ET QUE RIEN NE TE FASSE PEUR......
par Anthéa


* image issue du site Candyworld

Chapitre 3

 

Les flocons de neige venaient doucement frapper la vitre du train… Le paysage défilait à grande allure. Annie la tête appuyée contre la paroi observait Candy. C’était pur miracle qu’elle se soit endormie…

Annie se souviendrait sans nul doute toujours de cette mémorable journée. Elle était arrivée par le premier train du matin et s’était immédiatement dirigée vers la maison de tante Pony ! Cela faisait si longtemps qu’elle n’y était pas venue, elle aurait préféré que ce soit en d’autres circonstances. Comment Candy allait-elle réagir ?

Elle avait choisi de marcher jusqu'à la maison, à présent elle l’apercevait, elle pouvait même discerner les cris joyeux des enfants. Sans doute jouaient-ils dans la neige. Elle était presque arrivée à la maison quand Tom la vit, il s’écria de manière à prévenir toute la maisonnée :

  • Annie… Annie est là, Tante Pony, Sœur Maria, Candy… Annie est là !!!!!!

Annie parvint enfin prés de lui, elle avait le cœur serré à l’idée de ce qu’elle était venue annoncer ! Tom trop excité pour s’en rendre compte la souleva de terre et la fit tournoyer… elle ne pesait dans ses bras, pas plus qu’un fétu de paille ! Autour d’eux s’attroupaient les enfants, puis vinrent Tante Pony et Sœur Maria !

  • Tom, laisse-la donc tranquille, le voyage à dû la fatiguer. Nous allons te préparer un bon chocolat chaud !

  • Non… Non Sœur Maria ce n’est pas la peine, je ne reste pas… je suis venue voir Candy.

  • Allons Annie tu ne vas pas faire des manières chez moi ! Avec le temps qu’il fait il te faut quelque chose de chaud et puis regarde tu es trempée, tu vas attraper la mort !

  • Ecoutez, il faut absolument que je vois Candy! Où est elle ???

  • Ici… Ici Annie.

Annie se retourna. Candy était là, elle portait une robe bleu pâle d’une grande simplicité, ses cheveux étaient déliés et s’éparpillaient sur ses épaules, son visage exprimait la sérénité !

  • Que t’arrive t-il Annie ??? Ainsi je m’absente quelques jours et déjà tu…. Annie, Annie, ce n’est pas une raison pour pleurer, voyons ? Tu t’es encore fâchée avec Archibald ?

  • Non Candy…

  • Hé bien alors… quoi ???

  • … Albert…

  • Quoi Albert ? Annie veux-tu bien te calmer, ce ne doit pas être si dramatique que ça…

  • Candy… il est, il est… MORT !

Depuis cet instant fatidique Candy n’avait plus prononcé un mot. Les yeux dans le vague elle s’était dirigée vers la maison en éloignant d’un geste de la main toutes les personnes qui voulaient la suivre. Elle avait préparé son sac seule puis ayant embrassé sœur Maria et Tante Pony était partie pour la gare avec Annie.

Celle-ci était inquiète, l’impassibilité de Candy face à cette nouvelle n’était pas normale, ni cris, ni larme, pas un mot. Elle s’était bornée à regarder par la vitre. Le sommeil qui venait d’étendre son voile sur ses yeux était paisible. Annie se dit, " si seulement je pouvais dormir moi aussi ". Elle entendit frapper.

  • Oui.

  • Vous êtes arrivées Mesdemoiselles.

  • Merci, vous seriez aimable de sortir nos bagages s’il vous plait.

  • Tout de suite Mademoiselle.

  • Se tournant vers Candy elle lui effleura la main doucement pour la réveiller. Elle ouvrit les yeux immédiatement.

  • Nous sommes arrivées, Archibald doit sans doute nous attendre avec Georges. Malheureusement je crois que nous ne pourrons pas éviter les photographes !

  • Les craintes d’Annie étaient fondées. A peine sorties de leur compartiment elles furent assaillies. Eblouies par les flashs elles ne discernèrent pas Archibald. Celui ci attrapa les deux jeunes femmes et les protégeant de ses bras les conduisit prés de la voiture. Ce n’est qu’après les avoir mis à l’abri dans l’habitacle qu’il s’inquiéta de leur état et en particulier de celui de sa "cousine ".

  • Candy, écoutes, tu sais quoi qu’il arrive tu peux toujours compter sur moi…

  • Elle le regarda à peine, le reste de la phrase ne parvint à ses oreilles, sa vue se brouilla… Elle avait perdu connaissance !

