Le sourire de Terry
par Fatalzmarion

Chapitre 26 – Le langage des étoiles

Le lendemain, comme de bien entendu, Daniel suivit Candy jusqu’à son appartement mais ne put s’approcher de l’immeuble car Monsieur Barsi jardinait devant.

« Tu ne perds rien pour attendre, Candy, je reviendrai ce soir » se dit-il, un éclair de méchanceté lui traversant le regard.

C’était la dernière soirée de Terry à Chicago car le lendemain à midi, il reprendrait le train en direction de New York pour les répétitions de Roméo & Juliette. Cette nouvelle séparation était une déchirure pour le couple qui s’était habitué à leur vie commune, mais cela serait de courte durée puisque Candy allait s’installer définitivement avec lui moins d’un mois plus tard.

L’état d’Albert s’était considérablement amélioré et même si sa mémoire n’était pas encore reconstruite, il avait ses points de repère, ses habitudes, l’appartement lui était maintenant familier. Il pouvait trouver un travail et se débrouiller seul jusqu’à ce qu’il soit complètement rétabli. Sa guérison ne se ferait plus attendre longtemps.

Candy était rassurée car elle se sentait extrêmement coupable de l’abandonner ainsi. Mais il avait insisté pour qu’elle se rende à New York comme prévu. Selon lui, rien ne devait passer avant le bonheur et l’équilibre de Terry. Elle méritait de vivre avec ses deux parents ensemble. De plus, Alistair et Archibald avaient généreusement proposés de veiller eux aussi sur Albert jusqu’à sa complète guérison.

Pour cette dernière soirée, Terry et Candy sortaient en amoureux alors que la petite restait avec Albert. Terry avait réservé dans l’un des meilleurs restaurants de Chicago. Une merveilleuse table romantique les attendait à la terrasse donnant sur le jardin car cette soirée du mois d’août était particulièrement étouffante.

Albert avait ouvert en grand toutes les fenêtres de l’appartement. Il promenait Terry sur ses bras car celle-ci avait bien du mal à s’endormir étant donnée la moiteur ambiante. La fillette posée sur son bras gauche, il se rendit à la fenêtre pour observer les étoiles.

« Tu vois Terry » lui dit-il « Je passerais des heures à observer le ciel par ce si bel été. Mais j’ai vraiment l’impression que c’est une activité qui m’a toujours plu. Je crois que j’ai toujours regardé les étoiles … que je dormais en plein air quelques fois »

Il eut alors un flash … Des poissons qui grillaient … Un feu de camp … des animaux de la forêt … et les rires d’une enfant à couettes enveloppée dans une couverture …

« Oh mon Dieu » Dit-il à Terry « Ta maman !!! Je l’ai repêchée dans la rivière il y a des années. Elle allait se noyer … »

Comme pour se rassurer lui-même de ce souvenir tellement clair qui venait de lui revenir en tête, il serra dans ses bras Terry qui s’endormait contre son épaule, de la même manière qu’il se rappelait avoir serré sa mère.

Cachés dans une voiture garée dans la rue, deux yeux vicieux observaient, sans entendre, Albert et Terry.

Daniel Legrand avait la réponse qu’il cherchait. Candy avait bel et bien un enfant … avec le curieux vagabond qui traînait sur les terres des André quelques années auparavant.

« Mon amour » dit Candy alors qu’arrivait leur apéritif « Cela m’arrache le cœur de savoir que nous serons séparés à nouveau. J’ai tellement pris l’habitude de me réveiller près de toi »

« Courage ma chérie … Ce sera la dernière séparation cette fois. J’ai hâte d’être en septembre ».

« Je serai là chaque jour pour te préparer ton petit déjeuner et pour t’attendre quand tu rentreras le soir … »

« Sauf les nuits où tu seras de garde !! Comment vais-je m’endormir sans toi ces soirs là ? »

Terry prit tout à coup un air grave.

« Candy, il y a quelque chose que je t’ai déjà demandé mais que je voudrais officialiser … »

« Oui mon chéri … »

Il se leva pour contourner la table, sortit de sa poche un petit écrin de velours rouge et mit un genou en terre.

« Mademoiselle Candice Neige André, voulez-vous partager tout le reste de votre vie avec moi ? Voulez-vous m’épouser ? »

Malgré que Terry l’avait déjà demandée en mariage une fois un sombre soir d’orage qui restait pour elle son meilleur souvenir, elle put sentir ses yeux se remplir de larmes devant le touchant jeune homme qui glissait le diamant à son doigt et qui la regardait comme si elle était l’unique femme de la terre.

« Oui, Terry. Je le veux ! Je ne veux que toi … »

Et sous les applaudissements des tables environnantes qui avaient deviné la demande du garçon et la réponse de la jeune fille, Terry et Candy échangèrent un long baiser avant de reprendre leur place à table pour terminer leur repas.

Daniel rentra au manoir des Legrand où sa sœur attendait de pied ferme son rapport sur Candy.

« C’est confirmé Soeurette !! J’ai vu le mioche chez Candy … mais il y a mieux !! Tu ne devineras jamais qui est le père de ce bâtard !! »

« QUI ? » s’enquit immédiatement Elisa, flairant une information capitale.

