A NEW-YORK STORY
Par Mercurio

Traduit de l'espagnol par Srta.Pecas

Traduit de l’anglais par Fatalzmarion

 

Chapitre 6

Faith dû combattre beaucoup pour surmonter l'expérience. Toujours, la priorité du moment était l'opération de sa mère ainsi elle n'avait pas d'autre choix que de se lever à l'aube et embarquer dans le premier vol vers Atlanta. Heureusement la jeune fille arriva à temps pour être avec sa mère avant que l'opération mais le corps frêle de Sarah qui s'était ainsi battu pendant vingt ans de mauvaise santé parvint juste à survivre pendant 48 heures de post-opératoires. Ainsi, alors que le jour se levait ce matin froid de novembre, Sarah Sherman partit, pendant que la main de sa fille ne cessait de la caresser encore. Faith senti le doux au revoir lorsque la chaleur de sa peau fit place au froid de la mort. Assez étrangement la jeune femme ne versa pas une larme, elle ne dit pas un mot. Une telle douleur était au delà des larmes. La seule chose qui restait ensuite était la cruelle et froide préparation des funérailles. Avec une force qui la surprit elle même, la jeune fille s'occupa de tous les arrangements nécessaires et informa ses parents et amis. Les quelques jours suivants passèrent comme dans une brume rêveuse. Elle pouvait juste reconnaître certaines tantes et cousins qui avaient pris leurs distances avec les Sherman depuis l'époque de leurs difficultés financières.

Pour elle, la présence de ses vieux amis de lycée et quelques enfants et parents de l'école spéciale pour laquelle elle avait travaillé volontairement comptait bien plus ainsi l'appui de sa fidèle amie Michelle qui avait quitté New-York précipitemment pour être aux côtés de son amie dès qu'elle avait eut vent des mauvais résultats de l'opération. Cependant, même pas lorsque Michie l'étreint quand elle arriva à l'enterrement, elle ne laissa éclater le flot de ses larmes.

Michelle resta avec son amie tout au long des deux semaines que dura le processus légal qui suivit la mort de la mère de Faith  et aucune prière de Faith qui ne voulait pas qu'elle manque trop de cours ne put la convaincre de retourner à New-York. Pendant ces jours, Faith trouva une des vieilles amies de sa mère qui s'engagea à s'occuper de la maison de Madame Sherman qui resterait vide jusqu'à ce que la jeune femme ait décidé quoi en faire. Ainsi après arrangement des derniers détails, Faith referma la porte de la maison dans laquelle elle avait grandi derrière elle, emportant avec elle une énorme quantité de souvenirs et mémoires mélancoliques et repartit pour New York accompagnée de son amie Michie.  

Une fois de retour, la dépression ne tarda pas à se manifester. La foi continua être forte mais tous ses efforts ne suffisaient pas à duper Michie. La jeune fille pensa que puisque Faith avait choisi d'être silencieuse concernant sa perte et tristesse, la meilleure chose était de respecter cette décision et d'être simplement là, présente et dispose chaque fois que la jeune blonde devrait décharger son fardeau.

Quelles que soient les bonnes intentions de Michie, il ne pouvait pas être facile de prendre soin de Faith car il semblait que la jeune blonde insistait encore davantage pour se préoccuper d'autrui quitte à ne opas entendre son propre coeur. Il se passa juste deux jours après leur retour à New York et Faith insista déjà sur le fait que Michie devait sortir sans se soucier d'elle. 

 - Je pense que tu devrais accepter l'invitation de John, Dit-elle indifféremment tout en ouvrant un sachet instantané qu'elle était en train de se préparer - Tu as toujours aimé ce gars, n'est-ce pas ?

 - Oui… mais… je ne voudrais pas te laisser seule, d'autant plus que nous venons juste de revenir, Répondit Michie qui se trouvait sur le sofa tandis qu'elle regardait la TV à sa façon, zappant par tous les stations sans vraiment en regarder l'une d'entre elles.

 - Pas question. C'est justement que je veux que que tu me laisses seule pendant un moment, sérieusement, je dois beaucoup étudier pour rattraper mon retard et avec toi dans l'appartement, je ne peux pas me concentrer.

- Je ne te laisse pas te concentrer ? - Demanda Michie jouant à l'offensée. - Ne serait-ce pas plutôt les 18 messages qu'Aaron Truman t'a laissé sur le répondeur qui ne te laissent pas te concentrer ? - Lui renvoya Michie pour la taquiner

 Faith évita les yeux de Michie et prétexta prêter attention aux fraises qu'elle était en train de se préparer.

 Aaron ... Aaron - Pensa la jeune fille sans écouter son amie qui la taquinait depuis sa place devant la télévision. Les circonstances tristes l'avaient incitée à mettre cette pensée dans le coin de son esprit où nous mettons les choses qui essayent de rattraper nos émotions. Néanmoins, arriva le temps pour elle quand elle fut de retour à New York d'écouter la chaîne des messages qui figuraient sur le répondeur pour se rendre compte que tôt ou tard elle devrait confronter Aaron et le souvenir incommode de ce qui s'était produit dans l'appartement du jeune homme.

- Tu ne me réponds pas ? Hummm….C'est grave, - Marmonna Michie abandonnant le sofa.

- Pour l'amour du ciel, PRENDS CE TELEPHONE ET DIS A JOHN que tu acceptes son invitation !  -Cria Faith en sortant la langue, fait auquel répondu la brunette avec un geste moqueur des bras. Quelques minutes plus tard Michie était finalement prête à sortir.
- As-tu pris tes clefs ? - Demanda Faith en donnant à son un regard final d'approbation.

- Oui Mademoiselle Sherman, ne t'inquiète pas - Dit Michie en lui disant au revoir d'un baiser et partant dans la précipitation.

 -Une fois seule, la jeune fille revint à la cuisine. Le lait qu'elle avait sur la cuisinière pour ajouter à la gelée de fraises était sur le point de déborder. C'est alors qu'elle entendit la sonnette de la porte d'entrée. Avec un soupir exaspéré, Faith retourna vers la porte, persuadée que sa colocataire avait ignoré sa recommandation pour les clefs et avait tout oublié derrière elle.

