Le sourire de Terry
par Fatalzmarion

Chapitre 6

Je te suivrai

Candy retourna au collège ce jour là mais elle aussi avait pris sa décision. Tout ce qui lui paraissait tellement gai et coloré la veille était tout à coup devenu gris et terne.

La perspective de vivre au collège sans Terry, avec tous ces souvenirs imprégnés jusqu’au plus profond des murs, lui paraissait une ineptie.

Terry voulait trouver sa voie … et bien soit, elle aussi trouverait la sienne. De cette façon, comme il le lui avait promis, un jour, quelque part, ils pourraient se retrouver.

Le soir même, Candy faisait à son tour ses bagages et suivie de son fidèle Capucin, quittait la prison de Saint-Paul.

Après maintes aventures et péripéties, après avoir rencontré sur son chemin bien des embûches, Candice Neige André s’embarquait clandestinement à bord du Seagull avec un jeune garçon, Cookie, qui avait également fait la connaissance de Terry peu avant le départ de celui-ci et qui voulait devenir marin.

Si tout se passait bien, elle arriverait chez Mademoiselle Pony début novembre.

Ils furent découverts bien peu de temps après le départ mais le Capitaine Niven, qui avait le cœur bon, accepta de garder à son bord, non sans avoir émis quelques réticences d’abord, les deux passagers clandestins … Candy pouvait enfin respirer, elle retournait chez elle, en Amérique … et elle y retrouverait l’homme qu’elle aime, elle en était certaine.

Un matin …

« Candy ? Ca va ? Tu t’es levée de fort bonne heure ce matin » : lui demanda Cookie.

« Oh Cookie, je ne sais pas si c’est le stress et les émotions, que j’ai vécus depuis que j’ai quitté le collège, qui se relâchent enfin mais j’ai le mal de mer. J’ai l’impression que mon estomac s’agite au rythme des vagues. Cela ne m’est pas arrivé quand j’ai fait cette traversée dans l’autre sens pour aller à Londres ! »

« On n’a pas le pied marin, me semble-t-il!!! Pour la traversée dans l’autre sens, tu étais en première classe sur un des plus beaux paquebots du monde alors que maintenant tu voyages sur un vieux cargo qui sent le poisson pourri et qui se secoue dans tous les sens !! Mademoiselle Tâche de Son aime son confort » : se moqua Cookie.

« Arrête de m’appeler comme ça espèce d’idiot !! Je sais qui t’a mis ce surnom en tête et je ne manquerai pas de lui tirer les oreilles quand je le reverrai !!! »

« Ah ah !! Tu avoues !! Tu vas en Amérique pour retrouver Terry !!! Hi hi hi, c’est ton amoureux !! » : Continua le gamin voyant qu’elle piquait un fard.

« Oh tu m’énerves !!! »

Et la traversée continua tant bien que mal car Candy avait décidément de moins en moins le pied marin et la cuisine qu’on leur servait à bord lui paraissait de pire en pire !

« Bien vite que je retrouve la bonne nourriture de Sœur Maria » : se dit-elle bien souvent.

Finalement, le 04 novembre 1912, le Seagull atteint le port de New-York et Candy, après avoir remercié chaleureusement le Capitaine Niven et tous ses marins qui l’avaient si bien accueillie, prit immédiatement le train en direction de son foyer d’enfance qui lui avait tant manqué.

La neige commençait à tomber à gros flocons sur cette partie des états unis et Candy se hâtait d’arriver à destination. Il lui semblait que l’hiver serait bien rude.

Arrivée à la gare, il lui restait encore un long chemin à parcourir à pied mais elle se réjouissait tellement de revoir ses deux mamans qu’elle prit la route en souriant, ne prêtant pas attention à la tempête de neige qui faisait rage.

Elle allait bientôt arriver chez Pony … elle s’approchait du Ranch des Cartwright.

« Mais c’est Jimmy !!! … Jimmy !!! » Cria Candy en voyant le petit gamin qui lui semblait avoir tellement grandit sur un an.

« Chef !!! Chef, c’est toi … » cria à son tour Jimmy quand il la vit.

« Je viens justement de parler de toi chez Mademoiselle Pony !!! Et tu es là !!! C’est extraordinaire … Le garçon qui nous disait pourtant que tu étais encore à Londres pour un moment … »

« Le garçon ? Quel garçon ? Quand ? » Demanda Candy, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine, elle avait un étrange pressentiment.

« Ben oui, un beau jeune homme distingué est venu voir Mademoiselle Pony et Sœur Maria.

Comme je venais conduire le lait, je l’ai vu … il y a quelques minutes ! Il a l’air gentil et on dirait qu’il t’aime bien, Chef … c’est ton amoureux ? »

Ne prêtant pas attention aux dernières questions du petit garçon, Candy se mit à courir en direction du foyer.

« Terry … Terry est ici !! Je vais le voir … Oh mon dieu »

Elle couru, couru jusque chez Mademoiselle Pony où elle entra comme une furie sous le regard interdit des deux directrices de l’orphelinat.

Hélas, Terry était déjà parti … Il était effectivement venu peu de temps auparavant. Ils s’étaient manqués de quelques minutes. Sa tasse de thé était encore chaude et les pas dans la neige qu’il avait laissé en se rendant sur la colline de Pony n’étaient pas encore recouverts.

