De la richesse à la pauvreté : Candy dans le monde de Princesse Sarah
par Axie

 

C'est avec une grande curiosité que les demoiselles du pensionnat St Paul découvrirent leur nouvelle camarade Candy. D'une part, elle était Américaine alors que toutes les jeunes filles de cette école londonienne étaient Anglaises. D'autre part, elle était la protégée du richissime Albert André, cela faisait d'elle l'élève la plus riche de l'établissement. Eliza, ainsi détrônée, en conçut une jalousie maladive et ne manqua pas une occasion de la rabaisser en évoquant ses origines obscures.

Ses agissements n'empêchèrent pas Candy de se lier intimement avec 3 personnes. Il y eut d'abord Patty, la meilleure élève de la classe, qui aidait Candy à faire ses devoirs car l'éducation reçue à la pension Pony n'était pas comparable à celle réservée aux filles d'aristocrates. Il y eut aussi la petite Annie, qui désirait tant avoir une maman qu'elle n'appela plus Candy que « maman Candy ». Enfin, émue du sort de la servante Dorothée toujours affamée, Candy lui offrait souvent quelque chose à manger. La générosité de Candy lui valut la sympathie des élèves en général. Seules Eliza et son amie Louise ne voyaient pas ses bons côtés, et elles jubilèrent lors de sa déchéance. En effet, Candy fut un jour convoquée dans le bureau de la mère supérieure qui paraissait plus grave que jamais. Certes, la mère supérieure ne l'avait jamais beaucoup aimée, mais Candy n'avait pas commis de bêtises récemment.

« J'ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer. Vous savez que M. André devait sillonner l'Angleterre pour ses affaires. Hélas, les routes ne sont pas sûres... »
« Qu'est-il arrivé? » s'alarma Candy.
« Alors qu'il circulait en rase campagne, sa calèche a été attaquée... »
Le coeur de Candy battait la chamade : « Est-il gravement blessé ? »
« Etant donné que depuis il n'a plus donné signe de vie, il y a tout lieu de penser qu'il est mort et que les bandits ont jeté son corps dans la rivière. Mon enfant, priez pour cet homme qui a été si bon pour vous et qui malheureusement vous laisse sans un sou »
« Mais Albert voulait m'adopter! » 
« La procédure n'était pas terminée, si bien que vous ne pouvez pas hériter de lui, expliqua la mère supérieure. Vous ne pouvez plus rester parmi les élèves. Aussi si je vous propose de rester, c'est en tant que servante. Je vous conseille d'accepter, vous n'avez nulle part où aller. »

C'est ainsi que commencèrent pour Candy les longues journées de labeur sous les ordres des autres domestiques. Elle devait aller au marché par tous les temps, personne ne se souciait que la pluie lui glaçât les os. Eliza raillait son air pitoyable, et malgré le soutien constant de Dorothée, Patty et Annie, il y avait des moments où Candy pleurait amèrement dans sa mansarde. Toutefois, elle retrouvait le sourire en compagnie d'un rat qu'elle avait apprivoisé. Il lui rappelait Capucin, le raton-laveur qu'elle avait laissé à la pension Pony. « Puisque tu es un rat, je te baptise Tonlaveur. Comme ça, tu seras mon rat Tonlaveur de Londres. " ^^
Un matin, à sa fenêtre, Candy vit un étrange oiseau: il volait d'une façon peu naturelle. Une tête brune apparut à la fenêtre de la maison d'à côté : « S'il vous plaît, rattrapez-le! »
Sur ces mots, les ailes de l'oiseau se raidirent et il tomba sur le rebord de la fenêtre : un oiseau mécanique ! Candy le ramassa, monta sur le toit et alla le rendre à son propriétaire.
« Vous n'avez pas peur de marcher sur les toits! » s'étonna Alistair.
« C'est comme grimper aux arbres, ce que je faisais dans mon enfance... Oh! Quelle belle chambre vous avez! » soupira Candy.
« La vôtre doit l'être encore plus. Je sais que nos voisines sont des jeunes filles de la haute société »
Le visage de Candy s'assombrit : « Je suis une modeste servante... Oh! Je dois aller travailler, sinon je serai privée de repas! »

