A NEW-YORK STORY
Par Mercurio

Traduit de l'espagnol par Srta.Pecas

Traduit de l’anglais par Fatalzmarion

 

Chapitre 4

Quand Michie arriva à ce point, car elle lisait à haute voix, elle s’arrêta en voyant que son amie ne pouvait en entendre plus, parce que les pleurs qui venaient de sa gorge étaient d’une douleur tellement profonde, comme si on venait de lui annoncer un évènement horrible comme la mort d’un être cher. Michie serra son amie dans ses bras, pleurant avec elle en silence pensant que peut-être, il était préférable de ne pas continuer à lire le journal qui troublait si fort son amie.

La vie quotidenne nous force quelque fois à laisser de côté nos préoccupations spirituelles afin de prêter plus d’attention à nos préoccupations terrestres. De cette façon, Faith, qui était toujours très curieuse de connaître la conclusion du journal de « l’artiste », du se détourner quelque peu de lui afin de s’occuper d’un problème plus urgent.

Elle avait recherché un emploi à mi-temps sans trop de chance. Elle en avait essayé quelques un mais avait finalement du les abandonner car ils interféraient avec les cours qu’elle avait commencé durant sa troisième année de collège. Ainsi, à son grand désarroi, elle avait continué à mesurer chaque centime de sa bourse d’étude mais avant quand même du emprunter à Michie à plus d’une occasion.

Un jour, sa camarade de chambre arriva à la maison avec un prospectus qu’elle lui mit sous le nez faisant en même temps un sourire démesuré disant qu’elle avait trouvé à Faith le travail dont elle avait besoin. Quelque chose de temporaire mais qui pourrait être plus ou moins régulier et flexible.

C’était une annonce pour le département peinture de NYU qui avait besoin de modèles pour une classe de peinture. Ils cherchaient des filles avec certaines caractéristiques et manifestement il semblait que Faith pourrait convenir.

- Un modèle ? – Demanda la fille blonde, retroussant son nez avec ses petites tâches de rousseurs – Tu es folle Michie ! Si tu penses que je vais me mettre toute nue devant les étudiants du département d’art, c’est que tu as complètement perdu la tête !

- Bon dieu Faith ! – Dit Michie complètement exaspérée – Qui t’a parlé d’être nue ! La plupart du temps, la seule chose que ces gens veulent c’est un pied ou une main ou peut-être juste une tâche qui ne bouge pas juste pour voir comment la lumière la frappe. Ils paient plus de dix dollars de l’heure et c’est du bon argent.

- Et comment sais-tu cela ? – demanda Faith toujours peu sûre.

- Parce que j’ai un ami en classe d’histoire qui fait pareil. Ce gars m’a dit que que tu allais d’abord dans le bureau du département pour t’engager dans une liste d’attente et tu remplis quelques formulaires dans lesquels tu décides quel type de travail tu es disposée à faire. Si tu ne veux pas faire du nu, ils en prennent note dans ce bureau et voila. Ils ne t’appelleront jamais pour cela, juste pour poser comme Blanche Neige, si c’est ce que tu veux.

- Ha ha ha – ri Faith de façon moqueuse – TRES DROLE ! Ne crois pas que tu vas arriver à me convaincre avec tes plaisanteries.

Mais Faith finit par faire ce que Michie avait suggéré et quelques semaines plus tard, alors qu’elle avait presque oublié ce sur quoi elle s’était engagée, elle reçu un coup de téléphone. Ils l’appelaient finalement pour poser, et un peu angoissée elle se rendit à la classe du Professeur Fullat qui voulait seulement que les étudiants photographient ses mains. Donc les étudiants en prirent beaucoup de clichés et ce fut tout. Faith continua à travailler pour ce département depuis, une ou deux fois par semaine, et le peu d’argent qu’elle gagnait, elle l’envoyait à sa mère à Atlanta. Michie avait insisté pour qu’elle garde l’argent qu’elle lui devait, elle pourrait le lui rendre plus tard, quand elle aurait quitté l’école et qu’elle aurait un bon travail.

Le fait de poser était devenu une habitude pour Faith, même si elle était d’une nature agitée, elle avait appris à rester immobile durant de longues périodes, afin de pouvoir envoyer un peu d’argent à sa mère. Le simple de job de poser était facile et bien payé, elle le faisait donc avec joie. Mais un jour, les choses changèrent radicalement.