Mais Candy eut beau le chercher, crier son nom, seule la bise de la tempête répondait à ses appels …

Déçue, elle retourna dans la maison où elle fut accueillie dans la joie et la bonne humeur par tous les enfants, par Mademoiselle Pony et par Sœur Maria.

Chapitre 7

Une surprise de taille

Candy passa une bonne nuit de sommeil réparateur dans son ancien dortoir. La maison de Pony avait toujours senti si bon la campagne et le pain en train de cuire le matin. Candy s’attendait bien à se réveiller le nez chatouillé par ces odeurs familières, l’estomac criant famine …

Elle fut effectivement réveillée par ces douces senteurs mais celles-ci n’eurent pas l’effet escompté sur son estomac !!! Candy fut prise d’un accès de dégoût dès qu’elle fut sur ses jambes et eut juste le temps de se précipiter au cabinet de toilettes …

« Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?? On dirait que le mal de mer me reprend … j’ai l’impression que cette odeur de poisson pourri m’a suivie jusqu’ici »

Elle se rendit à la cuisine, encore un peu vaseuse, et elle y trouva Mademoiselle Pony qui préparait le petit déjeuner des enfants qui ne tarderaient pas à se lever.

« Bonjour Candy. Bien dormi ? … Mais … comme tu es pâle … Qu’est-ce que tu as ? »

« Oh je ne sais pas Mademoiselle Pony, j’ai eu la nausée toute la traversée. Cette odeur de poisson pas frais qui régnait à bord … »

Candy devenait verte rien que d’y penser …

« Mais aujourd’hui cela me reprend, je ne me sens pas fort bien … mais c’est sûrement toutes ces émotions ! Depuis que j’ai quitté Londres, je n’ai pas beaucoup soufflé »

« Ecoute Candy, je préfère appeler le Docteur Léonard. Avec tout ce que tu as vécu ces dernières semaines … et si tu as mangé des choses suspectes sur ce bateau qui t’a ramené ici … il vaut mieux prévenir que guérir »

Peu de temps après, le doux médecin, qui connaissait si bien Candy pour l’avoir soignée depuis sa plus tendre enfance, arriva au foyer.

Il se rendit au dortoir avec elle pour l’examiner en toute tranquillité.

« Alors Candy explique moi tout … »

« Dès j’ai embarqué sur le Seagull pour revenir ici en Amérique, je me suis sentie toute bizarre. J’avais un mal de mer permanent !! Mais j’ai mis cela sur le compte de l’odeur qu’il y a avait à bord et sur les émotions que j’avais eues. Mais ce matin … voilà que ça me reprend … cette fois c’est le pain qui m’a donné le haut le cœur. Mais bon, il me semble maintenant que ça va mieux ».

« C’est curieux Candy … J’ai déjà entendu maintes et maintes fois des femmes se plaindre de ce genre de symptômes et elles présentaient toutes le même diagnostic » lui dit le vieux médecin le plus calmement du monde.

« Ah, bon ?? Qu’est-ce que c’est ? Un virus ? »

« Et bien je vais t’examiner convenablement avant d’être sûr »

Le Docteur Léonard ausculta consciencieusement la jeune fille puis la regarda au fond des yeux.

« Et bien Docteur, qu’est-ce que j’ai ? »

« Candy, pardonne-moi de te demander cela … mais as-tu connu un garçon … de façon disons intime, lorsque tu étais à Londres ? »

Candy baissa les yeux … elle ne pouvait mentir au médecin.

« Euh … et bien … c'est-à-dire que … oui. C’est une longue histoire, Docteur … je … »

« Candy, je ne te juge pas » lui répondit avec douceur le Docteur Léonard qui la regardait toujours avec la même bonté « Tu n’as pas besoin de te justifier auprès de moi »

« Mais qu’est-ce que j’ai Docteur ? » demanda enfin Candy.

« Tu vas avoir un bébé, ma petite fille … »

Candy ne put dire un mot !! Elle regardait le docteur, muette, incapable de dire quoi que ce soit …

Finalement, ses idées se remettaient en place …

Terry … l’Ecosse … Qu’est-ce qu’elle avait fait ?? Elle était enceinte !!!

« Oh mon Dieu, qu’est-ce que je vais faire ? Je suis une fille indigne … Que vont dire Mademoiselle Pony et Sœur Maria ? Et les André ? »

Candy craignait déjà la réaction de l’Oncle William quand celui-ci allait apprendre qu’elle avait quitté le collège ; elle lui avait d’ailleurs écrit une lettre pour lui expliquer son geste … mais là … Comment pouvait-elle se justifier !! Elle se disait qu’Elisa avait décidément raison, elle n’était qu’une traînée.

Candy pleurait, pleurait …

Le médecin appela les directrices de l’orphelinat au dortoir. Candy désirait leur expliquer directement la situation.

Elles aussi restèrent muettes d’apprendre la terrible nouvelle.

« Enceinte ?? Candy !!!!! Mais où avais-tu la tête ? » Cria Sœur Maria « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?? Est-ce que tu te rends compte ??? »

Candy ne savait que répondre, Sœur Maria avait raison … elle s’était déshonorée par sa seule bêtise. Elle ne pouvait blâmer qu’elle-même des remontrances de la religieuse … Elle avait couché avec un garçon … se laissant emporter par le tourbillon de la passion amoureuse. Mais cette passion avait été de bien courte durée et maintenant elle était seule à porter les conséquences de ses actes.

