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Par Fatalzmarion

 

Très déçue comme chacun de la fin du dessin animé, j’ai tenu à écrire ma propre suite, m’inspirant de certaines fanfictions existantes, des images du dessin animé existantes, le tout pimenté de ma propre imagination …

 

Chapitre 1

Une visite inattendue

 

Candy a découvert l’identité de l’Oncle William, qui n’est autre qu’Albert, son ami de toujours.

Elle refuse ses fiançailles avec Daniel qui n’étaient qu’une manigance de la mère et la sœur de celui-ci. Albert alias, l’Oncle William n’aurait jamais cautionné cette abomination. Il connaît les méchancetés que sa protégée a eu à subir des deux poisons Legrand et pour lui, qu’une seule chose au monde préoccupe : le bonheur de Candy, il sait que Daniel était le pire mari qu’il pouvait souhaiter pour elle.

Après les heureux moments qu’il avait lui-même connu aux côtés de Candy, il savait que le seul bon choix qu’il pouvait faire était de lui rendre sa liberté.

« Candy, jamais tu ne deviendras l’épouse de cet idiot. Libre à toi de te rendre où bon te semble et de vivre ta vie comme il te plaira. Libre à toi de te ressourcer au Foyer Pony quelques temps pour oublier ces dernières péripéties, je sais que là se trouve ta vraie maison. Si ensuite tu décides de revenir vivre avec moi à Lakewood ou de poursuivre ton métier d’infirmière, je te soutiendrai. Prends ton temps ma Candy et aie confiance en ton destin, il te remettra sur la route de celui que ton cœur aime et qui t’a toujours aimée ».

Sur ces dernières paroles d’Albert, Candy retourne au foyer Pony pour s’y ressourcer.

Après quelques semaines passées au foyer, Mademoiselle Pony et Sœur Maria, conscientes que leur protégée cache une souffrance intérieure, ne savent que faire pour égayer son quotidien

Au retour des beaux jours, profitant du joli mois de mai, les deux directrices du foyer décident donc d’organiser une grande fête en l’honneur des anniversaires de Candy et d’Annie, laquelle venait encore fréquemment leur rendre visite avec son fiancé, Archibald.

Et oui, notre ami avait fini par demander à Monsieur Brighten la main de sa fille. Ils se marieraient à la fin de l’été.

Bien qu’heureuse pour son amie, Candy ressentait à la pensée de ce mariage un étrange sentiment d’amertume et de solitude. Connaîtrait-elle un jour ce même bonheur ?

Terry était si loin, il allait épouser Suzanne, elle était séparée à jamais de celui qu’elle avait toujours aimé.

Notre optimiste Candy se surprenait à penser que décidément, l’amour lui était défendu. Elle avait aimé Anthony d’un sentiment si profond et celui-ci lui avait été arraché dans des circonstances atroces.

Elle avait ensuite dû se séparer de Terry avec qui elle aurait du vivre si heureuse et qui l’aimait lui aussi en retour.

Candy pleurait souvent seule et en silence dans sa chambre du foyer Pony ou auprès de son arbre refuge. Celui-ci lui rappelait les tête à tête avec Terry au temps de leurs études au Collège. Quelle tendre complicité les unissait …

Oh mon Terry, sois heureux, même loin de moi …

Arriva le jour de la fête du foyer Pony où étaient conviés outre les enfants du foyer, les religieuses, Candy, Annie et bien sûr Archibald : Monsieur Albert qui n’avait pas revu Candy depuis leur dernier entretien à Lakewood et qui espérait retrouver une Candy pleine de joie de vivre et d’entrain ; Patty, revenue aux Etats-Unis et sa Grand-mère, Martha ; l’ami Tom et son père adoptif, Monsieur Steve ; ainsi que quelques voisins du foyer.

Patty ne s’était jamais consolée de la mort d’Alistair mais avait décidé qu’il était de son devoir en l’honneur de l’anniversaire de ses deux meilleures amies de faire bonne figure. Elle appréhendait pourtant cette journée, elle savait que les retrouvailles de tous les amis du Collège allait faire ressurgir pour elle de pénibles souvenirs. Elle appréhendait spécialement de revoir Archibald, le frère d’Alistair.

Elle prit une grande respiration au moment où la voiture les déposa elle et Martha, au foyer Pony, comme pour se donner du courage.

Elle pensa à cet instant très fort à Alistair et se dit qu’il aurait voulu qu’elle assiste à cette sympathique réception.

C’est alors que Candy l’aperçut et la tenant par la main, lui présenta les différents invités qu’elle ne connaissait pas encore.

Arrivée devant Tom, Patty et lui se regardèrent longuement pendant que Candy les présentaient :

«  Tom, voici Patty mon amie du Collège. Patty, voici Tom mon ami d’enfance ».


Patty et Tom passèrent la journée côte à côte et eurent ainsi l’occasion de faire plus ample connaissance.

Candy se dit alors que ce n’était pas la dernière fois que ces deux là se rencontraient !!

Elle eu un sentiment de soulagement vis-à-vis de son amie. Le deuil qu’elle portait depuis la disparition d’Alistair lui faisait presque peur. Elle craignait que Patty ne sombre dans son chagrin et revoyait en elle ses propres démons.

L’euphorie de la fête avait animé les esprits et le beau temps ne pouvait augurer qu’une journée inoubliable. Les trois amies, Candy, Patty et Annie étaient si heureuses de se retrouver ensemble, malgré l’absence de certains être chers à leurs cœurs.

L’après-midi s’achevant, la fête allait toucher à sa fin.

C’est alors qu’une luxueuse limousine s’arrêta aux barrières du foyer Pony et qu’une élégante jeune femme blonde en descendait.

Candy eut le souffle coupé en voyant la fine silhouette qui se dirigeait vers elle. Celle qui avançait sur le sentier, dans sa direction, avec sa grâce naturelle n’était autre qu’Eléonore Backer.

« Candy, Candy, je suis venue te parler. Albert m’a dit que j’étais certaine de te trouver ici aujourd’hui. Je tombe peut-être mal, je ne veux pas interrompre la fête. »

Mademoiselle Pony intervint : « Je vous en prie, si vous voulez vous joindre à nous. Candy va vous recevoir. Nous nous apprêtions à rentrer, il se fait tard, n’est-ce-pas Candy ? »

Candy, encore troublée par la présente d’Eléonore qui représentait tant de choses pour elle, eut peine à repondre : « Euh, oui bien sûr, Eléonore, suivez moi au salon, je vous en prie. Vous serez mieux installée qu’au jardin ».

Arrivées dans le modeste salon du foyer Pony, les deux femmes s’assirent côte à côte sur le sofa de tissu à fleurs.

Eléonore Backer contemplait cette jeune beauté blonde et sauvage. Ce diamant brut qui avait été la source de tant de bonheur pour son fils. Elle lui semblait tellement plus belle que toutes les étoiles de Broadway.

« Candy, je suis venue te voir car j’ai une chose extrêmement grave à te communiquer et à te demander ».

Candy eut un étrange pressentiment aux paroles d’Eléonore : « Je vous écoute Eléonore ».

« Candy, je t’ai dit tout à l’heure que c’est Albert qui m’a communiqué l’endroit où je pouvais venir te voir. Tu n’es pas sans savoir qu’il a toujours été l’ami de mon fils et parallèlement, qu’il a toujours été soucieux de ton bonheur ».

« Bien sûr Eléonore, Albert a toujours été très bon pour nous deux et Terry l’a toujours considéré plus que comme un ami, comme un grand frère ».

« C’est justement Terry qui m’amène auprès de toi … »

« Comment va-t-il ? », se hasarda Candy.

« Et bien Candy, Terry ne va pas bien », dit Eléonore dans un souffle.

« Après votre rupture, il s’est dévoué corps et âme au soi-disant bonheur de Suzanne Marlowe, à faire semblant. Au détriment de son propre bien être, il a consacré toute son énergie à porter cette enfant gâtée où elle le voulait, c’est-à-dire vers un bonheur artificiel avec mon fils. Elle lui a imposé ses choix et Terry s’y est plié.