« Albert le vagabond »

« QUOI ???????!!! Celui qui traînait toujours dans la vieille maison du bois avec toutes ses bestioles ?? Le barbu ? »

« Tout juste !! Il a taillé sa barbe et apparemment, n’a plus ses bestioles mais il est la père de l’enfant de Candy. C’est certain !! »

« Oh mon Dieu !! C’est encore plus beau que ce que j’imaginais !!! Je tiens enfin ma vengeance sur cette petite souillon !! »

« Allons prévenir la Grand Tante »

« C’est qu’on a un problème, Daniel »

« Lequel ? »

« La Grand Tante est partie en voyage avec une amie veuve. Elle reviendra dans deux ou trois semaines. Il va falloir attendre ! »

« Et bien quoi ? Pas de Problème ! Candy ne va pas s’envoler !! On attendra le retour de la tante Elroy ».

Les jeunes fiancés reprirent le chemin de l’appartement. Terry tenait Candy par les épaules et lui montrait les étoiles qui scintillaient dans le ciel.

« Tu vois la Grande Ourse là-bas ? Et celle là c’est l’étoile polaire … »

« Je ne savais pas que tu t’intéressais à l’astronomie … »

« Les étoiles ont toujours été mes meilleures amies. Leur langage de lumière apaisait mes esprits. Tu sais quand j’étais petit, mon père m’envoyait toujours en collège d’été alors comme je me retrouvais toujours tout seul, je me suis mis à observer le ciel … C’est une habitude que j’ai gardée et quand je t’ai rencontré, je parlais de toi avec toutes ces petites planètes. Je savais qu’elles ne trahiraient pas mon secret »

« Quel secret ? »

« Terrence Grandchester, fils illégitime, bâtard du Duc de Grandchester, était amoureux … »

« Amoureux ?? De qui ? » Demanda coquinement la jolie blonde.

« Demande leur … » répondit Terry en désignant le ciel étoilé.

Candy regarda une fois encore les petits réverbères célestes.

« Elles me disent que tu es le meilleur des hommes, le meilleur des pères et que tu seras le meilleur des maris … »

Chapitre 27 – Envolée

Terry venait d’arriver à New York. Il se rendit directement chez lui pour y déposer ses bagages mais ne les défit pas. Il avait en fait menti à Candy. Le nouvel appartement qu’il avait loué était déjà à sa disposition depuis le début de ce mois mais il tenait à mettre à profit les trois semaines qui lui restaient avant que ses deux femmes ne le rejoignent, pour décorer et aménager leur petit nid. Il allait en faire un paradis et une surprise pour Candy. Elle n’aurait à se soucier de rien à son arrivée.

Il alla ensuite au théâtre pour prévenir Monsieur Hathaway de son retour et de son changement d’adresse imminent.

Il fut accueilli par une Susanna Marlowe hystérique.

« Oh mon Dieu, Terry !!! Te voilà enfin. »

Elle lui sauta au cou et posant un bruyant baiser sur la joue du jeune homme qui se dégagea presque immédiatement de cette étreinte inattendue.

« Bonjour Susanna. Salut tout le monde ! » Dit-il d’un ton neutre en voyant les autres acteurs qui le regardaient. Terrende n’avait aucune entente particulière avec tous ces hommes qui ne voyaient pas d’un très bon œil l’ascension fulgurante du jeune homme au sein de la troupe et qui jalousaient les attentions qu’il recevait de la séduisante Susanna. Le succès sans borne de Terry suscitait bien des jalousies.

Il marcha vers le bureau de Robert Hathaway d’un pas décidé, Susanna sur ses talons.

« Terry !! Attends-moi ! J’aimerais que tu restes un moment près de moi depuis toutes ces semaines passées l’un sans l’autre … »

« J’étais en vacances, Susanna ! Dans tous les sens du terme … » Lui lança-t-il d’un ton sec sans se retourner.

Il entra dans le bureau d’Hathaway souriant, même si sa jeune partenaire l’avait déjà agacé.

« Monsieur le Directeur » Dit-il d’un ton enjoué.

« Roméo de Chicago !!! Comme tu as bonne mine ! » Répondit Monsieur Hathaway.

« J’ai bien profité de mon congé, voyez-vous »

« Je n’en doute pas. Comment va Candy ? »

« Magnifiquement bien, elle vient s’installer ici avec moi à la fin du mois. Nous comptons nous marier prochainement !! Après Roméo & Juliette »

« Toutes mes félicitations !!! »

Derrière la porte, Susanna avait tout entendu … Elle s’enfuit en courant à travers les couloirs du théâtre en pleurant à chaudes larmes.

Candy venait s’installer à New York !!! Un mariage !!! C’était encore pire que tout ce qu’elle avait imaginé !!

« Et l’enfant sur la photo ? » se dit-elle « Je parie que cette fille a séduit Terry en le mettant dans son lit alors qu’elle a déjà un bâtard d’un autre homme et elle veut se faire entretenir !! Je me demande bien comment Terry peut se faire avoir comme ça ?? Qu’est-ce qu’elle lui a fait pour lui passer la corde au cou ! Il y a des filles qui sont vraiment sans gêne ! »

Si elle était restée un peu plus longtemps à écouter à la porte du bureau, elle aurait reçu la réponse qu’elle attendait.

Terry avait parlé de son mariage à Robert mais il tenait aussi à lui parler de tout le reste. Monsieur Hathaway lui avait tendu la main dès son arrivée dans le monde du théâtre et Terry lui faisait confiance.