Faith avait été appelée pour poser devant une classe avancée un matin de mars. Comme d’habitude, elle avait pris contact avec le professeur responsable avant le cours et celui-ci lui avait que faire, où et quand. Cela impliquait des esquisses pour distinguer la différence entre les ombres avec différents jeux d’éclairage. Cela exigeait donc quelqu’un avec un peu d’expérience étant donné que cela durait un certain temps.

Suivant les instructions que le professeur lui avait donnée, elle arriva au moment prévu ce matin là et attendit dans le vestibule pendant que les instructions étaient données aux étudiants. Quelques minutes plus tard, la voix cessa sa conférence et on pouvait entendre marmonner différentes voix quand la porte s’ouvrit.

- Mademoiselle Sherman, bonjour, je suis désolé de vous avoir fait attendre, s’il vous plait entrez – dit le professeur, qui était un homme d’environ cinquante ou soixante ans, un peu ébouriffé mais avec un sourire agréable qui lui donnait confiance.

- Merci professeur Anderson – répondit-elle en entrant dans la classe et au même moment, elle sentit une résistance surnaturelle comme si quelque chose lui permettait de savoir qu’une chose importante allait se produire.

La pièce était vraiment grande et était pleine de pupitres, il y avait des lampes comme dans un studio de photographies, des ombrelles et d’autres choses pour réfléter la lumière. Il y avait aussi une fenêtre panoramique qui laissait passer le soleil du matin dans le studio tout entier. La blonde suivit le petit monsieur au centre de la pièce et il commença à s’adresser à la classe. 

Pendant que le professeur Anderson parlait, Faith s’était retournée vers l’assistance. Les étudiants la regardèrent attentivement depuis leurs chevalets de dessins, en même temps qu’ils écoutaient les directives de leur professeur. Elle avait déjà connu ce moment plusieurs fois depuis qu’elle avait commencé à poser, c’est pourquoi elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait subitement si agitée. La jeune fille pouvait entendre les battements de son cœur si fort dans sa poitrine, qu’elle pensa un moment qu’il allait lui sortir par la bouche.

C’est alors qu’une inexplicable anxiété prit en elle, que la jeune fille tourna les yeux vers un des coins de la pièce et remarqua que pendant que chaque étudiant avait son attention tournée vers le professeur, de l’un d’eux semblait résonner autre chose. Faith pouvait distinguer ce à quoi il était occupé, mais puisqu’il était caché par son chevalet de dessin, elle ne pouvait pas voir son visage.

- Melle Sherman, vous écoutez ? – demanda le professeur Anderson pour la deuxième fois, car elle n’avait vraisemblablement entendu la première.

- Oui ? … Mmm … Désolée Professeur … Pourriez vous répéter ce que vous venez de dire ? – demanda la jeune fille un peu nerveuse.

- Asseyez vous, s’il vous plait – dit l’homme en souriant et la fille le suivit pour lui mettre de fixer sa pose.

- Qu’est ce que c’était ? – pensa Faith alors qu’elle suivait ses indications – Pendant un bref instant, elle avait été submergée par une autre de ses étranges visions, mais curieusement, celle-ci avait été différente. Elle se voyait marcher dans l’obscurité, au milieu d’un brouillard épais et au loin elle pensait avoir entendu la sirène d’un bâteau. Elle se tournait comme si elle charchait quelque chose … ou quelqu’un. C’est alors que le professeur l’avait appelée et que sa vision était partie aussi vite qu’elle était venue.

Les filles fixaient ses cheveux de la façon dont le professeur leur avait demandé, et elle s’immobilisa pour une demie-heure longue et ennuyeuse, elle essayait d’oublier ce qu’elle avait vu dans sa vision et de se débarrasser de cette nervosité qui ne la laissait jamais en paix.

De l’autre côté de la classe, les étudiants commencèrent à travailler et le mystérieux occupant du chevalet de dessin à gauche de la pièce termina de fixer ses charbons de bois, activité à laquelle il était resté occupé pendant que le professeur expliquait les attributions. Quand le jeune homme souleva la tête pour voir le modèle à son tour, un petit énervement se dessina sur ses lèvres qui tenaient une cigarette avec indolence, il pouvait sentir avec une clarté étonnante comment les charnières de son esprit s’ouvraient largement. Le choc fut tel que le jeune homme en laissa tomber sa cigarettes et pendant un instant qui sembla durer un siècle, il ne put rien faire d’autre que de regarder la femme qui était face à lui, comme s’il voyait un fantôme.