« Terry … Oh Terry, où peux-tu être maintenant ? J’ai gâché ma vie mais j’ai aussi gâché la tienne … Tu es parti du collège pour me permettre de ne pas être déshonorée aux yeux de ma famille … et maintenant … » pensait-elle.

Mais Candy ne put s’empêcher dans le recoin le plus profond de son esprit de ressentir une certaine forme de joie … Terry … elle portait l’enfant de Terry, l’homme qu’elle aimait et qui l’aimait …

Lui revenaient en mémoire toutes ces paroles qu’ils avaient échangées, toutes les promesses qu’ils s’étaient faites et la lettre qu’il lui avait laissée avant son départ « Ici ou ailleurs, nous nous retrouverons … Je ne pourrais aimer que toi ».

Candy fut interrompue dans ses réflexions par Sœur Maria, furieuse, qui de nouveau lui demanda ce qu’elle comptait faire de cette situation.

« Calmons-nous » dit alors Mademoiselle Pony « Candy a commis une faute grave mais nous allons trouver une solution … »

« Mais Mademoiselle Pony … » dit Sœur Maria.

« Candy, nous t’aimons et nous ne voulons que ton bonheur … nous avons toujours veillé à ta bonne éducation et bien sûr nous n’approuvons pas cette situation dans laquelle tu t’es fourrée. Mais nous t’aimons et nous t’aimerons quoi que tu fasses. Ce … hum … problème … nous y trouverons une solution avec toi »

« Oh Mademoiselle Pony, merci » dit Candy en se jetant au cou de cette brave dame qui avait toujours été si bonne à son égard et qui l’aimait comme une mère.

Elle jeta un regard implorant à Sœur Maria qui était restée en retrait et la religieuse finit par se ranger à l’avis de sa collègue. Après tout, elle aussi aimait cette petite blonde plus que tout et elle ne pouvait se résoudre à la répudier qu’elle que soit la faute qu’elle ait commise.

« Je veux juste te demander quelque chose, Candy … » dit Mademoiselle Pony « Pour ce qui est du papa ? »

« C’est le jeune homme dont vous avez fait la connaissance hier » répondit Candy.

« Je m’en doutais, Candy. Il était facile de lire dans les yeux de ce garçon qu’il t’aimait vraiment beaucoup et que vous aviez connu de grandes choses ensemble. Il parlait de toi avec une telle passion … Il nous a dit que tu avais été le rayon de soleil qui avait éclairé sa vie après des années de nuit »

« Terry … il a dit ça … il est venu ici pour voir où j’ai grandi, pour voir la colline. Je le retrouverai et il connaîtra son bébé, j’en suis sûre ».

Après avoir fait quelques recommandations à Candy et aux deux dames, le Docteur Léonard s’en alla. Il reviendrait voir sa protégée une fois par mois pour contrôler le bon déroulement de sa grossesse et si elle avait le moindre problème, elle pouvait le faire appeler quand elle le voulait.

« Je serai toujours là pour toi Candy » lui dit-il « Ne te fatigue pas trop … je reviendrai vite te voir »

Le bébé arriverait au mois de mai …

Chapitre 8

Qu’y aurait-il de plus beau au monde ?

L’hiver passa, pour faire place aux beaux jours. Le printemps était revenu.

La grossesse de Candy se passait dans les meilleures conditions au calme du doux foyer Pony.

Tous les enfants considéraient le bébé à venir comme leur futur petit frère ou petite sœur. Candy était la vedette parmi les pensionnaires qui lui témoignaient tous encore plus d’affection que jusqu’alors.

Elle recevait toute l’attention de Mademoiselle Pony et Sœur Maria, qui malgré leur première réaction bien compréhensible de désapprobation, étaient déjà attachée à ce bébé qu’elles allaient aimer comme s’il était leur propre petit fils ou petite fille.

Et Candy était également choyée par Tom et par Jimmy, qui fournissaient déjà le foyer en lait et nourriture, mais qui n’hésitaient pas, depuis le retour de leur amie, à joindre aux livraisons des fruits, des fromages, de la bonne viande, et autres mets succulents à l’attention de la future mère.

Mademoiselle Pony et Sœur Maria étaient bien d’accord pour dire que cette situation n’était pas idyllique mais elles estimaient que Candy devait mener sa grossesse dans un climat de bonne humeur et non pas faire l’objet de tensions et de reproches continuels.

Comme l’avait si bien dit Tom en apprenant la nouvelle : « Ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière … cela ne changerait rien. Candy reste Candy et je l’aimerai toujours quoiqu’elle puisse faire. Prenons cela avec le sourire ».

Et tout le monde s’était rangé à l’avis du jeune homme qui, du haut de ses 17 ans, avait déjà acquis une grande maturité et qui aimait Candy comme une sœur.

Il venait la voir chaque jour pour savoir si elle n’avait besoin de rien et il la conduisait régulièrement chez le Docteur Léonard avec sa charrette pour qu’elle soit examinée.

Candy le remerciait toujours chaleureusement pour tout ce qu’il faisait. Elle avait chaud au cœur en voyant qu’elle pouvait compter sur ce garçon qui avait toujours été là pour elle.