« Robert, il y a autre chose dont je voudrais vous parler. Peu de gens sont au courant et je vous demanderai la plus grande discrétion à ce sujet pendant quelque temps encore »

« Bien sûr Terry, mais de quoi s’agit-il ? »

« Et bien, c’est peut-être surprenant à entendre mais Candy et moi avons un enfant … »

« Comment ?? Mais … vous êtes si jeunes tous les deux »

Terry se décida à tout expliquer à Robert, la rencontre avec Candy au collège, le piège qui l’a forcé à s’en aller en la laissant là-bas, Candy qui l’a suivi, leurs retrouvailles à Chicago, la découverte de sa fille et leurs échanges de courriers, jusqu’à ces dernières vacances.

« Vous voyez Robert, même si nous sommes très jeunes, nous savons que nous voulons passer toute notre vie ensemble. Il n’y a que très peu de temps que je viens de quitter Candy et elle me manque déjà … comme s’il me la fallait pour respirer ou pour exister. Quant à la petite, elle fait partie de moi et de Candy. Je ne suis en paix et en harmonie que quand nous sommes ensemble »

Robert Hathaway avait très bon cœur et la sincérité de son jeune acteur le toucha. Il connaissait Terry depuis quelques temps maintenant mais ne lui avait jamais vu une mine aussi joviale ni aussi réjouie. La paternité et l’amour lui allaient décidément très bien. Il décida donc de s’allier à Terry. Il userait de toute son influence pour que l’hôpital Jacob propose un emploi à la future Madame Grandchester et il allait même se renseigner pour trouver une nounou pour Terry.

Et Terry se lança à corps perdu dans les répétitions de la pièce ainsi que dans la préparation de son appartement. L’hôpital avait donné son accord pour accueillir Candy à l’essai, car son expérience au grand hôpital Sainte Joanna de Chicago et la formation en chirurgie qu’elle était en train de suivre, le tout ajouté à l’appui de Monsieur Hathaway, jouaient nettement en sa faveur. Tout allait pour le mieux.

Il n’y avait qu’une ombre au tableau : Susanna Marlowe.

Celle-ci devenait toujours plus envahissante et ses avances avaient l’art de pousser Terry à bout. Il lui fallait absolument mettre le grappin sur le jeune acteur avant l’arrivée de Candy si elle voulait avoir un tout petit espoir qu’il rompe avec elle.

Un soir alors qu’il répétait son rôle, le cœur tourné vers sa Juliette aux yeux verts qui allait venir le rejoindre quelques jours plus tard, il fut interrompu dans ses douces pensées par Susanna.

« Terry … »

« Oui Susanna »

« J’ai entendu dire que tu attendais l’arrivée de cette jeune femme de Chicago »

« Je ne vois pas en quoi cela te concerne »

« Dis-moi la vérité Terry. Pourquoi est-ce si important pour toi de la faire venir ici ? »

« Et toi ?? Pourquoi t’est-il si important de le savoir ? De quel droit t’immisce-tu dans ma vie privée ? »

« Du droit de celle qui t’aime, Terry !!! » lâcha-t-elle de but en blanc.

« Que dis-tu ? »

« Je t’aime Terry, depuis le premier instant où nos regards se sont croisés … et je pensais que tu m’aimais aussi et que d’un jour à l’autre tu allais me déclarer tes sentiments. Mais quand j’ai vu cette fille à Chicago … »

« Susanna … »

« Tu seras à moi Terry !! Je t’aime et je ne veux pas te laisser à elle ! Jamais !! Dis-moi que tu m’aimes, je t’en supplie »

« Susanna, je t’aime bien … mais tu dois savoir que »

« NOOOONNNN !!! Je ne veux pas entendre ça !! Je ne la laisserai pas te prendre … »

Et Susanna couru en larmes se cacher derrière le rideau de scène.

Néanmoins, Terry qui regrettait de causer de la peine à la jeune fille la suivit et de derrière le rideau lui dit :

« Susanna, je t’apprécie … comme une petite sœur ou une bonne amie. Mais Elle … à l’instant même où nos regards se sont croisés sur le pont du bateau qui me ramenait en Angleterre, je suis tombé fou amoureux d’elle … Je ne pourrais jamais que lui appartenir »

Il entendit les larmes que sa partenaire versait mais préféra la laisser seule.

« Elle acceptera un jour où l’autre … » se dit-il.

Candy avait terminé ses malles. Le lendemain à 8 heures précises, elle quitterait Chicago pour New York rejoindre celui qu’elle aime.

Albert avait le cœur gros de la voir partir car elle était son seul appui, sa seule source de réponse aux éléments dont il ne se souvenait pas encore mais devant le bonheur de son amie et de la petite Terry, il ne pouvait que se réjouir.

Ils décidèrent de se concocter un succulent dernier souper ensemble et Candy se rendit à l’épicerie pour y faire quelques achats. Elle croisa en rue Daniel Legrand qui se trouvait dans de bien sales draps. Il était aux prises avec une bande de jeunes. N’écoutant que son bon cœur, Candy ne put s’empêcher d’intervenir et mit en fuite les lascars. Craignant qu’ils ne reviennent, elle conseilla au jeune rouquin de détaller au plus vite.