Je ne reconnaissais plus mon propre fils. Où étaient passées sa fierté, sa rage naturelle, sa spontanéité ? Tu les avais emportées avec toi, Candy.

Mon Terry n’était plus que l’ombre de lui-même.

Il ne fallut pas longtemps pour que j’apprenne que mon fils avait sombré dans l’alcoolisme pour échapper à la prison dorée où l’avait enfermé cette maudite Suzanne ».

Candy écoutait la confession d’Eléonore d’une oreille attentive mais ne pouvait y croire. Elle était si malheureuse et voilà que Terry aussi, quel gâchis !

« Candy, tu sais je me dégoûte à tenir de tels propos au sujet d’une infirme mais ce n’est que la vérité » poursuivit Eléonore. « Le penchant de Terry pour l’alcool l’a poussé vers de mauvaises fréquentations … »

Candy ne pouvait plus écouter la suite, chaque mots résonnait à ses oreilles et à son cœur comme une torture :  « Eléonore, je vous demande pardon, mais qu’attendez-vous de moi exactement ? »

« Candy, tu es la seule personne que mon fils a aimé. Il a été impliqué dans une bagarre sanglante dans le quartier sombre de New York et a été blessé par balle ».

« Que dites vous ? Il est blessé !! Il va s’en sortir ? »

« Outre les blessures à déplorer. Terry est plongé dans le mutisme et dans une profonde dépression qui n’arrange guère son état de santé. C’est cela qui m’inquiète. De plus il refuse d’être soigné par les différentes infirmières qui se relaient à son chevet.

Candy, je vais te demander une chose difficile pour toi.

Tu es infirmière, viens je t’emmène avec moi à New-York au chevet de Terry, c’est là ta vraie place. Il n’acceptera d’être soigné que par toi seule et tu parviendras, j’en suis sûre, à guérir également les blessures de son cœur.

Il t’aime, tu lui manques et lui aussi, il te manque avoue-le. Vous ne pouvez vivre l’un sans l’autre alors suis moi… »

Les yeux humides, incapable de parler, Candy peinait à croire à ce qu’Eléonore venait de lui demander. Tout se brouillait en elle.

Elle chercha tant bien que mal à reprendre ses esprits, elle regarda Eléonore dans les yeux. Ces yeux, tellement semblables à ceux de Terry.

Eléonore la fixait de son regard bleu marine, elle attendait la réponse de la jeune fille en sachant bien quels sentiments se mêlaient en ce moment dans sa tête.

« Eléonore, vous rendez-vous compte de ce que vous me demandez ? J’ai aimé Terry, c’est vrai, je l’aime encore. Mais vous ne pouvez imaginer le sacrifice que j’ai pu faire en me séparant de lui au profit de Suzanne. Nous avons fait le choix de notre rupture pour qu’il reste à ses côtés. Il est son fiancé maintenant, pas le mien. Je n’ai pas le droit de m’imposer à ses côtés et je n’ai pas la force de les voir ensemble. Je suis sûre que Suzanne l’aime et qu’elle sera près de lui pour lui rendre la santé. Je serais de trop … »

Eléonore regarda Candy gravement : « Il est clair que Suzanne Marlowe l’aime. Elle l’aime comme un jouet qui lui a fait défaut dans son enfance. Elle l’aime tellement qu’elle en a fait un objet. Elle l’a enfermé dans une bulle étouffante dont la seule échappatoire que Terry ait trouvé était l’alcool. Il ne se sentait pas le courage d’abandonner Suzanne pour les raisons que tu connais mais n’acceptait pas non plus votre séparation. Candy, il ne peut vivre sans toi. Cette comédie a suffisamment duré, mon fils a besoin de toi, il doit trouver le bonheur ».

Le lendemain matin, après une nuit de cauchemars, Candy suivi Eléonore Backer à New-York. Elle allait à la rencontre de son destin.

Chapitre 2

Retrouvailles

Lorsque Candy et Eléonore arrivèrent à New-York, elles rendirent immédiatement à la résidence de l’actrice là où leur précieux blessé séjournait.

Durant l’interminable voyage du lac Michigan jusqu’à la « Ville qui ne dort jamais », Eléonore avait eu tout le loisir d’expliquer à Candy les troubles circonstances de l’accident de Terry, son séjour à l’hôpital, l’insistance de Suzanne pour qu’il séjourne chez elle le temps de sa convalescence et le refus d’Eléonore de confier son fils aux Marlowe. Elle avait prétexté l’interruption momentanée qu’elle avait donnée à sa carrière d’actrice et le fait de ne pas avoir toujours été une mère exemplaire pour justifier ce refus.

Le fait est qu’elle avait déjà à l’esprit le projet de ramener son fils à la lumière et que cette lumière, c’était Candy. Elle tut évidemment cette dernière observation à Candy, de peur que cette dernière ne se sente trahie ou prise au piège.

Eléonore savait qu’elle ramenait à ses côtés l’avenir de Terry, c’était le plus beau cadeau que cette mère démissionnaire pouvait faire à son fils.

Arrivée devant la résidence, Candy avait le cœur serré et les mains tremblantes.

« Terry, mon amour » pensa-t-elle « tu es là, je vais te voir, te toucher, te parler. Je ne peux avoir ces pensées, mais c’est plus fort que moi. Elles ne font de tort à personne, seul mon cœur les entend. »

Comme pour lui donner du courage, Eléonore lui prit la main et l’emmena jusqu’au salon.

« Attends-moi un moment, je vais prévenir Terry que sa nouvelle infirmière est arrivée. Je t’appellerai ».

Eléonore pénétra dans la chambre où son fils était, depuis d’interminables journées, s’était terré. Elle le trouva bien entendu au lit et sa pâleur ne pouvait révéler qu’une lassitude effrayante. Il avait besoin d’un souffle nouveau.

« Terry, je suis venue te prévenir qua la nouvelle infirmière que l’on m’a si chaleureusement recommandée est arrivée. Peut-elle se présenter devant toi mon chéri ? »

« Encore une de vos relations, mère ? » répondit péniblement Terry. « Mon état ne justifie décidément pas tant de soins !! Mais soit, qu’elle vienne cette demoiselle ».

« Je te l’envois, mon chéri ». Et elle pensa pour elle-même : « Elle va te plaire j’en suis certaine ».

Candy monta les interminables marches de la résidence et après avoir hésité encore un instant sur la conduite à adopter, elle frappa à la porte blanche qu’Eléonore lui avait indiquée.

« Entrez » : fit une faible voix de l’intérieur.

Candy entra dans la pièce sombre et avança de quelques pas vers le lit situé près de la fenêtre occultée par d’épais rideaux.

« Terry, c’est moi … »

Il ne fallut qu’un son pour que Terry reconnaisse la douce mélodie de la voix de Candy. Il l’aurait différenciée entre mille.

« Candy … Candy, c’est toi ? »

« Oui Terry, je suis venue à ton chevet pour te soigner. Ta famille m’a engagé comme infirmière ».

« Oh Candy, si tu savais comme je suis heureux de te revoir. Ces derniers temps ont été si pénibles pour moi. Je pensais t’avoir perdue à jamais et cette vie ne m’intéressait plus. J’ai fait pas mal de trucs dont je ne suis pas très fier et je le paie à présent. Candy, j’ai si mal ».

« Tout va aller beaucoup mieux maintenant, je suis près de toi, tout va s’arranger. Je vais te soigner et peu à peu tu retrouveras des forces ».

Ces quelques paroles avaient exigé beaucoup de force de la part du blessé qui fiévreux, ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil. Sous le surveillance de Candy à son chevet. Cependant, le sommeil de Terry ne fut cette fois pas animé des pires cauchemars mais une sérénité presque imperceptible se lisait sur son visage.

Ce changement n’échappa pas à Eléonore venue recueillie les impressions de Candy suite à cette première entrevue.