Inquiète pour le lait qui était sur le point de déborder, Faith courut à la porte d'entrée. Elle ouvrit la porte, la tête toujours tournée vers la cuisine et dès que ses mains eurent ouvert le verrou, elle fonça de nouveau au fourneau.

- Je t'ai dit de ne pas oublier tes clefs. ce sera de ta faute si mon dessert est ruiné ! - Parvint-elle à dire en courant vers la cuisinière.

 La jeune fille lâcha un soupir de soulagement car elle était arrivée à temps pour parvenir à retirer le poêlon de la plaque chauffante avant que le contenu n'ait été renversé. Dans sa précipitation, elle ne remarqua même pas que les pas qui la suivaient n'étaient pas ceux de Michie. La porte était fermée.

- Si tu m'avais donné les clefs de ton appartement, Tâches de Son, je ne les aurais certainement pas oubliées mais comme je ne me rappelle pas avoir eu cette chance… jusqu'ici…. - répondit une voix par derrière le dos de Faith.

La jeune fille se figea sur place et laissa le contenu du récipient tomber sur le bord de la cuisinière. Une fine ligne rosâtre coulait hors du pot.

Quelques secondes passèrent et la jeune fille ne pouvait trouver le courage de faire face au propriétaire de la voix. Dans des circonstances différentes, Faith se serait retournée et lui aurait envoyé une plaisanterie sarcastique mais la jeune fille n'était plus la même en présence d'Aaron depuis la dernière fois où ils s'étaient recontrés.

Soudainement, il lui suffit juste d'entendre une phrase sortir de ses lèvres pour que la minse barrière qui retenait  sa tristesse se brise et ses larmes se mirent à couler librement. Aaron remarqua que le corps mince de la jeune fille se secouait violemment et une plainte de tristesse envahit la pièce. Faith sanglotait. Quand le jeune homme réalisa ce qui se produisait il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour courir à ses côté et lui mettre une main douce sur l'épaule.

- Dieu Fatih ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? - demanda Aaron, alarmé de la voir pleurer si soudainement. Quelque chose dans l'air lui disait qu'il s'agit d'une douleur vivace si vive que cela le blessa même avant qu'elle ne puisse lui dire de quoi il s'agissait.

- Ma mère ... - Parvint-elle à expliquer entre deux sanglots.

- Qu'a-t-elle ? Elle est encore faible à cause de l'opération - Demanda-t-il ne s'attendant pas à une réponse grave.

 - Elle ... elle est morte, je me retrouve seule - Répondit la jeune fille et Aaron, instinctivement, attira son corps fuselé contre sa poitrine oubliant qu'ils pourraient connaître une fois encore une expérience étrange comme la fois la dernière fois qu'ils avaient été si près l'un de l'autre.

- Faith, à ce contact, finit par laisser cours à toute sa tristesse pour se réfugier dans l'étreinte du jeune homme.

 

Soudain, il lui sembla que se trouver tout contre la poitrine d'Aaron était la chose la plus normale au monde et ses bras l'endroit le plus approprié pour se libérer de la douleur qui l'avait frappée depuis le matin de la mort de sa mère. Un long moment s'écoula durant lequel la seule chose que l'on entendait dans le silence de l'appartement était les pleurs de Faith, blottie contre la veste en cuir d'Aaron.

Alors que la jeune fille vidait son corps de toute la douleur qui y était contenue une bonne fois pour toutes, la chaleur de Faith pénétra lentement le corps d'Aaron et la vue interne du jeune homme commença à percevoir des formes et des couleurs qui lui parlaient à l'oreille. Soudainement, il sembla qu'il s'était déjà tenu dans ce même lieu à bien d'autres reprises. Si ce n'est peut-être la couleur des murs, quelques détails ou les abats jour italiens décorant les fenêtres qui n'étaient pas là auparavant.

Néanmoins il pouvait jurer que cet endroit lui était familier …. Autant que la chaleur de la femme qu'il tenait dans ses bras. Alors que les pleurs de Faith se calmaient peu à peu, la sensation de déjà vu devint de plus en plus claire et elle se transforma en mélancolie.

Après un bon moment de relâchement, la jeune fille mit fin doucement à l'étreinte toujours confuse de son inexplicable faiblesse. Aaron lui sourit alors d'une manière qu'elle ne lui avait encore jamais vue tandis qu'il lui cherchait un mouchoir.

- Tiens, prends ceci, fut la seule chose qu'il put dire ne sachant pas quoi ajouter à l'annonce si triste de la récente mort de la mère de Faith. je ... suis réellement navré ... Je n'avais pas imaginé que cela ce déroule de cette façon.

- Cela a été ... tellement rapide - Répondit Faith d'une voix à peine audible tandis qu'elle essuyait ses larmes - Je n'ai pas eu suffisamment de temps pour tout arranger après sa ... après qu'elle soit partie.

- Ta famille doit t'avoir proposé son aide - Supposa Aaron, ne sachant pas ce qui le rendait de plus en plus confus. L'atmosphère étrange de cet endroit, le fait que la mère de Faith était décédée, ou le fait d'être étreint par les bras de la jeune fille qui pleurait comme s'il était quelqu'un de très important pour elle.

 - Non ... pas vraiment - Dit-elle en prenant une profonde respiration - Nous avions seulement quelques parents éloignés mais n'en étions pas trop proches, qui plus est depuis que papa est mort et que notre situation financière n'était pas au beau fixe.

- Classique. Cependant tu ne devrais pas trop t'inquiéter à ce sujet. Je crois que tu as beaucoup de véritables amis ici. Je le sais - Commenta-t-il sans pouvoir ressentir un petit pincement de jalousie.

- Merci ... Et je suis tellement désolée d'être si émotive ... Je ne sais pas ce qu'il m'arrive ... Concernant ton argent ...

