A NEW-YORK STORY
Par Mercurio

Traduit de l'espagnol par Srta.Pecas

Traduit de l’anglais par Fatalzmarion

 

Chapitre 5

La chambre était baignée de la lumière qui entrait par l'immense fenêtre étendue sur tout le mur. La chambre était totalement silencieuse si ce n'était le bruit distant de l'avenue vingt étages plus bas et la douce éraflure du crayon sur le papier. Aaron Truman regardait les lignes que sa main traçait rapidement alors qu'il finissait le schéma d'un appui vertical d'étape pour un de ses cours de design. De temps en temps, la main arrêterait son travail et le jeune homme secouait sa tête comme s'il essayait d'en sortir les pensées qui le distrayaient de son travail.

- C'est juste une ressemblance étonnante du visage. C'est tout ... - se dit-il en mettant sa visière vers le bas avec ennui.

- Je suis pris par cela - dit-il pour lui-même, se levant du banc pour regarder dehors par l'immense fenêtre. A ce moment, son regard dur tomba sur les rais de lumière dévoilés par la vitre de la fenêtre, son visage se radoucit immédiatement et un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Toujours, ces yeux… ils sont un mélange étrange de force et bonté… pleins de vie et lumineux, comme l'eau miroitant sous le soleil… et ce rire ! … Quand elle est avec ses amis et qu'elle ne se doute pas que je l'observe à distance… et ces rares fois où elle m'a accordé un sourire… '

Les souvenirs d'Aaron lui rappelèrent  le jour où il avait rencontré Faith à la gare, après la fin de leurs vacances d'été. Après les salutations formelles, les deux jeunes gens pouvaient se vanter d'avoir eu quelque chose qui ressemblait à une conversation qui évidemment fut interrompue par de courts échanges de sarcasme.

- Tu reviens du New Jersey ? - avait demandé le jeune homme nonchalamment.

- Pas vraiment, je reviens de la maison - avait répondu la jeune femme et Aaron avait pu détecter une once de tristesse dans sa voix. - Je viens d'Atlanta, tu sais.

- Tu veux dire que de là, tu es passée par le New Jersey ? - avait demandé Aaron, étonné que la jeune fille ne s'était pas rendue à New York directement.

- Non ... en fait ... je voyage en "groupe" ... tu sais, pour épargner de l'argent ...

- Sérieusement ? - avait été la seule chose qu'il put dire en se demandant comme la jeune fille pouvait encore être aussi gaie et animée après un voyage qui devait avoir duré déjà plus de vingt-quatre heures.

- Tu dois te sentir épuisée maintenant.

- Un peu oui, mais en même temps, je suis très heureuse d'avoir pu être avec ma mère, ainsi je ne regrette pas. Et toi? Tu as rendu visite à tes parents ces jours-ci ? - avait-elle demandé de sa manière habituelle notant son soudain changement d'humeur.
- Oui… bon….seulement ma mère, - lui avait-il répondu évitant ses yeux qui le faisait se sentir un peu mal à l'aise que quelqu'un s'enquit au sujet de sa vie et de ses parents.

- C'est de là que je reviens en ce moment, après lui avoir rendu visite. Elle a une maison de vacances au New Jersey.

- Je vois ..... et ton père ? - avait demandé Faith naturellement et il avait senti qu'elle essayait de rencontrer son visage ; comme si elle faisait l'effort d'établir un contact visuel avec lui, ce qu'il évitait.

- Ehmmm….la vérité est que je ne le vois plus puisque j'ai commencé à étudier à cette université - avait-il admis d'une voix à peine audible.

- Quelle pitié - lui avait répondu la blonde et avait abandonné sa tentative que leurs yeux se rencontrent pour regarder les eaux agitées de l'Hudson

Un silence étrange entre eux s'était installé pendant un moment. Aaron croyait qu'être aux côtés de Faith Sherman, sans dire un traître mot, était aussi facile qu'être seul et en même temps c'était extrêmement difficile pour lui de rester de marbre alors des frissons lui traversaient l'échine.

Étrangement tout ce que il ressentait quand il était proche de Faith était complètement nouveau pour lui, mais en même temps il ne parvenait pas à cesser de penser qu'à une certaine époque, lors d'un passé indéfinissable, il avait déjà éprouvé de pareilles sensations.