- Aaron, Aaron ? – Appela une voix du chevalet à côté de lui – Hey mec ! Tu ne m’entends pas ?

- Eh ? – répondit-il à la voix, toujours absent et sa tête tourbillonnant.

- Prête-moi ton couteau pour aiguiser ce crayon – Demanda l’autre garçon, curieux de l’expression sur le visage de son camarade de classe.

Aaron prit le couteau qu’il avait en main et le donna à son ami sans sortir de la transe dans laquelle il était. C’est quand Raymond remarqua la raison de son silence, qui n’était autre que la présence du jeune modèle, étant donné l’insistance avec laquelle il la regardait.

- Jolie blonde, hein ? – Chuchota Raymond malicieusement et pensant qu’il n’avait jamais vu son ami si impressionné par une femme.

- Je … Je ne vois pas ce que tu veux dire – Marmonna-t-il, se forçant lui-même à regarder ailleurs.

- Allez ! Ne mens pas – insista son ami.

- Monsieur Dilthey, pourriez-vous mettre fin à votre conversation et vous concentrer sur votre travail ? – appela la voix du professeur et Raymond oublia immédiatement de taquiner son ami pour commencer son travail.

Imitant son camarade de classe, Aaron commença à faire de même, mais aux quelques premiers coups de pinceau, ses mains tremblaient.

- C’est impensable – pensait-il pendant que son cœur menaçait de sortir d’où il était – C’est exactement pareil, chaque détail,chaque ligne de son visage, ses cheveux, sa taille, la couleur de ses yeux !

Pendant ce temps, Faith n’était pas plus détendue que lorsque la séance avait commencé. Bien au contraire, elle continuait à se sentir inexplicablement inquiète et même si elle essayait de ne plus regarder vers le coin gauche de la pièce, cette attraction était plus forte que sa volonté et la forçait à tourner ses yeux dans cette direction. C’est alors que cela se produisit. Lentement, veillant à ne pas déplacer un muscle, la fille tourna ses pupilles et c’est à ce moment que ses yeux rencontrèrent une paire d’yeux bleus qui lui semblaient encore plus intenses que la blouse bleue que portait leur propriétaire. Toutes les cloches de son cœur lui donnaient l’impression de chanter en elle au contact de ce regard intense et comme si cette réunion l’avait brûlée, d’instinct, elle détourna les yeux. Faith se souvint que les étudiants avaient comme un principe de ne pas regarder le modèle dans les yeux, spécialement s’il s’agissait de nus. La jeune blonde n’avait jamais posé pour un nu, mais elle avait remarqué qu’aucun étudiant de l’avait jamais regardée dans les yeux.

- Je suis probablement juste devenue timide parce qu’il me regardait directement et que je n’y suis pas habituée – Se dit-elle, essayant de justifier sa réaction quand elle se fut enfuie du regard du jeune homme. Etrange réaction pour elle qui avait l’habitude de regarder les gens dans les yeux tout le temps.

Quelques minutes passèrent et sans pouvoir se contrôler, elle tourna de nouveau les yeux dans la même direction et à sa plus grande gêne, le jeune homme du coin gauche la regardait directement. Il n’était plus caché derrière le chevalet et elle pouvait le voir clairement.

Il lui fallut seulement une seconde pour remarquer ses traits délicats et le contour de ses lèvres sur lesquelles elle cru voir un sourire moqueur légèrement tiré. De nouveau, un coup frappa son cœur et une vision lui traversa l’esprit. Dans cette rapide image floue, elle cru voir le même sourire moqueur parmi le brouillard, au moment où la sirène d’un navire se faisait entendre dans le silence de la nuit.

- Assez ! – cria la jeune fille en quittant la chaise où elle était assise, surprenant l’assistance par une telle irruption inhabituelle.

- Quelque chose ne va pas Mademoiselle Sherman ? demanda le professeur inquiet de sa violente réaction.

- Je suis désolée, Professeur – s’excusa-t-elle embarrassée – mais ce n’est pas ma faute ... Il y a un étudiant qui me tire de ma concentration en me regardant dans les yeux.

- Vraiment ? – Dit le professeur dérangé par cette idée – Chacun ici sait que c’est contraire à l’éthique. Dites moi qui c’est.

