Après la guerre
Par Drusilla Dax

Chapitre 7

Joyeuses surprises

 

Albert et Eléonore désiraient tous deux ardemment être de bons parents pour leur petite Emma.

Emma était au septième ciel. Elle avait été adoptée légalement, et au lieu d'avoir seulement une mère, elle avait maintenant aussi un père. Elle était très attachée à la fois à Eléonore et à Albert, et elle était si absolument adorable qu'elle aida à ce que le soudain mariage de ses parents soit accepté.

La presse mentionna le mariage d'Eléonore avec un jeune homme beaucoup plus jeune qu'elle, et quelqu'un informa même les medias de l'adoption d'Emma, mais lorsque les journalistes virent Emma, au lieu d'empoisonner l'existence de l'actrice, ils tombèrent tous amoureux de la petite fille et ils finirent tous leurs séries d'articles en souhaitant bonne chance à cette nouvelle famille qui était un tel symbole de la reconstruction d'après-guerre.

Les admirateurs d'Eléonore étaient beaucoup plus calmes que les admiratrices de Terrence et lorsqu'ils découvrirent que la femme qu'ils aimaient tant s'étaient finalement mariée, les fleuristes de New York eurent énormément de travail et l'appartement d'Eléonore, où la famille résidait maintenant, commença à ressembler à une serre.

Albert était gêné parce que des hommes qu'il n'avait jamais vus l'encourageaient à rendre Mlle Baker très heureuse.

Lorsque les admirateurs d'Eléonore en eurent fini avec les fleurs et les lettres et les bristols de félicitation, Emma reçut encore plus de jouets qu'elle pensait qu'il n'en existait dans le monde entier.

Les André allaient très certainement devenir une famille très heureuse. Terrence ne serait jamais un fils pour Albert - même s'il était un grand frère pour Emma - mais les deux hommes étaient en train de devenir de véritables amis. Albert était ravi qu'Eléonore ait décidé d'adopter Emma, et qu'elle ait accepté de l'épouser parce qu'ils devenaient la famille dont il avait toujours rêvé. Il aurait toujours la possibilité de protéger et d'être près de Candy, ce qui était aussi un réel avantage.

Sa vie avait été étrange jusqu'à présent, mais Albert avait maintenant le sentiment qu'elle allait être très belle - certainement pas parfaite parce que la perfection n'était pas de ce monde, mais quelque chose d'approchant.

Lorsque Annie et Archie arrivèrent avec Emma à New York, le jeune couple décida de rester une quinzaine de jours afin de passer un peu de temps avec Candy et Terry.

Ces dames partaient faire des courses ensemble tandis que ces messieurs bavardaient en prenant un verre soit chez les André, soit chez Terrence.

Ils devenaient une famille - même s'ils ne correspondaient pas à la définition qu'en avait Madame Elroy.

Quand Annie et Archie rentrèrent chez eux, ils restèrent en contact avec leur famille du cur grâce à un échange de lettres régulier. A la Maison de Pony, Patty était désormais celle que le Postier Phillips venait voir chaque semaine. Dans la plupart des lettres envoyées par l'amie de Candy, il y avait toujours quelques lignes de Mlle Pony ou Soeur Maria.

Au printemps 1919, New York reçut deux fantastiques et magnifiques nouvelles en provenance de la Maison de Pony.

Tout d'abord, les cinq enfants qui étaient encore à l'orphelinat avaient tous été adoptés par des familles qui avaient besoin de leur donner tout leur amour après avoir souffert pendant la Première Guerre Mondiale.

Ensuite, puisque tout était si calme - même s'ils savaient tous que cela ne durerait pas, et qu'il leur faudrait accueillir de nouveaux petits orphelins - la promesse contenue dans le bouquet de mariage d'Annie que Patty avait attrapé se réalisa. Mlle O'Brian devint Mme Tommy Stone.

Les André et Terrence devaient rester en ville parce qu'Eléonore et son fils étaient sur scène tous les jours, mais Candy se rendit à la Maison de Pony où elle et Annie devinrent les demoiselles d'honneur de Patty.

Candy eut ainsi la possibilité d'organiser quelques petites choses pour son propre mariage et elle taquina tant Tommy au sujet de son amour pour Patty que le pauvre garçon passa son temps à rougir.

Candy rentra à New York, où elle s'installa dans une tranquille routine avec Terry.

