ET QUE RIEN NE TE FASSE PEUR......
par Anthéa


* image issue du site Candyworld

 

Chapitre 1

Un épais tapis de neige recouvrait tout le paysage alentour... Les sons semblaient comme étouffés, tout semblait dormir à l'aube de cette belle matinée d'hiver. Le soleil avait cependant réussi à faire passer quelques rayons, les oiseaux commençaient leur concert matinal comme pour donner du courage aux habitants de cette grande et vieille battisse.

Par les baies qui donnaient dans la grande salle à manger des André, on pouvait voir distinctement la famille réunie. Si tout n'avait été si silencieux, si solennel, on aurait pu croire à un simple petit déjeuner en famille... Mais... Malheureusement ce n'était pas le cas...

Les visages ne reflétaient que l'étonnement, la tristesse, la douleur...

Tous réveillés en sursaut par le porteur du message qui n'était autre que la grand-tante Elroy, avaient été pris de court... C'est Annie qui brisa la première ce silence si lourd...

- Mon dieu Archie comment est ce possible, pas comme ça, pas si vite, dis-moi que ce n'est pas vrai??? Archie je t'en prie...

Elle sanglotait et finie par se jeter dans ses bras comme pour échapper au sort funeste qui ne cessé de s'abattre sur la famille depuis six ans.

La pressant dans ses bras pour la rassurer, il posa la question qui brûlait les lèvres de chacun mais que personne n'osait poser...

- Tante Elroy, dites-nous exactement ce qui s'est passé... Ce qui est arrivé à Albert?

- Ils disent dans le télégramme que j'ai reçut qu'il n'a pas souffert... Il n'a pas eut le temps... Il traversait la rue et... Il n'a pas fait attention... Le cocher n'a pas pu s'arrêter...

Très émue, elle ne pue terminer sa phrase...

- Qu'allons nous faire maintenant sans lui pour nous guider??? Pour nous soutenir???

- Eliza cesse donc de jouer la comédie tout le monde sait ici que tu n'appréciais guère Albert... Ce doit d'ailleurs être un soulagement pour toi sa mort!

- Comment oses-tu Annie??? Oh! Je te jure que tu mérites des claques parfois... Ton époux ne doit pas te corriger très souvent...

- Il suffit... pensez-vous sincèrement que c'est le moment??? Nous l'aimions tous à notre manière certes, mais nous l'aimions tous...

- Tu as raison Patty... Ce n'est pas le moment de nous disputer... C'est le moment de nous soutenir, excuse-moi Eliza...

- Je me moque de tes excuses Annie!!!

Et elle partie en claquant la porte...

- Candy... au mon dieu Candy, comment... comment allons nous le lui annoncer??? Rien ne lui sera donc épargné dans cette vie...

- Ecoutez, Monsieur Albert ne serait pas fier de vous en ce moment... Soyez forts voulez-vous! D'abord nous devons nous occuper des funérailles, du rapatriement du corps et de bien d'autres choses... Les demoiselles devraient aller se reposer un peu dans leur chambre, il n'est pas nécessaire d'avoir des esclandres ici!

Quand elles se sentiront un peu mieux elles pourront faire les courriers. Quant à vous Messieurs, prenez-vous en main... Cela ne sert à rien de se morfondre pour le moment...

- Vous avez raison Georges...

Le reste de la conversation se perdit dans les voûtes de la grande maison...

Au haut de la colline, on pouvait voir distinctement la silhouette d'un cavalier... En se rapprochant on voyait sous sa coiffe de jolies mèches blondes très indisciplinées qui s'échappaient de ci de là... Le cavalier était une cavalière au regard bleu magnifique, un bleu profond mais étonnement triste... Ses yeux étaient fixés sur l'horizon... Ainsi immobile, elle donnait l'impression d'une belle statue grecque gardienne de ses lieux pour l'éternité!

Elle montait comme un homme ce qui dénotait avec son port, sa stature... Elle semblait dire " Venez, je suis prête... a présent je n'ai plus peur de rien!"

Notre jolie Candy pensait:

"J'ai tant vu souffrir, tant souffert... J'ai vu la mort emporter beaucoup d'êtres aimés, Anthony, Alistair, Capucin et tant d'autres... J'ai perdu mon âme et mon cœur par amour... J'ai vu ce que la guerre avait de plus terrible...