Chapitre 3

Mon Rayon de Soleil

 

Durant cette première nuit, Candy resta éveillée, elle épongea le front le Terry, en sueur et pris conscience alors que sa tâche auprès de lui en tant qu’infirmière était amplement justifiée. L’état de santé de Terry nécessitait de loin les soins particuliers d’une infirmière qualifiée. Eléonore n’avait pas menti.

De nombreuses interrogations vinrent alors à l’esprit de Candy. Où était Suzanne ? Comment réagirait-elle en la voyant au chevet de Terry ? Quelles seraientt ses relations avec celui-ci après tout ce qui s’était passé entre eux ? Etait-il fort recommandé que Terry, dans son état, ne se trouve au centre d’un conflit de deux demoiselles amoureuses ?

Toutes ces questions occupèrent l’esprit de Candy jusqu’à l’aube où Terry se réveilla. Il semblait déjà tellement mieux.

En découvrant la fine silhouette blonde qui avait occupé ses rêves pendant tant d’années à ses côtés, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il prit la main de Candy entre les siennes, l’attira vers lui et déposa un tendre baiser sur son front.

« Candy, tu ne vas pas me dire que tu es restée toute la nuit à côté de moi ? »

« Mais si voyons, ta fièvre nécessitait une surveillance médicale et puis depuis si longtemps, j’étais si heureuse de pouvoir passer quelques heures près de toi ».

Après le petit déjeuner pris en commun : Terry au lit et Candy sur la petite table d’appoint à son chevet, Candy se retira de la chambre afin de laisser son précieux malade se reposer. En effet, depuis l’arrivée de la jolie blonde, Terry avait subitement retrouvé la parole et débitait sans arrêt, ce qui le fatiguait très vite. Candy tenait également à s’entretenir avec Eléonore sur un sujet qu’elle n’avait osé aborder encore : Suzanne.

Elle rejoint l’actrice au salon.

« Candy, tu ne peux pas imaginer comme je ressens déjà un changement positif dans l’attitude de Terry depuis ton arrivée ! » lança-t-elle en voyant entrer Candy dans la pièce.

« C’est justement d’une « attitude » qu’il faut que nous discutions, Eléonore. Je suis sûre que je dois m’attendre dans les heures qui viennent à ce que Terry reçoive la visite de Suzanne et j’aimerais savoir qu’elle va être la réaction de cette dernière en faisant connaissance avec la nouvelle infirmière de son fiancé ? ».

Candy avait dit toute sa phrase directement, sans la moindre hésitation, il n’était pas dans ses habitudes de ne pas être franche et la situation ne permettait pour elle de laisser planer le moindre doute mais elle sentait cependant les larmes lui monter aux yeux.

« Et bien Candy, depuis que j’ai ramené Terry de l’hôpital et l’ai installé dans la chambre que tu connais, il n’a pas reçu la moindre visite de Mademoiselle Marlowe. Pour plusieurs raisons, la première est que vu l’état de cette dernière, il lui est pénible de franchir les nombreuses marches pour atteindre la chambre de Terry et vu l’état de Terry, il m’est impossible de le transporter au salon pour recevoir des visites quelles qu’elles soient ; la deuxième raison est que Suzanne et moi n’entretenons que des relations purement conventionnelles, elle sait que je ne l’apprécie guère en raison des désagréments qu’elle a causé au bonheur de mon fils et qu’il me déplais de la recevoir chez moi ; enfin, la dernière raison est que Terry lui-même souhaitait ne recevoir aucune visite. Tu ne risques donc pas de te trouver en présence de Suzanne, rassure-toi. »

Mais Candy n’était que partiellement soulagée : « Eléonore, vous n’ignorez pas les sentiments endormis qui sont en train de ressurgir dans mon cœur et très sincèrement, j’ai peur de la suite des évènements, j’ai peur de me laisser aller et de ne vouloir redevenir plus qu’une « infirmière » … »

Eléonore la regarda : « Laissons faire le temps Candy … ».

Au contact de Candy, l’état de santé de Terry ne tarda pas à s’améliorer. Il pouvait maintenant s’habiller et s’installer sur son sofa pour jouer de l’harmonica. Un matin, alors que la douce mélodie venait de s’achever, il appela Candy à ses côtés.

« Candy, je voulais te remercier pour tout ce que tu fais pour moi. C’est à toi que je dois de pouvoir ainsi rejouer de l’harmonica »

« Non Terry, c’est à toi seul que tu le dois, tu as eu la volonté de te soigner et d’aller de l’avant. Je suis heureuse que tu aies retrouvé ta bonne humeur »

« C’est grâce à toi, tu es un rayon de soleil. Tu sais, je me souviens du jour où tu m’as offert cet instrument. Nous étions au Collège sous l’arbre et tu étais fâchée car tu m’avais encore surpris avec une cigarette à la bouche ».

Candy eut un petit rire : « Oui, je me souviens. C’était très désagréable cette odeur. Je pensais naïvement que l’harmonica avait des dons désenvoûtement pour les fumeurs !! »

« Mais c’est exact Candy, j’ai cessé de fumé par la suite et j’ai continué à jouer de l’harmonica. Et tout ça grâce à toi. Tu es décidément ma bonne fée Miss Tache de Son !! »

« Dites donc Monsieur Grandchester, dois-je vous remémorer certaines convenances ? Il est défendu de m’appeler ainsi !! »

« A ce propos, il y a longtemps que je n’ai pas pu observer Mademoiselle Tarzan en action, quand aurais-je encore le privilège de vous observer escaladant palissades et arbres ? »

« Terrence, je vois que votre état de santé s’est décidément bien amélioré et votre langue bien pendue également !!!!!! »

Sur ces mots, Candy sortit de la chambre mais cette discussion lui avait donné une idée. L’état de Terry le permettant, cet après-midi, ils feraient ensemble leur première sortie au jardin.

Chapitre 4

Je ne peux pas

 

Terry fut évidemment ravi du projet de son amie. L’idée de se rendre au jardin prendre l’air l’enchantait et en plus la charmante compagnie de Candy ne pouvait que plus encore le réjouir.

Ils firent côte à côte le tour de la propriété d’Eléonore sans un mot. Terry semblait tellement profiter de cette première promenade. Il n’avait pas mis le nez dehors depuis des semaines et Candy ne voulait pas interrompre sa quiétude par des bavardages.

Lorsqu’il fut fatigué de marcher, Terry demanda à s’asseoir au bord du lac de la propriété. Comme avant, ils s’installèrent l’un à côté de l’autre.

« Candy, je veux que tu saches quel est le bonheur de vivre à tes côtés » : dit tout à coup Terry.

Etonnée par ce soudain élan, Candy sentit son cœur battre à tout rompre.

C’est alors que Terry se leva, et lui tendant la main, voulu l’attirer contre lui.

L’image de Suzanne traversa alors le regard de Candy … Non, elle se devait de garder une conduite honorable. Contre toute attente, Candy se déroba à l’étreinte de Terry et se sauva en courant vers la maison.

Candy avait passé l’après-midi dans sa chambre et ne descendit qu’à l’heure du dîner. Elle avait pris une grave décision.

Sitôt le repas terminé, Candy pria Terry et sa mère de l’accompagner au salon.

« Terry, Eléonore, je voulais vous informer que j’ai décidé de retourner au foyer Pony, je pars demain ».

Mère et fils eurent une expression de terreur à l’annonce de la nouvelle.

« Mais enfin Candy, pourquoi, que se passe-t-il ? » : lui demanda Eléonore.

« Terry est guéri à présent et ma présence à ses côtés n’est plus du tout justifiée, il n’a plus besoin de moi » : répondit calmement la jeune fille « Je vous laisse, je monte préparer mes malles. Je vous remercie pour votre confiance et votre accueil. Terry, je suis si heureuse d’avoir pu t’être d’un bon secours ».

Et Candy sortit de la pièce.

