|

Roses rouges
Par
Mercurio
Traduit
de l'espagnol par Fatalzmarion
Note :
Après
"Retrouvailles dans le tourbillon", "A New York Story"
et "La Trampa", j'ai le plaisir de vous faire découvrir pour
la première fois en français la fanfic de
Mercurio : ROSAS ROJAS (Roses Rouges)
Merci
à Gentillefille de m'avoir envoyé le lien ...
Et
comme
toujours, merci à Mercurio de mettre son immense talent au
service de notre plaisir !!
Bonne
lecture ...
et bonne écoute, la vidéo youtube qui est la
chanson choisie par Mercurio pour illustrer cette histoire ...
A Yubia
Pour vivre
Souvent je t'ai
dit qu'avant de le faire
Il fallait bien y
réfléchir,
Qu'à
cette union entre nous
Il manquait
passion et désir
Qu'il ne
suffisait pas que tu me comprennes
Et que tu te
meures pour moi,
Qu'il ne
suffisait pas que dans mon échec
Je me
réfugie auprès de toi,
Et tu vois
maintenant ce qu'il s'est passé
Finalement est
née, au nombre des années
Cette lassitude
énorme que je t'inspire
Et même
si cela t'es pénible, il te faut me le dire
Pour ma part,
j'attendais
Qu'un beau jour,
le temps se charge de la fin
Et s'il n'en est
pas ainsi
Je continue
à faire semblant de te rendre heureuse
Et
malgré les pleurs amères, je pense aux
années
Que tu as pour
vivre,
Que ma douleur
est intacte et le pire
Est que je ne
peux plus le sentir
Et maintenant
essayer de rattraper
En de vains
efforts, ce temps perdu
Qui nous
abandonne sans pouvoir connaître
Ce que l'on
appelle l'amour,
pour vivre.
Pour vivre.
Pablo
Milanés
Le soleil se
couchait dans des lumières dorées sur la
montagne. La voiture allait arriver à la dernière
courbe du chemin et Annie savait qu'elle pourrait bientôt
voir la Maison de Pony à distance. Chaque mois, elle faisait
le même voyage depuis Chicago pour voir ses deux
mères et Candy. Peu lui importait le nombre de
problèmes que lui causerait ce geste. Mme Brighton ne
parvenait pas à se résigner à
l'insistance de sa fille pour continuer à faire ces voyages
qui, selon son avis, détruisaient tous ses efforts pour
faire d'Annie une dame respectée en
société. Cependant, la jeune fille avait appris
qu'il n'y avait qu'en étant en relation avec son
passé et en contact constant avec celles qu'elle aimait, que
son coeur pouvait être en paix avec lui-même.
Bien vite, ces
voyages ne seraient plus un problème, parce qu'elle serait
mariée avec Archibald Cornwell et serait enfin juge de ses
actes, sans devoir rendre des comptes à ses parents
adoptifs. Pour cela, il manquait à peine deux mois et bien
qu'elle ait travaillé dans les préparatifs durant
presqu'une année, elle sentait qu'elle avait encore
énormément de choses en suspens à
régler avant cette date. Cela avait
été précisément un des
arguments de sa mère pour tenter qu'elle renonce
à rendre visite à la Maison de Pony cette fois :
- Tu te maries
dans moins de huit semaines et nous n'avons pas encore
terminé ton trousseau. Tu pourrais au moins reporter ce
voyage à plus tard, Annie.
Les tentatives de
Madame Brighton avaient peu de valeur. Annie était
convaincue que plus que jamais, elle devait à
présent aller voir Candy. Dans le cas contraire, sa
demoiselle d'honneur ne trouverait jamais le temps de voir la
couturière et de commander la tenue qu'elle porterait au
mariage. Simplement, l'obsession de Candy pour le travail
était quelque chose qui exaspérait Annie.
- Elle devra donc
prendre le temps de venir avec moi jusque Lakewood et prendre ses
mesures – Se dit Annie en jetant un regard au paquet qui
reposait innocentement sur le siège arrière de la
voiture. C'était la soie de broca la plus belle qu'elle
avait trouvée dans son magasin favori. Dans ces jours
d'après-guerre c'était un véritable
miracle d'obtenir de la soie chinoise et dans des quantités
suffisantes pour en faire deux robes. Un paquet égal avait
été envoyé en Floride pour Melle Patty
O'Brien et l'autre serait pour Candy.
Annie sourit
à nouveau. Une seconde plus tard, la Maison de Pony apparut
à l'horizon.
Les morceaux de
glace tintaient gaiement dans la carafe de thé
glacé. Annie savourait la fraîcheur du liquide
dans sa gorge en observant avec joie la pièce accueillante
dans laquelle tant de fois étant enfant elle avait couru et
joué. La salle de séjour de Melle Pony, avec les
fenêtres vers l'ouest, était remplie de
lumière pendant les dernières heures du jour et
le parfum de la compote qui venait de la cuisine terminait de
compléter le tableau familial qu'elle gardait dans sa
mémoire depuis sa plus tendre enfance.
- Quelles
conserves sont-elles en train de faire maintenant ? - Demanda Annie
à Candy tandis que cette dernière se resservait
à nouveau du thé dans son verre.
Ce sont des
pommes et des airelles . Nos préférées
– Sourit la jeune blonde en faisant un clin d'oeil - Monsieur
Carwrigth nous en a apportées en suffisance pour tout
l'hiver.
C'est
très généreux de sa part –
Observa Annie en parcourant la pièce du regard se rappelant
d'une petite Candy jouant à se cacher dans l'armoire.
Rapidement, ses yeux rencontrèrent un gros rameau de roses
rouges avec le nécessaire de couture de Mademoiselle Pony-.
Et ces fleurs ? - Demanda Annie intriguée, ce à
quoi Candy répondit en soulevant les épaules.
Elles sont
arrivées hier avec le courrier, Chose très
étrange - Ajouta Candy sans mystère dans la voix.
Annie se leva de
sa chaise et se dirigea vers la table où reposaient les
flagrantes roses. Entre les feuillages, elle put distinguer une carte.
Elle dirigea instinctivement à son amie un regard
inquisiteur.
Elles me sont
destinées - Expliqua Candy- tu peux le lire dans la carte.
Sans pouvoir
résister, Annie ouvrit l'enveloppe pour y trouver une simple
carte qui portait seulement le sceau du fleuriste et le nom de Candy
sans expéditeur ni aucun message.
Cela ne dit pas
qui les a envoyées - Commenta Annie plus
intriguée et Candy en put éviter d'être
amusée par l'expression de désillusion de son
amie.
En effet. C'est
pourquoi je te dis que c'est une chose curieuse – Ajouta la
blonde en se mettant debout pour s'approcher de son amie.
Et qu'est-ce que
tu penses faire ? - Demanda Annie.
Faire ? Pourquoi
devrais-je faire quelque chose ? - Rit Candy.
Pour savoir qui
est donc l'admirateur qui te l'a offert, évidemment -
Suggéra Annie sans pouvoir croire le manque de
curiosité féminine de son amie.
Et qui a dit
qu'il s'agit d'un admirateur ? - Plaisanta la blonde
Qui pourrait
t'envoyer des roses, Candy ?
Je ne sais pas
...peut-être un certain patient reconnaissant –
Répondit simplement Candy. Une fois tous les quinze jours,
la jeune femme accompagnait le Dr. Smiths dans ses visites à
domicile à toutes les exploitations agricoles proches et la
semaine qui suivait était seule sur les lieux où
un patient potentiel pouvait solliciter des soins. Candy ne se faisait
jamais payer pour ces services.
Si
c'était ainsi il t'enverrait des fruits ou quelque chose
comme ça, pas des fleurs. Regarde la carte, elles sont du
seul fleuriste qu'il y a à Lakewood. Nous y allons, Candy !
Si tes patients ne peuvent pas te payer la visite que tu leur fais,
moins encore pourraient t'envoyer un cadeau aussi cher -
Répondit Annie en commençant à
s'exaspérer du manque de romantisme de son amie.
En tous cas,
c'est un admirateur très timide – Se moqua Candy
en remettant la carte dans le bouquet – et je n'ai jamais
aimé les hommes peu sûrs d'eux-mêmes. Je
crains que nous en sachions jamais de quoi il en retourne. Maintenant,
si tu veux bien m'excuser, je dois aller voir où en sont les
conserves – Ajouta la jeune femme en se dirigeant vers la
cuisine.
Demain nous
examinerons cela – Insista Annie en suivant Candy vers les
marmites frémissant de bouillonnement.
Et comment compte
tu t'y prendre ? - Demanda Candy en levant les sourcils.
Tu as
accepté que demain, nous allions à Lakewood pour
voir la couturière. Non ? - Candy acquiesça sans
comprendre le sens de la conversation – Bien, nous prendrons
le temps de passer chez le fleuriste et saurons ainsi qui est
l'admirateur timide qui t'a envoyé ces fleurs –
Répondit Annie avec un geste de triomphe qui fit tourner les
yeux de Candy se demandant jusqu'où irait l'imagination
romantique de son amie.
- En effet
Mademoiselle, je me souviens précisément de la
commande que vous mentionnez – Répondit
l'employée du fleuriste à la jeune fille. Le
fleuriste pensait que sans doute il s'agissait d'une dame
très importante. Il suffisait de voir le chapeau Parisien
qu'elle portait et la robe de haute couture. La jeune fille blonde qui
l'accompagnait devait être sa dame de compagnie
sûrement – Elle était
destinée à Mademoiselle Candice N.
André, je m'en rappelle.
