Après la guerre
Par Drusilla Dax

Chapitre 6

Scandales et petits bonheurs

 

Maintenant qu’ils savaient qu’Eléonore obtiendrait la garde d’Emma, le futur semblait beaucoup plus souriant pour la première fois depuis bien longtemps.

‘Ne croyez-vous pas que nous devrions la réveiller ?’ suggéra Annie.

‘Puis-je y aller ?’ demanda Terry en regardant alternativement Mlle Pony et sa mère.

La vieille dame opina du bonnet avec enthousiasme, et la mère de Terry sourit.

Terry sortit de la pièce avant que quiconque – même Candy – n’ait eu la possibilité de proposer d’aller avec lui.

Du temps où il était un mauvais garçon, Terry utilisa ses dons afin de s’avancer en silence dans la petite pièce qui faisait office de dortoir dans l’orphelinat et il trouva le lit d’Emma ; là il prit sa future petite sœur dans ses bras.

Emma ne commença à se réveiller que lorsque Terry l’amena à la lumière du couloir.

La lumière sur son visage la réveilla complètement : elle était terrifiée à l’idée que quelque chose de terrible soit sur le point de se produire.

‘Qu’est-ce qui ne va pas ?’ fit-elle d’une petite voix.

Terry lui fit un câlin et dit, ‘Ne t’inquiète pas, Emma. Nous avons une bonne surprise pour toi.’

Terry entra dans la cuisine où les autres adultes les attendaient, et il déposa sa précieuse charge sur les genoux de sa mère.

Emma regarda Eléonore comme si elle était une déesse.

L’actrice regarda la petite fille comme si elle était plus précieuse que tout l’or du monde.

Elles se noyaient dans le regard l’une de l’autre tandis que les autres attendaient.

L’un de leurs témoins s’éclaircit la gorge, et Eléonore se mit à cligner des yeux en sortant de sa transe.

‘Emma, ma douce, aimerais-tu venir vivre avec moi ?’ demanda Eléonore, soudainement toute de formalité.

‘Vraiment ?’ fit la petite fille.

‘J’aimerais que tu sois avec moi à New York.’

‘Ce serait agréable d’être votre dame de compagnie, Madame,’ fit Emma.

Eléonore prit dans ses mains le visage du jeune ange assis sur ses genoux et dit, ‘Je veux que tu deviennes ma fille.’

Presque en même temps, Emma prit une profonde respiration, laissa couler de grosses larmes sur ses joues, et se cacha dans le corsage d’Eléonore.

‘Emma ?’ demanda Eléonore, quelque peu inquiète.

Elle renifla bruyamment et lança un regard plein d’espoir à sa mère potentielle.

‘Emma ?’ répéta Eléonore.

‘C’est… Est-ce un rêve ?’ demanda l’orpheline.

Eléonore aurait pu répondre que c’était un rêve devenu réalité, mais elle ne voulait pas troubler Emma.

‘C’est la réalité. Grâce à William je peux bientôt devenir ta tutrice, puis ta mère, mais je tenais à être certaine que c’est ce que tu veux.’

Pour la première fois depuis son arrivée dans la pièce, Emma regarda les autres personnes présentes.

Mlle Pony et Soeur Maria étaient à la fois rayonnantes et sur le point de se mettre à pleurer.

Annie, Archie et Patty étaient dans les bras les uns des autres et ils souriaient.

Albert regardait Eléonore et Emma avec quelque chose dans le regard que la petite fille ne pouvait pas nommer, mais qui la fit se sentir heureuse.

Candy et Terry souriaient jusqu’aux oreilles.

‘Vraiment ?’ répéta Emma.

Elle avait cru si longtemps qu’elle resterait à la Maison de Pony jusqu’à ce qu’elle soit en age d’être envoyée quelque part pour travailler qu’elle avait grand peine à croire qu’elle n’était pas en train de rêver.

‘Oui, Emma. J’aimerais que tu deviennes ma fille. Puis-je dire à William de contacter ses avocats pour qu’ensuite Annie et Archie te conduisent à moi à New York d’ici quelques semaines ?’

