Noël autrement
par Axie




Prologue

Elisa resta quelques instants sous le choc de la nouvelle proclamée par le chef de gare : le train pour Howards Falls était contraint de rester à quai. L’avalanche qui s’était produite coupait toute liaison ferroviaire avec la station de montagne où se trouvaient Daniel, leurs parents et la grand-tante Elroy.
En ce matin du 24 décembre, il lui était impossible de les rejoindre pour passer Noël avec eux.

Autour d’elle, les passagers manifestaient leur déception tandis qu’elle-même restait impassible. C’était un coup dur de plus.

Début décembre Elroy était partie en cure pour soigner ses articulations douloureuses. Son séjour devait se prolonger jusqu’au printemps, si bien que beaucoup de membres de la famille André avaient décidé de rejoindre la doyenne du clan sur son lieu de convalescence pour les fêtes de fin d’année.
A la mi-décembre, M. et Mme Legrand étaient partis, escortés de Daniel. Pour sa part, Eliza estimait qu’il était trop tôt pour quitter Chicago. La fin de l’année était prétexte à de nombreuses mondanités au cours desquelles elle pourrait danser, boire du champagne, exhiber ses plus belles robes. Il était impensable de s’éloigner prématurément de toutes ces occasions de s’amuser et de briller en société, pour rejoindre une station de montagne réputée pour sa tranquillité.
« Au contraire, je pense que tu devrais te faire oublier quelques temps, lui avait conseillé sa mère. Le regrettable… incident avec le fils Banks est encore dans toutes les mémoires »
Mais Elisa ne voulait pas admettre que son attitude envers son ex-fiancé avait été odieuse.

Elle ne l’avait jamais aimé et, comme toute demoiselle destinée à un mariage de raison, elle s’était efforcée de se persuader que son promis disposait de la qualité essentielle : une grosse fortune. Mais plus elle le fréquentait, plus elle le trouvait insupportable.
Lors d’une réception, elle s’était momentanément débarrassée de lui en l’envoyant lui chercher à boire. Ce qu’il lui avait ramené ne lui avait pas plu.
« Je vous avais demandé du rosé ! »
« Je suis navré, très chère, je suis certain que vous m’avez demandé du vin rouge »
C’était possible. Elle ne s’en souvenait plus. Excédée, elle avait pris le verre qu’il lui tendait… pour lui en jeter le contenu à la figure.
Son geste avait scellé la rupture de leurs fiançailles.

Finalement, Elisa avait obtenu de ses parents de rester en ville. Néanmoins, elle ne s’était pas amusée autant qu’elle le prévoyait. Loin de là.
Les séduisants jeunes hommes qui, même pendant ses fiançailles, avaient continué de lui faire discrètement la cour, étaient nettement moins empressés. Les filles qu’elle prenait pour ses amies affichaient une froide courtoisie, choquées elles aussi d’une telle inconvenance. A moins qu’elles aient reçu des consignes de leurs parents, redoutant que le tempérament de Mlle Legrand influence leur progéniture.
Pour la première fois, la jeune fille avait expérimenté une étrange sensation : se sentir seule tout en étant entourée. Chez ses hôtes, elle n’était plus que tolérée. Chez elle, les domestiques n’étaient jamais loin, mais ce n’étaient pas des gens avec qui elle pouvait partager quelque chose.
Elle avait vivement désiré se retrouver parmi les siens. Bien qu’ils lui fassent parfois la morale et lui posent des interdits, eux ne la rejetaient pas.

Elle avait attendu le dernier moment pour prendre le train, et voilà qu’il lui était impossible de partir. Certes, la voie ferrée serait praticable d’ici deux ou trois jours. Elle serait à Howards Falls pour le Nouvel An. Mais pour Noël, fête familiale par excellence, elle ne serait pas avec les André.

Le chauffeur toussota pour rappeler sa présence.
« Je suppose que nous rentrons, mademoiselle »
Ramenée à la réalité, Elisa promena un regard hébété sur les murs de la gare avant de le poser sur le domestique.
« Oui. Ou plutôt, rentrez sans moi ! »
« Je vous demande par… »
« Je préfère rentrer à pied. Ramenez la voiture et les bagages à la maison. Ensuite, ma foi, je suis certaine que votre femme et vos enfants seront ravis de vous voir rentrer tôt. Vous les aiderez à préparer le réveillon »
Si le chauffeur n’avait été aussi stylé, il serait resté bouche bée de stupeur. Mlle Legrand ne s’était jamais demandé si les horaires qu’elle lui imposait perturbaient sa vie de famille. Et voilà que soudainement, elle se rappelait qu’il était marié et père de deux petits garçons.
Craignant qu’elle change d’avis, le serviteur s’empressa d’obtempérer.
Elisa resta encore un moment dans la gare, voyant partir des trains qui ne pouvaient l’emmener là où elle aurait voulu être.
Puis, elle sortit et commença à marcher.


