Le sourire de Terry
par Fatalzmarion

Chapitre 21 - Coeurs qui battent à l'unisson

Le jour de l'audition de Terry et de l'examen de Candy arriva enfin.

Candy s'éveilla ce matin-là en entendant frapper à la porte ... C'était Monsieur Barsi et son épouse qui portaient un énorme bouquet de roses rouges.

"Oh mon Dieu" dit Candy "Ce bouquet est magnifique !!"

"Un fleuriste vient de venir le livrer Candy, c'est pour toi"

Candy découvrit une petite carte jointe aux merveilleuses fleurs ...

"Mon amour,

Le grand jour est enfin là !! Tu vas réussir, j'en suis convaincu !

Je te souhaite bonne chance.

Je t'aime. Terry"

Le coeur encouragé par ces quelques mots d'amour, Candy se rendit à l'hôpital pour présenter son examen ...

"Oh mes Terry, nos coeurs battent à l'unisson en ce grand jour"

A New-York, Susanna Marlowe avait décidé de répéter une dernière fois la scène du balcon avec Terry avant qu'ils se présentent à l'audition.

Elle arriva chez lui de bon matin avec des croissants chauds. Ces visites intempestives avaient le don d'agacer le garçon mais malgré la mauvaise humeur qu'il lui témoignait, sa jeune partenaire ne semblait pas se décourager ...

Elle entra dans le hall de l'immeuble et y rencontra la logeuse de Terry qui faisait le ménage.

"Oh Mademoiselle Susanna, vous venez voir Monsieur Terry ... Pouvez-vous lui remettre son courrier ?"

"Bien sûr"

Susanna prit la lettre en mains mais ne put résister à la tentation de regarder le nom de l'expéditeur ...

"CANDY !! Ils continuent à correspondre ... à se voir peut-être ? ... Pas question Terry, tu seras à moi"

Elle pressa l'enveloppe dans ses mains, elle trépignait de la déchirer en mille morceaux, quand elle sentit quelque chose d'épais et de légèrement plus dur qu'un papier ordinaire dans l'enveloppe.

Elle ne put résister à la curiosité et ouvrit l'enveloppe ...

Quelle ne fut pas sa surprise en y découvrant le portrait de Candy, qu'elle reconnu en un instant, et qui tenait dans ses bras une petite fille qui ressemblait tellement à ... Ces grands yeux ... et ce sourire ...

"Oh Terry ... Qui est cette enfant ? ... C'est impossible ..." pensa-t-elle. Elle retourna le portrait et put y lire une simple phrase : "Bonne Chance"

Elle chassa la pensée qui venait de lui traverser l'esprit et cacha l'enveloppe dans son sac à main.

Elle frappa à la porte et subit comme à son habitude l'humeur massacrante de Terry à son égard ...

"Susanna, je n'ai pas besoin de chaperon pour me faire traverser la rue. Retourne au théâtre et restes-y !! Je viendrai quand je serais prêt ... Il n'y a plus besoin qu'on répète et en plus on n'est pas certains de jouer ensemble aujourd'hui. Le metteur en scène peut désigner n'importe qui ... Vas-t-en"

"Oh Terry, si c'était Candy qui venait te réveiller, tu ne lui parlerais pas comme ça" se dit-elle.

Terry arriva finalement au théâtre à la grande joie de Susanna qui l'attendait avec impatience.

"Terry !! te voilà enfin, veux tu que nous répétions une dernière fois ?"

"Ecoute Susanna, pour la dernière fois ... LACHE-MOI !!! Nous connaissons la scène par coeur et tu sais que les répétitions à outrance porte atteinte à l'émotion de la scène ..."

Et Terry se dirigea vers les toits ... là bas il pouvait à son aise penser à Candy en jouant de l'harmonica et se concentrer pour son audition.

"Oh mon amour ... Comme j'aurais aimé que tu sois près de moi ... Je me demande si tu as reçu les fleurs ... Tu seras reçue, j'en suis certain et je pourrai enfin t'envoyer cet Aller Simple pour New-York ... et nous resterons tous les trois ensemble pour toujours.

"Terry .." dit timidement la voix de Susanna qui l'avait suivi.

"Susanna ... Qu'est-ce qu'il y a ?"

" Terry, je ... je voulais savoir pourquoi tu semblais si songeur aujourd'hui ... Tu sais que je m'inquiète toujours pour toi "

Une fois de plus, Terry prit un air exaspéré en entendant les jérémiades de sa partenaire.

"Susanna, je ne suis pas un enfant. Je n'ai pas besoin que tu t'inquiètes pour moi, je te l'ai déjà dit cent fois. Je passe aujourd'hui l'audition qui va être décisive dans ma vie et toi tu me demandes pourquoi je suis songeur !!! Tu le fais exprès ou quoi ?"

"Pardonne moi"

"Tu veux me dire autre chose sinon merci de me laisser seul, je voudrais me concentrer"

"Euh ... c'est que ... Tu me promets de ne pas te fâcher ?"

Terry soupira encore une fois ... Il perdait patience ...

"Quoi ?"

"Promets ..." Le supplia Susanna.

"Bon d'accord, qu'y a-t-il ?"

"Une lettre est arrivée ce matin ici et je l'ai ouverte par mégarde ... Excuse-moi" - mentit-elle et elle lui tendit l'enveloppe que la logeuse de Terry lui avait remise le matin.

Terry saisit la missive et son coeur bondit dans sa poitrine en découvrant l'écriture de Candy.

"Permets moi de douter que cela ne soit pas ta mégarde qui t'ait fait ouvrir cette lettre mais ta curiosité, Susanna. Fiche le camp maintenant" dit Terry sur le ton le plus calme du monde. N'avait-il pas promis de ne pas se fâcher ?

