Après la guerre
Par Drusilla Dax

Chapitre 3

Questions

Albert pleurait.

Il relâcha son étreinte et Candy se retrouva entre Terry et Albert. Elle se sentait prête à défaillir, mais non pas parce qu'elle se sentait faible, ou bien encore malade. La jeune femme voulait simplement que ce cauchemar prenne fin. Elle se sentait trop fatiguée pour faire face à cette situation.

'Quand je me suis arrêté en ville, on m'a dit à quel point tu avais été malade. Es-tu hors de danger maintenant ?' demanda Albert.

Candy hocha la tête.

'Le docteur a dit qu'elle devait se reposer beaucoup, mais qu'elle était sauvée maintenant,' fit Terry en regardant Albert.

Ce dernier prit la main de Terry et la serra chaleureusement en disant, 'Merci, Granchester. Je suis heureux de constater que Candy a été entourée de tous ses amis.'

Le sixième sens de Terry lui disait que la présence d'Albert n'était pas une bonne chose ; de plus, cela reportait encore sa discussion avec Candy. Il y avait aussi quelque chose dans le regard d'Albert quand il regardait Candy qui mettait Terry très mal à l'aise.

Terry ne dit pas un mot.

Albert était si ravi que son adorable Candy soit presque guérie qu'il ne remarqua pas que les deux autres occupants de la chambre étaient très calmes et silencieux.

Candy sentit Terry se raidir encore plus et elle se blottit contre lui.

'J'ai eu si peur quand je n'ai pas reçu de lettre de toi. Les jours ont passé et quand j'ai entendu parlé de l'épidémie, j'ai pensé que tu devais être très occupée à soigner des gens. Au bout d'une semaine, j'ai su que quelque chose n'allait pas. Je l'ai senti. Nous avons partagé tant de choses dans nos lettres, alors quand je n'ai reçu de toi pas même une note qui m'aurait dit à quel point tu étais occupée, cela ne pouvait vouloir dire que quelque chose n'allait pas,' expliqua Albert.

'En fait, j'ai dû me surmener et j'ai attrapé la grippe. Je suis désolée que tu te sois inquiété,' Candy murmura doucement.

Albert essaya de la prendre dans ses bras, mais elle était encore blottie contre Terry et ce dernier n'était pas disposé à renoncer à ce privilège.

Albert les regarda et fit, 'J'aimerais m'entretenir avec Candy. Pourriez-vous nous laisser un instant, Granchester ?'

Terry ignora Albert, mais Candy le regarda et hocha imperceptiblement la tête.

Avec grand soin, Terry installa Candy confortablement contre ses oreillers. Il envisagea de lui baiser le front tandis qu'il se levait, mais il n'osa pas.

Terry avait l'étrange impression qu'il n'aimerait pas le sujet de la discussion qu'Albert voulait avoir avec Candy. L'estomac noué, il quitta la pièce, prit son manteau et sortit.



Patty, Annie et Archie avaient accueilli Albert à la Maison de Pony à son arrivée.

Archie n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait, mais dès qu'Albert était entré dans la chambre de Candy, Archie avait remarqué les regards inquiets que sa femme avait échangés avec Patty et il demanda ce qui n'allait pas.

Les deux jeunes femmes l'entraînèrent dans la cuisine de l'orphelinat, où Mlle Pony et Soeur Maria étaient déjà occupées à préparer le déjeuner.

Là, après un silence gêné et encore d'autres regards embarrassés, Annie expliqua que la réaction de l'Oncle William ne pouvait avoir qu'une seule et unique explication logique. Voyant que son mari ne comprenait pas, tandis que les deux autres femmes, pour qui c'était une nouvelle, avaient compris en un instant, Annie lui dit qu'il était très certainement amoureux de Candy. Ils savaient que cela allait entraîner encore de nouvelles complications dans la vie de Candy.

Patty déclara que Candy était très profondément attachée à Albert, mais seulement en tant qu'ami. Elle ajouta qu'elle ne l'avait jamais vraiment considéré comme un parent. Non... Albert était un confident.

Ils conclurent tous que la vie devait avoir décidé de jouer un sale tour supplémentaire à la pauvre Candy.