Dès qu’ils furent en lieu sûr non loin de l’épicerie, Candy regarda les quelques plaies de son ennemi juré et en infirmière dévouée, lui conseilla de se présenter quand même au urgences de Sainte Joanna le lendemain afin de se faire examiner.

Daniel la remercia à peine et s’en alla.

« Qu’est-ce qui lui a pris de prendre soin de moi ? » pensa-t-il « Elle me déteste … »

Candy se leva le lendemain de très bonne heure pour terminer ses derniers préparatifs. Le cœur gros, elle fit ses derniers adieux à Albert.

« Albert, vous êtes certain de pouvoir vous débrouiller seul ? A la moindre chose, vous me faites envoyer un télégramme ! »

« Mais oui Candy et puis je ne suis pas seul. Il y a vos amis. De plus, je m’en sors de mieux en mieux et me souviens de plus en plus. Partez tranquille »

Candy serra très fort son vieil ami dans ses bras et ne put contenir une petite larme de tristesse en pensant qu’elle ne le reverrait pas avant longtemps.

De la fenêtre de l’appartement, Albert regardait la voiture qui emportait Candy et Terry vers la gare.

« Au revoir Petite Candy. Si je ne me souviens que de peu de choses, il est néanmoins clair pour moi que tu faisais partie de ma vie. Nous étions liés depuis ton enfance. Tu me manqueras et j’espère te revoir très bientôt. Je te souhaite de trouver à New York tout le bonheur que tu mérites ».

Il se mit alors à ses tâches quotidiennes quand il fut interrompu peu de temps après par la sonnette de la porte d’entrée.

« Tiens donc » se dit-il « Candy aurait-elle oublié quelque chose ? Elle va se mettre en retard à la gare »

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il trouva sur le seuil de l’appartement, deux sergents de ville accompagnés d’un jeune rouquin à l’air insolent et d’une fille de l’âge de Candy aux yeux perçants et malicieux comme ceux d’un chat, les cheveux coiffés en anglaise. Les deux jeunes gens étaient élégamment vêtus mais étaient totalement inconnus d’Albert. Il n’en avait aucun souvenir.

« Je peux vous aider ? » demanda Albert à l’attroupement.

« Candy Neige André, c’est bien ici ? » demanda sévèrement l’un des agents.

« Mais … » dit Albert.

Heureuse de pouvoir surprendre Candy la main dans le sac, Elisa poussa Albert et pénétra dans le hall suivie de son frère et des deux policiers.

« Inutile de prendre des gants » dit-elle « Elle est forcément ici !! Candy !!! Candy !!! »

Albert comprit que ces personnes étaient ici pour chercher Candy et bien qu’il ne les reconnaisse pas, il pouvait deviner que leur visite n’augurait rien de bon.

« Pourriez-vous me dire ce que vous cherchez ? » Demanda-t-il sur son ton calme habituel.

« Vous vivez ici illégalement avec une mineure du nom de Candice Neige André, c’est bien exact. Cette jeune fille est sous la tutelle de sa famille qui n’est pas disposée à la laisser continuer cette vie de débauche. Mademoiselle André doit nous suivre »

« Il n’y a pas de jeune fille ici » Répondit innocemment Albert.

« Sottises !! » piailla Elisa « Nous savons de source sûre qu’elle vit ici avec son enfant naturel et cet homme. C’est la honte sur la famille !! »

« Mademoiselle, excusez moi d’insister, mais vous faites erreur … Il n’y a aucune demoiselle ici et pas d’enfant non plus … Je vis seul »

« C’est impossible. Sergent ! Fouillez l’appartement »

Mais les policiers eurent beau regarder dans chaque recoin de l’habitation, ils ne trouvèrent aucune trace de Candy ni d’un bébé.

« Nous sommes désolés, Mademoiselle Legrand, mais il n’y a rien … »

Legrand … Legrand … Ce nom résonnait aux oreilles d’Albert … Il les connaissait, mais d’où ?

Furieux, les deux enfants Legrand furent contraints de rebrousser chemin avec les agents.

« Tu t’es trompé, espèce d’idiot !!! » Hurla Elisa à son frère « Heureusement que la Tante Elroy ne nous a pas accompagné !!! Cette Candy ne vit pas ici »

« Je ne me suis pas trompé !! Elle a du s’en aller pour je ne sais quelle raison mais elle vivait ici !!! J’en suis absolument sûr !! »

« Alors allons à l’hôpital … »

Les deux Legrand se rendirent à Sainte Joanna mais là bas aussi, ce fut peine perdue. Tout ce qu’ils apprirent fut que Candy ne travaillait plus à Sainte Joanna et qu’elle avait apparemment quitté la ville sans laisser d’adresse.

« C’est bien ma chance !!! » Ragea Elisa « Où est elle passée cette idiote ?? Je te retrouverai Candy !! Et tu me le paieras !! »

Des tas d’interrogations demeuraient cependant à l’esprit mesquin d’Elisa.

Pourquoi Candy était-elle partie en laissant le père de son enfant ? Où s’était-elle volatilisée ?? Et pourquoi ?

Chapitre 28 – Ne demande jamais pardon

L’installation de Candy à New York fut merveilleuse. L’appartement que Terry avait choisi était encore plus beau que tout ce qu’elle aurait pu souhaiter. La petite avait une immense chambre, lumineuse et remplie de dizaines de jouets.

