Des lettres venues du ciel
par
Ko Kyoung Hee
généreusement traduit de l'anglais par Axie

 

Note de l’auteur : Enfant, j’espérais qu’Anthony survivrait à son accident. Cependant, il a connu une fin tragique et j’espérais que Candy saurait qu’Anthony l’aimait encore par-delà la mort. Cette nouvelle a été écrite alors que j’entrais dans l’adolescence. Je vous demande votre indulgence si l’histoire paraît ne pas avoir vraiment de sens. Bonne lecture !

Note de la traductrice : Je vous demande moi aussi votre indulgence si parfois une phrase vous paraît un peu bancale.

 

Des lettres venues du ciel

Anthony. Comme le temps passe. Quel adorable garçon, Anthony, le nom dont je me languis avec tendresse. Anthony. Je suis convaincue que tu es toujours avec moi. Tu penses à moi en ce moment même, n’est-ce pas ? Cette douce et légère brise dans mes cheveux me rappelle ta main caressante. Peu importe combien d’années se sont écoulées depuis, je ressens encore l’affection que tu me portais et la douceur de tes lèvres. Anthony, alors que je t’appelle, mon cœur palpite toujours. C’est surprenant comme mon cœur bat encore la chamade à mon âge. Tu es le secret qui me permet de conserver jeunesse et fraîcheur. Oh, tu me manques désespérément.

Te retrouverais-je bientôt ? Le temps a passé et pour moi, le moment est venu, ou presque, de te rejoindre. Je suis un peu inquiète car j’aurais l’air d’une vieille sorcière à côté de toi, jeune et toujours beau. J’espère seulement que tu me reconnaîtras et que tu ne t’enfuiras pas en courant. Cependant, je ne te laisserai pas m’échapper, pas cette fois. Pas comme lors de la chasse au renard. Je ne te laisserai jamais partir. Non, ce ne sera pas comme cette fois où j’étais incapable de faire quoi que ce soit.

Ah, je vois Archie qui arrive. Il interrompt toujours les moments où nous sommes seuls tous les deux, mais ne lui dis pas ça. Il ne serait pas content de l’entendre. Ce serait un secret rien qu’entre toi et moi et je l’accueillerai avec mon plus beau sourire.

Le temps passe, les gens vont et viennent. Il y a des rencontres et des séparations dans la vie de chacun. Les choses changent, sauf la colline de Pony. Cet endroit est toujours le même, comme pour garder inchangés les souvenirs, bons ou mauvais.

Cet endroit était le seul où Candy se sentait bien. Son passé lui revenait en une succession d’images : Anthony et l’époque où elle avait vécu à Lakewood, Terry à Londres, Susanna et son sacrifice, puis Alistair victime de la guerre et Patty qui l’avait finalement rejoint. Mlle Pony, qui fut comme une mère pour Candy, repose en paix, elle aussi. « Merci, mère. L’amour que vous m’avez donné m’a rendue capable d’aimer ce monde et de sourire. Merci », avait murmuré Candy alors que Mlle Pony rendait son dernier soupir.

Albert était toujours là. Ses cheveux étaient devenus tout blancs, mais il était toujours aussi souriant et attachant. A présent, c’était au tour d’Archibald et Annie d’apparaître dans son esprit. Archibald, prenant le relais d’Anthony et Alistair, avait décidé de protéger Candy, cependant qu’Annie l’avait accepté tel qu’il était. Deux ans après que Patty eut quitté ce monde pour retrouver Ali, ils s’étaient mariés et leur union avait donné naissance à deux enfants.

Candy ne faisait plus partie de la famille André. Peu après qu’elle eut mis fin à sa relation avec Terry, Ali avait trouvé la mort dans de tragiques circonstances et Patty s’était suicidée. Puis, Neil avait voulu contraindre Candy à l’épouser, en vain. En effet, Albert avait révélé qu’il était le grand-oncle William, chef de la famille André. Maintenant que tout le monde connaissait la véritable identité de William, Candy avait résolu de prendre ses responsabilités et de renoncer à son appartenance à cette famille. Albert respecta sa décision et lui promit qu’elle pourrait toujours compter sur son amitié.

« Hé, Candy ! » l’appela Archibald en lui tapotant l’épaule.

« Ah, beaucoup d’évènements se sont produits depuis que je suis née, il y a soixante ans » dit Candy, en faisant référence à ses précieux souvenirs.