- Ne m'en parle pas ... Tu m'offenses - Répondit-il devenant si sérieux et elle se dit qu'il était tellement beau avec ce regard sérieux au visage.

- Merci encore ... Je ... - Chuchota-t-elle en devenant de plus en plus nerveuse en réalisant qu'il était inévitable de parler de ce qui s'était produit avant son voyage pour Atlanta - Puis-je t'offrir quelque chose ... Une tasse de café ou de thé, ce serait bien ? - Demanda-t-elle ne pouvant pas soutenir son regard.

- Un Thé c'est bien pour moi - Dit-il et elle remarqua qu'il ne cessait d'inspecter la pièce comme s'il essayait de la reconnaître.

Faith l'invita dans la salle de séjour et durant un moment, ils restèrent assis face à face, buvant chacun leur thé en se demandant quel serait celui qui ferait le premier pas pour briser cet inconfortable silence.

- Tu as un bel appart - Dit-il pour briser le silence - Bienn qu'il doive être un peu cher.

- En réalité, il n'est pas à moi mais à Michie. Je suis seulement son invitée et parfois la cuisinière ... même si je pense que très souvent, Michie mange quand même à la cantine de la fac. Elle est si gentille et elle me fait des cachotteries pour que je ne me sente pas mal à l'aise.

- Bien, le thé n'est pas imbuvable, Tâches de Son - Dit-il en souriant largement pour la première fois devant Faith.

- Merci.

 Il y eut un nouveau silence, cette fois plus profond. Faith commença à tordre le mouchoir qu'elle tenait en mains en entendant les battements de son coeurs jusqu'à ses oreilles.

- J'ai reçu tes messages - Dit-elle après un moment.

- Je ... ehm ... Je me suis inquiété car tu étais si triste ce jour là. Je voulais savoir ce qu'il s'était passé avec ta maman. Je me suis même renseigné auprès de certains de tes camarades de classe mais ils ne savaient rien et Michie avait quitté la ville sans prévenir personne.

- Elle est venue à Atlanta dès qu'elle a su. En vérité, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire sans elle tous ces jours-là - Répondit-elle en reprenant gravement son souffle.

- Quand es-tu rentrée ? - Demanda-t-il et elle réalisa qu'elle lui devait une explication pour ne pas avoir répondu à ses appels.
- Il y a quelques jours. Je suis désolée de ne pas t'avoir rappelé ... c'est que ...

- Ne dis rien. Je comprends que tu n'étais pas d'humeur à discuter ... particulièrement après.

La jeune femme retint son souffle priant le ciel qu'il allait éviter le sujet, mais Faith savait que ce n'était plus possible.

- ... après ce qu'il s'était passé chez moi - Finit-il aussi nerveux qu'elle.

- Je ne sais pas de quoi tu parles - Répondit-elle en se levant nerveusement, se demandant pourquoi elle réagissait de cette façon.

- Ne dis pas cela. Peut-être est-ce la chose la plus folle et la plus irrationnelle que j'aie pu imaginer mais je suis sûr que tu as eu les mêmes sensations que moi. ne me demande pas comme je le sais, mais je le sais avec toute la certitude de ce mot - Dit Aaron en reprenant son regard dur et fixe habituel.

- Bien, maintenant je sais que tu es fou - Dit-elle sur la défensive en lui tournant le dos. En elle, la force incontrôlable des images qu'elle avait vu ce jour là continua à l'assaillir encore. Et ajouté à cela, les associations qu'elle avait faites les jours suivants entre ses visions et certains faits de sa vie la dérangaient de plus en plus.

- Ainsi tu penses que je suis fou - Répondit Aaron en quittant le sofa lui aussi - Bien maintenant je vais te montrer quelque chose pour démontrer la catégorie de ma folie. En disant ces mots, le jeune homme prit un porte documents qu'il avait apporté et laissé dans l'entrée. Quelques secondes plus tard, Aaron montrait aux yeux étonnés de Faith une collection de croquis et peintures faits avec différentes techniques.

A sa grande surprise, chacun de ces dessins étaient des portraits d'elle. Avec un geste du bras, le jeune homme invita ma blonde à regarder ces portraits plus attentivement.

Avec des mains légèrement tremblantes, Faith examina le travail artistique et à son grand étonnement, elle  réalisa au fil des pages que certains de ces schémas étaient des dessins d'elle étant enfant. Au fil des âges, la ressemblance était incroyable.

 - Que signifient tous ces dessins ? - Demanda-t-elle d'une voix faible. - Es tu en train de me dire que tu as uniquement fait des dessins de moi depuis que nous nous sommes rencontrés ? 

- Non et précisément, c'est cela mon problème. J'ai commencé ces croquis il y a des années, bien avant de te rencontrer - Dit-il en regardant Faith au fond de ses yeux verts comme s'il essayait de ne manquer aucun détail de leur réaction en entendant sa confession.

 - Tu es en train de me dire que tu m'avais déjà vue avant qu'on se rencontre ? - Demanda la jeune fille alors qu'une part d'elle avait envie de croire les folles choses qu'Aaron racontaient tant celles-ci semblaient vraies et qu'une autre partie lui soufflait de ne pas lui faire confiance encore. 

 - Je sais que tout ceci semble absurde, mais c'est comme ça. Regarde les dates sur le bas des schémas, et regarde la façon dont la technique a changé au cours des années

Les plus vieux étaient faits au crayon sur du papier qui était devenu un peu jaune au fil du temps. Les premiers croquis étaient semblables aux derniers mais pas aussi réalistes ou dans un même souci du détail que ceux portant les dates les plus récentes.

Faith demeura interdite pendant un long moment, regardant un dessin la représentant à l'âge de huit ans.

- Où m'as-tu vue ? - Demanda-t-elle finalement craignant la réponse qu'Aaron allait lui donner.

- En rêve - Répondit-il avec la gorge serrée alors qu'il s'asseyait à côté d'elle.