- Mon père est mort quand j'avais douze ans - avait dit la jeune fille, brisant le silence d'une voix calme alors que le Ferry accostait. - C'était un homme merveilleux, même s'il n'était pas parfait bien sûr. Je me souviens qu'il me disait toujours qu'à accorder trop de confiance aux gens, je pourrais finir par être fortement blessée. Il avait des habitudes étranges comme se lever à l'aube et était trop envahissant. Il aimait les Beatles mais détestait Bon Jovi ce qui était comme une honte car, moi, je les adore !

- Encore ... - La jeune fille s'était arrêtée, étonnant son auditeur par la quantité de mots qu'elle était capable de dire en un seul souffle ... - Je donnerais n'importe quoi pour qu'il soit encore en vie aujourd'hui et qu'il me harcèle à nouveau.

- Faith ! - avait bégayé Aaron ne sachant que répondre devant cet accès d'honnêteté.

- Ce que j'essaie de dire - avait indiqué la jeune fille alors qu'elle se levait de son siège. - C'est que tu es très chanceux Aaron Truman et sans aucun doute très idiot de ne pas vouloir te réconcilier avec ton père.

- Qui a dit que quelque chose n'allait pas avec mon père ? - Avait dit Aaron essayant en vain de restaurer son regard indifférent.

- Je n'ai pas besoin que tu le dises Aaron. Si j'étais toi, je réfléchirais au sujet - avait-elle dit et sur ces derniers mots, avait descendu le couloir du Ferry jusqu'à la sortie.

- Tu es vraiment curieuse, Tâches de Son - Dit Aaron pour lui même, caressant la vitre de fenêtre du bout des doigts. - Non seulement tu envahis mes rêves nuit après nuit, mais tu veux aussi t'impliquer dans mes affaires de famille.

Le jeune homme baissa son visage, ne pouvant arrêter de sourire, alors qu'une pensée persistante lui envahissait l'esprit.

- Oui, très fouineuse mais tellement jolie que des yeux en sont heurtés rien qu'à te regarder !!

Il y avait des moments où Michie sentait que le champ d'énergie se formant entre Faith et Aaron chaque fois qu'ils étaient ensemble, était si évident qu'il pouvait se sentir à des miles à la ronde. C'était évident pour le monde entier, à l'exception des deux jeunes gens concernés qui continuaient à ignorer cette force qui faisait qu'Aaron était la cause de leurs rencontres et que Faith les prolongeait avec de drôles de contradictions dans son attitude qui en un instant moment paraissait dire "J'aime être près de toi" et en un autre essayait d'en feindre le contraire.

Cependant, au lieu de décourager le jeune artiste, le comportement Faith "un pas en avant, un pas en arrière" parvenait seulement à augmenter sa persistance.
Peut-être ce jeu presque du flirt aurait duré plus longtemps s'il ne c'était pas produit certains événements inattendus qui accélérèrent des choses.

Un matin pluvieux, une paire d'yeux verts observaient nerveusement les annonces du panneau d'affichage dans le département d'art de NYU.

Soudainement, une des petites annonces capta l'attention de la propriétaire de ces yeux qui les baissa pour noter dans un carnet d'adresses l'adresse de cette annonce.

Le building était l'un des plus impressionnant et imposant du sud de Manhattan. Faith approcha l'ascenseur jetant un coup d'oeil une fois de plus sur l'adresse notée sur son carnet d'adresses et une fois de plus elle réalisa que ses mains tremblaient sans raison et elle peinait à essayer d'arrêter cela. L'ascenseur atteint finalement le 20ème étage et la fille sortit de lui essayant de trouver le numéro de l'appartement qu'elle recherchait.

- Allons-y ! - Dit-elle, essayant de s’encourager- Tu sais ce que tu as à faire !

Cependant, indépendamment de ses efforts, ses jambes lui semblaient se dérober sous elle à chaque pas.

- S'il vous plait mon Dieu, faites que cela soit pour une femme - Priait Faith, alors qu'elle sonnait quelque peu hésitante.

La porte s'ouvrit presque immédiatement et dévoila un homme blond de plus d'un mètre quatre-vingt dix qui semblait avoir dans les trente ans.

- Oui ? En quoi puis-je vous aider, Mademoiselle ? - Demanda l'homme d'une manière polie qui ne put pourtant apaiser la nervosité de Faith.

- Je  ... Je suis ici pour l'annonce ... pour le modèle - Répondit-elle sans regarder les yeux de l'homme.