    2 semaines plus tard…

    La cérémonie avait déjà eut lieu. Tout s’était passé dans le calme et la presse s’était faite discrète. Tante Elroy et les autres membres de la famille avaient demandé que la lecture du testament se fasse rapidement afin de pouvoir plus facilement oublier ce pénible événement. Le notaire n’y voyait pas d’inconvénients à partir du moment où toutes les personnes concernées étaient présentes, et, afin de satisfaire à cette condition il fallait attendre le train en provenance de Chicago.

    Candy quant à elle était en convalescence. Suite à sa perte de connaissance le médecin avait diagnostiqué une dépression nerveuse. Le repos et le calme était le seul remède il lui avait aussi conseillé de parler à quelqu’un. En cela elle ne suivit pas ses prescriptions.

    Son mutisme était quasi total, elle n’ouvrait la bouche que pour échanger des banalités. Elle se contentait souvent pour toute sortie de passer un moment dans la serre. Cette après midi là alors qu’elle était agenouillée pour retirer quelques mauvaises herbes, une main se posa sur son épaule…

    Un instant immobile sous sa pression elle reprit sa besogne, échappant ainsi par la même occasion à cette main.

    • Je savais que tu viendrais… Ainsi c’est toi le personnage mystère en provenance de Chicago ?

    • Oui

    • Cela m’étonne qu’Archibald t’ait laissé passer..

    • Il ne m’a pas laissé passer…

    • Hummmmm, je m’en doutais !

    Elle se releva, épousseta sa jupe et se retourna enfin.

    • Le noir ne te va pas Candy

    • C’est une couleur que j’ai pris l’habitude de porter depuis quelques temps !

    • Tu es devenue sarcastique

    • J’ai eu un bon professeur au collège St Paul. Tu es venue avec Suzanne ?

    • Oui… Tu sais je comprends ta pei….

    • Où est elle que j’aille la saluer ?

    • Can…

    • Chuuuutttt…. Ne dis rien. S’il te plait ne dis rien .

    Un silence s’installa, Terry l’observai d’un air interrogatif. Candy semblait chercher ses mots puis d’une voix sourde elle dit :

    • Ecoute, accorde moi une faveur, ne sois pas condescendant avec moi, ne me parle pas d’Albert et surtout, surtout ne me parle pas du passé qui aurait pu être et qui n’est pas.

    • Mais je ne peux pas…

    • Si tu peux c’est simple, je vais même te dire comment faire ! Nous allons entrer au salon, je saluerai Suzanne, nous écouterons le notaire et puis tu partiras… C’est ainsi que cela doit se passer.

    • Candy, ce n’est pas possible et tu le sais parfaitement… Tu as mal, tu es triste et ça me rends fou, laisse moi t’aider.

    • Tu es loin du compte Terry. La Candy que tu connaissais a disparu. Je ne suis qu’un fantôme parmi d’autres fantômes. Tournent en farandole autour de moi les deux hommes que j’ai aimés l’un blond comme les blés, il fût mon soleil, l’autre brun et sombre, d’un seul de ses regards il éclaira mes nuits les plus sombres, il y a aussi certains de mes amis les plus chers qu’Albert a rejoint il y a peu et puis la guerre et ses horreurs. Non Terry tu ne peux pas m’aider, tu ne peux plus. Je suis au bord de la folie et je ne rêve que de me jeter dans ce gouffre pour peut être y trouver la paix que je n’ai pas su trouver sur cette terre… Ne culpabilise pas, ce n’est pas ta faute, ce n’est pas la mienne non plus. J’ai essayé de tenir ma promesse mais la vie s’est chargée de me rendre parjure. Je n’étais pas vouée au bonheur voilà tout…

    " Terry était bouleversé par ce qu’il venait d’entendre. En entrant dans la pièce tout à l’heure il l’avait trouvée si belle, plus belle que dans son souvenir. Il ne s’attendait pas alors à devoir se battre Mais qu’elle était donc cette armure qu’elle s’était forgée???

    Oh Candy tout comme tu as su trouver le chemin de mon cœur il y a quelques années quand je n’étais que haine et colère je saurai bien retrouver le tient. Non belle ennemie tu ne t’en tireras pas comme ça. Je ne te laisserai pas abandonner ! Jamais. "

    • Terry, bel ange, je vois tant de détermination dans ton regard que je sens que je ne sortirai pas d’ici sans que tu n’essayes de contrecarrer le destin. Puisque je dois en passer par là, vas y…

    Fin du chapitre 3

    © Anthéa - janvier 2003