 

Enfin il l'avait dit. Il avait énormément redouté ce moment, chaque fois qu'il avait appelé Faith pendant son absence sans obtenir de réponse même si dans un sens il se sentait soulagé que le moment de la confession était remis à plus tard. Et maintenant que c'était fait, il était prêt à affronter ce qui allait venir ... peut-être de l'incrédulité ou un rejet. Aaron sentit son sang se glacer dans ses veines.

 - Je ... Je pense que je t'ai déjà vu avant ... mais je l'admets, pas avec précision - Dit-elle en surprenant Aaron par cette réponse. - Ici, je t'ai vu ici - Dit-elle en montrant son front, essayant d'expliquer qu'elle l'avait vu avec les yeux de son âme. - Mais il y a quelque chose d'autre.

- Dis moi, au point où j'en suis, je suis disposée à croire les choses les plus folles.

- Suis moi - Lui dit-elle en prenant doucement sa main pour le guider dans l'une des pièces de l'appartement.

Lentement, la main fine de Faith tourna la clef de la pièce qu'elle avait évité depuis son retour à New York. Dans son autre main, elle pouvait clairement sentir la tension d'Aaron en entrant dans la chambre. Elle n'eut pas besoin de le regarder dans les yeux pour comprendre qu'une chaîne de douleurs assoupies étaient en train de se réveiller en lui et de lui traverser chaque pores de la peau.

Aaron lâcha la main de Faith pour remplir ses yeux de vues venant de sombres jours de son passé qui était à lui sans être à lui. Les peintures des murs, la carte, la statue, les livres, les choses écrites ... le presse papier qu'il prit immédiatement en mains sentant alors comme un coup de poignard dans sa poitrine.

- Je t'ai vu ici - Dit-elle en rompant le silence - D'abord tu étais une vision trouble que je pensais être le résultat de ma fatigue ou de mon imagination infantile ... Tu es apparu le premier jour où je suis entrée dans cette pièce, mais je ne t'ai pas encore reconnu. Le temps a passé et la vision se retournait mais je ne pouvais jamais voir ton visage, néanmoins je sais que la personne que j'ai vue dans mon songe était le propriétaire de cette chambre il y a longtemps. Alors les images sont devenues plus précises et alors je t’ai rencontré dans la classe du Professeur Anderson … mais je n’ai pas encore compris que c’était toi … c’est ce jour là dans ton appartement que j’ai compris … mais le fait de savoir m’a effrayé, parce même maintenant je … ne comprends pas ce qui s’est passé. Je sais seulement que c’est toi … ou la personne que tu as été qui a écrit ce journal – Expliqua-t-elle, en prenant le livre relié de cuir qu’elle gardait sur l’une des étagères de la bibliothèque. Peut-être que si tu le lisais, tu pourrait mieux comprendre qui nous sommes en réalité.

Aaron prit le livre et il n’eut pas besoin de lire longtemps pour sentir la tristesse qui avait imprégné chaque page et qui avait été transformée en amertume au fil des dernières pages.

« Le docteur m’a donné un an à vivre et il n’a pas pu comprendre l’indifférence avec laquelle j’ai pris la nouvelle.

- Je suis désolé de devoir vous annoncer cela de cette manière. Vous êtes encore jeune mais je présume que vous désirez prendre vos dispositions pour régler vos affaires à temps. Qui sait, nous pourrons peut-être trouver suffisamment tôt une thérapie pour cette maladie.

- Dieu ne le permettra pas - Ais-je répondu et à mon avis, il a du se dire que je perdais l’esprit.

Un an me paraît encore un long moment. Mais j’apprécie votre sollicitude. J’arrangerai mes affaires pour que l’on s’occupe de mon épouse lorsque je serai parti. Depuis ce jour, j’ai veillé à ce que les choses soient bien ordonnées. Le fils aîné de Robert m’aida beaucoup. J’ai foi en lui quand il me garantit qu’il veillera à ce que mon épouse ait toujours ce dont elle a besoin.

En ce moment, je ne peux plus travailler et je passe mes journées dans cette pièce ou dans la solitude de ma chambre à coucher. Parfois le mal est insupportable mais il n’est rien comparé à la douleur de mon âme … et cette peine que je n’ai pas été capable de maîtriser pendant plus de vingt ans … que reste-t-il ? Après tout, mon corps ne paie rien de plus que l’abus d’alcool du temps passé. Quant à la douleur du cœur … je la dois à mes erreurs et à la destinée qui ne m’a jamais été favorable.

Aujourd’hui, j'ai finalement écrit ma dernière lettre à Albert. C’était difficile de dire un dernier au revoir au seul véritable ami que j’ai eu dans cette vie. Le seul qui connaît chaque coin de mon petit coeur malheureux. Quelle ironie ! De penser qu’à un moment, je l’ai détesté de toute mes forces … mais ce qu’il s’est passé après, nous a unis par un lien encore bien plus fort que celui que nous avions par le passé. Elle, qui a béni par sa bonté tout ce qu’elle a touché, même lors de son départ, a laissé son parfum, nous unissant Albert et moi pour toujours.

Dieu peut vouloir qu’un certain jour dans un autre temps … une autre existence, tous les trois puissions être amis sans ces chaînes de passion qui nous ont séparés un jour.

Quand il recevra la lettre, il essaiera sûrement de venir mais je suis certain que je ne serai plus là lorsqu’il arrivera. Même si la lettre lui arrive avant que je meure, traverser l’Océan Pacifique et ensuite prendre un vol jusqu’à la Côte Est lui prendra beaucoup trop de temps.

Même si je voulais le voir, c’est peut-être mieux comme ça. Je sais que ma mort lui brisera le cœur et que mon absence lui donnera une sensation d’être encore bien plus seul. Comme j’aurais aimé qu’il rencontre une femme qu’il puisse aimer après cela … mais je ne peux pas le blâmer d’avoir laissé aller sa jeunesse en se souvenant d’Elle … car j’ai fait exactement la même chose. Comme je voudrais qu’au moins pour lui, les choses aient été différentes !

