Après la guerre
Par Drusilla Dax

Chapitre 1

Infirmières

 

En quelque sorte, ça avait été comme un retour à la case départ, si ce n’est que ce n’était pas une aussi mauvaise chose que ça en avait l’air.

Candy Neige André avait finalement décidé de rester à l’orphelinat où elle avait passé la plus grande partie de son enfance.

Tant de choses étaient arrivées dans sa vie ces derniers mois...

Elle avait besoin de repos et de calme dans un endroit où elle se sentait en sécurité et aimée. Aimée... Sans la moindre ambiguïté.

Mlle Pony, qui avait fondé et dirigeait l’orphelinat, et Soeur Maria étaient des mères pour Candy. Elles étaient celles qui l’avaient découverte sur le pas de leur porte. Enfin, si Tommy, qui avait tout juste deux ans à l’époque n’avait pas entendu Candy pleurer sur le porche et s’il n’avait pas insisté en faisant comprendre à Mlle Pony et Soeur Maria qu’il y avait quelque chose de bizarre à l’extérieur, les deux femmes ne seraient peut-être pas sorties pour vérifier si Tommy avait, ou non, raison et Candy, ainsi qu’Annie, qui avait été abandonnée exactement le même soir, seraient peut-être mortes de froid dans la nuit.

Quelques années plus tard, Tommy fut adopté par un fermier, M. Stone, Annie rejoignit le foyer des Brighton qui l’adoptèrent et Candy fut envoyée chez les Legrand.

Lorsque William André, qui était assez puissant pour que ses parents, les Legrand, lui obéissent, avait été informé par ses jeunes cousins, Alistair et Archibald Cornwell, ainsi que par son neveu, Anthony André-Brown, que Candy était maltraitée par les Legrand et leurs affreux enfants, Daniel et Elisa, il fit intervenir ses avocats et adopta l’orpheline. L’"Oncle" William fit cela en dépit de sa tante, Madame Elroy, qui ne voulait pas de Candy dans leur famille. William ne fit aucun cas des désirs de sa tante et porta secours à la petite fille.

Les trois cousins tombèrent presque immédiatement sous le charme de Candy.

Anthony devint aussitôt l’ami de Candy. Tandis qu’elle lui rappelait sa défunte mère, Rosemary, il rappelait à Candy le mystérieux garçon qu’elle avait rencontré près de la Maison de Pony avant qu’elle ne parte chez les Legrand. Il lui faisait toujours penser à son "Prince des Collines", le garçon avec lequel elle s’était entretenue, qui l’avait réconfortée et lui avait donné un pendentif avec le blason de la famille André. Le Prince des Collines, c’était comme ça qu’elle l’appelait quand elle pensait à lui : il était toujours lié à la colline où elle avait l’habitude de trouver refuge.

Aujourd’hui, Candy ne savait pas comment définir ce qu’elle avait éprouvé pour Anthony avant qu’il ne meure dans ce stupide accident de cheval. Elle était si jeune lorsqu’elle l’avait rencontré, si reconnaissante pour l’affection sans borne qu’Anthony lui avait témoigné, mais... Avait-il été d’une façon toute innocente son premier amour ?

Les sentiments des frères Cornwell avaient été beaucoup plus clairs.

Alistair avait très vite compris que Candy ne pourrait jamais l’aimer comme lui l’aimait.

Après la mort d’Anthony, tous les enfants de la famille avaient été envoyés à l’Académie St Paul à Londres et c’est là que leur destin fut scellé.

Alistair y rencontra Patty O’Brian et la calme et douce jeune fille conquit son coeur.

Le frère cadet d’Alistair, Archie, finit par comprendre que son amour pour Candy ne le mènerait à rien et il saisit enfin que la compagne de berceau de Candy, Annie, était follement éprise de lui et qu’il pourrait trouver le bonheur si seulement il la laissait entrer dans son coeur.

À St Paul, Candy fut de nouveau tourmentée par Daniel et Elisa, pourtant ce lieu lui serait toujours cher parce que ce fut là qu’elle put vraiment faire la connaissance de Terrence Granchester.

Terrence, qu’elle avait rencontré sur le bateau qui l’emmenait vers l’Europe.