Exactement
– Répondit Annie soulagée. Nous
aimerions connaître l'identité de celui qui a
envoyé les fleurs.
Et vous
êtes Melle André ? - Demanda l'homme à
Annie.
Non, mais ..... -
Une pichenette discrète que lui offrit Candy sans que le
fleuriste s'en rende compte, lui fit se rappeler qu'elle avait promis
à Candy de ne pas révéler son
identité. Il s'agit d'une amie à moi. Comme vous
comprendrez, elle est très intriguée et m'a
envoyée demander - il a dit Annie en pensant qu'elle ne
mentait pas du tout.
J'en conviens
tout à fait, Mademoiselle, mais je crains de en pas pouvoir
satisfaire sa curiosité – Répondit
l'employé en niant de la tête.
Voulez-vous dire
que vous en pouvez pas révéler l'information
à moins que mon amie ne vienne en personne demander ? -
S'enquit Annie avec un sourire. Candy laissa seulement
échapper un petit soupir d'ennui.
Non,
Mademoiselle, il ne s'agit pas de cela. C'est que nous ne connaissons
pas non plus le nom de la personne qui a envoyé les fleurs.
La commande nous est arrivée de notre succursale en Indiana
et ils ne nous ont pas fourni le nom de l'expéditeur.
Candy
était assise face à sa coiffeuse se brossant
simplement les boucles. Ses lèvres se plissèrent
dans un sourire léger en se rappelant les
événements du jour. Annie était
infatigable quand il s'agissait de sortie d'achats et de visites chez
les couturières. Son amie n'était pas satisfaite
jusqu'à ce que chaque détail de la tenue de sa
demoiselle d'honneur en soit choisi et réglé.
Maintenant, il manquait seulement que la robe soit prête pour
le premier essayage. Candy aimait les chapeaux de plumes et les
colliers de Bruxelles comme toute jeune fille, mais utilisait beaucoup
de son temps sans garder de place pour ces futilités. Non,
la vie ne lui donnait pas le temps de penser à ces choses.
Avec Melle Pony
et Soeur Maria qui faisaient des plans pour étendre les
installations de la Maison de Pony, il en lui restait pas beaucoup de
temps pour penser à ces frivolités. Les deux
dames lui avaient confié plusieurs des
responsabilités dont elles se chargeaient auparavant
elles-mêmes, tandis qu'elles se consacraient à
organiser les plans de leur développement. Candy savait
qu'elle ne pouvait pas les décevoir. Donc elle s'occupait
des enfants et de ses patients sans pouvoir garder beaucoup de place
pour elle-même. Candy se regarda dans le miroir une fois de
plus.
Elle devait avoir
répété plus de mille fois à
Annie qu'elle ne connaissait personne en Indiana qui pourrait lui avoir
envoyé les roses. La pauvre Annie dû finalement se
résigner à en jamais savoir qui avait
envoyé les fleurs et Candy pensait qu'il était
mieux de renoncer à toute tentative.
L'amour... -
Soupira Candy en laissant la coiffeuse et en regardant par la
fenêtre tandis que ses yeux verts se perdaient dans le ciel
dégagé du printemps, parsemé
d'étoiles. Cela n'a jamais été pour
moi, c'est mieux ainsi.
- Candy, Candy !
- Appela Melle Pony.
Le jeune se leva
du tabouret où elle était assise pour traire la
vache. Elle prit la cuvette de lait et avec une caresse affectueuse au
flanc de l'animal, elle s'écarta d'elle en se dirigeant vers
l'extérieur de l'écurie.
- J'arrive,
Mademoiselle Pony – Cria la jeune fille en marchant avec
énergie vers la cuisine de la maison. À mi
– chemin, la vieille femme sortit à sa rencontre.
- Est
arrivé de nouveau du courrier - dit la femme avec un sourire
espiègle dessiné sur son visage ridé
que Candy aimait tant.
- Oh non, pas
encore - Dit Candy en secouant la tête en
commençant à rire intérieurement de
l'émotion de Mademoiselle Pony chaque fois qu'il arrivait un
nouveau bouquet de roses « On dirait que c'est à
elle qu'elles sont envoyées. C'est tellement amusant
» Pensa-t-elle, amusée.
- Et si, elles
sont arrivées une nouvelle fois. C'est la
quatrième semaine qu'elles arrivent sans faute chaque lundi
et vendredi. Qu'est-ce que tu penses faire ?
Candy pensa que
c'était une question que tout monde lui
répétait trop souvent dernièrement.
- Les mettre dans
un vase comme toujours - Répondit Candy en laissant le lait
sur la table et en enlevant ses gants de travail. Ses yeux se
posèrent à nouveau sur l'éternel
bouquet de roses rouges.
- Tu ne vas pas
voir la carte au moins ? - Demanda Soeur Maria en se mettant
à bouillir le lait en feignant l'indifférence,
mais pas suffisamment bien pour tromper Candy. « Elles
paraissent deux gamines, » Pensa la jeune fille.
- Qui dira la
même chose toujours - Répondit Candy avec
tranquillité, mais en voyant le regard insistant de la
religieuse, elle se dirigea vers le rameau et prit l'enveloppe qui
reposait entre les feuilles.
- Bien. Seulement
pour que toutes les deux soyez tranquillisées –
Dit la jeune fille en souriant tandis qu'elle sortait de l'endroit.
Toutefois, cette fois, l'histoire fut différente des
semaines précédentes. Les yeux de la jeune fille
s'ouvrirent avec surprise en fixant son nom.
- Elle dit
quelque chose, Candy ? - Demanda Melle Pony intriguée en
voyant l'expression d'étonnement dans le visage de Candy.
Les yeux de la jeune femme restèrent cloués
à la carte un instant, en silence. Donc, sans dire mot, elle
tendit le papier à la vieille dame, qui la lut à
haute voix et chargée d'étonnement :
“Seigneur
de mon amour auquel en vasselage
ton
mérite a fortement soudé mon devoir ;
à toi
j'envoie par écrit ce message,
non pour montrer
mon esprit
mais pour
témoigner mon devoir :
Devoir
très grand, qu'un esprit si pauvre que le mien ferait
paraître nu,
par
défaut de parole afin de l'exprimer;
en
espérant que quelque idée heureuse venue de toi
dans la
pensée de ton âme aura vêtu sa
nudité ;
Jusqu'à
ce que l'étoile qui conduit ma route brille sur moi
bienfaisante en
bénéfique aspect,
et vête
mon amour en loques, de beauté,
que je puisse
être digne d'une attention douce :
Puissé-je
alors m'enhardir à me glorifier de t'aimer –
jusque-là
je cache ma tête là où tu peux me
discerner” (1).
La vieille dame
se tut et le silence plana entre les trois femmes. Sans dire plus,
Candy sortit en courant par la porte arrière de la cuisine
et se précipita sur le chemin en direction de la colline.
- La carte en dit
un peu plus ? - Demanda finalement Soeur Maria en se remettant de son
étonnement.
Non, seulement le
poème – Répondit Melle Pony.
Pourquoi Candy
est alors sortie en courant comme si elle avait le diable au corps ? -
Demanda la religieuse, confondue.
Peut-être
que la note lui dit quelque chose.
- Moi, il
m'apparaît uniquement que son admirateur a un goût
excellent pour la poésie - Répondit la religieuse
en prenant les roses pour les mettre dans leur vase habituel.
- Je ne sais pas,
ma Soeur, mais je en l'ai pas vue devenir aussi nerveuse depuis
longtemps. Il est préférable de ne pas lui
demander de parler davantage de lui ...
- C'est seulement
une coïncidence - Se répétait Candy en
arrivant en courant jusqu'aux pied de son arbre refuge. Non... cela ne
peut pas se passer maintenant ... c'est impossible.
La jeune fille se
laissa tomber à genoux sur le gazon. Alors elle
commença à se sentir
énormément fatiguée et la cause de sa
fatigue n'était pas physique. Elle regarda ses mains
dénuées d'ornementations et se les porta au
visage. Elle pouvait encore sentir le parfum des roses entre ses doigts.
- C'est
peut-être une plaisanterie de mauvais goût
– Pensa la jeune femme en sentant qu'un liquide chaud roulait
sur ses joues. Eliza a peut-être voulu s'amuser un peu
à mes dépens ... Mais comment peut-elle savoir...
? Ce poème....
(1) Sonnet 26 de
Shakespeare
Les jours
continuèrent à passer et de nouveau
l'inévitable visite d'Annie franchi à nouveau les
portes de la Maison de Pony. Il restait seulement trois semaines pour
son mariage.
Le jeune a
observé depuis le premier moment de son arrivée
qu'autre branche de roses rouges, jumelée de de ce qui est
précédent, il continuait dans la table, mais la
Mademoiselle Pony en lui faisant des signes à des dos de
Candy a obtenu que la fille ne dise rien sur l'affaire.
- Je vois que
l'admirateur mystérieux a continué à
envoyer les mêmes fleurs - dit finalement la jeune fille
à la vieille dame quand Candy partit rendre visite
à ses patients pendant l'après-midi. Est-ce que
Candy Candy à se persuader qu'il s'agit d'une erreur ou d'un
simple geste de remerciement d'un quelconque ancien patient ?
Non maintenant,
elle ne dit plus rien – Expliqua la vieille dame dans un
soupir. Depuis que les cartes ont commencé à
arriver avec plus que simplement le nom de Candy dessus.
Vous savez alors
qui lui envoit ? - Demanda Annie, intriguée.
Non, ma fille.