Emma fit ce que font tous les orphelins de la Maison de Pony lorsqu’ils ont un doute et elle se tourna vers son Boss.

Candy lui fit un clin d’oeil, et ce fut suffisant pour Emma, qui se jeta au cou d’Eléonore et entoura sa mère de ses bras.

Eléonore avait un besoin d’amour égal à celui d’Emma, et elle serra la petite fille tout contre son coeur.

Eléonore était tentée de demander à Mlle Pony et Annie de lui laisser garder Emma avec elle pour la nuit, mais elle savait qu’il serait extrêmement pénible pour son petit ange d’être ramenée ensuite à l’orphelinat, aussi se contenta-t-elle de ramener Emma à son lit avec l’aide de Terry.

Eléonore la borda, et Terry baisa le front de sa soeur, ce qui lui fit très plaisir.

Eléonore donna son écharpe à Emma, lui caressa les cheveux, et lui souhaita de faire de beaux rêves.

Emma pensait qu’elle ne serait jamais capable de se rendormir, mais elle retrouva bien vite le chemin du pays des rêves.

Le jour suivant, tous les orphelins apprirent la bonne fortune d’Emma, et cela les rendit aussi heureux que s’ils avaient été eux-mêmes adoptés. Si une grande fille de neuf ans comme Emma pouvait être adoptée, alors tout pouvait arriver.

Le bonheur de Candy leur faisait aussi très plaisir, et même s’ils étaient tristes à l’idée de voir Candy les quitter, si sa vie pouvait devenir à ce point heureuse, alors cela les rendait encore plus heureux. Ils étaient peut-être des orphelins, mais il y avait de l’espoir, et c’était vraiment très important.

Regarder les adultes se disputer pour des bêtises était également très drôle.

Tout d’abord, pas un n’était d’accord sur l’endroit où Candy devrait rester à New York pendant qu’elle n’était que fiancée à Terry.

Annie et Patty voulaient seulement que leur meilleure amie soit enfin heureuse.

Archie et Albert pensaient à la réputation de Candy et ils pensaient qu’elle devrait résider près de Terry, mais pas chez lui.

Eléonore avait un peu peur que des journalistes et les admiratrices de Terry ne les importunent.

Ils étaient de nouveau dans la cuisine, et Terry prit la main de Candy.

‘Il y a une chose que vous oubliez,’ fit Terry.

Ils se tournèrent tous vers lui.

Terry s’éclaircit la gorge et dit, ‘Nous nous sommes presque perdus l’un l’autre et nous aurions été misérables toute notre vie. Comment pouvez-vous imaginer que nous puissions vivre séparés ?’

Candy caressa la main de main de Terry avec son pouce.

‘Que vont dire les gens ?’ demanda Archie.

‘Archie,’ répondit Candy d’une voix douce, ‘on m’a jugée toute ma vie, quoi que je fasse. Je veux juste être heureuse maintenant. Si cela veut dire que certains vont se permettre de commenter mon choix, qu’il en soit ainsi.’

Albert soupira, mais il devait admettre que Candy avait raison. Il y aurait toujours des gens pour faire des commentaires et pour la juger, aussi ferait-elle bien de ne pas se préoccuper de ce qui serait dit et de savourer son bonheur avec son fiancé.

‘Votre appartement est-il assez grand, Terry ? Ou pourrais-je vous aider à en trouver un autre plus grand ?’ offrit Albert.

‘C’est très gentil, mais j’ai eu la chance de trouver un appartement incroyablement grand, et Candy aura bien assez de place pour elle toute seule,’ déclara Terry.

‘Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je veux que vous me contactiez,’ fit Albert.

Terry hocha la tête, et Candy fit un large sourire.

‘Il faudra que vous vous entendiez avec le chat,’ ajouta Eléonore.

‘Mère !’ s’exclama Terry, tout en sachant qu’elle le taquinait.

‘C’est une peste,’ Eléonore dit à Candy dans un faux aparté.

Candy rit doucement.

‘Je crois que je peux faire face à un chat,’ répondit Candy.

‘Vraiment ?’ la taquina Terry.