Ils entendirent tous quelqu'un sortir de l'orphelinat et Annie, qui était assise à côté de la fenêtre, leur dit qu'il s'agissait de Terry.

'Nous devrions peut-être aller le rejoindre, ne pas le laisser tout seul,' suggéra Patty.

Archie fit signe que non et s'expliqua, 'C'est de Granchester que nous parlons. Il ne vous dira pas un mot.' Il s'interrompit, regarda sa femme, qui avait l'air d'être sur le point de pleurer, et il soupira. 'Je vais y aller et voir s'il est d'humeur à discuter avec un autre homme.'


Pas un mot ne fut prononcé lorsque Archie quitta la cuisine.

Les actions du jeune homme étaient presque mécaniques. Il enfila son manteau, ouvrit la porte et se dirigea vers Terry, qui était assis sur le billot à côté du tas de bois pour l'hiver. Archie ne savait pas quoi dire.

Terry le vit arriver, mais il ne partit pas. Il n'était pas exactement ravi de cette invasion, mais cela ne lui importait pas vraiment non plus (peut-être parce qu'il savait qu'Archie était l'un des plus proches amis de Candy, ce qui le rendait précieux par conséquent).

'Vous ne fumez pas, par hasard ?' demanda Terry.

Archie fit non de la tête et s'assit à côté de Terry.

Ce dernier grommela et dit, 'Pouvez-vous imaginer que j'ai arrêté de fumer à cause d'elle et que maintenant j'ai envie d'une cigarette. J'ai envie de sentir la fumée remplir mes poumons, alors même que je sais qu'elle me sermonnerait pour ça !'

'C'est peut-être pour ça que vous voulez fumer,' suggéra Archie.

Terry le regarda comme s'il était subitement devenu fou, ce qui poussa Archie à s'expliquer plus clairement. 'Vous voulez peut-être qu'elle vous sermonne, parce qu'alors ça prouverait qu'elle tient encore à vous et se préoccupe de votre santé.'

Terry cligna des yeux à plusieurs reprises et déclara finalement, 'Mon Dieu, Cornwell ! Vous devez avoir raison !'

Terry se leva d'un bond et Archie commença à craindre qu'il ne parte, mais Terry se mit à marcher de long en large.

Archie pouvait le laisser ruminer en paix, ou bien il pouvait lui poser quelques questions. À peine deux minutes plus tard, Archie était gelé et il décida d'essayer de faire parler Terry.

'Vous êtes livre, n'est-ce pas ?' lui demanda Archie.

'Oui.'

'Que ?...' Archie ne put finir sa question. Comment pouvait-il demander ça ?

'Que s'est-il passé ?' proposa Terry, lui venant ainsi en aide.

Archie hocha la tête.

Terry se rassit à côté d'Archie et commença à lui raconter son histoire. 'Je pense que Tâche de son n'a rien dit de notre dernière rencontre.'

Archie hocha encore la tête.

'Je voulais qu'elle reste avec moi. Je voulais l'épouser. Mais elle m'a renvoyé auprès de Suzanne, parce qu'elle m'avait sauvé, parce qu'elle m'aimait tant qu'elle s'était sacrifiée et avait manqué mourir. Suzanne savait que je n'éprouvais que du respect pour elle. Je suis fier de ne lui avoir jamais menti sur les raisons de mon retour à ses côtés. Elle avait accepté que c'était une question d'honneur pour moi de l'épouser,' Terry arrêta son récit.

Archie resta silencieux.

Terry soupira, puis continua, 'Nous avons tout préparé. J'ai ramené un sourire sur ses lèvres.'

Les confidences de Terry furent interrompues lorsque Albert sortit de la Maison de Pony en compagnie de Soeur Maria.

Albert fit un signe de la main aux deux jeunes hommes, monta dans sa voiture et prit le chemin de la ville.

Soeur Maria rejoignit Archie et Terry.

'William est parti,' fit Archie.

'M. André a gentiment proposé de nous offrir un déjeuner de fête,' déclara Soeur Maria.

'Fête ?' murmura Terry. Il commençait à se sentir assez mal et son coeur battait beaucoup trop vite.