Les fleurs continuent à arriver sans expéditeur,
mais – la vieille dame hésita un instant
– Un jour, la carte comportait un poème qui a
rendu Candy très soucieuse et depuis lors chaque fois
qu'arrive un autre bouquet, celui-ci est accompagné d'un
message cripté que Candy ne comprend pas et qui la rend
triste ou de mauvaise humeur. Elle dit que ce n'est rien, mais elle ne
peut pas nous tromper.
Annie se tut.
Pendant un moment, son esprit arriva à la même
conclusion à laquelle Mademoiselle Pony et Soeur Maria
étaient arrivées, mais tout comme elles, elle
l'élimina immédiatement. Cela ne pouvait pas
être... et s'il en était ainsi, ce serait triste
et regrettable.
Peut-être
est-ce quelqu'un que Candy a connu autrefois – Osa-t- elle
dire d'une faible voix. Peut-être quelqu'un auquel elle ne
s'est pas intéressée et lui fait mal ressentir
son insistance. L'homme s'en lassera et il la laissera en paix
après un moment.
Peut-être,
ma fille, peut-être – Répondit la
vieille femme mais aucune des deux dames n'étaient
satisfaite de l'explication.
La charrette
avançait énergiquement sur le chemin de retour
à la maison. La nuit chaude tombait
déjà sur la campagne et les arômes
printaniers peuplaient l'atmosphère silencieuse.
Plongée dans ses méditations, Candy rentrait
à la maison.
« En
vain, j'ai essayé de modifier la direction de mon coeur. Je
suis fatigué de cette entreprise qui m'est
refusée. Pourrais-je peut-être revenir sur mes pas
? »
L'esprit de la
jeune fille avait appris de mémoire chacun des messages
reçus, se tourmentant à les
répéter durant les heures silencieuses de la
nuit. Chaque nouveau message la torturait, il la remplissait d'espoirs
oubliés et la plongeait à nouveau dans le
désespoir.
« Je
n'oublierai jamais les premières particules de
lumière illuminant ta silhouette sous le ciel estival
»
Chaque mot
parlait à son coeur en montrant des coins secrets de sa
mémoire. Il n'y avait pas d'expéditeur sur les
cartes, mais plus les différents messages arrivaient, plus
ce nom étaient à chaque fois moins
nécessaire.
« Je me
rappelle les tombées du jour que nous avons vécu
ensemble. Le souvenir des sons du vol des libellules. Je me souviens
encore de l'odeur du romarin. T'en souviens-tu toi aussi ? »
Il y avait
plusieurs jours qu'elle avait cessé de penser que cela
était seulement un mauvais tour. Toutefois, bien que la
certitude soit chaque fois plus forte, l'était aussi
l'amertume de savoir que les obstacles d'antan existaient encore. Candy
ne pouvait pas comprendre pourquoi ces messages avaient osé
violer les distances pactisées.
« La
pluie se fond sur la surface de la baie. Toutes les années
passées se sont écoulées identiques
dans ma mémoire et reviennent au dernier moment
où je te t'ai vue... Toi, tout se réduit
à toi. »
Et ce
même dernier message avait fini un matin par la confondre
encore plus :
« Il
s'est passé 1216 jours depuis lors. Nous sommes aujourd'hui
le 20 avril. Sous peu je cesserai de compter les jours. »
Candy savait que
ce message insinuait un délai imprécis, mais un
délai finalement. En même temps, elle convoitait
et craignait le jour de son accomplissement.
Candy
tambourinait la table avec sa main gantée. Elle aimait
Chicago mais elle avait perdu l'habitude du pas agité des
grandes villes. Elle détestait l'insistance prudente des
occupants du café qui la scrutaient depuis son
entrée dans l'établissement, pour savoir qu'elle
était plaisante et cotée sur son
héritage. Elle haïssait la pression du corset, le
murmure des tissus amidonnés sous sa poitrine tandis qu'elle
marchait et l'impossibilité de passer inaperçue
quand elle portait son identité de fille des
André.
Mais pour Annie
elle était disposée à supporter tout
cela avec élégance en sirotant le thé
qu'on lui avait servi. Après tout, dans seulement quelques
jours ce serait le mariage et ensuite elle pourrait retourner
à sa retraite calme de sa vie dans les montagnes.
- Tu sais qu'il
est agréable de te voir dans cette couleur – Lui
dit Annie, fière de son choix. La mauve rosé est
la couleur des blondes.
- C'est vrai ? -
Demanda Candy distraitement.
- Et le chapeau
que tu as choisi pour l'accompagné te fait
ressemblé à un ange. Tu devrais t'habiller plus
souvent de manière classique.
- Oui,
sûrement je me verrais bien avec chapeau et gants quand je
trairai les vaches ou laverai le linge de lit des enfants –
Plaisanta la jeune femme avec ironie.
- Tu es
impossible ! - Se plaint Annie s'est plaint en reposant la petite
cuillère avec laquelle elle s'était servie un
morceau de sucre.
Tournant les
yeux, signal que la malicieuse Candy était sur le point de
tirer la langue à son amie oubliant la tenue qu'elle devait
garder en public, le serveur s'approcha d'elle avec un plateau d'argent.
- Melle Candice
Neige André ? - Demanda l'homme.
- C'est moi
– répondit la blonde simplement.
- Ce message est
pour vous - dit discrètement l'homme en laissant sur la
table une feuille de papier pliée en deux et en
s'éloignant directement.
-
Intriguée, Annie regarda son amie en l'interrogeant des
yeux. Candy était paralysée.
- Tu ne penses
pas lire le message ? - Demanda Annie intriguée.
La jeune femme ne
répondit pas. Avec une main incertaine, elle
déplia le papier. Les lettres ainsi tracées
s'exposèrent à ses yeux. Chaque
caractéristique et chaque trait parlaient d'eux
mêmes. Les mots du message étaient seulement des
détails. Il lui suffisait seulement de voir la lettre et
savoir qui l'avait écrite pour comprendre tout avec une
certitude totale.
« Je
n'ai pas pu tenir la promesse que je t'ai faite. Je ne supporte plus
cette distance. »
Candy leva le
regard et chercha entre les tables du café. Elle observa la
silhouette de chaque homme, elle suivit les lignes de chaque dos
masculin et ne trouva pas l'angle particulier qu'elle cherchait. Il
n'était pas, mais il avait été
là.
- Qu'est-ce que
cela dit, Candy ? - Insista Annie plus préoccupée
par la pâleur du visage de son amie.
- C'est seulement
une note de ... du directeur du restaurant - Répondit Candy
en bégayant.
- Mais qu'a pu te
dire le directeur pour te rendre aussi nerveuse ? - S'enquit Annie
quelque peu sceptique et préoccupée par son amie.
- Il
paraît qu'il connaît Albert - Improvisa rapidement
Candy – Il veut lui envoyer ses salutations, mais....
- Mais quoi,
Candy ?
- Et bien, c'est
que je crains de compromettre Albert. Tout le monde s'approche de lui
pour lui demander des faveurs - Expliqua Candy satisfaite de pouvoir
produire une excuse cohérente. Annie, s'il te
plaît. Payons l'addition et allons-y. Je ne veux pas que le
directeur s'approche de la table pour solliciter de voir Albert.
- D'accord. On va
faire ce que tu dis - Répondit Annie en se
dépêchant de laisser un billet sur la table et se
mettant debout comme Candy l'avait déjà fait et
se dirigeait vers la sortie du restaurant comme si elle fuyait son pire
ennemi. Pour la première fois dans sa vie, Annie sentit que
Candy lui avait menti.
La robe reposait
sur le mannequin, le repassage et l'amidonnage étaient faits
à la perfection. Le bustier et ses brides en soie
française et taffetas qui reposait sur la taille
était le seul contact d'ornement sur la soie verte
pâle. Candy savait que Annie avait choisi la couleur
seulement pour faire ressortir les yeux de sa demoiselle d'honneur.
C'est curieux -
Pensa Candy en s'installant sur le divan de la fenêtre,
tandis qu'elle considérait sa tenue au milieu des ombres de
sa chambre – J'ai peur de commencer à me sentir
enthousiaste de toute cette affaire. - C'est mauvais signe –
se dit la jeune fille – Il y a longtemps que je ne me
rappelle pas m'être souciée de vouloir me faire
aussi jolie. Je ne devrais pas permettre que ces pensées
s'installent dans mon esprit. Je ne peux me permettre le luxe de la
coquetterie ... Maintenant moins que jamais.
Elle
détestait cette sensation inconfortable qui ne l'avait pas
quittée durant les deux mois
précédents. Alors que trois années sa
vie avait passé calmes et tranquilles, pleine de projets
quotidiens et de petits objectifs. Elle était parvenue
à vivre étrangère aux palpitations et
aux inquiétudes d'autres temps ... tout avait
été ainsi jusqu'à l'arrivée
des roses rouges, des poèmes, des notes et maintenant le
message inquiétant qui lui avait livré ce serment.
Maintenant qu'il
ne lui restait plus aucun doute de qui était
derrière tout cela. Non, pas après avoir lu sa
lettre imprimée avec un naturel impudique, avec
caractère particulier dans chaque ligne du message. Il
restait seulement à savoir pourquoi il avait
décidé de rompre le silence pactisé de
manière tellement mélodramatique.
La jeune femme ne
put éviter qu'un sourire ironique se dessine sur ses
lèvres. Il était classique chez lui d'utiliser
ces ressources romanesques et si la situation n'était pas
tellement triste, elle penserait sûrement que la situation
était à la fois comique et flatteuse.