- Un modèle ? - Demanda l'homme avec une expression confuse mais il sembla comprendre juste après.

- Oh oui, je devine que cela doit être pour mon cousin. S'il vous plait entrez - Lui indiquant l'entrée - faisant un pas de côté de sorte qu'elle puisse pénétrer dans le couloir.
Faith s'interrogea avec précaution, se demandant s'il était bien prudent d'entrer dans l'appartement de quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas.

- Excusez-moi de ne pas avoir compris immédiatement - s'excusa l'homme blond à Faith, l'invitant à s'asseoir sur un grand sofa en cuir noir - Vous voyez, je suis ici en visite uniquement. Le propriétaire de l'endroit est mon cousin. Il est l'artiste de la famille et doit avoir écrit l'annonce pour l'un de ses projets scolaires.

- Je vois - répondit Faith ne sachant pas si elle était heureuse que l'homme blond ne soit pas la personne pour qui elle allait poser, ou inquiète et elle s'interrogeait sur le cousin mentionné. Après tout, ce blond semblait plaisant et il y avait quelque chose dans ces yeux bleu ciel qui lui inspirait confiance.

- Mon nom est Walter Nollan.

- Je suis Faith Sherman - Répondit-elle enserrant la main tendue de l'homme blond.

- Heureux de vous rencontrer. Vous avez de la chance, j'étais sur le point de partir et mon cousin pourrait avoir quelques minutes de retard. Il est allé faire des emplettes à quelques rues d'ici vers le sud.

- Je comprends.

Nollan était sans aucun doute un homme poli car il offrit immédiatement à Faith une tasse de café et étant donné la température en ce jour pluvieux, c'était une chose splendide.

Un peu plus tard, tandis que les deux jeunes conversaient Faith, absorbée, avait presque oublié la raison de sa présence là-bas.

- Ainsi vous étudiez l'éducation. Ce doit être un champ très intéressant - commenta Walter en souriant.

- Oui. Et vous, quelle est votre spécialité ? - demanda Faith au hasard.

- Je suis biologiste. C'est pourquoi je suis ici à Manhattan. Je participe à une étude au sujet des espèces de mouettes de mer qui habitent la région entière du Long Island. Mon cousin m'offre donc le logement pour quelques jours.

- Je vois. Comment s'appelle votre cousin ?

 Walter était sur le point de répondre à quand la porte s'ouvrit et Faith fut remplie de deux yeux bleu-vert. Pendant un instant, elle fut comme si le diable lui-même était apparu.

- C'est bien que tu rentres Aaron ! - s'exclama Walter sans remarquer l'expression stupéfaite des yeux de Faith - Mlle Sherman est venue pour la publicité que tu as insérée concernant un modèle pour un de tes projets. '

Walter avait juste fini sa phrase quand la mâchoire de son cousin est tomba au plancher, mais Walter ne remarqua pas l'étonnement sur le visage de son cousin car déjà, il avait sa pochette dans sa main et partait à la hâte.

- Tu es venue pour l'annonce ? Demanda Aaron sans prêter attention que son cousin ait disparu derrière la porte.

- Je ... je ... - murmura Faith en essayant de trouver une excuse pour se sauver en courant de cet endroit. Elle avait besoin de ce job, mais ne pourrait pas le faire pour Aaron Truman. Impossible !!

- Je crois qu'il doit y avoir une erreur - Dit-elle timidement.

- Oui, je crois qu'il y en a une - Répondit Aaron qui ne pouvait pas contrôler son sérieux habituel.

- Ce n'est pas possible que tu aimes poser pour ce travail, Tâches de Son. Ce n'est pas ton style - Pensa Aaron en essayant d'évaluer la situation.

Faith prit son manteau d'une main et était sur le point de se diriger vers la porte quand une nouvelle force interne l'arrêta.

 - As-tu une meilleure idée pour moi pour gagner cet argent ? - se demanda-t-elle luttant avec ses sentiments. Tu sais très bien que tu n'as pas de temps à gaspiller et très probablement, tu ne trouveras pas d'autre manière de recueillir la somme entière. Tu n'as aucune autre option. Tu dois faire cela.

La jeune fille se tourna vers Aaron, laissa son manteau sur le sofa et dirigea son regard fixe vers lui dans une détermination qui secoua Truman une fois de plus.