'Il a dit que nous devrions célébrer la fin de l'épidémie de grippe et la guérison de Candy, parce que ça aurait été terrible de perdre une telle amie,' fit la nonne.

'Hein ?' fit Archie.

'Je pense que vous voulez dire "je vous demande pardon ?", Archie,' Soeur Maria le taquina.

Archie cligna des yeux et regarda la nonne en silence.

Soeur Maria rit doucement.

'M. Granchester ?' fit la nonne.

'Ma soeur ?' répondit Terry.

'Vous êtes un jeune homme charmant et un ami fidèle, autrement vous ne seriez pas ici, en train de geler sur notre billot. J'ai bien peur que vous n'ayez oublié un peu vite qui notre Candy appelait dans sa fièvre et maintenant vous l'abandonnez sans son oreiller préféré,' répliqua-t-elle.

'Soeur Maria !' s'exclama Terry, rougissant.

'Si votre cerveau n'était pas déjà congelé, vous seriez déjà rentré,' ajouta la nonne.

Sans ajouter un mot, Terry retourna en courant à la chambre de Candy.

Archie était toujours silencieux et il clignait des yeux comme s'il se demandait qui était en réalité cette étrangère qui prétendait être Soeur Maria.

Elle lui tendit la main et dit, 'Rentrons. Annie a préparé du lait chaud pour nous tous et nous pouvons espérer savoir ce qui s'est passé après que Terry et Candy auront eu une longue discussion.'

En silence, il prit sa main et ils retournèrent dans la petite cuisine de l'orphelinat.

Terry était nerveux quand il frappa à la porte, puis il se sentit tout bête d'avoir fait ça.

Il entra dans la chambre, ferma la porte derrière lui et resta planté là, regardant Candy et essayant de déchiffrer les secrets de l'univers sur son visage.

Elle l'observait ; il était si pale et semblait perdu. Elle tapota le lit à côté d'elle et il vola pratiquement jusqu'à elle.

Elle se pelotonna dans ses bras et poussa un soupir de bonheur.

'Alors, Tache de son... De quoi Albert voulait-il parler ?'

'Ne vas-tu pas me dire ce qui s'est passé d'abord ?' demanda-t-elle.

Terry se raidit, parce qu'il savait exactement ce que Candy voulait savoir.

Elle prit sa main et finalement parla la première. 'Albert était très inquiet et il a eu peur de me perdre. Il voulait que tous les avocats qui travaillent pour lui trouvent un moyen afin de modifier le lien qui nous uni.'

Terry se raidit encore plus et dit, 'Oh, je vois.'

Elle entrelaça calmement leurs doigts. 'Je lui ai fait comprendre que ce serait mauvais pour sa réputation,' ajouta-t-elle.

'Oh...'

'Et je lui ai rappelé qu'il est mon meilleur ami et qu'il est de mon devoir de m'assurer que rien n'arrive qui puis ternir sa réputation,' fit-elle.

'Ami ?' murmura Terry.

'Terrence Granchester, tu es un garçon stupide... un homme... stupide.' La tournure de sa phrase la fit rire, ce qui la fit tousser. Terry la serra dans ses bras et lui donna à boire.

'Je suis un imbécile, Candy. Quand je pense que sans Cornwell, je serais encore à New York, en train de croire que tu m'avais complètement oublié... Annie et Patty ont bien mérité des fleurs !' Candy sourit. 'Je pensais que tu savais, mais qu'il était trop tard pour nous.'

'Que s'est-il passé entre Suzanne et toi ?' demanda Candy, en tremblant légèrement.

'Après ton départ, je suis retourné auprès d'elle. Tout était prêt pour notre mariage, même ma mère commençait à s'habituer à cette idée.' Terry serra Candy un peu plus fort contre son coeur.

'Que s'est-il passé ?' murmura-t-elle gentiment.

'J'étais en train de m'habiller pour aller à l'église quand ma mère est entrée dans ma chambre. Suzanne... Elle...' Terry prit une profonde respiration. 'Les médecins ont dit que la tension des derniers mois l'avait affaiblie. Elle était si heureuse que son coeur n'a pas résisté... Elle ne s'est pas réveillée ce matin-là. La presse s'est emparée de la nouvelle et ça a fait la une plusieurs jours de suite... Sa mort et tout le reste...'