Mais telles
qu'étaient réellement les choses, elle savait que
toute cette charade pourvait seulement se terminer comme l'un des
épisodes les plus heureux de sa vie. Quand il se
déciderait à se présenter à
elle, elle devrait faire ce qui serait indiqué ; renoncer et
se laisser aller à nouveau. Finalement, tout serait un
détsastre plus pénible que les
précédents. Elle détestait cela. Elle
le détestait d'être irresponsable et
irrévérencieux et elle se haïssait
elle-même parce que sa nature propre l'obligeait à
ne pas perdre le sens de ce qui est correct.
- T'ai-je
déjà dit que tu es une lumière
tellement précieuse que mon coeur serait en danger de mort
si tu n'étais pas ma fille adoptive ? - Sussura Albert
à l'oreille de la jeune femme qui lui offrait son bras pour
entrer à l'église.
- Mais si tu
n'étais pas mon ami et mon frère,
peut-être maintenant serais-je jalouse de toutes ces filles
qui t'assiègent et avec lesquelles tu joues à ne
pas te laisser cueillir- Lui répondit Candy heureuse
d'adresser un sourire à son ami.
- N'en dis pas
plus, Mademoiselle - Dit-il en changeant de sujet. Le témoin
et la demoiselle d'honneur doivent faire une entrée
triomphale en ce moment et je ne voudrais pas que l'un de nous arrive
en retard – Répondit-il alors qu'il souriait de
fierté à sa chère Candy dans le
couloir central de l'enceinte.
La
cérémonie fut pleine du charme et de
l'émotion auxquels on s'attendait. Le fiancé
était nerveux, la fiancée rayonnante ; sa
mère pleurait en silence, son père brillait
mélancolique et fier en même temps, le
témoin fut sur le point d'oublier les alliances et la
demoiselle d'honneur était tous sourires dans sa robe verte
royale.... des sourires dessinés seulement
superficiellement, des sourires même si personne ne pouvait
le deviner étaient seulement le déguisement
étudié d'une tristesse éternelle.
Il semblait que
les promesses d'amour éternelles s'étaient
liguées contre Candy.
«
Archie et Annie ont voyagé ensemble durant un long chemin,
» Pensa Candy en observant les regards de tendresse
qu'échangeaient les fiancés face à
l'autel. Elle savait que pendant les premières
années, le coeur d'Archie n'avait pas disposé
à ces fiançailles. Toutefois, la
dévotion constante d'Annie avait fini par gagner son
affection de la manière la plus ferme possible. Oui, Archie
et Annie étaient unis par l'amour le plus pur et
réel qui pouvait exister entre un homme et une femme. Son
affection était une preuve indubitable que le coeur pouvait
changer de direction.
Pourquoi alors
cet autre coeur qu'elle croyait, jusqu'il y a quelques mois,
étranger et éloigné, s'obstinait-il
à se retourner vers des passions qui devraient
être déjà mortes ?
Il
était véritablement énervant que des
considérations semblables lui ruinent le goût de
voir consommée sa première grande victoire de
“marieuse” ... et c'était un malheur
horrible de jouir de ce moment en pensant qu'elle-même ne
pourrait jamais occuper la place qu'Annie avait maintenant ...
« Dans
une certaine manière cela a toujours
été ainsi, » Pensa Candy
gênée d'elle même « Elle a
toujours fini par avoir tout ce qu'au moins une fois, j'aurais voulu
pour moi, mais il est curieux qu'auparavant je ne me sois jamais
véritablement sentie jalouse de sa chance....
“Je ne
peux pas laisser mon esprit divaguer dans des considérations
aussi tristes lors d'une occasion tellement heureuse”, se dit
Candy en se remettant de son accès de regrets pendant la
cérémonie religieuse, ce pourquoi elle s'engagea
à s'amuser pendant la fête en dansant chaque valse
et chaque polka de l'après-midi.
Plus d'un
gentleman se laissa éblouir par la blonde
élancée aux yeux vivaces qui était la
demoiselle d'honneur de la nouvelle Madame Cornwell. Les invitations
à danser ne se firent pas attendre, bloquant le carnet de la
jeune fille.
Si Annie n'en
voulait pas à Candy elle se sentit plus d'une fois
dérangée en se rendant compte que son amie
devenait le centre de l'attention. Toutefois, pour la romantique
imagination d'Annie, c'était une occasion splendide pour que
Candy rencontre l'homme de sa vie et oublie, une fois pour toutes, sa
résolution ferme de se transformer en successeur de
Mademoiselle Pony. Peut-être avec un peu de chance, elle
serait l'heureuse élue qui attraperait son bouquet comme par
magie et les choses se termineraient en beauté cette nuit
même.
Toutefois, Eliza
fut plus rapide et remporta le trophée floral le moment
venu. Annie se retourna en cherchant le visage de Candy comme pour la
récriminer de sa lenteur. Candy sourit seulement innocemment
en levant les épaules, comme pour faire comprendre
à son amie que quand Eliza voulait quelque chose, il n'y
avait pas force humaine qui l'arrêterait.
«
J'espère qu'elle sera mariée bientôt
» Pensa alors Candy en riant de ses
considérations, « Peut-être cela
adoucira-t-il son tempérament. »
Quelque chose de
suprêmement inhabituel, arriva alors qui interrompu les
pensées de Candy et attira l'attention de toute
l'assemblée. Les jeunes gens étaient encore en
train d'admirer le beau bouquet orchidées et fleurs
d'oranger qu'Eliza avait gagné, quand quatre des serviteurs
de la maison André entrèrent au salon
chargés d'un extraordinaire rameau qu'ils
placèrent au centre du salon. Les voix coururent en
spéculant si c'était un cadeau
exubérant du fiancé pour sa jeune
épouse, bien qu'il soit étrange que le jeune
homme choisisse les roses rouges pour occasion pareille.
Un
cinquième homme habillé d'un uniforme se trouvant
à côté du bouquet demanda d'une voix
haute et nette:
- Mademoiselle
Candice N. André ?
« Non
ce n'est pas possible! » Se dit Candy en souhaitant en ce
moment que la terre s'ouvre sous ses pieds et l'avale
complètement.
- Pour vous
servir – Parvint-elle à dire,
résignée à l'idée que
l'affaire était maintenant du domaine public.
- Mademoiselle,
ces quatre cent roses sont pour vous, celui qui vous les offre m'a
ordonnée de vous dire qu'il attend quelqu'un depuis des mois
devenus des années et des années devenues des
siècles - dit l'homme en remettant à Candy une
enveloppe après quoi il fit une
révérence légère et sortit
du salon en laissant après lui un sillage de murmures.
- Quel beau geste
! - se risquèrent à dire certains.
-
Sûrement un admirateur
désespéré - commentait une certaine
dame en souriant derrière son éventail.
- Elisa ! Tu dois
savoir qui est ce prétendant de ta cousine –
Enquêta une jeune fille à
côté de Mademoiselle Legrand.
- Je ne le sais
pas, et cela ne m'intéresse pas –
Répondit Elisa avec dédain - il s'agit
sûrement d'un type extravagant et d'un mauvais goût
pour faire un tel étalage public... et juste lors du mariage
d'Archibald. Quelle vulgarité!
Les murmures
continuaient et Candy restait au le centre du salon en serrant entre
les mains ce qui venait de lui être livré. Pendant
une seconde, elle ne sut pas si elle devait rire, pleurer ou laissez
libre cours à toute la colère que ce
déploiement public lui avait causée. Toutefois,
quelque chose dans le fond de sa raison fit appel à sa tenue
en lui rappelant qu'il s'agissait de la fête de mariage
d'Annie et d'Archie. La dernière chose qu'elle voulait
était qu'elle soit ruinée par cette exhibition
mélodramatique.
- Bon, il
semblerait que quelqu'un tienne à se faire remarquer ce soir
– Dit la jeune femme en s'adressant à
l'assemblée avec un semblant de
sérénité. Je ne crois pas que nous
devions lui donner trop d'importance quand ce qui nous
réunit aujourd'hui ici est un motif bien plus significatif -
et en disant ceci Candy prit une coupe de champagne du plateau que
portait l'un des serveurs - Je propose un toast. Soulevons nos verres
et buvons la santé de l'amour véritable et
à celle de Monsieur et Madame Cornwell.
Tout monde
seconda la suggestion et un moment plus tard, l'assemblée
dansait à nouveau en abandonnant l'incident inhabituel qui
devint seulement un sujet de conversation sans interrompre la joie de
la fête.
-
M'accorderais-tu cette danse - dit une voix connue dans le dos de Candy
et les épaules de la jeune fille
relâchèrent alors leur tension en l'entendant.
- Maintenant plus
que jamais – Répondit la jeune fille en se
retournant pour prendre la main que Albert lui offrait. Ainsi, avec le
plus grand naturel, tous les deux commencèrent à
se déplacer au rythme de la musique.
- Je dois te dire
que je suis fier de la manière par laquelle tu as
manié la situation – commenta le jeune blond.
- Que pouvais-je
faire de plus ? Nous n'allions pas rester là à ne
rien faire toute la soirée en spéculant sur qui
avait eu une telle audace – Lui répondit-elle en
essayant d'ôter de l'importance à l'affaire.
- Mais je
soupçonne qu'en fait, toi tu sais très bien de
qui il s'agit - Affirma Albert avec un sourire léger qui
commençait à se dessiner sur la commissure de ses
lèvres.
- En effet
– Répondit-elle et son expression changea sans
passer inaperçue pour le jeune homme.
- C'est quelque
chose d'important?
- ça
l'est, mais pas dans le sens auquel tu penses – Signala la
jeune femme avec un brillant spécial dans les yeux qui fit
comprendre à Albert qu'à cette occasion, elle
n'était disposée à partager cette
histoire avec personne, pas avec celui qui avait toujours
été son confident et son conseil.