Beaucoup d'autre que moi seraient sans doute morte à l'heure qui l'est... J'ai survécu grâce à mes Amis, grâce à Albert qui m'a dit de ne jamais perdre espoir... Mais surtout j'ai survécu pour "lui", parce que je le "lui" ai promis ce soir là à l'hôpital, que je vivrai et que je serai heureuse, et j'ai forcé mon cœur à trouver le courage de sourire et d'aimer encore malgré toutes les larmes de sang qu'il verse jour après jour, parce qu'il me l'a demandé... Ou est-il à présent que la guerre est terminée??? Va t-il remonter sur les planches??? Et Suzanne???

J'ai cessé de prononcer son Nom, j'ai repoussé journaux et autres nouvelles qui auraient pu me le rappeler, autour de moi c'est un sujet banni, même Eliza et Daniel ont cessé de me tourmenter avec... Et pourtant... Il n'existe pas un jour, une heure où je ne pense pas à lui... je l'ai dans la peau...

Je savais qu'on pouvait mourir d'amour, je savais qu'on pouvait s'en contenter pour vivre... A présent je sais qu'on peut vivre en enfer à cause de cela!

Mon seul moment de repos c'est le soir, quand enfin le sommeil vient adoucir mon âme... Il me rejoint dans mes rêves et me réconforte, nous nous promettons de ne plus jamais nous séparer, et là, là seulement il est à moi... Mais plus dur est le réveil...

- Eh! Encore perdue dans tes rêves Candy???

- Oh Tom, je t'attendais... Tu en a mis un temps... Cela fait près d'une demi-heure que je t'attends... ça ne se fait pas de faire attendre les jolies femmes!

- Les jolies femmes oui, mais pas les garçons manqués...

- Espèce de chenapan... Tu vas voir où il est le garçon manqué quand je t'aurai mis une raclée!

Ils éclatèrent d'un rire joyeux...

- Un jour il faudra que tu me dises qui t'as fait oublier ta peur des chevaux Candy...

- Pardon???

- Toi qui étais terrifiée par les chevaux... te voilà montant des étalons que je n'oserai même pas approcher... On dirait que plus ils sont fous plus tu les aimes!

- La personne qui m'a permis de remonter était encore plus sauvage qu'eux !

- Et tu l'as domptée elle aussi???

- Malheureusement non.... je ne crois pas!

Elle avait dit ça si tristement que Tom n'osât pas aller plus loin... Elle brisa le silence la première...

- On fait la course jusque chez Tante Pony??? Le dernier qui arrive aura un gage...

Le temps de réagir, et elle était déjà partie...

-Je t’ai battu… Tu vas avoir droit à un gage Tom…

- Mais, je t’ai laissé partir avant moi… Et puis en plus ton cheval et plus rapide que le mien…

- Tu es un mauvais perdant, et tu vas…

- Eh bien voilà l’origine de tout ce tapage… C’est toi Candy, toujours toi !

- Tante Pony…

- Chut … plus un mot jeune fille … Depuis que tu es revenue c’est endroit est devenu un vrai moulin… Ce n’est pas un exemple à montrer… As tu pensé à ce que je deviendrai si tout ces enfants devenez des « Candy » en puissance… Ils ne cessent de monter aux arbres et de me faire des peurs bleues… A mon age…

- Tante …

- Ah ! ne va pas t’y mettre toi aussi Tom… De toute façon quand Candy est là, c’est toujours elle qui a raison ! Au fait et ma barrière tu y as pensé à ma barrière ? Trop occupé à t’amuser !

- Tante Pony ce n’est pas bon de vous mettre en colère… La barrière sera là demain, et Candy repart dans deux jours, laisser nous en profiter… On la voit si peu souvent !