Terrence, qu’elle avait pris pour Anthony, car, à cette époque il lui était encore dur d’admettre qu’Anthony était mort.

Terrence, qui était venu aussi souvent à son aide qu’elle l’avait aidé à son tour.

Terrence, qui prétendait être un mauvais garçon tandis que la seule chose qu’il désirait de tout son coeur c’était un peu de gentillesse et d’attention.

Terry... qui lui avait donné son premier baiser ; en fait, il lui avait plutôt volé un baiser, quand elle y repensait maintenant, mais c’était quand même un bien agréable souvenir. Terry, qui n’avait cessé de mendier un autre baiser par la suite.

Terry, qui avait quitté l’Académie afin qu’elle ne soit pas renvoyée après qu’Elisa leur eut tendu un piège leur donnant rendez-vous à tous deux dans les écuries, puis avertissant les soeurs qui, en les découvrant ensemble, en déduisirent qu’ils avaient une liaison.

Terry, qu’elle avait renvoyé auprès de Suzanne.

À chaque fois que Candy pensait à lui... à eux, elle avait la sensation que son coeur était arraché de sa poitrine, même après tous ces mois, toutes ces années. Mais c’était Suzanne qui avait protégé Terry quand il y avait eu cet accident sur scène ; elle avait perdu ses jambes et Candy savait que seul son amour pour Terry la gardait en vie. Elle avait le sentiment que cela aurait été un déshonneur de lui reprendre Terry, même si cela avait forcé Terry et Candy à se séparer définitivement.

Nous étions maintenant en novembre 1918. La guerre était finie.

La vie de Candy était loin d’être calme.

Après s’être enfuie de l’Académie St Paul et être retournée aux États Unis, Candy avait commencé une formation d’infirmière, ce qui s’était révélé des plus pratiques lorsqu’elle avait découvert son vieil ami et protecteur, Albert, souffrant d’amnésie et alité dans l’hôpital même où elle travaillait. Elle s’occupa de lui.

Candy avait de relativement bons souvenirs de cette période, car tous deux avaient été sincères dans leur amitié et ils s’étaient véritablement ouverts l’un à l’autre.

La guerre avait changé beaucoup de choses.

En quelque sorte, ç’avait été une bonne chose pour Albert qui avait été rapatrié après avoir été blessé et ainsi il avait pu se rapprocher de Candy et en apprendre plus sur elle. Il avait également été en mesure de la protéger des Legrand et de Madame Elroy lorsque Daniel avait menacé de s’engager dans l’armée si Candy ne devenait pas sa promise. En fait, le gentil Albert de Candy était également le mystérieux "Oncle" William, celui qui était le véritable chef de la famille André, même s’il n’avait qu’à peine plus de vingt ans.

Candy retourna à la Maison de Pony afin de se reposer quelques jours, peut-être quelques semaines... C’était il y a plus de deux ans et elle était toujours là, s’occupant des orphelins avec Mlle Pony et Soeur Maria. Patty l’aidait aussi.

Au début, rester avec Candy et travailler avec elle avait littéralement sauvé Patty. Elle ne s’était pas encore remise de la mort de son petit ami. Le corps d’Alistair n’avait pas été retrouvé après le crash de son appareil et elle avait le fol espoir que celui qu’elle aimait plus que tout avait peut-être été blessé, peut-être capturé par l’ennemi, peut-être souffrait-il d’amnésie - comme l’oncle William... Elle avait tant espéré à un moment donné que Candy avait écrit aux ministères de l’Armée de l’Air, à Washington, Londres et Paris. Elle reçut des réponses élusives à propos des soldats disparus et des secrets d’État, mais elle n’eut jamais de réponse franche au sujet d’Alistair. Finalement, elle contacta un aérodrome et elle exposa ce que l’armée leur avait dit du crash d’Alistair. Une semaine plus tard, un pilote vint à l’orphelinat ; Candy demanda aux enfants d’occuper Patty pendant qu’elle irait discuter avec lui. Bien que la plupart d’entre eux aient été très jeunes, ils comprenaient la situation de Patty et ils obéirent à Candy.

Elle emmena le pilote jusqu’à la colline de Pony.