- Je comprends,
je le respecte – Lui répondit-il et le sujet fut
clos.
Elle devait le
reconnaître. Elle brûlait d'envie d'ouvrir ce qui
lui avait été apporté. Mais Candice N.
André avait appris à garder la tenue
élégante d'une dame quand cela était
requis, donc elle attendit jusqu'à ce que la
scène embarrassante ait disparu des mémoires
entre la musique, le champagne et les félicitations, pour se
retirer dans un des salons adjacents de la maison et d'ouvrir la
missive :
Comme un veuf
torturé de douleur,
mon coeur est
abandonné,
car au milieu de
la foule indifférente,
Jamais je ne
trouve le regard ardent
de la seule femme
que je peux aimer
Jamais
l'infidèle ne trouve de réconfort
ni dans l'amour,
ni dans l'amitié
et moi, proscrit
sur un sol étranger,
Ne trouverai pas
remède à mon duel
loin de la femme
que je peux aimer (2)
1250 jours, plus
de quarante mois, quatre cent années.
Je te demande au
moins de m'écouter
Ce soir
à 10 heures au 123 du Boulevard Rosenberg.
Jointe au
message, il y avait une clé.

«
Je ne sais pas pourquoi je fais cela » se dit Candy tandis que la
voiture avançait par la vaste avenue. Même si tout ceci
lui paraissait une folie, elle n'avait pas pu éviter de
s’échapper de la fête. Elle avait d'abord
sollicité un taxi par téléphone et puis, tandis
qu'elle attendait l'arrivée du chauffeur, elle avait
rédigé une lettre très brève pour Annie,
par laquelle elle espérait expliquer son absence de la
manière la plus cohérente possible, bien qu’elle
savait clairement qu'après ce qui s'était produit ce
soir, Annie probablement ne la croirait pas.
Une
minute plus tard, elle se trouvait sur le siège arrière
de la voiture en chemin vers une direction inconnue. Elle aurait pu
avoir totalement ignoré le message ou même envoyer un
domestique avec une note présentant la première excuse
qui lui viendrait en tête … elle aurait pu faire beaucoup
de choses, mais de toutes elle avait choisi la plus impropre et
dangereuse : aller au rendez-vous.
Bientôt
le véhicule abandonna dans la zone urbaine et
pénétra dans une zone résidentielle aux bords de
la ville. Sans doute le lieu avait été choisi à
dessein pour une rencontre semblable. Un lieu éloigné,
sans témoin ; au milieu des ombres nocturnes disposées
à cacher ce qui pouvait se produire. Juste ce qu’il
fallait pour un rendez-vous avec des couleurs de l’interdit.
Des
images qu’elle n’aurait pu imaginer avant lui virvoletaient
dans la tête, la torturant de mille récriminations. Elle
voulut demander au chauffeur de rentrer à la maison des
Brighton, mais sa voix ne parvint jamais à prononcer l'ordre. La
voiture continua donc à avancer le long d’une avenue
entourée de saules qui projetaient leurs ombres fragiles sur
l'asphalte. La pleine lune et les phares de la voiture paraissaient
être la seule source de lumière au milieu du paysage
nocturne.
-
Cela semble être le numéro, Mademoiselle - dit le
chauffeur en se stationnant finalement face à un chalet, seul
logement qui pouvait être aperçu dans les environs.
- C’est …
c’est bien – Répondit la jeune femme sentant que ses
mains s’humidifiaient de nervosité. Je dois régler
une affaire … mais je ne sais pas combien de temps cela va
durer - Expliqua Candy sans savoir si elle devait demander
à l'homme de l'attendre.
- J’ai
terminé ma garde, Mademoiselle - Expliqua l'homme avec une voix
fatiguée – Je crains de ne pas pouvoir attendre.
- Entendu – Répondit la jeune fille en
baissant le regard – Ne vous inquiétez pas pour moi
… je demanderai un autre taxi pour rentrer.
Candy
paya le taxi pour sa course et regarda la voiture qui
s’éloignait en la laissant au milieu de cet endroit
isolé, abandonné juste aux portes de cette maison
inconnue. Avec des mains nerveuses, la jeune femme sortit la clé
de sa bourse et l’intriduit dans la serrure de la porte
principale. La porte s’ouvrit immédiatement.
-
Est-ce une prérogative du beau sexe de se rendre en retard
à un rendez-vous? Il est dix heures trente – Dit une voix
depuis l'intérieur du vestibule à peine
éclairé par une paire de lampes murales. Candy sut alors
qu’elle ne s’était pas trompée quant à
l'identité de celui invitée ce soir.
Le
jeune aiguisa son regard pour pouvoir distinguer une figure
foncée au milieu de la pénombre du vaste séjour de
la maison. Sans dire mot, la jeune femme marcha quelques pas à
l’intérieur de la pièce en fermant la porte
derrière elle, jusqu'à être face à l'homme
qui l'attendait.
-
Il s’est passé tellement de temps – Dit elle quand
elle parvint finalement à distinguer les traits de la figure de
l'homme qui se tourna pour allumer une lampe supplémentaire et
mieux illuminer le lieu.
La
lumière vint prendre le pas sur la pénombre en lui
permettant enfin d'observer les découpes fermes d'un homme
jeune, plus grand et corpulent que ce dont elle se souvenait, mais
toujours avec les mêmes courbes sveltes et
élégantes. Candy sentit de nouveau un sursaut familier
dans sa poitrine qui était restée endormi pendant des
années. L'homme finit alors de placer le cache de verre sur la
lampe et se retourna pour la regarder. Quand ses yeux se
retrouvèrent face aux siens, la jeune femme se détesta
alors pour avoir osé jouer un jeu aussi dangereux. Dieu,
il avait encore les yeux plus beaux comme une mer bleue que ce dont
elle pouvait se rappeler !
-
Trop longtemps, Candy – Lui répondit-il en se levant. Elle
put alors observer qu'elle s’était trompée en
remarquant en lui cette expression distante et hautaine qui lui
était familière. Je sais seulement que cela a
été comme une éternité en enfer –
Continua-t-il, sa voix en sonnant plus grave et ses yeux l'observant
avec une admiration sincère qui paraissait ne rien craindre.
- Je regrette beaucoup
qu’il en soit ainsi – Lui répondit-elle en
déviant les yeux, incapable de soutenir son regard. J'ai
toujours voulu que tu sois heureux.
- Je le sais…
comme je suis aussi conscient que je t'ai promis de l'être
– Ajouta-t-il en s'approchant d’elle d’à peine
un pas, la main de la jeune filel serrant sa bourse
légèrement - Mais tu vois déjà, je l'admets
ouvertement. J'ai échoué. Je n'ai pas pu remplir mon
engagement. As-tu accompli tes promesses ? – Demanda-t-il
directement et Candy sentit que sa voix se nouait dans sa gorge avant
de répondre.
- Au moins j’en
ai gardé une – Dit-elle finalement en marchant vers un des
divans du séjour, le bruit des tissus amidonnés sur sa
poitrine remplissant l'atmosphère silencieuse - Et elle
était de rester éloignés. Tu devrais respecter
cela.
Voilà
! C’était dit. Cela serait sûrement le début
de la fin de cette entrevue tellement embarrassante – Pensa la
jeune fille, décidée à rappeler à l'homme
qu'il y avait des loyautés qu’ils ne pouvaient pas,
qu’ils ne devaient pas trahir.
-
Je devrais peut être te dire que je regrette beaucoup
d’avoir interrompu ta vie paisible - Répondit l'homme avec
un sourire triste. Il n'y avait, toutefois, ni de l'amertume ni de la
colère dans son accent - Mais n'est pas ainsi. La croix que j'ai
portée a été longue et suffisante pour expier tout
péché que je puisse jamais avoir commis. Cela a
été cruel… cela a été humiliant.
- Il y a des douleurs plus
grandes que l’orgueil. Pense à ton épouse ... elle
ne mérite pas ceci … elle ne mérite pas que tu
fasses la cour et envoies des fleurs à une autre femme qui
n’est pas elle – se dépêcha de répondre
la jeune fille en restant accrochée à l’acoudoir
d'un fauteuil.
- Mon épouse
… - Rit l'homme en jetant sa tête vers en arrière
– Je suppose que tu te réfères à ma
fidèle et dévouée épouse Susanna.
N’est-ce pas ?
- Ne joue pas, tu sais bien
que c’est ainsi – Lui répondit-elle en essayant de
parler durement sans beaucoup de succès. Le simple fait que toi
et moi soyons ici, seuls et parlant de choses qui doivent être
tues, est une offense pour elle. Tu ne dois pas ternir son honneur de
cette manière.
- Même si
à la dame en question, pour laquelle tant de sacrifices ont
été faits au nom de la morale, il semble que rien
n’ait grande importance … ni son honneur ni mon noble nom.
- De quoi parle-tu ? - Demanda Candy confondue.
- Je crois qu'une
série de confessions sur de nombreux actes compliqués
m’est devenue inévitable, desquels presque personne n'est
informé… au moins pour le moment. Pourrais-tu prendre un
siège et me laisser t’expliquer ? C'est pourquoi je t'ai
demandée de venir ici ce soir – Demanda le jeune homme en
s’asseyant sur le canapé.