Susanna aurait voulu demander qui était l’enfant sur la photo mais Terry était de trop mauvaise humeur envers elle … Elle en avait assez fait, ce n’était pas le moment de le faire sortir de ses gonds. Elle s’en alla.

Terry regarda l’enveloppe avec adoration.

Que disait la lettre de Candy ? Susanna avait peut-être découvert l'existence de Terry ?

Mais l'enveloppe ne contenait qu'un merveilleux portrait des deux femmes de sa vie avec l'annotation "Bonne Chance" au verso.

De deux choses l'une, soit Susanna avait gardé la lettre qui était annexée à la photographie, soit Candy ne lui avait effectivement envoyé que cela ...

Terry préféra pencher pour la seconde solution ... Oh cette Susanna, elle avait décidément le béguin pour lui et elle en devenait envahissante !! Vivement que Candy et Terry viennent le rejoindre ... cette chipie le laisserait alors tranquille.

Il regarda le portrait ... Comme elles étaient belles toutes les deux ... Il était l'homme le plus chanceux de la terre !

Terry entendit alors le jury qui arrivait ... l'audition allait commencer.

"Candy, Terry, je peux entendre vos coeurs battre à l'unisson avec le mien ... Merci pour vos encouragements ... Je donnerai le meilleur de moi-même.

Et il se rendit dans les coulisses.

Chapitre 22 – Ô Roméo, pourquoi t’appelle-tu Roméo ?

Les différents candidats aux rôles de Roméo & Juliette attendaient leur heure, angoissés. Terrence Grandchester faisait les cent pas dans le couloir.

« Il faut que j’aie le rôle, il le faut absolument »

Susanna l’observait.

« Terry, comment se peut-il que tu sois si angoissé aujourd’hui ? Je ne t’ai jamais vu pareille inquiétude … » pensa-t-elle « Qui est cette enfant sur la photo ? Oh Terry … Si tu savais comme je t’aime. Tu seras Roméo et je serai ta Juliette »

L’inquiétude de Terry ne faisait que s’accroître mais enfin, le metteur en scène appela les premiers candidats.

« Pour jouer Roméo, Arthur Leavan et pour jouer Juliette, Susanna Marlowe »

Susanna protesta : « Oh Monsieur, j’ai répété la scène avec Terry, je serai certainement meilleure avec lui, ne pourriez vous désigner quelqu’un d’autre ? »

« Cela suffit ces caprices !!! Je sais ce que j’ai à faire … Allez en scène ! » Répondit du tac au tac le vieux metteur en scène.

Déçue, Susanna se dirigea vers la scène … qu’importe le Roméo, il fallait qu’elle donne le meilleur d’elle-même pour obtenir le rôle et devenir la Juliette de Terry car c’était pour elle comme une évidence, celui qui occupait ses pensées le jour et la nuit et qui serait à elle, que cela lui plaise ou non, serait choisi pour jouer Roméo.

… M'aimes-tu ? Je sais que tu vas dire oui, et je te croirai sur parole. Ne le jure pas : tu pourrais trahir ton serment : les parjures des amoureux font, dit-on, rire Jupiter. Oh ! Gentil Roméo, si tu m'aimes, proclame-le loyalement ... Il faut que je l'avoue, si tu n'avais pas surpris, à mon insu, l'aveu passionné de mon amour : pardonne-moi donc et n'impute pas à une légèreté d'amour cette faiblesse que la nuit noire t’a permis de découvrir …

Juliette – William Shakespeare

La déception de Susanna de ne pouvoir présenter son audition avec Terry décupla sa tristesse et son émotion. Elle réalisa une prestation de Juliette exemplaire.

Le metteur en scène reparu à la loge.

« Suivants !! Pour jouer Roméo, Terrence Granchester et pour jouer Juliette, Karen Kliss » Ordonna-t-il sèchement.

Terry et Karen se dirigèrent vers la scène, leurs cœurs battant la chamade, pour différentes raisons mais pour un même but, il fallait qu’ils donnent tout pour être les meilleurs.

Terry entama la réplique de Roméo …

« Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures ! »

Curieusement, ce n’est pas le visage de Karen qui lui apparu tout la haut, au balcon du théâtre New-yorkais … Roméo avait traversé l’Atlantique … la chevelure châtain de Karen devint une crinière de boucles blondes … Et le corps adolescent d’une Juliette de quinze ans changeant de costume dans le parc d’un collège de Londres lui semblait virevolter devant lui sur ce balcon … sautillant de branches en branches à travers les arbres du parc …

« Mais doucement ! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre ? »

C’est la mélodie d’un rire coquin qui résonnait à ses oreilles alors que sa voix profonde s’élevait dans le théâtre, envoyant à Juliette tout l’amour de son cœur …

« Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil ! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même ! »

Terry se revoyait récitant Shakespeare au bord du lac d’Edimbourg … Une pièce de théâtre c’est tout un monde en miniature …Les yeux de Candy … et son visage clair …

« Son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles du ciel, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent.
Ah ! Si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe ; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus … »

Et Candy de la branche d’un vieux chêne lui répondait :

« Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom ; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière »

Le chêne n’est pas bien plus merveilleux que le balcon ?

Leurs poursuites à travers les prairies … leurs folles chevauchées … et leur premier baiser … leur première étreinte ce soir d’orage … Terry …

« J'ai escaladé ces murs sur les ailes légères de l'amour : car les limites de pierre ne sauraient arrêter l'amour, et ce que l'amour peut faire, l'amour ose le tenter »

Oh Candy m’aimeras-tu toute notre vie et au-delà ?