Mon épouse est inconsolable. Au début, je comptais lui cacher tout cela, mais j’ai réalisé que tôt ou tard, elle connaîtrait la vérité. Ainsi je n’ai eu d’autre choix que de l’en avertir. Je sais que son cœur est brisé en mille morceaux en me voyant dans cet état et qu’en plus de sa douleur, elle est terrifiée à l’idée d’être seule. Depuis la mort de sa mère, je suis la seule personne sur qui elle puisse compter.

Encore que, aussi paradoxal que cela paraisse, j’ose penser que ma mort sera la première opportunité de sa vie pour ma pauvre épouse de devoir se montrer réellement indépendante. Sans sa mère ou moi sur qui compter, Suzanna devra apprendre à prendre en mains les rênes de son existence. Parfois, je pense que notre mariage, au lieu de lui apporter force et stabilité comme je l’aurais cru à un moment donné, a uniquement contribué à la rendre plus retirée et peu sûre d’elle … toujours dépendante et insatisfaite. Je sais très bien que je suis à blâmer d’une partie de tout cela puisque je ne pouvais pas lui donner ce qu’elle voulait la plupart du temps. Peut-être ais-je manqué de la volonté pour le faire … Je ne sais pas. Ce qui est sûr c’est que je regrette le mal que je lui ai fait, mais il est trop tard pour changer les choses. Le résultat est que j’ai aussi bien été son bourreau que sa victime. Je pense que nous avons participé tous les deux à notre malheur mutuel ».

Aaron referma d’un coup de journal intime et le laissa tomber lourdement sur le bureau. Il porta nerveusement ses mains à ses tempes comme s’il essayait de chasser de son esprit toutes les images qui y circulaient.

- Tu te sens mal ? – Demanda Faith en mettant sa main sur l’épaule du jeune homme.

- Je vais bien … c’est juste que … tout ça est une vraie folie … Je ne crois même pas à la vie après la mort. Cependant, je suis sûr que les choses que nous voyons et que nous sentons … nous avons vécu avant … avant mes premiers souvenirs que j’ai de mon enfance. Comment puis-je intégrer ces choses dans ma vie ?

- Je ne sais pas – Répondit Faith baissant son regard vers le tapis sur le sol. Elle-même ne pouvait expliquer les choses.

- Honnêtement, il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas encore – confessa-t-elle finalement, timidement. – Peut-être que si nous nous donnons l’occasion de discuter plus en détails des choses que nous avons vues, nous pourrions trouver plus de sens à tout ceci – Dit-elle presque saisie lorsque Aaron mit à son tour ses mains sur elle.

- Il est probable que cela nous aide, mais pour être honnête avec toi, il y a certaines choses que je n’ai pas besoin de clarifier car je les comprends déjà – Répondit-il en rapprochant dangereusement la fille tandis qu’il lui mettait la main sur la joue. – J’ignore si vraiment nous nous sommes connus avant … dans une autre dimension, une autre vie ou seulement dans les rêves. Une chose certaine est que je t’ai toujours cherchée et maintenant …

- Maintenant ? – Babilla-t-elle ne pouvant résister plus longtemps au vertige qu’elle ressentait en regardant les yeux clairs d’Aaron. En dépit de l’agitation de son cœur, ses sens lui permettaient de sentir la chaleur du jeune homme jusqu’à ses tempes.

- Maintenant, je comprends finalement pourquoi je ne suis jamais réellement tombé amoureux.

Faith tenta instinctivement de résister à la force douce avec laquelle les bras du jeune homme l’attirèrent contre sa poitrine. Néanmoins, c’était une réaction de réflexe qui fut bien vite abattue par une impulsion interne, l’incitant à baisser toutes ses défenses en une fraction de seconde. Elle sentait comme une voix interne lui dire « C’est lui … N’aies pas peur ». Le reste la fit atteindre la douceur avec laquelle le corps succombe à l’influence des rêves.

Aussi étrange que cela puisse être, la jeune fille sentit qu’elle avait déjà vécu cette étreinte auparavant, avec la même inquiétude, la même force qui faisait que ses muscles s’unissaient aux siens. Puis le baiser qui suivit, indépendamment du premier échangé entre eux, ne semblait pas comme une chose nouvelle, et sa bouche avait un goût et une sensation familière. Aaron Truman n’était pas le premier qu’elle embrassait, mais quelque chose en elle lui disait que ces lèvres qui caressaient les siennes, sans aucun doute étaient les premières à toucher son âme.

Peu de temps après cet échange physique, le silence … et ce moment fut décisif pour que la jeune fille se rende compte que tôt ou tard elle finirait par rendre les armes devant ces sentiments qui l’envahissaient depuis quelques temps dès le réveil.

Cette idée commença à amener les passages foncés de l’esprit de Faith vers la lumière, devenant plus claire et inévitable à chaque fois. Des images et des personnes définies prenaient forme tandis que sa volonté fondait dans les caresses du jeune homme.  

Faith ouvrit les yeux pour voir une verte prairie. Elle faisait face à un jardin sans fin et pouvait voir une femme dans une robe blanche légère qui sortait à la terrasse, pour s'asseoir sous l’ombre d’un parasol pour prendre son thé. Faith sentit une attraction inexplicable vers cette jeune femme de laquelle elle ne pouvait néanmoins voir le visage à cette distance, d’autant qu’il était caché par un large chapeau bordé de blanc.

 Comme si elle était effrayée de perturber les pensées internes de cette dame, Faith s’approcha lentement. Elle fut grandement surprise de remarquer une ressemblance étonnant entre elle et la femme en blanc. C’était comme si elle se regardait elle-même dans un miroir ou dans une projection visuelle. Faith était maintenant presque devant la femme mais elle ne semblait pas remarquer sa présence

D’aussi près, Faith pouvait admirer la fine broderie anglaise qui décorait le cou de la robe et les plis délicats de la jupe de chiffon qui tombaient en douceur jusqu’aux chevilles de la femme. Faith plongea au plus profond des yeux de la personne et il était impossible de ne pas y deviner une profonde mélancolie qui brillait au fond d’eux.