Il regarda autour de lui et dit, ‘Mademoiselle, j’ai bien peur que cet endroit ne soit trop beau.’

‘Trop beau pour ce que vous avez à me dire. Ne vous inquiétez pas, Monsieur, cette colline est un lieu qui a l’habitude des nouvelles heureuses et des nouvelles tristes,’ Candy répondit.

Elle l’invita à s’asseoir à côté d’elle et il expliqua pourquoi il était virtuellement impossible d’espérer qu’Alistair ait pu survivre au crash et que les espoirs de Patty étaient irraisonnés.

‘Nous avons été en contact avec des pilotes, Mademoiselle, des deux côtés, et quand un avion s’écrase, tout ce que nous pouvons faire, c’est prier pour l’âme des pilotes,’ ajouta-t-il.

‘Mon amie s’accroche au fait que l’armée n’a pas retrouvé son corps...’ Candy ne finit pas sa phrase. Elle avait dit cela en un murmure qui était plus pour elle-même que pour l’homme qui était assis à côté d’elle.

‘Mademoiselle André, vous avez écrit à mon patron que vous êtes infirmière. J’aimerais savoir si vous avez lu les comptes rendus des médecins qui sont sur le front,’ demanda-t-il.

Ses yeux étaient remplis de larmes qu’elle refusait catégoriquement de verser, elle hocha doucement la tête et répondit, ‘Je sais qu’il est mort, mais je ne sais pas quoi dire à sa petite amie. Je suppose que je veux arriver à lui faire voir la vérité, mais sans briser son pauvre coeur.’

‘Laissez-lui le temps et faites-la penser à autre chose. Maintenez-la occupée et il se pourrait que le temps la guérisse,’ suggéra-t-il.

Candy savait qu’il devait avoir raison, et elle savait qu’il devait avoir essayé lui-même.

‘Est-ce que ça a marché ?’

Il la regarda avec un sourire triste et déclara, ‘Elle a été tuée la toute première semaine des conflits et elle me manque encore ; nous étions fiancés depuis un an et nous nous connaissions depuis toujours. Ils ont enterré la moitié de mon coeur avec elle, mais je suis toujours en vie et je sais qu’elle serait furieuse si je gâchais ma vie.’

‘C’est ça !’ cria Candy, si fort que le pilote fit un bond à côté d’elle. ‘Je vais la faire rester ici avec moi ; les enfants sont une occupation à plein temps. Peut-être pourrais-je la convaincre de commencer une formation d’infirmière ?’

Candy était ravie de son idée. Elle invita le pilote à partager leur goûter, mais il lui répondit que, d’une part, il devait rentrer et, d’autre part, son amie pourrait trouver étrange qu’un pilote leur ait rendu visite à l’orphelinat.

‘Nous pourrions lui dire que vous projetez d’adopter un de nos enfants.’

‘Et donner de faux espoirs à vos orphelins ? Ce serait cruel, mademoiselle !’

Candy lui offrit un de ses plus éclatants sourires et dit, ‘Sauf si vous finissez par vraiment en adopter un !’

Il regarda la jeune femme qui se tenait devant lui, cligna des yeux et rit de bon coeur.

‘Vous êtes incroyable, Mademoiselle André ! Votre famille et les orphelins doivent être extrêmement fiers de vous,’ la complimenta-t-il.

‘Merci beaucoup, M. Lawson... Alors, vous joindrez-vous à nous ?’ demanda-t-elle à nouveau, souriant encore.

‘Un jour, peut-être, quand je serai prêt, je reviendrais ici,’ promit-il.

Ils redescendirent la colline et au moment où ils allaient se serrer la main, Dan, l’un des plus jeunes orphelins vint vers eux en courant.

‘Boss ! Boss !’

‘Que ce passe-t-il ?’ demanda-t-elle après s’être accroupie pour être nez à nez avec le petit garçon tout essoufflé.

‘Patty commence à comprendre votre plan,’ dit-il.

‘Tout va bien, mon Coeur, je vais rentrer dans quelques minutes,’ lui répondit Candy.