« J'aime mieux ma vie finie par leur haine que ma mort différée sans ton amour »

A Chicago, Candice Neige André jouait elle aussi le rôle de sa vie … Ce fut à son tour de paraître devant ce redoutable grand jury …

Elle sentit un souffle de courage à son cœur …

« Quoique tu fasses ma joie, je ne puis goûter cette nuit toutes les joies de notre rapprochement …Ce bouton d'amour mûri par l'haleine de l'été, pourra devenir une belle fleur, à notre prochaine entrevue... Bonne nuit, bonne nuit ! Puisse le repos, puisse le calme délicieux qui est dans mon sein, arriver à ton coeur ! » Récita Candy « Terry, tu seras Roméo … »

Les quelques auditeurs présents au théâtre en dehors du jury, ne purent résister à leur envie d’applaudir l’exceptionnelle prestation de Terrence Grandchester … Roméo serait lui sans nul doute.

Eléonore Backer, venue assister à l’audition de son fils qui allait devenir le tournant de sa carrière, avait du mal à contenir son émotion. Jamais la scène du balcon n’avait été plus sincère et plus émouvante. Elle ne put s’empêcher d’avoir une pensée : « Merci Candy »

Quelques jours plus tard, Terry fut à nouveau sorti du lit par Susanna. Elle arriva en carillonnant à la porte.

« Terry … Terry !!! Lève toi !!! »

Il vint lui ouvrir en grognant une fois de plus car il détestait être réveillé brusquement.

« Que se passe-t-il Susanna ? »

« J’ai une grande nouvelle !!! C’est toi … »

« Moi ? »

« Oui !!!!!!! Tu seras Roméo et moi je serai Juliette !!! Oh c’est merveilleux Terry … Comme je suis heureuse … C’est le rôle de notre vie … ensemble … Oh la la …On va fêter cela ensemble ce soir n’est-ce pas !!! Oh Terry … que je suis contente !! »

Terry était très content mais n’eut pas la réaction que Susanna aurait espéré. Il la planta dans l’appartement et sortit précipitamment.

« Excuse moi Susanna, je dois partir. On se voit tout à l’heure au théâtre ! »

Stupéfaite, Susanna resta plantée quelques minutes au milieu de la pièce avant de pouvoir réfléchir …

Elle se dirigea ensuite vers le bureau de Terry où plusieurs documents attirèrent son attention.

Une foule d’annotations étaient indiquées sur le journal des petites annonces.

Terry en avait entourées plusieurs : Appartement 2 chambres agréable …, superbe Penthouse 2 chambres luxueux, Appartement 2 chambres très lumineux, …

« Tu penses déménager, Terry ? Pourquoi ? » Se demanda-t-elle.

Elle continua son exploration sur le bureau et ne tarda pas à tomber sur un autre mystère pour elle. Un buvard qui était imprégné de l’écriture soignée de Terry sur lequel elle pouvait déchiffrer des bribes de phrases et de mots.

… Petite Juliette … Saint-Paul … il me tarde de vous revoir toutes … vous aime … appartement … Comment se porte Albert ? … ce chèque …

« Mademoiselle Susanna ? »

Susanna susauta, c’était la logeuse de Terry. Elle fut interrompue dans son exploration.

« Euh oui … »

« Je viens de voir Monsieur Terry sortir. Il vous a laissée là toute seule ? »

« Euh non … je dois le rejoindre au théâtre … au revoir Madame »

Chapitre 23 – Une merveilleuse surprise

"Monsieur Albert !!! Monsieur Albert ... Je suis reçue !!! Ça y est !! Je suis infirmière !"

"Oh Candy, toutes mes félicitations ..." lui répondit tristement son ami.

"Pourquoi cette mélancolie, Albert ? Quelque chose ne va pas ?"

"Je dois quitter l'hôpital aujourd'hui Candy ... Pour aller où ? Je ne me souviens pas même de mon nom, c'est vous qui m'avez appelé Albert mais ce n'est pas mon nom, n'est ce pas ... Vous m'avez dit que c'était le nom de votre frère ..."

Candy regarda gravement Monsieur Albert. Certes, le médecin lui avait dit de ne pas lui confier le moindre détail sur sa vie car il devait se souvenir seul mais là ... Que pouvait-elle faire ?

"Attendez-moi ici, Monsieur Albert, ne bougez pas, je vais voir le chef de service ..."

Candy discuta longuement avec le Professeur Léonard mais celui-ci fut catégorique. Cliniquement, rien ne justifiait qu'Albert demeure plus longtemps hospitalisé. Candy eut beau supplier, rien n'y fit.

Elle retourna auprès de son ami, elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner à son triste sort, au gré du vent, sans personne pour veiller sur lui. Il leur avait rendu tant de services à elle et à Terry quand ils étaient au collège. Il était pour chacun d'eux l'ami sur qui ils pouvaient toujours compter, le grand frère qui les conseillait si bien.

"Vous viendrez vivre chez moi Albert ..."

Monsieur Albert refusa d'abord.

"Mais Candy, nous nous connaissons à peine, vous êtes mon infirmière ! Que vont dire les gens ? Ne prenez pas tous ces risques pour moi ...""Je me moque de ce que disent les gens et puis je dois vous dire quelque chose Albert ... Je suis bien plus que votre infirmière ..."

 

"Que voulez-vous dire ?"

"Nous nous connaissions déjà avant votre accident, Albert. Vous êtes mon ami depuis que je suis enfant ... Souvenez-vous de la rivière et de la petite maison dans les bois ..."

Albert chercha au plus profond de son esprit mais rien n'y fit, il ne se souvenait de rien ... mais quelque chose lui disait qu'il pouvait faire confiance à Candy. De toute façon, il n'avait d'autre endroit où aller et elle s'était occupée de lui avec tant de dévouement durant toute son hospitalisation qu'elle ne pouvait être une mauvaise personne. Et il accepta ...

"Comment pourrais-je un jour vous remercier, Candy ?"