Une petite fête fut organisée la nuit de la dernière représentation avant la relâche entre deux pièces. Seuls les acteurs, les employés du théâtre, une poignée de journalistes et quelques amis proches y furent invités.

M. "Baker" était complètement adopté par les camarades d'Eléonore.

Il était évident pour tous que les tendres sentiments d'Albert étaient également présents dans le cur d'Eléonore, et que leur mariage était une bonne alliance.

Certaines personnes savaient que Candy avait renvoyé Terry auprès de Suzanne même si elle était follement amoureuse de lui, et ils respectaient tous ce genre de sacrifice. Ils avaient vu que quelque chose hantait Terry, mais ils n'avaient jamais réussi à comprendre ce qui n'allait pas avec Terry jusqu'à ce qu'ils fassent la connaissance de Candy.

Le geste le plus personnel que Terry se permettait avec Candy était de lui offrir son bras, mais il y avait entre eux une alchimie que tous pouvaient voir.

Puisque Candy était invitée à la fête, Albert et Eléonore avaient engagé une nounou pour la soirée afin de s'occuper d'Emma, mais ils n'aimaient laisser leur petit ange avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, et ils n'aimaient pas ne pas passer tout leur temps libre avec elle, aussi quittèrent-ils la fête de bonne heure.

Candy et Terry rentrèrent chez eux peu de temps après.

'Il n'y a guère que le chat à la maison, mais nous avons tant de choses à préparer pour le mariage la semaine prochaine,' s'excusa Candy auprès du propriétaire du théâtre.

Le vieux monsieur sourit chaleureusement et leur dit au revoir.

Tous leur souhaitèrent un bon voyage - jusqu'à leur appartement, et jusqu'à la Maison de Pony.

Juste avant de partir, leurs amis leur dirent au revoir sous une pluie de pétales de roses blancs.

Candy rougissait, et Terry était absolument rayonnant.

Le jeune couple prit un taxi pour rentrer chez eux.

Leur chauffeur les entendit parler du mariage, et il se mêla de leur conversation. La course était plutôt agréable jusqu'à ce qu'un des pneus ne crève. Cela n'aurait été rien s'il n'était pas tombé des cordes.

Ils étaient seulement à un pâté de maisons de l'appartement de Terry, aussi leur chauffeur leur proposa de ne pas leur faire payer la course s'ils voulaient courir jusqu'à leur immeuble. Ils refusèrent de partir sans l'aider. Le chauffeur leur dit qu'ils ne devaient pas être originaires de New York et après avoir bien rit ensemble, Terry sortit dans la tempête afin d'aider le chauffeur à changer la roue. Candy les rejoignit dehors parce qu'elle se sentait coupable d'être à l'abri dans la voiture tandis que les deux hommes étaient en train de se faire tremper dehors.

Ils arrivèrent enfin devant l'immeuble de Terry, et le chauffeur refusa catégoriquement d'accepter leur argent. Il leur souhaita un magnifique mariage, et vie heureuse.

Terry et Candy étaient tous deux trempés lorsqu'ils arrivèrent à leur appartement.

Leur chat vint les accueillir, mais le délicat félin remarqua le pitoyable état de ses maîtres et prit la fuite.

Candy se mit à rire.

'Elle doit avoir raison. Nous sommes dans un triste état ! Nous devrions nous déshabiller et nous réchauffer,' suggéra Candy.

'Va chercher des serviettes dans la salle de bain, je vais allumer un feu dans la cheminée du salon,' dit Terry.

'Excellente idée !' lui répondit Candy, et elle partit chercher des serviettes.

Quand elle le rejoignit, il avait réussi à allumer un magnifique feu qui était la seule source de lumière dans la pièce.

Elle garda une serviette et lui en donna une. Ils se séchèrent les cheveux en silence.

Terry ôta sa veste. Même sa chemise était mouillée et Candy lui ordonna de l'ôter aussi.

'Candy!' la taquina-t-il.

'Cesse ce petit jeu Terrence Granchester ! Je ne veux simplement pas que tu attrapes un rhume ! T'imagines-tu en train d'éternuer tes réponses sur le juge la semaine prochaine ?' fit elle.

'Je sais, mon Coeur. Je sais,' répondit il en l'embrassant furtivement. 'Tu devrais ôter ta robe et passer quelque chose de plus confortable, nous pourrions prendre un verre devant le feu,' suggéra-t-il.

