
Chapitre 8
Candy...
J'aurais tant voulu te revoir Candy... Lakewood... Cela semble si
loin... Leurs promenades chevauchées à travers bois, le long de
l'eau... comme au delà du temps... Tendre Candy, les jeux sur le lac,
les inventions d'Ali et... retourner là bas... Et maintenant ce
collège cette grille, ces murs... la discipline de Grand Tante n'est
rien à côté de... Quand te reverrai je Candy?... Et tout ce que tu
dois endurer - les larmes étaient là, silencieuses mais toutes
proches, authentiques, elles l'aidaient... Soulagement, courage,
espoir... oui il remarcherait bientôt et... et s'il avait été plus
âgé il aurait pu l'emmener, partir avec elle, l'enlever pour toujours
à cet univers hostile et qui ne la comprenait pas, ne la connaissait
pas... Candy je combattrai les principes de la famille... et on
gagnera... on sera heureux...

Candy... La
page était tournée c'était dit, elle aimait... *"Il n'est pas
une fillette, il est fort et courageux"* Oui certainement il se
devait de le reconnaître il l'avait mal jugé... la jalousie bien
sûr... et soyons franc elle était toujours là cette jalousie d'une
certaine façon mais... mais... Il l'aimait il avait rêvé voulu y
croire il avait espéré, tellement voulu, un amour éternel, et total,
si partagé - Mais... Le théâtre... se consacrer totalement... à
cette passion qui avait toujours brûlé en lui, oui comme une seconde
nature prenant toujours le meilleur sur sa vie même... Comme l'essence
même de son existence... Je dois oublier... Surpasser sa mère... Candy
c'est grâce à toi si... Se surpasser lui même surtout... De par son
jeu gagner tous les possibles, vivre maintes existences et intensément,
complètement... S'adonner sans relâche à cette passion qui le
sauverait... l'arrachant à lui même...

Le soir était
tombé, ils avaient gagné la cabine qu'on leur avait attribué... Et
c'est là qu'ils avaient eu vraiment l'occasion de se connaître
mieux... "Terrence... je voudrais... Enfin je... merci pour
tout" Toute cette estime qu'il ressentait maintenant, et à ce
moment en particulier justement, Anthony voulait l'exprimer... Les mots
compliqués ne servaient à rien après tout, et il ne les trouvait
pas... l'émotion, l'inconnu aussi peut être... Mais qu'importe...
Cette jalousie qu'il s'était souvent pris à ressentir à la lecture
des lettres, tous ces sentiments inavouables, inexprimables qui avaient
pu l'étreindre quelquefois... N'étaient ils pas présents encore
quelque part ? Il ne le voulait pas en tout cas, pas à cet instant
où... où il se disait que Terry était si... "Anthony. C'est vous
que Candy aime elle me l'a dit" Terry avait lu toutes ces émotions
mêlées dans son regard bleu... Mieux valait que les choses soient
claires... Le visage d'Anthony resplendit alors d'une joie qu'il
n'aurait pu cacher... Candy... Il l'aimait tant... Un silence avait
suivi... porteur de tant d'espoir, de bonheur, d'illusions perdues et
réalisées aussi... Et puis... Et puis la soirée s'était écoulée,
sereine, calme, et ils avaient pu, voulu aussi, sans quoi rien n'est
possible, se connaître...

Et au fil des
jours, de quelques mots échangés, ils avaient su plus s'apprécier, ou
tout au moins l'estime première fondée déjà qu'ils avaient
éprouvée lors de leur rencontre avait-elle trouvé un explicitation
plus concrète... Maintenant ils savaient mieux pourquoi... Quelques
opinions échangées... Ils avaient compris l'identité profonde de
leurs idéaux, de ces idées pour lesquelles ils se battraient toujours,
et ce jusqu'à la victoire... A ceci près bien sûr que si Anthony ne
voulait pas en douter - ou en de si rares occasions, qu'il voulait
fugitives - le passé de Terrence son caractère surtout ne lui
laissaient pas toujours ce bonheur... ne sachant, ne pouvant toujours
bien combattre l'amertume, le pessimisme qui quelquefois
l'envahissait... Mais il avait la volonté, la détermination il luttait
toujours pour gagner, et Anthony aussi... Pour Anthony c'était les
règles arbitraires de la Grand Tante, les principes d'un autre temps de
la famille André... Lui même s'était heurté à son père, aux
principes de caste à perpétrer l'honneur des Grandchester... la Mère
Supérieure... cette "tête de mule"... chère Candy... Il
s'était toujours heurté à l'obstination injuste de cette femme si
souvent sans pitié, de par la dureté même que lui imposait sa
fonction oui peut être mais... Quelle stupidité...

La
traversée touchait à sa fin... Ils avaient l'un et l'autre, au fil de
leurs déductions respectives - et personnelles - et surtout de la
confiance qui tacitement s'était établie, compris et appris
tellement...
Ce médaillon qu'Anthony
regardait si souvent. Tendresse émotion tant d'amour enfin, de tristesse
aussi, de mélancolie de nostalgie. Et la jeune femme blonde lui
ressemblait tant... toute sa douceur sa sensibilité sa fragilité sa
rêverie, son énergie cependant... sa mère évidemment... lui avait eu
la chance de retrouver la sienne... Candy c'est grâce à toi... Et voilà
encore les souvenirs...