Un matin de mai, Tom fut sorti du lit par Sœur Maria, dans un état d’excitation indescriptible qu’il ne lui avait jamais vu. Elle était arrivée en courant au ranch de Steve, elle était entrée dans la maison et avait déboulé dans la chambre de Tom …

« Tom !!! Tom !!! Vite, réveille toi … »

« Sœur Maria !! Qu’est-ce qu’il se passe ?? C’est Candy ? »

« Oui c’est le bébé, va vite en charrette chercher le Docteur Léonard … Vite vite !!

« Je fonce »

Et peu de temps plus tard mais qui avait paru une éternité à la pauvre Candy qui souffrait atrocement … (Plus tard, elle se dirait qu’il avait été bien plus agréable de faire « entrer » cette petite chose que de la faire « sortir »).

Tom attendait au salon, il ne pouvait résister à la tentation de voir le bébé de sa petite sœur chérie le premier. Il aimait déjà ce petit être dont il allait bientôt faire la connaissance.

Sœur Maria était restée pour assister le Docteur Léonard et Mademoiselle Pony s’occupait des autres enfants qui eux aussi attendaient impatiemment.

« Vas-y Candy » dit le Docteur Léonard « Courage, il sera bientôt là … pousse encore une fois »

Et stoïquement, Candy endurait cette douleur tellement forte mais tellement merveilleuse à la fois. Elle mordait le mouchoir que Terry lui avait donné cet après-midi là, en Ecosse, …

«  Oh Terry, j’aurais tellement voulu que tu sois près de moi … » pensa-t-elle

Elle cria encore une fois, une énorme contraction venait de se faire sentir.

« Ca y est Candy, je vois sa tête … courage, pousse »

Et Candy poussa, poussa … Elle y mit toutes ses forces, tout son courage, tout son amour … jusqu’à avoir l’impression que le médecin et Sœur Maria, qui se tenait près de son visage et qui l’encourageait elle aussi, avaient disparu … Il n’y avait plus qu’elle sur terre et ce petit inconnu qui allait bientôt arriver et qu’elle allait aimer, aimer … tellement aimer … elle le savait.

Durant toute sa grossesse, elle avait souvent pensé que malgré les circonstances, ce bébé allait devenir pour elle ce qu’il y avait de plus merveilleux au monde … et cette phrase prenait maintenant toute sa mesure. Il ne serait pas merveilleux mais tellement plus encore …

« Le voilà … » dit finalement le Docteur Léonard « C’est une magnifique petite fille, félicitations Candy »

« Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu … » : était tout ce que Candy pouvait dire, épuisée « Je peux la prendre dans mes bras ? »

« Mais bien sûr, tout de suite »

La petite merveille fut bien vite auscultée et nettoyée. Enveloppée dans une chaude couverture, Sœur Maria l’apporta à sa jeune mère qui pleurait de joie, de fatigue et d’émotion.

« Voilà ta fille »

« Ma fille … Elle est à moi, oh mon Dieu … merci »

Le médecin et la religieuse quittèrent la pièce pour laisser Candy faire connaissance avec sa fille et donner des nouvelles au reste des habitants du foyer qui attendaient la naissance avec empressement.

Candy commença à parler doucement à cette petite merveille qu’elle tenait au creux de ses bras … Une partie d’elle et de Terry … Qu’elle était belle ! Elle n’aurait pas pu l’imaginer plus jolie.

« Bonjour ma chérie, je suis ta maman. Toi et moi allons vivre la plus belle des histoires d’amour ».

Candy sentait grandir en elle cet inexplicable sentiment que l’on appelle « L’instinct maternel » quand elle commença à nourrir son enfant. La petite trouva le chemin de sa nourriture immédiatement et ce contact si intime entre elles, la fit se sentir encore plus unique en cet instant … Elle était maman … sa fille était là, dans ses bras … et que pouvait-il y avoir de plus important au monde ?

Ses petits yeux essayaient déjà de s’ouvrir en entendant la voix de sa maman, ils avaient la couleur de l’océan.

Et ses cheveux, encore tout collés, étaient aussi foncés que ceux de son papa … aucun doute, elle était son portrait craché !

Candy reconnaissait la forme du nez, les lèvres bien dessinées … Terry … Terry, où es-tu ?

Sœur Maria entra.

« Tout va bien Candy ? »

« Oui, Sœur Maria, le mieux du monde »

« Tom et Mademoiselle Pony demandent s’ils peuvent entrer ? Jimmy a emmené les petits en forêt, ils ne reviendront pas avant ce soir … Le Docteur dit que tu as besoin de tranquillité … »

« Je vous remercie Sœur Maria, merci pour tout ce que vous avez fait et je vous demande encore pardon »

« Le bonheur sur ton visage parle pour toi Candy, c’est moi qui devrait te demander pardon pour ce que je t’ai dit … Mais je t’aime tu sais Candy et j’aime déjà cette petite fille »

« Merci Sœur Maria, vous pouvez leur dire d’entrer bien sûr, je me sens très bien ».

Tom et Mademoiselle Pony, émus, vinrent admirer la nouvelle pensionnaire du foyer qu’ils avaient tellement attendue.

« Félicitations Candy » : lui dit Tom.