- Il n'y a aucune erreur - Dit elle déterminée- Je suis venue pour faire un travail et les choses ne changent pas juste parce que nous nous connaissons. Veux-tu me dire où je dois poser. Plus nous le faisons rapidement, mieux ce sera pour nous deux.

Truman eût besoin de quelques secondes pour se reprendre, mais confronté à la résolution de la jeune fille, il n'eût d'autre choix que de lui montrer où le travail aurait lieu.

- Je ne te comprends pas, Tâches de Son - Pensa Aaron pendant qu'il expliquait à la jeune fille en quoi le travail consisterait. - Jamais je n'aurais cru que toi, qui pouvait être démentiellement froide ... pouvait être fille disposée à ... Je ne dis pas que cette idée me déplait ... C'est juste que ... Je ne sais pas si je serai capable de maintenir ces pinceaux sans trembler ... Mon Dieu ! Nous n'avons pas encore commencé et je me sens déjà étourdi.

- Ainsi je ne devrais porter rien, dit-elle dans un marmonnement distrayant Aaron de ses pensées.

- Non, c'est un projet au sujet de l'anatomie et cela doit être très précis - Répondit-il faisant de grands efforts pour maintenir sa sérénité.

- C'est OK. Qu'attend-t-on pour commencer ? Demanda Faith et Aaron pensa avoir entendu sa voix trembler.
- Bien, si tu es d'accord sur le principe ... Laisse moi préparer mon matériel et en attendant tu peux te changer dans la salle de bain et utiliser la robe que j'ai laissée au crochet - Indiqua-t-il et la jeune fille se dirigea immédiatement vers la salle de bains qu'Aaron lui avait montrée.

La jeune femme entra dans la salle de bains et évitant son reflet dans le miroir au dessus de l'évier, commença à se déshabiller.

Une longue liste d'arguments et de contradictions remplissaient son esprit, lui donnant une sensation terriblement confuse. Faith avait eu une profonde et traditionnelle éducation et l'idée de se rendre sans ses vêtements au devant d'un homme étaient quelque chose qui se produisait uniquement dans les rapports d'un couple. Pour rendre les choses plus difficiles, la jeune fille n'avait à son actif aucune expérience intime et la nudité lui était une chose totalement étrangère.

Ainsi, poser nue pour  une peinture artistique ou scolaire comme cela allait se passer, l'inquiétait au point de lui laisser un sentiment de saleté. Comme si ce n'était pas assez, il fallait qu'elle ait à faire cela justement pour l'homme qui éveillait en elle les émotions les plus contradictoires.

- Tu dois juste imaginer que tu prends un bain seule, c'est tout - Elle essayait de se calmer tandis qu'elle enlevait chacun de ses vêtements et les mettait dans son sac - Tu sais que tu n'as pas d'autre alternative. Tu as besoin d'argent - Se répéta-t-elle une fois de plus.

 Quand elle eut fini de se déshabiller, elle leva les yeux vers la robe de chambre qu'Aaron avait mentionné et d'un geste indécis, tendit la main pour l'atteindre. Une fois qu'elle l'eut mise, elle finit par se regarder dans le miroir et elle fixa ses cheveux dont les boucles d'or sauvages tombaient en arrière jusqu'à la moitié de son dos. Après un dernier soupir, elle ouvrit la porte et se dirigea vers le studio où le jeune homme l'attendait, occupé par le nettoyage d'une impressionnante collection d'outil pour le dessin et la peinture.

Aaron se tourna alors et fut presque choqué par l'image de cette jeune fille enveloppée dans une robe blanche de dressing qui était trop grande pour elle et elle lu semblait comme baignée dans les vagues cascadant de ses boucles blondes. Cela ne lui prit pas longtemps pour conclure que c'était la plus belle vision que ses yeux aient jamais eu et ne pouvait pas dire si la force de séduction que Faith semblait entièrement dégager était le reflet de son indéniable beauté ou du fait qu'elle semblait complètement ignorer celle-ci. Se tenant comme ça au milieu de la pièce avec un étrange regarda perdu dans les yeux, elle paraissait tellement sans défense et tellement dangereuse qu'il était difficile de définir comment elle le faisait se sentir.

