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ET QUE RIEN
NE TE FASSE PEUR......
par Anthéa

* image issue du site Candyworld
Chapitre
4
Assise, la tête appuyée
contre la paroi Candy attendait la première salve d’objections de
Terry. Malgré son apparente faiblesse son regard exprimait la plus
parfaite détermination .
- Candy tu traverses une épreuve
difficile, mais donne-toi un peu de temps et tu retrouveras toute ton
énergie…
- Du temps… Dis moi Terry, et réponds
sincèrement… Est ce que le temps à guéri ton cœur ? Es tu
heureux avec Suzanne ?
Un silence suivi cette
question puis Terry vint s’asseoir à coté de Candy.
- Non, mais ça n’a rien à voir…
- Oh si… et tu le sais… Le temps ne
guérit rien et en ce qui nous concerne, il n’apaise même
pas ! Nous sommes maudits tous les deux… Ce serait une bonne
trame pour une pièce de théâtre ! La détresse des êtres face
à la mort et pour l’intrigue principale, un amour impossible, tu
pourrais faire concurrence à Shakespeare, à la différence prêt que
les amants se font la promesse de vivre séparément au lieu de mourir
ensemble !
- Ne soit pas cruelle !
- Cruelle… Oh Terry, si j’avais été
un tant soit peu plus cruelle peut être que ma vie ne serait pas ce
qu’elle est.
- Tu n’es pas comme ça… Tu ne sais
pas faire le mal et c’est pour ça que je t’aime. Parce que tu es
bonne, douce, forte…
- Voilà toute l’histoire de ma vie. Je
suis forte, alors ce n’est pas la peine de m’épargner, parce que
de toute façon je m’en remettrai… Et bien tu vois je suis
arrivée au bout de mes limites. Pour la première fois de ma vie, j’abandonne.
- Ne fais pas ça, je ne veux pas.
- Ta seule volonté est
insuffisante
- Et ta clinique, les enfants, Tante Pony,
Archi, Annie et tous les autres… Tu les abandonnes aussi à leur
sort ?
- Personne n’est irremplaçable
- Et moi ? Et nous ?
- Nous… Il n’y a jamais eu de nous…
Sauf dans mes rêves, j’y suis si heureuse.
Elle ferma les yeux de
nouveau, derrière ses paupières closes ont pouvait facilement imaginer
ce monde merveilleux qu’elle s’était créé pour apaiser sa peine.
- Ce rêve peut encore devenir réalité
mon amour.
Saisissant la main de
Terry elle l’a baisa doucement.
- Laisses l’amour au monde des rêves
et l’amertume à la réalité….
- Très bien… je quitte Suzanne. J’abandonne
tout, le théâtre et le reste. On part tout de suite, je t’enlève !
- Tu divagues, tu es fiancé et puis elle
t’a sauvé la vie…
- Tu as sauvé mon âme
- Et j’ai perdu la mienne… Je ne suis
plus la même Terry, c’est fini !
- Non, non je ne suis pas d’accord…
je veux y croire moi. Sinon à quoi bon toutes ces années
perdues ??? A quoi bon m’avoir redonné le courage d’aimer si
c’était pour tout saccager ??? Et Albert… Tu crois qu’il
serait fier de toi. Il te dirait de te battre et de garder courage,
Alistair qui ne voyait que par toi serait très déçu, même Anthony
t’en voudrait d’abandonner…
- A présent ce sont des fantômes du
passé et ils ne pourront rien faire pour moi et dans quelques heures
quand tu repartiras pour Chicago tu appartiendras toi aussi à mon
Passé…
- Je pourrais aussi être ton futur.
- Je n’aurais pas d’avenir, en tout
cas pas ici…
- Que veux tu dire ??? Tu n’as pas
l’intention de mettre fin à tes jours ? Candy réponds-moi, je
ne suis pas d’une nature très douce et je n’ai pas beaucoup de
patience !
- Non Terry, mais je vais partir….
Loin, sur d’autres territoires. L’Afrique me plait beaucoup où l’Europe.
Je ne sais pas exactement encore, ce dont je suis sure, c’est qu’il
faut que je parte. Je vais emmener mon cœur blessé loin d’ici et
bien que je ne puisse plus jamais le soigner j’essaierai de l’apaiser.
J’espère que la bas, éloignée de tous mes souvenirs je pourrais
de nouveau apprendre à sourire.
- Ne fais pas ça… Qu’est ce que je
ferai ici sans toi ???
- La même chose qu’aujourd’hui, du
théâtre, sur les planches et dans ta vie !
- Ce n’est pas une vie et puis je ne te
laisserai pas partir…
- Si Terry, oh si… Tu me laisseras
partir parce que tu as peur, parce que tu préfères me voir partir
que me voir folle, parce que tu m’aimes… Tu me laisseras partir
comme ce soir là à l’hôpital où j’ai sacrifié mon âme pour
que notre amour reste pur sans trace de culpabilité. Tu me laisseras
partir parce que toi mieux que personne d’autres tu sais que pour
sauver les quelques débris qu’il me reste il faut que je construise
mon futur sur autre chose que sur un rêve, c’est pour cela que tu
me donneras ton approbation !
- Je vois que tu as réponse à tout…
Non… ne dis rien. Deux cœurs blessés, c’est tout ce que nous
sommes…
Il posa un doigt sur sa
bouche pour l’empêcher de répondre. Il ne voulais plus parler, il ne
voulais plus de mots entre eux, il voulait juste la prendre dans ses bras,
sentir son corps contre le sien, il voulais au moins voler ça au destin.