Terry et sa mère restèrent un moment pétrifiés, incapables de dire un mot. Ils ne pouvaient croire que le soleil, présent dans leur demeure depuis l’arrivée de Candy, allait s’en aller comme il était venu.

« Oh mère, je ne peux y croire. Je suis un idiot ».

« Mais enfin Terry que s’est-il passé ? ».

« Je crois savoir pourquoi Candy s’en va, je pense avoir été maladroit envers elle. Cet après-midi, nous sommes allés nous promener au bord du lac et j’ai … enfin j’ai voulu … Je pense qu’elle a pu se méprendre sur mes intentions, oh Mère, je ne peux vivre sans elle maintenant que je l’ai retrouvée, je ne peux plus m’en séparer ».

« Mon Chéri, depuis le premier instant, j’ai toujours su que ton destin était étrangement lié à celui de Candy. Votre complicité n’a besoin d’aucun mot. Elle lit en toi comme dans un livre ouvert, elle seule t’a fait retrouver le sourire de ton enfance. Tu sais Terry, je t’observe depuis qu’elle est là. Candy est l’amour de ta vie et moi qui suis ta mère, je te l’ordonne : ne gâche pas la seule vie que tu possèdes »

« Mais Mère, que dois-je faire ? »

« Parle lui. Candy est inquiète à propos de Suzanne. Cette situation doit être clarifiée mon Chéri. Suzanne ou Candy, l’une d’entre elles va souffrir. N’écoute que ton cœur Terry et tu pourras facilement choisir. On n’échappe pas à son destin ».

Chapitre 5

Reste mon amour

 

Terry se tenait devant la porte de la chambre. Que devait-il faire ? Quelle était la conduite à tenir ?

Il se revit à la Résidence de son père le Duc, détesté de sa marâtre et rejeté de son père. Adolescent, ne supportant plus la pression de la vie au Collège ni le sentiment perpétuel d’être haï de tous, il avait fait le voyage pour les Etats-Unis dans l’espoir d’y retrouver sa mère. Celle-ci hélas n’avait pas non plus répondu à ses attentes, non par manque d’amour mais plutôt par maladresse, Eléonore était encore si jeune à cette époque.

Revenant vers l’Angleterre, résigné mais blessé si profondément, si seul intérieurement, il passa le réveillon du 31 décembre seul à pleurer dans le froid et en silence sur le pont du bateau. Perdu dans ses noires pensées, il n’avait pas aperçu une ravissante jeune fille blonde au nez couvert de tâches de rousseur, s’approcher de lui et poser à jamais une main sur son épaule. Cette nuit allait bouleverser leurs vies à chacun, Terry avait retrouvé le sourire.

La vie au Collège allait devenir bien différente pour Terry, tellement plus passionnante et malgré lui, il allait devoir admettre que ce changement était étroitement lié à la présence de la jeune américaine. Leurs chemins ne cessaient de se croiser et elle allait lui rendre ce goût si précieux à la vie.

« Candy, on comprend toujours l’importance des choses chères à notre cœur lorsqu’on les a perdues » : pensa-t-il pour se donner le courage de frapper à la porte de la chambre.

« Oui », répondit après un instant une voix à l’intérieure.

« C’est moi Candy, je voudrais te parler, j’ai une chose importante à te dire »

La porte s’entrouvrit et Candy, charmante, apparut sur le pas de la porte.

« Terry, est-il vraiment nécessaire de nous torturer une fois de plus ? Ne remuons pas le passé, cela ne servirait à rien »

« Il n’est nul besoin de le remuer, il bouge bien assez tout seul. Candy, je t’attendrai au salon, toute la nuit s’il le faut. Je ne te laisserai jamais partir sans que tu m’aies écouté ».

Et Terry s’éloigna, en direction du séjour, laissant une Candy perplexe, hésitante.

Elle aussi se souvenait de leurs précieux souvenirs, du Collège et des moments d’insouciance passés côte à côte.

« Oh Terry, je pensais lorsque j’étais au Collège, que je vivais les moments les plus horribles de ma vie tant cette institution était austère mais je réalise que c’était là les instants les plus doux … à tes côtés … nous étions seuls au monde » : pensa-t-elle.

Assis côte à côte devant la cheminée du salon, Candy et Terry ne pouvaient parler.

Candy ne pouvait exprimer son malaise. Terry ne savait comment exprimer ses sentiments, il craignait un refus, il redoutait de mal se faire comprendre.

« Candy, je voudrais m’excuser pour mon comportement de cet après-midi. Il n’a pas été honnête envers toi ni envers … »

« Suzanne » : termina Candy.

« Oui ». Puis Terry continua : « Tu sais lorsque Suzanne a eu cet accident, je suis resté à ses côtés et je suis devenu bien malgré moi son fiancé ».

« Tu n’as pas besoin de te justifier Terry, j’ai déjà reçu toutes ces explications il y a longtemps et il me serait insupportable d’écouter cette histoire une nouvelle fois. Il est déjà très inconvenable vis-à-vis de Suzanne d’être ici à tes côtés alors qu’elle-même, ta fiancée, ne peut te rendre visite. Après mon départ Terry, je veux pouvoir continuer à être fière de mes actes et ce qui s’est passé tout à l’heure ne fait que renforcer mes convictions. Je ne dois pas être ici ».

« Candy, je voudrais que tu écoutes ce que j’ai à te dire et ensuite tu pourras agir comme bon te semble. Tu sais que je n’ai jamais été amoureux de Suzanne. Les moments les plus intimes que nous ayons échangé sont nos répliques théâtrales et les rares instants de bavardages où je me surprenais à lui parler de toi. Suzanne l’a bien compris, elle savait qu’elle ne pourrait jamais lutter contre notre amour, Candy. Quand elle a eu cet accident qui a ruiné sa vie et sa carrière, je me suis senti coupable de son état. Elle avait sacrifié sa vie pour épargner la mienne. Mais avec le temps, j’ai découvert que ce salut que je prétendais lui devoir, était en fait simplement la fatalité. Suzanne a choisi de prendre ce risque pour me sauver et je lui en serai éternellement reconnaissant. Si je marche aujourd’hui c’est grâce à elle mais si elle ne marche plus aujourd’hui, ce n’est pas à cause de moi. C’est très dur à dire et je me déteste en disant cela mais cette malheureuse circonstance ne peut pas m’obliger à l’aimer. Candy, la seule personne que j’ai jamais aimé, c’est toi et personne d’autre ».

Candy regardait Terry de ses yeux verts. Tant d’années, elle avaient souhaité l’entendre lui dire ces mots mais Suzanne, oh Suzanne. Elle ne pouvait pas condamner définitivement l’existence déjà dévastée d’une infirme. Suzanne aimait Terry d’un sentiment si profond.

Avant qu’elle ne puisse dire un mot ou réagir aux paroles de Terry dans le sens moral que sa conscience lui dictait, Terry l’attira vers lui et lorsque ses lèvres découvrirent le goût des siennes, ses pensées noires la quittèrent, elle était si bien aux bras de cet homme qu’elle avait toujours aimé.

Chapitre 6

Ce n’est qu’un Au Revoir

 

Candy et Terry restèrent un moment enlacés devant l’âtre qui crépitait.

« Terry qu’avons-nous fait ? De quoi va être fait notre avenir ? »

« Candy, maintenant que je t’ai retrouvée, toi et à travers toi, le bonheur que je pensais enterré à jamais, il est hors de question que je songe un instant à te quitter. Je vais rompre mes fiançailles avec Suzanne avec autant de tact que possible bien qu’il soit difficile de ne pas la faire souffrir et que cette idée me répugne ».

« Terry, je veux que tu réfléchisses bien, ce n’est pas une décision à prendre à la légère, le bonheur d’une personne en dépend »

« Le bonheur de trois personnes Candy … »

« Je me rendrai chez les Marlowe demain et j’en reviendrai libre, je te le promets ».