Son nouvel emploi à l’hôpital Jacob lui plaisait beaucoup. Certes la clinique était plus petite que celle de Chicago mais ses collègues étaient très sympathiques et le travail fort intéressant.

Quant à Terrence, ses répétitions de la pièce se passaient parfaitement, bien qu’il subissait régulièrement les sarcasmes et les supplications de sa partenaire par rapport à sa cohabitation avec Candy.

« Terry, je sais que tu n’es pas amoureux de cette fille !! C’est moi que tu aimes » lui dit-elle un jour de la fin du mois d’octobre durant la pause du déjeuner.

Terry fut mi amusé mi choqué par cette remarque. Il ne parlait jamais de Susanna à la maison car il ne voulait pas risquer de semer une atmosphère de manque de confiance dans son couple mais les avances de la jeune blonde commençaient sérieusement à lui peser. En d’autres temps, il aurait été flatté par tant de convoitise mais désormais, les priorités de sa vie se limitaient à Candy et à Terry. Toutes les plus belles femmes du monde lui étaient indifférentes.

« Susanna, une bonne fois pour toutes !!! Je ne suis pas amoureux de toi. Je t’apprécie, tu as beaucoup de talent et je suis fier que tu sois ma partenaire mais ce harcèlement que tu me fais subir commence sérieusement à me taper sur le système !!! »

« Mais Terry … »

« Il n’y a pas de mais ! Je vis avec Candy, j’aime Candy et je vais me marier avec Candy !! Il n’y aura jamais de place pour toi dans mes projets. Je suis navré de te parler si durement mais c’est toi qui m’y pousse »

Une fois de plus, Susanna se sauva en pleurant.

« Maudite Candy !! J’arriverai à te faire partir, crois moi !! »

Ce soir là, la petite famille attendait une visite. Eléonore Backer avait annoncé à son fils qu’elle rentrait de tournée et qu’elle serait de passage à New York. Il lui tardait de revoir son fils qui ne lui avait pas soufflé mot des changements intervenus dans sa vie hormis son nouvel appartement.

Candy avait congé ce jour-là et avait donc eut tout le temps de préparer un bon souper pour recevoir sa future belle-mère. Cependant, elle était quand même angoissée quant à sa réaction en découvrant l’existence de Terry. Si elle ne doutait pas de la bonté de Madame Backer, elle ne pouvait s’empêcher de redouter quelque peu cette entrevue.

Terry rentra du théâtre une heure avant l’arrivée de sa mère. Il semblait préoccupé. Candy préféra ne pas lui poser de questions et elle mit cette humeur inhabituelle sur le compte de la venue d’Eléonore.

Terry était en fait de plus en plus tendu en raison de la première de Roméo & Juliette qui se rapprochait dangereusement mais également à cause de Susanna qu’il soupçonnait de préparer un mauvais coup mais il ignorait lequel. Il ne voulait pas inquiéter Candy avec cela et ne lui dit donc rien. Le harcèlement moral que lui faisait subir sa partenaire était la principale raison pour laquelle il tenait absolument à officialiser au plus vite ses relations avec Candy.

« Ma mère va faire la connaissance de la petite … elle nous soutiendra dans nos projets et nous pourrions nous marier bientôt … j’en suis certain » Se dit-il, attendant impatiemment l’arrivée de l’actrice.

On sonna …

« Oh mon Dieu c’est elle !! » lâcha Candy.

« Ne t’inquiète pas mon amour, elle t’aime beaucoup. Cela va bien se passer »

Terry se dirigea vers l’entrée et ouvrit la porte à sa mère.

« Bonjour maman » dit-il en l’embrassant.

« Bonjour mon Chéri, je suis si contente de te revoir »

« Ta tournée s’est bien passée ? »

« Oh oui merveilleusement mais je ne suis pas fâchée de prendre un peu de repos et comme j’ai quelques semaines devant moi, je pourrai assister à ta première. Tu as déménagé, dis moi. Cet appartement a vraiment l’air magnifique. Tu me fais visiter ? »

« Bien sûr maman mais avant, je dois te présenter quelqu’un … que tu ne connais pas encore et aussi une personne que tu seras sans doute ravie de revoir. Elles t’attendent toutes les deux au salon. »

« Ah bon … Je te suis, mon chéri » Répondit Eléonore quelque peu surprise.

Eléonore entra dans la salle de séjour et fut stupéfaite en découvrant les deux personnes dont Terry venait de lui annoncer la présence !

« Candy !! » dit-elle en souriant.

« Madame ... »

« Maman, je te présente ma future épouse … et ma fille, Thérèse »

« Ta fille ?? C’est la petite fille que j’ai vue à Chicago chez les André … »

« En effet Madame » Répondit Candy « A cette époque, Terry lui-même n’était pas au courant de son existence et je voulais attendre de le revoir avant de vous en parler. Je m’en excuse … »

Eléonore regarda gravement Candy et son propre reflet se dessina à la place de la jeune fille aux boucles d’or. Elle se revit enceinte de Terry, tellement jeune, tellement seule, rejetée par l’homme qu’elle aimait et toutes les années pénibles et les erreurs qui ont suivi … mais son fils, lui, était différent. Il vivait déjà avec Candy, il prenait ses responsabilités et le sourire qu’elle lui avait vu quand il lui avait ouvert la porte n’avait jamais été le sourire de Terry, un sourire gai, franc, épanoui … Il devait ce nouveau bonheur à Candy et à Thérèse … Eléonore ne pouvait que l’approuver.