« Merci mon Tommy ! Et merci aussi pour tout ce que tu as fait … et à vous aussi Mademoiselle Pony »

« Je t’en prie Candy. Mais dis moi, il faudrait lui trouver un prénom à cette petite merveille !!! Comment veux-tu l’appeler ? »

« Et bien, elle ressemble tellement à son père … Je vais l’appeler Thérèse comme ça son petit diminutif sera Terry … Thérèse Eléonore … »

« Eléonore ? »

« Oui, c’est un prénom que j’ai toujours adoré. Il sera donc celui de ma fille … » justifia Candy qui craignait d’avoir gaffé et que le rapprochement soit fait avec Eléonore Backer, la mère de Terry, certainement pas par Mademoiselle Pony et Sœur Maria qui ne s’intéressait pas aux actrices évidemment, mais peut-être par Tom … et elle avait un jour promis à Terry de garder pour elle seule le secret de sa naissance.

Mademoiselle Pony prit alors le bébé dans ses bras.

« Terry, soit la bienvenue parmi nous ».

Chapitre 9

La mélodie de Terry

L’été passa comme un rêve pour Candy, qui secondée par tous les pensionnaires de la maison Pony, regardait sa petite fille grandir et prendre du poids.

Malgré qu’elle souffrait de l’absence de celui qu’elle aimait, elle était heureuse et aurait voulu que cette période magique de pleine communion avec sa fille dure éternellement.

Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas abuser éternellement de la bonté de Mademoiselle Pony. Il fallait qu’elle trouve sa voie elle aussi, elle devait se choisir un métier qui lui permettrait d’assumer financièrement l’éducation de sa fille en attendant de retrouver son père qu’elle ne désespérait pas de revoir un jour.

Vivre aux crochets des autres … non, pas Candy !!!

Elle en parla avec Mademoiselle Pony … Elle aurait voulu être infirmière pour à son tour se dévouer aux autres et pouvoir rendre toute la chance qu’elle estimait avoir reçu depuis sa plus tendre enfance.

Mademoiselle Pony avait une amie, Mademoiselle Marie Jeanne, qui dirigeait une école d’infirmières dans une ville voisine. Elle décida de lui écrire pour la prier d’accueillir Candy parmi ses élèves à la prochaine rentrée.

La réponse de Marie-Jeanne fut positive et le 1er septembre 1913, alors que Terry n’avait pas encore quatre mois, c’est le cœur gros que Candy prit le train en direction de sa nouvelle école. C’est à contrecoeur qu’elle laissait Terry au foyer mais elle se disait que cette séparation serait provisoire. Elle pourrait venir la voir dès qu’elle avait un jour de congé et qui aurait pu mieux en prendre soin que ses deux mamans …

« Au revoir Chérie, maman reviendra très vite, promis … Je t’aime »

« Pars tranquille Candy. Nous en prendrons grand soin » lui dit Sœur Maria.

« Je sais Sœur Maria mais c’est si dur de la laisser, elle est encore tellement petite. J’ai l’impression de l’abandonner … de perdre les plus merveilleux moments de son enfance »

« Elle sait que tu ne l’abandonnes pas voyons … Et tu viendras la voir souvent. Courage. »

Et Candy prit son train pour se rendre à l’école d’infirmières.

Elle connut évidemment des moments difficiles. Elle souffrait de l’éloignement de sa fille dont elle devait pour l’instant cacher l’existence à l’école d’infirmières, la directrice n’était pas tendre avec les élèves et le métier était encore bien plus dur qu’elle avait pu l’imaginer.

Néanmoins, elle s’accrocha … Il fallait qu’elle y arrive ! Ce métier était fait pour elle, elle serait infirmière et pourrait offrir à Terry le foyer qu’elle méritait. Elle se moquerait alors de tout ce que les gens pourraient dire d’elle … elle serait indépendante.

Candy connut les joies de la guérison des patients, les peines de la perte d’autres qui succombaient à leur maladie.

Elle fut notamment particulièrement affectée par la perte de Monsieur Mac Grégor, un vieux monsieur faussement bourru, à qui elle s’était terriblement attachée.

Et elle pouvait retrouver du baume au cœur dès qu’elle avait un jour de congé car l’hôpital étant dans une ville relativement proche du foyer Pony, elle avait régulièrement l’occasion d’aller rendre visite à Terry qui grandissait à vue d’œil.

Hélas, quelques mois plus tard, cette situation somme toute idyllique allait être modifiée quelque peu. Mademoiselle Marie Jeanne décida, en raison de la guerre qui menaçait d’éclater en Europe, d’envoyer cinq de ses meilleures élèves en stage de perfectionnement au grand hôpital Sainte Joanna de Chicago.

Quelle catastrophe pour Candy !!!!!!!! Elle était bien sûr heureuse de faire partie des meilleures élèves de Marie-Jeanne et de pouvoir se perfectionner plus vite qu’elle ne l’aurait cru, mais ce départ pour Chicago entendait un éloignement considérable de sa fille qu’elle n’aurait plus l’occasion de voir aussi souvent … Elle avait même songé à refuser ce stage.

« Qu’importe … » lui avait dit Mademoiselle Pony « Tu dois pour l’instant te concentrer sur ton métier et saisir cette chance qui s’offre à toi … Terry t’attendra et nous continueront à en prendre grand soin ».

Et Candy se rendit, le cœur lourd une fois de plus, à Chicago avec cinq de ses collègues, dont Flanny, que les malades surnommaient « Le Glaçon » et qui avait le don de mener la vie rude à la pauvre Candy.