Cette nuit là, Candy se coucha en souriant malgré le malaise qu’elle ressentait vis-à-vis de Suzanne et de la peine qu’elle allait lui occasionner. Elle avait retrouvé son amour de toujours et tous leurs espoirs de bonheur à tous les deux leur étaient enfin possibles. Malgré sa mauvaise conscience qui la tiraillait, Candy ne pouvait s’empêcher de sourire à son avenir. Pouvait-on l’en blâmer ?

Le lendemain matin, Candy décida néanmoins de quitter la résidence d’Eléonore pour rejoindre le foyer Pony et ainsi de laisser à Terry libre de ses actions.

« J’ai confiance en ton libre arbitre Terry, je repars comme prévu, j’attendrai sur la colline le moment que tu jugeras le meilleur pour nos retrouvailles ».

« Candy, je vais me rendre auprès de Suzanne. Elle mérite que je me justifie auprès d’elle et je reprendrai ainsi ma liberté. Je serai alors à toi tout entier, je t’appartiendrai à jamais. Je t’aime ».

« Moi aussi, je t’aime ».

Candy monta alors dans la limousine qui devait l’emmener à la gare pour prendre le train qui la reconduirait au foyer Pony.

Chapitre 7

Un moment difficile

 

Terry regarda autour de lui, il savait ce qu’il était venu faire chez les Marlowe et avant même de voir Suzanne, il était devenu très nerveux. Il savait que quelle que soit la tournure de leur conversation, celle-ci allait être désagréable pour chacun.

Terry était déterminé à faire preuve de tact pour informer Suzanne du motif sa visite mais également tout autant à sortir de sa maison la tête haute, libre de vivre sa vie. Il aimait Candy, depuis toujours. Personne n’avait tenu pareille place dans son cœur. Il voulait faire de Candy son épouse et la mère de ses enfants.

Suzanne, en fauteuil roulant, fut amenée par une de ses dames de compagnie au salon auprès de Terry.

« Terry, je suis si contente de te revoir. Tu sembles aller nettement mieux. Je crois que ta convalescence auprès de ta mère t’auras fait le plus grand bien et cette visite me réjouis. J’ai mis à profit mon temps libre en ton absence pour mettre au point certaines modalités de notre mariage »

« Je suis moi aussi très content de te voir Suzanne mais je voudrais discuter d’un sujet qui me tient à cœur. C’est en fait le motif de ma visite »

Suzanne pâlit, elle sentit que quelque chose avait changé dans l’attitude et le regard de Terry. Quelque chose qu’elle ne pouvait encore définir. Il semblait tellement serein.

« Je t’écoute » : lui répondit-elle.

Terry prit une grande inspiration et pensa très fort à sa petite boucles d’or pour se donner du courage : « Suzanne, durant ses longs mois de convalescence, j’ai eu l’occasion de réfléchir à bien des choses. J’ai pris le temps de penser à mon enfance, à mon adolescence, à mes bons et mauvais souvenirs, à ce que j’avais fait de bien et de regrettable durant toutes ces années, j’ai également songé à mes rêves, à mes espoirs, mes priorités et j’ai pris conscience que le tournant que mon existence avait pris ces dernières années n’était pas celui que j’avais souhaité, je … »

« Attends Terry », l’interrompit Suzanne, « je vais t’aider. Tu veux annuler le mariage ? A dire vrai, je m’y attendais un peu. Ta visite surprise d’aujourd’hui après des mois de silence n’augurait rien d’agréable mais j’ai tenu à te rencontrer et à affronter ton regard. Je sais que tu ne m’as jamais aimée Terry alors que pour moi tu représentais toute ma vie. J’ai tenu à t’enfermer auprès de moi et à t’obliger à subir cette vie qui n’était pas celle que tu souhaitais. Je ne retiendrai pas de force une fois de plus Terry. Si je t’obligeais à tenir cet engagement de mariage, je ferais de toi l’homme le plus malheureux du monde en te faisant renoncer à cet amour qui se consume au fond de ton cœur. Or, je ne veux que ton bonheur mon amour. Si je t’obligeais à vivre toute une vie à mes côtés, je ne récolterais que ton mépris, ton aigreur. Je préfère te rendre ta liberté. Si nous nous revoyons un jour, je veux que tu me regardes de ton regard bleu en me certifiant qu’aujourd’hui, j’ai fait ton bonheur ».

« Suzanne … »

« Je sais quelle a été ton enfance jusqu’au Collège de Saint-Paul, je connais les démons qui ont rempli tes nuits de cauchemars pendant tant d’années. Je sais aussi qu’un jour, tu as retrouvé le sourire et je sais à qui tu dois ce sourire. Je me souviens de cette nuit où Elle est venue te chercher à l’hôtel où logeait la troupe et où suite à un de mes nombreux mensonges, vous n’aviez pu vous rencontrer ce jour là. Bien des circonstances s’étaient mêlées pour que vous ne puissiez vous voir et pourtant … quand nous avons pris de train, je voyais que tu l’attendais et j’ai vu ta déception lorsque le train est parti sans que tu puisses la revoir. Ensuite contre toute attente, malgré le bruit du train et des passagers, malgré la certitude que vous vous étiez ratés une fois de plus, je t’ai observé scrutant le paysage après le départ du train. Tu espérais encore l’apercevoir. Et c’est alors que toi seul l’a entendue crier, Elle criait ton nom, tu t’es précipité sur le bord du train et c’est là que tu l’as vue … Combien de temps ? Quelques secondes, Elle courait vers toi en hurlant ton nom, le train s’éloignait, s’éloignait mais tu fus si heureux de cette brève rencontre … Je l’ai vu, tu avais à nouveau retrouvé le sourire.

Quand elle t’a quitté pour que tu restes avec moi, j’ai vu à nouveau ce sourire disparaître et ne l’ai jamais retrouvé sur ton visage … jusqu’à aujourd’hui. Ne laisse plus jamais ce sourire te quitter Terry. Vas la rejoindre, elle t’attend ».

« Oh Suzanne ». Terry ne savait que dire, bouleversé par le récit de la jeune femme.

Il la serra dans ses bras, éprouvant pour la première fois avec un véritable sentiment sincère à son égard.

Cette dernière marque d’affection n’échappa pas à Suzanne qui ajouta pour terminer leur conversation : « Terry, je te demanderai une chose. A la naissance de chacun de tes enfants, promets moi de réserver en ton cœur en ces jours heureux, une petite pensée pour moi. Je n’aurai jamais d’enfants et j’aimerais me trouver un peu dans chacun des tiens ».

« Je te le promets, adieu Suzanne ».

Et Terry l’embrassa sur la main avec tout l’amour et la reconnaissance qu’il aurait voulu lui témoigner en cet instant.

Chapitre 8

Pour ne plus jamais te quitter

 

L’hiver était revenu et Candy, de retour au foyer Pony, venait en aide à Mademoiselle Pony et Sœur Maria dans les rudes tâches de récolte de bois et déblayage de neige.

Elle tenait également à faire découvrir à tous les petits pensionnaires les joies de l’hiver que sont le traîneau, les batailles de boules de neige et les bonhommes.

Cet après-midi là, elle avait emmené un groupe d’enfants en forêt et chacun avait pu s’adonner à sa discipline hivernale favorite.

Le goûter avait été pris dans la neige et le soir tombant, Candy pria les enfants de rassembler leurs affaires, il était l’heure de rentrer au foyer.

Marchant gaiement sur le sol enneigé, les enfants avaient entamé un refrain d’hiver évoquant, la neige, le froid, l’hiver et les fêtes de Noël qui approchaient à grands pas.

C’est alors qu’approchant de la maison, Candy aperçu une silhouette sur la colline toute proche qu’elle aurait pu reconnaître entre mille.

« Terry !!!!!!! »

Et elle courut vers lui.

« Candy !!! »

Ils coururent dans les bras l’un de l’autre et sous la neige tombant, échangèrent un long baiser.

« Oh Terry, comme tu m’as manqué mon amour »

« Et toi si tu savais … »

Terry regarda Candy un sourire aux lèvres qu’elle ne lui avait encore jamais vu auparavant.