« C'est moi qui vous dois la vie, Albert. Vous m'avez sauvée d'une mort certaine lorsque j'étais enfant et vous avez sauvé Terry aussi, lors d'une bagarre dans les quartiers chauds de Londres »

"C'est vrai ?? Oh je ne me souviens pas ..."

Et c'est ainsi qu'Albert s'installa avec sa protégée qui pouvait à son tour lui témoigner toute la reconnaissance qu'elle avait pour son ami de toujours.

Il fit la connaissance de Terry et comme tout le monde, il s'y attacha au premier regard. Elle était si adorable.

"Vous me dites qu'elle ressemble à son papa et que je connais celui-ci ?"

"Oui Albert, lui et vous étiez devenus très amis mais je ne veux pas vous en dire trop ... Le médecin a dit que vous deviez vous rappeler par vous-même. Je peux juste vous dire que Terry vous apprécie énormément et me demande de vos nouvelles dans chacune de ses lettres"

"Vraiment ?? Et vos autres amis, je les connais ?"

"Mais bien-sûr ! Alistair et Archibald étaient déjà mes amis lorsque je vous ai rencontré ... mais vous étiez moins proches d'eux que de Terry et moi"

A New York, en apprenant la nouvelle de son attribution du rôle de Roméo, Terry fonça au bureau de Monsieur Hathaway ...

"Monsieur Hathaway !!! C'est vrai j'ai le rôle ??"

"Mais oui Terry, tu étais sans nul doute le plus talentueux ... Jamais je n'ai eu tant de frissons en entendant la scène du balcon ..."

"Quand commenceront les répétitions ?"

"A la mi-août, pour être prêt pour fin novembre ..."

"J'aurais besoin de m'absenter quelques temps ... Vous y verriez un inconvénient ?"

"Il y a du Candy de Chicago là-dessous !!!"

Terry rougit, baissant les yeux comme un collégien.

"En effet" Dit-il à voix basse.

"Tu peux prendre quelques semaines de vacances jusque là. Nous allons travailler à l'aménagement de la salle et des décors ... Je n'ai donc pas besoin des acteurs pour l'instant. Sois de retour pour le 10 août, avec ton texte en tête ..."

"Oh mon Dieu !!! C'est vrai ??? Oh merci"

Terry fonça chez lui pour préparer quelques affaires et se précipita à la gare attraper le premier train pour Chicago. Ses deux amours l'y attendaient !! Quelle surprise il allait leur faire !!!

Candy avait invité ses amis à souper. Dans la cuisine, elle discutait avec Annie, alors qu’elles préparaient le repas.

« Candy, tu es sûre que Terry ne prendrais pas mal le fait que tu habites avec Albert ? » S’enquit Annie.

« Tu penses que cela pourrais tellement lui déplaire ? Ils étaient si proches … »

« Je ne sais pas … Moi je pense que cela ne me plairait pas »

Terrence Grandchester approchait des deux femmes de sa vie. Il en était si excité qu’il sentait son cœur battre dans sa poitrine comme jamais …

« Annie, tu as bien fait de m’en parler car je n’ai jamais réfléchis au fait que Terry pourrait le prendre mal … Je l’aime tellement que je ne pourrais pas envisager une seconde d’aimer quelqu’un d’autre … Et puis il était tellement ami avec Albert que je n’ai pas cherché plus loin. Je vais lui écrire, je pense que c’est plus prudent »

Terry vit enfin le bâtiment. C’était la bonne adresse. Il avait les bras encombrés de fleurs et de cadeaux.

« Oh mes amours, vous êtes là … si proches »

Il pénétra dans l’immeuble et monta les escaliers jusqu’au numéro de porte de Candy.

Albert, Alistair et Archibald étaient au salon où ils jouaient avec la petite Terry en attendant que le repas soit prêt.

« Tiens on a frappé » Dit Albert « Je vais ouvrir. Ça doit être Monsieur Barsi »

Le grand blond se dirigea vers l’entrée pour ouvrir la porte s’attendant à voir derrière celle-ci le propriétaire des lieux ou son épouse. Il n’imaginait pas qui d’autre pourrait venir leur rendre visite.

Terry entendit la clé qui tournait dans la serrure … elle allait lui ouvrir … et lui sauter au cou … il tendit les fleurs au moment où la porte s’ouvrit enfin sur une chevelure blonde …

« ALBERT !!! »

« Bonjour Monsieur, nous nous connaissons ? »

Terry, remis de sa première surprise, se souvint de l’amnésie de son meilleur ami.

« Je m’appelle Terry Grandchester, je suis un ami de Candy »

« Terry !! Mais bien sûr, elle m’a parlé de vous. Je pense que nous nous connaissons et je vous prie de m’excuser de ne pas vous reconnaître … Entrez, je vous en prie »

Albert entendit la voix d’Alistair.

« Albert ?? Ca va ? Qui est-ce ? »

« Nous avons de la visite » répondit Albert.

Et les deux hommes entrèrent au salon sous les regards stupéfaits d’Alistair et Archibald.

« Terry !! » dirent-ils ensemble.

« Les frères Cornwell !! »

La petite Terry qui se tenait maintenant bien d’aplomb sur ses deux jambes se dirigea vers son père les bras tendus, un sourire aux lèvres qu’elle ne gardait que pour lui.

Terry l’accueilli chaleureusement.

« Oh ma chérie !!! Comme papa est content de te voir … Attends que je te montre tout ce que je t’ai apporté ! »

Il se redressa avec la petite dans ses bras dirigeant son regard rieur vers les garçons. Le soleil couchant de ce début de soirée d’été traversa le store de la fenêtre, projetant ses rayons sur les visages heureux de Terry et de sa fille.

Albert qui les observait eut un bref flash … Ce visage de Terrence, souriant et baigné de lumière, ne lui était pas inconnu … Où diable avait-il vu cette image ?