- Ce n’est pas nécessaire - l’interrompit le jeune homme aux yeux bleus avec impudence dans la voix – C’était moi, mais je n’aurais pas eu à le faire si la demoiselle ici présente avait cessé de bouger comme de la gélatine informe.

- Moi ?? Bouger ? – répondit Faith avec indignation – C’est une excuse à bon marché !!

- Mais c’est la vérité – répondit Aaron faisant un spectacle de ses mots malicieux.

- Bien, bien – trancha le professeur – Essayons de garder le bon ordre. Monsieur Truman, faites-nous s’il vous plait le plaisir de retourner à votre place et continuez à travailler et vous, Mademoiselle, essayez de vous concentrer à nouveau.

« Concentrée ! » pensa Faith alors qu’elle essayait d’obéir au professeur « Comment vais-je me concentrer maintenant ? » Pendant un instant, elle pensa qu’elle avait vu l’homme de ses rêves. Bon Dieu ! Maintenant, je crois Michie quand elle dit qu’il me manque une case ! Pourquoi ce gars me rend-il si nerveuse ? … Gélatine informe !! Non mais ! C’est entièrement de sa faute pour avoir fait quelque chose qu’il n’aurait pas du !! Elle finit par se calmer l’esprit, car elle l’avait regardé aussi.

La séance dura quelques minutes supplémentaires et la jeune fille dut se retenir de regarder à nouveau dans la direction du dénommé Truman, mais elle continuait à sentir que sa peau brûlait sous son regard, elle pouvait le sentir sur elle comme s’il la touchait. C’est de cette façon que les minutes passèrent, mais même si Faith essayait de penser à autre chose, elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir mal à l’aise alors même qu’elle sentait la couleur de ses joues tourner au cramoisi et ce contre sa volonté.

- Professeur Anderson – Fit une voix venant du coin gauche de la pièce.

- Quoi maintenant, Monsieur Truman ? – demanda le professeur, agacé.

- Je suis désolé que mon travail ne soit pas ce que vous auriez attendu de moi cette fois – Expliqua le jeune homme à haute voix, s’assurant que chacun pouvait l’entendre.

- Et pourquoi cela ? Puis-je savoir ?

- Et bien, je ne peux pas me concentrer avec un modèle qui ne cesse de bouger à chaque instant. Je suis vraiment désolé, mais un artiste ne peut pas travailler comme ça – se plaint l’homme puérilement.

- Bouger ? Où avez-vous pêché ça ? – cria le modèle qui évidemment avait entendu Truman.

- Mademoiselle Sherman, gardez votre position. Et vous Monsieur Truman, vous lui devez des excuses ! Je suis sûre qu’elle n’a pas bougé.
 

Faith regarda de nouveau le jeune homme du coin de l’œil, essayant de retenir un rire triomphant car le professeur avait pris son parti.

- Des excuses ? – Dit Aaron avec arrogance – Bien sur que non ! Tout est de sa faute !

- Et bien vous … vous n’êtes qu’un voyou ! – Répondit le modèle en se levant de sa chaise, alors que nul ne travaillait plus dans cette pièce mais prêtait attention à cet argument si particulier.

- Monsieur Truman ! Mademoiselle Sherman – Dit le professeur, confus de la tournure que prenait la situation.

- Ne vous donnez pas de mal Professeur Anderson – Répondit le jeune homme sans changer sa voix snob – Je ne vous tracasserai plus. Si je ne peux pas me concentrer par la faute de ce modèle qui manque d’expérience et qui ne sait pas comment faire son travail, mais que le reste de la classe semble pouvoir le faire, je quitterai le cours pour aujourd’hui, simplement.

- Ce ne sera pas nécessaire ; je serai celle qui part ! – Dit la jeune fille, supposant que même si le jeune homme quittait la pièce, elle serait incapable de pouvoir maintenir à nouveau la pose comme si rien ne s’était passé – Excusez-moi Professeur Anderson, mais je ne pense pas que je puisse continuer à travailler aujourd’hui.

En en disant cette dernière chose, la jeune fille saisit son sac et quitta la pièce en claquant la porte. Mais les surprises ne s’arrêtèrent pas ce matin-là. Aussitôt que la jeune fille disparut derrière la porte, Aaron lui courut après sans tenir compte de la confusion sur le visage du professeur Anderson, des visages choqués de ses camarades de classe et du sourire narquois de son ami Raymond. Le silence régna dans la classe durant quelques secondes, jusqu’à ce que Raymond ne le brise d’un long sifflement. 