La femme soupira légèrement pendant qu'elle observait distraitement la lumière du matin qui faisait briller l’anneau de diamant qui ornait sa main.

C’est alors que Faith regarda un homme blond sortir du manoir derrière la jeune femme et qui semblait bien connu de Faith sans qu’elle puisse l’identifier clairement. L’homme alla près de la dame et mit ses bras sur ses épaules en l’embrassant sur la joue. Faith remarqua alors que la jeune femme changea son expression distraite automatiquement, la colorant d’un sourire à la place de son regard fixe et triste.

 Faith savait que la tristesse était encore là même si elle la cachait derrière un masque de bonheur. Puis tout se passa très rapidement. Quelques voix masculines se firent entendre depuis un coin du jardin. Sous peu, deux ou trois homme en uniformes apparurent devant le couple en essayant de retenir un jeune homme élégamment vêtu avec des cheveux roux.

Les hommes en uniformes, que Faith perçut comme des domestiques, tentaient de dire au jeune homme que le maître de maison n’était pas disposé à le recevoir, mais en dépit de l’insistance des serviteur, l’homme continua son chemin par le jardin vers la terrasse. 

Il était clair que même si les domestiques le suivaient de près et essayaient de convaincre l'intrus qu'il ne serait pas accueilli, ils avaient peur de traiter l'homme indésirable avec plus d’agressivité. Faith pensa que peut-être il était pareillement important et que c’était la raison pour laquelle les domestiques n’osaient agir de manière plus agressive.

Avant que quiconque n’ait une chance de réagir, le rouquin arriva près du couple, à seulement quelques mètres. Faith sentit alors son cœur paralysé par la crainte. Avec une angoisse inexplicable, elle écouta les mots de l’homme aux cheveux roux.

- Si tu penses que je resterai les bras croisés alors que tu courtises la femme que je désire, tu te trompes ! Maudite soit ta famille William Albert ! Tu ne l’épouseras jamais !

Les évènements suivants se passèrent dans une confusion vertigineuse. Le jeune homme mit sa main en poche et en sortit un révolver qu’il pointa dans la direction de l’homme blond. La jeune femme tourna son visage et Faith y vit l’horreur dessinée dans ses yeux. A une vitesse plus rapide que l’homme aux cheveux roux, qui était ivre évidemment, la femme vêtue de blanc bondit sur ses pieds.

- Ne fais pas quelque chose que tu pourrais regretter, Daniel – Cria-t-elle tandis qu’elle se mettait entre l’homme blond et la trajectoire de la balle qui était partie du baril du pistolet.

Faith voulu crier pour avertir la dame blonde mais la tâche rouge qui s’étendit ensuite sur la robe blanche et l’étrange douleur qu’elle ressentait à l’estomac lui firent réaliser qu’il était trop tard. Le chapeau blanc tomba sur le sol et le corps mourant de la jeune femme s’écroula dans les bras de l’homme blond. Les domestiques sautèrent sur l’homme roux alors que celui-ci criait et pleurait comme s’il devenait fou.

Pendant un moment, Faith pensa que la balle l’avait touchée car la douleur dans son estomac ne partait pas alors qu’elle avançait vers la jeune fille blonde gisant sur le plancher de la terrasse.  

 - Mon Dieu, mon amour, s’il te plait, tiens bon ! Le docteur sera bientôt là et tout ira bien – Dit-il en essayant de rester calme, mais Faith pouvait voir que le pauvre garçon mourait de douleur lui aussi, alors qu’il se rendait compte qu’elle était sans nul doute mortellement blessée.

 - Il n’y a pas … pas besoin – Lui dit la jeune fille avec difficulté – Dieu sait … Il sait ce qu’il fait.

- Ne dis pas ça.

- Prends soin de toi … sois heureux … libère toi de cette cage dorée ... qui t’étouffe – Chuchota-t-elle à son oreille d’une voix mourante.

- Ne me quitte pas.

- Une dernière faveur … donne lui cela … et pardonne moi … de ne pas avoir été capable … - Parvint-elle à dire en lui montrant d’une main ensanglantée le crucifix qui pendait à son cou. Et elle rendit son dernier souffle.

Aaron sentit que son esprit le quittait alors qu’il touchait les lèvres de Faith. Un goût de fleurs sauvages lui remplit la bouche et soudain, ce fut comme si le monde entier disparaissait pour le laisser seul avec cette femme dans ses bras qui s’abandonnait doucement à ses caresses.

Il se rendit compte que le vide qu’il avait en lui se remplissait complètement. Il lui sembla que toutes ses recherches étaient terminées. Cela lui avait prit longtemps pour atteindre ce point dans la vie.

Aaron ouvrit les yeux sur un paysage pluvieux. Il pouvait voir des gens habillés de noir qui assistaient à un enterrement sous leurs parapluies. Les hommes étaient vêtus de costumes foncés et de chapeaux faits en des matières qui étaient utilisées au début du siècle et les dames portaient de longues robes noires qui étaient à la mode dans les années vingt. Quelques dames plus âgées portaient encore les jupes longues descendant jusqu’à leurs chevilles.

Chacun paraissait profondément triste comme si la personne disparue en ce jour était quelqu’un qui était aimé de tous. Le prête récitait la messe, mais pas même ses mots ne pouvaient consoler une dame âgée aux cheveux gris qui pleurait, inconsolable, dans les bras d’une nonne au visage pâle qui avait au regard une tristesse silencieuse.

Aaron n’avait aucune idée de qui était mort, mais étrangement, il sentit son âme se briser comme s’il s’agissait de quelqu’un qui avait fait partie de lui sa vie entière. La cérémonie continua lentement et Aaron continuait à observer à distance. Puis chacun des parents approcha l’étendard du cercueil couvert de roses blanches disant un dernier adieu à la personne qui venait de les quitter. Lentement, les gens commencèrent à partie. Seul un grand homme blond demeura, ainsi que deux hommes qui semblaient être ses gardes du corps. Ils restaient ainsi à l’abri de leurs parapluies sous la pluie déversante.