‘Si j’arrive à m’occuper de toi, ton chat devrait être une partie de plaisir,’ répliqua Candy.

Terry cligna des yeux, puis rougit, et finalement sourit jusqu’aux oreilles.

Leur bonheur réchauffait le cœur de leurs amis.

‘Nous pourrions présenter Candy comme la nounou d’Emma quand nous sortirons,’ suggéra Eléonore.

‘Cela calmera peut-être certains journalistes,’ concéda Albert.

‘Mais pas tous, et il y a certaines personnes qui voudront tout savoir de Candy,’ ajouta Terry.

‘Tu as vraiment tant d’admiratrices ?’ demanda Annie.

Terry rougit de nouveau.

‘Oh, oui !’ répondit Eléonore.

‘Ce n’est pas étonnant,’ commenta Archie.

Ses amies le regardèrent bizarrement.

‘Quoi ? Je l’ai vu jouer, il est excellent !’ ajouta Archie.

‘Merci,’ marmonna Terry.

‘Et absolument splendide,’ ajouta Patty dans le seul but de taquiner Terry.

Les joues de Terry redevinrent immédiatement rouges.

Eléonore et Candy pouffèrent discrètement.

A cet instant, le lien entre les deux femmes s’intensifia. D’amies, elles devinrent parentes.

‘Je sais que vous pouvez faire face à tout ensemble,’ déclara Mlle Pony.

Le jeune couple se mit à rayonner.

Ils commencèrent tous à préparer le voyage de retour à New York.

Albert offrit de les conduire jusqu’à la gare et cette offre fut acceptée avec joie.

Emma était très triste de voir sa mère partir, mais Eléonore lui avait dit que ce ne serait que d’ici quelques semaines elles seraient ensemble pour toujours. Elle avait également dit qu’il fallait qu’elle fasse quelques changements dans son appartement afin qu’Emma ait sa propre chambre et cela avait rendu la petite fille très heureuse.

Elle aurait été tout aussi heureuse si Eléonore avait été fermière ou couturière ; ce dont Emma avait besoin par-dessus tout, c’était d’amour.

Eléonore Baker était une célèbre comédienne et elle s’apprêtait à lui donner une place au coeur d’un conte de fée devenu réalité. Emma savait qu’elle pourrait attendre d’aller à New York sans pleurer comme une madeleine. La vie allait enfin être agréable, et quand Eléonore et Candy seraient parties, Emma aurait Patty avec elle pour l’aider et lui tenir compagnie.

Puisque Candy quittait finalement la Maison de Pony, Patty avait décidé de la remplacer : ce serait un très bon entraînement avant qu’elle ne remplace Mlle Pony à plein temps.

Le jour où Candy, Terry, Eléonore et Albert durent partir pour New York arriva enfin.

Les au revoirs furent très touchants, mais absolument pas tristes.

Albert conduisit lui-même sa voiture.

Au départ, Terry était assis à l’avant avec lui, mais après leur pause déjeuner, ce siège fut occupé par Eléonore.

Bercés par le ronron du moteur et rassurés par la présence de l’autre, les fiancés ne tardèrent pas à s’endormir.

‘J’ai demandé à Candy ce qu’elle aimerait pour le mariage, et je crois que nous avons maintenant une bonne occasion de planifier deux ou trois choses pour les enfants,’ fit Eléonore lorsqu’elle fut certaine que leurs deux passagers à l’arrière s’étaient endormis et ne l’entendraient pas.

‘Vous avez fait croire à Candy que vous laissiez Terry s’asseoir à côté d’elle afin de pouvoir préparer leur mariage en fait,’ s’étonna Albert.

‘Mais, bien évidemment. Terry est mon fils, mais il peut être si désorganisé.’

Albert rit doucement tandis qu’il regardait la femme assise à côté de lui.

‘Suis-je trop rusée pour vous, William ?’ demanda-t-elle avec un sourire.

‘Pas du tout, Eléonore, il est logique qu’une femme aussi brillante que vous s’inspire de certains des personnages qu’elle interprète sur scène. En fait, je trouve ça drôle que nous soyons les parents en train de planifier le déroulement de la cérémonie,’ expliqua Albert.