Chapitre I : Dans les rues


« Qu’est-ce qui m’arrive ? D’habitude, quand les choses ne se passent pas comme je le voudrais, je passe mes nerfs sur quelqu’un. Cette fois, je suis tellement déçue que je n’en ai même pas envie. Je veux seulement marcher avant de retrouver une grande maison vide »
Dans la rue où s’était engagée, les commerces étaient nombreux : magasins de jouets, de vêtements, parfumeries, librairies, boulangeries, épiceries fines… Les retardataires s’affairaient pour leurs achats de dernière minute.
Malgré son désappointement, Elisa restait sensible aux décorations des vitrines : sapins, couronnes de l’Avent, bougies, étoiles, pommes de pin, lutins, chaussettes rouges et faux bonshommes de neige. Et surtout l’inévitable Père Noël !
Que ce soit dans une hotte ou dans un traîneau, les cadeaux débordaient.

Elisa avait toujours reçu de nombreux cadeaux pour Noël. Cette année, elle n’en aurait aucun. Où plutôt, elle les déballerait à Howards Falls, bien après tout le monde. Que trouverait-elle ?
Etrangement, elle eut envie de recevoir à nouveau des jouets, comme au temps de son enfance.
Dans l’une des vitrines trônait une poupée géante, haute de plus d’un mètre. Avec ses cheveux blonds et sa robe blanche, elle avait tout l’air d’un ange. Elisa s’était approchée pour mieux la voir, en même temps que deux enfants : une fillette de cinq ans, et son frère âgé d’une douzaine d’années.
La fillette ne pouvait détacher ses yeux de ce merveilleux spectacle et demanda timidement :
« Tu crois que le Père Noël pourra me l’apporter ? »
« Je te l’ai déjà dit. Le Père Noël ne passe que chez les enfants riches » répliqua le garçon d’une voix bourrue.


Ces paroles dissipèrent en Elisa le bref sentiment de mieux-être suscité par la splendeur de la poupée. Voilà donc ce que l’on racontait aux enfants pauvres ? Les paroles du jeune garçon la hantèrent longtemps après que le frère et la sœur se furent éloignés. Elle repensa à tous les jouets dont Daniel et elle ne se servaient plus et qui avait été remisés au grenier. Ils feraient le bonheur de tant d’enfants s’ils étaient donnés…
« Donner mes affaires ? »
Quelques passants, intrigués, se tournèrent vers elle. La jeune fille reprit son chemin, confuse d’avoir été surprise en train de parler toute seule en pleine rue.
Décidément, elle n’était pas dans son état normal pour envisager de donner ce qui lui appartenait. Mais puisqu’ils ne lui servaient plus, à quoi bon les garder ? Pour ses futurs enfants ? C’était bien un raisonnement de pauvre ! Elle était riche : ses enfants auraient des jouets neufs, des vêtements que personne d’autre n’auraient porté.
Mais avant d’avoir des enfants, il fallait trouver un mari.

Après la rupture de ses fiançailles, Elisa s’était demandé s’il ne valait pas mieux pour elle rester célibataire. Elle serait plus libre que liée à un époux. Mais l’on regardait avec pitié celles qui restaient vieilles filles. Le plus souvent, cette situation était subie plutôt que choisie.

Elisa avait l’impression que tous ceux qu’elle croisait, ou presque, évoluaient par groupes de deux, trois ou plus encore. A voir passer ainsi des familles entières, elle pensa à la complicité qui la liait à son frère, à l’affection dont ses parents l’avaient toujours entourée. Elle en conclut qu’elle aussi voulait fonder un foyer et que, pour y parvenir, il lui faudrait atténuer son caractère emporté. Cette idée nouvelle la décontenançait, mais en toute logique, si elle continuait ainsi, elle ferait fuit tous les prétendants !

Continuant sa route, elle passa devant une chorale qui entonnait des chants de Noël, un chaudron à leurs pieds pour récolter les aumônes. Elisa se demanda pour quelle œuvre de charité ils chantaient. En tout cas, elle préférait garder son argent pour s’offrir un bon déjeuner. L’après-midi était bien entamé, le froid était vif et elle commençait à se sentir fatiguée de sa longue marche.  Machinalement, elle commença à tâter le contenu de son sac à main, avant de se figer brusquement.
Ce qui obligea la dame qui la suivait à faire un écart et la pile de paquets enrubannés qu’elle tenait tanga.
« Faites attention, jeune fille ! »
Elisa l’entendit à peine : elle venait de réaliser qu’elle avait oublié son porte-monnaie.
En se préparant à la hâte, elle l’avait laissé dans sa chambre. Tout ça pour prendre un train qui n’était pas parti ! Quelle idée elle avait eue d’ordonner au chauffeur de rentrer sans elle !

Cette fois, Elisa s’énerva pour de bon, tapant du pied et jurant à haute voix, sans se soucier d’attirer l’attention. Elle ne s’était jamais retrouvée dans ce cas de figure : seule, frigorifiée, affamée, loin de chez elle. Et sans argent.
Elle n’avait jamais pris conscience avec une telle acuité combien le fait d’avoir de l’argent pouvait tout changer. Ou, en l’occurrence, le fait de ne pas en avoir.
Après un moment de découragement, elle se remit en route. Plus vite elle serait arrivée, plus vite elle pourrait se réchauffer et se restaurer.