Ce livre
qu'il ouvrait si souvent, toujours le même, cette pièce de Shakespeare
qu'il rangeait avec tant de précaution, de soin, d'amour à chaque
fois... Sans doute avait il appartenu à quelqu'un qu'il aimait
beaucoup... les pages annotées, tant de répliques soulignées...
l'expression de son regard quand il le parcourait... Oui et sans doute
aimait-il beaucoup le théâtre aussi...
Cette passion pour le théâtre
Terry la lui avait finalement livrée et lui même lui avait parlé de sa
roseraie... Bien sûr ils avaient encore gardé secrets leurs sentiments
les plus profonds, ils n'avaient pas parlé de leur mères, autant que
faire se pouvait ils avaient évité de parler de Candy, sujet trop
brûlant encore... Mais au delà de tout cela, de leur rivalité d'un
temps, naissait, montait déjà une estime partagée... Une amitié à
venir ?...

Chapitre 9
L'hôpital... C'était là qu'ils se séparaient...
"Terry..." "Merci. Merci pour tout"...
... Il s'était éloigné, droit vers Broadway et son
destin d'acteur...

"Monsieur Anthony !" Inès n'osait y croire
tout d'abord... des jours que l'infirmière consciencieuse et si humaine
qu'elle était avait constaté avec angoisse sa disparition - Des jours
que Madame Elroy, alertée, avait lu la brève missive... "Grand
Tante, je quitte l'hôpital quelque temps. C'est personnel et très
important. Ne vous inquiétez pas. Je reviens dès que possible"...
L'affolement de Madame Elroy... la colère qu'elle ne pouvait ni ne
cherchait à contenir et qui ne cédait qu'à l'inquiétude... Elle venait
rentrait dans la chambre et restait là des heures à attendre... Jusqu'au
nouvel accès... Crises... Elle finissait par se résoudre à regagner la
propriété...
A l'instant prévenue elle était arrivée, se voulant
comme toujours hautaine et solennelle dans la voiture des André, soigner
son image la réputation de la famille toujours paraître digne...
"Anthony ! C'est inadmissible ! Mais qu'est ce qui t'a pris où es-tu
allé ? Mais quelle inconscience mon Dieu ! Tu n'aurais jamais dû... Mais
cela ne se reproduira plus j'y veillerai personnellement. Mais où as tu
pu aller Seigneur... " "C'est personnel Grand Tante. Je ne vous
dirai rien" C'était tout ce qu'elle avait eu comme réponse, et ce
malgré toute l'énergie l'insistance qu'elle avait déployée... Rien n'y
avait fait... Claquant la porte d'impuissance, et surtout de colère, elle
était partie...

L'hôpital sa chambre la vue habituelle sur les ormes
du parc... Inès qui s'informait gentiment si tout allait bien... Ce cadre
désormais familier qu'il retrouvait ce soir... Candy... Où es tu ?...
L'Angleterre lui paraissait ici si loin, si étrangère... Il n'aurait pas
cru y être il y avait si peu de temps... Pourtant... Oui je guérirai
vite et... Le soir même une nouvelle lettre était écrite...
Et le lendemain c'est avec plus de décision et de
certitude que jamais qu'il reprit son traitement... Candy...

Chapitre 10
Libre... la lumière, une brise
légère... La liberté l'infini... Quitter cette tour triste et sombre,
ces murs... La vie revenait quel bonheur quelle délivrance je... je dois
y croire pourtant c'est vrai... Rayonnante, libre... pourtant pourquoi...?
Comment c'était possible que... ? ... elle avait suivi Sœur Margaret -
Bref entretien avec la Mère Supérieure... l'incompréhension
grandissante qui se mêlait à la joie... Et très vite tout s'était
effondré à nouveau, candeur, béatitude des premiers instants... Les
lettres qu'Archi et Ali lui avaient remises... Ces derniers jours ces
dernières heures... *"J'ai décidé de quitter le collège et de
partir pour les États Unis où je vais trouver du travail. Je prierai
pour ton bonheur où que je sois *"... "Je suis si heureux que
Terry et moi ayons pu convaincre la Mère Supérieure. Mais nous devons
partir pour New York par le premier bateau. Ne t'en fais pas tout va
bien..." ... Tout ce qu'ils avaient fait pour elle... Terry je ne
peux pas t'aimer mais... mais je sais mon amitié pour toi sera toujours
aussi vraie, toujours aussi... Te sacrifier ainsi pour moi... Tu n'aurais
jamais dû... J'espère que tu deviendras le plus grand acteur de tous les
temps et que... et que... L'on pourra être amis n'est ce pas dis moi que
c'est possible... On se reverra j'en suis sûre et... Anthony... Mon Dieu
j'espère que... "Ne t'en fais pas tout va bien"... Non tout
allait bien il n'était pas... Anthony je t'aime je t'aime tant je
voudrais retourner à Lakewood je voudrais... Quand te reverrai-je Anthony
?...

Quelques jours avaient passé.
Vicissitudes provoquées par les événements ou le plus souvent dues à
la méchanceté des autres.. Réflexion personnelle surtout... Que
faisait-elle donc dans ce collège après tout ? Non ce n'était pas ça
qu'elle voulait, si c'était ça être une lady... Non Anthony, Terry et
vous aussi Archi, Ali, Patty, Annie merci merci pour tout mais... non je
ne peux pas rester. Je dois m'en aller. Faire quelque chose de ma vie, et
décider moi même... Terry je sais que tu réussiras je viendrai te voir
jouer si... si l'on peut... Anthony... cela fait si longtemps
maintenant... je veux te revoir et t'aider à guérir pas seulement... je
t'aime tant Anthony... On retournera à Lakewood... Et je te montrerai la
colline de Pony...
C'est ce soir là que Candy franchit la
haute grille du collège Royal Saint Paul...
Fin du chapitre
10
© Hélène
juin 2001
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