Elle remarqua que le pilote regardait le garçon d’une bien étrange façon et elle décida que ce qui n’avait été qu’une plaisanterie au début pourrait bien, finalement, devenir réalité. Elle présenta son charmant visiteur au garçon et renvoya Dan à la Maison de Pony.

M. Lawson ne disait toujours pas un mot.

‘Qu’y-a-t-il, monsieur ?’

‘Êtes vous en quelque sorte sorcière, Mademoiselle André?’

Cela la rendit muette à son tour. Lorsqu’il ne put plus voir Dan qui courrait vers l’orphelinat, il dit, ‘Ses yeux sont gris. Exactement de la même couleur que mon adorable Cécilia... Croyez-vous aux signes, mademoiselle ?’

Dans un geste plein d’audace, elle lui prit gentiment la main et dit, ‘Oui, je crois aux signes.’

Ils se serrèrent finalement la main et Candy rentra en espérant que cette rencontre déboucherait sur une adoption. Dan serait bien avec M. Lawson, elle le sentait.

Dans les jours qui suivirent, Candy piégea son amie Patty et réussit à la convaincre qu’il lui serait trop dur de rester sans elle à la Maison de Pony. Mlle Pony, Soeur Maria et tous les enfants demandèrent également à Patty de rester.

Elle s’intéressa un peu au métier d’infirmière, mais ce qui finit par l’intéresser vraiment ce fut la gestion de l’orphelinat et Mlle Pony commença à penser quelle avait peut-être trouvé celle qui un jour la remplacerait. À la fin de 1917, les deux femmes s’étaient mises d’accord et Patty serait la prochaine administratrice de l’orphelinat quand Mlle Pony prendrait sa retraite. Elles convinrent également que Mlle Pony resterait à l’orphelinat, car aucun des habitant de la Maison de Pony ne pouvait imaginer ce lieu sans elle. Candy redoutait même le jour où celle qui avait été son guide les quitterait pour toujours.

Le nombre d’orphelins était assez stable, mais un an après la première visite de M. Lawson, il adopta Dan et tous deux partir vivre avec la soeur du pilote qui était veuve. Dan devint leur rayon de soleil et, de temps en temps, ils aidaient l’orphelinat - lorsqu’il y avait certains travaux que même la solide Candy ne pouvait faire, M. Lawson répondait présent et venait à leur secours

Archie leur rendait aussi parfois visite, mais Annie était devenu son univers et c’était souvent elle qui suggérait une visite à leurs amis. Pendant quelques mois après la mort de son frère aîné, Archie s’était senti anéanti et Annie avait eut peur qu’il ne s’en remette jamais. Leurs fiançailles l’avaient aidé à tenir bon ; puis, en dépit de la guerre, leurs familles avaient décidé qu’il était temps d’organiser leur mariage et Annie devint Madame Cornwell.

Annie invita Tommy Stone à son mariage et ce fut ce jour-là que Patty le rencontra pour la première fois. Quand Candy et Annie virent l’intérêt que Patty suscitait dans les yeux de leur "sauveur", elles décidèrent d’oeuvrer pour le bonheur de leurs deux amis et Annie visa délibérément Patty avec son bouquet.

Le monde était en guerre, mais le petit orphelinat dans le Michigan n’en souffrait pas trop.

Les Cornwell étaient heureux, et Patty commençait à penser que rendre visite à Candy à l’orphelinat - et y rester - pourrait bien être la meilleure chose qui lui était arrivée, tout particulièrement depuis que Tommy avait pris l’habitude de leur rendre régulièrement visite.

Candy...

Candy se noyait dans son travail afin de ne pas penser à sa propre vie.

Elle avait cessé de compter combien de lettres elle avait écrit à Terry... pour finalement ne pas les poster ! Elle avait arrêté de lire les journaux. Ses amis croyaient que c’était à cause de la guerre, mais c’était parce qu’elle ne voulait pas tomber sur un article parlant du jeune et talentueux acteur Terrence Granchester et de sa femme. Candy n’avait pas officiellement entendu parler du mariage, mais c’était bien la dernière chose qu’elle voulait. Pour elle, Terrence n’existait plus que dans ce bref instant du passé où elle l’avait vu pour la dernière fois. Ce terrible moment où elle l’avait renvoyé aux côtés de Suzanne. Ce magnifique moment où elle avait reçu l’assurance qu’il n’aimait qu’elle, de tout son coeur et de toute son âme.