Désormais, elle regardait les passants d’un autre œil. Il n’y avait pas seulement ceux qui avançaient les bras chargés. Il y avait aussi ceux qui ne transportaient rien et dont les habits élimés indiquaient clairement la condition. La jeune fille se demanda comment ils pouvaient résister au froid alors que leur manteau était plus mince que le sien, que beaucoup se passaient de gants, d’écharpe, de bonnet. Certaine marchaient en regardant leurs pieds pour ne pas voir les vitrines, alors que d’autres lançaient des regards envieux aux devantures achalandées.

Elisa se dit qu’elle n’était pas à plaindre. Même si c’était avec du retard, elle les aurait, ses cadeaux de Noël ! De plus, il y avait toujours de bonnes choses à manger dans une maison appartenant aux André. Certaines personnes regardaient si avidement les vitrines des commerces alimentaires. Se pouvait-il que leur menu de Noël soit celui d’un jour ordinaire ? Se pouvait-il qu’ils ne mangent pas toujours à leur faim ?

Un banc se trouvait sur son chemin et Elisa s’y laisse tomber. Le froid, la fatigue physique et toutes ces pensées inhabituelles lui donnaient le vertige. Le fait de se retrouver seule pour Noël, au lieu dans l’enfermer dans sa tristesse, lui faisait entrevoir de quels manques pouvaient souffrir d’autres personnes.
Mais le monde était comme ça ! Emme ne pouvaient rien y changer.

Un peu reposée, elle quitta le banc en songeant qu’elle allait passer un étrange réveillon : elle avalerait la première chose comestible qu’elle trouverait, elle prendrait un bain de pieds, et elle se mettrait au lit de bonne heure car elle se sentait exténuée.

D’ordinaire, les enfants n’éveillaient guère sa sympathie. Or, à voir ceux qu’elle croisait, elle les enviait pour la joie que certains manifestaient à l’approche de Noël et elle aurait voulu revivre un des réveillons de sa petite enfance, avec Daniel et leurs cousins, avant que leurs caractères respectifs se dessinent.
C’était l’époque où elle ne prenait pas encore de grands airs et même Daniel avait été un charmant garçonnet. Archibald ne prenait pas encore un air renfrogné à chaque fois qu’il les voyait. Elle se souvenait que c’était Anthony qui l’avait consolée lorsqu’elle avait découvert que le Père Noël n’existait pas. Quant au généreux Alistair, il la laissait toujours essayer ses jouets. Sauf pour le Noël de ses dix ans où il avait demandé un cadeau délicat : une maquette d’avion…

Elisa ferma brièvement les yeux, avant de se ressaisir. Elle s’était habituée à l’absence d’Anthony tandis que la disparition d’Alistair, encore récente, lui serrait le cœur chaque fois qu’elle y pensait. Beaucoup de foyers comptaient un homme tombé au champ d’honneur. Ils manquaient à leurs familles, comme Alistair lui manquait à cet instant. Tout comme il devait manquer à Patricia O’Brien. Patty qui se trouvait à quelques mètres d’elle.


Chapitre II : Générosités

Elisa crut d’abord avoir mal vu. L’obscurité, la fatigue, les désillusions et l’évocation du souvenir de son aviateur de cousin, tous ces éléments avaient dû se combiner pour lui faire croire que la silhouette qu’elle distinguait devant elle, entre une camionnette et le seuil d’une boulangerie, était celle de Patty O’Brien.
« Il y a tant d’invendus et vous nous les donnez tous ? »
C’était bien la voix de Patty. Elisa s’avança et entendit la réponse de la boulangère : « Chaque année, mon mari en produit trop. Même en donnant à nos employés et nos voisins, il nous en reste. Je suis heureuse de les offrir à votre œuvre de bienfaisance »
Patty esquissa un bond de joie avant de se tourner vers le jeune homme qui était descendu de la camionnette : « Il faudra faire plusieurs allers-retours. Commençons tout de suite »
« Patty » souffla Elisa alors qu’un sourire étirait ses glacées.
Son ancienne condisciple la dévisagea d’un air interrogateur.
« Nous nous connaissons, Mademoiselle ? »
« Tu ne reconnais pas Eliza Legrand ? »
Tout en prononçant ces mots, la riche héritière se demanda pourquoi elle n’avait pas tout simplement passé son chemin. Pourquoi avait-elle été si heureuse de revoir un visage familier ? Et pourquoi s’était-elle imaginé que son interlocutrice serait contente de la revoir ?
La tenue adéquate pour assister à l’office au collège St Paul, l’arbre creux qui servait de boîte aux lettres secrète… Après les mauvais tours qu’elle avait joués à Patty dans le contexte de sa rivalité avec Candy, aucune chance qu’elle se réjouisse de ses retrouvailles ! Ce n’était pas comme si son ancienne amie Louisa s’était soudain trouvé devant elle, par exemple.

