ET QUE RIEN NE TE FASSE PEUR......
par Anthéa


* image issue du site Candyworld

Chapitre 2

Dès les premières lignes de la lettre, Suzanne se sentit mal à l’aise… Elle n’était pas conçue comme une lettre banale, et la première question lui causa un choc !

 

« Suzanne,

 

Avez vous jamais été capable d’amour ? Savez vous seulement ce qu’est l’amour ? Au surtout, ne croyez pas que je vais vous juger, je n’en ai pas le droit, d’ailleurs je suis même la dernière personne sur cette terre à en avoir le droit… En fait, je suis comme vous ! Peut être même pire que vous. J’ai cru pendant près de huit ans et même plus que j’étais amoureux, amoureux de Candy, ce petit elfe qui est apparu dans ma vie à un moment très inattendu, cet être de lumière qui lorsqu’il entre dans une pièce semble avoir le pouvoir de changer le monde et les gens…  Lorsqu’elle est rentrée il y a six ans de cela maintenant en annonçant que tout était fini entre elle et Terry, j’ai cru que j’avais enfin une chance d’atteindre son cœur, de posséder son âme. Oh, je savais qu’il me faudrait de la patience, mais j’étais prêt à tout à ce moment là. Tricher, voler, mentir, briser tout ce qui aurait pus m’empêcher d’atteindre mon but… Je suis sûr que vous me comprenez, car en fait de vous à moi, vous êtes le seul être sur cette terre à pouvoir me comprendre !

Je ne dirai pas qu’elle n’a pas fait d’efforts pour oublier… Elle s’est plongée dans le travaill, elle a donné tout son temps à ses amis, mais ça ne suffisait pas ! Lorsque la guerre à éclaté elle est partie sur le front, elle a sans doute vu des choses ignobles et puis elle est rentrée indemne. Nous étions si heureux, mais pas elle… Les autres ne le voyaient pas mais moi si ! Je lui ai demandé pourquoi elle était partie sur le front, pourquoi cette décision, quelle était donc cette force qui la poussait à faire les choses les plus dangereuses ? Voilà ce qu’elle m’a dit :

«  J’ai fait une promesse, j’ai promis que je vivrai et que je serai heureuse. Si j’avais été tuée sur le front je n’aurai pas trahi ma promesse et je serai en paix aujourd’hui, mais la mort n’a pas voulu de moi ! »

 

A ce moment là je savais déjà qu’elle ne m’aimerait jamais, mais je n’ai pas voulu voir, je n’ai pas voulu comprendre…

 

Et puis il y a deux semaines de cela je l’ai vu monter un très bel étalon, blanc comme la neige, qui n’avait pas été dressé ! Elle a chuté, une fois, deux fois et ainsi de suite jusqu’à ce que l’animal soit dompté. Elle ne l’a pas frappé une seule fois. Quand il s’est calmé elle est descendu, elle lui a caressé l’encolure, lui a dit merci et puis elle est partie.

Savez vous pourquoi elle a dit merci ? Parce que cet animal lui a permis pendant quelques minutes d’oublier, de tout oublier, Terry y compris…

 

Alors je suis venu à Chicago, je voulais voir Terrence Grandchester, cet acteur que toute la presse immortalise comme le plus grand de ce siècle, et j’ai vu !

 

J’ai vu comme dans un miroir… La même blessure, la même peine, la même douleur que rien ne semble pouvoir apaiser ! Sauf que lui, c’est dans sa colère, dans ses pièces qu’il se jette à corps perdu !

 

Tous ces mots ne sont pas fait pour vous apitoyer, ni sur le sort de Candy, ni sur celui Terry… Parce que quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, ils se retrouveront un jour, même si c’est au travers de la mort ! Non, c’est sur votre sort qu’il faut pleurer, tout comme je pleure sur le mien en ce moment parce que si un jour je reçois un courrier m’annonçant la mort de Candy, je ne le supporterai pas, parce que ce sera moi qui l’aurai tuée, tout comme vous êtes en train de tuer Terry, à petit feu! Croyez moi, ce n’est pas eux qui seront à plaindre, ils n’ont rien a se reprocher, mais nous, leurs geôliers, qui avons plus sûrement que n’importe quel bourreau arrêté le cours de leur vie !

Je ne sais ce que vous ferez de cette lettre, déchirez-la, brûlez-la ou gardez-la, peu m’importe. J’ai dit ce que j’avais à dire. Je suppose que cela ne changera pas grand chose pour vous, mais c’est fait !

Une dernière chose si vous décidez de rester sur vos positions vous posséderez peut être le corps de Terry, mais c’est tout ce que vous posséderez jamais ! Son âme, son cœur et tous ses sentiments qui font de Terry l’homme que vous aimez, appartiennent pour l’éternité à une autre et cela quelque soit le serment que vous lui ferez faire !

 

La seule personne au monde qui puisse vous comprendre.

Albert ANDRE »

 

 

Suzanne était blême ! Comment cet homme osait il la juger ! Il n’avait pas le droit de faire ça… Il n’avait pas le droit de la mettre en face de la vérité, car elle avait beau essayer de se cacher la face, tout était vrai dans cette lettre !

Prise dans ses pensées elle ne vit pas Ben entrer…

 

-         Suzanne, les prothèses sont prêtes vous allez pouvoir les essayer !

-         Je n’en veux pas !

-         Pardon… Mais…

-         Sortez, sortez d’ici ! Je veux qu’on me laisse seule !

-         Suzanne vous n’arriverez à rien si vous continuez à réagir ainsi !

-         Et qui vous dit Ben que je ne préfère pas rester tel que je suis ?

-         ….

-           Vous avez perdu votre langue ! L’homme qui vient de m’écrire cette lettre à le mérite d’être sincère, même si ce n’est pas à mon honneur… et vous ???

-         ….

-         Vous n’osez pas dire ce que vous pensez de moi ? Mis à part Terry je ne suis entourée ici que d’hypocrites qui n’ont pas même le courage de me dire que ce que je fais est mal !

-         Et quand bien même je vous l’aurais dit, est ce que vous auriez changé d’attitude ? Vous voulez la vérité… Vous êtes la pire peste que j’ai rencontrée depuis longtemps, vous voulez vous servir de votre handicap comme d’une arme… A votre aise ! Mais moi je ne vous plains pas, je vous observe pour voir jusqu’où vous irez. Vous êtes un être cruel, votre soif de posséder vous aveugle à un tel point que vous ne voyez rien en dehors de l’objet convoité. A continuer comme cela, vous perdrez tout !

 

A mesure que Ben continuait son plaidoyer, Suzanne perdait contenance, ses sanglots devinrent convulsifs. Entre deux hoquets, elle réussit à dire :

-         Par pitié, Ben sortez !

-         Vous vouliez la vérité je vous l’ai donnée…

-         SORTEZ !

 

Elle n’entendit que le bruit de la porte qui claquait !

Elle pleura longtemps encore, puis elle finit par s’endormir. Son sommeil ne reflétait pas la tranquillité, elle était secouée de soubresauts réguliers. Qu’allait il donc se passer à son réveil ? Allait elle enfin ouvrir les yeux sur sa vie….

Fin du chapitre 2

© Anthéa - septembre 2002