« J’en connais une qui va en faire une tête, elle est à la cuisine !!! Elle ne savait pas que tu allais venir ? » Dit Alistair.

« Non, c’est une surprise !! Viens Chérie, on va surprendre maman en pleine œuvre culinaire !!! »

Et Terry se dirigea vers la cuisine. Il mit une oreille à la porte entrebâillée et entendit rire les deux filles.

« Depuis que Terry marche, c’est un vrai diable m’a dit Madame Barsi !!! Pas plus tard que hier après-midi, elle la croyait endormie dans son relax au salon et en fait elle était en train de gratter dans la terre de ses plantes !!! Il y en avait partout !!

« Tu crois que Terry était aussi espiègle quand il était petit ?? »

« Je ne sais pas … mais ça ne m’étonnerait pas !! » pouffa Candy.

Une voix profonde s’éleva alors …

« Ce n’est pas bien de dire du mal des absents, Mademoiselle Tâches de Son »

Candy en lâcha l’assiette qu’elle avait en mains et celle-ci se brisa sur le sol.

« TERRY !!! »

Oui c’était bien lui … son homme était là, face à elle, tenant leur enfant dans les bras.

Elle courut vers lui pour se pendre à son cou. Annie regarda cette touchante famille. Terry tenait fermement son enfant de son bras gauche alors qu’il enlaçait tendrement la femme qu’il aimait de tout son cœur du bras droit.

« Mon Dieu Terry, ce n’est pas possible, tu es là ??? Je n’y crois pas !!! »

« J’ai quelques vacances devant moi avant d’entamer mes prochaines répétitions alors je me suis dit qu’une petite isite à mes deux petites femmes était peut-être une bonne idée !! »

« Tes répétitions ? Mais mon amour, alors ça veut dire que … »

« Je suis Roméo !!! »

« Aaaaaaaaaagggggggggghhhhhhhh !!! Je le savais !!! Je suis si heureuse !!! »

Les jeunes gens se retrouvèrent tous au salon où Candy ne se remettait pas de sa surprise. Chacun félicitait Terry pour son grand rôle.

« Bon, nous allons peut-être remettre à un autre jour notre souper » dit alors Archie qui malgré tout ne pouvait s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en voyant Terry et Candy si amoureux « Vous avez sans doute beaucoup de choses à vous dire, on va vous laisser »

« Il n’en est pas question !!! » répliqua Terry « Mes deux petites femmes vous doivent tant de bonheur, je n’aurais pas assez de toute ma vie pour vous remercier de tout ce que vous avez fait !!! Je vous interdis de partir !! Nous fêterons mon arrivée tous ensemble !! Sauf peut-être pour le repas, je ne voudrais priver personne … Je vais peut-être essayer de trouver un épicier encore ouvert … »

« Allons, Terry, quand il y en a pour cinq, il y en a pour six, voyons !! » dit Albert.

« Vous êtes sûrs ? »

« Mon amour, je suis si contente que tu sois là !!! Je ne voudrais pas que tu ressortes de cet appartement ne fut-ce qu’un instant ! » Trancha Candy « En parlant du repas, viens vite Annie !!! Ca va brûler !!!!!! »

Et les deux filles foncèrent de nouveau vers leurs fourneaux.

« J’ai apporté du champagne mais il y en aura peut-être trop peu, par contre. Je ne pensais pas vous trouver tous ici … Nous allons partager » Dit Terry.

Et le groupe d’amis dîna dans la joie et la bonne humeur tout à la joie de se retrouver ensemble. Tout le monde se demandait où était passé le jeune aristocrate lugubre et prétentieux du collège royal de Saint-Paul ….

Pendant ce temps à New-York, Susanna Marlowe s’était rendue comme toujours chez Terrence pour lui rendre une petite visite avec ces croissants qui donnait la nausée au garçon.

Mais ce jour là, elle trouva porte close. Elle apprit par la logeuse que Terry l’avait prévenue qu’il s’absentait pour quelques temps et qu’il ne reviendrait pas avant la mi-août.

Susanna en resta muette !!! Où était-il passé ? Elle avait un mauvais pressentiment … Il était parti chez Candy, elle en était sûre. Il fallait à tout prix qu’elle intervienne. Elle ne voulait pas perdre Terry. Elle fonça donc chez Monsieur Hathaway.

« Monsieur Hathaway !! » dit-elle sur un ton un peu arrogant qui lui était inhabituel « Terry est parti en voyage !! Vous êtes au courant ?? Vous savez où il est ? »

« Bonjour Susanna ! Je vais très bien, merci. Et pour répondre à ta question, oui Terry est parti en voyage. Je lui ai accordé un congé jusqu’au début des répétitions »

« COMMENT ??? Mais vous n’y pensez pas, je voulais commencer à répéter tout de suite moi !! Faites le revenir immédiatement, je vous prie !! »

Hathaway n’en croyait pas ses oreilles.

« Pardon ?? Le faire revenir ? Mais pourquoi ? Vous aurez plus de trois mois pour répéter et vous connaissez déjà les rôles, ce sera amplement suffisant ! »

Susanna sentait le rouge de la contrariété lui monter aux joues, ses yeux tremblaient, elle était déjà prête à fondre en larmes.

« J’exige qu’il revienne » ajouta-t-elle.

« Mais enfin, Susanna. Terry est parti en congé … Il va revenir, pas de panique ! »

« Et je suppose comme par hasard qu’il est parti du côté de Chicago !!! » glapit Susanna.

« Mais … » Tenta de dire Monsieur Hathaway mais Susanna le coupa immédiatement.