De son côté, Patty peinait à reconnaître Elisa en cette jeune fille à la coiffure quasiment défaite par le vent d’hiver et qui lui souriait de ses lèvres bleuies. Pas un sourire moqueur, un vrai sourire ! Patty savait que l’ambiance de Noël pouvait transformer les gens, mais elle avait pensé que le cas de cette pimbêche était désespéré.
« Oui, ça me revient, tu es originaire de Chicago, toi aussi »
Puis, devinant la perplexité de la personne qui l’accompagnait, elle fit les présentations.
« Laisse-moi te présenter Frederick Sheppard, qui m’aide à collecter de la nourriture. Frederick, voici Elisa Legrand, que j’ai rencontrée en pension en Angleterre »
« Quel froid de canard ! les interrompit la boulangère. Si vous pouviez commencer à charger votre camion… »
« Bien sûr » acquiesça Patty.
« Puis-je vous aider ? » demande Elisa.
« Votre aide est la bienvenue, mademoiselle » accepta Frederick en lui dédiant un sourire empreint de gratitude.
Abasourdie, Patty les suivit à l’intérieur. Que cette chipie lui parle gentiment, c’était en soi un miracle de Noël. Et voilà qu’elle proposait son aide ! Si un ange s’était matérialisé pour lui prêter main forte, il aurait pu choisir une autre apparence !

Miches de pain, confiseries et bûches aux divers parfums furent transportés dans le véhicule. Après d’ultimes remerciements et vœux de joyeuses fêtes adressés à l’aimable marchande, Frederick ferma la porte arrière du camion.
« Nous n’avons pas trouvé de sapin, déplora-t-il. En revanche, le Ciel a mis sur notre chemin plusieurs personnes charitables : un volaillier, une vendeuse de légumes, un épicier et maintenant une boulangère »
« Oui, et maintenant nous avons de quoi préparer un bon repas pour toutes ces familles en détresse. Oh, Elisa, je n’ai pas pu encore t’expliquer »
Elisa ne s’expliquait pas à elle-même pourquoi elle avait aidé ces personnes, sans savoir pour quelle cause ils oeuvraient. Certes, elle avait déjà aidé sa mère à organiser des galas de charité, mais c’était pour en tirer des éloges, pas par compassion envers les plus démunis.
Toujours est-il qu’elle avait aidé deux personnes dans leur collecte de nourriture afin d’offrir un réveillon de Noël aux veuves et orphelins de l’armée.
Patty conclut, d’un ton hésitant : « J’imagine que toi-même, tu te rendais sur le lieu de ton réveillon quand tu m’as vue ? »
On était loin des beaux quartiers de la ville, et il était curieux qu’une demoiselle de son rang se déplace à pied. Les Legrand avaient-ils connu des revers de fortune ?
« En effet » répondit simplement Elisa à la question de Patty.
« Dans ce cas, permettez-nous de vous y emmener, proposa Fredrick. Il y a de la place pour trois à l’avant du fourgon »
C’était moins confortable que si elle était installée dans sa luxueuse berline, mais il faisait moins froid que dehors. Elisa pensa que c’était vraiment gentil de leur part de la raccompagner. Ils auraient pu l’abandonner dans la rue sitôt le chargement achevé. Au collège, elle avait méprisé Patty et elle se dit qu’elle l’avait peut-être jugé un peu vite. Quant à Frederick, il n’était pas un homme du monde comme ceux qu’elle fréquentait. Néanmoins, sa gentillesse et ses bonnes manières inspiraient confiance.

« Dis-moi ce que tu deviens, Patty. Nous ne nous sommes pas vues depuis longtemps »
« La dernière fois, c’était aux funérailles d’Alistair »
Le souvenir de Patty, effondrée sur la tombe de son cousin, s’imposa à l’esprit d’Elisa. A l’époque, elle était restée à l’écart, s’efforçant de se maîtriser. C’est seulement de retour dans sa chambre qu’elle avait laissé libre cours à son chagrin. Après avoir désapprouvé un tel épanchement en public, Elisa se sentait plus compréhensive : pourquoi cacher une douleur sincère ? De toute évidence, les deux jeunes gens avaient été amoureux. Si Alistair était revenu vivant de la guerre, aurait-il pu épouser cette jeune fille d’un rang si inférieur à celui des André ?
« Alistair me manque » chuchota Patty.
« Il me manque aussi » renchérit Elisa.
Les deux filles se regardèrent : le souvenir de ce garçon qu’elles avaient chéri pouvait-il les rapprocher ?

