le vin aidant ils rentrèrent en chantant vers la maison de Lakewood où Candy ne manqua pas d’aller inspecter le précieux jardin de roses d’Anthony qui restait son jardin secret même si aucune rose n’était éclose pour l’instant. Elle y relut la lettre de Terry savourant chaque phrase, chaque mot de la délicate écriture déliée de Terrence. Elle se disait que dans un mois elle pourrait enfin le revoir, entendre le son de sa voix et sentir son parfum. Elle se disait aussi que cela allait être particulièrement dur pour elle de résister au charme ravageur de voyou anglais qui n’était autre que l’unique obsession de ses sentiments alors qu’elle essayait à tout prix de l’oublier. Elle se disait aussi que cela allait lui faire un choc de le voir être aussi familier et proche qu’il le fut avec elle mais que cette fois se serait Suzanne l’unique objet de ses grâces.

" Oh Terrence G. Granchester pourquoi a t’il fallu que je te rencontre ? Pourquoi suis-je tombée si désespérément amoureuse de toi ? " Une larme roula au coin de son œil, elle avait décidé de son plein gré il y a plus d’un an de s’effacer et de s’opposer à ses sentiments pour que Terry puisse rester auprès de Suzanne et prendre soin d’elle, elle qui lui avait sauvé la vie. Hélas malgré toute la volonté qu’elle y mettait Candy ne pouvait oublier ce qu’elle avait éprouvé et ce qu’elle éprouvait encore. Ainsi était-elle condamnée à n’en aimer qu’un qui ne devait jamais être à elle ?

" Candy. .. "

La jeune fille s'essuya précipitamment en entendant la voix familière de son grand frère et le bruissement singulier des rosiers parmi lesquels il devait essayer de se frayer un chemin jusqu'à elle.

" J’arrive Albert ! Bonne nuit Terrence. .. "

Sur ce dernier soupir à son amour, Candy partit rejoindre l’homme qui prendrait toujours soin d’elle quoi qu’il arrive, son père adoptif, son grand frère, son confident, son mentor. ..

 

Fin du chapitre 1

© Hika janvier 2001