Elle lui dit de se sécher complètement, et elle partit dans sa chambre.

Il lui obéissait, ne portent plus que ses sous-vêtements quand elle revint dans la pièce, encore tout habillée.

'Qu'est-ce qui ne va pas ?' demanda-t-il.

'Ma robe est tellement mouillée que je n'arrive pas à la déboutonner. Pourrais-tu m'aider, s'il te plait ?' lui demanda-t-elle à son tour.

'Bien sûr, ma Chérie. Viens là,' dit il, se débarrassant de sa serviette sur le sofa qui était en face de la cheminée.

Terry commença à défaire les boutons de la robe de Candy aussi vite que possible afin qu'elle puisse se sécher correctement.

Il pensait qu'elle tenait sa robe.

Elle croyait qu'il la tenait.

La robe tomba sur le sol et Candy se retrouva en corset, sous-vêtements et bas le dos à son fiancé.

'Oh, mon Dieu ! Je suis désolé !' s'exclama Terry.

'Ce n'est pas grave, Chéri. Nous ne sommes pas exactement des étrangers,' lui fit-elle remarquer.

Candy fit un pas de côté afin de pouvoir attraper sa robe.

Elle se retourna, et le temps s'arrêta.

Ils étaient là, presque complètement déshabillés, et seulement à un pas l'un de l'autre.

Terry pensa qu'il allait seulement embrasser Candy une fois, mais quelques minutes plus tard ils étaient encore sur le sofa, échangeant des baisers passionnés et fougueux.

Les bas de Candy étaient mouillés jusqu'au genou, aussi Terry les détacha du porte-jarretelles et il les lui ôta, puis sécha ses jambes.

Elle haletait presque, et ce qu'il faisait n'était pas sans effet sur lui.

Terry se pencha vers elle et l'embrassa encore. Les mamelons de Terry réagirent au froid humide du corset de Candy.

'Tu devrais l'enlever,' dit Terry, sa voix trahissant son désir.

Candy hocha la tête, mais ne fit aucun mouvement pour l'ôter.

Les mains tremblantes, Terry dégrafa le corset et le jeta au loin. Comme il l'avait fait pour ses jambes, il sécha sa fiancée. La respiration de Terry n'était plus du tout régulière ; il n'y avait qu'une serviette entre ses mains et la poitrine de Candy. Sur le sofa, elle se cambrait en suivant le mouvement de ses mains sur elle.

Quand il fut certain qu'elle était sèche, il laissa tomber la serviette sur le sol. Il observait Candy.

'N'arrête pas,' gémit elle.

La gorge de Terry se serra.

'Mon cur, je ne suis pas sûr de pouvoir arrêter si nous continuons à faire ça,' dit Terry tout doucement.

'Je ne veux pas que tu arrêtes,' répondit elle. 'C'est bien trop agréable.'

'Ce n'est que la semaine prochaine que nous nous marions,' fit Terry.

'Je sais, Chéri. Disons que c'est notre répétition privée,' ronronna-t-elle en caressant ses bras et ses épaules.

'Candy, je...'

Elle le connaissait trop bien.

'Je ne vais pas le regretter, Terry. Ne t'arrête pas,' fit elle.

'Je peux attendre, tu sais,' répondit il.

'Terry... Je t'aime,' murmura-t-elle.

Ils s'embrassèrent encore.

Peau contre peau, les scrupules de Terry s'effacèrent et il la porta jusqu'à sa chambre où ils partagèrent un lit pour la première fois.

Candy savait que Terry ne lui ferait pas de mal, mais il s'efforça du mieux qu'il put de rendre l'expérience agréable pour sa compagne et ne pas lui causer de douleur.

Les rideaux étaient encore ouverts, et lorsque le jour se leva, Terry, qui était devenu l'oreiller de Candy, put voir qu'elle souriait dans son sommeil. Il l'entoura de ses bras et sourit jusqu'aux oreilles - pour une répétition, leur performance avait été presque parfaite.

Leur première nuit ensemble resta leur secret.

Le regain de protectionnisme de Terry à l'égard de Candy fur généralement attribué à la date du mariage qui se rapprochait.

Le jour où Annie et Archie devaient se rendre à la gare afin d'aller chercher les André et les futurs Granchester, ils reçurent un appel de Terry.