« Pour répondre à ta question, je fréquente une université pour jeunes filles. J’étudie surtout des matières scientifiques. C’est ton cousin qui m’en a donné le goût. Et toi, as-tu poursuivi tes études après St Paul ? »
« Non, je n’ai jamais été aussi bonne élève que toi (Elisa marqua une pause en réalisant qu’elle venait de faire un compliment à Patty ) J’ai seulement pris des cours de danse pour mieux danser lors des bals. Et je cherche à me marier »
« Oh, j’avoue que me marier n’est pas dans mes priorités. Pour l’instant, je suis assez occupée entre mes études et l’aide aux familles de soldats »
« Dis plutôt que tu ne peux oublier Alistair » songea Elisa. Mais avant qu’elle ait pu formulé cette pensée, le conducteur du véhicule se manifesta : « Laissez-moi vous dire, Mademoiselle O’Brien, que vous êtes des plus charmantes et que vous pourriez tout à fait rendre un homme heureux »
Frederick s’était exprimé chaleureusement et avait coulé un bref regard sur le côté avant de reporter son attention sur la route. Tandis que Patty bredouillait quelques remerciements, Elisa s’interrogea sur la nature des sentiments de Frederick à son égard…

Le camion s’immobilisa et Frederick demanda : « Sommes-nous bien à l’adresse que vous m’avez indiquée, Mademoiselle Legrand ? »
« Une maison des André, une maison où Alistair est venu… » s’émut Patty à mi-voix.
« C’est bien ici » confirma Elisa en avançant la main vers la poignée.
« Pardonnez-moi, continua Frederick, mais je ne vois aucune lumière allumée »
« C’est vrai, s’étonna Patty. Il devrait y avoir du monde chez toi en cette veille de Noël »
A contrecoeur et aussi brièvement que possible, Elisa expliqua pourquoi la demeure était vide.
« En tout cas, conclut-elle en tentant à nouveau de sortir du fourgon, merci de m’avoir ramenée »
« Attends. Viens avec nous »
La réaction de Patty avait été immédiate et Elisa resta d’abord sans voix.
« Viens réveillonner avec nous » insista Patty.
« Personne ne devrait rester seul pour Noël ! » s’insurgea Frederick.
Phénomène des plus rares, Elisa fut sincèrement touchée de leur offre. Elle pensa : « Frederick dit cela parce qu’il ne me connaît pas. Mais Patty, avec qui j’ai été odieuse… »
Malgré son envie d’accepter, elle commença par protester : « C’est que… je ne suis pas une veuve de l’armée »
« Moi non plus » dit Patty, dans un soupir indiquant qu’elle aurait voulu épouser Alistair, même si c’était pour le perdre peu après.
« Et moi, encore moins, ajouta Frederick en souriant de toutes ses dents. Mais j’ai décidé de donner un coup de main pour cette soirée »
« Je ne sais pas si je vous serai très utile… »
« Alors, sois simplement notre invitée » proposa Patty.
Il y eut un bref moment de silence, une dernière hésitation de la part d’Elisa, puis :
« Soit, je viens avec vous… Attendez ! Il y a quelque chose que je peux faire ! »


Chapitre III : Préparatifs

Une heure plus tard, le fourgon se garait devant le centre d’aide social qui accueillait le réveillon de charité organisée par Patty et Frederick. La troisième bénévole se prénommait Manuela et vint les aider à décharger. Brune et toute en rondeurs, elle inspirait la sympathie par son attitude chaleureuse et son rire communicatif. Elle accueillit Elisa comme si elle avait toujours fait partie du comité d’organisation et, quand elle sut que la nouvelle venue faisait don de son propre sapin pour illuminer la soirée,  elle s’écria : « C’est le Ciel qui vous envoie ! »
« C’est bien la première fois que je m’entends dire une chose pareille » déclara Elisa. Chose plus stupéfiante encore, elle trouva cela agréable, d’être considérée comme quelqu’un qui fait du bien autour d’elle si l’occasion se présente.
« Je suppose, ajouta-t-elle, que la mère supérieure de St Paul aurait dit : ‘Les voies du Seigneur son impénétrables’ ou quelque chose comme ça »
« Elle disait aussi, rappella Patty, que sur cette terre nous étions tous appelés à agir en faveur de nos semblables, où que nous soyons et quels que soient les moyens dont nous disposons. A nous de décider d’agir ou pas. »
Elisa s’en souvenait, mais à l’époque, elle n’avait guère attaché d’importance aux sermons de la mère supérieure.