- Bien ! C’est ce que j’appelle de la tension sexuelle mal réprimée ! – Dit-il en plaisantant et son commentaire détendit l’atmosphère et commença le rire de ses camarades de classe.

- Hey Tâches de Son !! Où allez-vous si vite ? Auriez-vous oublié de faire quelque chose d’important pour vous enfuir comme un lapin effrayé ? – L’appela le jeune homme du milieu du vestibule.

- Comment m’avez-vous appelée ? –demanda la jeune fille s’arrêtant immédiatement.

- Mmmmmm … Attends voir … Ah oui … Quelque chose comme Tâches de Son. Oui, Tâches de Son, cela vous va bien, non ? – Et il sourit.

- Mon nom est Sherman, Faith Sherman – répondit la jeune femme encore plus exaspérée. 

- Joli nom, mais je pense que je préfère Tâches de Son. Vous devez avoir remarqué que vous possédez une jolie collection d’entre elles sur le visage, n’est-ce pas ?

A ce commentaire sarcastique, Faith roula des yeux en signe d’énervement. Elle était sur le point de répondre avec menace mais quelque chose en elle lui disait qu’il était préférable d’ignorer cette personne agaçante et de quitter l’endroit aussi vite que possible. Elle se contenta donc de se retourner et continuer son chemin.

- Hey ! Maintenant, je vais avoir droit au mode silencieux, Tâches de Son ? – demanda Aaron content de sa réaction, la suivant à courte distance – Ce n’est pas la meilleure façon d’entamer notre relation, surtout que vous venez de rencontrer l’homme de vos rêves !

- Ecoutez bien … vous, quelque soit votre nom …

- Truman, ma chère, mon nom est Aaron Truman et vous feriez bien de le retenir car ce sera un nom important ! – dit-il en sourcillant.

- Ecoutez … Thurman … ou quelque chose comme ça – dit Faith de son ton le plus pointu – entrez cela dans votre tête dès maintenant. Dans ce monde il y a vous et moi, mais il n’y aura jamais un « nous », cela n’existera jamais et il n’y aura jamais quelque chose comme « notre relation », Compris ??

Et à ces mots la jeune femme se retourna et continua à marcher jusqu’à ce qu’elle ait disparu derrière la porte et Aaron la regarda partir.

- Dieu. Elle est exactement comme la fille qui apparaît dans mes rêves – Pensa le jeune homme sans se remettre de son étonnement – Mais quel caractère !!

- Dieu ! Quel malotru ! … - Se dit Faith en allant vers le parking – Mais il a de si beaux yeux … bleus … non … verts ? Les jours passèrent comme tous les jours depuis l’aube du monde. Mais après cet évènement, les choses n’étaient plus les mêmes pour Faith Sherman. Il lui semblait que cette rencontre vive et non amicale avec Aaron Truman avait marqué sa vie d’une anxiété inexplicable qui, aussi surnaturel que cela paraisse, avait déclanché une euphorie totale des visions qui la hantaient.

Si avant elles lui paraissaient aussi réelles qu’étranges, le réalisme de ses hallucinations ainsi que leur quantité avaient augmenté depuis lors.

Parfois la scène dans le brouillard se mêlait encore au rire ennuyeux de l’étudiant du Professeur Anderson ; quelque fois, la scène des escaliers se reproduisait et enfin, une troisième vision avait commencé à l’envahir.

Elle pouvait se voir, plus jeune, âgée de peut-être quatorze ou quinze ans, dans un parc, vêtue d’une robe ancienne. Elle pouvait entendre de la musique au moins et quelqu’un l’appelait par un nom qui n’était pas le sein. Quand elle se retournait pour regarder, la vision avait disparu.

- Je pense vraiment que tu devrais allez voir un médecin – trancha Michie pendant qu’elle mangeait son déjeuner à la cafétaria.

- Tu penses ? – demanda Faith d’un regard absent.

- Bien sûr ! Regarde toi ! Tu dors à peine, tu manges comme un oiseau ! Alors que nous pouvions parler de « gloutonnerie » en ce qui te concerne … il doit y avoir quelque chose !

- Que vais-je dire au médecin quand il me demandera ce qui ne va pas ?

- Perte d’appétit, insomnie … peut-être te dira-t-il que tu souffres d’anémie … ou peut-être as-tu des ulcères.

- Michie !