‘En fait, mon cher, vous êtes trop jeune pour être le père de Candy, mais j’ai mis Terry au monde il y a vingt-et-un ans. Presque vingt-deux,’ dit-elle.

Ne quittant pas la route des yeux un seul instant, Albert demanda, ‘Quel âge avez-vous ?’

Elle pensa qu’elle pourrait grandement l’embarrasser si elle décidait de le taquiner, mais elle n’avait pas envie de lui faire ça. Il avait toujours été gentil, et elle ne voyait pas pourquoi elle devrait le torturer. En vérité, elle appréciait beaucoup sa compagnie.

‘Trente-huit,’ répondit-elle, tout en le regardant afin d’observer sa réaction. ‘Si cette information est jamais publiée, vous aurez des problèmes.’

‘Je ne trahirais jamais la confiance que vous avez en moi,’ répondit-il.

‘Je sais.’

Lorsque Albert lui dit qu’il avait vingt-huit ans, Eléonore pensa qu’il ne faisait que lui rendre la politesse et elle n’y prêta pas vraiment attention.

Après cet échange quelque peu étrange et embarrassant, ils commencèrent à planifier le mariage. Entre le travail de Terry et toutes leurs diverses obligations, ils conclurent que le mieux serait que le jeune couple soit fiancé pendant au moins six mois.

Quand Candy et Terry se réveillèrent, Terry dit qu’il n’avait pas de désir particulier pour la cérémonie en elle-même, et Candy fut d’accord pour que le mariage soit organisé en été.

Quand ils arrivèrent à la gare, Albert décida de les accompagner jusqu’au bout, afin de pouvoir continuer à s’occuper des détails avec Eléonore.

Les deux femmes partagèrent un compartiment, tandis que Terry et Albert se retrouvèrent dans un espace fermé où ils étaient seuls pour la première fois depuis les fiançailles.

Eléonore et Candy s’entendaient merveilleusement bien.

Les choses étaient quelque peu différentes du côté de ces messieurs – quelque peu plus tendues. Cela prit fin quand Albert dit qu’il espérait que Terry serait un parfait gentleman avec Candy et que Terry répliqua qu’il espérait qu’Albert serait un parfait gentleman avec sa mère.

Albert en resta bouche bée.

‘Je ne suis pas contre, Albert, mais si vous la faites pleurer, vous êtes mort,’ Terry déclara, avant de s’endormir.

Albert n’avait pas réalisé qu’il était quelque peu attiré par Eléonore jusqu’à ce que Terry ne lui ait mit les points sur les i. En conséquence, le pauvre homme dormit à peine et se tourna et retourna dans sa couchette une grande partie de la nuit.

Albert était perdu – à plus d’un niveau.

Enfin arrivés à New York, Eléonore rentra chez elle, Candy et Terry allèrent à son appartement, et Albert emménagea dans l’un des immeubles qui appartenaient à sa famille.

En à peine quelques jours, la chambre pour Emma fut prête, et Albert était sur le point de devenir – pour le plus grand amusement de Terry – un New-Yorkais.

Il y eut un moment un peu gênant entre Candy et Terry quand ils franchirent finalement le seuil protecteur de l’appartement de Terry, parce que cela marquait le début de leur vie commune. Le chat de Terry vint à leur aide lorsqu’elle s’avança majestueusement dans le couloir afin de voir qui osait s’aventurer sur son territoire. Candy s’accroupit, et le chat et la nouvelle maîtresse de la maison s’apprivoisèrent l’une l’autre à merveille.

Quelques nuages vinrent troubler leur bonheur, mais à chaque fois ils parvinrent à régler les choses pour le mieux.

Le premier scandale, ou presque, concerna Terry et Candy.

Bien que cela soit une véritable torture pour eux deux – mais particulièrement pour Terry – ils s’étaient mis d’accord pour être raisonnables avant leurs mariages. Tandis que Candy dormait dans la grande chambre, Terry dormait dans la chambre d’amis. La bonne qui travaillait dans l’immeuble de Terry pensa qu’il s’agissait d’une ruse et qu’ils dormaient en fait ensemble. Quand un des voisins de Terry lui dit qu’il avait beaucoup de chance, il lui demanda pourquoi.