'Pauvre Suzanne,' murmura Candy.

'Je l'ai vue. Elle souriait.'

Le silence se fit dans la chambre.

Terry s'assit plus confortablement sur le lit et étreignit tendrement Candy, qui en profita pour se blottir encore plus contre lui.

Il embrassa ses cheveux et dit, 'Quand Cornwell a téléphoné et m'a dit... Quand il m'a dit que tu risquais de mourir et que tu m'appelais, j'ai commencé à rêver qu'il pourrait y avoir de l'espoir pour nous. Tu ne portes pas d'alliance.'

Terry embrassa sa paume gauche, ce qui la fit frissonner.

'Et tu n'en portes pas non plus,' fit elle, en fermant les yeux et appuyant sa tête contre son épaule.

Elle soupira.

Elle avait l'air si heureux que Terry savait ce qu'il avait à faire.

'Tache de son ?'

Elle ouvrit les yeux.

'Puis-je t'embrasser ?' demanda-t-il.

Il y avait tant de choses qu'elle pouvait lire dans ses yeux... Ses peurs, ses espoirs... Son amour...

Après toutes ces années, il quémandait encore un baiser et cela l'attendrit profondément.

Elle s'approcha encore un peu plus, comme d'être prêt l'un de l'autre pouvait les mêler l'un à l'autre pour toujours.

C'était tout ce dont il avait besoin comme encouragement. Il se pencha vers elle avec vénération et effleura ses lèvres.

Ce n'était qu'une caresse de ses lèvres sur celles de Candy, mais il trouvait ça beaucoup mieux que le baiser qu'il avait volé quelques années plus tôt.

Quand il rouvrit les yeux, Candy le regardait avec tant d'amour qu'il en oublia presque de respirer. Il referma les yeux quand Candy posa la main sur sa joue. Elle lui caressa la joue, toute surprise de la barbe naissante qu'elle sentait sous ses doigts.

Elle se sentait si heureuse dans les bras de Terry qu'elle se demandait même si ce n'était pas un péché. Pourtant, elle était prête à aller en enfer si elle était assurée de passer l'éternité dans les bras de Terry.

Terrence Granchester avait d'autres projets.

'Candy Neige André, je sais que j'ai beaucoup changé depuis la dernière fois que nous ne nous sommes vus, et tu as très certainement beaucoup changé toi aussi, mais je n'ai jamais été plus sûr de quoi que ce soit dans ma vie. J'ai gardé dans mon coeur une flamme toutes ces années et depuis que je t'ai retrouvée, c'est devenu un véritable brasier... Je t'aime toujours,' confessa Terry.

Candy le regarda droit dans les yeux et déclara, 'J'ai toujours été amoureuse de toi et je n'ai jamais cessé de t'aimer.'

'Alors, Mademoiselle André, il y a une question que je dois vous poser.'

À ce moment-là, Candy se noyait dans les yeux de Terry.

Finalement, ils étaient arrivés à un tournant de leurs vies qui pourraient bien les faire pleurer de joie (ce qui les changerait pour une fois).

Terry vola un autre baiser et prit une profonde respiration.

Le timide sourire de Candy lui donna le courage dont il avait besoin. Il pouvait le lui demander ; après tout, c'était une question toute simple...

'Candy... Veux-tu m'épouser ?'


À suivre...

© Drusilla mai 2004

 

Disclaimer: Je ne fais que jouer avec les jouets de quelqu'un d'autre. Puis-je être pardonnée dans ma prochaine incarnation ! Les flamers seront adoptés par ma famille (si vous ne croyez pas que c'est une menace... dommage !).

Archives : mon groupe [http://groups.yahoo.com/group/Drusilla_Dax_Haven/], fanfiction.net [http://www.fanfiction.net/profile.php?userid=159451] et le site de Sophie [http://www.candyneige.com/]

Beta : Mikee (pour la version anglaise). Je suis la seule coupable des erreurs restantes ! (S'il y a des volontaires pour m'aider avec la version française... ^_^)