Cet instant de bonheur que personne ne lui prendrai il voulait en profiter
maintenant avant qu’elle ne s’en aille. Du bout des doigts il suivit
le contour de son visage si fin, effleura ses lèvres, il lui baisa les
paupières l’une après l’autre ,il l’enveloppa de ses bras et la
serrant contre lui, prononça tout bas pour qu’elle seule les entende
ces mots d’amour qu’il avait refoulés si longtemps. Il s’éloigna
un instant et l’observa comme pour graver à jamais cette image dans son
cœur. Il lui dénoua les cheveux et les étala doucement sur ces
épaules. Il déboutonna les premiers boutons de son corsage et glissa un
doigt sur cette jolie gorge offerte sa peau était satinée, douce et
chaude . Elle lui saisit la main et le stoppa dans ses découvertes. Il
releva la tête plongea son regard
dans le sien, lui pris une mèche de cheveux qu’il entoura autour de son
doigt.
- Laisses nous au moins ça…
- Non Terry…
- Ma sauvageonne, ma toute belle, mon
inaccessible, mon seul amour….
- Terry, on ne peut pas faire ça…
Il l’a regarda d’un
air interrogatif et attendit la suite…
- Si on le faisait ce n’est pas seulement
Suzanne qu’on trahirait, mais nous !
- Nous ??? J’ai déjà trahi notre
amour… Ce soir là à l’hôpital quand je t’ai laissée partir, je
vais de nouveau le trahir dans quelques heures en t’abandonnant encore…
- Non c’est faux… Si tu ne l’avais
pas fait cela nous auraient détruit plus sûrement que n’importe qu’elle
machination inventée par Daniel ou Eliza. La culpabilité c’est pire
que tout… C’est ce que disait Albert. Ça vous ronge comme de l’acide
et lorsque le travail est terminé, il ne reste plus rien, qu’un champ
désert où plus rien jamais ne poussera…
- Je m’en moque, au moins j’aurai
quelque chose à quoi me rattacher !
- Terry écoute moi, quand je partirai je n’emmènerai
qu’une chose dans mon cœur, une chose qui malgré l’énergie que j’ai
mis pour l’en arracher y est resté ancré. J’emmènerai l’Ecosse,
je veux dire : Une folle chevauchée, une valse, un lac bleu et un
papillon qui s’est posé sur mes lèvres… J’emmènerai un air d’harmonica
et nos fous rires … J’emmènerai nos silences dans un vieux manoir
devant un bon feu… Vois tu, c’est pour ses souvenirs si précieux qu’aujourd’hui
je ne sombre pas dans la folie, je ne veux pas les perdre et je t’interdis
de me les prendre pour y mettre à la place un acte de désespoir, parce
que c’est ce que tu t’apprêtes à faire.
- Alors la boucle est bouclée, tu t’en
vas et puis s’est tout !
- Ce ne sera jamais tout… pas entre
nous !!!
- Un jour je te retrouverai et je t’épouserai
et nous aurons une vie merveilleuse…
- Je n’attendrai pas ce jour, je n’ai
plus la force d’y croire !!!
- J’y croirai pour deux !
- Aide-moi à me lever Terry.
Il se releva et lui tendit
la main. A peine debout tout en la maintenant le plus proche de lui
possible il l’interrogea de nouveau.
- Candy je connais la réponse mais je
veux l’entendre de ta bouche pour qu’elle m’accompagne et me
donne la force… M’aimes tu ???
Elle l’observa un
instant puis se laissant aller contre l’épaule de cet homme qui seul
connaissait les moindre détours de son cœur, et qui malgré toutes ces
épreuves avait donné un sens à sa vie elle pleura. C’était ses
premières larmes depuis la mort d’Albert, c’était ses premières
larmes depuis le début de cette discussion qu’elle n’avait pas voulue !
Il restèrent ainsi dans les bras l’un de l’autre pendant un long
moment, puis elle se dégagea et le regardant longuement elle lui dit
ceci :
- Je t’aime toi Terrence Grandchester. Je
t’aime sans doute depuis l’origine du monde, et je t’aimerai
encore quand tout ne sera plus que poussière. Je t’aime plus que ma
vie, plus que mon âme, plus que moi même. C’est cet amour qui me
consume, et c’est cet amour qui me fais vivre et mourir à l’infini.
Rien en ce monde ne peut l’égaler et rien, mis à part toi ne peut le
combler ! C’est lui qui m’a donné la force alors que je suis
épuisée de tenir cette conversation et de la mener à son terme,
c’est encore lui qui me donnera la force dans quelques heures de
quitter cette résidence et de partir pour d’autres contrées. Il est
ma plus belle prison et je sais depuis longtemps que rien ne me
délivrera, il m’accompagnera comme un fidèle geôlier à tous les
moments de mon existence. Oui Terry je t’aime, mais ce mot et bien peu
pour un tel sentiment…
- Oh Candy ne…
- Non, maintenant s’est fini, nous avons
dit ce que nous avions à dire. Plus rien de ce que tu diras n’empêchera
le destin de s’accomplir. Nous allons rentrer au salon et puis nous
partirons chacun de notre coté. C’est ainsi que je le veux !
- Comme je t’aime… (il porta sa main
à ses lèvres et la gardant plus qu’il n’était nécessaire…)
Un jour ou l’autre tu crois qu’on sera heureux ensemble ???
- Je ne sais pas… je ne sais pas…

Fin du
chapitre 4
©
Anthéa - février 2003
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