Elle se mit à genoux devant l’enfant qui jouait sur le tapis du salon et qui d’un coup la transperça jusqu’au cœur de ses yeux iridescents.

« Je t’ai dit que tes yeux avaient la couleur des lilas, Thérèse, mais je me suis trompée … Ils ont la couleur de ceux de ton papa, le pétillant mélange du bleu et du vert ».

L’actrice se releva prenant l’enfant sur ses bras spontanément pour la seconde fois de sa vie et regarda à nouveau Candy.

« Candy, je dois te faire un aveu. Lorsque j’ai vu la petite à Chicago, j’ai mis des jours à me sortir son visage de l’esprit car il reflétait si bien celui de mon fils. Je me suis dit immédiatement qu’elle avait le sourire de Terry … mais cela semblait aussi tellement improbable »

« Je vous demande pardon de ne vous avoir rien dit »

« Ne t’excuse pas, je te comprends. C’est une réaction normale »

« Maman » dit alors Terry « Je voudrais épouser Candy le plus vite possible car nous nous aimons et en plus, pour l’instant, on n’ose pas trop parler de la petite aux gens … Mais nous sommes encore mineurs. Est-ce que tu nous soutiendras ? »

Eléonore dirigea encore son regard vers l’enfant qui jouait avec son collier de perles.

« Petite, tu t’es invitée dans notre famille mais ne demande jamais pardon !!! Tu es le plus beau cadeau qui puisse exister » commença-t-elle, puis regardant Terrence « Bien sûr Terry, je serai de ton côté, mon fils ».

Eléonore serra son fils dans ses bras, puis Candy qui ne put contenir une larme d’émotion et de soulagement … Elle voyait la lumière au bout du tunnel.

Chapitre 29 – Marions nous

Après toutes ces émotions, la petite famille prit un bon repas. Eléonore ne pouvait se lasser de jouer avec Terry ni de discuter avec son père. Candy les laissa donc, elle se rendit à la cuisine pour y faire la vaisselle et ouvrir le courrier du jour qu’elle n’avait pas encore prit le temps de dépouiller.

Une enveloppe violette qui lui était adressée attira tout à coup son attention. Il y était juste indiqué : Mademoiselle Candy.

Intriguée, elle ouvrit la missive et y découvrit une écriture soignée.

« Mademoiselle Candy,

Je pense qu’il est de mon devoir de vous avertir que votre concubin se moque de vous. Il entretient une relation de longue date avec sa partenaire de scène. Ce manque d’honnêteté de sa part risque de causer votre déshonneur … Quittez le maintenant qu’il en est encore temps. Terrence Grandchester n’est pas quelqu’un qui mérite votre amour. Il n’y a qu’une seule femme dont il est amoureux et il ne s’agit pas de vous.

Je vous en conjure, Candy, réagissez ! Il y va du respect de votre personne.

Sincèrement votre,

Une amie qui vous veut du bien »

Candy eut la tête qui tourne à cet instant … Cette lettre … Cette partenaire … Terry …

Pour sûr, il s’agissait de Susanna Marlowe, la jeune blonde qui avait voulu l’empêcher de voir Terry à Chicago … Non ce n’était pas possible … Si Terry avait réellement été en relation avec cette fille, il n’aurait pas retourné tout Chicago pour retrouver Candy … Mais ce qu’Elisa avait dit … Dieu du ciel, c’était peut-être vrai finalement … S’il n’y avait pas eu Terry, peut-être aurait-il rompu avec Candy pour rester avec Susanna ? … Susanna … Susanna … Il n’en parlait jamais … Justement, peut-être pour ne pas éveiller les soupçons de Candy … Elisa … Et si c’était elle l’expéditeur de la lettre tout simplement ? … les lettres anonymes étaient sa spécialité … Non, comment pouvait-elle savoir que Candy était à New York ? … Et puis cette écriture n’était pas celle d’Elisa Legrand … Qui ?

Les larmes aux yeux et à l’âme, Candy décida d’attendre la fin de la soirée pour interroger Terry. Il était inutile de mêler Eléonore à cette histoire.

Candy retourna au salon la mort dans l’âme et prit tout son courage pour faire bonne figure. Certes elle faisait confiance à son Terry mais … et si cette lettre disait vrai … Terry aimait peut-être une autre femme ? Non, il était si amoureux … Il avait fait tellement d’efforts pour venir la voir à Chicago chaque fois qu’il le pouvait.

Quand ils allèrent finalement se coucher après le départ d’Eléonore, Terry remarqua la mine déconfite de Candy.

« Tâches de Son ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? Je te trouve toute drôle depuis tout à l’heure »

« Terry, puis-je te poser une question ? »

« Mais oui ma chérie, je t’écoute »

« Est-ce que tu as une relation avec ta partenaire de scène, Susanna Marlowe ? »

Terry manqua de s’étrangler avec la pomme qu’il était en train de grignoter.