« A quoi penses-tu ? » demanda Archibald.

Candy regarda Archie et se rendit compte que lui-même était assez vieux. Elle pouvait voir les rides autour de ses yeux, mais il avait l’air en forme. Elle se demanda à quoi ressemblerait Alistair s’il était toujours en vie.

« Qu’est-ce qui t’amène, Archie ? »

« Voilà un bon moment que je ne t’avais pas rendu visite. Tout le monde se demande comment tu vas. De plus, j’ai trouvé quelque chose dans notre bureau, hier. Je voulais te le montrer »

« Oh ? Qu’as-tu trouvé ? »

« Ah, j’adore quand je te laisse deviner. La curiosité que l’on voit dans ton regard n’a pas changé », commenta Archibald en pensant que les beaux yeux de Candy brillaient plus que jamais.

Alistair aussi était tombé sous le charme de ces yeux innocents, bien longtemps auparavant. Il en était de même pour Archibald, qui était resté son admirateur secret pendant toutes ces années. Il remarquait parfois que le regard d’Annie était triste, mais il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir cela et Annie, dans son immense amour pour lui, l’avait accepté tel qu’il était. Archibald se sentait coupable d’éprouver de tels sentiments envers Candy alors qu’il vivait avec Annie, mais Annie lui avait pardonné.

« Alors, quelle est cette chose que tu as trouvée hier dans ton bureau ? Me la montreras-tu, oui ou non ? » demande Candy en désespoir de cause.

« J’ai trouvé ceci »

Archie sortit une lettre et la tendit à Candy. Elle commença à la lire :

« Chère Candice Neige André,

Surprise ! Je ne t’avais jamais écrit par le passé et je suis encore tout étonné de m’être enfin décidé à le faire. Ah, ah ! Tu vas voir Terry à Broadway demain. Candy, j’aime ton sourire éclatant et je ne suis pas le seul. Nous aimons tous de te voir sourire ! Je voudrais voir ce sourire à ton retour, mais je n’aurai pas cette chance. J’y ai renoncé.

Je voudrais te dire quelque chose, quelque chose dont je n’ai parlé qu’à Archie, mais je ne pense pas avoir le courage de te le dire de vive voix. C’est la preuve que je tiens beaucoup à une fille qui s’appelle Patricia O’Brien qui est porteuse d’une âme innocente et qui représente beaucoup pour moi.

Cependant, si je te dis un jour ce que je voulais te dire, je crains de te perdre alors je ne dirai rien. J’ai décidé de te protéger en mettant de la distance entre nous plutôt que de te perdre, et peut-être est-ce une mauvais décision.

Je ne suis peut-être pas un génial inventeur puisque je suis incapable d’inventer une machine qui fait disparaître les sentiments pour une femme qui ne sera jamais la mienne. J’aime mon petit frère Archie et j’ai toujours aimé Anthony comme un deuxième frère. J’espère que tu comprends ce que je veux dire.

Où que tu ailles, quoique tu fasses, je prierai toujours pour que tu sois heureuse. En ce moment même, je résiste à l’envie de courir vers toi, mais j’ai peur d’être incapable de te laisser partir si je cède à cette impulsion alors je m’abstiens.

J’ai fabriqué cette petite boîte à musique pour que tu gardes le sourire. S’il te plaît, emmène-nous tous à la colline de Pony quand tu seras de retour. J’attendrai ce moment avec impatience.

Sincèrement,

Alistair Cornwell »

Archibald déclara : « Je suppose qu’Ali n’a pas pu se résoudre à te l’envoyer. Je l’ai trouvée entre deux vieux livres »

« Ali, je me demande quelle était cette chose que tu as voulu me dire et que tu as préféré garder pour toi »

« Ali a pris soin de toi, tout comme moi-même j’ai pris soin de toi. Depuis l’époque où Anthony était encore parmi nous. Cependant, nous savions tous deux qu’il n’y avait pas assez de place pour nous tous. Nous veillions sur Anthony aussi, alors Ali résolut de ne pas te parler de ce qu’il ressentait pour toi. L’amitié qui le liait à Anthony était aussi forte que sa volonté de te protéger »

« Ali a fait ça ? Pour moi ? »

Candy ne réalisait pas la force des sentiments d’Archibald et d’Alistair pour elle parce que son cœur avait appartenu à Anthony et plus tard à Terry. Peut-être refusait-elle d’admettre à quel point les deux frères Cornwell l’aimaient. Maintenant que la lettre d’Alistair, si longtemps égarée, était réapparue, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Pourquoi ne voulait-elle pas admettre cela ?