« Je vous préviens que s’il ne rentre pas immédiatement, je ne jouerai pas Juliette !! Je refuse de jouer une pièce qui serait mal interprétée faute de répétitions suffisantes !! »

Robert Hathaway ne se laissa pas impressionner par le caprice de la jeune actrice et joua une corde sensible …

« Il n’y a pas de problème Susanna. Nous avons longuement hésité entre toi et Karen lors de l’attribution des rôles. Vous étiez aussi valables l’une que l’autre. Elle pourra donc aisément te remplacer si tu déclares forfait ! »

Cette dernière remarque piqua Susanna au vif. Elle était prise à son propre piège. Elle reprit donc son calme.

« Euh … non non … ça ira Monsieur, j’espère juste que Terry fera preuve de toute la concentration nécessaire quand il reviendra. Pardonnez-moi si je vous ai offensé »

Et elle sortit.

Hathaway était interdit face à l’attitude de sa jeune comédienne qui d’habitude était, certes un peu capricieuse, mais aussi nettement plus posée.

« Non mais pour qui se prend-t-elle ? »

« Tu me le paieras, Candy » Se dit-elle une fois sortie du bureau du directeur de la troupe « Profite bien de Terry car c’est la dernière fois qu’il se rendra chez toi !!! »

Chapitre 24 – Une image …

Arriva le moment de se mettre au lit. Depuis l’arrivée d’Albert, Candy avait installé le petit lit de Terry dans sa propre chambre mais ce soir là, elle allait compter un nouveau passager clandestin.

« Terry, tu es certain que cela ne t’ennuie pas que j’aie accueilli Albert ici ? »

« Mon amour, il est clair que ce n’est pas de gaieté de cœur que je te vois vivre avec un autre homme mais pour lui c’est différent. C’est mon meilleur ami et quelqu’un qui nous a tant donné … alors forcément j’approuve ton initiative ».

« Tu n’as pas peur que les gens parlent ? »

« Tu as dit qu’Albert est ton frère … »

« Les gens parlent toujours … mais avec toute la chance que j’ai reçu de mes amis quand j’ai été enceinte de Terry et même par la suite, je ne pouvais pas manquer mon devoir de protéger celui à qui je dois la vie »

« Ca me fait froid dans le dos qu’il ne me reconnaisse pas … Nous étions si proches »

« Il ne me reconnaît pas non plus, il a juste choisi de me faire confiance. Le médecin dit que ça peut être long mais qu’il doit se souvenir tout seul ».

« Bon, parlons d’autre chose, ma chérie ! Je ne peux plus me passer de toi tu sais ! J’ai une autre grande nouvelle mais je ne voulais pas en parler devant tout le monde … »

« Laquelle ? »

« J’ai enfin trouvé un appartement pour nous trois à New York. Il sera à notre disposition à partir du 1er septembre ! »

Candy se jeta dans les bras de Terry.

« Oh mon dieu !!! C’est pas vrai … On va enfin avoir notre famille avec Terry … tous les trois. Oh je t’aime »

« Je ne supporte plus de vous savoir loin de moi et de ne pas vous voir tous les jours. J’ai l’impression de vivre la vie de Terry par morceaux et je veux m’endormir chaque soir près de toi. Tu viendras à New York avec moi Candy ? »

« Bien sûr mon amour. Dès demain, je préviendrai mon travail que je vais bientôt les quitter et tu pourrais peut-être te charger de te renseigner pour moi à New York dans les hôpitaux … Tu vois, prendre un premier contact pour savoir si un emploi serait libre ? »

« Bien entendu ma chérie, il y a un hôpital relativement important qui est proche de l’appartement que j’ai loué pour nous, l’hôpital Jacob. Je me renseignerai en rentrant à New York. Je chercherai également une nounou pour Terry. A mon avis, il n’y aura pas de problème … mais … et Albert ? »

« Et bien je crois que j’ai une idée qui lui permettra peut-être de franchir son traumatisme … Le médecin dit qu’une certaine forme de choc peut lui permettre de retrouver la mémoire. Albert m’a confié tout à l’heure à la cuisine qu’il se souvient de toi ! Il ne sait plus où ni quand mais il dit qu’il a vu une image de toi dans sa tête … On pourrait se servir de ta présence ici pour l’aider à se souvenir. Ça peut marcher ! »

« Formidable !! On va essayer … Je reste ici presque un mois et comme tu travailles, je passerai beaucoup de temps avec lui. Je vais l’aider à se souvenir, Candy »

« Terry ? »

« Oui mon amour ? »

« Quand tu es là, il me semble que tout va tellement bien … »

« Je t’aime »

« Moi aussi »

Et les amoureux plongèrent jusqu’au lendemain dans un sommeil plein de doux rêves.

Le lendemain matin, Candy partit à l’hôpital comme chaque jour. Terry resta donc avec sa fille et Albert.

« Bon, il est temps de frapper un grand coup sur la tête de Tonton Albert » dit-il à la petite en l’habillant.

Il se rendit à la cuisine où Albert préparait le petit déjeuner.

« Albert, voulez-vous que nous sortions nous promener aujourd’hui ? »

« Bien sûr Terry, mais si vous voulez passer du temps en tête à tête avec votre fille, cela ne me gêne pas de rester ici, vous savez »

« J’insiste Albert. Je vais aller au parc avec elle. Il parait que le parc de Chicago est magnifique »

« Bon très bien »

Les deux hommes prirent donc le chemin du parc avec Terry dans sa poussette.

Il y avait une ravissante petite plaine de jeux dans le parc. Terry, qui prenait chaque jour plus d’assurance sur ses petites jambes, se mit à découvrir les joies du bac à sable.

Albert et Terrence avaient donc tout le loisir de discuter en la surveillant.

« Alors Terry … Vous êtes mon ami, parait-il ? »

« Oui mais je dois dire plutôt que vous êtes le mien !! »

« Pourquoi ? » demanda Albert, amusé par la nuance.