- Tu es prête ? - l'interrogea-t-il et la jeune fille répondit avec un léger signe d'assentiment de la tête

Le jeune homme l'approcha sentant que son coeur était lancé à une vitesse quelque peu malsaine et était sur le point d'indiquer comment il voulait qu'elle fût placée quand il remarqua que les yeux de Faith étaient pleins des larmes. Ce fut la dernière attaque qui démolit les défenses d'Aaron qui sans penser à ses mouvements, alla près de la jeune fille prenant à son visage dans ses deux mains avec une gentillsse qui étonna Faith.

- Qu'est-ce qu'il se passe Faith ? Pourquoi pleure-tu ? - Lui dit-il et Faith ne pouvait comprendre où Aaron avait bien pu trouver cette douce et plaisante voix.

A un autre moment peut-être aurait elle essayé de regagner sa composture mais la douleur dans sa poitrine, la bonté inattendue d'Aaron et ce sentiment constant attirance qu'elle sentait toujours quand il était près d'elle, étaient assez pour lâcher sa douleur.

La fille n'essaya pas de l'arrêter et elle sanglotait librement sur la poitrine du jeune homme qui la tenait avec souci, stupéfaction et satisfaction.
- Faith ! - Fut la seule chose quand ses bras entourait gentiment le corps larmoyant de la jeune fille.

- Je suis désolée, Aaron - Dit-elle entre deux sanglots. J'aimerais être capable de pouvoir faire ce travail sans hésitation.

- Es tu en train  de me dire que tu ne veux pas poser ? - demanda-t-il pendant que la chaleur de la jeune fille envahissait chacun de ses pores. Tu n'es pas obligée de le faire si cela doit te faire te sentir mal. Je peux comprendre cela.

- Non, tu ne comprends pas. Je dois faire cela que cela me plaise ou non. J'ai besoin de cet argent - Répondit-elle avec son visage encore déposé sur sa poitrine.

 C'était la première fois qu'elle osait dire à haute voix qu'elle allait faire quelque chose contre son gré juste pour l'argent. Ceci lui rendit encore les choses plus difficiles car maintenant que c'était dit, elle se sentait presque comme une prostituée.

Aaron écoutait les mots de Faith étonné. Essayant de ne pas effrayer la fille, il la força doucement à le regarder dans les yeux en soulevant son menton vers le haut.

- Que signifie que tu dois le faire que cela te plaise ou non ? Comment se fait-il que tu aies besoin de cet argent en urgence ? - demanda-t-il descendant profondément dans ces lacs verts qui semblant encore plus profonds en raison des larmes.
- C'est ma mère ... Elle ... Elle ... On lui a diagnostiqué un cancer et elle a besoin d'une opération immédiatement - Dit la jeune fille, la voix brisée.

- Et tu as besoin d'argent pour cette opération ? Demanda-t-il en pensant que si c'était le cas, Faith devrait poser pour bien des peintures avant d'avoir réuni la somme nécessaire.

- Non .. non pas vraiment - Dit-elle en baissant les yeux. -J'ai déjà réuni une bonne somme grâce au prêt de quelques amis, surtout le père de Michie, mais j'ai encore besoin d'argent pour le billet d'avion. Ma mère sera admise après demain. Je crains que si j'y arrive en retard, elle soit déprimée et ne fasse pas par l'opération. Je dois être là avec elle mais je ne peux emprunter plus d'argent, tu comprends? Et comme si la confession de son problème lui avait donné la nouvelle force, la fille se libéra des bras d'Aaron et le regarda avec détermination.
- Commençons s'il te plait - et disant cela, elle porta sa main droite à la ceinture de la robe de chambre avec l'intention de la délier mais la main ferme d'Aaron l'arrêta.
- Non Faith, je ne veux pas que tu fasses quelque chose qui te fait sentir mal à l'aise.

- Je t'ai déjà dit que cela n'avait aucune importance. Ce qui est important c'est ma mère - protesta-t-elle avec une force inattendue.
- Tu es incroyable Tâches de Son - Pensa Aaron, admirant une fois encore le caractère de la jeune fille. Toi qui est toujours si pleine de fierté, tu es capable de subir une humiliation de toi même par amour pour ta mère.

- Attends Faith - Répondit-il sans lui lâcher la main. Tu te trompes si tu crois que tu ne peux plus emprunter d'argent - Et avec cette dernière phrase, le jeune homme alla dans une autre pièce et revint quelques minutes plus tard pour donner à Faith un chèque à son nom.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle sur la défensive.