« Anthony, s’il te plaît, fais savoir à Ali que je suis très touchée et que je lui demande pardon pour n’avoir rien remarqué. Je suis sûre qu’il est avec toi, maintenant, murmura Candy. Archie ! »

« Ne t’inquiète pas, Candy. Tu n’as rien à te reprocher. C’était il y a si longtemps et je pense que tu devrais garder cette lettre maintenant que je l’ai trouvée. Je ferai mieux de partir maintenant, Candy. Je reviendrai bientôt, prends soin de toi. »

« Archie ! »

Alors qu’il s’éloignait, Archibald se disait à lui-même : « Nous savions tous que moi et Ali n’étions que des amis pour toi. Ton cœur n’a battu que pour Anthony ou Terry. Malheureusement, je n’ai pas pu être le seul que tu aies aimé, mais le passé est le passé et je n’y peux rien.

Cependant, je suis heureux de la vie que je mène actuellement. Au moins, je peux rester à tes côtés pour veiller sur toi. Mes sentiments resteront les mêmes jusqu’à ta mort. Depuis le moment où je t’ai vue pour le première fois, mes sentiments n’ont pas changé, jamais. Je sais que c’est égoïste, mais j’espère être celui qui remplacera un jour Anthony ou Terry »

Bien qu’Archibald eut disparu de son champ de vision, Candy fixait l’endroit par où il s’en était allé. Elle le remerciait pour avoir été avec elle pendant tout ce temps. Après Anthony et Alistair, elle n’aurait pas supporté de perdre aussi Archibald. Sans lui, elle n’aurait pas conservé sa joie de vivre pendant toutes ces années. Elle était capable de se souvenir d’Anthony et d’Alistair grâce à la présence d’Archibald. Grâce à lui, elle était restée forte et chaleureuse avec les autres. « Merci, Archie »

Candy resta plongée dans ses pensées après la visite d’Archie. Son corps lui semblait lourd et elle n’avait pas envie de bouger.

« Mlle Candy ! Mlle Rein va mal ! Venez vite, je vous en prie »

Une étudiante prénommée Sarah, en larmes, courait vers Candy.

« Que se passe-t-il Sarah ? Qu’arrive-t-il à Mlle Rein? »

« Dépêchez-vous ! »

Sarah saisit la main de Candy et commença à courir vers la chambre de Mlle Rein.

Candy se rendit compte à quel point son corps était lourd et regretta le bon vieux temps, où elle était légère comme une plume , sans douleurs articulaires.

« Mlle Rein, qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Candy, je pense que Sœur Maria m’appelle »

Mlle Rein sourit à Candy. Son visage était couvert de rides. Après la mort de Mlle Pony, Mlle Rein fit en sorte que tout le monde reste dans le droit chemin et pria tous les jours pour Candy.

« Qu’est-ce que vous racontez ? J’ai toujours besoin de vous ici » l’implora Candy.

« Candy, tu es très spéciale pour moi. Toujours souriante, toujours l’air heureux, prenant soin de ceux qui t’entoure sans jamais leur reprocher quoique que ce soit. C’est une bénédiction de t’avoir auprès de moi. Mlle Pony et moi avons toujours pensé que tu étais un don de Dieu.

J’ai bien vécu. J’ai accompli ce que je devais faire au nom de Sœur Maria et il est temps pour moi de partir. Tout était possible parce que tu étais près de moi. Que ma mort ne t’attriste pas. Plutôt que morte, je serai plus près de Sœur Maria pour vous guider dans votre vie. Je suis sûre que Mlle Pony fait de même en ce moment. Elle prie pour nous et nous protège de tout mal »

« Mlle Rein… »

Tout le monde, y compris les enfants en bas âge, étaient en larmes. Ils n’étaient pas forcément en âge de comprendre ce qu’est la mort, mais ils comprenaient que cette personne qu’ils avaient l’habitude de côtoyer tous les jours, ils ne la verraient plus.

« A la mort d’Anthony, j’ai aussi ressenti le désespoir et pleuré tout comme maintenant, pensa Candy en sentant une légère brise contre ses joues. Ce doit être toi, Anthony. Tu es venu nous réconforter. Mlle Rein est à la dernière extrémité. Lui montreras-tu le chemin ? Encore une femme qui fut comme une mère pour moi et qui me quitte. Je ne devrais pas pleurer mais mes larmes coulent malgré ma volonté »

« Mlle Rein ! » cria Sarah.