Candy écrivait également des lettres à Albert - elle ne pouvait se résoudre à appeler son vieil ami Oncle William ; il serait toujours Albert pour elle, mais elle envoyait ces lettres-là.

Albert avait beaucoup à faire en tant que chef de la famille André. Il voyageait beaucoup et ils prirent l’habitude d’échanger une correspondance des plus régulières.

Leur amitié se renforça.

Ils partageaient des petits riens et d’importantes pensées.

Ils s’ouvrirent leurs coeurs et leurs âmes.

Albert la força à admettre son amour pour Terry et il admit ses sentiments pour elle. Candy avait été sur le point de lui répondre que, s’il lui laissait du temps pour guérir, elle pourrait voir en lui plus qu’un ami, lorsqu’il lui expliqua la terrible erreur qu’il avait commise. S’il était assez jeune pour être un prétendant potentiel, il était également celui qui avaient demandé à ses avocats de l’adopter en son nom. À l’époque, il était tout juste majeur et ils avaient convaincu un juge que l’héritier de la famille André devait absolument adopter la jeune orpheline Candy Neige.

Albert ne pouvait pas courtiser Candy sans risquer le plus grand scandale de la décennie dans l’lllinois et le Michigan, voire même dans tous le pays.

Albert décida qu’il continuerait à voyager afin d’essayer d’oublier la courageuse jeune femme dont il était tombé amoureux.

Candy était bien trop occupée à essayer de réparer son coeur après avoir perdu Terry pour vraiment saisir toutes les implications de ce qu’Albert avait écrit.

Des mois plus tard, leurs vies s’étaient réduites à ça : Albert voyageait, Candy s’occupait des orphelins et ils s’écrivaient pour se raconter leurs aventures quotidiennes... Chaque semaine, le facteur savait qu’il devait passer à la Maison de Pony parce que Mademoiselle Candy avait toujours au moins une lettre à lui donner.

Ce fut à la mi-novembre 1918 qu’une épidémie de grippe atteint l’orphelinat.

Candy parvint à guérir Mlle Pony, bien que l’état de la vieille dame ait vraiment fait peur à Candy. Elle soigna les enfants également.

Enfin, bien évidemment, tout ce qu’elle pouvait faire c’était de s’assurer qu’ils buvaient assez et qu’ils n’avaient pas trop froid, mais elle était là lorsqu’ils avaient fait des cauchemars ou qu’ils avaient eu peur.

Au début décembre, après quinze jours de soins constants et de veille ininterrompue, tous les résidents de la Maison de Pony étaient guéris. Candy s’évanouit dans la cuisine.

Patty se mit à la soigner, avec l’aide de Soeur Maria.

Il était évident pour les deux femmes que la fièvre de Candy était bien plus forte que celle dont avait souffert les autres et Soeur Maria avait vraiment peur parce qu’elle n’avait jamais vu Candy aussi malade.

Candy ouvrit les yeux et vit Terry assis dans le fauteuil placé à côté de son lit.

Lorsqu’il remarqua qu’elle était enfin réveillée, il lui offrit le plus éclatant sourire qu’elle ait jamais vu et cela réchauffa son âme. Même si sa vie appartenait à une autre femme maintenant, elle était heureuse de le revoir et elle était reconnaissante pour cette pitoyable miette de joie.

Elle essaya de parler, mais sa gorge était aussi sèche qu’un vieux parchemin en dépit de l’eau qu’il lui avait donnée à boire.

‘Alors, Tâche de son, tu as fait peur à tout le monde avec cette fièvre.’

Seigneur ! Cela faisait du bien d’être à nouveau appelée par ce stupide surnom. Elle savait qu’elle était très certainement en train de sourire.

Il caressa son front et le bout de ses doigts se traça un chemin jusqu’à sa joue.