Le cri de rage que poussa Terry fut entendu dans tout l’immeuble, et les autres locataires purent clairement entendre qu’il était absolument ignoble ne serait-ce que d’imaginer que Mlle Candice Neige André n’était pas l’incarnation parfaite d’une lady, et qu’il pourrait ternir sa réputation. Terry voulait renvoyer la jeune bonne trop bavarde, mais Candy parvint à le convaincre de lui donner une autre chance. Terry accepta à regret, et ce fut la dernière fois que la bonne fit un commentaire quelconque sur ce qui se passait, ou pas, dans cet appartement.

Le retour de Terry en ville marqua le début d’une série d’articles sur sa fiancée, et Candy eut l’occasion de constater par elle-même combien Terry avait d’admiratrices.

Un jour où le couple se promenait, une de fans de Terry s’avança vers lui et ignorant complètement Candy, elle lui demanda pourquoi il avait choisi quelqu’un qui n’était pas digne de lui.

Terry aurait pu exploser comme il l’avait fait dans son immeuble, mais il ne pouvait pas se permettre de faire un scandale dans la rue. Il eut donc recours au mensonge et à la ruse, et il troubla tant la pauvre femme qu’elle finit par s’excuser, et lui souhaiter – ainsi qu’à Candy – tous les bonheurs du monde, maintenant qu’ils pouvaient tous deux être heureux. Par la suite Terry expliqua à Candy que c’était un truc que sa mère lui avait appris : il avait utilisé une combinaison de personnages afin de s’extirper d’une délicate situation sur la scène de la vie de tous les jours. À partir de ce jour-là, Candy vint aux répétitions avec des livres empruntés à la bibliothèque municipale.

Le troisième incident aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus terribles.

Quelques fonctionnaires vinrent vérifier qu’Eléonore Baker ferait une bonne mère pour Emma. Malheureusement, Albert avait dormi dans un lit de camp improvisé car ils avaient parlé jusque tard dans la nuit à propos d’Emma et du mariage.

Les gens qui avaient envahi l’appartement d’Eléonore étaient déjà en train de se préparer à lui refuser la garde complète de la jeune orpheline, et il n’y aurait rien eu que les avocats d’Albert auraient pu faire afin d’empêcher cela.

‘Mais nous ne faisions que préparer le mariage,’ une Eléonore abasourdie objecta faiblement.

‘Mariage ?’ fit l’un des intrus.

Albert vit là la seule opportunité d’aider Eléonore et de la tirer de la terrible situation dans laquelle elle se trouvait à cause de lui, même s’il n’avait pas voulu causer tant de torts.

‘Notre mariage,’ déclara-t-il en prenant la main d’Eléonore.

‘Oh, alors, si vous prévoyez de donner une famille décente à l’enfant, nous n’avons plus qu’à vous féliciter,’ fit un de leurs visiteurs.

Eléonore en tressaillit, mais Albert ne lâcha pas sa main.

Quelques clichés plus tard, Eléonore reçut l’assurance qu’elle et son mari obtiendraient la garde d’Emma dès qu’une copie de leur certificat de mariage parviendrait à leur service. Puis ils partirent enfin.

Eléonore était abasourdie.

Albert s’agenouilla devant elle et demanda, ‘Voulez-vous m’épouser ?’

‘Ce n’est pas juste pour vous.’

Albert rit doucement et baisa sa main.

‘Voulez-vous m’épouser ?’ répéta-t-il.

Elle hocha la tête.

‘Si vous ne rêvez pas d’un grand mariage, nous pourrions nous marier demain,’ suggéra-t-il.

‘Pourquoi ?’

‘Nous pourrions câbler à Annie et Archie d’aller chercher Emma.’

Le regard d’Eléonore s’illumina, et avant midi le jour suivant, elle devint Mme William André.

À suivre...

© Drusilla novembre 2005