- Et bien un prêt, qu'est-ce que cela pourrait être ? Je crois que ce sera assez pour un voyage jusque Atlanta.

- Mais ... - Balbutia-t-elle n'en croyant pas ses yeux.

- Il n'y a pas de mais. Si tu te dépêches tu peux encore trouver un vol pour ce soir ...

- Mais je veux te rembourser ... laisse moi poser pour ton projet et ensuite je pourrai me dire que nous sommes quittes.

- Mon dieu Faith !! Pourquoi dois-tu toujours être aussi têtue ?? - se plaint Aaron impatiemment mais en même temps il était émerveillé du courage de la jeune fille. - Prends ceci comme un prêt et tu me le rembourseras quand tu pourras ... Je peux facilement trouver quelqu'un d'autre pour ce projet. Maintenant allez, vas t'habiller et vas acheter un billet d'avion.

A contre-coeur, la fille prit le chèque ne sachant pas quoi dire, et disparu derrière la porte de la salle de bains. Peu de temps après cela, une nouvelle Faith complètement différente de celle qui était entrée de glace dans l'appartement, en sorti habillée de ses jeans habituels et manteau noir avec un large sourire sur le visage.

- Prête ? - demanda-t-il essayant d'avoir un ton normal.

- Oui - Dit-elle rougissant et sans réfléchir, elle jeta ses bras autour du cou de jeune homme. Ayant tant de choses à son esprit et en raison du nouveau soulagement trouvé, il se passa juste quelques secondes avant que Faith ne remarque qu'elle embrassait Aaron Truman. Ainsi, loin du sentiment repoussé, une nouvelle collection inconnue de sensations éclata soudainement en elle.

Tout commença par une perception claire d'un parfum masculin qui lui rempli les sens et continua une chaleur plaisante dont il lui semblait avoir eu un besoin durant toute sa vie, quelque chose qu'elle n'avait avant jamais remarqué.

Pour Aaron, les choses étaient un peu différentes. Soudainement, c'était comme si tous les morceaux du puzzle tombaient au bon endroit. Longtemps après cet évènement, les jeunes gens allaient se rappeler ce moment en tant que l'un des plus intense de leurs vies.
 

C'était comme si en une fraction de seconde les jeux des âmes devenaient réalité, tous ensemble et chaque chuchotement devenaient une voix, et chaque vision une image de leur passé inconnu. Les visages, endroits, odeurs, les bruits lointains inondèrent la chambre et soudainement c'était comme s'ils étaient sur le pont d'un lointain bateau, dans la clairière d'une forêt, assis auprès d'eaux calmes, écrivant une lettre, dans les couloirs d'un hôpital, courant sur un escalier, ou s'étreignant devant une vieille voiture.
C'était eux, Aaron et Faith et en même temps, c'était deux étrangers, portant des vêtements différents, parlant avec un accent différent et utilisant des expressions d'une lointaine époque.

 - Je suis réellement désolée mais je dois vous dire que j'aime beaucoup mes tâches de son. Je suis en train de me demander comment faire pour en avoir plus.

- Phewwww ! Et vous allez sans doute me dire que je suis jaloux de votre nez pointu.

- Bien sûr !

- Monsieur Grandchester, vous dites ? Je ne savais pas que vous le connaissiez, Mademoiselle.

- Non je ne le connais pas. Ainsi son nom est Grandchester.

- Oui, il est le fils d'une des plus nobles familles d'Angleterre, Mademoiselle. Vous aurait-il fait quelque chose ?

- Mademoiselle, s'il vous plait, retournez à votre cabine.

 - Ne parlez jamais de cela à personne ! Vous me comprenez ? Si vous le faites, vous êtes perdue, vous m'entendez ? ... Maintenant allez-vous en. Vite !

- Je suis désolée ... Je n'en parlerai jamais à personne, je vous le promets

- Satanée vieille femme ! Quelle vipère !

- Oui, mais à cause de cela, je ne participerai pas au grand festival de mai

- Vraiment ? C'est dommage pour toi que n'y participes pas.

- Oui, c'est dommage. Cela doit être une très belle fête avec de la musique, des fleurs, où l'on danse.

- Oui, c'est vraiment une fête merveileuse.

- Princesse Juliette ? Puis-je avoir cette danse ?

- Cet avion appartenait à mon père lorsqu'il était jeune. C'est quand il volait, qu'il a rencontré ma mère et ils sont tombés amoureux.