A l’intérieur, tous les quatre prirent un moment pour se restaurer. Après deux tasses de thé et plusieurs parts de pain d’épices, Elisa se sentit nettement mieux. Puis, pendant que Manuela et Frederick s’activaient en cuisine, Elisa et Patty s’occupèrent de la décoration dans la pièce qui servirait de salle à manger. Pour commencer, il fallait redonner fière allure au sapin, qui avait un peu souffert pendant le transport.
« Plusieurs boules sont cassées » déplora Elisa en s’éloignant pour mieux juger de l’effet.
Dire que cet arbre avait orné sa chambre avant de se retrouver dans ce centre social… Constamment entourée de luxe, elle y avait à peine prêté attention et avait confié à une servante le soin de le décorer. Mais voilà qu’elle retrouvait l’envie de m’embellir, comme cela ne lui était plus arrivé depuis son enfance.
« Si nous avions des bougies et des rubans… »
« Bien sûr ! J’ai des bougies colorées ! annonça Patty. Je les destinais à orner la table, mais nous pouvons en utiliser quelques unes pour le sapin »
Pendant qu’Elisa coupait les chandelles pour obtenir la taille désirée, Patty s’absenta le temps de dénicher des allumettes et des ciseaux.
« Regarde ce que je ramène en plus ! »
« Du ruban rouge ! Justement la couleur de Noël ! » se réjouit Elisa.
« Quelle chance ! Manuela avait du ruban rouge dans son sac. Elle viendra voir notre arbre de Noël dès que la cuisine lui laissera un peu de répit… Oh, tu l’entends ? Manuela aime chanter en cuisinant »
« Dans quelle langue chante-t-elle ? »
« En espagnol. Manuela est originaire du Mexique »
Soudain, sous le nœud rouge qu’elle formait, Elisa ne vit plus des épines vertes mais une mèche de boucles blondes. Ses mains se figèrent.
« Candy a dû te le raconter »
Elisa abandonna le ruban à demi formé sur une branche et s’approcha de la cheminée.
« Te raconter comment nous la traitions, mon frère et moi. Ma mère prenait toujours notre parti. Finalement, elle a voulu l’expédier au Mexique. Sans la décision du grand-oncle William de l’adopter, Candy y serait vraiment allée »
L’espace d’un instant, la distance qui séparait les deux filles au collège réapparut. Elisa dardait sur son ancienne camarade de classe un regard furieux, suivant l’adage « les amis de mes ennemis sont mes ennemis ». Patty se sentit redevenir la timide adolescente redoutant les brimades de cette riche héritière. Sauf que plusieurs années s’étaient écoulées depuis l’époque du pensionnat. Entre-temps, Patty avait mûri et était devenue moins impressionnable.
« Je ne connaissais pas ce détail » dit-elle calmement en achevant le nœud commencé. Elle entreprit de former d’autres nœuds et déclara :
« Je me souviens seulement que Candy ne faisait pas l’unanimité au sein de sa famille adoptive »
« Que peut-on attendre d’une fille dont on ignore les origines et qu’on a envoyé dormir dans une écurie ? »
« Après tout, répliqua tranquillement Patty, l’enfant Jésus lui-même a dormi dans la mangeoire d’une étable »
Elisa n’en revenait pas : la petite O’Brien avait de la répartie ! Elle ne trouva rien à redire et se perdit dans la contemplation de la petite crèche installée près de l’âtre. Elle imagina que l’enfant Jésus prenait l’apparence de Candy. Dans ce cas, Joseph et Marie devenaient Mlle Pony et Sœur Maria, l’âne devenait Capucin le raton-laveur, les rois mages pouvaient représenter Anthony, Alistair et …
« Au fait, as-tu des nouvelles d’Archibald ? » questionna Patty.
A présent, voilà que Patty lui demandait le plus naturellement du monde des nouvelles d’une connaissance commune. Alors qu’Elisa avait manifesté sa contrariété en entendant un mot qui, par association d’idées, lui avait évoqué sa vieille ennemie, elle s’était attendue à voir Patty faire profil bas pour éviter un accès de colère. En cette veille de Noël, rien ne se passait comme prévu !
« Archie passe les fêtes avec les Brighton. Son mariage avec Annie aura lieu en janvier. C’est étrange… au début, il s’est rapproché d’Annie par dépit, parce que Candy ne partageait pas ses sentiments. Mais à présent, j’ai l’impression qu’il s’est vraiment attaché à elle »
« C’était semblable pour Ali et moi »
Nulle amertume dans la voix de Patty : c’était une simple constatation. Un sourire nostalgique flotta sur ses lèvres à l’évocation de son amour disparu. Puis, elle entreprit de dresser le couvert sur la table disposée à l’autre bout de la pièce.
La bonne volonté d’Elisa paraissait évanouie. Mais après quelques minutes d’inaction et de silence, elle plaça les verres en demandant :
« Comment as-tu pu rester amie avec Candy en sachant qu’Alistair était amoureux d’elle ? D’ailleurs, c’était pareil pour tellement de garçons : Anthony, Terry… même Daniel a voulu l’épouser ! »
Patty retint une grimace en ajustant la nappe. Daniel et Candy : un couple des plus mal assortis ! Toutefois, cela confirmait ses impressions, qu’elle partagea avec Elisa :
« Candy a un charme qui ne laisse personne indifférent. Comment définir cela ?... Sa joie de vivre, son émerveillement devant les choses simples, sa sincérité, sa générosité, son audace… Tout cela m’a donné envie de me rapprocher d’elle, dans l’espoir que son tempérament rejaillirait en partie sur moi. Si maintenant je sais m’affirmer, c’est en partie à elle que je le dois. Idem pour Annie »
« Joie, générosité, émerveillement : on dirait que décris l’esprit de Noël ! C’est vrai qu’elle a été trouvée à cette période de l’année, mais quand même ! »
« Oui, Candy est un peu comme Noël : on aime ou on déteste ! s’exclama Patty en riant de la comparaison. Généralement, les personnes qui n’aiment pas cette fête sont malheureux et n’aime pas voir les autres heureux. J’ai été dans ce cas »
Elisa avait posé le dernier verre et lança un coup d’œil intrigué à Patty, qui poursuivit :
« Après la disparition d’Alistair, je suis restée insensible à la magie de Noël. C’est seulement cette année que je me réconcilie avec cette fête »
« Et tu te réconcilies en préparant un Noël pour les pauvres ? Tu aurais pu te contenter de rester avec ta famille »
« A vrai dire, les relations avec mes parents sont un peu tendues, actuellement. Ils sont choqués que je veuille travailler après avoir obtenu mon diplôme. Pour eux, mes études n’étaient qu’un passe-temps en attendant le mariage. Mais je ne veux pas me marier ! Seule ma grand-mère me comprend. C’est grâce à elle si je suis là, ce soir. Elle organise un Noël de ce genre dans notre ville et quand elle a entendu dire que l’on manquait de bénévoles à Chicago, je me suis portée volontaire. Je voulais connaître ce lieu où Ali avait vécu »
C’était donc là sa motivation. Elisa comprenait pourquoi, plus tôt dans la journée, Patty avait dit : « Tu es originaire de Chicago, toi aussi ». C’était en référence à Alistair.