- Quoi, je spécule c’est tout ! En mangeant ce que tu cuisines, il peut arriver n’importe quoi !

- Oh Michie, tu ne m’es d’aucun secours ! Tu ne prends jamais rien au sérieux – se plaint Michie en appuyant son visage sur une de ses mains et elle aurait continué à se plaindre du manque de sérieux de son amie si la voix d’une tierce personne n’avait pas interrompu la conversation.

- Tiens, tiens ! Mademoiselle Tâches de Son en personne – dit la voix et la blonde sentit les petits cheveux dans sa nuque se dresser quand elle entendit cette voix moqueuse – N’est-ce pas une curieuse coïncidence ? Alors vous avez sorti vos tâches de son pour qu’elles prennent un peu le soleil ?

- Et vous pensez avoir le droit de faire de l’humour noir ? N’est-ce pas ? – Répondit-elle sarcastiquement sans se retourner pour voir Aaron Truman, qui se tenait debout à côté de sa table.

- Dieu ! Je suis bénie pour l’instant – Pensa Faith – Pas une nouvelle rencontre avec ce malotru !! Et pas avec Michie comme témoin !!

- Tu ne me présentes pas ton ami, Faith ? demanda Michie excitée en voyant que l’intrus était agréable à regarder !!

- Aaron Truman, Mademoiselle – Dit-il rapidement, saisissant une chaise proche avant que Faith ne puisse s’y opposer.

- Je m’appelle Michelle Valencia mais tout le monde m’appeler Michie – se présenta la brunette en vitesse.

- Quelle insolence ! – pensa Faith sans en croire ses yeux – Dieu, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela ?!

- Tu fais tes études à NYU aussi ? – demanda Michie au jeune homme en remarquant immédiatement le malaise de son amie et l’insistance avec laquelle Aaron la regardait.

- Ouais, j’étudie le désign et la peinture – Répondit le jeune homme sans lâcher des yeux le visage tout rouge de Faith.

- Tu es impayable, Tâches de Son, et tellement jolie ! – Ne pouvait-il s’empêcher de penser alors qu’il continuait de parler à Michie.

- Je ne savais pas que Faith avait des amis dans le département d’art – Remarqua Michie de plus en plus intriguée par la réaction de son amie.

- Je n’en ai pas ! – Dit finalement la blonde avec de la colère dans la voix – Thurman ici présent, est un étudiant d’une des classes pour laquelle j’ai posé, rien d’autre.

- Truman, Tâches de Son, le nom c’est Truman, mais tu peux m’appeler Monsieur Aaron Truman.

- Tu es comédien, n’est ce pas ? – Demanda Faith en lui jetant un coup d’œil détestable en se levant subitement. Viens Michie ! Tu y es ? – Dit-elle en s’adressant à son amie.

- Et bien, je pensais prendre un dessert …

- Et bien, je n’ai plus faim peut-être est-ce à cause de l’environnement détestable de cet endroit – Dit Faith d’un ton sarcastique – Allons y, je dois encore aller à la bibliothèque !

- Bel effort, Tâches de Son, ainsi vous faites des études en plus de poser comme de la gélatine informe !! – Dit Truman ne manquant pas une autre chance de la taquiner.

- Bien sur je fais des études ! A la différence d’autres qui ne semblent pas avoir grand-chose à faire !! – répliqua-t-elle brusquement pour ensuite se retourner vers la brunette qui se levait lentement – Allons-y Michie.

- Mais nous devons avoir la note ! Dit la jeune fille.

- Et bien paie à la caisse ! – Marmonna Faith en se retournant pour ne pas faire face à Aaron marquant ainsi son intention de ne pas lui dire au revoir.

- Au revoir, Tâches de Son !! Nous nous reverrons … - Dit le jeune homme et elle ne pouvait résister à la tentation de se retourner pour le regarder, à ce moment, il lui fit un clin d’œil. La jeune fille se retourna dans l’autre sens, regrettant encore une fois son dernier mouvement et quitta le restaurant comme si quelqu’un la poursuivait, avec Michie derrière elle complètement éberluée de la réaction de son amie.

- Quel beau mec celui là, Faith ! – dit Michie quand elles furent toutes les deux loin du restaurant – Juste comme je les aime : grand, avec de longs cheveux soyeux, de la présence … Quel gars !!

- Mince alors Michie ! Qu’est-ce qu’il t’a fait pour que tu sois aussi excitée !!! – dit Faith.