Mlle Rein ferma les yeux pour de bon. Avec douceur, Candy serra dans ses bras toutes les personnes se trouvant dans la pièce.

Archibald, Annie et Albert assistèrent aux obsèques de Mlle Rein. Annie pleurait en se reprochant secrètement de s’être comportée comme une idiote lorsqu’elle avait essayé d’oublier son passé à l’orphelinat. Mlle Pony et Mlle Rein étaient ses deux mamans ! Candy était sa meilleure amie ! Et pourtant, elle avait essayé de cacher son passé. Elle regrettait ce qu’elle avait fait.

Candy ne pleura pendant l’office religieux. Peut-être parce qu’elle n’avait plus de larmes à verser.

« Candy, est-ce que ça va ? » demanda Albert, sa voix aussi douce que d’habitude.

« Albert, je ne suis pas triste. J’essaie seulement de dire au revoir à mes chers disparus. Ce n’est pas du chagrin, plutôt de la gratitude » répondit Candy avec un sourire.

Albert lui sourit en retour : « Ils seront toujours là pour te protéger, n’est-ce pas ? »

« Oui, comme ils l’ont toujours fait »

« Bien, je retrouve la Candy que je connais. Ah, au fait, j’ai des nouvelles de Terry. Il est à présent le directeur d’une troupe de théâtre. Il a l’air en forme. Il a demandé ce que tu devenais, alors je lui ai dit que tu étais à la Maison de Pony. Il a précisé que tu lui manquais beaucoup, mais qu’il ne se sentait pas capable de venir te voir. A la place, il t’envoie ceci »

Albert lui tendit une lettre. Une forte brise souffla sur les joues de Candy. Elle pensa qu’Anthony devait être jaloux. C’était encore une lettre inattendue pour Candy.

« Je sais que tu es jaloux, Anthony. S’il te plaît, pardonne-moi. Il a été le seul à combler le vide dans mon cœur que j’ai ressenti après ton départ. Je sais que tu es compréhensif »

« Je suis jaloux aussi, tu sais » C’était comme si Anthony l’avait dit.

Candy se sentait mal à l’aise, mais en même temps elle voulait lire la lettre.

« Bon, très bien. Ce sera la dernière fois »

« Merci Anthony »

Candy sourit en s’écartant de la foule pour lire la lettre de Terry dans un endroit tranquille.

« Elle est toujours semblable à une petite poupée » sourit Albert alors que Candy s’éloignait.

« Ma très chère Miss Tarzan Taches de Son,

Voilà bien longtemps que je t’ai appelée comme ça pour la dernière fois. Je te revois courant derrière moi comme une enragée pour me donner une correction.

Tu dois être devenu une grand-mère aux cheveux blancs. Le temps passe si vite. Si je me suis jeté à corps perdu dans le travail, c’est pour t’oublier. Maintenant, les effets du temps se font ressentir, je n’avais pas réalisé que j’étais si vieux à présent.

Je suis devenu le directeur d’une compagnie théâtrale. Mon nom est devenu indissociable du monde du théâtre. Tu me manques, Candy. Mais j’ai renoncé à être moi-même lorsque j’ai choisi Susanna plutôt que toi. Celui qui a choisi Susanna n’est pas le Terry que tu connais car celui-là t’aime encore et t’aimera toujours.

Te souviens-tu de ce que je t’ai dit la dernière fois que je t’ai vue ? Je t’ai demandé d’être heureuse parce que sinon je ne pourrais pas oublier. Es-tu heureuse, maintenant ? As-tu encore ce si joli sourire ? Je me pose beaucoup de questions à ton sujet, mais je suis sûr que tu as encore ce sourire inimitable.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous nous sommes quittés, mais je te prie de te souvenir d’une chose : le Terry que tu connais n’aime que toi.

Sincèrement,

Terry »

« Terry, merci pour tout. Ta lettre l’aide à savoir ce que je ressens pour toi. C’est mausant d’imaginer à quoi tu ressembles, maintenant. Albert m’a dit que tu avais l’air en forme. J’en suis sûre, puisque tu es l’homme que j’aime. Peu importe ton âge. Merci de m’aimer. Porte-toi bien, je t’en prie. Adieu » dit Candy.