« Vous m’avez sorti de bien sales draps … mais je ne voudrais pas risquer de vous dire quelque chose que je ne devrais pas. Candy m’a parlé des instructions de votre médecin »

« Il y a deux mois maintenant que je me suis réveillé à l’hôpital de Chicago avec un trou noir à la place de la mémoire et rien ne progresse … à part une image de vous !! Je suis persuadé de vous avoir déjà vu. Je ne me souviens de rien d’autre, pour l’instant c’est Candy qui est ma mémoire. Peut-être pourriez-vous m’en dire un peu plus ? »

« Nous nous sommes connus dans les quartiers chauds de Londres. J’avais fait le mur pour m’échapper du collège et aller faire la fête en ville. Je suis tombé sur toute une bande qui en voulait à mon argent. Ils m’ont tabassé !! Vous passiez par là et m’avez secouru. Ensuite vous m’avez ramené au collège mais vous vous êtes trompé de bâtiment.

C’était le dortoir des filles … je suis entré dans la chambre de Candy ».

Albert éclata de rire et taquinant Terry, il dit :

« Je ne pense pas me tromper en affirmant que j’ai fait votre bonheur ce soir là !!! »

« Euh … oui et non. Elle a soigné mes plaies mais ça faisait plutôt mal !! Puis elle a fait le mur à son tour pour aller m’acheter des médicaments. Je pense qu’elle vous a alors également rencontré en ville cette nuit là. Moi j’étais tellement saoul que je me suis endormi. A mon réveil, Candy n’était pas encore rentrée, alors j’ai quitté sa chambre. Je ne voulais pas qu’elle ait d’ennuis à cause de moi. Mais je l’ai senti passer quelques jours après !!! »

« Comment ça ? »

« Elle m’a passé un savon pour ne pas l’avoir attendue … et vous savez quand elle est en colère, ça déménage ! »

« Nous ne nous sommes pas revus ensuite ? Il m’apparaît une autre image de vous en train de rire … Quand je regarde le sourire de Terry, il me semble à chaque fois le reconnaître … comme si je l’avais déjà vu »

« Si bien sûr, je suis venu vous remercier de m’avoir secouru et j’ai trouvé en vous un ami que je n’avais jamais vu alors je venais vous rendre visite très souvent. Candy aussi venait vous voir et comme j’avais une fâcheuse tendance à me moquer d’elle très souvent. Nous avons du rire ensemble de l’un des surnoms que je donnais à Mademoiselle Tâches de Son !! »

Albert entendit sa propre voix dans son esprit à cet instant, mais sans image.

« Il me racontait pourquoi il t’avait surnommée Mademoiselle Tarzan Tâches de Son ! »

Terry remarqua l’expression de son ami …

« Albert, ça ne va pas ? »

« J’ai quelque fois des bribes de souvenirs qui me viennent … puis qui repartent »

« Je pense que je vous en ai dit assez pour aujourd’hui. Mais cela prouve que votre mémoire travaille, Albert. Vous vous souviendrez petit à petit. »

Ils s’amusèrent encore avec Terry puis rentrèrent à l’appartement pour préparer le souper. Candy allait bientôt rentrer du travail.

Mais Albert cherchait, creusait jusqu’au plus profond de son esprit …

« Qu’est-ce diable fabriquais-je à Londres ? Quand je me suis réveillé à l’hôpital Sainte Joanna, on m’a dit que j’avais été rapatrié d’Italie … Pourquoi tous ces voyages ? »

Chapitre 25. Les cahiers d’Albert

Les jours coulaient paisiblement à Chicago. Terry découvrait sa fille au fil des jours. Ils avaient une complicité identique à leur ressemblance physique. Candy se rendait chaque jour à son travail et profitait de ses jours de repos en compagnie de ses deux Terry ainsi que de ses amis, entre pique nique, baignades, fêtes foraines et autres.

Tous vivaient une période magique semblable au merveilleux été qu’ils avaient passé ensemble en Ecosse. Terrence n’avait de cesse de stimuler habilement et en douceur la mémoire d’Albert qui ne faisait que des progrès. Il avait de plus en plus de flashs d’images et de sons mais qui n’étaient jamais associés …

Au fil des jours, il consignait tout ce dont il se souvenait dans des cahiers. Qui sait, cela lui permettrait peut-être de restructurer l’ordre embrouillé de son esprit …

« Terry a le visage baigné de lumière, cela devait être l’été … ou le printemps. Il porte une chemise claire, peut-être beige ou jaune pâle.

J’entends les larmes de Candy … elle pleure Anthony … Qui est Anthony ?

Peut-être suis-je vétérinaire ou soigneur, l’image du zoo m’est revenue en mémoire.

… Monsieur Albert, Monsieur Albert, … J’entends vraiment la voix de Candy m’appeler ainsi, enfin je crois … Je suis de plus en plus persuadé qu’elle me dit la vérité, je m’appelle bien Albert.

Oh Candy, tu es ma mémoire.

Pourriez-vous prendre soin de Charlotte ? Qui est Charlotte ? Qu’est devenue Charlotte si je devais en prendre soin ?

Vous avez été capturés mais je vous suivrai, où que vous alliez …

… Elle a été envoyée au Mexique … Qui est-elle ? Qui a été envoyé au Mexique ? Qu’est-ce que je venais faire dans cette histoire ? Pourquoi m’a-t-on envoyé cette lettre ? et qui me l’a envoyée ?

… Aujourd’hui j’ai vu Terry gisant sur le sol, blessé … Je me souviens, je l’ai secouru … quatre malfrats … malgré ses vêtements déchirés, son ivresse et ses blessures, Terry est distingué, il fait preuve d’une correction qui reflète sa bonne éducation.