« Mademoiselle Candice Neige André, voulez-vous devenir ma femme ? »

Candy resta sans voix.

« Terry … Terry, oui je le veux … »

Chapitre 9

Retour de flammes

 

Eliza Legrand, comme chaque matin s’éveilla très tard et sonna sa domestique afin que celle-ci lui apporte le plateau de son petit déjeuner.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, en lieu et place de la servante, ce fut son frère, Daniel, dans un état d’énervement avancé qui fit irruption dans sa chambre.

« Qu’est-ce qu’il te prend de débarquer dans ma chambre de si bonne heure ? Quelle mouche t’a piquée ? » dit Eliza à la cantonade.

« Pas une mouche, Soeurette, mais une abeille et son bourdon !!! Tu fanfaronneras moins quand tu auras lu ça !!! »

Et Daniel jeta à la figure de sa sœur le journal qu’il venait d’acheter au kiosque ce matin là.

Eliza put lire en première page un immense article orné de la photographie de deux jeunes gens qu’elle reconnut au premier coup d’œil sous le gros titre :

« Terrence Grandchester épouse son amour de jeunesse »

Et l’article disait notamment :

« L’acteur favori des New Yorkaises, Terrence Grandchester, que chacun croyait déjà sur la fin de sa carrière, renaît de ses cendres : il remonte sur les planches pour une nouvelle pièce écrite pour lui par le très célèbre Jason Adams, son ancien partenaire, reconverti désormais en écrivain. Trois représentations très attendues seront données à Broadway pour la fin de l’année mais d’ici là, Grandchester ne manquera pas d’occupation puisqu’il épousera le sept mai prochain, en un lieu tenu secret, l’amour que son cœur avait choisi sur les bancs du Collège, Mademoiselle Candice Neige André, héritière d’une des plus célèbres et influentes familles de Chicago. Terrence Grandchester et sa merveilleuse promise ne cachent pas leur bonheur et leur hâte d’être unis à jamais devant Dieu. ».

 

Eliza regarda son frère, blanche comme un linge : « La petite garce !!! Elle y est arrivée, elle l’a eu, la voilà future Duchesse de Grandchester, elle, cette ramasse – crottin !!! Et cet idiot, je pensais qu’il allait épouser l’infirme !! Comment Candy a-t-elle réussi un coup pareil ? Et si après ça on me dit qu’elle n’est pas intéressée !!! Non mais je rêve, son amour de jeunesse !!! C’est moi son amour de jeunesse !! Je la hais, elle me le paiera !! »

« Soeurette atterris !! Il ne t’a jamais regardée !! Et il paraît peu probable qu’elle te le paie ces prochains moments !! Je doute que nous soyons conviés à la noce, ensuite nos tourtereaux vogueront en direction de leur voyage de noce comme indiqué dans l’article dont tu viens de prendre connaissance et ne reparaîtront ici que pour les répétitions théâtrales de ce cher Terry ».

« Va au diable Daniel !! »

« Excellente journée ma Chère Sœur ».

Et Daniel, heureux d’avoir piqué sa sœur au vif, sorti de la chambre. Une idée avait germé dans son esprit, idée qui lui permettrait d’atteindre Candy une dernière fois.

En ce matin de mai, Terry et sa mère, accompagnés d’Archibald, s’étaient rendus de bon matin chez le tailleur, dernier essayage de costume du futur marié oblige.

Candy et Annie, quant à elles, avaient passé la matinée chez la couturière. La robe était magnifique et Candy était ravie. Elle allait vivre le plus beau jour de sa vie. En sortant du chez Madame Kathy, la couturière, Candy pria son amie de l’accompagner dans une boutique du centre ville.

« Je désire faire à Terry une surprise spéciale le jour de notre mariage et il me faut ton avis Annie »

De retour à la résidence d’Eléonore avant les filles, Archibald et Terry sirotaient une fraîche limonade sur la terrasse.

Un coursier arriva alors au jardin. Il était porteur d’un pli adressé au nom des « Futurs Mariés Grandchester – Neige ». Intrigué par cette appellation curieuse et par l’oublié du nom « André » derrière celui de sa fiancée, Terry décacheta l’enveloppe et commença la lecture de la lettre.

« Ma chère Candy,

Je suis si heureux d’apprendre que tu vas te marier avec ce cher Terry. Quelle aubaine pour toi, te voici à présent à l’abri du besoin. De fille d’écurie à future Duchesse, quelle ascension fulgurante !!! Néanmoins, je suis fort étonné Candy, je pensais que tu ferais un jour un mariage d’amour et non un mariage d’argent !! Pauvre Terry, s’il savait que tu ne l’aimes pas, quel choc il aurait !! Enfin, il pourra toujours se consoler avec l’une ou l’autre actrice, chacun sait que tous ces artistes ne sont pas des maris fidèles …

Je n’oublie pas les bons moments que nous avons passé ensemble dans les écuries du Collège ainsi que chez mes parents, chez les André et autres fantaisistes endroits … Tu ne manquais pas d’imagination ma Candy. Ta peau était si douce et ton parfum si agréable. Je sais que nulle maîtresse que je pourrais avoir ne me fera oublier nos ébats.

Si un jour ton cher mari ne répond pas à tes attentes, n’hésite pas à me joindre douce Candy.

Affectueusement,

Daniel LEGRAND »

 

Sa lecture terminée, Terry était à présent d’un calme étrange.

« Archibald, je t’emmène, allons faire une petite sortie éducative puisque ces demoiselles semblent s’éterniser »

« Où allons-nous ? » : demanda Archie, étonné.

« Tu verras bien ».

Les deux hommes grimpèrent dans le bolide de Terry qui démarra en trombe. Il ne dit pas un mot jusqu’à la demeure des Legrand.

Archibald, surpris de la destination de « leur sortie éducative », ne put taire son étonnement.

« Mais Terry, pourquoi vient-on ici ? ».

« Pour ça … ». Et Terry sorti de sa poche la lettre ordurière de Daniel qu’il tendit à Archibald.

Lorsque celui-ci acheva sa lecture, il était, contrairement à Terry, rouge de colère : « L’ordure … Il n’y a pas d’insultes suffisantes à ce moins que rien ».

« Viens Archie, le cas échant, tu calmeras mes ardeurs parce que je crois que je vais le tuer »

Et Terry sorti de sa voiture pour aller frapper à la porte de la résidence.

Une domestique vint ouvrir peut après.

« Messieurs »

« Nous désirons parler à Monsieur Daniel Legrand immédiatement »

« Je regrette, Messieurs, il est encore couché, vous aviez rendez-vous ? »

« Non mais j’exige de le voir immédiatement, réveillez le !! »

« Mais je ne peux faire cela Monsieur »

« Sans problème, alors c’est moi qui le ferai ! »

Sans ménagement, Terry écarta la domestique et entré dans la maison, hurla le nom de Daniel jusqu’à ce que celui-ci, réveillé par tant de vacarme sorti de sa chambre et paru en haut de l’escalier.

« Ah te voilà espèce de salopard, descends » : lança Terry à la vue de Daniel.

Mais Daniel fanfaronna en descendant l’escalier : « Ca ne va pas la tête de débarquer chez les gens de si bon matin ? Qu’est ce qu’il te prend Grandchester ? »

« J’exige des explications sur la missive que j’ai reçu à mon domicile ce matin »

Et Terry, menaçant, brandit la lettre qu’il avait reçue.

« Je ne comprends pas Terry, cette lettre ne t’était pas destinée, je m’adressais à Candy. Il est regrettable que tu l’aies lue. Enfin, tu peux maintenant savoir ce que tu t’apprêtais à épouser »

Avant que Daniel puisse se rendre compte de ce qui lui arrivait, Terry lui assena un magistral coup de poing en pleine figure et s’apprêtait à continuer son avalanche de coups s’il n’avait été retenu à cet instant par Archibald. Celui-ci, bien que plus amusé qu’autre chose par son piteux cousin écroulé en plein milieu de son hall d’entrée, n’aurait pas voulu que Terry s’attire quelque ennuis en corrigeant cet individu qui n’en valait pas la peine.