« QUOI !!?? Qu’est-ce que tu me demandes là ? »

« Est-ce que tu aimes cette jeune fille ? Ou m’aimes-tu moi ? »

« Mais Candy quelle question !!! Bien sûr que je t’aime toi ! Je n’ai jamais aimé personne d’autre et surtout pas elle ! »

« Tu me le jures ? Tu ne me choisis pas uniquement à cause de Terry ? »

« Mais enfin, qu’est-ce qu’il te prend ? Pourquoi doutes-tu de mon amour ? Je t’ai dit un soir en Ecosse que je t’aimais et que je voulais me marier avec toi, puis Terry est arrivée et maintenant, je vis avec toi !! Pourquoi ne me fais-tu plus confiance soudainement ? »

« A cause de cela … » répondit-elle. Et Candy tendit à Terry la mystérieuse lettre qu’elle venait de recevoir. Celui-ci la parcouru d’un trait.

« La chipie !! Je suis sur que c’est Susanna elle-même qui t’a envoyé ce torchon ! » souffla-t-il alors.

« Terry … Cette fille te veut ? Cette Susanna ? »

« Mon amour … Elle semble très amoureuse de moi et m’a fait des avances plusieurs fois … mais c’est toi que j’aime »

« Ca j’ai remarqué qu’elle était amoureuse de toi !! Si tu savais la comédie qu’elle m’a fait à Chicago le jour de la représentation du Roi Lear pour que je quitte l’hôtel ! On lui donnerait le bon dieu sans confession à celle là ! S’il n’y avait pas eu Terry, je pense que j’aurais obéi à Susanna et que j’aurais quitté l’hôtel sans demander mon reste !! »

« Je dois remercier ma fille alors ! » dit Terry amusé, serrant affectueusement sa belle dans ses bras.

« Jure moi que c’est moi que tu aimes Terry, je ne veux pas que tu fasses le mauvais choix. »

Terry prit Candy par les épaules et la regarda bien droit dans les yeux.

« Tâches de son !! Regarde moi bien en face !! Crois-tu que je pourrais envisager de renoncer au sourire de Terry ? »

« Euh … non … mais »

« Et crois tu que je pourrais renoncer à tes yeux verts, à ton nez pointu ? A ta frimousse qui me fait rêver ? A ton fichu caractère ? »

Candy sourit alors.

« Vous pouvez bien parler, Monsieur Grandchester !! Mon fichu caractère !! Et le votre alors ?? »

« Je t’aime Candy, je n’aime que toi et je veux vivre avec toi jusqu’à ma mort. Nous avions convenu de nous marier après Roméo & Juliette mais cet incident me fait comprendre une fois encore que le bonheur est fragile, que la vie peut le briser en une seconde sur un coup de baguette magique. Je te veux pour toujours Candy et dès maintenant !! Marions-nous ! »

« … »

« Ma mère nous soutient, elle nous aidera ! Sois ma femme, Candy Neige »

« Terry … Je t’aime »

« Moi aussi je t’aime »

Et voilà comment le lendemain même, Eléonore Backer faisait jouer ses relations amicales avec le maire de New York pour que celui-ci marie les deux tourtereaux. Elle contacta également un prêtre qui accepta de bénir cette union. Et c’est ainsi que Mademoiselle Candice Neige André devint, dans la plus stricte intimité, Madame Terrence Grandchester en ce 31 octobre 1914, jour d’Halloween et en plein éclat de la Grande Guerre en Europe.

Elle regrettait de n’avoir pu prévenir aucun de ses amis, Annie et Patty, Alistair et Archibald

« … et Monsieur Albert » pensa-t-elle « Il aurait été si heureux pour nous deux … J’aurais tant voulu qu’il soit mon témoin »

Mais ce n’était que partie remise car Terry lui avait promis qu’ils se rendraient à Chicago après la pièce, pour les fêtes de fin d’année, et que Candy aurait tout loisir d’organiser ce qu’elle voulait avec ses amis, leur mariage resterait de toute façon secret encore quelques temps.

Ils rentrèrent ce soir là à leur appartement et ne pouvaient s’empêcher de se regarder d’une façon différente. Ils étaient maintenant mari et femme devant Dieu et devant la loi.

« Tu vois Candy » lui dit son mari en se couchant « Hier, une personne mal intentionnée te conseillais de me quitter et aujourd’hui, tu es ma femme !! »

Candy était songeuse …

« Mon amour, nous sommes le 31 octobre, c’est la nuit la plus effrayante de l’année mais une seule chose me hante … C’est qu’on aurait pu ne jamais se rencontrer … » répondit-elle.

A ces mots, Terry la serra dans ses bras comme s’il voulait ne jamais la lâcher … cette phrase voulait dire tant de choses.

Chapitre 30 – Le temps jamais ne sépare les ailes du corps de l’oiseau …

« Le temps jamais ne sépare les ailes du corps de l’oiseau. L’oiseau va avec ses ailes, ses plumes avec le ciel … rien de ce qui a volé, jamais, ne meurt … ni l’abeille, ni l’hirondelle, ni toi »

Terrence Grandchester avait retrouvé sa bonne humeur et les répétitions de la pièce se passaient pour le mieux.

Cela intriguait fortement Susanna.

« Si Candy l’avait quitté, il serait triste … donc c’est qu’elle est restée. Mais alors j’aurais entendu parler de la lettre … » pensait-elle.