- Non mais !! C’est une pièce de collection ! … et ces yeux ! … bleus ? … non … verts ?

- Ils sont bleus – corrigea avec certitude, oubliant alors sa mauvaise humeur – avec quelques touches de vert que tu peux mieux voir à la lumière et ils donnent alors l’illusion d’être irisés – elle était entrée dans les détails et à ce moment, sa voix avait changé.

- Bien, tu sembles avoir remarqué bien plus que tu voudrais l’admettre – lui dit Michie malicieusement.

- Il n’y a aucun sens dans ce que tu racontes !! Aaron Truman est la personne la plus détestable que j’aie jamais rencontrée.

- Mais il me semble qu’il t’apprécie.

- Michie, comme je le disais, tu ne m’es d’aucun secours !!

- Qu’est ce qui ne va pas chez toi, Faith – Se demanda la blonde un après midi pluvieux d’automne, alors qu’elle essayait de se concentrer sur un rapport qu’elle devait rendre à l’un de ses professeurs. Ce n’était pas faute d’avoir essayer, mais à peine écrivait-elle une ligne ou deux, la même pensée ennuyeuse lui venait à l’esprit.

Faith ne comprenait pas comment il était possible de faire tant de rencontres impromptues avec la même personne dans l’immensité de la ville de New York. Elle pensait même qu’il s’agissait d’un phénomène surnaturel, au cours de ces derniers mois, Aaron Truman s’était retrouvé au même endroit qu’elle à maintes reprises, dans Cantral Parc, à la cafétéria, dans un magasin d’antiquités où elle aimait se rendre à Greenwich Village, au théâtre, dans plus d’un restaurant et même dans le métro.

- Je peux même le voir dans ma soupe !! – Dit-elle à voix haute et quand elle finit sa phrase, elle ressenti une impression de déjà-vu qui l’a submergeait pour la centième fois, comme si elle répétait une phrase qu’elle avait déjà dit il y fort fort longtemps. Mais ce n’était qu’une des multiples choses surnaturelles qui se produisaient à propos de Truman – C’est un malotru et un arrogant ! dit-elle, alors qu’elle appuyait férocement sur la touche Enter du clavier de son ordinateur – mais … - Ajouta-t-elle après une hésitation – Je dois admettre qu’il a … il a … du charme … - pensa-t-elle et un sourire plein de lumière envahit son visage quand elle se souvint des mots de Michie.

- Tu es aveugle, Faith ? Ce gars est tellement beau que je pourrais hurler juste pour le voir !!

- Nah !! Je peux dire qu’il est mignon, mais c’est tout – avait-elle marmonné pour toute réponse.

- Bien, alors tu es encore plus aveugle qu’une taupe !! – avait répondu Michie – Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour qu’il me regarde comme il te regarde toi !! – avait dit la brunette en se lançant sur le lit en jouant avec un jeu de tamagoshi.

- Me regarder ?? Aaron ? – Avait demandé Faith troublée – Tu es idiote !! Tout ce qu’il sait faire quand nous nous rencontrons, c’est me taquiner … et en plus, il s’agit uniquement de coïncidence.

- Tu es réellement plus aveugle qu’une taupe – avait dit Michie de façon moqueuse – Sais-tu combien de gens vivent à Manhattan ? As-tu une idée de combien de probabilité tu as de rencontrer une même personne au hasard ?? Nah ! Ce gars te recherche !! Il doit être amoureux de toi !

- Tu es folle !!- avait répondu Faith à ce moment en lançant son oreiller à son amie et le jeu que Michie avait dans les mains roula sur le sol.

- Tu as tué mon bébé !! – se plaint Michie en exagérant.

- Michie, ce n’est pas réel ! C’est seulement un jeu et en plus je n’aime même pas cela.

- Tu n’as aucun cœur !! – Se plaint la brunette à nouveau, et elles continuèrent à se taquiner et entre leurs plaisanteries, elles oublièrent Aaron Truman.

Pourtant alors que Faith regardait fixement l’écran de son ordinateur, la jeune fille se demandait si en fait Aaron Truman avait réellement provoqué intentionnellement ces rencontres accidentelles.

- Ca n’a aucun sens !! – Se dit-elle alors qu’elle recommençait à taper frénétiquement sur son clavier en essayant de se concentrer sur son travail.

 

Fin du chapitre 4 -  © Mercurio