« Je sais parfaitement qui je vais épouser et je n’ai que faire de ton opinion Daniel Legrand. Tu n’es qu’une ordure, une petite frappe. Tu n’as cessé de torturer Candy durant des années jusqu’au jour où tu as vu en elle la femme merveilleuse qu’elle était devenue. Là tu as essayer de te racheter mais évidemment, elle n’a jamais voulu de toi. Toute ta vie toi et ton affreuse sœur ne serez que de la graine de crapule. Je veillerai à ce que Candy soit heureuse. Je serai un mari aimant, affectueux et fidèle. Ne t’en déplaise Daniel, ma Candy sera désormais à l’abri du besoin et de vos manigances, et un jour prochain, elle deviendra la Duchesse de Grandchester. Sa vie sera au soleil et au grand jour alors que la tienne est vouée à la méchanceté et à la mesquinerie. Bon vent Daniel, présente mes amitiés à cette chère Eliza. Et je te préviens, ne vous avisez jamais, ni l’un ni l’autre, d’intervenir encore une seule fois, de près ou de loin, dans ma vie ni dans celle de Candy, sinon je te jure que je te retrouverai et cette fois, je ne te louperai pas !! »

Terry et Archibald tournèrent les talons et quittèrent le domicile des Legrand, laissant sur le sol un Daniel fulminant mais résigné. Courageux mais pas téméraire le lascar avait compris que Terrence ne plaisantait pas.

Eliza, attirée par les bruits, n’avait rien manqué de la scène du haut des escaliers mais s’était bien gardée d’intervenir. Sa haine envers Candy était à son point culminant mais elle savait que désormais, celle-ci était intouchable. Elle avait perdu, Candy allait devenir Madame Terrence Grandchester et au décès de son futur beau-père, le Duc, elle deviendrait la Duchesse du célèbre Comté.

Chapitre 10

Le beau mariage

 

Le jour tant attendu arriva enfin.

A Lakewood, où elle résidait en attendant de convoler, Candy se préparait au départ pour l’Eglise.

Patty et Annie, ses demoiselles d’honneur, partageaient son émotion et veillaientt activement au moindre détail de la tenue de la future mariée.

Annie, qui allait fêter d’ici peu ses noces de coton, coiffait les boucles blondes alors que Patty, en fine couturière, se chargeait des derniers minuscules détails de la robe immaculée de son amie. Candy allait être la plus belle de toutes les mariées.

« Les filles, je cours à l’office » : dit Patty « Je n’ai plus une seule petite fleur et Maria devait en acheter hier. Je reviens ».

Se retrouvant seules, Candy et Annie, les deux amies de toujours, avaient du mal à contenir leur émotion : dans quelques heures, Candy, à l’instar de son amie, serait elle aussi mariée.

« Candy, il y a quelque chose que je voudrais te dire aujourd’hui ».

« Oui, Annie, qu’y a-t-il ? »

« Je suis tellement heureuse pour toi en ce jour, il y a quelque chose que j’ai sur le cœur depuis tellement d’années … je pense que c’est le bon jour pour te présenter mes excuses. »

« Tes excuses ? Que veux-tu dire ? »

Annie s’éclairci la voix : « Candy, pendant notre enfance au foyer Pony, je t’ai souvent enviée. Bien que je savais que j’étais appréciée de Mademoiselle Pony et Sœur Maria, j’ai souvent eu l’impression que tu étais aimée plus que moi et je prenais ce prétexte pour excuser le fait que j’ai ardemment désiré être adoptée.

Ensuite quand l’occasion s’est présentée d’être adoptée par les Brighten, je n’ai pas hésité un instant à accepter leur proposition alors que je savais pertinemment que mon futur père avait une préférence pour toi. Et toi tu avais préféré rester au foyer, pour une seule raison : rester avec moi. Résultat, tu t’es retrouvée seule et a été recueillie par ces détestables Legrand ».

« Annie … »

« Attends, Candy, laisse-moi finir, j’y tiens beaucoup. Lorsque je suis venue à cette fête chez les Legrand, j’ai vu comme ces immondes garnements te traitaient et encore par mon manque de courage, j’ai préféré réagir en autruche et en égoïste. J’ai fermé les yeux sur ta situation et ne suis pas intervenue auprès de mes parents ni auprès de Mademoiselle Pony afin d’essayer d’améliorer ton quotidien.

J’ai appris comme tout le monde l’accident d’Anthony et ensuite son décès et je savais combien il était cher à ton cœur. Une fois encore, tu n’as reçu le moindre soutient de ma part.

Quand je suis arrivée au Collège, je t’ai snobée Candy, j’ai fait celle qui ne te connaissait pas. C’était horrible de ma part. Et toi, tu ne m’en as même pas voulu un seul instant.

C’est à toi que je dois mon bonheur avec Archibald.

Enfin pour couronner le tout, je me suis bien rendue compte à quel point tu as été malheureuse lorsque tu t’es séparée de Terry, tu tenais tant à lui ; mais une fois encore, je n’ai pas l’impression de t’avoir soutenue dans cette épreuve une seule seconde.

Candy, je te demande pardon aujourd’hui car tu as enfin trouvé le bonheur que tu mérites. Je me suis longtemps maudite de t’avoir volé ton destin mais si les choses avaient été différentes, tu n’aurais peut-être pas rencontré cet homme qui te rend si heureuse et qui va tout à l’heure devenir ton mari. Je suis lâche, ces excuses viennent bien trop tard mais elles sont sincères ».

Candy, émue, regardait les grands yeux bleus, humides de larmes, de son amie.

« Annie, notre destin était écrit et les choses devaient se passer comme ça. Je t’aime comme tu es. Ta présence à mes côtés m’a toujours fait uniquement bonheur et joie et l’impression que j’existais pour quelqu’un. Tu n’as pas à te sentir coupable de quelques tourments de ma vie. Je les considère aujourd’hui comme des expériences, des apprentissages. Ma vie n’est et ne sera avec Terry que la vie de l’amour. Et toi, tu fais partie de moi, tu es ma petite sœur de toujours et je ne veux pas que tu changes. Je t’aime trop et je te remercie pour tout ce que tu m’as apporté ».

« Oh Candy, moi aussi je t’aime ».

Et les deux amies se tombèrent dans les bras, tout à leur émotion, jusqu’à ce que Patty réapparaissent avec ses petites fleurs blanches.

******

L’heure tant attendue arriva enfin.

Terrence, impeccable dans son smoking noir, fleurs en mains, accompagné de ses garçons d’honneur, Archibald et Albert, se tenait dans le hall de la propriété de Lakewood en bas des marches du grand escalier, lorsque Candy, avec Patty et Annie, apparu.

Ce fut comme dans un rêve. Ils savaient chacun qu’ils allaient vivre le moment le plus émouvant de leur vie.

« Terry, je t’aime tellement » : se dit Candy en regardant son futur mari, si beau, si élégant. Il serait à elle pour la fin de leurs vies.

« Candy, tu es si belle mon amour, comment avons-nous pu envisager nos vies l’un sans l’autre ».

Elle descendit les marches de la résidence et prit le bras d’Albert qui la conduirait à l’autel.

Terry monta dans la limousine aux côtés de sa mère.

******

De nombreux invités et journalistes se pressaient déjà à l’entrée de l’église lorsque les voitures apparurent au bout de la rue. Le mariage de Terrence Grandchester était l’évènement à ne pas rater.