La blonde ne comprenait rien à l’attitude de Terry. Il avait changé, même envers elle. Il était plus aimable, plus chaleureux. Il l’avait même raccompagnée un soir. Son plan avait peut-être marché mieux encore qu’elle l’espérait tout compte fait … Candy était peut-être repartie d’où elle venait et Terry en était soulagé … Qui sait ? Ne pas savoir la laissait sur un sentiment de malaise.

Mais les pensées de Terry étaient tout autres. Malgré l’insistance de Candy pour ne pas mettre Susanna cruellement devant le fait accompli, Terry avait prévu d’annoncer publiquement son mariage juste après la première représentation de Roméo & Juliette afin de se débarrasser une bonne fois pour toutes des propositions de sa partenaire.

Mais le destin allait une fois encore perturber les projets de Terrence …

En ce jour enneigé de novembre, Candy était de service en chirurgie pour la nuit. Elle était déjà devenue l’une des infirmières les plus appréciées mais aussi les plus efficaces de l’hôpital Jacob car elle avait démontré ses compétences en plus d’une occasion.

« Candy, Clémence !!! D’urgence salle 38, s’il vous plait !! Un accident » Ordonna la chef de service du ton ferme qui la caractérisait.

Candy ne se le fit pas répéter deux fois. Cet ordre signifiait que l’on venait d’admettre un nouveau patient et que celui-ci allait être opéré d’urgence par le chirurgien en chef lui-même. Candy avait été désignée pour l’assister avec une de ses collègues.

Mais cette nuit là allait être une de celles que n’oublierait jamais la jeune Madame Grandchester …

Elle se précipita dans la salle de préparation avec Clémence pour préparer le patient qui s’avérait être une femme. Celle-ci était évanouie et Clémence se chargea de la vêtir pour l’opération alors que Candy parcourait le dossier médical qui venait d’être établi par le service des admissions.

A la lecture du nom de la jeune femme, le cœur de Candy bondit dans sa poitrine … Elle regarda la blonde endormie …

« Susanna Marlowe … »

Elle continua à prendre connaissance des informations médicales indiquées sur la feuille de route.

Heurtée par un projecteur … multiples fractures de la jambe droite … et graves plaies ouvertes … Cas très sérieux …

L’opération durant plusieurs heures qui semblèrent des siècles à Candy. Elle vécut l’une des expériences les plus horribles de sa vie. Dès le départ, le chirurgien se montra pessimiste quant à l’issue de l’opération.

Candy ne cessa de prier un seul instant pour que le seigneur épargne la vie de sa jeune rivale. Elle avait beau la détester d’une certaine manière, elle ne pouvait concevoir que la vie abandonne un corps si jeune et si beau.

Après de longues heures d’effort, la vie de Susanna fut hors de danger mais … le Professeur Margave n’avait eu d’autre choix que l’amputation. La jeune actrice était sauvée mais elle ne marcherait jamais plus.

Il fallait annoncer cela à sa troupe théâtrale et à sa mère, qui patientaient nerveusement dans le couloir. Le chirurgien donna ses instructions et chargea Candy de l’emmener dans sa chambre pour y veiller sur elle jusqu’à la fin de son service. La jeune opérée devait recevoir un traitement très strict.

Le Professeur sortit de la salle pour aller au devant des proches de la patiente. Tous furent soulagés de savoir que sa vie n’était plus en danger mais bouleversés également d’apprendre la terrible nouvelle de l’amputation. L’un d’entre eux fut particulièrement touché par le verdict du praticien …

Très beau, très élégant et vêtu du costume de scène de Roméo, le jeune homme aux longs cheveux foncés et aux yeux d’un bleu profond, s’effondra sur sa chaise, la tête dans les mains.

« Tout ça à cause de moi !! » pensait-il « Son amour pour moi a décuplé ses forces et c’est pour me sauver la vie qu’elle s’est précipitée … »

Il regarda arriver le brancard où reposait sa partenaire endormie qu’une infirmière poussait énergiquement pour l’emmener jusqu’à sa chambre. Cette infirmière, c’était sa femme …

« Candy … » dit-il presque dans un murmure, la voix brisée.

Mais Candy l’avait entendu. Elle regarda son mari tenant avec lui un langage silencieux qu’eux seuls pouvaient comprendre. Elle lui disait « Tout ira bien, mon amour, je m’occupe d’elle ».

La mère de Susanna était en pleurs, elle ne pouvait réaliser que sa fille, un ange aux ailes dorées, si jeune, promise à un bel avenir, venait de devenir au détour d’un instant … une infirme.

Terry la regarda et lui dit : « Madame Marlowe, je suis vraiment navré … je ne peux vous dire à quel point … mais Susanna est entre de bonnes mains, croyez-moi »

Mais elle le toisa sévèrement : « Vous Grandchester !! Tout est de votre faute ! Fichez-moi le camp de cet hôpital et ne vous approchez plus jamais de ma fille !!! Vous m’entendez, oiseau de malheur !! ».

Elle prononça la fin de sa phrase la voix brisée … Monsieur Hathaway, choqué par ces propos, tenta en vain de raisonner Madame Marlowe mais rien n’y fit. Elle en voulait à Terry qui pour ne pas aggraver la situation, quitta l’hôpital … Il irait attendre chez lui le retour de Candy, par elle il recevrait des nouvelles de sa jeune partenaire.

© Fatalzmarion 2008