Candy
ne savait que penser. Toutefois, ayant confiance en
l'honnêteté de son interlocuteur elle se disposa à
écouter ce qu'il devait lui dire. « Cela durera seulement
un moment » Se dit-elle, « un moment et ensuite je m'en
irai même si je dois partir à pieds. »
-
Susanna était amoureuse de moi – Commença le jeune
homme avec un soupir de tristesse mais ce que nous croyons de l'amour
est parfois seulement une illusion que l'égoïsme finit par
dissiper avec le temps. Je t'ai fait des promesses que pendant un
moment j'ai été sur le point de briser, mais finalement
il a plu à ma volonté de te complaire et je me suis
marié avec elle. Notre union n'a pas été,
toutefois, la cristallisation des promesses que je t'ai faites ce
jour-là. Je… simplement – Il hésita avant de
poursuivre et Candy remarqua quelque chose qu’elle ne lui avait
encore jamais vu avant. Une rougeur légère montait sur
ses joues - Simplement je ne supportais pas être avec elle ...
à la veiller, à l'accompagner, il y avaient des choses
que je pouvais faire ... mais partager l'intimité …
m’était … désagréable.
-
S'il te plaît, modère-toi. Je ne vois pas pourquoi tu dois
me raconter quelque chose d’aussi privé –
L’interrompit-elle sentant trop émotions contradictoires
en écoutant ses mots. Elle ne pouvait pas continuer à
écouter.
- Tu as à
m’écouter car tu es impliquée dans tout ceci.
Sa voix était tellement déterminée que Candy n’osa pas bouger.
-
Ne me comprends pas mal – Continua-t-il –
J’accomplissais ce qu’elle attendait de moi. Je ne suis pas
un timoré qui renie ses obligations ; mais il s'agissait
seulement cela, des obligations, du devoir. Un devoir qui me suivait
comme une malédiction même dans mon lit. Comprends-tu ?
Candy ne dit rien.
-
Il n'y a pas de femme trompée qui résiste à cela
fort longtemps. Pas même Susanna. Elle a supporté notre
frigidité pendant une année ou deux. Par son
incapacité pour marcher elle menait une vie recluse et calme ;
mais aussi isolée. Toutefois, enfin elle a décidé
d’utiliser une prothèse, sa vie a changé
significativement. Elle recevait des visites, sortait davantage et
s’inséra à nouveau dans différentes causes
et événements. Je me plngeais toujours plus dans le
théâtre et elle dans diverses activités de
bienfaisance. Nous avons créé entre nous de plus grandes
distances jusqu'à ce qu’elle ait cessé de se
soucier de ma présence. Peut-être aurions nous
continué ainsi toute notre vie, si n’avaient pas surgi les
ressentiments qu'elle commença à loger dans son coeur
contre moi.
- Contre toi ? – demanda la jeune femme en osant enfin rompre son silence.
- Oui, Candy. La
fierté blessée de Susanna s'est transformée en
dédain. Quand nous nous sommes mariés, je lui avais dit
que mon cœur se trouverait ailleurs – Dit-il
intensément en regardant Candy, faisant qu’un frisson
inévitable parcouru la jeune femme des pieds à la
tête mais j'ai aussi promis que je mettrais tout en oeuvre pour
la prendre soin d’elle. Je te jure que j’ai fait du mieux
que j’ai pu mais pour elle ce n'était pas suffisant. Elle
voulait tout, mon coeur et ma passion complète. J’ai
essayé sans succès. Quand je n'ai pas pu lui accorder ce
qu’elle demandait, elle a commencé à me haïr
en silence. De là à projeter une vengeance il y avait
seulement un pas.
- Une vengeance !
- C’est ainsi.
Elle a d'abord essayé de se venger en se livrant à
d’autres hommes dans mon dos. Si elle m'avait demandé sa
liberté je la lui aurait immédiatement donnée,
mais cela ne l'aurait pas laissée satisfaite. Elle voulait
m'humilier publiquement en souillant mon nom avec chaque nouvel amant
pendant mes absences au travail. Elle me voulait ignorant de ses
écarts pour que je ne puisse pas lui exiger le divorce, mais
soit publiquement déshonnoré aux yeux des autres.
- C’est
horrible ! - gémit Candy en portant une main à sa bouche,
incapable de croire que Susanna, cette jeune femme douce et triste
qu’elle avait connue autrefois, soit arrivée à la
perte totale du respect d’elle-même.
- Je sais que
c’est difficile à croire. Moi-même suis resté
aveugle à la situation pendant dieu sait combien de temps et
c'est pourquoi sa vengeance a cessé peut-être de la
satisfaire au fil des mois. Elle a alors cherché une nouvelle
sorte de revanche et s'est enfuie avec un de ses amants en pillant mes
comptes bancaires il y a environ six mois.
- Je ne peux pas le
croire … je ne savais rien de ceci ... les périodiques ne
… - balbutia Candy sans parvenir à terminer ses phrases
par l'étonnement et la nervosité.
- Je n'ai pas encore
rendu cela public - Expliqua le jeune homme. Elle a profité
d'une de mes tournées pour s'enfuir avec son amant en me
laissant une lettre en m'expliquant tout avec luxe de détails,
dans lesquels je préfère ne pas abonder. Toutefois, quand
je suis rentré de mon voyage et que je me suis rendu compte de
ce qui s’était passé, j'ai dit à toutes mes
connaissances qu'elle était partie rendre visite à sa
mère qui, depuis un moment, vivait avec des parents à
elle dans un autre état. J’ai ordonné à mes
domestiques de pas divulguer la vérité qu’ils
connaissaient évidemment et j'ai consulté un avocat pour
obtenir le divorce discrètement.
- Mais pourquoi ?
– Interrogea Candy sans comprendre la réaction du jeune
homme.
- Parce que je ne
voulais pas que le scandale arrive à tes oreilles de cette
manière. Je voulait être celui qui te dirais tout. Entre
toi et moi, il y a des liens indéniables. Si je souffre, tu
souffres aussi. C'est pourquoi elle avait la certitude qu'il
t’attristerait de me croire déshonnoré. Je
souhaitais que tu saches que tout ce qui s’est passé ne
pas blessé, pas même l’orgueil, la seule chose qui
me soit endommagée est l'âme en ton absence, et que si
jamais avant je ne suis venu te chercher, c’est seulement parce
que toi le voulais ainsi. C'est pourquoi je ne me suis même pas
présenté devant toi directement, je redoutais que tu me
rejettes et que tu ne me laisses même pas t’expliquer tout.
C'est pourquoi je joue cette charade depuis deux mois… pour
m'ouvrir le chemin vers ton coeur.
Le
jeune avait laissé divan face à Candy et s'était
agenouillé devant à elle. La jeune fille, accablée
par les informations confuses, ne réussissait même pas
à remuer un cil.
-
Pourrais-tu m’avoir écrit une lettre – Dit-elle
finalement, en sentant les yeux du jeune homme lui brûler les
joues.
- Je t’ai
envoyé beaucoup de messages – Répondit-il en
souriant légèrement pour la première fois.
- Anonymement et
toujours vagues – L’allégua-t-elle en
répondant au sourire de la même manière.
- Mais tu les as tous
compris, depuis le premier poème, n’est-ce pas ? –
Demanda-t-il avec le ton le plus doux qu’elle ait jamais entendu
tandis qu'il osait, pour la première fois, caresser
légèrement le dos de sa main qui reposait sur
l’accoudoir du fauteuil. Ce fut un contact délicat,
à peine effleuré du bout de son index, mais Candy sentit
comme un choc électrique lui parcourant le corps.
- « Je
t’envoie cette ambassade écrite de ma main, ma
dévotion prouvant et non mon talent » - Sussura-t-elle en
déviant le regard. Comment oublier que c’était le
sonnet préféré de ta mère. Il m’a
seulement suffit de lire la première ligne pour sentir que
c’était toi.
- Qu'est-ce que tu as
pensé alors? – Demanda-t-il, soucieux de tout savoir,
tandis qu’il s’autorisait à tenir
complètement sa main entre les siennes.
- J'ai pensé
… j'ai pensé tant de choses – Dit-elle en levant
son visage, en combattant pour arrêter les larmes qui
commençaient à se rassembler dans ses yeux -
Inclusivement j’ai cru pendant une seconde que quelqu'un me
faisait une plaisanterie de mauvais goût, mais ensuite j’ai
changé d’avis … personne ne pouvait connaître
ce sonnet. Seulement toi et moi. Alors je me suis haïe avec toi.
- J'ai imaginé
que ce serait ainsi – Répondit-il naturellement. Je savais
que tu me détesterais pour être revenu sur le passé
et rompre la promesse du silence.
- Mais ma haine pour
toi est toujours tellement douteuse – Admit-elle en osant le
regarder en face. Là dans le fonds bleu profond, illuminé
à peine par la lumière ambre de la lampe, on voyait
briller des veines de jade iridescent en suspens de chacun de ses mots
- Passaient les jours et je me trouvais secrètement à
attendre la livraison suivante, en gardant des roses sèches dans
mes livres et en lisant tes cartes des milliers de fois. Comment as-tu
su ? Comment as-tu su que je … encore... ? –
S’encouragea-t-elle à demander en sachant que tous les
deux tombaient dans un abîme d'espoirs nouveaux.
- Je l'ai toujours su
parce que bien que j'aie maintenu le silence pactisé, je n'ai
jamais perdu ta trace. Je m'informais de chaque chose qui passait dans
ta vie ; je savais bien que tu vivais consacrée aux autres,
comme toujours ; que tu continuais à déstester la cuisine
mais que tu la faisais par amour pour d'autres, que tu
n’abandonnais pas tes patients, que les dimanches tu ne manquais
jamais la messe et que tu es belle même avec un pantalon de
paysanne sous la ceinture … j'ai aussi su que personne n'avait
encore pu toucher ton coeur - Comme il vit alors qu'elle l'interrogeait
du regard, il admit ouvertement - Par Albert, évidemment.