'Qui était-ce ?' demanda Annie.

'Terry.'

'Qu'a-t-il dit ?' s'étonna-t-elle.

'Il a dit qu'ils avaient raté le train à Chicago, et qu'ils prendraient le prochain. Nous avons deux heures de battement devant nous,' lui répondit Archie.

'Ils ont raté leur train ? Comment est-ce possible ?' demanda Annie, soudainement très inquiète.

Ils avaient une heure pour changer de train, donc quelque chose devait s'être passé.

'Terry n'a pas dit pourquoi ils avaient raté leur train, mais ça ne peut pas être à cause de quelque chose de mauvais. Il gloussait,' fit Archie.

'Glousser ? Terry ?'

Archie hocha la tête.

Annie était impatiente d'apprendre ce qui s'était passé.

Leurs amis arrivèrent par le train suivant.

Terry tenait Candy par la taille, et Emma se trouvait dans ses bras. Tous trois arboraient un large sourire.

Albert était aux petits soins pour sa femme, et Eléonore ne cessait de rougir.

'Allez-vous bien ?' demanda Archie.

Candy, Terry et Emma rirent doucement.

Albert et Eléonore hochèrent la tête.

'Que s'est-il passé ?' demanda Annie.

'Je me suis presque évanouie dans la gare alors que nous nous dirigions vers le second train que nous devions prendre,' répondit Eléonore.

'Comment vous sentez-vous ? Est-ce du surmenage ? Avez-vous besoin de repos ?' demanda Archie.

'Ils ont tous insisté pour que j'aille voir un docteur,' fit Eléonore.

'Qu'a-t-il dit ?' demanda Annie inquiète.

Eléonore et Albert rougirent encore.

'Je vais avoir un petit frère !' déclara Emma.

'Vraiment ?' s'enquit Archie.

Les André hochèrent encore la tête.

Archie se précipita vers Eléonore et la prit délicatement dans ses bras.

'C'est fantastique !' fit Archie.

Eléonore le serra dans ses bras à son tour, tandis qu'Annie se précipita dans les bras de "l'oncle William".

'Pourrons-nous être là quand tu l'annonceras au reste de la famille ?' demanda Annie.

'Tu veux voir la réaction de Madame Elroy,' ricana Albert.

'Plutôt celle d'Eliza et Neil!' fit Candy.

Archie et Annie hochèrent la tête à plusieurs reprises.

'Il va falloir faire une fête !' s'exclama joyeusement Annie.

'Ce n'est pas la peine,' répondit Eléonore, quelque peu embarrassée.

'Si ce n'est que vous, Patty et moi connaissons le même bonheur,' lui répondit une Annie souriante.

Candy couina et se précipita dans les bras de son amie.

La soirée avant le mariage de Candy et Terry fut très joyeuse dans la demeure des Cornwell.

Le jour suivant, sur la colline de la Maison de Pony, un juge était là pour marier Terry et Candy.

Mlle Pony était là avec Soeur Maria ; il y avait William, Eléonore et Emma André, Annie et Archie Cornwell, ainsi que Tommy et Patty Stone.

Ce fut une cérémonie privée très simple.

Le juge était le frère aîné de Soeur Maria et ils avaient tous deux préparé des interventions extrêmement touchantes.

Les Granchester se noyaient déjà dans les yeux l'un de l'autre avant même que le déjeuner ne soit servi.

Dans l'après-midi, Terry et Candy furent conduits en ville dans un petit hôtel tranquille où ils passeraient la nuit. Leurs amis étaient ravis de les voir si heureux, et enfin mariés.

Tandis que les futures mamans échangeaient leurs impressions sur leurs grossesses, elles ne pouvaient pas imaginer que Candy n'avaient pas osé leur dire qu'elle était peut-être aussi enceinte - c'était un secret qu'elle ne partageait qu'avec Terry.

C'était un nouveau commencement.

Candy et Terry avaient presque raté leurs vies.

Grâce à un véritable coup de chance, la possibilité de construire leur bonheur ensemble leur était enfin donnée, et c'est exactement ce qu'ils allaient faire - s'aimer, être heureux, et avoir une famille bien à eux qui ferait partie d'une plus grande famille où l'amour était la caractéristique la plus importante.

Fin

© Drusilla novembre 2005