Cette robe rouge ?? Je l’ai achetée, mais pour qui ? Avais-je une épouse ? Un enfant ? Une famille ? Où sont-ils ?

Et cette belle dame blonde ? Elle ressemble à Candy mais ce n’est pas Candy … 

Et tous ces enfants de couleur ? Etais-je médecin ? Missionnaire en Afrique ? »

Les jours passaient. Albert notait précautionneusement toutes ces images et ces voix qui lui venaient en tête sans pouvoir leur attribuer une chronologie.

Candy était très heureuse évidemment que Terry soit près d’elle et soulagée qu’Albert retrouve peu à peu des bribes de son passé. Il suffisait de fort peu de choses pour que reviennent complètement tous ses souvenirs.

 

Un matin où elle était en congé, elle se rendit au marché avec la petite Terry. Elle avait prévu une fois encore d’organiser un petite dîner avec tous ses amis qui incluait cette fois sa camarade de collège, Patty, arrivée depuis peu à Chicago en raison de la situation de guerre en Europe.

Patty avait été surprise de découvrir que Candy et Terry avait un bébé mais passé le premier étonnement, elle était tombée elle aussi amoureuse de la petite coquine aux yeux espiègles qui d’un sourire obtenait instantanément toute la tendresse de celui qui croisait son chemin.

Elle passait sa commande à l’échoppe du légumier qui comme à l’accoutumée proposa un fruit à Terry.

« Alors ma puce ? Aujourd’hui que veux-tu ? Une orange, une pomme, des fraises ? »

« Monsieur Joan, vous êtes trop bon ! Vous la gâtez !! »

« Elle est si jolie !! Comme sa maman ! »

Elisa Legrand détestait le marché de Chicago. On y rencontrait trop de gens qui ne faisaient pas partie de la bonne société. Les marchands ambulants avaient le don de vous hurler aux oreilles, les rues étaient sales et par cette chaleur estivale, ce n’est pas de gaieté de cœur que la rouquine s’était résignée à le traverser pour se rendre chez son coiffeur ce matin là.

Néanmoins, une jeune blonde attira son attention.

« Mais voyons … C’est Candy !! Qu’est-ce qu’elle fabrique ici avec une poussette ? Qui est cet enfant ? » Pensa-t-elle.

Reniflant une grande révélation, Elisa décida de s’approcher de sa meilleure ennemie sans se faire voir. Vu le nombre de clients présents chez le légumier, cela ne lui fut pas difficile.

Elle pouvait à loisir entendre la conversation.

« Comme sa maman !! Qui est cette gosse ? »

Elle vit alors Candy prendre l’orange coupée en quartiers que Monsieur Joan lui tendait et s’adresser à la petite.

« Attends chérie, maman va te mettre ton bavoir. Il ne faudrait pas tâcher la robe que papa t’a offerte hier »

Elisa manqua de s’étrangler !! Candy avait un enfant !! Quelle nouvelle, elle allait pouvoir la faire chasser définitivement de la famille. L’Oncle William n’accepterait jamais une fille mère !! Quelle traînée !!

Excitée à l’idée de confondre Candy, Elisa ne pensa pas à observer l’enfant. Elle se rendit chez son coiffeur en réfléchissant au meilleur moyen de piéger la jeune fille.

« Daniel !!! Daniel !!! » Glapit Elisa, excitée comme une puce en entrant dans le salon où son frère faisait la sieste.

« Hummm … »

« Daniel !! Réveille toi paresseux !! J’ai une histoire à te raconter de première catégorie !!! Tu vas en tomber à terre !!

« Quoi ? » répondit le jeune homme encore endormi.

« Tu ne devineras jamais sur qui je suis tombée au marché !!! »

« Oh Elisa, je me fiche de qui tu as rencontré au marché » Lui répondit son frère en se retournant sur le sofa.

« Candy !!! »

« Hummm … Et alors ?? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse que cette cruche fasse son marché ? »

« Elle n’était pas seule !! Elle avait un enfant avec elle ! »

« Un mioche ? Oh Elisa, c’est sûrement un de ces crasseux gosses de son orphelinat … Laisse moi dormir ! »

« DANIEL LEGRAND !!! » Hurla Elisa « Réfléchis !!! Le foyer Pony est près de Lakewood à des kilomètres d’ici !!! Et puis je l’ai entendue se faire appeler Maman en parlant à la gamine !! »

Daniel se redressa d’un coup sur le sofa.

« QUOI ??!! Qu’est-ce que tu racontes ? »

« Je te jure !! J’ai reconnu l’affreuse Candy sur le marché et elle avait une poussette avec elle. Alors je me suis approchée et j’ai entendu le légumier lui dire que la gosse était aussi belle que sa mère et puis Candy s’appeler elle-même maman en parlant avec l’enfant ! Ca y est on va pouvoir la faire répudier par l’Oncle William !! »

« Ne rêve pas ! C’est toujours bien notre chance, j’ai entendu la Grand Tante dire que l’Oncle William n’est pas encore revenu de son voyage en Europe. Personne ne sait où il est ! »

« Justement, c’est encore mieux comme ça ! En attendant, c’est la Grand tante qui est le chef de famille et quand elle va savoir que Candy est fille mère, elle la chassera définitivement ! »

« Il faudrait d’abord être sûrs ! On aura l’air fin si jamais tu t’es trompée !! »

« Je ne me suis pas trompée !! J’ai tout entendu mais c’est facile de vérifier. Si cette idiote ne travaillait pas aujourd’hui, elle le fera sûrement demain. Tu iras te poster à la sortie de l’hôpital et tu la suivras … Comme ça on saura où elle habite et on la surprendra avec son gosse et son amant … car je l’ai entendu parler du papa. Il suffira d’emmener la Grand Tante à l’adresse en question. »

« D’accord soeurette, on fait cela »

© Fatalzmarion 2008