- Tu lui demandais de
mes nouvelles ? – L’interrogea-t-elle sans savoir si elle
devait se sentir alarmée ou heureuse.
- Dans chaque lettre et
lui jamais ne refusait de m’informer. Cependant, je n’ai
jamais demandé si tu m'aimais encore. Je n’avais pas le
droit, mais ta vie recluse et mon coeur me disaient que
c’était ainsi. En ce qui me concerne, j’ai seulement
vécu par toi et pour toi, pour aucune autre – Dit-il en
estampillant son serment avec un baiser chaste sur ses doigts blancs et
minces.
Le
silence régnait alors dans la chambre. Candy, qui croyait encore
vivre dans une espèce de rêve bizarre, libéra
finalement les larmes humidifiant ses joues. Derrière le voile
aqueux, la jeune fille observa chaque ligne du visage qui la regardait
avec véhémence. En étendant la main qui lui
restait libre, la jeune fille traça avec des doigts tremblants
la mâchoire ferme de l'homme, elle lui caressa timidement sa joue
et dégagea son front des mèches rebelles qui le
couvraient. Où avait existé un adolescent, il y avait
maintenant un homme.
-
Terry ! – Murmura-t-elle en osant pour la première fois
dire son nom. Tu as changé, mais tes yeux … tes yeux ont
encore des épées vertes sur un fonds bleu. Ils sont comme
la mer.
Le
jeune homme sentit que son coeur bondissait d’un endroit à
l’autre dans sa poitrine tandis tandis que la main de son
aimée lui prodiguait des caresses sur le visage. Même s'il
avait souhaité ne pas établir de comparaisons qui pour
lui-même étaient inadéquates, il ne pouvait pas
s’empâcher d’admirer l'effet profond de ce contact
qui avait le pouvoir de lui atteindre l'âme rien qu’en
l’effleurant. Comme pâlissaient devant ce simple geste,
trois années de vie maritale insipides.
-
As-tu du froid ? – Demanda la jeune femme étonné
sentant dans sa paume qu'il était légèrement
tremblant.
- C'est seulement la
tristesse qui commence à m’abandonner –
Répondit-il en se mettant debout et en aidant Candy pour
qu’elle aussi se lève du fauteuil dans lequel elle
était assise.
Le
jeune homme dirigea la fille jusqu'à la fenêtre. On
pouvait dehors voir la seule lumière allumée illuminer le
jardin avant de la maison et la route bordée d'arbres.
Le sentiment qui flottait dans l'air était profondément
mystérieux. Ils étaient là. Deux personnes qui ne
s’étaient pas vues pendant presque quatre ans ; qui
avaient juré ne jamais se voir à nouveau ; qui avaient
imaginé le reste de ses vies suivant des chemins divergents et
dès le départ, ils s’étaient sentis comme
s'ils n'avaient été jamais séparés. Comme
si elle était simplement rentrée à la maison
après un jour de travail. C'était la chose la plus
étrange. Un sentiment de familiarité s’imposant au
milieu d'un événement extraordinaire.
-
Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? – Osa-t-elle alors
demander en rompant le silence prolongé, en regardant les
bosquets à travers la fenêtre.
- Cela seulement toi
qui peux le savoir – Lui répondit-il en libérant sa
main qu’il avait maintenue prisonnière de la sienne tout
ce temps.
Le divorce a fait de moi un homme libre devant les lois seulement
… mais pas de la manière selon laquelle je voudrais
t'offrir - Expliqua Terry en baissant le regard. J'ignore encore si
l'abandon de Susanna sera suffisant pour obtenir une annulation. Dans
mon égoïsme j'ai voulu, toutefois, venir te dire tout et
t’offrir ma vie, aussi peu est-ce, pour que tu décides que
faire avec elle.
- Non, s'il te
plaît, ne dis pas des choses comme ça - Répondit
Candy en fronçant les sourcils, dans un mélangede
tristesse et de préoccupation. Ta vie est ma vie
elle-même. Dieu est témoin que je suis venue ici ce soir -
ignorant tout ce qu’il c’était passé –
et que tu avais l’intention de tout me raconter ; mais je ne
pourrais plus te laisser maintenant, jamais. Il suffit de tous ces
sacrifices inutiles.
La
voix de la jeune femme sonnait tellement ferme et son regard avait ce
brillant de résolution inexorable qu'il connaissait bien. Les
années où il avait lu dans ses yeux que sa
décision de renoncer à lui était
irrévocable avaient disparu, maintenant il pouvait y comprendre
tout le contraire.
-
Dieu seul sait que je n'ai pas vécu jusqu'à ce moment !
– S’exclama-t-il alors en la prenant dans ses bras.
Ah
! Le pouvoir du langage ne suffit pas pour décrire le
mystère indéchiffrable du baiser qui s'ensuivit. Ce fut
un baiser de droiture totale, de livraison honnête, de
générosité et de confiance ; en somme, un baiser
d'amour.
«
Tes lèvres sont graves et sombres dans la colère, sur la
distance que tu marques avec le monde ; mais sur les miennes, ta bouche
est douce et de soie humide, » Parvint-elle à penser en
sentant la caresse intime. Il y a longtemps, Candy avait
consacré une certaine réflexion aux liens
incompréhensibles qui arrivent à unir un homme et une
femme, mais ces considérations s’étaient endormies,
perdues dans auto-négation. Maintenant, en un seul geste
physique, s’ouvrait à nouveau la porte vers ce monde
inconnu et elle se sentait disposée à y entrer.
- Je nous croyais
perdus… l’un pour l'autre – Dit-elle finalement
quand il la libéra de son baiser.
- Oui, je l'ai
pensé aussi …. Ne plus jamais nous voir … jamais
est parfois un mot insupportable – Dit-il et elle put remarquer
que quelques rides étaient dessinées dans son visage au
rythme des expressions les plus profondes de sa figure, symboles muets
des tristesses vécues.
- N’y pensons
plus - Demanda Candy en fermant de nouveau les yeux, dans une nouvelle
invitation au baiser.
«
J'ai rêvé souvent que tu fermais les yeux de cette
manière, Candy. J'ai rêvé que je t’invitais
dans mon embrassade comme maintenant et tu ne me rejetais pas. »
Dit Terry perdu dans le parfum de la jeune fille. La même eau de
roses de toujours, la même bouche petite et douce s’ouvrait
maintenant sans réserve.
« Ta bouche est de vin et de cerises, ta peau palpite sous ma
main et tout toi tremble contre mon corps. Je n’en peux plus ...
je ne dois pas. »
De l'embrasser ainsi, avec l'humidité de la bouche
partagée et du soupir dans la surface chaude de la langue, Terry
commença à tenir avec force la taille minuscule de la
jeune femme et perçut dans une embrassade suffoquée les
formes lisses et harmonieuses de son corps. Oh Dieu ! Sa poitrine
contre la mienne, ses bras qui m'entourent. C’est un
délire »
Un
son noyé et doux sortit de la gorge de Candy. Elle comprit que
c’était son propre gémissement en sentant les
lèvres de Terry, tièdes, très tièdes
laisser une trace mouillée de sa mâchoire et jusqu'au cou.
Les sensations devinrent alors plus violentes et la force de ses doigts
courant sur son dos rechargèrent encore le feu fébrile du
moment.
-
Aie pitié de moi – Demanda-t-il avec la voix affaiblie, en
demandant qu'elle comprenne son dilemme, mais la jeune fille
n'écoutait pas et pour réponse unique se rompit encore
plus dans l'embrassade. Les lèvres de Terry arrivèrent en
une seconde, encore plus agitée à son
décolleté.
La
peau qui couvrait la poitrine blanche que le vêtement
révélait subtilement était ferme et douce en
même temps et palpitait sous l'impulsion d'un coeur chaque fois
plus agité. Bientôt tout, des mains, de la bouche et de
l'esprit, était versées dans l'adoration physique du
corps de la jeune femme.
Les
mains de Terry voulurent alors enfermer dans leur paume la
voluptuosité entière, mais la dureté du corset
sous le vêtement l’en empêchait. Cela ne
l’arrêta pas.
Avec une anxiété nerveuse, les boutons de la robe verte
firent place à la main de l’homme. Il ne
réfléchissait plus, si ce n’est à la
nécessité absolue d’ouvrir un passage, de
délier les rubans du corset, et en sentant que le tissu perdait
à peine sa force, il descendit entre les liens pas encore
totalement ouverts.
Sous
le corset, régnait la légère douceur de la chemise
de coton et sous elle, la certitude tiède de la peau de Candy.
Sa bouche chercha à nouveau la sienne, les joues, la gorge ; la
gloire des épaules qu'avec les mêmes lèvres il
avait lentement dévêtues.
Encore
debout, agitée et sans oser ouvrir les yeux, Candy sentait la
bouche de Terry sur ses épaules, ses bras lui entourant le dos
et elle-même descendant ses doigts dans sa nuque, là
même où le duvet le plus lisse et fin grandissait.
Lui,
par contre, se débatit davantage de temps entre les fils
endiablés, faisant preuve d'un auto-contrôle remarquable
et la force naturelle du sentiment. Toutefois, le moment arriva
où il put jouir d’avoir finalement gagné la
bataille. Rapidement, il découvrit davantage la douce peau
blanche, nerveuse, qui palpitait sous ses mains avides de ce contact
chaud.