Elle plia avec soin la lettre de Terry et revint vers l’endroit où les autres étaient rassemblés. Tout d’un coup, elle se sentit plus légère, comme si elle avait retrouvé son corps de jeune fille, comme si elle pouvait se mettre à courir.

« Je deviens vraiment vieille » pensa Candy. Elle savait qu’elle avait des problèmes aux articulations. Il lui était impossible de courir comme dans sa jeunesse mais elle avait conscience d’un grand bonheur. L’enterrement de Mlle Rein continuait et Annie pleurait encore, mais elle était heureuse ! Alors, elle perçut un doux parfum de roses et lui revinrent en mémoire la rose Tendre Candy créée par Anthony, Lakewood, Ali, Archie et Anthony.

« Tu me manques, Anthony »

« Candy »

Candy se retourna, surprise. Cette voix qu’elle n’avait plus entendue depuis des décennies. Cette voix dont elle se languissait. Cette voix qu’elle avait tant espéré entendre encore une fois.

« Anthony ? »

« Bonjour Candy. Comment vas-tu ? »

« Ce doit être un rêve. Cela ne peut pas être vraie. Tu n’es plus de ce monde, mais tu parais si réel. Est-ce un autre de ces rêves où tu n’es plus là à mon réveil ? Je ne veux pas me réveiller si c’est pour te perdre encore une fois » gémit Candy.

« Non, tu ne me perdras plus. Je suis là devant toi. Ali aussi t’attend. Il voulait venir aussi mais c’est moi qui aurai l’honneur de t’accueillir. En plus, j’ai dit à Ali que s’il venait, je mettrais Patty au courant. Cela lui a fait de la peine. Ah, Candy, cette fois nous resterons ensemble. Je ne t’abandonnerai plus. J’attends depuis si longtemps. J’ai prié pour ton bonheur, mais ma jalousie a empêché que tu sois heureuse avec un autre.

Tu ne t’es probablement jamais douté que c’était moi qui avait arrangé ta rencontre avec Terry. Je savais que Terry te consolerait et je pensais que lui seul te ferait sourire à nouveau après ma mort. J’ai emprunté ton écharpe et l’ai laissée tomber à côté de lui sur le bateau pour Londres. Avant cela, je ne pensais pas qu’en fin de compte tu en aimerais un autre, mais c’est-ce qui est arrivé et j’ai été un peu déçu. Mais si tu étais heureuse, je l’étais aussi.

Je ne me souviens pas de l’accident. J’ai dû avoir une absence lorsqu’il s’est produit. Si j’avais continué à veiller sur toi, rien ne serait arrivé. Susanna irait bien, toi et Terry n’auriez pas été séparés. Mais d’une certaine façon, j’étais heureux. Cela m’a fait mal de te voir triste, mais d’un autre côté j’étais soulagé que tu ne sois plus avec lui.

Je voulais qu’Alistair survive, mais ce n’était pas en mon pouvoir. Patty s’étant suicidée, elle est allée en Enfer. Mais Ali et moi avons supplié Dieu pour elle, et nous avons été rejoints plus tard par Mlle Pony. Cela nous a beaucoup aidé car peu après, Patty a été admise au paradis. Elle a découvert ce qu’Ali ressentait pour toi. Elle en a encore de la peine et chaque jour Ali essaye de la reconquérir.

Ma mère voudrait beaucoup te rencontrer. Tu lui ressemblais de plus en plus en grandissant. J’étais très malheureux de ne pas être avec toi, mais maintenant je ne te quitterai plus, jamais ! Et dire que mon oncle était ton premier amour. J’étais jaloux de mon propre oncle ! Je ne pouvais y croire ! Nous nous moquerons de lui quand il nous rejoindra plus tard »

« Anthony, je peux te toucher ? C’est possible ? » Candy était en larmes.

« Inutile de pleurer, Candy. Bien sûr que tu peux me toucher. Je suis bel et bien là »

« Oh, Anthony, je peux te toucher. Tu ne peux pas imaginer à quel point tu m’as manqué depuis que tu es parti. Même quand j’étais amoureuse de Terry, il ne se passait pas un jour sans que je pense à toi. Tu étais mon premier amour, celui qui m’a fait découvrir ce sentiment. Tu es mon sauveur »

« Peu importe ton âge, tu es mon seul amour. Je n’ai plus de corps, mais mon âme est toujours là, brûlant d’un amour profond pour toi, Candy »

« Ah, Anthony, je ne te laisserai plus jamais partir »

« Candy ! »

Archibald arriva en courant, bientôt suivi d’Annie et de toutes les personnes qui assistaient à l’enterrement. Albert comprit que c’étaient les derniers instants de Candy. Il retrouva des sensations familières, celles qu’il avait vécu lorsque Rosemary avait rendu son dernier souffle.