Le premier jour de Candy à Sainte Joanna fut moins pénible qu’elle l’aurait imaginé. Certes, elle était triste en pensant à Terry qu’elle avait l’impression d’avoir abandonnée mais l’infirmière en chef, voyant qu’elle avait un don très spécial pour s’occuper des enfants, lui avait attribué leur salle.

Le courant était immédiatement passé entre les petites têtes blondes et la jeune infirmière si douce qui était pour ces enfants malades un vrai rayon de soleil.

« Si vous prenez bien vos médicaments sans discuter, j’irai au kiosque pendant la pause pour vous acheter des livres d’images » dit Candy aux enfants « Et je viendrai vous faire la lecture cet après midi »

« CHOUETTE !!!!!!!!! » crièrent tous les enfants.

Candy se rendit donc comme promis chez le marchand de journaux …

« Bonjour Monsieur, avez-vous des livres d’images pour enfants ? »

« Mais bien sûr Mademoiselle. Ils sont juste là, à côté des quotidiens »

Curieuse, Candy ne put s’empêcher de jeter un œil sur le journal du matin. Les nouvelles concernant la guerre qui venait d’éclater en Europe, l’inquiétaient. Elle se faisait du souci pour ses amis restés en Angleterre.

Elle regarda donc les gros titres et acheta finalement le quotidien ainsi que plusieurs livres pour enfants.

Elle se rendit au parc de l’hôpital pour y manger en lisant le journal. Le mois d’avril venait de commencer mais le printemps était déjà bien présent dans le ciel de Chicago.

Soudain, un article et une photo attirèrent son attention.

« Terry !!! … c’est bien lui !! Oh comme il est beau »

Et Candy lut ensuite les quelques lignes consacrées à son amour qui avait réalisé son rêve … il était devenu acteur.

« Une nouvelle étoile du théâtre vient de naître. Le jeune prodige Terrence Grandchester triomphe dans Macbeth !!! Il vient de décrocher le rôle de Richard III dans le Roi Lear qui sera joué très prochainement dans plusieurs villes des Etats-Unis … »

« Terry, je t’ai enfin retrouvé, j’entends encore ta mélodie chanter à mon oreille … une étoile du théâtre … tu as réussi !! Tu as trouvé ta voie. Comme je suis heureuse pour toi. Nous allons nous revoir, je le sens »

Et le cœur tout regonflé de courage, Candy s’apprêta à aller reprendre son service quand elle entendit une cacophonie de klaxon automobile.

« Candy !!!! Candy !!!! »

« Oh mais c’est vous !!! Alistair, Archibald et Annie !!! Je vous croyais encore en Angleterre ! »

Elle serra ses trois amis dans ses bras.

« C’est la guerre en Europe, comme tu dois le savoir par les journaux, alors la Grand Tante Elroy nous a fait revenir … Et on n’est pas fâchés en tout cas !! Pour une fois, elle a eu une bonne idée … Nous en avions plus qu’assez de cette sévérité et de ces uniformes » Dit Alistair.

« Et puis le collège sans toi était encore plus morbide !! » ajouta Annie.

« Comme tu nous a écris dans ta dernière lettre que tu étais envoyée à cet hôpital, nous avons décidé de venir te dire un petit bonjour !! »

« Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que ça me fait plaisir. Vous voir après tout ce temps, que c’est bon !!! Mais je dois aller reprendre mon service … Quelle horreur !! On ne peut même pas se parler ! »

Alistair eut alors un petit regard coquin.

« Au fait Candy, as-tu des nouvelles de Terry ? » lui demanda-t-il sur un ton de sous entendu.

« Et bien tu ne crois pas si bien dire !!! Je viens justement par hasard de tomber sur un article de journal le concernant. Il a réussi, il est devenu acteur et … »

Annie la coupa dans son élan.

« C’est justement ça qui nous fait venir te voir, figure-toi » lui dit Annie en clignant un œil « Terry sera ici dans deux semaines !!! »

« Ici ?? Dans deux semaines ?? »

« Oui, sa troupe va venir jouer le Roi Lear au Théâtre Elmore en avant-première pour un gala de charité au profit d’associations caritatives de la ville … Et toute la famille André y est bien sûr invitée, toi y compris, Candy !!! »

« Terry !!! Ici !!! Je suis invitée !!! Je vais le voir !!!! Oh mon dieu … »

Candy ne pouvait contenir sa joie … l’image de sa fille lui traversa l’esprit. Elle ne pouvait manquer une occasion aussi belle … elle avait une chance de lui faire rencontrer son père et elle ne pouvait pas la rater !! Mais un autre sentiment se fit sentir … Terry … Il était maintenant une star du théâtre … et s’il ne se souvenait pas d’elle ? Ou s’il n’avait tout simplement pas envie de la voir ? Comment allait-il réagir en apprenant qu’il devenait tout à coup le père d’une petite fille de presque un an alors qu’il était lui-même encore tellement jeune et qu’il était en pleine ascension dans sa passion du théâtre.

Il allait atteindre son but et elle voulait faire irruption dans sa nouvelle vie avec un enfant sur les bras …

Un ombre se dessina sur le visage de Candy qui n’échappa pas à ses amis.