- A cette époque de l'année, les enfants de la maison Pony vont se baigner et parfois pêcher. C'est une si belle journée dans ce parc. Aimeriez-vous aller faire un pique-nique un jour ?

- Pourrais-je voir Mademoiselle Candy Neige ? Elle doit travailler et étudier ici, n'est-ce pas ?

- Comme vous pouvez le voir par vous même, elle n'est pas dans cette pièce.

- Dans cette pièce ?

- Oui, elle devrait ici à faire sa garde mais évidemment elle n'a pas pris ses responsabilités

- Elle a manqué son tour de garde pour venir me voir au théâtre.

- J'aimerais que tu viennes à Broadway pour la première

- Ce sera différent cette fois. Je pourrai toujours revoir Terry tant que nous serons vivants.

- Ils disent que Suzanna essaie de le forcer à l'épouser à cause de l'accident.

- Ce n'est pas de l'amour !

- Ne faites pas cette folle chose !

- Je dois le faire. Sinon je serai toujours un obstacle entre Terry et vous.

- Non !!!!!!

- Prenez soin de lui et ne le quittez jamais.

- Je t'accompagne à la gare

- Non !

- Je t'accompagnerai à la gare !!

- J'ai dit NON ! Cela rendrait les choses encore plus difficiles.

- Je voudrais que le temps suspende son envol ...

- N'aurait-il pas mieux valu que nous ne nous rencontrions jamais ?

- Et bien je dirais que je suis un bien piètre teneur de promesses. Si tu m'interroges sur mes sentiments pour elle, je te dirai que je l'apprécie, je lui suis reconnaissant, je me sens concerné ... mais l'amour absolu et passionné comme ce que je ressens ... ce que je ressens pour toi ... Je suis damné !

 - Je ne peux pas faire ça ! Je voulais te mentir mais je ne peux pas. J'ai essayé de t'écrire une lettre, pour te dire que tout appartenait au passé, mais je n'ai pas eu le courage de l'envoyer. Comment puis-je te dire maintenant que je suis amoureuse de l'homme qui va devenir mon mari quand ce n'est pas le cas ?

- Dieu oh Dieu ! Quelles fautes ont bien pu commettre nos ancêtres pour que nous devions le payer de cette façon ? Pourquoi cet amour pur et bon, et si intense, que ni le temps, ni la distance ne peuvent arrêter, est-il devenu un péché ? Pourquoi ne peux-tu pas être ma femme alors qu'au plus profond de mon être, tu es la femme de mon coeur ? Pourquoi m'es-tu interdite ?

Faith brisa brutalement cette étreinte ne pouvant résister aux explosions qui envahissaient son âme comme une série de chocs électriques. Elle leva son visage effrayé et se rendit compte qu'Aaron était aussi confus qu'elle. Assez étrangement, tous deux sans devoir se dire quoi que ce soit, savaient qu'ils avaient eu les mêmes visions.

Ne sachant pas quoi faire, Faith attrapa son sac et courut hors de la pièce comme si elle en était chassée. Aaron n'eut aucune force pour l'arrêter. Il était encore  trop accablé par la force des émotions expérimentées dans cet étrange aperçu d'un monde que, lui autant que Faith, avait oublié pendant une longue période, mais que cette étreinte avait réveillé d'un sommeil profond.


Quelques heures plus tard, Walter entra dans la pièce. Tout était sombre, ainsi l'homme supposa que son cousin était encore parti. Tenant avec la difficulté sa pochette dans une main, une cage avec des oiseaux dans l'autre et avec une caméra vidéo pendant à son cou, l'homme blond marcha entre les stands de peinture d'Aaron à travers la pièce.
Atteignant la table des repas, il laissa sa charge sur le meuble et avec les mains libres, il chercha l'interrupteur. Quand la lumière inonda la pièce, il fut surpris de trouver son cousin assis sur le sofa noir.

- Je ne savais pas que tu étais ici - Dit-il surpris. - Pourquoi ne dis-tu rien ? - Demanda-t-il, n'obtenant aucune réponse de son cousin qui semblait être perdu dans une autre dimension - Aaron ... Aaron ... ? Tu m'écoutes ? - Demanda-t-il encore en allant près du jeune homme.

- Humm ? - Repondit finalement Aaron en sentant la main de Walter sur son épaule. - Quand es-tu rentré ?