C’est alors qu’une personne inattendue apparut, sortant d’une voiture. Aaron avait vu la voiture garée sur l’un des trottoirs du cimetière depuis le début de la cérémonie mais ce n’est que lorsqu’il sortit de l’ombre qu’il put regarder cet homme qui lui ressemblait tellement qu’on aurait pu penser qu’il était son jumeau.

L’homme aux cheveux foncés, également habillé de noir, aperçu par le blond et il lui fallut juste quelques secondes pour qu’ils se reconnaissent et se précipitent dans les bras l’un de l’autre. Aaron sentit comme si une pièce supplémentaire du puzzle se mettait en place, alors que les deux hommes se pleuraient dans les bras avec une tristesse qu’Aaron n’avait encore jamais connue. Soudainement Aaron sut que ces deux hommes avaient été unis par un lien très fort qui avait été cassé mais qui, ce matin été recréé pour ne plus jamais se briser.

Quand les deux hommes se séparèrent, ils échangèrent des mots qu’Aaron ne pouvait entendre mais dont il comprit de toute façon la signification. Ensuite, l’homme blond prit quelque chose dans sa poche et le mit dans la main de l’homme à la chevelure foncée.

- Elle voulait que tu l’aies – Lui dit-il en le regardant.

L’homme brun exprima gravement sa satisfaction et dit au revoir à l’homme blond qui partit avec ses gardes du corps. Le double d’Aaron fut laissé seul sous la pluie pendant que les fossoyeurs descendaient le cercueil dans la tombe. Aaron s’approcha lentement et remarqua qu’il ne pouvait pas le voir. Il pleurait silencieusement en tenant dans une main l’objet que l’homme blond lui avait donné … Un crucifix.

Une fois que les ouvriers eurent terminé leur tâche, l’homme sortit une montre pour regarder l’heure. Il était 11 heures 30 du matin.

- Ma vie s’arrête ici – Chuchota l’homme – Je te jure que le soleil n’atteindra plus mon âme jusqu’à ce que je te revoie. Et Aaron comprit très bien ce que voulais dire le jeune homme.

Avec des pas lents, l’homme tourna le dos à la tombe, submergé par des pensées profondes. Il rentra dans sa voiture et disparut sous la pluie.

Aaron sentit alors la chaleur de ses propres larmes couler sur ses joues. Tandis qu’ils s’embrassaient toujours, l’horloge accrochée au mur montra 11 heures 31, recommençant à fonctionner après presque 80 ans. Aaron su que le soleil était entré à nouveau …

La lumière du matin pénétra avec insolence les vitres teintées de la grande fenêtre. Les raies légères ne semblait pas tracasser l’homme qui se trouvait sur le lit, dormant toujours profondément. La femme à côté de lui, au contraire, fut bientôt réveillée par la lumière du soleil. La jeune femme se leva, rejetant la couverture qui la couvrait. A moitié endormie encore, elle atteint la robe de chambre qui pendait à la tête du lit pour couvrir sa nudité.

Soupirant profondément, la jeune fille marcha à pas silencieux en pensant à cette nouvelle journée qui commençait et écoutant le bruit distant des voitures vingt étages plus bas. Souriante, elle secoua ses cheveux d’or et commença ses tâches quotidiennes. Avant de quitter la chambre, elle embrassa silencieusement les cheveux de l’homme endormit, dégageant les mèches brunes qui lui couvraient le visage. Elle se dirigea alors vers la salle de bains.

Tandis que l'eau de la douche coulait sur son corps, Faith Truman ferma les yeux et se rappela les événements des trois dernières années. Elle était maintenant étudiante du troisième cycle et travaillait à temps partiel dans une école spéciale dans Bronx.

Michelle avait quitté les USA pour continuer ses études supérieures universitaires en Angleterre, mais elles communiquaient par l'intermédiaire des emails et se voyaient pendant les vacances d'été et de cette manière, il semblait que les filles étaient encore plus unies que jamais.

Le travail artistique d'Aaron commençait à obtenir de la reconnaissance. Ses premières expositions d'art avaient été couronnées de succès et il collaborait maintenant avec une compagnie de conception prestigieuse réalisant les décors pour une comédie musicale française de « Roméo & Juliette » qui venait juste d’être traduite en anglais. Sa mère était encore davantage fière de lui et son père, quoique encore éloigné, maintenait un contact beaucoup plus chaleureux avec le jeune homme.

- Demain, ce sera le 02 juillet – Pensa Faith tandis qu’elle rinçait le shampoing à l’eau.

Elle vivait avec Aaron depuis presque deux ans et durant tout ce temps, aucun d’eux n’était arrivé à comprendre complètement le passé mystérieux qui les unissait. Certaines enquêtes d’Aaron avaient identifié le précédent propriétaire de l’appartement comme un certain « Terrence Grandchester, un acteur Shakespearien, du début du vingtième siècle qui était devenu très populaire jusqu’à sa mort en 1942. Cependant, il n’apprit presque rien concernant l’ami de l’acteur appelé Albert, qui lui avait envoyé des lettres de divers endroits de la Terre pendant quinze ans.

Aaron avait découvert ces lettres dans une boîte au milieu de quelques livres auxquels Michie n’avait pas prêté attention, mais il n’y avait plus de détails sur eux.

Seulement ce simple nom avait été écrit sans autre indication sur ses origines. Néanmoins, les références dans le journal intime et leurs visions semblaient suggérer que la personne appelée Albert ait été l'homme au lequel « Elle » avait été fiancée.

Il y avait également quelques lettres d’une écriture de femme, écrite dans une tonalité affectueuse et sans cérémonie qu'Aaron et Faith identifièrent comme des lettres d’ « Elle » avait écrite à une certaine époque où cette vie lui était moins cruelle. C'est ainsi qu’ils purent trouver le nom de la femme en question. Candice Neige.