« Qu’est-ce qu’il y a Candy ? Tu as l’air toute drôle … »

« Rien … rien du tout … je dois vous laisser … mais revenez me voir »

Et Candy retourna à l’hôpital en courant sous le regard interdit de ses amis.

Chapitre 10

Merci Alistair …

« Mais qu’est-ce qui lui prend ? » demanda Archibald

Alistair ne répondit rien … Terry. L’attitude de Candy cachait quelque chose … il fallait qu’il la voit … seul à seul.

Le lendemain matin, Candy fut appelée par la surveillante en chef.

« Qu’est-ce que j’ai bien pu faire ? C’est curieux, je ne me rappelle pas avoir fait d’erreur ces jours ci » se dit Candy.

Elle avait passé une fort mauvaise nuit, pleine de cauchemars … Elle se voyait avec Terry sur les bras courant au devant de l’homme qu’elle aimait mais lui la repoussait, la traitait de tous les noms, refusait de voir la petite … Elle s’était tournée et retournée dans son lit des dizaines de fois pour se réveiller en sueur au petit matin avec un sentiment de soulagement … Ouf, ce n’était qu’un rêve ! Mais ce malaise, ce manque de certitude quand à la réaction de Terry quand il découvrirait l’existence de sa fille, continuait à perturber Candy …

Elle avait soudain très peur de compromettre Terry en lui imposant cet enfant qu’il ne désirait peut-être pas, ou en tous cas, pas si tôt.

Et Candy avait été assaillie de toutes ces noires pensées durant tout le début de son service. Plus elle y pensait, plus elle était inquiète …

Elle arriva chez la surveillante.

« Vous m’avez fait appeler Madame ? »

« Oui Candy, il y a un grand-père à la salle des urgences. Il a l’air extrêmement capricieux !! Il exige de n’être examiné que par vous seule, dans une salle particulière !!! Il dit qu’il a déjà été soigné par vous et qu’il ne veut aucune autre infirmière ! Candy, c’est très bien d’avoir la capacité d’être appréciée de ses patients mais il ne faut pas que cela tourne à l’obsession !!! » Lui dit la surveillante, moitié amusée, moitié exaspérée.

« Je ne vois pas qui cela peut-être … mais je vais aller m’en occuper tout de suite »

« La salle 44 est libre, ce monsieur dit qu’il s’appelle Oncle William »

« Oncle William !!!!!!!!!! »

Candy se précipita à la salle d’attente où elle découvrit un vieux monsieur barbu, à l’échine fort courbée, il portait un haut de forme, une canne à la main et une pipe à la bouche.

« Oncle William ?! » demanda Candy.

« Oui c’est moi Candy, je suis très malade et tu dois me soigner ! » lui dit l’homme en bougonnant.

« Euh … mais bien sûr … suivez moi »

Candy se sentait mal … après toutes ces années, elle rencontrait enfin l’Oncle William … qu’allait-il dire quant à son départ du collège ? … Et si jamais il avait appris l’existence de Terry ?

« Alors, de quoi souffrez vous Oncle William ? Expliquez moi … Je suis si contente de vous voir après tout ce temps … Je n’ai jamais eu l’occasion de vous témoigner ma gratitude … »

Et le vieil Oncle William se mit à rire … à rire tellement qu’il en perdit sa barbe et sa moustache …

Il se redressa alors et toujours en riant, retira son chapeau et sa pipe …

Ce n’était évidemment pas l’Oncle William, c’était …

« Alistair !!!!!!!!! Mais … mais qu’est-ce que tu fais ici ? »

« Chuuuuuuuuuuuut !!! … Il fallait que je te vois seul à seul Candy »

« Mais pourquoi ? »

« Ecoute, j’ai beaucoup pensé à toi cette nuit … depuis que nous t’avons parlé de Terry hier avec Annie et Archie … Tu avais l’air toute ennuyée … »

« Oh non Alistair ça va … c’est juste que je … »

« Arrête Candy, je te connais trop bien !!! Tu aurais du sauter de joie à l’idée de revoir Terry … et tu as sauté de joie mais après … je sais pas, tu as eu tout à coup l’air bizarre … »

« Mais non Ali, où vas-tu chercher tout ça ? » dit Candy, pas très sûre.

« Candy !! Pas à moi !!! Je vois bien qu’il y a quelque chose … Il y a un problème avec Terry ? »

« Ben je … »

« Candy, je sais que vos relations étaient plus qu’amicales lorsque nous étions au collège … tu peux m’en parler tu sais, je n’ai rien dit aux autres »

« Mais … comment le sais tu ? »

« Rappelle toi, l’avion en Ecosse … Avant de m’écraser, j’ai quand même un peu volé et j’ai vu Terry qui te tenait dans ses bras et qui t’embrassait … Puis après l’histoire de l’écurie, j’ai pas mal discuté avec lui avant qu’il ne parte et je sais que ses sentiments pour toi étaient sincères … alors pourquoi cette mélancolie Candy ? »

Candy n’en pouvait plus … elle n’avait pas revu sa fille ces dernières semaines, celle-ci lui manquait atrocement, elle avait envie d’en parler à quelqu’un … Et cette nuit de cauchemars la faisait se sentir encore plus mal … elle décida de se confier à Alistair.