« Anthony, es-tu prêt à emmener Candy avec toi ? N’aurais-tu pas pu attendre encore un peu ? Ici aussi, nous avons besoin de son magnifique sourire, mais je devine que maintenant, nous ne pourrons plus que nous remémorer ce souvenir. Sois gentil, Anthony, prends bien soin de Candy »

« Candy, qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi toi , Candy, réveille-toi ! » sanglota Annie, désespérée.

« Archie, je peux ressentir la présence d’Anthony. Il est tout près »

Candy avait du mal à respirer, tandis qu’un long frisson parcourait la colonne vertébrale d’Archibald. Il sut que pour Candy, le moment de partir était venu. Il avait commencé à s’en douter lorsqu’il lui avait amené la lettre d’Alistair, mais il n’avait pas voulu l’admettre.

Il regarda Candy , sur qui il avait veillé depuis le temps de leur jeunesse. Il avait vraiment essayé d’être simplement son ami, mentant sur ses véritables sentiments pour elle. Cependant, cette fois il ne mentirait plus. Il serait sincère.

« Candy, as-tu vu Anthony ? Les lettres d’Anthony et Terry, ce devait être des lettres venues du ciel »

Il ne pouvait s’empêcher de pleurer.

« J’ai encore une lettre d’Anthony pour toi. Je l’ai troué avec la lettre d’Alistair, mais elle était illisible. J’ai dû la restaurer pour que tu puisses la lire, mais peut-être n’as-tu plus besoin de la lire. Quand tu trouveras Anthony, il te le dira lui-même. Tu dois être heureuse d’être avec Anthony, maintenant. As-tu déjà vu Alistair ?

Souviens-toi de nous, Annie et Albert. Nous nous retrouverons. D’ici là, adieu Candy. Même dans cette vie d’après, je t’aimerai. Tu seras la seule que j’aimerai »

Archie l’embrassa et Candy rendit le dernier soupir.

Tout le monde pleurait. Ils savaient que rien n’est plus douloureux que de voir mourir un être cher. Ils regardèrent Archie soulever doucement le corps de Candy. Une lettre glissa de la poche d’Archibald. Sarah la ramassa et la lut.

« Ma très chère Candice Neige André,

La chasse au renard a lieu demain. Candice Neige André, c’est un nom formidable ! Il sonne très bien ! Je suis si heureux à l’idée de vivre avec toi auprès de moi que je n’arrive pas à fermer l’œil ! Tu dois penser que je suis un idiot, n’est-ce pas ? Emmène-moi à la colline de Pony. Rien que toi et moi, sans Ali et Archie. J’aimerais beaucoup voir l’endroit où tu as grandi.

C’est la saison où les roses se fanent mais aussi celle où je suis tombé amoureux de toi ! Grâce à toi, je ne me sens plus seul. Plus tard, nous irons vivre sur la colline de Pony, dans une petite maison autour de laquelle j’aurai planté des roses. Nous serons toujours ensemble. Je serai un époux merveilleux pour toi. Je ferai de mon mieux pour être ton homme idéal.

C’est aujourd’hui la chasse au renard. Je me sens bizarre, pas comme pendant la nuit. Mon cœur bat la chamade et je ne peux pas le calmer. Qu’est-ce qui m’arrive ? J’aurais voulu que tu sois la première personne que je vois ce matin, mais Ali et Archie sont venus dans ma chambre avant.

J’espère qu’il ne t’arrivera rien. S’il m’arrive quelque chose, sache que je serai toujours avec toi et tu pourras percevoir ma présence. Même si je dois mourir aujourd’hui, je t’écrirai chaque jour, pour que tu reçoives mes affectueuses pensées de façon quotidienne. Ainsi, tu ne m’oublieras pas. D’une certaine façon, tu me manques déjà. Je te verrai dans un moment, mais je ne peux pas attendre. Je suis surpris moi-même de la profondeur de mon amour pour toi. Candy, souviens-toi que je serai toujours avec toi quoiqu’il advienne.

Anthony

Je t’aime »

Fin


© Ko Kyoung Hee 2007