Chapitre IV : Un espoir

Frederick entra dans la pièce en exprimant son admiration : « Vous avez magnifiquement décoré le sapin, mesdemoiselles »
« C’est Patty qui a presque tout fait »
Ces parole stupéfièrent l’intéressée : autrefois, Elisa s’attribuait volontiers les mérites des autres. Ou alors, si elle recevait un compliment par erreur, elle se gardait bien de rétablir la vérité.
La conséquence de cette intervention inattendue fut que Frederick renouvela son éloge à Patty seule et se lança dans la liste des qualités qu’elle avait démontrées depuis qu’ils préparaient ensemble ce réveillon. D’abord agréablement flattée, Patty finit par rougir et se sauver vers la cuisine, sous prétexte de rendre son ruban à Manuela.
A regret, Frederick la regarda s’éloigner avant de décider :
« Je vais ajouter quelques bûches. Il faut qu’il fasse bien pour chaud pour l’arrivée des invités. Vous constaterez, Mademoiselle Legrand, que plusieurs des enfants sont mes élèves et, à l’école, le poêle chauffe mal »
« Ainsi, vous êtes instituteur. Aucun rapport avec l’armée »
« Du coup, vous vous demandez ce que je fais là » devina Frederick. Il se mit à tisonner tout en expliquant :
« Je me rends utile là où je peux. Plusieurs de mes élèves ont perdu leur père à la guerre, et leur mère se retrouve désemparée pour les démarches, surtout si elle est illettrée. Alors je prête ma plume, à défaut de pouvoir tenir un fusil »
« Vous ne paraissez pas invalide ! »
« Pourtant, l’armée n’a pas voulu de moi. J’ai voulu m’engager, défendre certaines valeurs. N’ayant ni femme ni enfant, je n’aurai laissé personne derrière moi. Mais la visite médicale a révélé une insuffisance respiratoire »
Elisa pensa que Patty ou Candy auraient trouvé des paroles réconfortantes et dit :
« Au moins, vous êtes resté en Amérique, à l’abri des combats… »
« J’aurais préféré ne pas avoir cette maladie » marmonna Frederick.
« … et vous avez rencontré Patty » acheva Elisa d’un air entendu.

Le visage du jeune homme s’illumina d’un large sourire. Un sourire qui s’évanouit presque aussitôt.
« C’est une fille formidable. Mais comment rivaliser avec un héros de la guerre ? Inutile de rêver »
Noël est une fête où le rêve et la magie ont toute leur place. Où des événements improbables peuvent se produire. Où des prises de conscience se font.