- Bien, bien de toute façon qu’y puis je…

Ils lui sautèrent autour du cou et la couvrirent de baisers… Ces instants de bonheur étaient si agréables, les fausses sautes d’humeur de cette chère tante Pony qui sans nul doute était la personne la plus heureuse du retour de Candy… La voir rire était pour elle une grande source de bonheur, elle avait tant prié pour que durant la guerre sa vie soit épargnée ! Et voilà, elle était au bout de ces peines, la guerre était finie et Candy était là ! Il avait fallut un ordre du Docteur de l’hôpital pour lui faire prendre quelques jours de repos et toute l’attention d’Albert pour qu’elle se décide et enfin elle était arrivée un matin sans prévenir… Tante Pony eu un soupir d’aise

- Tante Pony, vous allez bien ?

- Mais oui Candy, j’étais juste en train de remercier le seigneur de t’avoir ramenée saine et sauve à la maison. Quel bonheur que cette guerre soit enfin terminée !

- Vous avez raison, Candy tu ne nous as pas rac…

- Oh, je vais allez voir si les enfants dorment… Si il n’y a pas quelques petits fripons en train d’essayer de nous jouer un mauvais tour !

Elle sortie de la pièce.

- C’est bizarre dès qu’on essaie de lui demander comment ça c’est passé elle élude la question !

- Mon garçon, il faut lui donner du temps tu sais… Tout n’a sans doute pas été facile pour elle !

- Oui vous avez raison Tante Pony comme toujours !

Le silence pris place dans la pièce. Le feu crépitait dans le coin. Tout était calme alentour.

Tante Pony pensait :

Si seulement j’arrivais à y croire moi même ! Oui sans nul doute la guerre a du être quelques choses de très dur, surtout lorsqu’on travaille sur le front, tous ces blessés, ces cris, ces odeurs… Mais je pense que Candy est préoccupée par autre chose, Albert m’en a parlé, il m’a dit que ce jeune acteur occupé sans doute les pensées de Candy…

Albert … Cela fait longtemps que je ne l’ai vu, il a fait tant de dons à cet orphelinat que je n’ai plus à m’inquiéter de quoi que ce soit avant longtemps. Et Candy qui veut ouvrir une clinique, non seulement pour nos enfants, mais en plus pour tous les pauvres malheureux qui ne peuvent bénéficier de soins fautes d’argent ! Ma chère Candy elle se donne tant pour les autres, mais quand donc pensera t-elle à elle même !

A cette période de l’année, Chicago était emplie de monde… Les rues étaient pleine à craquer, les marchands ambulants se trouvaient à chaque coin de rue, tout été extrêmement bruyant…

 

- Mon dieu Terry, si tu ne te dépêches pas tu n’arriveras jamais à l’heure pour la répétition… Fait vite, c’est la générale aujourd’hui !

- Suzanne calme toi un peu… Nous sommes à deux pas du théâtre, je tiens absolument à voir ton rééducateur… Il apporte une nouvelle prothèse aujourd’hui !

- Terry s’il te plait, je t’assure que je m’en sortirai toute seule et puis d’ailleurs les autres n’allait pas ! Pourquoi celle ci serait meilleure ?

- Tu ne veux vraiment faire aucun effort pour améliorer la situation ? Tu préfères rester un poids mort que l’on traîne derrière soit ! Très bien, libre à toi… Mais tu ne devrais pas tant t’inquiéter… Après tout tu es la plus jolie chaîne que je porte !

- Terry tu es…

- Au revoir Suzanne à ce soir…

Au même instant le rééducateur entré…

- Bonjour Térence

- Au revoir Ben !

Et il claqua la porte derrière lui !

- Toujours aussi grincheux ! Comment pouvez vous le supporter, vous si douce ?

- Je l’aime !

- J’ai pris le courrier pour vous. Dites moi, je ne savais pas que vous étiez amie de la famille André !

A ce seul nom Suzanne pâlit terriblement…

- Ca ne va pas, vous avez mal quelque part ? Répondez moi ?

- A qui est adressé cette lettre ?

- Et bien mais à vous…

- A moi ou à Terry ?

- Je viens de vous le dire, a vous !

- Donnez !

Cette petite chipie de Candy ne pouvait donc pas les laisser tranquille, non ! Il fallait qu’elle écrive ! Grand dieu heureusement que Terry n’est pas là ! Elle retourna nerveusement l’enveloppe et fût surprise du nom de l’expéditeur….

- Albert ANDRE-

 

Fin du chapitre 1

© Anthéa - Juillet 2002