‘Puisque tu es clouée au lit, et incapable de répliquer pour une fois, c’est moi qui vais parler, mademoiselle ! L’honneur et ton stupide sens du devoir a fait de nos vies une terrible erreur. Il est bien évident que je te manque. J’ai tenu parole et suis retourné auprès de Suzanne, mais elle sait que je ne l’aime pas autant que je t’aime toi. Ce qui est encore pire, c’est qu’elle sait que même avant son amputation tu étais la seule et unique personne que j’aimais. Elle sait que ce n’est que parce que tu m’as renvoyé auprès d’elle que je suis à ses côtés. Qu’elle se soit sacrifiée ou non, elle n’est pas idiote et sait que je n’éprouve que du respect pour elle.’

Candy sentit les larmes sur ses joues, mais elle ne pouvait pas bouger pour les essuyer ; d’un seul coup, elle se sentit trop triste et trop fatiguée pour continuer.

Terry avait raison. Elle avait fait une bien terrible erreur. Elle avait rendu trois personnes malheureuses alors qu’elle aurait pu l’éviter.

Candy voulait fermer les yeux et se réveiller quelque part où cette douleur dans sa poitrine disparaîtrait. Elle était prêté à tout arrêter; elle s’était battue toute sa vie et tout cela était finalement trop.

Elle entendit Terry répéter les mots qu’il lui avait dits quand ils s’étaient quittés. Il lui dit même qu’il l’aimerait à tout jamais... mais elle se sentait si fatiguée... de tout.

Patty se tourna vers Annie et dit, ‘Elle recommence à halluciner. Cela fait maintenant une semaine qu’elle appelle Terry dans son délire... Crois-tu que nous devrions lui envoyer un câble afin de l’informer du sérieux de son état ?’

‘Crois-tu qu’il pourrait réussir à la réveiller ?’ demanda Annie, ses larmes coulant sur ses joues.

‘Je ne sais pas si elle se réveillera, mais les seuls mots qu’elle a prononcés dans sa fièvre étaient tous liés à Terry. Peut-être est-il le seul à pouvoir l’atteindre par-delà sa fièvre et la ramener parmi nous.’

‘Crois-tu qu’elle pourrait...?’ Annie s’arrêta, incapable de demander si celle qui était comme une soeur pour elle allait mourir.

Patty prit la main de Candy et murmura, ‘Tu sais à quel point elle est forte. Pourtant, j’ai bien peur qu’elle ne nous ait menti ces dernières années. J’ai peur qu’elle ne soit dans un état encore plus désespéré que je ne l’étais après la mort d’Alistair.’

‘Elle a pris soin de nous tous, s’assurant que nous trouvions un peu de réconfort et de bonheur, alors qu’elle était toujours amoureuse de Terry,’ c’était plus une question qu’une affirmation de la part d’Annie.

Patty lui dit à quel point Candy travaillait dur, et ce n’était que récemment qu’elle avait remarqué que son amie évitait les journaux, mais qu’elle demandait des nouvelles de la guerre et du monde en général. Elle en conclut finalement qu’il y avait quelque chose que Candy voulait éviter, et la première fois que Candy avait appelé Terry dans son sommeil fiévreux, Patty avait compris.

‘Que suggères-tu que nous lui câblions ?’ demanda Annie.

Candy avait l’air si pale et fragile que ses deux amies avaient vraiment peur de la perdre.

‘Nous devons choisir nos mots avec soin. Nous ne devons pas lui faire peur, mais il faut qu’il vienne... et vite,’ déclara Patty.

Candy ne cessait de gémir et de pleurer.

A suivre...

© Drusilla mai 2003

 

Note: Ce chapitre fait un peu figure de toile de fond (c’est pour mes Haveners qui ne connaissent pas encore Candy!).

Disclaimer: Je ne fais que jouer avec les jouets de quelqu’un d’autre. Puis-je être pardonnée dans ma prochaine incarnation ! Les flamers seront adoptés par ma famille (si vous ne croyez pas que c’est une menace... dommage !).

Archives : mon groupe [http://groups.yahoo.com/group/Drusilla_Dax_Haven/], fanfiction.net [http://www.fanfiction.net/profile.php?userid=159451] et le site de Sophie [http://www.candyneige.com/]

Beta : Starkindler (pour la version anglaise). Je suis la seule coupable des erreurs restantes ! (S’il y a des volontaires pour m’aider avec la version française... ^_^)