Avec les informations qu’ils trouvèrent ici et là, le jeune couple en conclut que « l’artiste » avait aimé cette femme durant toute sa vie et qu’elle, comme Faith l’avait vu dans sa vision, était morte dans des circonstances violentes en tentant de sauver la vie de son fiancé de l’attaque d’un prétendant éconduit un certain 02 juillet 1923.

Pourquoi eurent-ils ces visions d’un passé si lointain ? Ils ne sauraient jamais la vérité, mais une chose était certaine : Le destin, la fatalité, Dieu ou celui qui pouvait l’être, les avaient réunis pour une seule raison, leur permettre de s’aimer et de fermer ce cercle qui était resté ouvert et qui s’accomplit complètement.

Peut-être que même si les visions et les rêves n'étaient jamais apparus, Aaron et Faith aurait été amoureux de toute façon. Qui pouvait le dire ? La seule chose qui importait à Faith était qu’après tout, elle avait pu trouver le visage qu’elle cherchait dans la foule.

La vieille femme regardait les passants comme s’ils étaient des images à la télévision. Elle les regardait sans les voir, absorbée par ses pensées et ses souvenirs. La jeune femme derrière elle poussait son fauteuil roulant sans grand intérêt. Elles ne parlaient pas beaucoup.

Soudain, les yeux bleus de la vielle femme, devenus inanimés par toutes ces années de vie, s’illuminèrent pendant les quelques secondes où elle vit un jeune couple. Il était menu mais musclé, il avait les yeux clairs et les cheveux marron. Elle était blonde avec le teint très pâle. Ses yeux étaient verts, très verts, comme l’herbe printanière et la vieille dame pensa qu’elle avait déjà regardé dans la profondeur de ces yeux par une nuit enneigée des années auparavant, tellement d’années que cela ne pouvait être les mêmes. Les deux jeunes gens marchaient, étreints, s’arrêtant de temps à autres pour regarder les étalages en riant ensemble de choses tellement simples. Ils étaient heureux et amoureux, cela semblait une évidence à tous qui les voyaient. La foule avança et la vieille femme vit le couple s’éloigner. La veste de cuir noir et les cheveux marron de l’homme que le vent fit voler fut la dernière chose qu’elle aperçut.

- C’était comme un rêve – Murmura-t-elle avec les yeux pleins de larmes.

- Quelque chose ne va pas, Tante ? – Demanda la jeune femme.

- Non … rien … rentrons – Dit la jeune femme en s’essuyant les yeux.

- Je viens d’apprendre que ta tante est morte il y a deux ou trois semaines.

- C’est exact. La pauvre vieille, en vérité elle n’était pas bien du tout. Elle était trop âgée – Dit Amanda Hathaway.

- C’était la sœur de ton grand-père ? – Demanda l’amie d’Amanda.

- Non c’était la femme d’un ami de mon arrière grand-père. En réalité, nous n’avions pas beaucoup de relations avec elle mais mon grand père avait commencé à s’occuper d’elle quand elle s’est retrouvée veuve et cette responsabilité s’est transmise de génération en génération.

- Elle était très vielle, quel âge avait-elle ?

- Voyons … Je crois qu’elle venait d’avoir 105 ans il y a trois mois – Répondit Amanda en essayant de se souvenir.

- Wow ! Aors elle doit avoir connu un changement du monde de façon radicale !!

- Imagine ! Quand elle était jeune, les femmes portaient des robes et des corsets, les voitures étaient une chose nouvelle et les avions une rareté – Dit Amanda en tapant rapidement.

- Tu dis qu’elle était veuve ? – S’enquit l’amie d’Amanda de l’autre côté de la onversation.

- Oui, son mari est mort dans les années quarante, mais elle ne s’est jamais remariée. Je crois qu’elle était actrice dans sa jeunesse, comme mes arrière grands parents, mais elle a arrêté quand elle a perdu sa jambe dans un accident. Elle n’a plus jamais joué. Mon grand-père dit qu’il se souvient que c’était une bonne actrice.

- La pauvre – Fut la réponse de l’amie d’Amanda qui apparut promptement sur l’écran de l’ordinateur.

- Demain Papa et moi ferons un nettoyage complet de la chambre de Tante Suzanna. Nous garderons certaines choses et les autres nous les distribuerons ou nous pourrions en vendre certaines dans un magasin d’antiquités. Elle avait conservé beaucoup de vieilleries dans sa chambre, cela ressemblait à un musée. Voudrais-tu venir ?

- Ce n’est pas une mauvaise idée, mais je dois y aller maintenant. Je t’appellerai demain pour te faire savoir si je viens ou non.

- Ok, en tout cas nous parlerons encore la semaine prochaine, n’est-ce pas ?

- Bien sûr Amanda, même heure. J’attendrai que tu sois connectée à ICQ.

- Bien.

- Puis-je jeter un coup d’œil à ceci ? – Demanda le jeune homme à la jeune fille qui travaillait chez l’antiquaire.

- Bien sûr, Monsieur. C’est en or et vraiment très rare. Notre expert a estimé que cela datait d’entre 1900 et 1905.

- C’est étonnement bien conservé – Dit l’homme se sentant de plus en plus attiré par le crucifix. Quelque chose lui disait qu’il l’avait déjà vu auparavant.

- Oui en effet. C’est une de nos plus récentes acquisitions. Cela appartenait à une dame décédée récemment et dont les parents sont venus vendre certains objets.

- S’il vous plait, faites un emballage cadeau pour moi – Dit l’homme en souriant et la vendeuse ne put s’empêcher de penser qu’il avait le plus beau sourire de tout Manhattan.

- Avec un papier cadeau de Saint-Valentin je suppose ? – Demanda la jeune fille.

- Oui c’est pour ma femme.

- Oh … Je vois – Dit la jeune fille un peu jalouse de la femme qui remplissait les pensées de cet homme.

- Encore une faveur s’il vous plait. Avant de l’envelopper, pourriez-vous faire graver un nom à l’arrière ?

- Bien sûr. Quel sera le nom ?

- Faith Truman.

FIN

Fin du chapitre 6 -  © Mercurio