Elisa passa un Noël en compagnie de personnes pauvres, qui savaient se montrer joyeux et attentionnés malgré la rudesse de leur vie, et qui savouraient le bonheur de former une famille, malgré la perte d’un père ou d’un époux.
Lorsque le Père Noël fit son apparition, que les enfants se précipitèrent vers lui et que les mamans s’émerveillèrent de leur joie, Elisa attira Patty à l’écart et déclara sans ambages, pendant lui faire une révélation :
« Frederick Sheppard est amoureux de toi »
« Je sais » répondit tranquillement Patty. Elle jeta un regard vers l’âtre, où le Père Noël commençait la distribution des modestes cadeaux qu’il avait réussi à collecter.
« Mais j’aime Alistair. Je l’aimerai toujours »
« Je sais » dit Elisa, songeant qu’elle était décidément peu en verve, ce soir-là.
Les uns après les autres, les enfants manifestaient leur ravissement devant les présents qu’ils recevaient. Une fillette lui fit un bisou à travers son épaisse barbe blanche et tous les autres voulurent l’imiter.
« Avant de venir à Chicago, je voulais mener une vie de travail, dans le souvenir d’un être disparu. Et voilà que je me mets à douter. Parce que j’ai rencontré Frederick »
Elisa s’expliquait mieux certaines choses : si Patty fuyait devant les compliments qu’il lui adressait, c’était parce qu’elle partageait ses sentiments, d’une certaine façon. Et elle luttait contre ce qu’elle ressentait.
Continuant à faire écho aux paroles de sa compagne, Elisa avoua :
« Il y a encore un mois, je voulais mener une vie de luxe et de plaisirs, entourée de l’élite de l’Amérique. Je commence à penser qu’il y a autre chose qui vaut la peine d’être vécu »
Le Père Noël se dirigeait vers la porte, annonçant aux enfants qu’il avait encore beaucoup de maisons à visiter.
Elis déclara : « Noël est une parenthèse enchantée. Ensuite, nous retrouvons le cours normal de notre vie »
« Ou pas »
Patty échangea avec Elisa un regard que celle-ci trouva bien énigmatique. Comment Patty aurait-elle pu expliquer que retrouver le cours normal de sa vie lui semblait soudain d’une infinie tristesse ? Qu’elle allait tenter quelque chose d’audacieux ? En tout cas, quelque chose d’inconvenant pour une demoiselle de son éducation.

Dans la pièce voisine, Patty retrouva Frederick qui avaot ôté barbe factice, manteau et bonnet rouges. En voyant Patty, le jeune home comprit tout de suite qu’un changement s’était opéré chez sa bien-aimée. Elle ne l’avait jamais regardé aussi intensément, ne lui avait jamais adressé un sourire si charmeur.  Les barrières invisibles qu’elle avait élevées entre eux étaient tombées.
« Le Père Noël aurait-il un cadeau pour moi »
Perplexe, Frederick désigna la hotte vide en disant : « Je ne crois pas »
« Alors, c’est moi qui en ai pour lui »
Avec tout l’amour qu’elle réprimait depuis plusieurs jours, Patty enlaça Frederick et l’embrassa. 


Epilogue

Dans sa chambre, Elisa était occupée à choisir la tenue qu’elle porterait lors du mariage d’Archibald et d’Annie. Autrefois, elle aurait choisi une robe assez spectaculaire pour voler la vedette à la mariée. Mais désormais, elle ne pensait plus ainsi.

C’est en général lors du Nouvel An que l’on prend des résolutions. Cette fois, elle en avait pris à Noël. Vivre cette fête loin des siens lui avait fait relativiser beaucoup de choses. Annie allait entrer dans la famille : elle n’y pouvait rien. Alors plutôt que de prolonger un affrontement qui lui semblait puéril, autant lui laisser une seconde chance.
Pour commencer, elle assisterait au mariage et présenterait au couple tous ses vœux de bonheur. . Elle avait d’abord laissé entendre qu’elle ne viendrait pas, malgré l’ordre du grand-oncle William qui souhaitaient la présence de tous les André, sauf raison grave.
Après une telle déclaration de sa part, sans doute Archie et Annie seraient stupéfaits de sa présence. Elle espérait que ses relations avec le survivant de ses plus proches cousins s’en trouveraient apaisées. Quant à Annie, elles ne seraient probablement jamais de véritables amies, mais elles pourraient trouver un terrain d’entente.
Et avec encore davantage de bonne volonté, elle pourrait aussi enterrer la hache de guerre avec Candy…

A cette pensée, Elisa interrompit l’inventaire de ses robes. Faire la paix avec Candy lui semblait bien difficile. Mais leur inimitié avait provoqué suffisamment de scandales, et la famille avait connu assez de drames. Elisa se sentait lasse de tout cela, point n’était besoin d’en rajouter.
Elle se donna du courage en supposant que Patty saurait parler à Candy pour la convaincre de tirer un trait sur le passé. Naturellement, Patty était également invitée au mariage et Elisa avait hâte de savoir quelle était l’évolution de sa relation avec Frederick. Le retour en Floride avait-il atténué ses sentiments ? Ou au contraire, l’éloignement avait-il mis en évidence la place que ce jeune homme avait prise dans son cœur ?
L’ambiance de Noël est très particulière, et il en est de même pour celle des mariages. Elisa se prit à espérer que, parmi les invités, elle ferait elle aussi une rencontre qui changerait sa vie.


Commentaire de l’auteur : pour les fanfics de Noël de cette année, j’étais inspirée ! Deux idées me sont venues à l’esprit. La première : Elisa découvre les vraies valeurs de Noël. La seconde : Patty retrouve l’amour.
Etant donné le temps imparti, il ne m’était pas possible d’écrire deux histoires. Alors j’ai trouvé un moyen d’utiliser les deux intrigues dans la même fanfiction.
En espérant que cette évolution des personnages d’Elisa et Patty vous a plu, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année !