Candy repartit aussi vite qu'elle était arrivée, cependant qu'Alistair se sentait ému par sa détresse. Il parla d'elle à son maître Anthony. En tant que majordome à son service depuis de nombreuses années, Alistair savait qu'Anthony ne perdait pas une occasion de faire le bien autour de lui. Il l'avait encore prouvé récemment en recueillant un blessé trouvé sur le bord de la route. Plutôt que de l'emmener à l'hospice, il avait décidé d'en prendre soin lui-même, d'autant que la ressemblance entre lui et l'inconnu était frappante. Comme Alistair s'y attendait, Anthony lui accorda de porter à la petite servante de la nourriture et de quoi rendre sa mansarde plus confortable.

Cette journée fut particulièrement éprouvante pour Candy. Ayant pris son service en retard, elle ne reçut rien à manger de la journée . Lorsqu'elle trouva la table dressée dans son logis, elle crut à une hallucination. Mais c'était bien réel ! Elle alla chercher Dorothée pour partager avec elle, et après le repas les 2 fillettes s'endormirent dans les chaudes couvertures qui semblaient aussi être venues par magie. Candy comprit que tout ceci était l'œuvre d'Archibald et le remercia intérieurement.
Le lendemain, elles mangèrent les restes avant de descendre, la mine réjouie. Ce qui intrigua Eliza...

Elle était au courant de la punition de Candy et s'étonna de voir son ennemie en forme alors qu'elle était censée avoir dormi le ventre vide. Eliza alla voir la mère supérieure et lui fit part de ses soupçons : sans doute Candy volait-elle de la nourriture aux cuisines et la cachait dans sa mansarde!
Le soir venu, quand la mère supérieure surprit Candy et Dorothée dévorant les nouvelles victuailles apportées et qu'elle vit les couvertures, elle comprit que cela ne provenait pas du pensionnat. Elle en conclut que les 2 fillettes étaient allées chapardé ailleurs et avaient ramené le fruit de leur larcin dans son établissement ! Persuadée que Candy avait entraîné sa compagne, la mère supérieure l'envoya dormir à l'écurie (« Telle est sa place! » déclara cruellement Eliza quand elle le sut) et la prévint qu'elle n'aurait rien à manger pendant 3 jours. Candy pleura beaucoup dans la paille avant de décider : « Je vais m'embarquer sur un bateau et retourner en Amérique. Là-bas, tout est possible, alors qu'ici je ne sortirai jamais de la pauvreté et je continuerai d'être maltraitée. Mais je serais une ingrate si je partais sans remercier mon gentil bienfaiteur »

Le lendemain, Candy dut s'acquitter de quelques corvées (les dernières!) avant de réussir à s'échapper et d'aller sonner à la maison voisine. Mais le domestique ne voulut pas laisser entrer cette miséreuse . Candy resta là un moment, jusqu'à l'arrivée de l'avocat d'Anthony : c'était un jeune homme élégant aux manières agréables.
« Hé bien petite fille, que fais-tu là? » demande Archibald.
« S'il vous plait, si vous allez dans cette maison laissez-moi entrer avec vous. Il faut que je parle au jeune homme brun qui a un oiseau mécanique »
« Alistair? Bien entendu »
Archibald la fit passer devant lui, avant de soupirer de tristesse. Anthony lui avait demandé d'enquêter pour établir l'identité du blessé, qui avait perdu la mémoire. Mais ses recherches n'aboutissant pas, il n'avait aucune bonne nouvelle à annoncer. Il ne pouvait se douter de ce qui allait suivre... Lorsqu'ils entrèrent dans la chambre où Anthony et Alistair de tenaient au chevet du blessé, Candy s'écria : »Albert! » et le blessé de se redresser en murmurant : « Candy! »
Les retrouvailles rendirent la mémoire à Albert et l'aidèrent à se rétablir plus vite. Pour Candy, c'était la fin de cette effroyable période . Elle retrouvait l'aisance, son cher Albert et elle s'était fait 3 nouveaux amis dont les prénoms commençaient par un « A ».

© Axie  printemps-été 2007