- C'était il y a un moment mais tu avais l'air d'être dans un autre monde. As-tu fini de travailler avec la petite rouquine ? - Demanda le blond en s'asseyant et s'étirant à côté de son cousin.

- Eh ? ... Non ... - Murmura Aaron sans savoir ce qu'il disait.

- Ce n'était pas le type de modèle que tu cherchais pour ce projet ?

- Non ... pas tout à fait.

- Bien ... elle me paraissait être une jolie fille ... et très plaisante, ce qui est très difficile à trouver chez une jolie femme, mais bon tu t'y connais mieux que moi sur cela, la beauté est ton travail, n'est-ce pas ?

- Ce n'est pas simplement que ..... Pour cela, elle aurait été parfaite pour le projet. Aaron se leva et pour la première fois, remarqua la présence des quelques mouettes de mer dans la cage. - Qu'est-ce que c'est que ces animaux ?

- C'est une partie de mon étude. Ils ne resteront avec moi que pour quelques jours mais finis ce que tu me disais avec la petite rouquine.

- Bien ... c'est juste que ... ce n'était pas une bonne idée qu'elle pose pour ce projet ... La mauvaise chose - Murmura Aaron, hésitant s'il devait confier à son cousin ce qu'il s'était réellement passé - ... était que nous nous connaissions déjà et ... parfois cela rend le travail plus difficile.

- Vraiment ? C'est étrange mais à mon avis, je pense que cela devrait vous rendre les choses plus faciles ... tu sais plus confidentiel et tout.

- Non ... C'est que mon travail demandait un nu et elle se sentait mal à l'aise par rapport à ça. C'est tout - Finit de dire Aaron, essayant de ne pas prêter attention au sujet tandis qu'il versait une tasse de café. Toujours, les voix confuses dans la tête d'Aaron ne cessaient de l'appeler, lui provoquant une inquiétude très difficile à cacher - Oh, oui, je suis en train de devenir fou, - pensa-il tandis que le liquide foncé remplissait la tasse.
- Je vois ... oui, c'est vrai ... cette fille semblait innocente. Je suppose que tu seras contacté par quelqu'un d'autre ... oh, sers moi un café aussi - Dit l'homme blond en allant dans la cuisine d'où Aaron lui parlait.

- Je devrai travailler sans modèle - Répondit Aaron en prenant un sucre

- Pourquoi ça ? ?

- Je n'ai pas d'argent pour m'offrir un modèle - Répondit l'homme aux cheveux foncés
- Et comment pensais-tu payer cette fille ? - s'enquit Walter sans comprendre son cousin.

- Bien ... j'avais l'argent pour cela ... jusqu'à il y a une heure. Je ... l'ai donné à Faith - Conclut le jeune homme en se retournant vers son cousin.

- Bien, bien ... si je comprends bien. Elle n'a pas posé pour toi mais tu lui as donné l'argent et maintenant tu n'en as plus pour payer un autre modèle. Je ne te comprends pas vraiment. Quand as tu cessé d'être Aaron Truman, Monsieur Arrogance ? Ce n'est pas toi.

- Ne me le demande pas. Je ne me reconnais pas moi-même - Dit Aaron passant ses doigts dans ses cheveux qui atteignaient son dos, un signe de nervosité.

 Walter fut silencieux un instant, en donnant à son cousin des regards interrogateurs et puis dit

- Tu sais, mon frère ? La dernière fois que j'ai fait un truc pareil pour une femme, j'ai fini par l'épouser ... C'est mauvais signe mon ami ... très mauvais signe - indiqua Walter avec un large sourire sur son visage.

- Tu n'es pas du tout drôle et je suppose que ton épouse n'aimerait pas t'entendre dire cela - Répondit Aaron avec une expression qui expliqua à son cousin qu'il avait touché une corde sensible.

- Bon mec, Ne sois pas vexé. C'était juste une plaisanterie. Tu sais très bien que j'adore Nancy et quand tu auras la chance de trouver la bonne femme, tu me comprendras. Passe-moi une tasse de café, je suis crevé.

C'est là que la conversation sur Faith Sherman se termina ... mais pas la confusion d'Aaron qui ne savait pas quelle était la raison de cette anxiété, le fait que Faith était ainsi inquiète de la santé de sa mère ou des étranges moments qu'il avait vécu avec la jeune fille quelques heures auparavant. 

 

Fin du chapitre 5 -  © Mercurio