Candy fut incapable de savoir combien de personnes étaient présentes ce jour là pour assister à leur union lorsqu’elle sortit de la limousine et au bras d’Albert, avança jusqu’aux portes de l’église et ensuite jusqu’à l’autel. Il lui semblait que des milliers de personnes avaient les yeux tournés vers elle en cet instant. Mais parmi la foule, elle put cependant distinguer Mademoiselle Pony et Sœur Maria accompagnées des enfants du foyer, tous parés de leurs plus beaux atours ; plusieurs de ses anciennes collègues infirmières, Tom et son père, Suzanne Marlowe, qui lui adressa à sa plus grande joie un sourire chaleureux et sincère et le Duc de Grandchester, le papa de Terry, qui avait expressément fait de voyage d’Angleterre pour assister au bonheur de son fils.

La bénédiction se déroula comme sur un nuage pour Terry et Candy, ils s’apprêtaient, devant Dieu, à s’unir à jamais.

Vint alors le moment de prononcer leurs vœux et Terry fut le premier à prendre la parole.

« Candice, depuis ce jour où nous nous sommes rencontrés ma vie n’aura été en ta compagnie que joie et bonheur. Je promets de t’aimer, de te servir tout au long de ma vie et ce, jusqu’à ce que seule la mort nous sépare ».

« Terrence, il m’est impossible de trouver les mots décrivant l’amour que je te porte. Je promets de t’aimer, de te servir tout au long de ma vie et ce, jusqu’à ce que seule la mort nous sépare ».

Le prêtre reprit alors la cérémonie :

« Monsieur Terrence Graham Grandchester, voulez-vous prendre pour épouse Mademoiselle Candice Neige André, ici présente ? »

« Oui je le veux »

« Mademoiselle Candice Neige André, voulez-vous prendre pour époux Monsieur Terrence Graham Grandchester, ici présent ? »

« Oui je le veux »

« Je vous déclare alors mari et femme » : conclu le prêtre. Puis s’adressant à Terry seul : « Vous pouvez embrasser la mariée ».

******

Les mariés sortirent de l’église sous une pluie de riz et d’applaudissements de la foule.

Mademoiselle Pony et Sœur Maria ne pouvaient contenir leurs larmes : leur petite Candy abandonnée quelque vingt années plus tôt dans la neige au pied d’un arbre venait de devenir Lady Grandchester, future duchesse et épouse d’un des plus célèbres et séduisants acteurs du moment.

Annie, Patty, Archie et Tom ne cachaient pas leur émotion.

Albert, quant à lui, eut une sensation plus paternelle : il avait amené sa douce protégée à bon port, là où un époux aimant pourrait la choyer jusqu’à la mort.

Eléonore vaincue par l’émotion ne pouvait que verser des larmes de joie, remerciant le ciel du bonheur de son fils.

Seuls deux paires d’yeux, que la curiosité avait emmené jusqu’à la paroisse ce matin là, fusillaient de très loin le couple d’un regard noir : c’était Eliza et Daniel Legrand. Candy était désormais hors d’atteinte.

Suivi la réception chez Eléonore, avec son repas et son bal magiques, où tous avaient été conviés.

Candy et Terry remercièrent chaleureusement tous leurs invités d’être présents avant d’entamer la première valse rituelle sous les regards admiratifs.

Le Duc de Grandchester eut un petit pincement en admirant la nouvelle Madame Grandchester : quelle digne héritière du titre de Duchesse, toute la beauté et la douceur associées. Sa descendance allait être assurée, à sa plus grande joie.

La fête dura jusqu’à tard dans la nuit et lorsque Terry, observant la fatigue de son épouse, épuisée par cette journée riche en émotions, pria les quelques invités demeurant encore au salon de les excuser.

Il prit sa femme dans ses bras et l’accompagna dans sa chambre désormais devenue la leur.

Ce qu'il se passa cette nuit là dans l'immense lit blanc, devenu les mille et une nuits de Candy et Terry, ne fut connu que d'eux seuls ... c'est le secret de leur amour.

Chapitre 11

Mon amour à jamais

 

Nos amoureux quittèrent les Etats-Unis la semaine suivante pour un long voyage de noces direction l’Ecosse. Ils y avaient tant de bons souvenirs du mémorable été de leur adolescence au Collège qu’ils désiraient y retourner avant d’entamer le nouveau chapitre de leur vie.

Les époux Grandchester – Neige André revinrent au pays à la mi-octobre afin que Terrence puisse se consacrer aux répétitions de la pièce de théâtre inspirée de sa vie et qui devait être présentée en grande première à Broadway pour Noël.

La raison supplémentaire du retour au pays de nos héros était que leur foyer allait bientôt compter une personne supplémentaire. En effet, la charmante Lady Grandchester en était déjà à son cinquième mois de grossesse et le repos commençait à lui être recommandé. Terry en mari prévenant veillait sur son épouse comme sur un trésor précieux et Candy vivait les moments (jusque là) les plus heureux de son existence.

Les représentations de Terry furent couronnées de succès. Le public fut au rendez-vous et les critiques bienveillantes. Confiant en l’avenir, il savait à qui il devait ce bonheur de tous les instants. La chance avait désormais tourné en sa faveur et en celle de sa merveilleuse épouse. Il remerciait chaque jour le ciel de la lui avoir fait rencontrer.

Le quatorze février, jour de Saint-Valentin, Terry donnait l’ultime représentation de la pièce clôturant ainsi la saison d’hiver de Broadway. Madame Grandchester n’avait pu exceptionnellement l’accompagner car la fin de sa grossesse l’obligeait au repos le plus complet.

A la fin du second rappel, Terry remarqua la présence d’Annie l’attendant, le sourire aux lèvres, à la sortie des coulisses.

« Annie, que me vaut ta présence ici ? Tu vas bien »

« Oui Terry, très bien merci. Il faut que tu m’accompagnes tout de suite. J’ai été prévenue il y a une heure par Maria de venir te chercher de toute urgence. Candy est partie à l’hôpital. Le bébé arrive. Ta mère l’a accompagnée mais elle te réclame. Suis moi, on fonce !! »

Ne sachant que dire, Terry, suivi de près par Annie, couru à travers les couloirs prêt à renverser tout sur son passage, en direction de la sortie des artistes. Exceptionnellement, il ne prêta pas la moindre attention à la horde d’admirateurs qui se pressaient pour l’apercevoir.

Juste avant de monter en voiture, il fut interpellé par Julian Green, son journaliste de prédilection, à qui il accordait toujours ses interviews les plus importantes.

« Terrence, pourquoi cette précipitation ? S’il vous plait … »

« Julian, cette nuit je serai Papa, … »

Et Terry et Annie montèrent en voiture et foncèrent à bord du bolide rouge jusqu’à l’hôpital. Juste à temps pour l’heureux papa d’assister à l’heureux événement :

Le petit Dylan Terrence Grandchester est né ce 14 février à 23 heures, pour la plus grande joie de ses parents mais aussi celle de sa grand-mère, Eléonore, de son grand-père, le Duc de Grandchester, de sa marraine, Madame Annie Cornwell Brighten et de son parrain, Monsieur William Albert André.

Le bonheur d’être parents uni encore davantage Terry et Candy qui ne tardèrent guère à donner à leur petite merveille, une petite sœur :

Mademoiselle Annie Candice Grandchester naquit le 15 mai, deux ans plus tard, au plus grand bonheur de Suzanne Marlowe, sa marraine, devenue amie de la famille et d’Archibald Cornwell, son parrain, depuis peu jeune papa d’adorables jumeaux, Anthony et Alistair Cornwell – Brighten.

Patty et Tom s’étaient mariés et de leur union, trois solides gaillards étaient nés. Ils prendraient un jour la relève du ranch de leur père qui ne cessait de prendre de l’ampleur et représentait maintenant le plus célèbre élevage de chevaux du pays. Patty vécu la vie passionnante, proche des bêtes et de la nature, qu’elle avait toujours souhaité.

Candy et Annie vécurent heureuses chaque seconde de leurs vies entourées de leurs maris, de leurs enfants, de leurs parents et amis qui avaient assisté de près ou de loin à ces événements merveilleux. Les deux petites orphelines, abandonnées dans la neige à quelques semaines seulement, avaient pris leur revanche sur la vie.

Fin

© Fatalzmarion 2007