«
Ta taille est brève et agitée à mon contact, petit
oiseau. Est-ce tes hanches suaves et sinueuses qui volontairement
viennent à ma rencontre, elles sont ouvertes,
généreuses et me reçoivent. »
Candy
put percevoir que les draps de lit étaient de coton très
doux. Elle le sut parce que son dos qui reposait dessus le lui dit. Le
reste était la sensation du corps nu de l'homme à
côté d'elle, ses mains la découvrant
intégralement, lui faisant perdre la notion du temps et de
l’espace. S'il l'avait prise juste violentement, elle
l’aurait sûrement rejeté, mais la séduction
de quelqu’un qui aime a un pouvoir irrésistible.
«
Je ne peux plus penser à autre chose qui n'est pas toi …
toi dans mon coeur, je suis entre tes bras, toi dans ma bouche et toute
ta force en moi »
Les mains de Candy descendirent dans le vaste dos du jeune homme et il
n’avait plus d’autre pensée que la possession.
À la seconde suivante, il n'y avait plus distance entre les deux
et elle n'était plus une pucelle.
Ensuite
il y eut le silence, les baisers prolongés et finalement un
voyage d'intensité progressive jusqu'au point d'unité
totale.
- Oui – Dit-elle en suivant un instinct inconnu.
• Je le sais – Lui répondit-il et
tous les deux perdirent ensuite le dernier contact avec la
réalité.
L’oiseau
est un oiseau soucieux. Il chante brièvement et vole à la
branche suivante. Parfois, il ose se poser sur le bord d'une
fenêtre et reste là, comme hypnotisé par le
brillant des vitraux polis. Sa tête bleue et distinguée
fut la première chose que perçurent les yeux de Candy
lorsqu’ils s’ouvrirent le matin suivant. Sur sa poitrine
reposait Terry en silence.
-
Il y a un oiseau bleu à la fenêtre – Dit elle en
sachant qu'il était déjà éveillé.
Savais-tu que les oiseaux bleus sont magiques ?
Terry
se souleva sur son coude droit. Candy entreprit de l’observer
calmement avec son plus beau sourire. Passée l'ardeur qui avait
obscurci tout autre considération au-delà du lien
inévitable qui les unissait, avec la lumière du matin, le
retour du jour réveilla en Terry les réalités
amères qui obscurcissaient le résultat de
s’être laissés porter par leurs élans.
En un instant, poids angoissant de ce qui était arrivé la
nuit précédente tomba de toute sa force sur ses
épaules.
-
Grand Dieu ! Qu'est-ce que j’ai fait ? –
S’exclama-t-il avec l'amertume que donne seulement la honte et le
repentir. Quand je voulais t’offrir honneur et protection, j'ai
seulement réussi à te déshonorer.
- Non ! Ne
dis pas cela ! Je l'ai voulu tout comme toi –
Répondit-elle immédiatement avec fermeté en
comprenant de quoi il parlait.
- Mais tu étais
en ma possession. Je… je savais ce que je faisais – Se
récrimina-t-il en déviant le regard.
- Et moi je ne savais
rien, alors ? – L’interpella la jeune fille - Terry, je ne
suis plus une enfant.
- Ce n’est pas
une excuse. La responsabilité est la mienne. Je ne vais jamais
me le pardonner - Allégua le jeune en s’asseyant sur le
lit tandis qu’il se couvrait le visage avec les mains, incapable
de la regarder dans les yeux.
- Parce que je ne
voudrais pas qu’il en soit autrement – Lui
répondit-elle avec énergie ; comme si l'expérience
de la nuit précédente lui avait donné une
sécurité inconnue.
Terry
sentit alors comment elle était reposée sur son dos, son
contact doux et naturel. Le petit nez était descendu et
caressait la ligne de son épine dorsale. « Je ne suis pas
digne d'elle, je ne suis pas digne d'une dévotion semblable
» Pensa-t-il.
-
Ne te tourmente pas parce que le sentiment peut parfois vaincre la
raison. Ce qu'il s’est passé, la vie nous le devait
– Continua-t-elle en embrassant la courbe de son dos. Penses-tu
que maintenant tu pourrais me laisser ?
- Jamais ! Autant
m’enlever la vie. Comment peux-tu dire cela ? - lui
répondit-il immédiatement en se retournant pour voir son
visage, avec anxiété et tristesse dans son regard. Si tu
m'acceptes malgré mon manque d’égard impardonnable,
tu seras ma femme même si je ne peux t’épouser
devant un prêtre.
- Je crois que tout
cela avait déjà été décidé,
avant, mon amour. C’est pourquoi tu es déjà mon
mari, mais c’est avec joie que je signerai cet acte. Tu en es
heureux ?
Le
jeune homme resta silencieux. Incapable de se réconcilier encore
avec le bonheur, blessé par son incapacité de
démontrer devant Candy qu'il était digne d'elle. Il
voulait que tous la voient comme lui la voyait, admirable, noble et
bonne et qu'elle ne doive baisser le regard devant personne.
-
Je ne sais pas… Es-tu sûre ? Ne t’en repentirais-tu
pas ? – Demanda-t-il encore douteux et Candy au l'âme
peinée de son expression affligée
- Même pas
une seconde ! Hier soir, j’ai su ce que c’est
d’être adorée avec l'âme et avec le corps. Je
ne peux pas avoir honte de cela.
- C’est ce que tu as senti ?
- En effet – Sourit-elle alors en
montrant encore la tolérance dans son sourire -. Je n'ai jamais
imaginé que c’était ainsi. Tu savais que ce serait
ainsi … entre nous ?
- Je le devinais – Admit-il alors que, sans s’en rendre
compte, il commençait à savourer le tableau du torse nu
de la jeune femme. Mais jamais … je n’aurais pu le savoir.
Candy le regarda incertaine pendant un moment. Elle n'était pas sûre si elle devait donner foi à son doute.
-
Je veux dire… ce n'est pas un mystère que avant hier soir
je n’avais jamais … jamais avant je n'avais
été avec quelqu'un, de cette manière –
S’encouragea-t-elle à expliquer mais toi … tu es un
homme et comme tel tu dois l’avoir vécu. Tu dois avoir
senti la même chose d'autres fois … avant hier soir.
- Tu te trompes – Nia-t-il avec la tête. Les choses que
j'ai connu avant, à un âge inadéquat, quand je
cherchais erronément partout ce que mes parents ne
m’avaient pas donné. J’ai seulement obtenu
uniquement un plus grand dégoût de la vie elle-même
et je peux m’en rappeler avec honte. Puis, avec Susanna, je te
l'ai dit hier soir, je n'ai jamais pu trouver rien d’autre que le
plus profond des dégoûts. Malgré cela, je ne lui ai
jamais été physiquement infidèle parce que pour
moi cela aurait été comme te trahir. Ma seule
infidélité a été du coeur, et même
dans cela je lui ai été sincère. Rien n’a
été pour moi-même vaguement proche de ce qu'il
s’est passé entre nous. Non, Candy, j'ai seulement fait
l'amour avec toi et si mon corps t'a fait sentir heureuse, le tien m'a
faite sentir que je peux être un homme bon. C'est pourquoi
je ne voudrais pas que quelque chose de tellement pur soit vu comme
indigne de toi par les autres.
- Ils ne doivent pas le voir ainsi. Ce qu'il est passé est
seulement à nous et personne ne doit en être
informé.
- Mais nous devrons maintenant accélérer les choses
… nous ne devons pas risquer d'attendre jusqu’à ce
que le scandale éclate quand on saura ce qu’il en est de
mon divorce… parce que ce que nous avons vécu hier soir
peut avoir des conséquences. Y as-tu pensé ?
- Ce sera scandale après scandale alors – Dit-elle en
souriant. N’est-ce pas ce qui a toujours été notre
sport favori ?
- Je te l’accorde ! – Admit-il en reflétant
dans son visage le sourire de Candy. Il est décidé que
rien n’importe. C’est bien, qui en soit ainsi.

La
presse des spectacles en eut à son goût. Tromperie,
trahison et infidélité sont des sujets qui augmentent
leurs tirages aux mille merveilles. Toutefois, plus d’un
journaliste aurait voulu publier une entrevue dans laquelle le conjoint
offensé se plaindrait amèrement de son sort, mais ils
trouvèrent seulement un homme qui refusa de récriminer en
public celle qui avait été son épouse. Les faits
étaient là, mais Terry n'allait pas chercher un lynchage
public de Susanna. Après tout, il ne pouvait pas la blâmer
de s’être fatiguée d’être celle qui
récoltait les miettes. Tout avait été seulement
une erreur grave de tous les deux.
Arrivèrent
ensuite les nouvelles du nouveau mariage. Cela fut en effet la
sensation de premier plan. Avoir gardé un divorce secret pour
ensuite se remarier avec une autre, c’était un
véritable pain béni d’article scandaleux.
Les
commentaires ne cessèrent pas avant longtemps, si bien que la
tante Elroy fut sur le point de l'effondrement nerveux quand les revues
hebdomadaires s’étalèrent sur le sujet pendant
plusieurs mois. Comme il arrive souvent avec toutes les histoires
heureuses mais dérangeantes, bien difficilement oubliables.
Chaque
année, toutefois, le jour même de l'anniversaire des
Cornwell, arrivait toujours un bouquet de quatre cent roses comme
présent de Terrence G. Granchester pour la seule épouse
que son coeur avait jamais eu.
FIN
1. Le premier poème est le sonnet 26 de Shakespeare
2. Le second est un extrait de « Strofes pour une dame laissée en Angleterre » Lord Byron.
3. Musique de la chanson Para Vivir, du compositeur cubain Pablo Milanés.
© Mercurio
www.candyneige.com
|