« Heu … Ali … Je dois te raconter quelque chose … mais … il est possible que … qu’après cela nous ne soyons plus amis … c’est que … »

« Candy … parle clairement voyons, je ne comprends rien !! Comment veux-tu que toi et moi ne soyons plus amis !!! »

« Et bien, Terry et moi avons fait une très grosse bêtise quand nous étions en Ecosse … »

« Que veux-tu dire ? »

« Ben tu vois … une bêtise que peuvent faire un homme et une femme qui s’aiment … même s’ils ne sont pas mariés … »

« Oh Candy … Toi et Terry, vous avez … ? »

« Oui »

« Et bien Candy … je ne vais pas te dire que vous avez bien fait !! Mais bon … ce n’est pas si grave que cela ! Vous vous aimiez et je suis sûr que vous vous aimez encore ! C’était trop fort pour que ça s’arrête … Un jour, vous vous retrouverez et tout rentrera dans l’ordre … Tu pourras le voir dans deux semaines, de quoi as-tu peur ? »

« Ali … cette … hum … relation n’est pas restée sans conséquences … »

« … »

Et Candy retira de la poche de son uniforme le portrait le plus récent qu’elle avait de la petite Terry et dont elle ne se séparait jamais.

« Regarde Alistair … Je te présente Thérèse. C’est ma fille … et celle de Terry »

Alistair resta sans voix en regardant le bébé souriant … qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à son père.

« Candy … »

« Tu comprends maintenant Alistair, pourquoi nous ne serons peut-être plus amis … Je suis une fille mère, une traînée comme le disait Elisa, ais-je le droit d’imposer à Terry de prendre en charge cette petite fille dont il ne voulait peut-être pas ? »

Alistair reprit très vite son sang froid.

« Ecoute moi bien Candice Neige André !!! Tu seras toujours mon amie quoi que tu aies fait !! Je t’interdis de te traiter de traînée … tu m’entends ??? »

« Ali … »

«  Je ne vois qu’une chose en regardant ce portrait … c’est le sourire d’une merveilleuse petite fille ! Son papa a le droit de faire sa connaissance … »

« Bien sûr il en a le droit, je ne demande pas mieux, tu imagines !! Mais j’ai peur Alistair, j’ai peur de sa réaction en découvrant l’existence de Terry !! Il débute sa carrière et cet enfant pourrait le compromettre … Mais si jamais il la repousse, je vais encore plus souffrir que maintenant … »

« Candy, cela ne sert à rien de faire l’autruche … Il doit savoir ! Tu ne pourras être fixée qu’en lui en parlant … C’est impensable d’envisager le contraire … Où est la petite … Thérèse ? »

« Je l’appelle Terry … Elle est chez Mademoiselle Pony, je la lui ai confiée en attendant d’avoir mon diplôme … »

« Et bien il faut que dans deux semaines elle soit ici à Chicago … pour l’arrivée de son père !! »

« Mais Ali, tu n’y penses pas !! Je ne pourrais jamais avoir un congé pour aller la chercher !! Ce n’est pas la porte à côté ! »

« Mais voyons, j’irai moi … Je peux me rendre au foyer … Tu me fais juste une lettre pour Mademoiselle Pony pour qu’elle accepte de me remettre la petite … et je te la ramène au galop !! »

« Oh Ali, tu ferais cela pour moi ? »

« Candy, comment pourrais-tu en douter une seconde ? »

Candy regarda son ami de toujours avec adoration … Elle avait décidément beaucoup de chance … même si elle n’avait jamais connu ses parents et qu’elle avait souffert de certaines peines étant enfant, elle avait toujours pu compter sur des amis extraordinaires comme Tom et Alistair notamment … bien peu de gens pouvaient se vanter d’avoir cette chance !

« Mais Ali, une fois qu’elle sera ici … que va-t-on en faire ? Je ne peux pas l’amener ici à l’hôpital car personne ne connaît son existence … et tout le monde va se demander ce qu’on fabrique avec un bébé sur les bras … »

« Oui c’est un problème … Il va falloir y réfléchir et vite … parce que je dois me dépêcher de partir pour aller la chercher quand même … il ne faudrait pas trop traîner !! Est-ce que tu veux bien que j’en parle à Annie et Archie ? »

« Oh la la, j’ai peur aussi de leur réaction … »

« Candy, ils t’aiment autant que moi … comment veux-tu qu’ils réagissent ? Tu n’as pas commis un crime tout de même !! »

« Alistair … si cela ne t’ennuie pas … demande leur de venir me voir ce soir après mon service … Vers 19 heures … nous pourrions aller nous promener dans le parc et je leur expliquerai … »

« Pas de problème Candy … nous viendrons tous les trois et n’oublie pas … On t’aime ! »

« Oh Alistair … moi aussi je vous aime … vous m’avez tellement manqué !! J’aurais voulu que vous soyez près de moi tout ce temps pour partager tout ça avec moi … parce que je dois t’avouer quelque chose … même si je pensais que j’avais commis une faute grave et que je me retrouverais dans l’embarras … je ne pouvais pas m’empêcher de me réjouir … Attendre un enfant est une expérience unique au monde et de l’homme qu’on aime est encore plus grisant. Depuis que Terry est née … c’est inexplicable … mais je suis heureuse, Alistair … tellement heureuse ».

Alistair serra son amie dans ses bras, remit son déguisement de vieil oncle et partit.

© Fatalzmarion 2008